Journée de conférences de l’IUF
12 mai 2006
103, bd Saint-Michel 75005 Paris
Salle de conférences

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"De l'écologie des langues et de la dynamique du langage"

Trois domaines d’étude pour une même problématique : celle de la dynamique des langues confrontée à la question de la prise en compte de l’hétérogénéité, du contact et de la construction des représentations unitaires. Il s’agit là de préciser quelques directions dans un champ théorique où l’élaboration du sens et la construction des « langues » sont concernés.

Les intervenants :
Françoise Gadet. Université de Paris X.
Salikoko S. Mufwene. Université de Chicago.
Robert Nicolaï. Université de Nice.

Le programme.

9h 30 Arrivée des intervenants et des participants.
10h. Présentation de la Journée.
10h30 Pause.
11h00 S. Mufwene : L’idéologie des langues pures et homogènes dans les regroupements démolinguistiques depuis le XIXe siècle.
12 h00 Discussion.

12 h30 Pause repas.

14h 00 Fr. Gadet : Le locuteur comme champ de bataille.
15h 00 Discussion.
15h30 Pause.
16h 00 R. Nicolaï : Dynamique des langues et contact : quelques réflexions pré-théoriques.
16h 30 Discussion.
17h 00 Débat.
18h 00 Clôture


Thèmes de recherche des intervenants
.
Salikoko S. Mufwene.
Parti de l’étude des créoles et de la considération de ce que le « construit ‘créole’ » implique dans sa charge ‘idéologique’ pour une approche de la dynamique des langues, S. Mufwene se positionne avec une réflexion qui retient les leçons de la génétique des populations et donne sa place aux phénomènes du contact et de l’hétérogénéité linguistique et anthroposociale dans la transformation continue des langues. Ce qui conduit à remettre en question beaucoup d’idées reçues concernant les modalités ordinaires de l’évolution.
Mots clefs : créole, écologie sociale, évolution linguistique, feature pool, compétition et sélection.

Françoise Gadet.

Partie de l’étude du français dans toute la diversité de ses manifestations ordinaires (diatopiques, diastratiques, diaphasiques et diamésiques) et de la considération des notions construites dans des essentialisations ‘idéologiques’ pour saisir des « variétés », Françoise Gadet, en mettant l’accent sur l’hétérogénéité dans la langue et la variabilité constitutive de ses usages, introduit une problématisation de domaines et d’approches qui, traditionnellement, s’articulent autour des recherches sociolinguistiques et stylistiques et contribue à repenser le cadre même de ce type de recherche.
Mots clefs : sociolinguistique, variation, hétérogénéité, discours, construction du sens.

Robert Nicolaï.
Parti de la recherche d’apparentements entre des langues sans traditions écrites, de questionnements sur l’émergence de langues nouvelles et de considérations sur les pratiques langagières, confronté dans le même temps aux construits élaborés pour rendre compte de l’évolution  des langues, R. Nicolaï retient la réalité du contact des langues et leur hétérogénéité comme la dimension constitutive fondamentale de leur dynamique, à la fois au plan linguistique et au plan langagier. Il ouvre une perspective qui croise l’ensemble des dimensions anthroposociales et linguistiques actives dans les procès de transformation et de recomposition des langues.
Mots clefs : dynamique du langage, constitution des langues, feuilletage, contact.


Ces trois approches se croisent en plusieurs points :
-    la saisie de l’hétérogénéité des langues et des communautés, et celle de l’instabilité des espaces linguistiques partagés par ces communautés, en tant que condition ‘ordinaire’ du fonctionnement linguistique et langagier ;
-    la reconnaissance de l’inanité d’un « rendu compte » des résultats de la dynamique des langues qui ne prendrait pas en considération l’articulation constitutive complexe des dimensions anthroposociales, langagières et linguistiques aux dimensions neuro-cognitives ordinaires avec lesquelles elles interagissent ;
-    la nécessité de lier l’analyse de ce qui se génère d’‘unité’ représentée, construite, instrumentalisée et probablement nécessaire à ce qui se constate de variabilité et d’hétérogénéité données tout autant comme nécessaire pour comprendre ce qui se transforme, se modifie, se scinde ou se conjoint des langues et du langage.


Quelques références.
Fr. Gadet : La variation sociale en français, Ophrys, 2003.
•    Le français populaire, PUF, 1992.
•    La signification sociale de la variation, Romanistisches Jahrbuch, band 54, 2003, pp. 98-114.
•    "Français populaire" : un classificateur déclassant?, Marges linguistiques, 2003, N°6, pp. 103-115.

S. Mufwene : Créoles, écologie sociale, évolution linguistique, L’Harmattan, 2005.
•    The Ecology of Language Evolution, Cambridge Univ. Press, 2001.
•    Language evolution : The population genetics way. In Guenther Hauska (ed.), Gene, Sprachen, und ihre Evolution, 2005, Universitätverlag Regensburg, pp. 30-52.
•    Competition and selection in language evolution. Selection, 2003, vol. 3, 45-56.

R. Nicolaï : La force des choses ou l’épreuve nilo-saharienne, Köppe, 2003.
•    La traversée de l’empirique, Ophrys, 2000.
•    La “ construction de l’unitaire ” et le “ sentiment de l’unité ” dans la saisie du contact des langues, in : Langues en contact et incidences subjectives, Traverses 2, 2001, pp. 359-85, Montpellier.
•    Language processes, theory and description of language change, and building on the past: lessons from Songhay, in: Z. Frajzyngier, A. Hodges & D. S. Rood(eds.), Linguistic Diversity and Language Theories, J. Benjamins, 2005, pp. 81–104.