La force des choses ou l’épreuve ‘nilo-saharienne’ (Questions sur les reconstructions archéologiques et l’évolution des langues), 2003, XV, 577 p., Sprache und Geschichte in Afrika, Köppe, Köln.
Basing myself on the latest comparative
studies
concerning ‘Nilo-Saharan’ language families and on my own resources, I
undertake a complete resumption of the controversial question of
Songhay’s
genetic affiliation. I start with a detailed critic of existing
classificatory
propositions (cf. latest approaches of Ehret and Bender) before
highlighting
the existence of a link between Songhay’s and ‘Afroasiatic’ lexicon
which had
never been evaluated in an appropriate manner. This leads me to
reorientate the
hypotheses of genetic affiliation in a direction where Songhay is no
longer a
member of the ‘Nilo-Saharan’ phylum and finds itself (in a non
genealogical
link which is still to be defined) linked to Afroasiatic languages;
which
suggests an evolution created by an ancient inter-linguistic contact.
The study therefore underlines multiple
factors
of language evolution but the results attained also have other
consequences:
1- On
empirical terms, the requestioning of the global coherence of the
supposed
‘Nilo-Saharan family’ and methods of its construction and corelatively,
the
necessity of opening a new empirical research field concerning language
contact
dynamics of the whole of Afroasiatic languages and other neighbouring
subsaharian languages.
2- On
theoretical and methodological terms, the highlighting of
the limits of certain approaches which are
now classics in comparative research on non-written languages and risks
of
flawed constructions that their non-criticized usage may entail.
3- On
anthropological and ‘historical’ terms, finally the contribution of new
directions to speculate more precisely with regard to sociocultural
dynamics
that have necessarily developed in contact space that materialise this
part of
Africa whose exploitation remains to be done.
Finally, through detail of empirical approach
I
pursue general and methodological reflection that I began several years
ago and
which leads me to theorize the importance of dialectological, areal and
stratificaional characters in the economy and the dynamics of language
transformation. Thus, at the same time I underline the risks of
auto-construction to which researchers are subjected, I also put the
question
of contact and of multilingualism at the centre of the debate on the
‘explanatory principles’ of language evolution.
M’appuyant sur les dernières études
comparatives en date concernant la famille des langues
‘nilo-sahariennes’
et sur mes ressources propres, je procède à une reprise
complète de la question controversée de l’apparentement
du songhay. Je commence par la critique détaillée des
propositions classificatoires existantes (cf. les approches
récentes de Ehret et de Bender) avant de mettre en
évidence l’existence d’un rapport entre les lexiques songhay et
‘afroasiatique’ qui n’avait pas encore été
évalué à sa juste mesure. Cela me conduit à
réorienter les
hypothèses d’apparentement dans une direction où le
songhay
n’est plus membre du phylum ‘nilo-saharien’ et se trouve (dans un
rapport
non-généalogique qu’il reste encore à
définir)
en relation avec les langues afroasiatiques ; ce qui suggère une
évolution
créée par une situation ancienne de contact
inter-linguistique.
L’étude a pour effet de souligner la
multiplicité des facteurs de l’évolution des langues mais
les résultats atteints ont aussi d’autres conséquences :
1 - au plan empirique, la remise en question de
la cohérence globale de la supposée ‘famille
nilo-saharienne’
et des méthodes de sa construction ; corrélativement la
nécessité
de l’ouverture d’un nouveau champ de recherche empirique concernant les
dynamiques de contact entre les langues de l’ensemble afroasiatique et
les langues subsahariennes voisines.
2 - au plan théorique et méthodologique, la mise en
évidence des limites de certaines approches aujourd’hui
classiques de la recherche comparative sur les langues sans traditions
écrites et les risques de constructions erronées que leur
utilisation non critiquée peut induire.
3 - Au plan anthropologique et ‘historique’ enfin, l’apport de
directions nouvelles pour conjecturer plus précisément
à propos des dynamiques socioculturelles qui se sont
nécessairement développées dans l’espace de
contact que matérialise cette partie de l’Afrique dont
l’exploitation reste à faire.
Finalement, à travers le détail de
l’approche empirique je poursuit une réflexion
générale
et méthodologique que j’ai amorcée depuis plusieurs
années
et qui me conduit à théoriser l’importance des
caractères
dialectologiques, aréaux et stratificationnels dans
l’économie
et la dynamique de transformation des langues. De ce fait, dans le
même
temps que je souligne les risques d’auto-construction auquel les
chercheurs
sont soumis, je mets la question du contact et du plurilinguisme au
centre
du débat sur les ‘principes explicatifs’ de l’évolution
des
langues.