Parentés linguistiques : le cas du songhay, Paris, Editions du CNRS, 1990.

This book presents the first state of questioning the hypothesis of the inclusion of Songhay into the Nilo-Saharan family developed by J. Greenberg. It proposes a critical reflection on the limits of classificatory representations of languages which do not take into account the effects of contact and those of multilingualism inherent in this part of Africa. Indeed, the traditional frameworks used in research on linguistic genetic affiliation are not appropriate for non-written languages, and despite the methodological renewal proposed by Greenberg, difficult cases are left without any solution as the modalities of linguistic evolution themselves are not taken into account.

Departing from this fact, this work develops a new framework of description which makes use of the impact of sociolinguistic and communicational dimensions of language in the evolution process. It is based on important data to develop a novel hypothesis concerning Songhay. Thus, the hypothesis postulates that this language, spoken mainly at the Niger bend, could have arisen from the evolution of a pidginized form of Tuareg within a Mande language: it should therefore be given a multiple genetic affiliation. This hypothesis of a multiple genetic affiliation is likely to question proposed ideas, from an African Linguistics point of view, that of family tree models or of the general theory of linguistic change.

Cet ouvrage présente le premier état de la mise en question de l’hypothèse d’apparentement du songhay au nilo-saharien développée par J. Greenberg. Il propose une réflexion critique sur les limites des représentations classificatoires des langues qui ne prennent pas en compte les effets du contact et ceux du plurilinguisme inhérent dans cette partie de l’Afrique. En effet, les cadres traditionnels utilisés pour la recherche des apparentements linguistiques s’appliquent mal aux langues sans traditions écrites et, malgré le renouvellement méthodologique proposé par Greenberg, les cas difficiles restent sans solution car les modalités mêmes de l’évolution linguistique ne sont pas prises en compte.

Partant de ce constat, ce travail développe un nouveau cadre de description qui fait intervenir l’incidence des dimensions sociolinguistiques et communicationnelles du langage dans le procès de l’évolution. Il s’appuie sur un nombre important de données pour développer une hypothèse novatrice à propos du songhay. Ainsi, l’hypothèse est avancée que cette langue, parlée principalement dans la Boucle du Niger, serait issue de l’évolution d’une forme pidginisée du touareg dans le moule d’une langue mandé : on doit donc lui attribuer un apparentement multiple. Cette hypothèse d’un apparentement multiple est susceptible de remettre en cause bien des idées reçues, tant du point de vue de la linguistique africaine, que de celui de la modélisation des parentés ou de la théorie générale du changement linguistique.


Quelques comptes rendus :
Petr Zima, Journal of African Languages and Linguistics 13 (1992) pp. 87-95.
G. Hazaël-Massieux, Etudes créoles (1992) pp. 102-105.
K. Legere, Frankfurter Afrikanistiche Blätter 4, 1992.
K. Soto, Language 68 (1992) pp. 440-1.