Trois domaines d’étude
pour une même problématique : celle de la dynamique des langues
confrontée à la question de la prise en compte de l’hétérogénéité,
du contact et de la construction des représentations unitaires. Il
s’agit là de préciser quelques directions dans un champ théorique
où l’élaboration du sens et la construction des « langues
» sont concernés.
Les intervenants :
Françoise Gadet. Université de Paris X.
Salikoko S. Mufwene. Université de Chicago.
Robert Nicolaï. Université de Nice.
Le programme.
9h 30 Arrivée des intervenants et des participants.
10h. Présentation de la Journée.
10h30 Pause.
11h00 S. Mufwene : L’idéologie des langues pures et homogènes
dans les regroupements démolinguistiques depuis le XIXe siècle.
12 h00 Discussion.
12 h30 Pause repas.
14h 00 Fr. Gadet : Le locuteur comme champ de bataille.
15h 00 Discussion.
15h30 Pause.
16h 00 R. Nicolaï : Dynamique des langues et contact : quelques
réflexions pré-théoriques.
16h 30 Discussion.
17h 00 Débat.
18h 00 Clôture
Thèmes de recherche des intervenants.
Salikoko S. Mufwene.
Parti de l’étude des créoles et de la considération
de ce que le « construit ‘créole’ » implique dans sa charge
‘idéologique’ pour une approche de la dynamique des langues, S. Mufwene
se positionne avec une réflexion qui retient les leçons de
la génétique des populations et donne sa place aux phénomènes
du contact et de l’hétérogénéité linguistique
et anthroposociale dans la transformation continue des langues. Ce qui conduit
à remettre en question beaucoup d’idées reçues concernant
les modalités ordinaires de l’évolution.
Mots clefs : créole, écologie sociale, évolution linguistique,
feature pool, compétition et sélection.
Françoise Gadet.
Partie de l’étude du français dans toute la diversité
de ses manifestations ordinaires (diatopiques, diastratiques, diaphasiques
et diamésiques) et de la considération des notions construites
dans des essentialisations ‘idéologiques’ pour saisir des «
variétés », Françoise Gadet, en mettant l’accent
sur l’hétérogénéité dans la langue et
la variabilité constitutive de ses usages, introduit une problématisation
de domaines et d’approches qui, traditionnellement, s’articulent autour des
recherches sociolinguistiques et stylistiques et contribue à repenser
le cadre même de ce type de recherche.
Mots clefs : sociolinguistique, variation, hétérogénéité,
discours, construction du sens.
Robert Nicolaï.
Parti de la recherche d’apparentements entre des langues sans traditions
écrites, de questionnements sur l’émergence de langues nouvelles
et de considérations sur les pratiques langagières, confronté
dans le même temps aux construits élaborés pour rendre
compte de l’évolution des langues, R. Nicolaï retient la
réalité du contact des langues et leur hétérogénéité
comme la dimension constitutive fondamentale de leur dynamique, à
la fois au plan linguistique et au plan langagier. Il ouvre une perspective
qui croise l’ensemble des dimensions anthroposociales et linguistiques actives
dans les procès de transformation et de recomposition des langues.
Mots clefs : dynamique du langage, constitution des langues, feuilletage,
contact.
Ces trois approches se croisent
en plusieurs points :
- la saisie de l’hétérogénéité
des langues et des communautés, et celle de l’instabilité des
espaces linguistiques partagés par ces communautés, en tant
que condition ‘ordinaire’ du fonctionnement linguistique et langagier ;
- la reconnaissance de l’inanité d’un « rendu
compte » des résultats de la dynamique des langues qui ne prendrait
pas en considération l’articulation constitutive complexe des dimensions
anthroposociales, langagières et linguistiques aux dimensions neuro-cognitives
ordinaires avec lesquelles elles interagissent ;
- la nécessité de lier l’analyse de ce qui
se génère d’‘unité’ représentée, construite,
instrumentalisée et probablement nécessaire à ce qui
se constate de variabilité et d’hétérogénéité
données tout autant comme nécessaire pour comprendre ce qui
se transforme, se modifie, se scinde ou se conjoint des langues et du langage.
Quelques références.
Fr. Gadet : La variation sociale en français, Ophrys, 2003.
• Le français populaire, PUF, 1992.
• La signification sociale de la variation, Romanistisches
Jahrbuch, band 54, 2003, pp. 98-114.
• "Français populaire" : un classificateur déclassant?,
Marges linguistiques, 2003, N°6, pp. 103-115.
S. Mufwene : Créoles,
écologie sociale, évolution linguistique, L’Harmattan, 2005.
• The Ecology of Language Evolution, Cambridge Univ. Press,
2001.
• Language evolution : The population genetics way. In
Guenther Hauska (ed.), Gene, Sprachen, und ihre Evolution, 2005, Universitätverlag
Regensburg, pp. 30-52.
• Competition and selection in language evolution. Selection,
2003, vol. 3, 45-56.
R. Nicolaï :
La force des choses ou l’épreuve nilo-saharienne, Köppe, 2003.
• La traversée de l’empirique, Ophrys, 2000.
• La “ construction de l’unitaire ” et le “ sentiment de
l’unité ” dans la saisie du contact des langues, in : Langues en contact
et incidences subjectives, Traverses 2, 2001, pp. 359-85, Montpellier.
• Language processes, theory and description of language
change, and building on the past: lessons from Songhay, in: Z. Frajzyngier,
A. Hodges & D. S. Rood(eds.), Linguistic Diversity and Language Theories,
J. Benjamins, 2005, pp. 81–104.