DU FRANÇAIS
D'AFRIQUE AU FRANÇAIS EN FRANCOPHONIE : QUELQUES QUESTIONS D'AMÉNAGEMENT
LEXICOGRAPHIQUE
Danièle Latin
AUPELF
- UREF
L'effort théorique effectué en
faveur d'une typologie descriptive des particularités lexicales du français
appliquée aux situations africaines ne date pas d'hier. Et il m'est
particulièrement agréable de souligner que cet apport original à la recherche
linguistique et sociolinguistique en amont de la lexicographie des français de
l'espace francophone doit beaucoup aux contributions personnelles du professeur
Suzanne Lafage qui fut de ceux qui ont jeté les bases du projet scientifique
aujourd'hui connu sous le label du groupe de recherche qui l'a conçu et mené à
terme : l'IFA.
Ifa désigne à la fois une déesse de la fécondité chez les
Yoruba[1] et l'abréviation courante de l'Inventaire des particularités lexicales du français en Afrique noire
conçu et réalisé par l’Équipe IFA de 1976 à 1984[2] : le symbole contenu dans cette polysémie
autonymique signifiait à la fois la créativité lexicale du français en Afrique,
qui se trouvait pour la première fois systématiquement décrite, et la force en
puissance d'une philosophie de recherche portant plus largement sur les
variétés de français dans les pays du Sud de la francophonie, philosophie
fondée sur un respect méthodique des réalités linguistiques, culturelles et
discursives de ces français dans leur écologie propre. Le terme
d’"écologie", que j'ai repris à Maurice Piron, vise moins les
phénomènes liés au contexte discursif des faits de langue, moins les faits de
contacts de langues eux-mêmes, calques et emprunts, moins les néologismes dus à
des glissements de sens (restriction, extension ou métaphorisation) par rapport
à des items lexicaux déjà reçus dans la langue française commune que l'ensemble
de ces phénomènes de cooccurrences d'emploi originales dont procèdent les
particularisations lexicales et qui apparaissent dans une norme régionale
donnée de français. La notion d’"écologie" appliquée au phénomène
langagier est, certes, imagée mais je l'utilise à dessein pour faire entendre
que ce processus, par delà le mot, l'occurrence et ses récurrences, met en
œuvre la totalité du contexte linguistique, historique et socioculturel d'un
macrosystème de communication propre à une région géolinguistique donnée de
langue française. C'est ce "territoire langagier" émanant des groupes
sociaux qui le composent qui se trouve impliqué dans les phénomènes
lexicogénétiques que nous cherchons à décrire à partir de l'appellation
"particularités lexicales du français en Afrique noire". Ces
processus sont de nature à faire émerger une variété de langue : seule la
prise en compte du champ complet et de sa structure fonctionnelle permet d'en
cerner la phénoménologie linguistique précise et l'épiphénomène qui la
manifeste à partir de notre recherche est, en l'occurrence, le lexique.
Toutes spécificités concernant
le mot (la lexie), sa morphologie (dérivation, composition), son sens, son
intégration dans la chaîne syntagmatique (néologisme phraséologique), ses connotations,
et, plus largement, ses conditions d'emploi (marques et registres) sont donc
également importantes du point de vue de la méthodologie descriptive et
synchronique préconisée par l’IFA,
importantes et dignes d'être répertoriées : c'est pourquoi, d'entrée de
jeu, les équipes de recherche attachées à ce projet se sont mises d'accord sur
une grille typologique commune de la variation fonctionnelle des usages
lexicaux couvrant tous les cas de figure possibles de ces faits de langue
différentiels (par rapport au français normalisé) en contexte de contacts
linguistiques et interculturels africains.
Cette grille typologique IFA fut
formalisée et servit à la fois de modèle d'analyse commun pour la description
lexicale des particularismes et de bordereau destiné à identifier les champs
fonctionnels indexables d'une base de données lexicographiques à portée
différentielle sur les zones africaines[3]. Cette informatisation s'est effectuée dès les
premières années de la recherche à la demande de l'AUPELF. Cette base, associée
au projet IFA, comprend actuellement quelques 20.000 fichiers de synthèse
identifiables par pays et par noms d'auteurs.
Parmi les diverses présentations
de la grille typologique qui servit de support théorique à cet aménagement, le
schéma proposé par Suzanne Lafage dans son étude intitulée "Contribution à
une analyse de l'organisation fonctionnelle du lexique français en Afrique
Noire"[4] est sans aucun doute l'un des plus complets et l'un
des plus riches sur le plan de l'intégration des aspects sociolinguistiques
afférents. Il recouvre tous les cas de figure de variation et de mixité
lexématiques et morpho-sémantiques qu'il nous ait été donné d'observer dans la
recherche synchronique sur le lexique français en contexte plurilingue
africain.
Ce modèle a été appliqué par
l'auteur à différents pays d'Afrique et spécialement à la Côte-d'Ivoire et il a
également été adapté à d'autres terrains de la francophonie du Sud[5].
La grille typologique élaborée
vingt années plus tard dans le cadre des travaux du réseau "Étude du
français en francophonie" par le professeur Claude Poirier, qui l'applique
au terrain québécois, a donné quant à elle l'occasion d'un vaste débat sur la
pertinence des paramètres de description aux différents terrains géolinguistiques
de la francophonie, le clivage principal - si clivage il y eut - se manifestant
entre le sous-ensemble que forment les situations de français exolingues[6] (où le français n'est pas langue maternelle et où il
a fait l'objet d'une importation) et les situations de francophonie endolingue
(communautés de langue romane où le français est langue première)[7].
La grille de Claude Poirier
reprend pour l'essentiel dans sa visée différentielle les mêmes paramètres que
la grille IFA. Les faits de langue relevant de différences de fréquence, de
niveaux et d'emplois de langue, de connotation (terminologie de l'IFA) y sont
toutefois regroupés en un seul champ fonctionnel libellé "québécismes de
statut", ce qui représente à la fois un avantage sur le plan de la
conceptualisation et un handicap au niveau de la description des cas lexicaux
concrets (les marqueurs correspondant à ces différents traits pouvant être,
selon le cas, convergents c. à. d. regroupés ou, au contraire, divergents). Par
ailleurs, le protocole présenté à Louvain-la-Neuve par le professeur Claude
Poirier comporte une extension en diachronie conforme aux objectifs du
programme du Trésor des vocabulaires francophones, enrichissement qui n'était,
pour des raisons méthodiques, qu'une perspective future dans le cadre des
travaux de la description interafricaine. Cet enrichissement et des rubriques
nouvelles qui permettent de recenser les aspects métalinguistiques et
épilinguistiques de la description de la lexie à propos de chaque unité de
traitement, constituent des aménagements pratiques et précieux pour la
recherche et sa gestion informatique. Celles-ci sont d'autant plus utiles pour
les pays du Nord que l'usage y est souvent fonction de la tradition
philologique normative, cette situation n'ayant pas d'équivalent dans les pays
de francophonie du Sud[8].
Le modèle typologique constitué
par Claude Poirier et étendu au groupe des travaux de plusieurs pays du Nord
(Belgique, France, Suisse, Québec) se propose d'acquérir une portée
généralisante puisqu'il vise à servir de cadre informatisé commun à une banque
de données lexicographiques panfrancophone. Le sentiment favorable des
chercheurs envers une telle entreprise, initiée par le professeur Bernard
Quémada, a été formulé à maintes reprises[9] et encore, tout récemment, lors de la tenue à Québec
des quatrièmes journées scientifiques du réseau "Étude du français en
francophonie", où le modèle de cette base de données a été présenté aux
participants. L'on ne pourrait que se féliciter de son développement dans la
mesure où une telle matrice devrait permettre une meilleure intermédiation des
recherches sur le français en francophonie dans une perspective
lexicographique.
L'idée d'un aménagement
lexicographique du français en francophonie a donc fait du chemin en vingt ans.
Outre les nombreux travaux d'inventaires à portée prédictionnairique réalisés
par les équipes de recherche partagée du réseau déjà cité, il est intéressant
de mentionner des initiatives qui abordent à présent le niveau du dictionnaire.
Je voudrais toutefois, avant d'en porter un rapide témoignage, souligner en
quoi un dictionnaire peut se différencier des travaux qui le précèdent, y
compris sous la forme d'une banque de données conçue selon la même visée.
Il apparaît en premier lieu
opportun de lever toute ambiguïté quant à la notion même de banque de données
panfrancophone mise à l'honneur par Claude Poirier dans le cadre des travaux
déjà cités du réseau de l'AUPELF-UREF. Je préférerais quant à moi parler de
"banque de données interfrancophone" de manière à souligner
l'exigence de relativisme structurel dans la visée comme dans la construction
d'un tel objet destiné à présider à un aspect important de l'aménagement
linguistique du français par la production de dictionnaires ouverts aux
variétés francophones.
Une telle banque ne peut en
effet se concevoir que comme une pluralité de banques reliées par la
compatibilité de leurs paramètres descriptifs et gérée dans le cadre d'un
partenariat international. S'il s'agissait en effet d'inclure la multiplicité
des variétés de langue de l'espace francophone dans une banque unique, celle-ci
exigerait pour chaque unité de traitement, outre l'indexation de tous les
champs fonctionnels de la grille typologique évoquée plus haut à effet de
description différentielle entre une variété régionale donnée et le français de
référence, une indexation inverse ou réciproque permettant de faire valoir la
fonction structurante de cette base à différents niveaux d'intégration
fonctionnelle selon un continuum (à construire !) de convergences et de
divergences. Ce dernier devrait nécessairement prendre en compte le niveau national (correspondant aux champs
"français de Belgique", "français du Sénégal",
"français de Tunisie", etc.), le niveau régional (regroupant en les interclassant les traits linguistiques
communs à plusieurs pays d'un point de vue pertinent sur le plan
géolinguistique ou sociolinguistique), le niveau transnational (situant les convergences se manifestant entre des
particularisations lexicales dont l'idiosyncrasie n'est pas lexicologiquement
pertinente) et, enfin, le niveau panfrancophone
(conforme à une visée d'intégration relevant d'un aménagement linguistique
scientifiquement justifié dans le respect des fonctionnalités précédentes et
dans un système qui les subsume). La diversité des niveaux fonctionnels en
seule synchronie fait comprendre pourquoi j'incline, pour ma part, à souligner
la fonction d'interrelation plutôt
que celle de cohésion, l'interfrancophone plutôt que le panfrancophone. Au reste, il ne parait
possible à l'heure actuelle que d’"entrevoir" une telle banque car
les études lexicogénétiques sur les différents terrains linguistiques de la
francophonie, au Sud en particulier, ne sont pas suffisamment avancées pour
qu'il soit permis de faire le départ entre simples idiosyncrasies apparentes -
ou contingentes - et faits d'effective convergence. Par ailleurs, la plus
grande des difficultés consistera sans aucun doute à situer dans leur
articulation respective et corrélative les trois principaux paramètres de la
variation linguistique, à savoir le chronolecte, le géolecte et le sociolecte,
par rapport à la multiplicité des situations de francophonie à prendre en
compte dans l'analyse.
Seule la maîtrise de ces trois
dimensions permettra en effet de conserver dans le processus d'aménagement
linguistique francophone la portée fonctionnelle de chaque norme régionale
respective tout en l'articulant au système ou méta-système commun de référence.
Par ailleurs, le nombre d'entités géolinguistiques scientifiquement fondé n'est
pas identifiable a priori. Comme je
l'ai suggéré ailleurs, la mise en œuvre de synthèses lexicographiques est en
elle-même heuristique à cet égard (Latin D., 1995) car elle entraîne une
reformulation du statut réciproque des unités d'une langue jusqu'alors
comprises dans un champ de référence monovalent et restrictif (norme quasi
exclusivement européenne).
Or, il s'agit aujourd'hui
d'aménager le français à l'échelle de communautés relevant des écologies
physiques (référentielles) et culturelles (signifiantes) de toutes les zones de
la planète.
Dans cette logique, l'analyse
actuellement engagée dans le cadre des inventaires nationaux et transnationaux
de la francophonie du Sud et le processus de structuration que celle-ci
autorise au niveau de variétés de français non encore normées constituent une
approche utile à un tel aménagement. La démarche oblige en effet à respecter
plusieurs filtrages et permet de situer par l'analyse intra- et
interlinguistique le statut des particularités ou variantes lexicales en les
intégrant dans un système sémiotique cohérent qui constitue, avec la grammaire,
le meilleur outil de référence d'une langue : le texte lexicographique[10].
Une première expérience de cet
ordre a été entreprise sous l'égide de l'Aupelf et de Hachette-Edicef avec la
publication d'un Dictionnaire universel
destiné au public africain. Celui-ci constitue un premier dictionnaire
fonctionnel de français pour l'Afrique[11]. La nomenclature générale du dictionnaire usuel de
langue française contemporaine qui a servi de dictionnaire de base à cet
aménagement lexicographique (en l'occurrence, le Dictionnaire encyclopédique illustré, Hachette, 1993) y a été
entièrement revue et pondérée en fonction des besoins communicatifs propres à
la francophonie africaine. De même, la phraséologie des définitions a été
reformulée afin de gommer l'ethnocentrisme franco-européen du texte
lexicographique et encyclopédique de référence et de rendre les définitions
pragmatiques en contexte d'acquisition du français par des Africains. Ce
dictionnaire, pour la partie "mots de la langue", a été réalisé sous
ma coordination au titre de l'AUPELF-UREF avec la collaboration d'une vingtaine
de spécialistes pédagogues africains et avec la collaboration de Geneviève
N'Diaye Corréard, linguiste africaniste et spécialiste du français du Sénégal.
Il intègre environ 3.000 unités de traitement : près de 1.500 africanismes
proprement dits et autant de mots correspondant à un enrichissement de la
nomenclature française dans différents domaines didactiques et de spécialité.
Ces enrichissements permettent un rééquilibrage complet de la dénomination pour
les zones intertropicales concernées. Les vocabulaires de la faune et de la
flore se trouvent visés de façon particulièrement significative mais les autres
domaines d'emploi ne sont pas en reste : médecine, géographie, géologie,
agronomie, histoire, droit, religions (l'Islam y étant introduit et la religion
catholique relativisée), ethnolinguistique (une systématique des langues
africaines et des ethniques s'y trouve introduite), technologies, sciences de
l'environnement, etc.
La plupart des apports lexicaux
originaux rattachés à des paradigmes de formation endogène c.à.d. relevant du
français véhiculaire dans sa ou ses normes régionale(s) - les dites
particularités -, s'y trouvent également insérés selon un aménagement
systématique qui les situent de façon fonctionnelle dans le corpus
lexicographique de la langue générale.
Ainsi, le mot bolon, terme d'hydrologie, y est
introduit en raison de son emploi courant au Sénégal et son entrée dans la
nomenclature y est structurée par la métalangue lexicographique qui le définit
comme suit :
bolon [bol.m. HYDROL. (Courant au Sénégal) Chenal de marée
dans les zones de mangroves. Des bolons
bordés de palétuviers.
De la même manière, le
néologisme de composition propre au français d'Afrique cécité des rivières vient enrichir l'article général cécité. Précédé de la marque
géographique (Afrique) indiquant son statut de particularité lexicale propre à
cette région, il est glosé par "onchocercose", terme du français
médical introduit dans la nomenclature et défini comme tel. L'aménagement
lexicographique du lexique de français régional dans le dictionnaire
s'accompagne donc d'un aménagement linguistique général du français de
référence, référence qui s'en trouve d'autant élargie entraînant avec elle les
contextes socioculturels et les contenus encyclopédiques qui s'y rattachent.
Néanmoins, l'apport rédactionnel
africain de ce dictionnaire dans ce français universel introduit dans la
macrostructure une norme fonctionnelle différentielle qui n'y était pas
jusqu'alors prévue, ce qui transforme l'économie de la lisibilité du
dictionnaire de langue. Les renvois synonymiques d'un mot de la nomenclature à
l'autre précisent et explicitent de même les différents niveaux d'intégration
fonctionnels (général versus
régional) ou, si l'on préfère, les deux normes linguistiques prises en compte,
la norme régionale africaine y étant marquée par la convention géographique
"(Afrique)" à chaque unité de traitement utile et à tous les niveaux
fonctionnels : graphique, morphologique, sémantique, syntaxique,
sociolinguistique (marques d'usage social et registres, connotations). Seul le
niveau phonétique n'a pas été traité selon ce principe différentiel en raison
de la difficulté théorique que ce type d'ouverture pourrait entraîner sur le
plan linguistique (toutes les entrées du dictionnaire sont accompagnées d'une
transcription phonétique normalisée selon une forme conforme au système phonologique
français et transcrite selon le système de l'API).
Les renvois à l'intérieur du
corpus relatif à la variété africaine sont indiqués sans mention
spéciale : ainsi, à l'article carré,
n.m., le sens (Afrique) "Lot de terrain bâti qui constitue une unité d'habitation"
est suivi du néologisme de composition chef
de carré qui illustre le sens tout en identifiant le paradigme africain. Le
dictionnaire fournit ensuite un synonyme dans la même variété de langue. :
Syn. concession. Sous l'article concession, n.f., le Dictionnaire universel définit le sens
concerné de la façon suivante :
3. (Afrique) Lot de terrain destiné à la construction
d'habitation > Terrain bâti constituant une unité d'habitation. Le feu a détruit toutes les cases de la
concession. Syn. carré.
Si l'usage régional africain
contient des réalisations syntagmatiques significatives, celles-ci sont
fournies dans la plage sémantique qui leur correspond. Par exemple, pour le mot
cola, le dictionnaire fournira, après
la mention des variantes graphiques et grammaticales de genre, une définition
botanique (enrichie, vu l'importance de cette graine en Afrique) et y adjoindra
les emplois les plus lexicalisés dans la langue courante régionale (composés,
sens, cooccurrences, syntagmes) définis dans leur contexte culturel
propre : ~
cola ou kola
[kOla] n. f. ou m. 1. Graine du
colatier, appelée aussi noix de cola,
riche en caféine et en théobromine, que l'on mastique en Afrique pour ses
vertus stimulantes et que l'on utilise comme teinture. Cola blanche, cola rouge. - (Afrique) Pagne à la cola, teint avec une teinture à base de cola. -
(Afrique) Feuille de cola : nom
cour. donné à une plante à grandes feuilles ovales vernissées, commune dans la
forêt tropicale africaine. - (Afrique) Petit
cola : fruit d'un arbre (genre Garcinia)
aux vertus aphrodisiaques > (Afrique) Prix de la cola : cadeau en argent, pourboire. 2. (Afrique) Cadeau offert selon la
tradition en certaines circonstances et qui consistait à l'origine en noix de
cola. Donner la cola.
Ces brefs exemples suffisent à
rendre compte du travail d'intégration que représente l'enchâssement d'un
dictionnaire de variété régionale dans un dictionnaire de français universel et
prouvent, si besoin était, combien la lisibilité du dictionnaire s'en trouve
indexée à tous les niveaux fonctionnels du texte lexicographique. Variantes
graphiques et renvois synonymiques assurent la lisibilité circulaire du sens
entre microstructure et macrostructure selon une distribution différentielle
(français général versus régional),
distribution qui découle elle-même directement de la typologie de la
particularité évoquée plus haut. Le dictionnaire intégrant la variété de langue
constitue néanmoins un aménagement excédentaire par rapport à cette simple
grille typologique puisqu'il fait intervenir deux structurations
lexicographiques, l'une signifiante au plan de la langue générale, l'autre au
niveau du sous-système de la variété régionale qui se trouve désormais diffus
(mais non confondu) dans la structure d'ensemble (macrostructure et
microstructure).
Ce niveau d'intégration
supplémentaire par rapport aux grilles typologiques reçues, niveau que Suzanne
Lafage avait eu le mérite de notifier dans son schéma sur l'organisation
fonctionnelle du lexique français en Afrique francophone[12], est précisément celui qui permet de relier le
lexique différentiel au lexique de la langue de référence. Le lexique
différentiel peut être traité comme un dictionnaire fonctionnel enchâssé dans
le dictionnaire général - comme c'est le cas pour le Dictionnaire universel (Afrique) ou encore pour le Dictionnaire du français plus par
rapport à la norme régionale du français d'Amérique du Nord[13]. Dans le cas du Dictionnaire
universel, fondé sur une compétence spécialisée et sur une sensibilité
africaine, l'intégration des apports n'a entraîné aucun nivellement à la norme
française et a permis une valorisation de l'Afrique dans le spectre
scientifique et didactique général. Dans un tel contexte ou, si l'on préfère,
une telle "écologie" du texte didactique, l'outil linguistique
constitué permet une acceptabilité optimale des "africanismes" qui y
ont été introduits et, par conséquent, légitimés avec les repères d'usage qui
s'imposent (la marque géographique limitant la sphère de pertinence d'emploi
des usages y est elle-même nuancée de marques d'usage indiquant le niveau de
langue ou l'état de langue, la fréquence, etc.).
L'aménagement lexicographique
peut prendre une portée de véritable aménagement linguistique, de nombreux mots
et termes relevant de la norme régionale courante exigeant, en effet, pour être
définis des termes génériques qui relèvent de la langue scientifique et qui
n'étaient pas préalablement inclus dans la nomenclature du dictionnaire de base
(de référence française) : par exemple, le mot néré est dans le Dictionnaire
universel dûment défini non seulement parce qu'il participe à l'écologie
des productions alimentaires africaines mais encore parce qu'il sert à formuler
la définition française de mots locaux comme soumbala, par exemple. Le dictionnaire peut donc légitimer la
définition du mot :
soumbala [sumbala] n.m. Pâte noire à odeur forte, tirée des
fruits du néré, qui sert de condiment.
parce que la
nomenclature introduit la définition suivante :
néré [neRe] ou nété
[nete] n.m. (Afrique) Arbre d'Afrique tropicale (fam. mimosacées) à usage
médicinal, et dont les fruits écrasés et fermentés fournissent un condiment, le soumbala.
La question ne se pose pas de
façon foncièrement différente pour un dictionnaire qui traitera dans son corpus
plusieurs variétés francophones. La règle d'indexation multipliera toutefois
son champ d'application d'autant, rendant la maîtrise et le respect
différentiel des variantes régionales plus complexe en raison, notamment, de
leur chevauchement souvent aléatoire. Encore faut-il que les responsables de la
conception du dictionnaire s'entendent pour défendre la philosophie que nous
venons de définir : l'aménagement lexicographique d'un français régional
dans le dictionnaire de langue générale ne peut s'y trouver greffer mais doit,
pour être légitime, s'accompagner d'un aménagement corollaire de la
nomenclature générale (permettant de trouver des définisseurs adéquats pour les
mots et les sens régionaux et locaux). Il doit également respecter dans la
phraséologie et dans les subdivisions de la microstructure des articles une
alternance rigoureuse entre des marqueurs
ad hoc, destinés à la distinction des fonctionnalités respectives aux
différente normes locales (endogènes), et les marqueurs rendant compte de la
norme générale (de référence).
Le dictionnaire universel francophone[14], dont j'ai assuré récemment la coordination
scientifique et rédactionnelle pour la partie "mots de la langue"
dans le cadre du même partenariat entre l'Aupelf-Uref et de la Maison
Hachette-Edicef, s'efforce de répondre à cette nouvelle logique. Ce
dictionnaire de langue intègre différentiellement des sous-dictionnaires pour
toutes les zones partenaires de la Francophonie institutionnelle possédant une
variation linguistique. Ces zones, pondérés quantitativement en fonction de
l'importance respective des francophonies existantes, détiennent un marqueur
propre qui s'inscrit dans les plages des articles du dictionnaire comme autant
de territorialités des sens et emplois, les convergences étant rendues visibles
par le regroupement alphabétique de ces marques dans une même parenthèse en
tête de chaque unité de traitement. Ces marques sont les suivantes :
Acadie, Afr. subsah.
(= Afrique subsaharienne), Antilles fr. (Martinique, Guadeloupe), Aoste, Asie
du S.-E. (Viêt-nam, Laos, Cambodge), Belgique, Djibouti, Égypte, France rég. (=
mots du français régional de France), Guadeloupe (quand spécifique), Guyane,
Haïti, Laos, Liban, Louisiane, Luxembourg, Madag. (= Madagascar), Maghreb,
Mart. (= Martinique seule), Maurice, Nouv.-Cal. (Nouvelle-Calédonie), oc.Indien
(Seychelles, Comores, Maurice, la Réunion), Pacifique (Nouvelle-Calédonie,
Vanuatu), Polynésie fr. (Tahiti, Wallis-et-Futuna), Proche-Orient, Québec,
Siant-Pierre-et-M. (= Miquelon),
Suisse, Tahiti (seul), Vanuatu (seul), Viêt-nam (seul), Wallis-et-Futuna
(seul). Ces marques jouent également dans le dictionnaire comme références des
contenus encyclopédiques, ce qui justifie la présence de certaines d'entre
elles n'ayant pas de portée significative pour les variétés régionales de la
langue.
La nomenclature ajoutée et
traitée lexicographiquement par rapport à la francophonie linguistique est de
l'ordre de 10.000 entrées ou sous-entrées, ce qui donne une mesure de
l'importance de la transformation apportée.
Le corpus de la base régionale
africaine, qui était déjà introduit dans le dictionnaire
universel, a été conservé mais a subi de sensibles modifications, la
nomenclature du dictionnaire universel
francophone étant évidemment fort différente en raison des apports
francophones et de par le nouvel aménagement que celui-ci a entraîné au niveau
des entrées de la langue générale afin de traiter les paradigmes
exhaustivement.
La visée généralisante du
dictionnaire francophone a également exigé une refonte relative des définitions
du corpus africain. Ainsi, les entrées botaniques et zoologiques y ont été
redéfinies de façon à illustrer les espèces de l'ensemble des zones
climatiques, le dictionnaire destiné à l'Afrique ayant logiquement privilégié
les espèces présentes sur ce seul continent au détriment d'autres, également
importantes pour les zones correspondantes d'Amérique et d'Asie. Les
définitions de mots régionaux africains ont donc parfois été nuancées afin de
restituer un niveau supérieur de généralité dans la lisibilité sans pour autant
occulter les singularisations qui font l'objet de renvois ou de définitions
propres. Pour reprendre le même exemple que plus haut, le soumbala y a été conservé mais le condiment qui en est tiré y a été
défini par son nom français "moutarde de néré" dans la définition
scientifique de l'entrée néré. Ce
qui signifie que l'on a développé pour l'ensemble des nomenclatures régionales
une norme de généralisation supérieure permettant l'indexation lexicographique
d'une plus grande diversité d'équivalences locales, celles-ci étant par
ailleurs regroupées en tant qu'équivalences, avec leurs marques
géolinguistiques distinctives, au niveau du mot français de référence. Il n'est
pas rare, en effet, que les mots vernaculaires relevant des normes régionales
interfèrent leur portée de désignation, les polysémies vernaculaires devant dès
lors être rectifiées au niveau de la métalangue du dictionnaire qui établit à
cet effet un système de renvois surdéterminant les liens entre les diverses
normes régionales d'une part, celles-ci et la norme de référence, d'autre part.
Tel est le cas pour le paradigme cachiman,
corossol, cœur de bœuf, par exemple.
Le système permet tout à la fois
de respecter la notification de la diversité fonctionnelle des usages francophones
et de renforcer la cohésion du français général. Nous ne donnerons d'une telle
distribution paradigmatique indexée qu'un court exemple significatif pour les
zones intertropicales en raison des contraintes imposées par la limitation
matérielle de cette étude :
gecko [Zeko] n.m. Reptile saurien des régions chaudes (genre Gekkomidae) aux doigts munis de
lamelles adhésives. Syn. (Antilles fr., Haïti) mabouillat et mabouya, (Antilles
fr., Nouv.-Cal., oc. Indien) margouillat.
mabouillat ou mabouya
[mabuja] n.m. (Antilles fr., Haïti) Syn. de gecko.
(V. margouillat).
margouillat [maRguja] n.m. 1. ZOOL. Lézard
d'Afrique occidentale, qui se pare de couleurs vives en période reproductive.
2. (Antilles fr., Nouv.-Cal., oc. Indien) Syn. de gecko. (V. mabouillat).
La même règle de distribution
joue pour l'ensemble du champ francophone. Citons seulement à titre
d'illustration d'indexation Nord-Sud le paradigme francophone de
"taille-crayon" :
aiguise-crayon [egizkRej_O] n.m. (Québec) Syn. de aiguisoir (sens 2) Des aiguise-crayons.
aiguisoir [egizwaR] n.m. 1. Outil à aiguiser. 2.
(Maurice, Québec) Syn. de taille-crayon.
Syn. (Québec) aiguise-crayon.
2.taille [taj] n.m. ou f. (Afr. subsah., Wallis-et-F.) Syn. de taille-crayon.
taille-crayon(s) [tajkRej_O] . Petit instrument à
lame(s) servant à tailler les crayons. Des
taille-crayon(s). Syn. (Québec) aiguise-crayon
et aiguisoir, (Maurice) fitoir, (Afr. subsah., Wallis-et-F.) taille.
fitoir [fitwaR] n.m. (Maurice) Fam.
Plaisant. Taille-crayon. Syn. aiguisoir.
Les autres variantes
fonctionnelles s'inscriront dans le champ logique des marques géographiques
dont elles relèvent, par exemple :
2. brailler (se)
[bRaje] v. pron. Vx
(Cour. en Afr. subsah.) Ajuster sa chemise dans son pantalon.
La tâche d'aménagement
lexicographique de la variété linguistique en francophonie n'est pas une tâche
simple et l'on s'est contenté dans ce premier essai du genre d'intégrer les
variétés régionales du français à partir de ce que l'on maîtrise actuellement
de la variation lexicale en synchronie, tout en sachant que le découpage
géopolitique qui est opéré est provisoire et partiel et qu'il est susceptible
d’appeler d'autres aménagements (au vu, notamment, des avancées de la recherche
sociolinguistique et de la lexicologie diachronique). Au seul niveau de la
synchronie, la richesse polysémique du français hors de France et les
incidences qu'elle entraîne sur la langue de référence elle-même sont
considérables : il ne nous est pas possible de les expliciter dans le
cadre de cet article. Mais l'essentiel était de témoigner de l'existence d'un
processus en marche. Il reste que l'enchâssement textuel des variétés
régionales dans l'économie propre du dictionnaire de langue constitue un
aménagement lexicographique en tant que tel pour lequel les bases de données ne
peuvent fournir que des matériaux et des repères indicatifs de distribution
puisque ce travail structurel entraîne, par voie conséquente, un remaniement du
corpus du français de référence dans lequel il s'inscrit.
Les choix qui président au
nouveau modèle du dictionnaire restent entiers en aval de l'identification des
matériaux linguistiques de base. Ils relèvent de la responsabilité des
concepteurs du dictionnaire et des producteurs qui assument le profil du
produit en fonction d'objectifs propres où le commercial et le scientifique
doivent trouver les meilleurs compromis possibles : soutenir une
philosophie de l'intégration du français de la francophonie dans le contexte
géopolitique actuel est relativement facile, imposer le respect des différences
linguistiques et culturelles dans cette entreprise d'aménagement linguistique
l'est déjà moins, et cela représente un enjeu d'importance si l'on songe que
l'image idéologique que les dictionnaires donneront du français et de ses communautés
partenaires présidera à l'enseignement de la langue et des valeurs de
civilisation dont cette langue sera porteuse pour les générations futures.
L'effort d'intermédiation entre
le terrain d'observation du (socio)linguiste et le travail de formalisation des
industries de la langue est peut-être audacieux, semé de difficultés certes,
mais il justifie que l'on s'y attache avec modestie, pugnacité et ferveur.
Tel se veut l'esprit de mon
témoignage.
Bibliographie
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des particularités lexicales du français en Afrique noire", Académie Royale de langue et littérature
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[1] Il s'agit d'une coupe de devination de l'oracle Ifa
(Nigeria), Musée de Zürich, photographie : Wettstein et Kauf.
[2] Équipe IFA. Blondé (J.), Canu (G.), Caprile (J.-P.),
Deltel (J.R.), Dumont (P.), Efoua-Zengue (R.), Faïk (S.), Gontier (D.),
Jouannet (F.), Lafage (S.), Mendo Ze (G.), N'Diaye Corréard (G.), Queffélec
(A.), Queffélec (C.), Racelle-Latin D. (Coordonnatrice), Rondreux (J.-L.),
Schmidt (J.), Shyirambere (S.), Tabi-Manga (S.) Inventaire des particularités lexicales du français en Afrique noire.
1983. AUPELF. (1988). Paris, EDICEF/AUPELF, coll. "Universités
francophones". 1ère édition AUPELF, 1983.
[3] Cette banque a été constituée par mes soins avec la
collaboration informatique de Louis Delatte, Joseph Denooz et Marie-Christine
Lochen au Laboratoire d'Analyse statistique des langues anciennes (LASLA) et
réactualisée et aménagée ensuite à partir de 1990 dans le cadre de la même
convention pour les travaux africains du Réseau "Étude du français en
francophonie" de l'AUPELF-UREF avec la collaboration de M. Karel Logist et
du CIPL, Centre conjoint au LASLA. Cette banque de données est actuellement
logée au Bureau Afrique de l'AUPELF-UREF à Dakar dans le cadre de la
coordination du réseau avec une veille informatique de l'Université de Liège.
[4] Lafage, Suzanne, "Contribution à une analyse de
l'organisation fonctionnelle du lexique français en Afrique francophone"
dans Annales de l'Université d'Abidjan,
fasc. 1, série H, pp. 41-52.
[5] Pour un commentaire détaillé sur cette application,
l'on voudra bien se reporter à Pauleau Christine, "La variation du
français en Nouvelle-Calédonie", in
Francard M., Latin D. (éds), Le
régionalisme lexical, 1995, pp. 203-211.
[6] La distinction est proposée par Suzanne Lafage dans sa
communication aux deuxièmes journées scientifiques du réseau "Étude du
français en francophonie" de Louvain-la-Neuve qui étaient centrées sur la
discussion de la grille proposée par Claude Poirier. Cf. Lafage, Suzanne,
"De la particularité lexicale à la variante géographique ? Une notion
évolutive en contexte exolingue", in
Francard M., Latin D. (éds), Le
régionalisme lexical, 1995, pp. 89-97.
[7] Poirier, Claude, "Les variantes topolectales du
lexique français. Proposition de classement à partir d'exemples
québécois", in Francard M.,
Latin, D. (éds), Le régionalisme lexical,
1995, pp. 13-65
[8] Par absence de textes réflexifs d'une réelle autorité
sociale sur les normes d'usage concernées. Si l'on excepte quelques études
portant sur le français à l'époque coloniale ainsi que des articles ou des
glossaires tels que les travaux de Louis-Fernand Flutre à propos "De
quelques termes de la langue commerciale utilisée sur les côtes de l'Afrique
occidentale et qui ont passé dans les récits des voyageurs français du
temps" (Etymologica Festschrift W.
von Wartburg, Tübingen : 1958. pp. 209-238) ou encore l'excellent Glossaire des expressions et termes locaux
employés dans l'ouest africain de Raymond Mauny, 1952. Dakar, IFAN, les
travaux descriptifs relatifs aux particularismes lexicaux du français en
Afrique noire ont tous essentiellement une visée synchronique et descriptive
(non normative). Le mérite revient à Jean Schmidt et Geneviève N'Diaye Corréard
d'avoir repris la dimension diachronique de ces études pour le Sénégal, à Willy
Bal de l'avoir initiée pour l'ex-Congo belge, l'ex-Zaïre et les
"mots-voyageurs", particulièrement ceux issus de l'Afrique lusophone.
[9] Notamment par Suzanne Lafage et par Jean Tabi-Manga
lors dans leur communication respective aux premières journées scientifiques du
réseau "Étude du français en francophonie", in Latin D. , Queffélec A., Tabi-Manga J. (éds), Inventaire des usages de la
francophonie : nomenclatures et méthodologies, 1993.
[10] Au reste, les dictionnaires intègrent toujours
davantage la grammaire : la sémantique et la syntaxe se combinent dans la
génération des particularismes lexicaux et dans leur articulation systémique.
Au point que l'on pourrait reconnaître dans une "sémantaxe" (selon la
notion de Gabriel Mannessy) une des clés de l'analyse variationiste.
[11] Dictionnaire
universel (Afrique). AUPELF-UREF/Hachette-EDICEF, 1997. Direction :
Michel Guillou, Marc Moingeon. Coordination scientifique pour
l'AUPELF-UREF : Danièle Latin. Rédaction : Geneviève N'Diaye
Corréard. Éditeur et coordination générale : Thierry Viellard.
Responsabilité éditoriale : Mireille Maurin.
[12] Ce schéma prévoit en effet une double indexation de
l'ensemble des facteurs typologiques définis, une première fois par rapport au
système des formes attestées en français de référence, une seconde fois à
l'intérieur du champ de la variété africaine appelé "néologismes" et
qui reprend l'ensemble des configurations étiologiques propres aux formations
locales d'une part, aux emprunts d'autre part.
[13] Dictionnaire
du français plus à l'usage des
francophones d'Amérique du Nord. Édition établie sous la responsabilité de A.E.
Shiaty. Rédacteur principal : Claude Poirier, Centre éducatif et culturel
inc., 1988.
[14] Dictionnaire
universel francophone. AUPELF-UREF/ HACHETTE-EDICEF, 1998. Direction :
Michel Guillou, Marc Moingeon. Coordination scientifique pour l'AUPELF-UREF
(partie "Mots de la langue") : Danièle Latin. Rédaction et
intégration des bases régionales : Danièle Latin et Véronique
Chape-Plazotta (avec la collaboration de Claude Poirier pour la base Amérique
du Nord). Édition et coordination générale : Hubert Lucot. Responsabilité
éditoriale : Jacques Demougin.