D, D-CI, adj. Fréq.,
oral, fam., mésolecte, souvent ironique. En parlant d'un véhicule
administratif de fonction: qui appartient au gouvernement ivoirien. Même si elle [une voiture] est à plat [.] elle ne lui coûte pas un sou,
c'est une D-CI. ID., 07.12.1975. Voiture
D, c'est pour* le gouvernement. (Chauffeur, Abidjan, 1980). Un jour, il y a un monsieur qui est venu me
voir avec une voiture D, accompagné de son chauffeur [.]. Antoine
/Dubresson /Manou-Savina, 1987 : 232. Par
exemple, j'ai été surpris de voir des voitures DCI dans les rues de Cotonou. Un
des conducteurs approché m'a informé qu'il était en voyage d'affaire pour
l'épouse de son patron...un haut fonctionnaire. Ivoir'Soir,
28.08.1997. Ca fait longtemps qu'on parle
des véhicules administratifs [.]. Chacun veut aussi sa voiture D, D comme le
système D. Il suffit d'avoir une petite parcelle de responsabilité. Ivoir'Soir,
05.11.1997.
COM.: la lettre D sur une plaque d'immatriculation ivoirienne,
identifie un véhicule comme appartenant à l'administration ivoirienne.
da, dah, n.m.
Spéc., (flore), (du mandenkan "hibiscus sabdarriffa et hibiscus
cannabinus") , oral, écrit, tous milieux. Nom donné à plusieurs
plantes de la fam. des Hibiscus.
1- da, da foura, n.m. (Hibiscus
sabdariffa Linn). Plante dont on consomme les feuilles bouillies en guise
d'épinards. On en fait une sorte de plat très apprécié à saveur acide. Pendant ce temps, nettoyez les feuilles de
dâ, supprimez les nervures et lavez-les puis faites les blanchir à l'eau
bouillante. Biarnès, 1974 :28.
ENCYCL.: avec le
calice des fleurs d'hibiscus ou roselle*, oseille* de Guinée, on fait une
décoction rouge très désaltérante. V. BISSAP*
COMP.: dakoumou*,
datou*.
SYN.: bito* (: feuilles), oseille* de Guinée, oseille* du Soudan,
roselle*, (: fleurs), bissap*, thé* karak, thé* rose (:boisson).
2- da, da dian, n.m. (Hibiscus
cannabinus Linn.). Plante cultivée fournissant une fibre utilisée pour la
fabrication des cordes et des sacs et éventuellement une drogue. Roberty, 1954 :
54.
SYN.: chanvre* de Guinée, chanvre* du Soudan, gombo*-chanvre,
kénaf*.
3- da, da sina, n.m.
(Hibiscus asper Hook. f.), variété sauvage. Roberty, 1954 : 54.
dâ ni blô, loc. V. DAH
NI BLOH*.
daba (1), n.f. Usuel, (du
mandenkan "houe"), oral, écrit, tous milieux. Sorte de houe
traditionnelle à manche court dont on se sert pour retourner la terre et pour
sarcler. C'est le symbole de la paysannerie. Le village fournit beaucoup
de houes dites dabas. Binger, 1892, I : 136. Ce qui est probable, c'est qu'à cette époque, l'instrument aratoire par
excellence était la daba telle que la fabriquent encore les forgerons de
village. Du Prey, 1962 : 29. Tandis
que le peuple peinait à la tâche, la
daba en main*[.]. A. Koné, 1976 : 33. Je
crois que je ne peux plus tenir la daba . Koné, 1976 : 42. Le concours de labour à la daba se
poursuivait [.]. Ibid : 55. Dans la
brousse*, on sait bien que la daba, la large daba, nécessite des bras
puissants. Kitia Touré, 1979 : 22. Comme
je ne trouvais pas dans ma vie de fonctionnaire le bonheur espéré, je me suis
converti à la daba. FM., 30.05.1980. Il faut les [: les Sénoufo] voir
dans leurs rizières, leurs champs de canne à sucre ou leurs hectares de
tomates, manier leur fameuse daba, houe à large lame qu'ils utilisent aussi
bien comme bêche que comme pelle ou même charrue à main. Conte, 1981 : 40. Quand j'ai eu quinze ans je n'ai plus gardé les boeufs, j'ai pris la daba.
Deniel, 1991 : 37. Le prix du carburant
[.] ne permet pas de mettre à la retraite la daba ou la machette* pour embaucher
le tracteur ou le motoculteur. L'oeil du peuple, 29.03.1995.
ENCYCL.: la daba
peut éventuellement servir d'arme. Baya
accuse sa femme de maléfice et l'abat
d'un coup de daba. FM , 31.01.1980.
LOC.: labour à la daba, prendre*
la daba : ‘’ travailler la terre" , se convertir* à la
daba : "retourner à la terre", ne plus pouvoir tenir* la
daba : "être trop vieux ou trop malade pour cultiver la terre".
daba (2), dagba, v. inv. Argot nouchi, (du mandenkan "grande
gueule"), fam.. Manger, "bouffer". Mon vieux* daba gawamalo*. (: Mon vieux bouffe du riz de mauvaise qualité.,
Informateur, Abidjan, 1990).
SYN.: badou,* daler*, dagba*, pôtô*.
DER.: dabali */ dagbali*.
daba (3), v. inv. Dispon., (du mandenkan : "bouche-taper),
argot nouchi, fam. Frapper. Ils ont daba le grahou*"(: Ils ont
frappé le petit voleur., Informateur, Abidjan, 1990).
dabali, dagbali, [dabali] / (dagbali], n.f. Dispon., argot
nouchi, (du mandenkan), fam. Nourriture. Je m'en vais mlounmloun* dabali. ( : Je vais faucher de la
bouffe., Informateur, Abidjan, 1990). "Dabali":
manger [.] Ces différents termes empruntés au langage nouchi*, font partie
aujourd'hui du lexique zouglou*. Ivoir'Soir, 15.10.1997.
SYN.: badouko*,
potoli*.
dabé, [dabe], n.m.
Spéc., (flore), (de l'attié
<ndabé>). (Erothroxylum
emarginatum Thonn.). Arbre de la fam. des Erothroxylacées à bois rougeâtre
et à fût sinueux. Le dabé atteint 25 m. de hauteur environ. Aubreville, 1953, I : 366.
ENCYCL.: il perd ses feuilles en février-mars et de nouvelles
feuilles de couleur rouge apparaissent.
SYN.: dahain
(abé), pépéçia (agni)
dabéma, [dabema], n.m. Spéc.,
(flore), mais fréq. (Piptadeniastrum africanum [Hook f] Brenan). Un des
plus grands arbres exploités de la fam. des Légumineuses Mimosacées au
feuillage fin, à la cime en parasol. Bois de cet arbre qui présente les
caractéristiques suivantes : bois tertiaire jaune ou brun, lourd, à mauvaise
flottabilité, ne nécessitant pas de traitement de protection. Utilisé pour la
menuiserie et le tranchage. Le fût du
dabéma est droit, cylindrique. Aubreville, 1953, I : 224. Les gigantesques dabémas aux puissantes
racines s'en allaient tout déracinés, broyés,
pulvérisés. Dadié, 1955, 88. Arnaud /Sournia, 1980 : 30.
COM.: dabéma est le nom-pilote de ce bois.
CTFT, 1989 : 390.
SYN.: aké
(ébrié), akassanoumou (agni), béné béné (gouro), blé (yakouba), gano/galo
(krou), gô (ouobé/guéré), gobo (bété) .
dabila, [dabila], n.m. Spéc., (alimentation), (du mandenkan
"bouche laisser"), nord. Levure de bière de mil que l'on récupère
au fond des canaris. Il faut du dabila
pour faire le dolo*. (Informateur, Ferké, 1983).
dagba, v. inv. V.
DABA*(2).
dagbé, [dagbe], n.m. Spéc., (flore). (Soyauxia
grandifolia Gilg. et Stapf.). Petit arbre de la fam. des Medusandracées, au
bois dur, d'un brun violacé. Aubreville, 1959, III : 42.
dago, n.m. Assez
fréq., (patronyme kru, du nom du personnage d'une célèbre bande dessinée
ivoirienne "Dago à Abidjan") oral surtout, fam., mésolecte,
ironique. Péquenaud, rustaud, guignol. Désigne de façon péj. un homme
identifié comme un pauvre paysan peu habitué à la grande ville. Les personnes qui viennent à Abidjan comme
les personnes qui viennent d'ailleurs sont taxées de "dago" parce
qu'elles n'ont pas connaissance des informations de fraiche date ou des
techniques nouvelles, enfin de tout ce qui est d'actualité. Caummaueth,
1988 : 110. La marchande dioula est
assise [.] de même que le dago à pipe de terre. Tierno Monenembo, 1993 :
36. Vous tous, dans ce bus, vous n'êtes
que des dago sans chaussures ! Ibid : 43.
COM.:"dago" ne prend pas la marque du pluriel.
COMP.: dago sans
chaussures.
SYN.: gawa*.
dah ni bloh, dâ ni blô, [daniblC], loc.adv. Argot
nouchi, (par allusion au titre d'une chanson très appréciée de S. Kassi, en
1990, blo serait la forme nouchi de "bluffer"), oral, fam.,
mésolecte. C'est pas du bluff ! Sûr
qu'avec lui [Alpha Blondy] ce ne sera pas dâ ni blô. FM.,
31.12.1990. Serge Kassi, lui qui n'en est
pas à sa première K7 saura aussi rappeler avec sa verve habituelle qu'il est
bien le père de "c'est pas dah ni bloh" le morceau fétiche de 1990.
FM., 06/07.02.1993.
dah-koumou, n.m. V.
DAKOUMOU*.
daïe, [daj] n.f. V. DAILLE (2). Une fille, c'est tour à tour une go*, terme général,
une daïe* ou un steki* pour une chérie, une awoulaba* quand elle est belle ou
plus prosaiquement un produit* pour celui qui ne voit en elle qu'un objet à
consommer. Krol, 1994 : 216.
daille (1), daye, die, [daj], adj. Fréq., argot urbain., (de l'anglais "mourir"), oral, fam, pej.
1- Ivre-mort,
complètement saoul. En parlant de drogue, "pété". Tu étais tellement daille que tu tenais pas debout! (Abidjan, étudiant,
1983). Etre daille, bon, c'est le langage
qui est plutôt employé par les alcooliques, c'est aussi employé par les
drogueurs*. Caummaueth, 1988 : 71. Si
demain [.] un véhicule m'écrasait, les gens diraient que j'étais trop die sous
l'effet de la drogue. ID., 16.04.1989. En clair, si vous êtes deux à boire des Guinness, si le premier est
"daille" et le second pas, c'est parce que les parents du premier lui
ont "légué quelque chose". Ivoir'Soir, 16.06.1998.
DÉR.: dailleur*.
2- daille (être ---- de qqun), loc. verb. Par translation, être amoureux fou (d'une jeune fille)
au point de dépendre complètement d'elle. Etre
daille de cette fille, quoi encore, c'est pour dire qu'il est follement
amoureux de cette fille. (Informateur, Abidjan, 1990).
SYN.: être fan* de, être mouk* de, être tué* de, pouvoir se
destroy*, pouvoir se détruire*, pouvoir se dja*, pouvoir se fan*, pouvoir se
mourir*, pouvoir se tuer*.
daille (2), daye, daïe, [daj], n.f. Argot estudiantin et urbain, (anglais
"mourir"), oral, fam. V. GADI*.
1- Petite
amie, "pépée". Djo*!, t'as vu
la daille qui va là ? Zazou,
n° 12, 1981. La daille, ce jour-là, devra
se défaire des contraintes du groto* si elle en a un. Campuslexique,
1979 : 4. Daye : la jeune fille qui
pourra aussi être la gadi*, la go*, le carreau*, la mama* ou, si d'aventure
elle est un peu légère, la gnin*, la sao*, le second bureau* ou la tchamp*. ID., 23.02.1986. La daille, bon, c'est le terme courant que
les jeunes utilisent pour qualifier une jeune fille. Caummaueth, 1988 : 70.
Il veut que je devienne sa daye forcée.
ID., 18.03.1989.
COM.: le terme
peut devenir très péj si un homme l'emploie en faisant référence à son épouse.
SYN.: bouille*, carreau*, daille*, gadi*, gnin*, go*, gomon*,
mama*, produit*, sao*, soupe*, stéki*, tchamp*.
2- daille, (vraie ---- ), n.f.
a + Précédé d'un possessif : Petite amie attitrée d'un garçon. Je viendra te présenter ma vraie daille
aujourd'hui. Caummaueth, 1988 :
SYN.: titus*. 70.
b + Précédé d'un article : pin up, belle fille, sacrée nana. La vraie daille, elle a toutes les qualités
réunies: c'est celle qui est belle, qui a également la forme que l'on recherche
et le caractère. Caummaueth, 1988 : 71.
dailleur, [dajZr], n.m. Argot urbain, (dérivé hybride de "to die"+ suffixe français
-eur), oral, fam., mélior. Gros buveur, "gosier en pente". Papa est un amateur de bière aussi et il
trouve un certain plaisir à ce que'on l'appelle dailleur. Kitia Touré, 1979
: 40. Il est fier d'être un dailleur !
(Etudiant, Abidjan, 1990).
dakota, n.m. Vx. (par allusion au gros avion de transport du
même nom), oral, fam., plaisant. Mâle ailé de la fourni-magnan (Anomma
nigricans), gros insecte noir à abdomen long et recourbé, au vol bruyant, qui
vient la nuit autour des lampes. Attention
au dakota, près de ta tête ! (Enseignant, Ferké, 1973).
dakoumou, dah-koumou, [dakumu], n.m. Dispon., (alimentation), (du mandenkan
"hibiscus sabdariffa"), nord surtout. V. DA*. Feuilles du dâ* (Hibiscus sabdariffa)
utilisées comme condiment entrant dans la préparation de nombreuses sauces*. J'ai acheté du dakoumou au marché d'Adjamé, la sauce aura bon goût.
(Secrétaire, Abidjan, 1984).
SYN.: dâ*,
oseille*, oseille de Guinée*.
daler, daller, v.
tr. Argot nouchi. (argot français "dale" : faim.), fam. Manger. On va daler ? J'ai un peu* les pierres*. (:
On va manger ? J'ai un peu d'argent., Informateur, Abidjan, 1990).
SYN.: badou*, daba*, dagba*, poto*.
daller, v.tr. V. DALER*.
dama (1), n.f. V.
BICHE-ROBERT*.
dama (2), n.f. V. NDAMA*(2). Si la dama est réputée pour sa résistance.[.]. FM., 04.04.1980.
daman, n.m. Spéc., (faune),
mais fréq. Terme générique désignant deux espèces différentes de la fam.
des Procaviidés : le daman d'arbre et le daman de rocher.
1- daman d'arbre[s], surtout
manuels. V. AHUA*. (Dendrohyrax arboreus Smith). Petit mammifère
forestier, acaude, nocturne, au pelage foncé et épais dont le cri puissant est
très caractéristique. Les damans d'arbres
se signalent dans la forêt par leur cri particulier qu'on peut traduire par
ahuha. On les désigne souvent sous ce nom. Roure, 1962 : 63. Le daman ressemble à un rongeur mais
appartient à l'ordre des Hyracoides, ce qui le rapproche davantage de
l'éléphant que du rat. Ses doigts sont garnis de petits sabots. Oberlé, 1983 : 24. Les damans d'arbres [.] se signalent quotidiennement en criant entre
21-23 heures et 3-5 heures. Le cri commence faiblement comme un soupir puis
s'amplifie et est répété jusqu'à 150 fois à brefs intervalles, devenant un hurlement
extrêmement fort, audible jusqu'à 3 km, puis cesse brusquement. Haltenorth
/Diller, 1985 : 105. Signalé (Marahoué,
Taî, Azagny). Bousquet, 1992 : 163.
SYN.: ahua*, daman noir.
2- daman de rocher[s], surtout manuels. (Procavia capensis Pallas). Petit animal
savanicole, acaude, à la silhouette ramassée, végétarien et diurne, au pelage
brun. A signaler à Duékoué [.] un daman
de rocher mesuré : 50 cm de long, 18 cm de haut, sans tache jaunâtre sur le
dos Roure, 1962 : 64. Le daman de rocher, nocturne, vit dans le
Nord. Oberlé, 1983 : 24. Haltenorth /Diller,
1985 : 107.
3- daman noir, V. AHUA*, DAMAN D'ARBRE. [.] trois cent soixante six fois le daman noir / Use sa voix dans la
nuit noire. Zago Bia, "Nuit d'Afrique" FM., 09.03.1982.
damance, ndamance, [damSs], n.f. Spéc.,
(élevage), mais fréq., (mot-valise
composé à partir de "dama*" et du mot
"abondance"), oral, écrit. Nouvelle
race de bovin créée en Côte d'Ivoire par croisement entre la vache locale
ndama* très résistante à la maladie du sommeil et la race alpine
"Abondance" plus fragile et meilleure productrice de lait. Tout comme l'arabusta* en matière caféière*,
la Côte d'Ivoire possède désormais une nouvelle race bovine en production
animale: la damance. FM., 04.04.1980. Aussi le ministère de la Production animale [.] suit-il en ce moment
203 sujets, des damances issues d'une expérience d'insémination artificielle.
FM., 05.04.1980.
dame des eaux, n.f. V.
MAMIE* WATER.
damer sur qqun, v. tr. Argot
urbain, oral, fam, péj., jeunes. Frapper (qqun), taper (qqun), tomber
dessus, s'acharner physiquement ou moralement sur qqun. Et puis les petits, on dame dessus. (Informateur, maquis
abidjanais, 1995). Quand je dis quelque
chose, pourquoi les gens dament sur moi? (Corpus Lycéennes, Abidjan, 1995).
damier, n.m. Dispon., oral,
écrit, mésolecte. Jeu de dames. Kouadio,
viens! On va jouer au damier ! (Chauffeur, Abidjan, 1980). J'avais beaucoup de copains et on jouait au
damier ou au lido*. Deniel, 1991 : 156. Le
damier, c'est un peu difficile. (Lycéen, Abidjan, 1991).
damiste, n.m. Dispon.,
oral, écrit, mésolecte. Joueur pratiquant le jeu de dames. Je ne suis pas bon damiste comme mon frère !
(Universitaire, Abidjan, 1989).
dan, n.m. V.
CAILLOU*.
danévi, [danevi], n.m. Spéc.,
(flore). (Xerroderris chevalieri [Dunn] G. Rob.). Plante de la fam. des
Fabacées à feuilles et grappes florales rassemblées au sommet des branches. Roberty, 1954 : 212.
danse, n.f. Fréq.
(tradition), oral, écrit, tous milieux, mélior.
1- Fête au cours de laquelle sont pratiquées des danses
collectives traditionnelles S. vit son
mari venir. Et elle s'interrogea de
savoir pourquoi son homme venait-il [sic] à cette danse coutumière strictement réservée aux femmes. FM.,15.01.1980.
ENCYCL.: certaines de ces réunions
peuvent être exclusivement réservées à l'un des deux sexes.
2- Groupe particulier de danseurs,
groupe folklorique.On avait donné l'ordre
qu'on fit venir certaines danses typiques [.]. Il y aura forcément le goli*, le
zaouli*, des danses poros* du pays sénoufo, celles du pays bété sans parler de
l'abissa*, le nolé, danses éburnéennes*, aussi typiques, aussi variées, aussi
colorées les unes que les autres. Anoma Kanié, 1978 : 116. Préparez vos danses; des camions iront
chercher les danseurs dès cinq heures du matin. Kitia Touré, 1979 : 8. Quinze mille [francs] étaient allés dans la caisse de la danse*,
trois mille pour faire boire les danseurs à satiété mais il y avait tout juste
un peu de koundjadjo*, les deux autres
mille avaient été donnés à la cantatrice*. Kitia Touré, 1979 : 15. Les membres de la danse Moyeho d'Azuretti, sous-préfecture de Grand-Bassam,
remercient toutes les personnes qui les ont
aidés lors de la sortie* de leur danse. FM., 18.01.1982. Chaque village a une forêt sacrée d'où part
sa danse. FM., 19.04.1982. Toutes
les danses du terroir ont fait le déplacement. FM., 26.10.1990. Les danses sacrées anciennes des castes et
races* sénoufo, bambara, mossi, bobo, forgeron* et dioula* s'animèrent du
bolloda* aux bois sacrés* environnants. Kourouma, 1990 : 280. Le PDCI a fait appel à près de dix danses
(environ 20 personnes par danses)[.]. L'oeil du peuple, 13.03.1996. Plusieurs danses sont sorties de leur
retraite pour saluer les fils et filles retournés au terroir. Des rythmes comme
l'Adjoss, le Guédégnéli, le N'Gbo,... battaient leur plein. Ivoir'Soir.14.04.1998.
ENCYCL.: chaque danse porte un nom particulier, présente des
pas différents et possède sa propre valeur symbolique. [.] la danse du masque long ou des échasses où l'échassier* vêtu de
cotonnade rayée bleu et blanc , comme son escorte, tournoie à trois ou quatre
mètres au dessus de la foule [.], la fantastique m'ninnin ou danse des
jongleurs de Man qui lancent en l'air en les faisant tournoyer avant de les
recevoir - l'illusion est extraordinaire- sur la pointe de deux poignards...
des petites filles. David, 1986 : 121. Pour
la petite histoire, sachez que la danse Adjanou qui est une danse rituelle [:
pour faire tomber la pluie] n'est exécutée que par des femmes d'un certain âge,
notamment celles qui ne sont plus en mesure de procréer. Ivoir'Soir,
15.04.1998.
LOC.: sortir* une danse.
3- danse du cercueil, loc.nom. Spéc. (tradition). Appellation désignant l'interrogatoire*
du mort durant laquelle le corps du défunt, porté sur les épaules de certains
de ses proches, guide ceux-ci devant le responsable de ce décès, lors d'une
cérémonie à laquelle participent tous les habitants du village et toute la
famille du disparu. Il avait été
l'initiateur de cette danse du cercueil de son cousin qui avait humilié ce
mangeur *d'âme. Détective, 22.02.1993.
SYN.: interrogatoire* du mort.
danser, v.tr. Fréq., (tradition), oral, écrit. Entre dans
un certain nombre de formations locales.
1- danser au nom de quelqu'un, loc.verb. Mésolecte, basilecte, mélior. Danser en
l'honneur de quelqu'un. On va manger.
Puis on va danser à ton nom. Du Prey, 1979 : 39.
2- danser l'abissa, loc.verb. V.
ABISSA*.
3- danser le masque, loc.verb. Assez
fréq. oral, écrit, tous milieux, mélior. Porter le masque* et exécuter les
pas traditionnels du masque que l'on porte. [.]
en même temps, tous les adolescents apprennent à danser le masque familial.
FM., 04.03.1980.
4- danser un accueil, loc.verb. oral, écrit, tous milieux, mélior. Célébrer une cérémonie
de bienvenue pour l'arrivée d'une personnalité, cérémonie à laquelle
participent toujours les groupes folkloriques de danseurs de la région. [.] la foule enthousiaste qui lui dansait un
accueil [.]. A. Kourouma, 1990 : 28.
5- danser le cercueil, (faire ---- ), loc.verb. Assez fréq., (calque des langues loc.), sud, oral, écrit,
mésolecte. V. MANGEUR* D'ÂME. Procéder à l'interrogatoire du
mort* afin d'apprendre qui est à l'origine de cette disparition et par quel
procédé elle a été obtenue. Les jeunes
retournés à la terre, non contents* de la mort d'un des leurs, se décident à
faire danser le cercueil. Détective, 22.02.1993.
ENCYCL.: devant tout le village rassemblé, le mort porté sur
les épaules de ses amis et parents, dirige ses porteurs vers le responsable
conscient ou inconscient qui, par sa sorcellerie, a mangé l'âme* du défunt.
SYN.: interroger* le mort.
danseur/ danseuse, n.m. ou f.
Fréq., oral, écrit, tous milieux, mélior. Membre d'un groupe de danse
traditionnelle. La cérémonie a commencé
par une danse des initiés exécutée par les huit Kpa Lissè Yêbô ou danseuses-voyantes,
ces femmes respectables qui perpétuent les valeurs mystiques de cette localité
rurale. FM., 21.10.1982. Les
danseurs de panthères de Vaou près de Vavoua sont sortis* du bois* sacré. David,
1986 : 120.
ENCYCL.: la plupart de ces danses sont apprises au cours de
l'initiation* et ont un caractère sacré et mystérieux.
COMP.: danseur de panthères, danseur-jongleur, danseur sur
échasses, danseuse-voyante.
dao, [daw], n.m. Spéc., (flore), (de l'abé). (Trichoscypha
arborea A. Chev.). Petit arbre de la fam. des Anacardiacées identifiable lors
de la floraison par de très grandes inflorescences rouges pyramidales qui
mesurent 0, 80 m. de haut, puis lors de la fructification par de grandes
grappes de fruits rouges mesurant 0, 50 m. Aubreville, 1959, II : 195.
SYN.: alakoui
(agni), allahia (ébrié), .
daocou, [dawku] n.m.
Spéc., (flore), (de l'attié.). (Bosquios phoberos Baill.). Arbre
moyen de forêt dense humide ou de galerie forestière. Aubreville, 1953, I : 68.
ENCYCL.: il produit un latex qui devient rouge violacé en se
desséchant.
SYN.: nantié
(wobé), ouka mlé / mbaki bakié (baoulé).
daokro, [dawkro], n.m. Spéc., (flore), (de l'abé).
(Trichoscypha yapoensis Aubr. et Pellegr.). Petit arbre côtier à écorce rouge
exsudant de la résine odorante, de la fam. des Anacardiacées. Aubreville, 1953,
II : 193.
d'après que, loc.adv.
Assez fréq., oral surtout , nord, scolarisés moyens et non scol. Emploi en
tête d'énoncé visant à rapporter une information que l'on a reçue sans en
préciser la source : d'après la rumeut publique, à ce qu'il paraît, d'après ce
que l'on raconte. "D'après que son
fils s'est marié?"-"Oui, c'est ce qu'on m'a dit.".
(Chauffeurs, Abidjan, 1981)
darama, n.m. V.-DROME*.
darcassou, darkassou, n.m. V. ANACARDIER*,
POMMIER*-CAJOU.
darkassou, n.m. V.
ANACARDIER*, POMMIER*-CAJOU.
dartre, n.f. Spéc.,
(santé), oral, écrit, tous milieux. Terme générique désignant toute
affection cutanée plus particulièrement les mycoses provoquant une
dépigmentation de l'épiderme. V. CHAMPIGNONS*. Il faut que tu soignes
ce dartre sur l'épaule, regarde la couleur rose s'étend! (Infirmière, Abidjan, 1987).
DÉR.: dartrier*.
dartrier, n.m. Spéc., (flore). V. CASSE* AILÉE. (Cassia alata Linn.). Plante cultivée à feuilles
allongées et long épi de fleurs d'un jaune orangé. Le dartrier, originaire d'Asie [.] est utilisé en Côte-d'Ivoire pour
ses propriétés purgatives, fébrifuges et son action sur les dermatoses. Bouquet
/Debray, 1974, b : 56.
ENCYCL.: le suc du dartrier passe pour
avoir des vertus curatives sur les affections de la peau.
SYN.: casse*, casse ailée, cassia*.
dassou, [dasu], n.m. Spéc., (alimentation), (du dida). Sorte de
ragout qui est consommé avec du foutou*-banane. Le plat préféré de mon mari c'est le Dassou. C'est une sauce* à base
d'huile* de palme, de potasse*, de viande, d'escargot*, de poisson fumé, une
spécialité du pays dida que je lui prépare tous les dimanches. Ivoir'Soir,
15.19.1997.
datou, [datu], n.m.
Spéc., (alimentation), (du mandenkan : "oseille touffe"), nord. V. DA*.
Condiment à odeur forte fabriqué à partir des graines de dâ* (Hibiscus
sabdariffa). Le dakoumou est un condiment
apprécié ici. (Informateur, Odienné, 1983).
datte, n.f. Spéc., (flore,
alimentation), mais fréq., oral, écrit, tous milieux. V. DATTIER*
NAIN. Fruit sucré et noirâtre à maturité d'un petit palmier épineux assez
répandu sur le littoral. Auparavant, avec
l'approche des Rameaux, ils se livraient à la cueillette des dattes. Dadié,
1973 : 132.
DÉR.: dattier* nain.
dattier, n.m. Spéc.,
(flore).
1- dattier [des îles Canaries], (Phoenix canariensis Host.). Grand palmier ornemental introduit
depuis longtemps. Roberty, 1974 : 374.
ENCYCL.: l'arbre femelle porte de gros régimes de fruits non
comestibles.
2- dattier nain, dattier des marais, dattier sauvage, (Phoenix
reclinata Jacq.). Petit palmier épineux du littoral. Roberty, 1954 : 374. Ils se jetaient dessus pour presqu'aussitôt
aller s'abattre ailleurs sur un autre dattier sauvage plus riche en grappes. Dadié,
1973 : 132. Il y avait aussi des touffes
de dattiers nains. Ibid., 190.
ENCYCL.: cet arbre porte des régimes de toutes petites dattes
sucrées, noirâtres à maturité et dont les enfants sont friands. V. DATTE*.
Son bois dur sert à confectionner des poteaux et des pièges.
daurade, dorade, n.f. Spéc.,
(faune). Appellation désignant localement des poissons fort différents.
1- Désigne le coryphène* ce qui, selon les spécialistes,
est à proscrire, les vraies dorades étant des Sparidae. Seret /Opic, 1981 :
200.
2- Désigne le Pagrus ehrenbergi
Valenciennes ou pagre*, poisson de mer d'environ 60 cm, de la fam. des
Sparidae, au corps comprimé rosé à points bleus sur le dos. Aldrin /Noyer /Bregeat, 1972 : 75 bis. Seret
/Opic, 1981 : 234.
SYN.: pagre à
points bleus*.
3- daurade grise, (Cantharus cantharus). Poisson
gris brun portant des lignes longitudinales peu marquées, d'environ 32 cm, fam.
des Sparidae. Les daurades grises sont plus rares que les
autres daurades. Aldrin /Noyer /Bregeat, 1972 :
76.
ENCYCL.: c'est l'appellation AFNOR mais
localement ce poisson est plus souvent nommé griset*. Un autre poisson
répond aussi parfois à l'appellation" daurade grise" c'est le
Plectorhinchus mediterraneus Guichenot. V. CARPE* BRUNE.
SYN.: griset*.
4- daurade rose, n.f. Appellation désignant localement le gros Dentex gibbosus
Rafinesque = D. filosus Valenciennes (V. BOSSU*, DENTE*), poisson
de mer côtier à la couleur rose rouge, de la fam. des Sparidae, au museau
arrondi portant deux fortes canines et une grosse bosse frontale. Les gros Dentex sont appelés daurades.
Aldrin /Noyer /Bregeat, 1972 : 74 Chez
les daurades, les vieux mâles portent souvent une grosse bosse frontale.
Seret /Opic, 1981 : 234.
ENCYCL.: la 3ème épine dorsale est
prolongée par un long filament.
COM.: la plupart
des Dentex des autres espèces (V. DENTÉ*) sont également commercialisés
sous l'appellation de "daurade rose".
SYN.: bossu*, denté*.
dawa, [dawa], n.m. Argot urbain, (du mooré. "homme"), oral, fam., basilecte, péj., sud. Homme
de peu de valeur, minable, pauvre type. Hé
dawa , Tu viens faire quoi à Abidjan ? (Dispute entre étudiants, Abidjan,
1980).
SYN.: bagas*(part.), baragnini*(part.), donita*(part.),
cacaba*(part.), dawa*(part.), fougari*, kaya-kaya*, gawa*(part.),
ouyo-ouyo*(part.), pousse-pousse* (part.), wotro*(part.).
daye, n.f. V. DAILLE
(1)*. [.] on ne peut pas oublier
le jour de son mariage, même quand on est daye. Ivoir'Soir,
05.05. 1997.
DCS, n.m. Dispon., argot
urbain, (sigle pour "Deux chambres-salon"), oral, péj. Sigle
désignant familièrement un crâne dégarni, une calvitie, par référence à un
grand appartement dans lequel le mobilier normal semble rare et insuffisant,
"patinoire à mouches". Deux
chambres-salon pour un avocat. (titre).
L'homme que l'on connaissait très chauve a vite fait d'aller se faire planter
des cheveux sur la partie dégarnie du crâne. Pourtant D. qui ne nourrit aucun
complexe exhibe fièrement son "DCS" (Deux chambres-salon) réputé pour
être le signe de la haute intellectualité. L'oeil du peuple,
13.03.1996.
de, prép., adv. interrog. Fréq. , oral surtout, basilecte.
1- de + infinitif, prép.
C'est l'équivalent de "pour" + infinitif. Elle m'a envoyé au marché d'aller payer* bananes*. (Chauffeur,
Adjamé, 1983). Elle m'appelle toujours de
venir la tresser*. (Coiffeuse, Abidjan, 1984).
2- de + infinitif, adv.
interr. Suivi de l'infinitif et portant un ton haut, "de" sert à
introduire une question : est-ce que ? De
partir tout suite ? (: Est-ce que je peux partir maintenant ?, Chauffeur,
Abidjan, 1980). De plucher* légumes ?"
(: Est-ce que j'épluche les légumes?, Boy-cuisinier, Abidjan, 1983).
dè ! dê !, dé !, [dD], interj. Fréq., (du mandenkan "particule
énonciative à valeur intensive", du baoulé "vraiment, c'est
sûr"), fam., mésolecte, basilecte. Marque insistance ou stupéfaction. Demandez Dieu! Walaï*, c'est lui seulement qui
connaît, dè. Bolli, 1977 : 29. Eh !
patron, le vieux que tu vois-là, il est très riche dê. Oussou-Essui, 1979 :
37. Non, tout cela n'était qu'un travail
de karamoko* dé, de débutants, d'apprentis marabouts*. A. Koné, 1980 : 46. Mais qui est fou* dé? Qui va te prêter
encore l'argent ? (Etudiant, Abidjan, 1983). Aujourd'hui là*, moi je meurs avec* toi dè! (: Je meurs d'amour
pour toi, sûr et certain !, BD., Nouvelle Presse, 22.04.1993). Il s'interrompait toutes les dix lignes pour
commenter sa lecture par des exclamations typiquement ivoiriennes en perchant
la voix dans l'aigu sur les dernières syllabes :" Ah ! Mais cet enfant -là
dê, il a pas eu de chance dans la vie [.]. Dieu lui viendra en aide à celui-là,
il a eu trop* de courage dê ! Krol, 1994 : 175. Les Ivoiriens extériorisent souvent leur émotion avec exubérance en
multipliant les Mmm, les dê en fin de phrase, les ’’Tu vois ça non?" et
autres exclamations communicatives montrant qu'ils compatissent sans pour
autant prendre une mine compassée. Ibid. : 175. Il a été obligé de descendre de la caisse pour la pousser [.]. Houuum,
c'était plus que pluie du matin dè ! Top Visages, 30.03/05.04.
1996. Alors sa peine, il la purgera chez
lui à domicile. Prison comme ça, c'est doux*, dè . Ivoir'Soir,
05.08.1997.
SYN.: ké*, même*, trop* même.
dê, [dD], v. nv. Argot nouchi, oral, fam. Regarder. Dê le you*! (: Regarde le policier, Informateur, Abidjan, 1990).
de caste, loc.adj., V. CASTÉ*.
de toutes les façons, loc.adv. Usuel, tous milieux. V. FAÇON*. De toute
facon. Il avait ajouté que, de toutes les
façons, les vieux ne comprenaient rien à la vie actuelle. Koné, 1980 a :
33. De toutes les façons* rien ne pouvait
me faire penser que ce bangui* là n'était pas du vrai bangui. FM.,
19.11.1980. De toutes les façons, c'est
ce que nous vous aurions conseillé [.] FM., 22.01. 1982. De toutes les façons, l'Etat ivoirien
dispose de tous les moyens pour faire la part des choses. FM.,
09.11.1983. De toutes les façons, le
dernier mot lui reviendra. FM., 29.11.1990. De toutes les façons, je ne cherche pas à faire des affronts à qui que
ce soit. Jeune démocrate , 15.02. 1993.
COM.: "de toute façon " ne semble pratiquement pas
usité localement.
déballé, (être ---- ), loc.verb. Argot estudiantin, (frcs balle : "fric"), oral.
Etre fauché, ne plus avoir un sou. Mon
chéri-coco* était déballé. On a pas pu aller en boîte. (Secrétaire,
Abidjan, 1990).
débourrage, n.m.
ISpéc., (industrie). Action d'enlever les fibres (V. BOURRE* DE
COCO) qui entourent la noix de coco. La
section de débourrage mécanique des noix*. Elle est exécutée par des machines à
couteau et écarteurs traitant les noix une à une. Après débourrage, les noix de
coco et les bourres sont triées manuellement. FM., 06/07.02.1982.
débourser, v.tr.dir. Assez
fréq., oral, fam., mésolecte, péj. Ruiner quelqu'un, l'appauvrir,
littéralement," lui vider la bourse". Il lui a fallu la voiture, puis l'appartement, maintenant la sape*;
elle va le débourser complet*. (Secrétaire, Abidjan, 1982).
débrouillard, n.m. Dispon.,
oral, fam. mésolecte, péj. Personne qui survit financièrement grâce à
divers petits boulots, voire à certains expédients. Les groupes zouglous* ont proliféré dans la capitale, constitués
d'étudiants recalés ou démissionnaires, de déscolarisés*, de vagabonds, de débrouillards
et autres désoeuvrés ayant un peu ou beaucoup de talent à défaut d'autre chose.
Krol, 1994 : 213.
débrouillardise, (faire la ----), loc.verb. Dispon., oral, mésolecte, basilecte, fam. V.
DEBROUILLER 1. Avec les copains, nous
avons fait la débrouillardise. Nous avons pillé et chapardé de la nourriture.
Kourouma, 2000 : 141.
débrouiller, v. Fréq.,
oral, mésolecte ou basilecte, péj.
1- v.intr. Se
débrouiller (pour survivre, pour gagner de l'argent, pour vivre d'expédients,
pour arranger une affaire ennuyeuse, pour régler un problème avec la
police,...). Tu m'as trouvé aujourd'hui
je suis en train de débrouiller, c'est ça là je fais pour gagner mon pain.
A. Touré, 1985 : 113. Ivoiriens
Ivoiriennes c'est pas gâté* / on a débrouillé on a gagné/. (Chanson
"On a débrouillé on a gagné", Groupe Les pros du Far, corpus T.
1994). L'apprenti tente de calmer les
passagers : "On se débrouille" dit-il d'un ton léger; Ses paroles
sous-entendent que le véhicule n'est sans doute pas en règle et que le
chauffeur tente un arrangement auprès
des policiers. Ivoir'Soir, 13/14/15.02.1998.
SYN.: faire la débrouillardise*.
2- débrouiller, (se ---- ), v.pron., Sorte d'euphémisme signifiant se procurer de l'argent pour
survivre, par n'importe quel moyen, prostitution, par ex.. Il y a des pères qui disent carrément à leurs filles que si elles
veulent rester à l'école, elles n'ont qu'à se débrouiller [.]. Débrouille-toi,
ça veut dire : ma fille tu as des seins et le reste, il faut t'en servir [.].
Celle qui n'arrive pas à se débrouiller d'une manière ou d'une autre passe pour
une pauvre fille. Krol, 1994 : 61.
DER.:
débrouillard*.
3- débrouiller-débrouiller, Loc.verb. Assez rare, oral, fam, mésolecte, basilecte. Formule
signifiant qu'on va négocier une sorte d'accord à l'amiable, qu'on va chercher
un terrain d'entente. Mais ne t'en fais
pas. Nous allons débrouiller-débrouiller. Du Prey, 1979 : 150.
débrouissaillage, n.m. V.
DEBROUSSAILLAGE*.
débrouissailler v.tr.
Dispon., oral, basilecte, ouest. Débroussailler. C'est le lopin auquel il avait droit après
les années qu'il avait passées comme manoeuvre à débrouissailler les terres
d'un planteur* bété. Krol, 1994 : 178.
débroussage, n.m. Fréq.
oral, écrit, tous milieux. Action de débroussailler, essartage. Toute l'école a fait le débroussage du
nouveau terrain de sport. (Instituteur, Bouaké, 1979). Patron, le débroussage là, c'est fini. (Contremaître, Korogho,
1985).
SYN.: débroussaillage*, débroussement*.
débroussaillage, débrouissaillage, n.m. Dispon., oral, mésolecte. Essartage. Il faisait toujours du débrouissaillage dans les plantations de café et
les champs de manioc. Krol, 1994 : 177. En
moins d'une semaine, nous avons appris le débroussaillage à la machette*. (Animateur
rural, Azaguié, 1978).
SYN.:
débroussage*, débroussement*.
COM.: moins fréq. que débroussage.
débroussement, n.m. Dispon.,
oral, fam., mésolecte, basilecte. Action de débrousser*, essartage. Les prisonniers font le débroussement des bords de route. (Policier, Abidjan,
1980).
SYN.:
débroussage*, débroussaillage*.
débrousser, v.
1- v.intr. Fréq., oral, écrit, tous milieux. Défricher
un terrain de brousse* non encore cultivé. Avant,
c'était la forêt. J'ai obtenu le droit de débrousser pour planter le cacao*. (Planteur,
Daloa, 1978). Sur un terrain qu'aucun propriétaire
ne revendique [.] ils débroussent. Bonnassieux, 1985 : 2.
2- v.tr.dir. Fréq., oral, écrit, tous milieux. Enlever les
mauvaises herbes d'un terrain ou d'un champ précédemment entretenu. La route des caravanes [partant
d'Aboisso] est régulièrement entretenue,
nettoyée, débroussée. Du Prey, 1962 : 92. Un Burkinabè venu en 1972 dans cette zone [: la périphérie de la capitale] a du débrousser pour pouvoir édifier un logement. Bonnassieux, 1985
: 89. Le garçon, lui, va débrousser la
cacaoyère*. Deniel, 1985 : 105.
DÉR.: débroussage*, débroussement*.
décabossage, n.m. V.
ECABOSSAGE*. Actuellement le décabossage se fait surtout avec une
machine. (Ingénieur, Abidjan, 1982).
décabosser, v.tr ou
employé absol. V. ECABOSSER*. S'il
fallait décabosser tout ce tas à la daba*, tu te rends compte du temps! (Moniteur
d'Agriculture, Daloa, 1982).
DER.: décabossage*, décabosseuse.
décabosseuse, n.f. V.
ECABOSSEUSE*. Le GVC. va acheter une
décabosseuse. (Planteur Daloa, 1985).
décalage, n.m. Fréq.,
argot zouglou, oral ,fam., jeunes, mélior. Démarche élégante, façon de
marcher assurée, qui serait caractéristique du loubard et séduisante s'il
s'agit d'une femme. [.] un certain Anouma
Brou Félix qui s'est distingué en créant le "wami" une danse de
décalage sur le côté. Ivoir'Soir, 01.10.1997. Elle est en joujou* de N'guessan à cause de son décalage. (: Elle
s'est entichée de N'Guessan à cause de sa démarche de loubard, Informateur,
Abidjan, 1990). Sa manière de marcher là,
ça, c'est un décalage ! (Corpus maquis abidjanais, 1995).
décaler, v.intr. Fréq., argot
zouglou, oral, fam., mélior.
1- Marcher avec assurance et élégance. Quand tu vois le tonton* décaler / on dirait un PDG or que* c'est un côcô. (Chanson
"Les côcôs". Groupe Les côcôs. corpus.T., 1994).
DER.: décalage*.
SYN.: sincaler*.
2- fumer de la drogue. Des
filles qui nous avaient rejoints entre-temps ont disparu. "Elles sont
parties* décaler."c'est-à-dire fumer la drogue. [.]. Entre deux passes,
entre deux demi-heures creuses, elles font le tour chez le dealer du coin ou à
Treichville. Ivoir'Soir, 16.06.1998.
décéder avant son temps, loc.verb. Dispon., (tradition), (calque de langues locales), oral,
mésolecte. Mourir prématurément. A la
fin de la nuit des funérailles d'un individu décédé avant son temps, on
convoque son âme pour qu'elle vienne citer celui qui l'a empoisonné ou
ensorcelé. Deluz, 1978 : 232.
ENCYCL.: cela implique, localement, que la mort ne saurait
être naturelle, qu'il y a eu acte de malveillance de la part d'une personne
(mauvais sort jeté, empoisonnement,...).
décercler la veuve, loc.verb.
Rare, (tradition), (calque de l'agni), sud. Couper la sorte de ceinture de
fil qui enserre la taille d'une veuve et qui a pour sens rituel d'interdire à
celle-ci tout rapport sexuel avec des membres de sa communauté. En pays agni [.] il existe une cérémonie [.]
qui consiste à décercler la veuve. Celle-ci se donne à un ou plusieurs
étrangers*[.] dont le premier coupe le cercle de fil qui enserre sa taille et
l'empêche sur le plan rituel d'avoir des rapports sexuels avec des gens de sa
communauté. FM, 20.05.1983.
décharger, (se ---- ), v.pron. Assez fréq. (tradition), oral, écrit, tous milieux. Déposer
une charge que l'on porte sur la tête ou sur le dos. Sur la berge, l'homme aida la femme à se décharger. Kourouma, 1990
: 130.
déchavi, [deGavi], n.m. Spéc., (flore), (de l'attié). (Rauwolfia
vomotoria Afz.). Arbuste buissonnant de la fam. des Apocynacées qui possède des
vertus thérapeutiques selon les guérisseurs locaux. Aubreville, 1953, III :
196.
SYN.: bakaegbi (agni), brokouadiomoué (ébrié), inikichébi
(attié), kolidiohi (mandenkan).
déclareur, n.m. Argot
estudiantin, oral, fam., mélior. Séducteur, Don Juan. C'est le moment où les déclareurs doivent aussi se distinguer des
petits* gars qui, par manque de dextérité ou d'expérience se rabattent sur les
djandjous*. Campuslexique, 1979 : 8.
ANTON.: petit*
gars.
déclassement, n.m. Spéc.
(administration). Décision politique et juridique par laquelle une forêt
classée est libérée pour être divisée en lots distribués aux paysans qui
pourront la défricher. L'une des
informations essentielles [.] est sans conteste, le déclassement de 50 000
hectares de forêt en faveur des paysans. FM., 23.02.1993.
décocage, n.m. Spéc.,
(industrie). Opération mécanique consistant à séparer coques et amandes de
noix de coco. L'atelier de décoquage et
de séchage , quant à lui, est très simple. La séparation des coques et des noix
est assurée par un ensemble d'hydrocyclones, l'un étant affecté aux coques,
l'autre aux amandes. FM., 06/07.02.1982.
décoller, v. intr.
Fréq., oral, fam., mésolecte. Quitter un endroit, en voiture, pour un assez
long déplacement. Quand nous avons
décollé de Bongouanou, nous ne savions pas que notre voiture avait fait
l'accident* sur la même route un an avant. (Entrepreneur, Abidjan, 1984). A Boundiali, on a décollé à 16 h. 30, on a
roulé toute la nuit en passant par Korhogo et Séguéla. Deniel, 1991 : 67.
déconseiller, v.tr. Dispon.,
oral, écrit, mésolecte, basilecte. Donner de mauvais conseils, mal conseiller
dans une intention malveillante. Mais tu
ne vois pas que ce sont des faux types* qui te déconseillent? (Etudiante, Abidjan, 1984). Celui qui dit de vendre maintenant, te
déconseille. (Planteur, Bongouanou, 1994).
décorcer, v.tr. Assez
fréq., oral, peu ou non scolarisés. Décortiquer, éplucher, une graine, une
plante ou un fruit. Tu veux l'orange
décorcée ? C'est trop doux* même !
(Marchande, marché Plateau, Abidjan, 1980). Attends
! Je décorce des arachides pour l'apéritif. (Institutrice, Abidjan, 1983).
décortiquerie, n.f. Spéc.,
(industrie). Usine de décorticage (pour le café en cerises, le riz,...). En fait, les décortiqueries ont l'avantage non seulement d'épargner aux paysans de
lourds travaux (décorticage
artisanal, triage), mais aussi de présenter au gouvernement une production très
compétitive. FM.,17/18.11.1979. Le
deuxième exemplaire du bulletin d'achat doit accompagner le produit lorsqu'il
est livré à la décortiquerie . FM., 21.01.1981. Le café-coque* arrive à la décortiquerie. Nouvelle Presse ,
22.04.1993.
décortiqueur, décortiqueuse, n.m.ou f. Spéc.,(industrie). Machine à décortiquer le café, le
riz,... . Brahima avait déjà fait appel à
un mécanicien pour venir réparer sa vieille décortiqueuse qui ne manquait
jamais de tomber en panne. Koné, 1980 : 73. Venez vite voir les broyeurs à manioc* [.] décortiqueurs à riz et à
café avec moteurs électriques ou diesel, fabrication ivoirienne ou hindhoue. FM, 02/03.10.1982. Un kilogramme de riz qu'une femme de chez
nous doit préparer est pilé par une décortiqueuse. Où allons nous avec cela ?
Guenaman Colbert, 1985 : 35. Une usine
avec décortiqueuses et trieuses est
montée. Courrèges, 1987, I : 14. Au
loin la cacophonie d'une décortiqueuse de riz paddy*. Tierno Monenembo,
1993 : 160. La Côte d'Ivoire vend des
machines agricoles: décortiqueurs mixtes à riz et à café [.] broyeurs à
manioc*". [.] Nos décortiqueurs sont irrésistibles ! Démocrate,
21.04.1993. Un bon décortiqueur à café et
à riz, c'est avant tout un bon moteur. (publicité). FM., 23.02.1993.
Il possède deux décortiqueuses, une pour
le riz, une pour le café, il vit de ça. Krol, 1994 : 178.
COMP.: décortiqueur mixte.
décortiqueuse, n.f. V.
DECORTIQUEUR*.
découronner, v.tr. Dispon.,
(tradition), oral, écrit (litt.), péj. Déposer, déposséder de la couronne. Une fois, la génération* sortante envisagea
de découronner la dynastie des Keïta. Kourouma, 1990 : 191.
décrépant, n.m. Fréq.,
oral, écrit, tous milieux. Produit servant à décréper les cheveux. Tu crois que ça fait du bien à tes cheveux
tout ce décrépant ? (Mère de famille à étudiante, Abidjan, 1979).
décréter l'année blanche, locverb. Dispon., (administration), oral, écrit, intellectuels.
Annuler par décret l'année universitaire entamée et marquée par des grèves
importantes afin de recommencer à zéro une nouvelle année scolaire. Pour rattraper les mois de cours perdus, il
aurait fallu décréter une année blanche et repartir de zéro. Jeune
Afrique, 23/29.03.1995.
décrochage, n.m. Spéc.,
(administration). Fait pour les enseignants d'avoir été décrochés de la
grille des salaires de la Fonction publique, afin d'être plus motivés par ces
augmentations dans leur tâche estimée prioritaire.On ne parle que de nous, de notre décrochage, de nos congés et de nos
vacances. Ils oublient que la profession d'enseignant est trop* exigeante.
Guenaman Colbert, 1985 : 57.
décrou, [dekru], v.inv. Argot nouchi, (hybride
français/mandenkan dé- + crou)., V. CROU*. Jeunes urbanisés. Rendre, restituer, remettre en plein jour,
"refiler". Il avait déjà crou* les crika*[.], il va les
décrou maintenant. (Jeune, Abidjan, 1995). Décrou le piair* ou ce sont les pompiers qui vont venir te chercher ! (BD.)
Ivoir'Soir, 05.01.1998.
dedans, (être ---- ), loc.verb.
Fréq.,fam., jeunes surtout. Etre dans le coup, être mêlé à quelque chose,
avoir quelque chose à voir avec un problème donné. Si jamais tu casses un verre ou même une assiette chez eux, je ne suis
pas dedans dè*, je ne t'ai pas envoyé ! Konaté, 1987 : 40. Désolé ! Je suis pas dedans ! Personne ne
m'a rien dit. (Instituteur, Bouaké, 1979). Si on fait ça, la direction risque de nous sanctionner [.] et de nous
exclure du lycée. Moi je ne suis pas dedans. c'est trop casse-gueule. Krol,
1994 : 204. Amusement où on prédit la
mort des gens, nous on n'est pas dedans. Ivoir'Soir, 09.07.1997.
dédé, [dede], n.m. Spéc., (flore), (de l'abé). (Ficus exasperata Vahl). Sorte de ficus qui n'exsude pas de
latex, aux feuilles obliques légèrement dentées. Le dédé est un arbuste ou un petit arbre très commun. Aubreville,
1953, I : 74.
SYN.: mfaci
(attié), asakué (ébrié).
dédja, [dedFa], v.tr.inv. Argot zouglou, oral, fam.
Ouvrir (un sac, une mallette,...) pour en sortir qq chose. A midi-o* dans le jardin public / quand tu vois le tonton* dédja la
mallette / les journaux / les gbofrotos* / souvent même l'attiéké*[.] . (Chanson
"Les côcôs", groupe Les côcôs, corpus T., 1994).
défaire les cheveux (se ---- ), v.pron. Fréq. (tradition), (calque de lang. loc.), oral, écrit, tous
milieux. Défaire les petites nattes qui servent de coiffure féminine, en
signe de deuil. Des femmes se défont les
cheveux, elles se défont la ceinture, se griffent le visag. Anoma Kanié,
1978 : 273.
ENCYCL.: cheveux défaits, ceinture dénouée, sont les marques
rituelles de deuil pour les femmes, comme la tête rasée pour les hommes.
déféminisation, n.f. Dispon.,
(tradition), écrit, recherché, mélior., lettrés. Se dit de l'opération de
la circoncision. Les parents qui ne
laissent aucun répit au wanzan* défilent chez lui pour la déféminisation de
leurs petits garçons. A. Touré,
1986 : 119.
ENCYCL.: la circoncision vise à faire disparaître toute trace
féminine chez le mâle comme l'excision a pour objectif l'effacement de
caractères physiques masculins chez la femme.
défendre qq'un de [+ inf.], v. r. Fréq., oral, peu ou non scolarisés. Défendre à qqn de faire
qqch. Moi, je défends toujours mes
enfants de s'approcher d'un chien. (Revendeuse, Abidjan, 1979). Son père la défend de sortir avec les
garçons. (Secrétaire, Abidjan, 1983).
défense en ligne, n.f. V.
CARTEL*. Lui aussi, a souvent recours
au système de "défense en ligne" ou "cartel". Ivoir'Soir,
07.05.1998.
déflaté, n.m.ou f. Assez
fréq., oral, écrit, lettrés, mélior. Victime d'une compression de
personnel, licencié pour cause économique. Les
255 déflatés de la BNDA [.]. ID., 02/03.08.1990. Licenciement collectif à la C.A.A. Ce qui
attend les déflatés. FM. 08.02.1993. On a cependant demandé aux déflatés de rester jusqu'à la fin de cette
semaine [.]. Ivoir'Soir, 06/07/08.03.1998. Licenciement au Palm-Club : les déflatés ont reçu leurs chèques. Ivoir'Soir,
12.03.1998. Bouaflé: une déflatée
dépouillée de ses droits. Dame* S.J., secrétaire récemment touchée par la
mesure de compression des agents journaliers de la fonction publique a été
dépouillée de la somme de 1.361.099 CFA à la gare routière de Bouaflé par un
malfrat. Cet argent représentait ses droits de licenciement qu'elle venait de
percevoir à Abidjan. Ivoir'Soir, 02.06.1998.
déflater, v.tr. Assez
fréq., oral, écrit, tous milieux. Licencier pour compression budgétaire. [.] pour payer des agents journaliers en
remplacement de ceux qui ont été déflatés. Ivoir'Soir,
15/16/17.05.1998. Mais comme on le sait,
ce corps [conducteurs de bac] a été supprimé. Les agents des bacs comme
tous les journaliers de Côte-d'Ivoire ont été déflatés et autant qu'ils sont,
ont tous perçu leurs indemnités de licenciement. Ivoir'Soir,
02.06.1998.
déflation, n.f. Dispon.,
oral, écrit, lettrés. Surtout utilisé pour parler de la compression de
personnel pour raison économique. Déflation
des journaliers de la Fonction Publique. (Titre presse) Ivoir'Soir,
25.03.1998.
défrichement [social], n.m. Spéc., (administration.. Distribution à des paysans dépourvus
de terres, de parcelles de la forêt domaniale afin qu'ils puissent les
défricher et les cultiver. V. DECLASSEMENT*. Les programmes de défrichement social dans le département de Séguéla
doivent permettre d'ici le mois de
juin la réalisation de 1200 ha. de coton. FM., 28.02.1980. Défrichements sociaux : 26000 ha pour Bouaké, Katiola, Dabakala.
(titre d'article) FM., 11.02.1983. La population de Vavoua
demande des défrichements sociaux. FM, 26.01.1984.
COM.: surtout employé au pl.
défrisage, n.m. Usuel,
oral, écrit, tous milieux, mélior. Traitement capillaire visant à rendre
lisses des cheveux crépus, décrépage. Ce
monsieur vendait différents produits pour
le défrisage des cheveux de dames. FM., 22.12.1980. Fémina Coiffure vous propose le défrisage,
le shampoing, le traitement du cuir chevelu, des produits de beauté, des
tresses... Publicité ds FM., 15.01.1982. Les prestations sont essentiellement le défrisage et le démélage. FM.,
17.04.1992.
COM.: "défrisage" est mélior. par rapport à
"décrépage".
dégagement, n.m. Vx., oral,
fam., surtout Européens. Soirée
dansante organisée entre amis. On parle encore de ce dégagement ! Jamais de
mémoire de broussard*, on n'avait vu de soirée pareille. (Commerçant, Man,
1975)
ENCYCL.: A l'époque coloniale, une soirée de ce genre marquait
le départ définitif d'un colonial "dégagé des cadres" (d'où le nom de
la soirée) ou nommé ailleurs.
dégager, v. intr.
Vieilli, oral, fam., surtout Européens.
1- Participer à un dégagement*. A cette époque, les gens aimaient dégager: Le moindre départ en congé, la moindre arrivée, tout était sujet à
dégagement*! (Vieux
forestier, Sassandra, 1977).
2- Mener joyeuse vie, sortir beaucoup, fréquenter les boîtes de
nuit. Il est jeune, il est friqué* et il
dégage. Et alors ? (Barman, Abidjan, 1978). Il est donc normal que le pauvre K. et ses pauvres amis au comité
National des supporters, avec leurs pauvres 2 000 000F, dégagent. Nouvel
horizon, 12.02.1993.
SYN.: fêter*,
nocer*.
DÉR.: dégageur*.
dégageur, n.m. Vieilli,
oral, fam. surtout Européens. Joyeux luron, personne qui aime sortir et
s'amuser, boute-en train. Tu n'as pas
connu Albert ? C'était un vrai
dégageur, toujours le
premier pour boire, danser et rigoler !
(Officier, Abidjan, 1975).
SYN.: ambianceur*.
dégazage, n.m. Fréq.,
argot urbain, oral , fam., péj. En
sport, perte de forme, baisse de régime. Tu
as vu le goalier*, ce dégazage ? C'est pas la peine*! (Lycéen, Bouaké, 1980). Je suis en plein dégazage, après ces matchs. Il faut que je me repose. (Footballeur,
Abidjan, 1988).
dégazer, v.intr. Argot,
(sport), oral, fam., péj. En matière de sport, (football plus
particulièrement), être en perte de vitesse, littéralement "ne plus
gazer". Il est trop vieux pour
rester professionnel, il dégaze maintenant ! (Etudiant, Abidjan, 1980). Si tu bois beaucoup, tu dégazes ! (Infirmier,
Abidjan, 1984).
DÉR.: dégazage*.
dêgbê, [dDgbD], n.m. Dispon. ,oral, écrit, région de Korhogo.
Cuvette contenant environ 4 kg, utilisée pour la vente de l'amande de karité*. Les femmes servent l'amande avec le dêgbê,
une cuvette de 4 kg. Le dêgbê passe donc de 150/200 à 375 francs jusqu'à la fin
de la campagne. Ivoir'Soir, 25.08.1997.
dégé, n.m. V.
DÉGUÉ*.
dégrainer, v.tr. Fréq.,
oral, mésolecte, basilecte. Egréner. dégarnir de ses grains un épi, une
cosse, une grappe. Je dégraine du maïs
pour le piler. (Ménagère, Abidjan, 1980). Il faut dégrainer les haricots pour midi ? (Boy, Abidjan, 1980). Madame, il veut pas dégrainer le maïs avec
moi comme tu as dit. (Boy, Abidjan, 1984).
dégrader qqun, v.tr. Dispon.,
oral, mésolecte, péj. Dire du mal de qqqun, salir sa réputation. Chez vous, c'est comme ça que vous faites?
Vous dégradez vos grands frères* devant les gens? A. Kouadio, 1983 : 93. Si j'apprends que tu m'as dégradée, gare à
toi ! (Secrétaire, Abidjan, 1991).
SYN.: gâter le
nom* de qqun, mal parler*de qqun.
dégorger, v.tr. Rare,
Litt. (Kourouma). Raconter d'un seul coup et à la suite. Fama dégorgea ses souvenirs. Kourouma,
1997 :97.
dégué, dégè, [dDgD], n.m. Usuel, (alimentation), (mandenkan :
"sorte de brouet consistant en céréale pilée non tamisée, légèrement
passée à la vapeur, étendue d'eau ou de lait,"), oral, écrit, tous
milieux.
1- Aliment usuel à base de semoule de petit-mil* cuite à la
vapeur et délayée dans du lait caillé additionné de sucre. Le dégué que l'on offre en sacrifice est sous forme de pâte, pas sous
forme de farine. (Informateur, Kong, 1981). Plus d'une centaine de personnes ont été intoxiquées hier à Koumassi à
la suite de la consommation de dégué. FM., 02.04.1984. J'ai bu pour 25 F. de dégué. FM.,
03.04.1984. On me dit d'offrir du dégué
en sacrifice. Konaté, 1987 : 183. Dans
le Mandingue, toutes les guerres victorieuses se terminent par l'indispensable
cérémonie de consommation du dégué. Le dégué est une bouillie de farine de mil
ou de riz délayée dans du lait caillé. C'était
une cérémonie publique au rituel réglementé [.]. Kourouma, 1990 : 44. Je prie Allah de transformer le dégué que je
viens de consommer en poison mortel si je me parjure. Kourouma, 1990 : 45. La consommation du déguè était le point de
rupture indispensable marquant le changement de suzerain. Tant qu'elle n'avait
pas eu lieu, les vaincus ne se sentaient pas les vassaux des vainqueurs.
Ibid : 45. Si les pères boivent tout le dégué, ils doivent s'attendre à ce
que leurs enfants affamés leur brisent la calebasse* sur la tête. Nouvelle
Presse, 29.04.1993. J'ai encore en
mémoire l'époque où les "Bras*-Môghô" (amis) m'achetaient du
"dégué" (mil au lait) devant le cinéma Liberté. Ivoir'Soir,
25.08.1997.
ENCYCL.: la valeur symbolique de cet aliment est grande.
LOC.: boire* le
dégué (: s'engager solennellement par cette action) Je viens boire le dégué de l'alliance. Kourouma, 1990 : 26),
manger* le dégué, c'est du déguè*.
DER.: déguédrome*, déguétière*.
COMP.: lidégué*.
2- déguè, (c'est [du] ----!), loc.verb. Fréq., argot urbain, oral, péj.
C'est du vent !, c'est rien du tout !!. Je
vais vous dire une chose les gars. On ne devient des hommes pour eux que quand
il y a des élections. Sinon à part ça, c'est déguè" déclare Fousseini.
Ivoir'Soir, 25.05.1993.
déguédrome, [degedrCm], n.m. Dispon., (mandenkan "brouet + cinq francs"), oral, nord surtout. Lieu du marché où se rassemblent les marchandes
de dégué*."Vous avez déjeuné
?"-"Oui ! On s'est arrêté au déguédrome, en arrivant à Odienné."
(Enseignant, Odienné, 1982).
déguétière, [degetjDr], n.f., Dispon., (hybride mandenkan + suffixe
français -tière), oral, nord. Femme ou jeune fille qui prépare et vend du
dégué*. Son tuteur* l'envoie faire la
déguétière à la porte du lycée. (Enseignant, Korogho, 1983).
déguerpi, n.m. ou adj.
Usuel, oral, écrit, tous milieux.
1- n.m.ou f. Personne
expropriée de son logement pour permettre la mise en oeuvre de grands travaux
d'intérêt collectif (barrage, lac artificiel, rénovation de quartier,...). On a rasé Abobo-Avocatier pour y recaser les
déguerpis d'Abobo-Gare. FM., 03/04.05.1980. Le quartier Avocatier une fois aménagé et loti devra permettre de loger
les déguerpis. FM., 16.04.1982. En
outre la réorganisation de la vallée ne s'effectua pas sans mal, notamment la
réinstallation des sinistrés (on disait des "déguerpis") qui posa
bien des problèmes. Rémy, 1996 : 61. Certains
déguerpis ont construit des maisons qu'ils ont mises en location. Ivoir'Soir,
29.10.1997. Les agents devant la furia
des déguerpis qui usaient de tous les moyens pour empêcher l'avancée
destructrice des machines ont dû utiliser des gaz lacrymogènes pour disperser
la population déchaînée. Ivoir'Soir, 04.02.1998.
COMP.: déguerpi illégal*, déguerpi légal.
2- déguerpi illégal, n.m. Personne
expulsée d'un lieu occupé en marge de la légalité. V. HABITAT* SPONTANE.
Sur l'ancien emplacement [du marché] un espace vert est prévu alors que la plate-forme d'Avocatier, désignée
pour réinstaller les populations concernées, est en voie d'occupation spontanée
rapide. On en vient à expulser des déguerpis illégaux (ceux d'Avocatier) pour y
installer des déguerpis légaux* (ceux du marché) sur un projet financé par la
banque Mondiale qui, dans ses principes s'oppose aux déguerpissements*.
Antoine /Debresson /Manou-Savina, 1987, 93.
3- déguerpi légal, n.m.
Personne expropriée d'un logement légal. Si
tu es déguerpi légal, alors tu as droit à l'indemnisation. (Secrétaire,
Abidjan, 1982).
4- adj. Expulsé,
exproprié. Des familles déguerpies, les
bagages sur la tête, décampent. FM., 26.04.1981. Les familles de pêcheurs
togolais et ghanéens déguerpies se replient
vers divers points du rivage aux alentours de Gonzagueville. Bonnassieux,
1985 : 196. Les parcelles* du lotissement
sont louées à des populations déguerpies de différents secteurs proches
(Golélé-Washington).. Antoine /Debresson /Manou-Savina, 1987, 235.
déguerpir, v.tr.
Usuel, oral, écrit, tous milieux. Expulser les habitants d'un lieu
(habitation, quartier, village...) par décision administrative (assainissement,
grands travaux d'utilité publique collective : barrage, port, chemin de
fer,...). Mais aussi faire évacuer un habitat spontané*. Maintenant qu'ils sont déguerpis -pour la cause commune- que va-t-il
advenir d'eux ? FM., 19.10.1982. Assainissement
de Koumassi : des difficultés pour déguerpir les populations des zones
concernées. (titre d'article), FM., 27.10.1982. Une seconde parcelle complémentaire en friche a été présentée pour des
personnes qui n'avaient pas encore reçu de terrain et que la RAN* voulait
déguerpir le 9 janvier dernier. FM., 08.04.1983. Les personnes installées à cet endroit
savent qu'elles allaient partir un jour. Et ce n'est pas à nous de les
déguerpir, c'est au ministre de la Construction. FM n° 8741 cité
Dagnac, 1996, 156.
DÉR.: déguerpi*, déguerpissement*, déguerpisseur*.
déguerpissement, n.m. Usuel,
oral, écrit, tous milieux. Expulsion par décision administrative des
habitants d'un quartier, d'un village, d'une zone, pour permettre la
réalisation de grands travaux d'intérêt collectif, expropriation.; mais aussi,
évacuation d'une zone d'habitat spontané. Dans
les quartiers illégaux, les bâtisseurs se savent sous la menace permanente d'un
déguerpissement. P. Vennetier, 1982 : 60. Cette opération de déguerpissement est l'acte premier du vaste
programme d'assainissement de Koumassi. FM., 13.01.1983. Des gens critiquent ces lois qui justifient
le déguerpissement. Bonnassieux, 1985 : 197. En 1956, il est versé une indemnité de déguerpissement de 558 400 FCFA*
aux villageois d'Attiécoubé pour la première tranche du lotissement.
Antoine /Debresson /Manou-Savina, 1987 : 93. [.] toute son histoire se résumerait à une insertion urbaine qui n'a pu
résister à la conjoncture* et au déguerpissement. Bonnassieux, 1987 : 203. Etonnant
quand on sait la menace de déguerpissement qui pèse sur leurs têtes. FM.,
22.04.1993. [.] M. A. pour qui le
déguerpissement n'est pas une opération impossible. Ivoir'Soir,
29.04.1997. Le déguerpissement des
habitants de Washington , près du Lycée technique de Cocody, n'a pas été total.
Ivoir'Soir, 22.01.1998. Ce
déguerpissement s'est opéré sous la supervision de Me Gahié, huissier de
justice exécutant certainement une décision du tribunal d'Abidjan. Ivoir'Soir,
04.02.1998.
déguerpisseur, n.m.
Dispon., oral, écrit, tous milieux, péj. Personne chargée de faire évacuer
les lieux (maison, quartier, village, zone,...) destinés à être détruits pour
la mise en oeuvre de grands travaux d'intérêt collectif. Mais pour les déguerpisseurs, l'opération avait pour but essentiel de
préserver la vie de ces locataires qui ne perçoivent pas toujours la portée de
ces travaux d'assainissement. FM., 26.04.1981. Jamais déguerpissement* n'aura provoqué autant de passion, frisant
parfois les querelles de personne entre déguerpis* et déguerpisseurs. FM.,
08.04.1983.
déhi-déhi, [deidei], n.m. Disponible, oral, écrit. V.
PINASSE*. Sorte de grande pirogue pouvant contenir une vingtaine de
personnes, et destinée à la traversée de la lagune. A Treichville, se trouve un chantier naval où sont fabriqués les
déhi-déhi, ces premiers "navires" fabriqués en Côte-d'Ivoire. FM.,
30.01.1984.
SYN.: pinasse*.
déhima, adj. V.
DEÏMA*. Lakota a la particularité
d'engendrer des devins*, tels Honneyo Marie de la Mission Déhima à Niambezaria.
Détective, 16.03.1995.
déhonté, n.m, ou f.,
adj. Disponi., Litt. (chez Kourouma), écrit, péj.
1- n.m. ou f. Personne
constituant un objet de honte ou de scandale. Un bâtard, un vrai, un déhonté de rejeton de la forêt [.]. Kourouma,
1970 : 57. De ses études, le Massa Digui
conclut que le français était un langage de déhonté et indicible par un croyant
et un grand chef. Kourouma, 1990 : 232.
2- adj. Sans
pudeur, sans amour-propre. Ils l'avaient
escaladée [: la colline] comme
s'enjambent les seuils de la case* et les cuisses d'une femme déhontée [.] Kourouma,
1990 : 34. Le chien n'abandonne jamais sa
façon déhontée de s'asseoir. Kourouma, 2000 : 153.
deîma, déhima, [dejma], adj. Usuel, oral, écrit, tous milieux. Qualifie
un culte syncrétique lancé en 1942 par une femme d'ethnie dida, Marie Lalou. Comment il est devenu deïma ?
(Informateur, Dabou, 1978). Aux fidèles
de la religion déhima de Côte-d'Ivoire [.]. FM., 15.01.1982. M. D., président du Comité National de la
Mission déhima et les Pawaba* suprêmes ont le plaisir d'informer tous les
Pawaba déhima ainsi que tous les fidèles de la Mission Déhima que le mois du
Carême, appelé Debo Blitcho en langue godié , de l'année 1982 , débute le 21
juin en tenant toujours compte de l'apparition de la lune du mois de juin. Ils
prient tous les Pawaba déhima de jeûner obligatoirement la journée du samedi 20
juin 1982. FM., 05/06.06.1982. Fondée
en pays dida vers la fin de la 2ème guerre mondiale par la prophétesse* Marie
Lalou, la religion deîma exige le renoncement aux fétiches* et aux talismans,
flétrit le mensonge et recommande la tolérance tout en revendiquant pour les
Africains une religion qui soit leur. Elle recrute ses membres surtout dans le
centre sud ivoirien. Deniel, 1983 : 121. Les textes qu'on lisait pendant le culte deïma ressemblent aux cours de
l'Histoire Sainte. Voilà pourquoi je pense que la religion deïma est syncrétique.
(Etudiante, Abidjan, 1984). Les enfants
qui sont nés ensuite, devenaient deïma. Deniel, 1985 : 122.
COM.: la graphie deïma semble la plus courante.
COMP.: culte
deïma, religion deïma.
délégué d'amphi, n.m.ou f.
Fréq. oral, écrit, mélior. Représentant des étudiants. Quel est le rôle des délégués d'amphi dans une université ? FM.,
06.04.1993.
délesté, adj. Fréq., oral,
écrit, plaisant, tous milieux. Privé de courant électrique par suite de
délestage, victime de pannes de courant. L'ILA
étant délestée le mercredi, les cours auront lieu à l'Ecole de Pharmacie à
partir de 17 h. (Note destinée aux étudiants, janvier 1984). Je viens travailler chez toi : je suis
encore délesté ! (Enseignant,
Abidjan, 1984). Déjà conjoncturés* et
compressés*, voilà les Abidjanais encore en plus délestés, contraints ici et là
de passer Noel et le réveillon aux bougies sans disco ni télé. David, 1986
: 63.
COM.: particulièrement fréq. dans les années 80 où le pays connut
des pénuries d'électricité.
demander,.v.tr.
Fréq., oral, mésolecte, basilecte.
1- demander qqn qqch., demander qqch à qqn. Le maître demande les élèves un peu de
silence. (Copie, 4ème, Daloa). Je la
demande son livre. (Lycéen, Bouaké, 1980). Le chauffeur a demandé patron les clés de la voiture mais patron n'a pas. (Boy, Abidjan, 1982).
2- demander qqn de + inf, demander à qqn de + inf. Je la demande de venir mais elle a la tête*
dure. (Enseignante, Bouaké, 1978). Le
policier demande les gens de circuler. (Copie 3ème, Abidjan, 1980). Elle a demandé le couturier de coudre un
boubou* de bazin*". (Secrétaire, Abidjan, 1982).
SYN.: dire qqn
de*.
3- demander [d']après qqun, loc.verb. Demander à voir qqun, demander des nouvelles de qqun. Y a un homme qui demande d'après Patron.
(Boy, Abidjan, 1984). Comme au bout d'un
mois, mon mari n'avait pas demandé après moi [.]. Deniel, 1985 : 64. On peut demander après lui à un kiosque de
café situé à l'entrée de Koumassi-Poto-poto, Bonnassieux, 1987 : 164.
4- demander l'affectation, loc.verb., V. AFFECTATION*.
5- demander la nouvelle, loc.verb.,V. DEMANDER LES NOUVELLES*,
6- demander la permission, loc.verb. Fréq., (extension d'emploi du mot "permission" dans
son acception militaire), oral, mésolecte, basilecte. Demander une
autorisation d'absence, solliciter un bref congé. Madame, je demande la permission pour demain matin. (Boy, Abidjan,
1979). "Où est la secrétaire
?"-"Elle a demandé la permission." (Enseignant, Abidjan,
1982).
7- demander la route, loc.verb.
Usuel, (tradition), (calque de langues locales), oral, écrit, tous milieux,
mélior. Demander à son hôte l'autorisation de prendre congé. Alors il est temps de demander la route pour rentrer. Après, ils nous ont
préparé à manger, on nous a donné des poulets et on a demandé la route. A.
Kouassi, 1983 : 69. Demander la route,
c'est l'usage ivoirien en général et
baoulé en particulier, qu'il faut connaître. David, 1986 : 129. Le nouvel intronisé* offre un présent
symbolique au chef* avant de lui demander la route (formule couramment utilisée
pour demander l'autorisation de partir, en principe, on demande la route trois
fois avant que l'autorisation soit
accordée). Gaudio /Van Roekeghem, 1989, 65. "Tenez ! pour le retour à Abidjan",
dit-il penaud. Pourtant personne
n'avait encore songé à demander la route. Gombeaut /Moutout /Smith, 1990,
98. Je suis resté au village pendant un
mois puis j'ai demandé la route à mon oncle. Deniel, 1991 : 66. Vous avez, contre toutes les bonnes règles
de savoir-vivre, demandé la route. L'homme au totem* hyène vous a rappelé le
précepte africain qui veut que l'hôte par trois fois sollicite la route.
Kourouma, 1998 : 201. Les émissaires
"demandent la route", accordée, comme il se doit dans la tradition
ivoirienne, à la deuxième requête. Ils repartent donc en direction d'Abidjan.
J.A.-L'Intelligent, 21/27.2000.
ENCYCL.: selon l'usage traditionnel, on demande la route à son
hôte et on attend qu'il "ait donné la route" pour se lever et partir.
ANT.: accorder la route*, donner la route*.
8- demander les nouvelles, demander la nouvelle, loc.verb. Usuel, (tradition),, oral, écrit, tous milieux. Demander à celui qui
arrive des informations concernant le lieu dont il vient et les gens qu'il a
quittés. C'est ce qu'apprit Karfa après
qu'on l'eut fait asseoir et après lui avoir demandé les nouvelles comme c'est
la coutume. Koné,1976 : 123. Alors
que les deux amis croquaient* la cola, Bakary demanda les nouvelles. Koné,
1980 : 40. Un groupe d'hommes devisent
sous l'arbre à palabres [.]. Ils nous demandent les nouvelles comme l'exige la tradition. ID., 03.02.1980. Konan, pourquoi tu ne t'asseois pas pour
nous saluer comme il faut et puis demander les nouvelles. A. Kouadio, 1983
: 66. Il nous offre gentiment à boire et
nous demande la nouvelle. Comme au village. FM , 02.04.1984. Car dans chacun de ces innombrables villages ou quartiers urbains
[.] tout arrivant se voit d'emblée demander la nouvelle. David, 1986 : 48. On lui servit trois rasades de vin puis on
lui demanda les nouvelles. M. Bandaman, 1993 : 117. On demande les nouvelles
dans la pure tradition africaine [.]. Ivoir'Soir, 13.05.1997. A son arrivée sur le lieu du deuil, on lui
demande les nouvelles comme on le fait très souvent en Afrique. Ivoir'Soir,
24.06.1997. Le tam-tam crépite non
seulement en guise de bienvenue mais pour relever la cérémonie jusqu'à ce que le gardien du trône [.],
accompagné de quelques notables, s'avance vers le micro et demande les
nouvelles au nom du roi*. Ivoir'Soir,
15.09.1997. On demande les nouvelles dans
la pure tradition africaine. FM., 13.05.1998.
9- demander pardon, loc.verb.
Usuel, oral, écrit, mésolecte, basilecte. V. PARDON*. Supplier,
demander instamment qqch., prier de façon insistante, s'excuser. Il a fallu qu'on demande pardon aux gens
pour qu'ils aillent voter ! (TV., 15.12.1980, 20h.30.). N'ayant pas de connaissances et voyant ma
petite famille souffrir, j'ai dû demander pardon pour ne payer que 200 000
francs. FM., 23.01.1981. Normalement,
il aurait dû quitter l'école, mais ses camarades sont allés demander pardon aux
notables pour le laisser continuer ses études. A. Kouadio, 1983 : 60.
"Si tu fais ça je vais te frapper
tout de suite". J'ai demandé pardon, j'ai cherché 100F pour lui donner.
A. Touré, 1985 : 53. On a recommencé à
discuter. Elle voulait que je reste. J'étais décidé à partir. Elle m'a même
demandé pardon ! Deniel, 1991 : 32. L'équipe
de direction du CHU a dû monter au créneau pour 'demander pardon' aux grévistes
afin que ceux-ci reprennent le travail le plus vite possible. FM.,
28.01.1993. [.] l'enfant panique et
s'agrippe à l'agent à qui il demande pardon, au su et au vu* de tous les
passants [.] . Mais sans autre forme de pitié, l'agent tire une balle. Bôl
Kotch, 28.03.1995. Le tailleur
demande pardon au contrôleur. Malgré son âge avancé, le vieil homme implorant
la pitié de Gonéhiri qui menaçait même de le mettre en prison, se met à genoux.
Ivoir'Soir, 22/23/24.08.1997. Et
celle qui parvenait à se l'approprier, l'entraînait immédiatement au lit, le
balançait, le manipulait jusqu'à l'épuisement [.] et le chagrinait jusqu'à ce
qu'il reconnaisse sa défaite, jusqu'à ce qu'il demande pardon à haute voix [.].
Kourouma, 1998 : 202. Vous avez
demandé le pardon qu'une femme zendé exige toujours d'un homme défait. A haute
voix et à pleine bouche. Kourouma, 1998 : 202. On allait lui [: au féticheur] demander pardon, de retirer le maléfice,
le djibo*. Kourouma, 2000 : 26
10- demander sa barbe au Bon Dieu, loc.verb. V. BARBE*.
démarabouter, v.tr. Fréq.,
oral surtout, mésolecte, basilecte. Lever un envoûtement, combattre un
mauvais sort. Parfois employé au figuré : vaincre des obstacles puissants. Le soleil avait réussi à se démarabouter."
(: à percer à travers les nuages). Kourouma, 1970 : 95. Comme elle ne faisait que des filles, son mari a voulu la démarabouter.
(Boy, Abidjan, 1978), Avant le match, on
démaraboute les équipes. on ne sait
jamais ! (Etudiant, Abidjan, 1980).
ANT.: marabouter*.
démarrer, v. intr. Argot
urbain, oral, fam. euphémisme.
1- Entrer en érection, démarrer sexuellement. Elle a divorcé parce qu'elle dit qu'il
démarre pas. (Informateur, Sassandra, 1979). Le démarreur* c'est le nom donné à un de ces médicaments* qui aurait le
pouvoir de faire démarrer sexuellement un amant ou un mari ayant du mal à
entrer en érection. Démarrer c'est entrer en érection. A. Touré, 1985 :
109. G.E. ne "démarrant" plus,
Pauline se trouvait toutes les excuses à ne plus se cacher pour tromper le père
de ses enfants. B-V savait désormais
que G. E. était impuissant. Détective, 06.03.1995. Le vieux là , il dit qu'il faut donner le
médicament pour démarrer. (Vendeur, marché Treichville, 1990).
DÉR.: démarreur*.
ANTON.: avoir la superbe*.
2- démarrer (ne pas ---- ), v.intr. Argot urbain, oral, fam. A la forme négative, être
"fauché", ne pas avoir le sou. ne pas savoir se débrouiller par
n'importe quel moyen pour avoir de l'argent. Celle qui n'arrive pas à se débrouiller* d'une manière ou d'une autre
passe pour une pauvre fille. On dit alors : "Mais celle-là, elle démarre
pas, elle vaut rien cette fille-là.". Oui c'est comme ça que beaucoup
d'hommes parlent. Krol, 1994 : 61. Quand
quelqu'un ne démarre pas, c'est qu'il n'a pas le sou. (Informatrice,
Abidjan, 1995). Si c'est une fille qui
parle à son amie : bon bon le gars là c'est un faux* gars, il démarre même pas,
elle peut parler sur deux sens. Sur le plan sexuel ou sur le plan financier.
(Etudiant, Abidjan, 1995).
démarreur, n.m.
1- V. KANKANKAN*. Usuel,
argot urbain, fam., tous milieux, euphémisme. Aphrodisiaque masculin. M. A. B. est lui aussi un fidèle
consommateur de démarreur [.]. Il n'est plus tout jeune et il a constaté à
plusieurs reprises des déficiences que les femmes ne pardonnent pas. ID.,
03.02.1980. Démarreur là, c'est trop
fort* même*! (BD), F.M., 16.04.1982.
Ses clients viennent bien sûr
acheter toutes sortes de remèdes mais les plus prisés sont ceux que l'on
appelle communément des démarreurs, des aphrodisiaques pour les non-initiés. Guido n° 68,
27 04/13.05.1983. Le plus connu et le
plus demandé de ces cure-dents*, c'est le "démarreur" qui est, selon
lui, un aphrodisiaque extraordinaire. A. Touré, 1985 : 107. Les vendeurs de démarreurs sexuels n'ont pas
leurs pareils pour remonter le moral des mâles en baisse de forme. Jeune
Afrique, 02-08.01.1991. Les
compatriotes du tsar Boris 1er gagneraient à consommer du kan kan kan*. Il paraît que c'est un démarreur
efficace. Ivoir'Soir, 29.10.1997. Pour ceux qui ne le savent pas encore, le Viagra est un démarreur qui
réchauffe les mâles qui sont au frigo. Ivoir'Soir, 28.05.1998. On ne vante plus les bienfaits du kan kan
kan* de blanc appelé Viagra. Ce démarreur a tellement de succès qu'il a envahi
le monde entier. Ivoir'Soir, 28.06.1998.
ENCYCL.: nom donné à plusieurs médicaments traditionnels :
poudres, champignons ou sorte de racine blanchâtre vendue sur le marché par les
Gouro et aux effets vantés par les utilisateurs.
COMP.: poudre*-démarreur/ poudre de démarreur.
SYN.: accélérateur*, cancan*, chargeur* de batterie, kankankan*,
poudre* cancan,
2- Homme qui sait se débrouiller et progresser financièrement
dans la vie. V. DÉMARRER (2)* Les
centaines d'expressions tirées du français sont tout aussi imagées [.] le
démarreur, c'est celui qui bouge et avance dans la vie . Krol, 1994 : 209.
3- adj.
Aphrodisiaque. La poudre démarreur,
appelée communément "cancan*" a d'indéniables propriétés. Guido
n° 68, 04/13.05.1983.
déménagé, n.m. ou f.
Surtout litt., (Kourouma), (du verbe fam "déménager" : déraisonner),
écrit. Fou, dément. [.] le masque*[.]
agitait la clochette comme un déménagé. Kourouma, 1990 : 280.
demi-bec, n.m.
Spéc., (faune). V. AIGUILLETTE*. (Hemiramphus brasiliensis
Linn.). Poisson de mer de la fam. des Hemiramphidae, proche de l'anguille et à
la chair très appréciée. Les bancs de
demi-becs s'observent durant les saisons chaudes. Seret /Opic, 1981 : 11.
ENCYCL.: il a la machoire inférieure très allongée alors que
la mâchoire supérieure est courte, d'où son nom.
SYN.: aiguillette*, nokro.
demi-deuil, n.m. Spéc., (flore). V. FAUX*-ÉBENIER. (Diosporos mannii Hiern). Petit arbre mince au bois
jaunâtre très dense. Aubreville, 1953, III : 62.
ENCYCL.: avec l'âge, le coeur de l'arbre devient noir et imite
l'ébène.
SYN.: faux-ébénier*.
demi-dur (en ---- ), loc.adj. Assez
fréq., oral, écrit, tous milieux lettrés. V. EN DUR*. Se dit d'une
construction faite de briques de banco*, assemblées par du ciment et crépie,
sur un soubassement d'agglos*. La
construction en demi-dur a l'avantage d'être moins coûteuse. (Entrepreneur,
Katiola, 1980). Les mosquées du nord du
pays sont souvent en demi-dur. (Informateur, Abidjan, 1987).
demi-tour, (faire ---- ), loc.verb. Assez fréq., oral, mésolecte, basilecte. Revenir à son
point de départ. Un jour, [.] on a
ramassé les bagages et puis on a fait demi-tour* au village parce qu'on
souffrait trop et puis l'argent n'était pas beaucoup. A. Touré, 1985, : 66.
Et puis si là-bas en France, ça ne te
plaît pas, comment tu vas faire demi-tour ? (Chauffeur, Abidjan, 1987).
démission, (rendre ----), loc.verb., V. RENDRE* DÉMISSION.
démissionner, v. ntr. Assez
fréq., oral, mésolecte. En parlant
d'un élève, quitter, de sa propre initiative, un établissement scolaire. En
parlant d'un salarié, quitter un employeur. "Et pourquoi selon toi elle a démissionné ?" -"On dit qu'elle
est enceinte et ne peut plus venir en cours." (Etudiante, Abidjan,
1987). Madame, je veux démissionner pour
aller au village cultiver*. (Boy, Abidjan, 1982).
SYN.: rendre* démission.
démocrate, n.f. Dispon.,
argot urbain, iron. Prostituée. "Démocrate"
: prostituée. [.] Ces différents termes empruntés au langage nouchi*, font
partie aujourd'hui du lexique zouglou*. Ivoir'Soir, 15.10.1997.
SYN.: lanceuse*
de foulard, mange mille*, sotra*.
demoiselle, n.f. Spéc.,
(faune). (Eupamocentrus leucostictus Müller et Troscgel). Poisson tropical
de la fam. des Pomacentridae, de petite taille, au corps ovale comprimé. La demoiselle est brune avec un ventre jaune
clair et une tache bleu ciel au niveau de la tête. Seret /Opic, 1981 : 282.
démocratisme, n.m. Peu
fréq., mélior., intellectuels. Sens de la démocratie, culte de l'égalité
sociale. D'autant plus que les Famous
Kings cultivent un démocratisme tel qu'ils suppriment le titre de Président. Konaté,
1987: 50. Nous, les jeunes, nous voulons
plus de démocratisme dans l'attribution des bourses. (lettre d'étudiant,
Abidjan, 1989).
démontrer, v.tr. Argot
urbain, oral, fam., mélior. Faire la démonstration de
pas de danses pour se faire remarquer, montrer des pas de danses, faire une
exhibition de danse. J'allais en boîte
avec ma fraîche*/ pour démontrer le ngakpa-ngakpa. (Corpus zouglou, T.
1995)
démouain, [demwR], n.m. Spéc., (flore), (de l'attié). (Hunteria eburnea Pichon). Arbuste ou
petit arbre de la fam. des Apocynacées. Aubreville, 1953, III : 208.
ENCYCL.: son écorce aurait une forte action hypotensive.
SYN.: mogba
(ébrié), bissi (agni)
démoustiqué, adj. Fréq.,
oral, écrit, tous milieux. Qui a subi une opération de démoustication. Abidjan
a été démoustiquée. FM, 09.03.1983. La villa est-elle démoustiquée ? J'ai vu des gîtes à larves dans le
jardin. (Locataire, Abidjan, 1984).
dendroaspis, n.m. Spéc., (faunr). V. MAMBA*,
SERPENT* DES BANANIERS. Variété de serpents venimeux à tête étroite,
écailles larges et queue effilée. On distingue localement le mamba vert ou
serpent des bananiers (Dendroaspis. augusticeps), très long (plus de 2
m.), de couleur verte sur le dos et jaune sur le ventre, qui vit dans les
arbres, parfois très haut et le mamba noir (Dendroaspis polyepis
polyepis) mesurant plus de 2, 50 m, terrestre et semi-arboricole. Mazer
/Sankallé, 1988 : 226.
dendrocygne, n.m.
Spéc., (faune). Désigne localement deux variétés d'oiseaux aquatiques
de la fam. des Anatidae. Les dendrocygnes
nagent relativement peu. Serle /Morel, 1988 : 27. Le dendrocygne fauve (Dendrocygne bicolor Gmelin) est roux et
brun. Ibid. Le dendrocygne
veuf (Dendrocygna viduata Linn.) est d'aspect sombre avec une tête blanche
au port dressé. Ibid., 1988 : 28. Outre certains Ardéidés et les bécassines, la végétation marécageuse
abrite les marouettes*, poule sultane*, jacana*, dendrocygne. Champroux
/Ducret, 1979 : 108.
SYN.: canard* siffleur.
dengue, [dRg], n.f. Fréq., (santé), (de l'espagnol
<denguero> "raide"), acrolecte et mésolecte. Maladie
endémo-épidémique due à un virus transmis par un moustique du genre aedes, le
phlébotome. Elle se caractérise par de la fièvre, des céphalées, des douleurs
musculaires et articulaires généralisées, avec chez les enfants une atteinte
des voies respiratoires. Il avait la
dengue et ne pouvait pratiquement plus bouger tant les articulations le faisaient souffrir. (Missionnaire,
Bongouanou, 1979). Outre le paludisme, il
s'agit de la dengue, de la fièvre jaune*, [.] de la trypanosomiase*, des
filarioses*; en particulier l'onchocercose*, et la dracunculose*, des
bilharzioses* [.] des leishmanioses/*[.] ou des rikettsioses*. Doumenge,
1982 : 46. La dengue dure une dizaine de
jours et disparaît généralement sans laisser de séquelles. Mazer /Sankalé,
1988 : 261. L'aedes (Stegomia) aegypti,
moustique essentiellement tropical [.] est le vecteur majeur de la dengue et de
la fièvre jaune*. Gentilini /Viens, 1989 : 47.
dénoter de, v.tr.ind.
Fréq., oral, écrit, mésolecte. Dénoter. Cela
dénote d'un manque d'organisation des circuits de distribution, de prix
officiel, et du mauvais état des pistes. FM n°8742, cité Dagnac,
1996 : 157. Ce travail dénote de son
manque de sérieux. (Enseignant, Abidjan, 1995).
dense, adj. Argot
zouglou, oral, fam, mélior. "Calé",
ferré, informé et donc intéressant. En
math, Il est dense, tu sais! (Lycéen,
Bingerville, 1993). /Grand frère Junior /
tes tchatches* sont denses* (Chanson "Amina". Groupe, Zouglou machine,
corpus T., 1994).
dent, n.f.
1- dent (d'éléphant), Fréq. mais vieilli, surtout écrit.
Défense d'éléphant. Les marchandises qui
viennent de là sont les esclaves, l'or et les dents d'éléphants. Fernandez,
V., 1510 : 77. Les hommes étaient des
criminels chasseurs qui massacraient les éléphants en les tuant pour leurs
dents. FM., 28.06.1983. Autrefois,
la Côte d'ici s'appelait la Côte des Dents à cause du commerce de l'ivoire. (Professeur,
Abidjan, 1984). Madame, tu veux la dent
d'éléphant bien sculptée. (Marché, Plateau, 1984 ).
2- dent d'hippo, Vx. Rare. Dent d'hippopotame, utilisée
comme ivoire de moindre qualité et valeur. L'antiquaire*
a essayé de me vendre de la dent d'hippo, j'en suis sûre! (Enseignante,
Abidjan, 1984).
3- dents, (garder des ---- contre qqun), loc.verb. V. GARDER*.
denté, n.m. Spéc., (faune).
Terme générique désignant plusieurs poissons de mer de la fam. des
Sparidae. Souvent classés dans la catégorie "dorade* rose" pour la
commercialisation. Seules les espèces suivantes sont typiquement
ouest-africaines : le denté à tache rouge (Dentex canariensis
Steindachner), le denté à gros yeux (Dentex macophtalmus Bloch.), le denté
congolais, (Dentex congoensis
Poll.) au corps presque vermillon, le denté angolais, (Dentex angolensis
Poll. et Maul.). Le denté à tache rouge
se distingue par sa grosse tache foncée, nette et constante, à la base de la
dorsale molle. Seret /Opic, 1981 : 226, C'est
au moment des grandes concentrations de reproduction
que le denté à gros yeux est pêché [.] surtout par des chalutiers russes. Ibid
: 228. Le denté congolais: il s'agit
du plus petit denté. Ibid. : 230.
dentelaire, n.f. Spéc.,
(flore). (Plumbago zeylanica Linn.). Arbuste
souvent cultivé près des villages car ses fleurs blanches ont la réputation de
guérir gale et lèpre. La dentelaire était
considérée autrefois comme une plante magique. (Sociologue, Abidjan, 1984).
dèp, [dDp], n.m. Argot nouchi, (troncation de
’’dépôt’’), oral, fam. Dealer. Un po*
a babougo* le dèp. (: Un policier a tabassé le dealer. ( Informateur,
Abidjan, 1990).
SYN.: tchéman*.
dépasser, v.tr. Dispon.,
oral, basilecte. Aller au delà de certaines limites (possibilités physiques
ou financières notamment). La maladie l'a
dépassé et il est mort. (Chauffeur, Bouaké, 1979), C'est cher, la mobylette, trop même*, ça me dépasse. (Boy, Abidjan, 1980).[.] mais il faisait froid, trop*! J'avais mis chemise, pantalon,
cravate, veste, manteau, mais quand j'ouvrais la porte pour sortir, le froid
dépassait. Deniel, 1991 : 53.
dépense, n.f. Fréq., oral,
écrit, tous milieux. Somme destinée à l'achat de la nourriture quotidienne
de la famille. Chaque jour [: mon
mari doit me donner] la dépense, pour les
légumes, les condiments et le poisson. Deluz, 1978 : 48. C'est moi qui fournit toute la dépense,
depuis qu'il a été compressé*, il ne
me donne rien. (Secrétaire,
Bouaké, 1986), Il me donne trois cents
francs pour la dépense et nous sommes huit. (Ménagère, Abidjan, 1988)
ENCYCL.: en principe, c'est la contribution du mari à
l'entretien de la famille.
dépisteur, n.m. Argot du
milieu, oral. Nom du malfaiteur qui est chargé de repérer les opérations
possibles et de relever toutes les informations nécessaires à sa réalisation,
indicateur. Ces bandits [.] ont chacun
une organisation hiérarchisée : [.] les indicateurs ou dépisteurs. Le rôle de
ces derniers consiste à repérer les endroits susceptibles de cacher un butin
substantiel. Ces dépisteurs sont partout. FM., 21.01.1981. Il paraît qu'il était le dépisteur d'une
bande de bris* opérant dans la Cité rouge ! (Etudiant, Abidjan, 1986).
SYN.: indicateur.
déplumer, v.tr. Fréq.,
oral, écrit, mésolecte, basilecte. Plumer, arracher les plumes d'un oiseau avant de le préparer pour
la cuisson. Tu prends deux canards, tu
les tues, tu les déplumes. Deniel, 1991 : 111. Tu mets de l'eau bouillante sur le poulet avant de le déplumer.
(Boy, Abidjan, 1983). Moi, j'achète le
poulet déplumé. Ca va plus vite. (Ménagère, Abidjan, 1984).
COM.: le verbe est fréquent et n'est pas réservé au sens d'"arracher les plumes d'un oiseau vivant"(P.R.)
déposer, v. r. Argot
zouglou, oral. Vider (en parlant de boisson). Vous déposez un casier de bière au maquis* / alors que vos enfants
n'ont pas à manger / à plus forte raison tchakoto*. (Corpus zouglou,
T, 1995).
depuis, [depPi::], adv.
1- Très fréq., oral, écrit, tous milieux mais souvent
plaisant chez les intellectuels. Depuis longtemps, il y a longtemps.
Monsieur le Président, on faisait tout
ensemble depuis ! [: Aux Assises], FM., 08.08.1980. Lui
? il est parti depuis !!! (Enseignant, Abidjan, 1980), Tu pouvais venir, hier, chercher la voiture, j'ai fini depuis !!. (Mécanicien,
Abidjan, 1980). Malgré cette pénible
situation qui dure depuis, nous ne sommes en aucun cas gagnés par le désespoir.
FM., 30.11.1982. C'est ça on
voulait entendre depuis ! (: C'est ça que nous voulions qu'on nous dise
depuis longtemps., Ivoir'Soir, 03.12.1997). Au campus, ils [: les étudiants] ont fait ça [: siffler et interpeller grossièrement les étudiantes
qui passent] jusqu''ààà*. Un jour ils
sont tombés sur une go yankee. Une go*, elle-même elle a dit elle a enlevé*
camarade depuis* avec la honte* . Ivoir'Soir, 23.04.1998.
COM.: avec
durème et ton suraigu sur la voyelle finale.
2- Fréq., oral, fam.
tous milieux mais plaisant chez les intellectuels. Dans des échanges de
salutations, signifie que l'on n'a pas rencontré son interlocuteur depuis un
certain temps. C'est donc l'équivalent de "Ca fait longtemps qu'on ne
s'était pas vus" "Ca fait un bail". Comment vas-tu depuis ? (: depuis tout le temps qui s'est écoulé,
Enseignant, Abidjan, 1984). "Ca fait
longtemps !" - "Depuis !!" (Etudiants, Abidjan, 1982).
COM.: "depuis " porte un durème et un ton
haut sur la dernière syllabe.
COMP.: depuis à ce moment*, depuis
là*, depuis longtemps que*
3- depuis à ce moment, loc.adv.
Assez fréq., oral surtout, mésolecte. A partir de ce moment là,
depuis ce moment. Depuis
à ce moment, il a toujours été malade. (Ménagère, Abidjan, 1978), Depuis à ce moment, tu n'es pas retourné en
Guinée ? (Etudiant, Abidjan, 1982.). Patron*
est parti en France. Depuis à ce moment, je n'ai pas trouvé du travail. (Boy,
Abidjan, 1986).
4- depuis là, loc.adv.
Assez fréq., oral, écrit, mésolecte, basilecte. Depuis déjà
un certain temps. Gazou, le gars qui nous
suit depuis là, il est beau dè *! (B.D.) Ivoir'Soir, 02.12.1997.
5- depuis longtemps que, loc.conj. Assez fréq., oral, écrit, mésolecte. Depuis le temps que,
depuis le moment où. Depuis longtemps que
vous m'avez dit ça, j'ai oublié. (Etudiante, Abidjan, 1984). Depuis longtemps qu'on nous annonce chaque
jour les chiffres en millions, à la Radio ou à la télé [.]. Patriote
Express, 27.04/03.05.1993.
déranger, v.tr. Fréq.,
oral, écrit, tous milieux, péj. Poser des problèmes pour qqun ou qq chose,
soulever des difficultés pour qqun ou qq chose, contrarier qq chose (un projet
par exemple) ou qqun., nuire à. Je pense
normal qu'il y ait une diminution au niveau du coût des transports urbains car
cela nous dérange beaucoup. FM., 03.07.1980. Les traditions, la présence active de sectes, le relief accidenté
dérangent l'implantation de la religion catholique dans la région. FM.,
20.05.1983. Y en a pas l'argent pour
l'écolage* des enfants. Vraiment*! la rentrée scolaire, ça me dérange beaucoup!
(Gardien, Abidjan, 1990).
dérékéba, n.m. V.
DRÉKÉBA*.
derrière, prép. Assez
fréq., oral surtout, mésolecte, basilecte. En l'absence de. Si un patron est comme ça, il faut parler en
bien de lui non seulement devant lui mais derrière lui. Deniel, 1991 : 74. Derrière moi, il a pris mon vélo et il a
fui. (Boy, Abidjan, 1978). Elle gâte
ton nom* derrière toi. (Infirmière, Bouaké, 1980).
désacculturation, n.m. Peu
fréq., écrit, intellectuels, recherché. Action visant à effacer les effets de l'acculturation. Le renversement de la situation supposerait
une politique cinématographique et de la désacculturation hardie. FM.,
12.10.1982. Ce qu'il faut , c'est de la
désacculturation, que les Ivoiriens retrouvent leurs propre valeurs.
(Sociologue, Abidjan, 1988).
descendre, v.int.
1- Usuel, oral, écrit,
tous milieux. Quitter le travail à la fin de la matinée ou en fin de
journée. Par extension, terminer sa journée de travail pour rentrer chez soi. Le domicile conjugal étant éloigné du bureau
ou de l'usine, on ne descendra pas à midi. FM , 30.11.1982. Il travaille la nuit et descends le matin. FM.,
15.02.1983. Chacun a cent arbres, le
matin et cent l'après midi. Si tu n'as pas fini de nettoyer en bas des arbres,
tu ne descends pas. A. Touré, 1985 : 65. Moi par exemple, je monte* au travail à 7 h. 30 et je descends à 16 h. Deniel,
1991 : 75. Quand ils font des
invitations*, le soir et que je descends tard, lui voudrait bien payer mon
transport mais elle ne veut pas. Deniel, Ibid : 35.
ENCYCL.: certains informateurs voient dans cet emploi un
souvenir de la montée et de la descente des couleurs qui ponctuaient la journée
de travail durant l'époque coloniale.
DÉR.: descente*.
ANT.: monter*.
LOC.: descendre du ventre avec.
2- Fréq.,
oral, écrit, mésolecte, basilecte. Aller en ville (pour quelqu'un qui
habite une ville moins importante ou un village). "Il descend demain."-"Ah bon ! il va à Abidjan ?".
(Enseignants, Korhogo, 1979). Du matin au
soir, ils [: les commerçants ambulants] déambulent
à travers les quartiers de la capitale ayant pour cibles préférées les
touristes et les gens de la campagne qui descendent un jour. FM.,
31.03.1980.
3- descendre du ventre avec, loc.verb. (calque langues locales du groupe kwa), assez fréq., peu ou
non scolarisés, plaisant chez les lettrés. Faire partie de la nature
de qqn, être un trait de caractère inhérent à la personnalité de qqn. Quant à ses brusques changements d'humeur,
on ne sait pas trop où il les a pris [.]. Il est descendu du ventre avec. Anoma
Kanié, 1979 : 57. Elle est comme ça,
serrée*, tu ne la changeras pas, elle est descendue du ventre avec. (Infirmière,
Abidjan, 1981).
4- descendre en Basse Côte, loc.verb., V. BASSE* CÔTE.
5- descendre froid, loc.verb. Litt.
(Kourouma). En parlant de la nuit, tomber en refroidissant l'atmosphère. Le soleil tombait tôt, les nuits
descendaient froid. Kourouma, 1990 : 238.
descente, n.f.
Usuel, oral, écrit, tous milieux. Sortie du travail, à midi comme en
fin de journée, ce qui implique des problèmes de circulation entre le centre
ville et la périphérie. La descente, en
fin d'après midi, sur le pont Houphouët-Boigny,
c'est terrible! (Taximan, Abidjan,
1980). En fin d'après-midi, à la
descente, il fallait renouer avec les bousculades et les embouteillages. Bonnassieux,
1985 : 69. Ils s'y [: à l'atelier de mécanique] rendent le soir à la descente [.]. Tilliette,
1984 : 90. Attends moi à la descente, je
te véhiculerai*. (Fonctionnaire, Abidjan, 1987). Au plateau*, entre les tours, dès "la descente", c'est-à-dire
la sortie des bureaux [.]. Jeune Afrique, 24/30.07.1996 : 81.
déscolarisé, n.m., adj.
Usuel, oral, écrit, tous milieux, souvent péj.
1- n.m. Jeune
contraint d'abandonner ses études (quel qu'en soit le niveau) avant
l'achèvement de celles-ci, pour des raisons diverses : mauvais résultats
scolaires, redoublements réitérés, échec à des concours d'entrée successifs et
très exigeants (en 6ème, en seconde,...), manque d'argent, de tuteur*. Victime
des déperditions du système scolaire. Il
y a trop de déscolarisés dans notre système d'enseignement actuel.
(Conseiller pédagogique, Abidjan, 1977). En
effet, les jeunes déscolarisés dont certains sont titulaires du CEPE [.]
exigent des compensations. FM., 15.12.1980. Par ailleurs, parmi les jeunes déscolarisés de la décennie précédente,
certains ne parviennent pas à trouver d'emplois stables en milieu urbain. FM.,
24.11.1982. Un grand nombre de
déscolarisés vivent dans le quartier. Bonnassieux, 1987 : 186. Ce concours qui s'adresse d'abord aux
enfants du primaire, du secondaire et même aux déscolarisés [.]. FM.,.23.02.1993.
Je ne sais pas si ce garçon est arrivé jusqu'au
bac ou si, comme son malheureux copain, il a été "déscolarisé", un
mot ivoirien que j'ignorais alors et que j'ai beaucoup entendu par la suite.
Krol, 1994 : 8. C'est l'exclusion, la
honte du retour au village ou l'engloutissement dans la jungle des villes. Des
dizaines de milliers de déscolarisés sont passés par là. Krol, 1994 : 32. De jeunes déscolarisés en quête d'emploi y
ont vu une manne surtout que c'était une formation-embauche. Détective,
16. 03.1995. Si je suis déscolarisé, ça
veut pas dire que je suis exclu du monde, (j'ai toujours quelque chose à
apporter au monde. Corpus Van Den Avenne, 1995 : 94. Au cours de cette formation, les déscolarisés ont reçu un enseignement
pouvant leur permettre d'élever, d'alimenter et de soigner les ovins et les
poulets. Ivoir'Soir, 02.12.1997.
ENCYCL.: ces jeunes, après leur éviction, ne reviennent pas
tous dans leur milieu d'origine et constituent, parfois, en milieu urbain, des
groupes désoeuvrés de délinquants potentiels.
2- adj, Victime des
déperditions du système scolaire. L'O.N.P.R.
fait désigner les jeunes ruraux déscolarisés pour les former aux tâches de
peseurs et de caissiers-comptables des G.V.C*. FM., 29/30.11.1980. Dans le milieu de la jeunesse déscolarisée,
des manifestations de mécontentement se produisent. Bonnassieux, 1985 : 50.
On rencontre de plus en plus de jeunes
déscolarisés dans les villages : déchets de l'école disent les uns, retour à la
terre préfèrent les autres. FM., 07.05.1993. Le centre accueillera de jeunes déscolarisés ayant déjà des notions de
base en agriculture. FM., 07.05.1993. Le programme d'insertion des
jeunes déscolarisés [.]. FM., 16.02.1993.
désemparer, v.intr. Rare,
Litt. (Kourouma). Etre désemparé. Le
coeur de Salimata désempara. Kourouma, 1970 : 60.
désensorcellement, n.m. Assez
fréq., oral, écrit, tous milieux. Action de désensorceler, de faire
disparaître les effets d'actes de sorcellerie. Le colonel Papa le bon lui-même parfois pesait les bagages, discutait
ferme avec les passagers et encaissait directement les taxes des douanes dans
les poches de la soutane. Sans compter les séances de désensorcellement. Sans
compter les conciliabules...sans compter...[.]. Kourouma, 2000 : 80. Il fut condamné à des séances de
désencorcellement. Des séances de désensorcellement de deux hivernages*.
Ibid, 2000 : 86.
déserter
les bancs, loc.verb., V.
BANCS*.
désinsectiser, v.intr. Usuel,
oral, écrit, tous milieux. Détruire systématiquement les insectes
(notamment mouches et moustiques) par des pulvérisations d'insecticide. Madame, la pompe* est gâtée*, je ne peux pas
désinsectiser le séjour. (Boy, Abidjan, 1981). Quand il [: l'Institut d'Hygiène] s'avise de désinsectiser, une pulvérisation par voie aérienne lui
coûte dix millions. FM., 20.01.1982. Près de la lagune, il faut désinsectiser la maison, une fois par an,
c'est cher ! (Commerçant, Abidjan, 1983).
COM.: employé aussi bien pour la désinsectisation générale d'une
maison par une entreprise que pour la simple pulvérisation occasionnelle
d'insecticide dans une pièce.
SYN.: (part.) démoustiquer*.
désintéresser, v.tr. Dispon.,
oral, écrit, mésolecte, basilecte. Ne pas intéresser, ennuyer, déplaire. Moi c'est le dessin qui me désintéresse. (Instituteur,
Bouaké, 1983). Tu dis que les polars te
désintéressent, mais tu aimes voir des films policiers ? (Etudiant,
Abidjan, 1984).
désivoirisé, (être ---- ), loc.verb.
Dispon., oral, écrit, surtout intellectuels, péj. Avoir
perdu son caractère national ivoirien. Moi
je dis que certains quartiers d'Abidjan sont complètement désivoirisés avec
leurs tours ultra-modernes. (Sociologue, Abidjan, 1980). La Côte-d'Ivoire [.] a fait de gros efforts
pour rééquilibrer une économie dont on a pu dire qu'elle était fortement
désivoirisée par le haut et par le bas. David, 1986 : 56.
ANT.: ivoiriser*.
désorienté, n.m. Rare, litt
. Personne qui a perdu son chemin, égarée, privée du sens de l'orientation.
Le désorienté revenait sur ses pas pour
retrouver son chemin. Kourouma, 1990 : 206.
désormais, adv. Fréq.,
oral, mésolecte, recherché.
Depuis un moment précis du passé jusqu'à maintenant. Particulièrement usité
dans une question quasi-rituelle. Comment
vas-tu désormais ? ( : comment vas-tu depuis la dernière fois ?,
Convers. enseignants, Abidjan, 1980). Désormais,
je n'ai plus mangé de langouste. (Secrétaire, Abidjan, 1981).
dessoucher, v.tr. Dispon.,
oral, écrit, tous milieux. Arracher les souches, jeter à bas un plant. Sangliers*, singes, biches*, toutes les
nuits venaient dessoucher les bananiers*, les ignames* . Dadié, 1956 : 108.
On était partis* dessoucher un brûlis.
(Moniteur d'agriculture, Man, 1980).
destroy, [dDstrCj], v.tr.fréq. Argot zouglou, (de l'anglais),
jeunes urbanisés. Tuer, rendre dingue, détruire (en parlant d'amour fou). La go* est jolie / avec son matos*, son
sape* / ça peut me destroy. (: la fille est jolie /avec son popotin, ses
fringues /elle peut me rendre dingue., Corpus T. Abidjan, 1994).
SYN.: pouvoir
fan*, pouvoir tuer*, pouvoir mourir*.
détacher, v.tr. Fréq.,
(tradition), (calque de langues locales), oral, écrit.. Effacer les effets
de l'envoûtement opéré à l'encontre de qqun. Elle accepta plus ou moins de "détacher" quelques victimes
mais refusa obstinément de libérer N'Bé, le neveu d'Oncle Kopè. Parce que,
disait-elle, il était lui aussi un sorcier. Bolli, 1977 : 82. Puisqu'on a fait un maraboutage* contre lui,
il nous faut être dans une maison pour le détacher [.]. Il s'agit d'exorciser
les mauvais esprits. FM., 21.01.1980. Souvent, il n'y a que le féticheur qui a attaché le médicament* qui
peut te détacher. Les autres ne savent pas toujours. (Informateur,
Bondoukou, 1990).
SYN.: démarabouter*.
ANT.: attacher*, djiboter*, faire djigbô*, faire gris-gris*,
grigriser*, marabouter*.
détaillant-tablier, n.m. Usuel, oral, écrit, mélior. V.
TABLIER*. Vendeur à l'étalage (au marché ou sur un trottoir...). Le Syndicat National des Commerçants
Détaillants-Tabliers de Côte-d'Ivoire (SYNCODETACI) a réuni jeudi dernier les
adhérents d'Adjamé dans les locaux de l'Ecole Primaire Publique Saligui
Sangaré. FM., 26/27.05 1980. Je
suis un détaillant-tablier
d'Abobo-Gare. ("Djamo-Djamo" 9 h 30, 18 mars 1981).
SYN.: tablier*.
détar, ditar, ditakh, [detar] / [ditar], n.m. Spéc., (flore), (du wolof). Terme générique qui, localement désigne
deux arbres de la fam. des Caesalpinacées.
1- (Detarium senegalense Gmel.). Assez grand arbre de forêt,
trapu, qui porte de gros fruits à pulpe sucrée. Certains détars ont des fruits toxiques sans qu'on puisse les
distinguer des comestibles, ce qui fait qu'ils sont peu consommés. Roberty, 1954 : 201. Aubreville, 1959, I : 322. CTFT, 1989
: 274.
2- (Detarium microcarpum Guill. et Pern.). Petit arbre des
savanes boisées aux fruits comestibles gros comme des oranges. Roberty, 1954 :
201.
détendre, v.tr. Dispon.,
oral, écrit, mésolecte, recherché. Ouvrir (en parlant d'un parapluie, d'une
ombrelle ou d'un parasol). Certains
électeurs sont venus avec leur parapluie. Ils les ont détendus à cause de la
chaleur du soleil. FM., 18.01.1982. Les parasols étaient détendus sur le bord de la piscine de l'hôtel. (Rédaction
4ème, 1996, Bouaké).
détresser, v.tr. Fréq.,
oral, écrit, tous milieux. Défaire la coiffure traditionnelle féminine
composée de petites tresses. Il faut
compter une heure plus* pour vous détresser , vous brosser les cheveux, et vous
recoiffer. (Coiffeuse, Abidjan, 1980).
SYN.: défaire les cheveux*.
ANT.: tresser*.
détourner le coeur, loc.verb. V.
COEUR*.
détribalisation, n.f. Dispon.,
écrit surtout, politique, mélior. Disparition du caractère tribal,
notamment dans les choix politiques. La
solution, à mon sens, à la détribalisation du débat, c'est la démocratie.
C'est-à-dire la transparence électorale, la justice. Ivoir'Soir,
26.05.1998.
détribalisé, adj. Peu
fréq., spéc. Détaché de l'obéissance due à la coutume tribale, détaché de
l'influence du groupe d'appartenance ethnique. Bien peu des habitants de la grande métropole moderne sont
véritablement détribalisés. (Sociologue, Abidjan, 1980). Tous les ouvriers étant à la même enseigne
détribalisés [.]. Tilliette, 1984 : 103.
détribaliser, v.tr. Peu
fréq., spéc. Enlever à qqun ou qqch. son caractère tribal. Il faut avant tout détribaliser la politique
si l'on veut la démocratie. (Etudiant, Abidjan, 1991). Il faut détribaliser le débat politique. (Titre d'article), Ivoir'Soir,
08.04.1998.
deuil, n.m. Usuel, oral,
écrit, tous milieux. Période limitée (quarante jours par ex., pour les
musulmans) durant laquelle on pleure, officiellement, un défunt. Toute la famille est réunie pendant le deuil
jusqu'aux cérémonies du quarantième jour*. (Informateur, Kong, 1978). Je resterai au village pendant tout le
deuil. (Enseignante, Ferké, 1980).
ENCYCL.: le deuil se termine par la levée* de deuil ou retrait*
de deuil, sortie* de deuil.
DÉR.: deuilleur*.
deuilleurs, n.m.pl. Assez
fréq., oral, mésolecte, basilecte, fam. Personnes en deuil, membres de la
famille du défunt et participants aux cérémonies des funérailles*. Après l'enterrement [.] les gens en deuil
(les deuilleurs, comme on dit en Côte-d'Ivoire) restent au village une semaine.
Deluz, 1978 : 195. Il faut l'argent pour
donner à manger et à boire aux deuilleurs. (Boy, Abidjan, 1980).
ENCYCL.: ces cérémonies (allant du décès à la levée de deuil)
durent assez longtemps (d'une semaine à une quarantaine de jours, selon les
ethnies et les religions).
deux, (y a pas son ----!), Il n'y a pas son deux ! loc.verb. Fréq., oral, surtout, basilecte,
plaisant chez les intellectuels. Expression admirative et superlative
correspondant à : il n'y en a pas deux comme cela ! C'est sans égal, il n'y a
pas d'équivalent., y a rien de tel ! Abidjan,
ça vaut rien ! Un bon foutou*, un joli pagne, la vie au village, y a pas son
deux ! Zazou n° 8 : 1978. Les
clients qui ont déjà passé, sont souvent revenus avec des amis, prouvant que le
"Beyrouth" il n'y a pas son deux. Et puis l'addition passe
facilement. FM., 12/13.12.1980. Médicament
la*, c'est trop* spécial. Y a pas son deux, ça guérit tout ! Zazou,
n° 17, 1980. "Petit là*, Afriqui là*
tout, y a pas son deux ! (: Ce jeune, dans toute l'Afrique, il n'y en a pas
un comme lui, Konaté, 1987 : 78. Abidjan, y a pas son deux ! : Abidjan n'a pas
sa pareille ! Première leçon de français de Moussa*. Jeune Afrique,
24/30.07.1996 : 95.
deux chambres-salon, n.m. V.
DCS*.
deux-doigts, n.m. Usuel,
oral, écrit, tous milieux, fam.
1- Vol à la tire. En quoi
consistait cette opération? Deux doigts comme on dit. Il s'agit de soutirer un
portefeuille en se frottant contre son propriétaire et en n'utilisant que
l'index et le majeur en guise de ciseaux. Kollin, 1975 : 52. Si tu vas au marché, attention au deux doigts.
(Ménagère, Abidjan, 1980).
LOC.: faire deux-doigts* .
2- deux doigts, voleur à deux doigts, pickpocket, voleur à la
tire. Pickpocket ou voleurs à la tire
communément appelés par la police, 'voleurs à deux doigts' ou 'deux doigts'
[.]. FM., 21.01.1980. Y a un deux doigts qui lui a piqué le gnon*!
(Etudiant, Abidjan, 1982).
DÉR.: deux-doigter*.
3- deux doigts, (faire [le] ---- ), loc.verb. Fréq., oral, fam., mésolecte, péj. Voler à la tire,
subtiliser un objet en le prenant entre l'index et le majeur. De quoi il vit ? Il fait le baragnini* et
aussi le deux doigts à la gare routière. (Lycéen, Abidjan, 1981). Méfie toi ! En ville, des gens qui font deux
doigts, y en a beaucoup. (Instituteur, Man, 1982).
SYN.: deux-doigter*.
deux-doigter, v.tr. Argot du
milieu, oral. Voler à la tire, subtiliser un objet en le prenant entre
l'index et le majeur. J'ai cru que
c'était un riche commerçant. Je l'ai deux-doigté. Kollin, 1975 : 38.
deux feux, n.m.pl. Argot
zouglou, oral, spéc. jeu. As, carte maîtresse dans le jeu. Mais si c'est dans les poids* / tu vas
piquer / t'entends dix huit / tôle te gagne / vingt cinq c'est quoi / et deux
feux ça casse. (Corpus zouglou T., 1994).
deux fois deux (être ---- ), Argot estudiantin, oral, fam. Etre face à face. Il rentre maintenant dans la chambre /ils étaient deux fois deux. (Corpus Z.,
1992 : 96).
SYN.: être vis* à vis.
deuxième bureau, n.m. Usuel., (allusion à l'excuse souvent
invoquée par un homme marié qui court la prétentaine :"je suis retenu au
bureau!"), oral, fam., plais. Maîtresse, femme entretenue en dehors de
son foyer, par un homme marié, à l'insu de sa femme légitime. Il a trois enfants avec sa femme et deux
avec son deuxième bureau. (Infirmier, Abidjan, 1983). Elle est le deuxième bureau d'un grotto*. (Etudiant, Abidjan,
1983). J'ai quitté mon premier mari parce
qu'il était trop égoïste; il ne contribuait en rien aux frais du ménage et
entretenait un deuxième bureau. ID., 30.04. 1989. Ils multiplient les maîtresses, ce qu'on
appelle les deuxièmes bureaux. Bussang /Leblanc, 1990 : 62. Au fond, si son entreprenant tuteur avait
plu à Martine, il aurait pu devenir en même temps son protecteur* et son amant,
et elle son deuxième bureau, avant qu'ils ne se lassent l'un de l'autre ou en
attendant qu'il se décide à plaquer son premier bureau* et ses cinq enfants. Krol,
1994, 63. Ce n'est plus le cas quand le
mari se contente d'ouvrir un "deuxième bureau" expression typiquement
abidjanaise pour désigner le ou les foyers extra-conjugaux. Rémy, 1996 :
25. Voici une histoire qui va faire
réfléchir les deuxièmes bureaux. Ivoir'Soir, 22.09.1997.
COM.: on peut
distinguer deuxième bureau, troisième bureau, en fonction du nombre des
femmes entretenues. Par contre le premier bureau, c'est toujours
l'épouse légitime.
dévalisateur, n.m. Argot du
milieu, spéc. Voleur chargé de la fouille d'une maison ou d'un appartement.
Il y a également les 'canalisateurs' qui
tiennent en respect les victimes pendant que les dévalisateurs fouillent et
mettent à sac la maison. FM., 21.01.1981. Les dévalisateurs des immeubles. (titre d'article), FM.,
19.01.1982.
dévaluation, n.f. Usuel,
oral, écrit., péj. Opération par
laquelle a été établie en janvier 1994, la parité 1 franc français = 100 CFA
(et non plus 200 CFA comme antérieurement) ce qui a eu des incidences très
importantes sur la vie quotidienne locale. Par
ailleurs, la dévaluation du CFA* étant la condition de la reprise des
financements par les organisations internationales, le FMI et la BM ont
consenti à la Côte-d'Ivoire des prêts importants en 1994. C.V. Tuho, 1995 : 22. Mais à Abidjan, l'électrochoc de la dévaluation s'est transformé en un
véritable coup de baguette magique. Jeune Afrique,
24/30.07.1996 : 69.
DER.:
post*-dévaluation.
devancer le maître, loc.verb. Rare,
litt., (Kourouma), (tradition), (calque du mandenkan), mélior. Pour
l'épouse d'un chef manding, se retirer dans un endroit isolé et mener une vie
ascétique, dès l'approche de la vieillesse, au lieu d'attendre d'y être
contrainte par la mort de l'époux. Plus
tard s'institua la coutume de devancer le maître ; sans attendre la fin du roi,
ses femmes très âgées furent autorisées à déménager à Toukoro pour y vivre
l'existence de prieures. Kourouma, 1990 : 141.
ENCYCL.: les épouses de chefs mandingues, autrefois, avaient à
choisir entre accompagner leur époux dans l'au-delà ou se retirer du monde.
devant, adv. Fréq., oral,
fam., mésolecte, basilecte. Plus loin dans la direction où l'on va. tout
droit. C'est devant après l'église. (:
Toujours tout droit après l'église, Piéton, Bondoukou, 1978). Si vous veut partir Carnaval Bouaké, c'est
devant encore. (: Si vous voulez aller au carnaval de Bouaké, c'est plus
loin dans cette direction, BD., Dago parlant à des petits Martiens), (FM.,
21.06.1980). Je continue devant ou je
tourne à droite? (Chauffeur, Abidjan, 1980).
devanture, n.m. Fréq.,
oral, écrit, tous milieux sauf intellectuels. Partie antérieure d'un
bâtiment (facade, pas de porte, portail...) s'ouvrant sur la rue. Je suis un vendeur de cigarettes. Mon père
était assis à la devanture de la case*. (copie 3ème, Bouaké, 1978). A la devanture du Lycée, il y a une vendeuse
d'aloko*. (Lycéenne, Bingerville, 1983). Ma place se situe à côté d'un carrefour, près du trottoir, à la
devanture d'une maison. FM., 07.03.1983. Le même sort a été réservé aux kiosques des trottoirs de la devanture
du commissariat. FM., 07.05.1993. La devanture du petit centre culturel du village est clôturée de
feuilles de palmiers. Ivoir'Soir, 14.10.1997.
COM.: très
rarement utilisé en parlant d'un magasin.
développé (être ---- ), loc.verb. Fréq., oral, écrit, mésolecte, mélior. Se dit d'un
individu dont les affaires semblent florissantes et qui présente des signes
extérieurs de prospérité financière. Patron,
si tu donnes un peu l'argent pour payer *le vélo, les gens verront que je suis
un peu développé puisque je ne prends
pas le bus. (Boy, Abidjan, 1978). Ceux
qui rentraient [.] on voyait qu'ils avaient voyagé*, qu'ils étaient développés
: ils avaient des habits* et le moyen de s'acheter un vélo. Deniel, 1991 :
22. Le Blanc*, quand il fait quelque
chose, il le fait bien, c'est dans votre mentalité; c'est pour ça que vous êtes
développés, non? Krol, 1994 : 40.
déverdir, (se ---- ) v.pron.
Rare, litt. (Kourouma). Perdre ou atténuer sa couleur verte. Les fromagers* se déverdissent avec
l'harmattan*. Kourouma, 1970 : 51.
dévier, v.tr. Rare, oral,
écrit, mésolecte. Permettre d'éviter, contourner ( en parlant d'une route ,
d'une piste, d'un chemin). La piste qui
dévie le campement* est plus courte ! (Chauffeur, Gouéssésso, 1979). En principe, tous les animaux entrant dans
notre pays sont obligés de passer par ces postes à partir desquels ils
empruntent des pistes à bétail qui dévient les cultures. FM., 16.04.1982.
dévierger, v.tr.
1- Usuel, oral,
mésolecte, basilecte. Déflorer (une jeune fille). Les garçons, ils veulent tous te dévierger mais pas te marier*. (Lycéenne,
Bingerville, 1978). Elle a refusé de dire
qui l'avait déviergée et enceintée*. (Revendeuse, Abidjan, 1980) .
SYN.: casser*.
2- Dispon., oral, fam. Plaisant
chez les intellectuels. Par métaphore, faire perdre à qqch. sa pureté
originelle. Nous allons dévierger la
maison en faisant la fête. Tu viendras ? (: Nous allons pendre la
crémaillère, Universitaire, Abidjan, 1979).
devin, n.m. Usuel, oral,
écrit, tous milieux, mélior.
1- Personne qui pratique la divination à partir de supports
matériels comme les cauris*, la boîte à souris*. Les pouvoirs maléfiques attribués aux sorciers* sont considérables. Il
existe fort heureusement [.] une autre catégorie d'individus, les féticheurs*,
devins, guérisseurs* destinés, eux à [.] aider et à protéger des calamités que
le sorcier* peut engendrer par ses coupables pratiques. Kerharo /Bouquet, 1950 b : 28. C'est un devin d'Adzopé qui m'a dit qui m'avait
attachée*! (Secrétaire, Abidjan, 1978). [.] mais le féticheur-devin intervint [.]. Koné, 1980 a, 48.
ENCYCL.: le devin pratique une sorte de magie blanche qui
s'oppose par ses aspects positifs à la magie noire du sorcier.
COMP.: devin par
souris*, féticheur*-devin.
SYN.: clairvoyant*, voyant*.
2- devin par souris, n.m. Sorte
de devin qui prédit l'avenir en observant les figures tracées par des souris
qui se déplacent en liberté dans la case pour aller se nourrir. Les devins par souris sont très répandus
[.]. Les souris vivent en liberté dans la case du devin. Quand on vient le
consulter, il répand du sable fin dans la pièce [.], il dessine des figures
magiques et place à une extrémité un peu de farine de mil*. Les souris en
venant manger, laissent sur le sable des empreintes qu'on interprète par
rapport aux signes préalablement tracés. Kerharo /Bouquet, 1950 a : 30. Le devin par souris m'a révélé que j'aurai
encore deux fils. (Ménagère, Abidjan, 1978).
ENCYCL.: c'est la forme de divination la plus usitée dans
l'est ivoirien.
d'horloge, loc. V.
HEURE*. Notre
attente a duré trois heures d'horloge ! (Spectateur, Abidjan, 1993).
diable /diablesse, n.m.ou f., adj.
Usuel, (tradition), oral, écrit, tous milieux., péj.
1- n.m. ou f. Nom donné
au sorcier ou à la sorcière maléfiques, ainsi qu'aux génies malfaisants qui
leur sont associés. Le grand féticheur*
était puissant. Il parlait avec les diables, disait-on. Koné, 1974. Je déclare publiquement que je suis une
diablesse. Arnaut, 1976 : 11. Bois le
djouroutoué* si tu n'es pas diable ! Bolli, 1977 : 84. La diablesse a avoué qu'elle avait mangé* des âmes. (Informateur,
San Pedro, 1977). Certains l'appellent la
voyante*, la sorcière*, la diablesse. Elle est là, enroulée dans ses pagnes de
soie blanche qu'elle noue à la hauteur de ses seins. Anoma Kanié, 1978 :
73. Un vieux planteur* mourut. On
interrogea* le mort [.]. C'est sa fille, une gamine de 10 ans qui était la
cause de son trépas. La fillette était une diablesse qui partageait les repas
d'une dizaine d'autres diables [.]. Les diables décidèrent de surseoir à la
mise à mort du planteur*. FM., 22.01.1982. Les malheurs que Dieu envoie en malédiction aux diables, les diables
étant ceux qui ont jeté des sorts à leur prochain. Gaudio /Van Roekeghem, 1984 : 56.
LOC.: attacher en diable, être en diable, manger en diable, tuer
en diable.
DÉR.: diaboliquement*
SYN.: mangeur* d'âmes/mangeuse d'âmes, sorcier* /sorcière.
2- diable, adj. Maléfique,
chargé de magie noire, lié aux mauvais génies. Il y a beaucoup de choses qui sont diables et les gens se méfient. (Informateur,
Daloa, 1978). Alors, vous trouvez une
cuvette* simple avec de la nourriture dedans, pour vous, c'est diable ça ? FM.,
09.01.1980. Normalement ces gens ont un
jour où ils adorent leurs fétiches. Ils sont un peu spéciaux. On dit qu'ils ont
la tête dure* et sont un peu diables. A. Kouadio, 1983 : 64.
3- diable, (attacher en ---- ), loc.verb. Envoûter, frapper d'un mauvais sort. Ils m'ont attachée en diable pour que je n'aie plus d'enfants.
Terray, 1970 : 138.
SYN.: attacher en sorcellerie*.
4- diable, (être en ---- ), loc.verb. Etre possédé par un esprit, avoir le diable en soi et
être soumis à son pouvoir. S'il y
a parmi nous, ici, dans l'assistance, deux ou trois personnes qui sont en
diable, elles peuvent converser entre
elles sans que nous les entendions. Arnaut, 1976 : 19.
5- diable, (manger en ---- ), loc.verb. Se dit d'un sorcier qui aspire la substance vitale d'un
être humain pour accroître la sienne ou l'offrir à des génies maléfiques. C'est moi qui ai mangé celui-ci et celui-là
en diable. FM., 21.04.1981.
6- diable, (tuer en ---- ), loc.verb. Tuer par des pratiques magiques, tuer en ayant
recours aux actions maléfiques d'un sorcier. Si un voisin construit une maison en dur*, on va chercher à le tuer en
diable. Si un ami revient de la ville avec une petite fortune [.] on va
chercher à le tuer en diable. Pourquoi ? La jalousie. Arnaut, 1976 : 78.
diable de mer, n.m. Spéc.,
(faune). (Manta birostris Donndorff). Seule espèce ouest atlantique du
genre Manta, raie pouvant atteindre 6 m. d'envergure et peser près de 3500 kg. Les diables de mer sont capables de faire
des sauts hors de l'eau et font un bruit terrible en retombant. Ce fait, joint
à leur aspect effrayant, explique leur nom et les nombreuses légendes qui circulent
à leur sujet. Aldrin /Noyer /Bregeat, 1972 :
11.
ENCYCL.: le diable de mer porte deux protubérances sur le
devant de la tête. Bien que réputé terrifiant, il est en réalité inoffensif,
sauf à la capture.
SYN.: mante, raie cornue, raie manta.
diaboliquement, adv.. Assez
fréq. oral, écrit, tous milieux, péj. A la façon d'un diable* ou d'une
diablesse*, par magie noire. Diaboliquement
j'ai tué les personnes suivantes [.]. Arnaut, 1976 : 11. Il y a des gens qui veulent me tuer
diaboliquement. (Secrétaire, Bouaké, 1979).
diakoidio, diékoidio, djékouadio, djé kouadio, djé Kouadjio, diékwadio,
djakoidio, djakouadio, djakouôdjo, djakwadio, djécouadjio, djékoudjo, [djakwadjo],/[djekwadjo],n.m. Usuel, (santé), (du mandenkan, du baoulé), oral,
écrit, tous milieux. Appellation qui recouvre deux maladies différentes: le
diakoidio blanc, forme de paludisme (V. PALU*), et le diakoidio
rouge, hépatite virale avec jaunisse (qui rougit le blanc de l'oeil) et
urines colorées. (V. FIÈVRE* JAUNE). Le
diakoidio, forme très grave d'ictère avec hémoglobinurie et hématurie.
Bouquet /Debray, 1974 : 76. Djékouadio: paludisme, malaria en baoulé. Anoma
Kanié, 1978 : 8. Façon *djakoidio a také
nhom aujourd'hui, on dit pas. (: Pas croyable la façon dont les gens ont le
paludisme de nos jours!, Zazou n°17, 1978). C'est une maladie qui me revient assez souvent. Elle est chronique, le
Djè Kouadio est une maladie de la famille, du pays ! Anoma Kanié, 1978 :
170. Alors ma femme m'a dit que ça devait
être du djakouôdjo, du paludisme. Koné, 1980 : 87. A l'intérieur [: du pays], le
canna est prescrit comme calmant de la toux, comme fébrifuge ainsi que dans le
traitement du diékoidio. Ibid : 63. En 1980, un djékoudjo terrasse Tantie*. FM., 05/06.03.1983. Le djékouadio, terme très classique qui
désigne toute manifestation pathologique avec altération de l'état général et
fièvre comme le paludisme aigu ou chronique, la tuberculose, une fièvre
typhoïde, une atteinte hépato-biliaire avec ictère. FM. 26.12.1983. Il traite même les caries dentaires et bien entendu les crises de djecouadjio,
nom dioula* du paludisme. Krol, 1994 : 112. Chez nous, qui penserait à poursuivre des guérisseurs [.] qui calment
nos djé koudjio? Ivoir'Soir, 22/23/24.08.1997. Le paludisme, ici le djêkouadjo est l'une des affections majeures des
pays tropicaux. Ivoir'Soir, 12.11.1997.
SYN.: fièvre* jaune, fièvre* hématoglobinurique, malaria*, palu*,
ictère.
dialecte, n.m. Encore
fréq. chez les plus âgés et les peu ou non scolarisés, péj. Langue
africaine. L'utilisation des langues maternelles étant proscrite dans
l'enceinte de l'école durant l'époque coloniale, le terme 'dialecte' a donc
pris la signification péjorative de 'patois', 'idiome sans écriture'. Défense de parler les dialectes dans
l'enceinte de l'école. Dadié, 1956 : 116. J'usais de plusieurs dialectes : yacouba, ouobé, celui de ma race*.
Girard, 1967 : 35. Demande au Père B. de
t'accompagner, il parle bien le dialecte. (Informateur, Bondoukou, 1979). On demanda les nouvelles à Kimou Aguié. Il
les donna comme il le put, c'est-à-dire jusqu'où la pratique de son dialecte
qu'il devait réapprendre lui permit de s'exprimer. Oussou-Essui, 1979 : 47.
Son ignortance du dialecte des villageois
aiguisait sa susceptibilité. Oussou-Essui, 1999 :18.
ENCYCL.: s'oppose au mot 'langue' qui, sous l'influence de
l'époque coloniale, s'est restreint à la désignation de la langue officielle,
vecteur de l'éducation et de la culture importée.
SYN.: langue
nationale (part.), langue vernaculaire, patois*.
COM.: le sens véritable de 'dialecte': "variété géographique
d'une langue", ne semble connu localement que par les linguistes. Pour
parler de langue africaine utilisée comme langue première par une communauté
linguistique, on emploie 'langue* vernaculaire ou de préférence 'langue*
nationale lorsque la langue africaine en question a un statut et une
fonction de communication reconnus dans le cadre de l'Etat.
diallo, [djalo], n.m. Argot
urbain, (patronyme peul très répandu), oral, fam., jeunes. Vendeur à
l'étalage, sur la voie publique. On a coutume
d'appeller diallo tous ceux qui vendent de la cigarette* au bord de la route ou
tous ceux qui font le travail de kiosque. Cité in Caummaueth, 1988 : 143. Diallo fut l'un des premiers Guinéens à
arriver à Bidjan pour vendre chewing-gums et cigarettes dans un meuble gigogne
lui servant d'étalage. On le connaît de Vridi à Williansville au point que son
patronyme, gagnant en popularité, a perdu sa majuscule pour désigner l'ensemble
de ses confrères. Tierno Monenembo, 1993 : 30. Regardez, tous les petits Mamadou, les Diallo qui vendaient des
cigarettes et des bonbons, on les a fait déguerpir*. Jeune Afrique,
24/30.07.1996 : 71. Et puis je vais
trouver un tablier,* un diallo quoi. J'ai cent vingt cinq. je dis je veux deux
malboros. (Jeune, maquis* abidjanais, 1995).
ENCYCL.: les Peul
de Guinée sont souvent revendeurs de cigarettes, allumettes ou confiseries à
l'aide d'un éventaire transportable qu'ils installent sur le trottoir, près des
chantiers.
COMP.: tablier* diallo.
SYN.: mamadou*,
tablier*.
dialogue à l'ivoirienne, n.f.
Fréq., oral, écrit, tous milieux, mélior. V. A* l'IVOIRIENNE. Appellation
donnée à la concertation nationale de grande envergure entamée entre les
gouvernants et les diverses couches du pays lorsque de graves tensions sociales
semblent se faire jour. Elle s'appuie sur la modernisation des contacts
communicatifs de type traditionnel. La
période difficile des années 1968-1970 (mécontentement populaire, contestation
estudiantine) est traitée par le "dialogue à l'ivoirienne" et permet
de faire adopter un consensus [.]. Antoine /Debresson /Manou-Savina, 1987 :
87.
diane, n.m. Spéc. (faune). V. CAPUCIN*,
CERCOPITHEQUE*. (Cercopithecus diana Linn.). Singe de taille moyenne.
Plusieurs variétés. En Côte d'Ivoire on distingue le diane : barbe courte
à racine noire, touffes auriculaires blanches, face interne des cuisses et
fesses rousses, diadème nuancé de jaune et le roloway (c. diana roloway
Schreber) : barbe longue et pointue, oreilles sans touffes de poils, diadème
blanc, face interne et fesses orange. Haltenorth
/Diller, 1985 : 280.
SYN.: (part.) capucin*.
diango, [djSgo], n.m. Spéc., (flore). (Ficus Goliath A. Chev.). Le plus
grand de tous les ficus forestiers, au fût cylindrique élevé et au feuillage
dense. Fam. des Urticales. Aubreville,
1953, I : 86, Roberty, 1954 : 33.
ENCYCL.: ses figues
excèdent 24 m de diamètre.
SYN.: ficus* goliath.
diangollé, [djSgole], n.m. Spéc., (flore), (du baoulé). (Ficus
djalonensis A. Chev.). Grand épyphyte ou grand arbre à latex blanc très
visqueux. Aubreville, 1953, I : 88.
diantra, djantra, gentra, [djStra] n.f. Fréq. (du mandenkan
"prostituée"), fam., oral , péj.
1- Prostituée
qui fait le trottoir ou fréquente les halls des hôtels, par opposition à la
toutou* ou à la sotra*. Utilisé comme terme d'insulte. Ecoute moi un peu madame, j'ai une femme comme toi et si tu bronches un
peu, je te ferai savoir qui je suis, espèce de djantra ! (Dispute, marché, 1974). Une quelconque djantra serait venue me
raconter cette histoire, je n'y aurais pas cru. Sery, 1975 : 22. L'autre jour, j'étais dans le hall de
l'Hôtel Ivoire, y a une diantra qui arrive et qui vient me bousculer. (Mère
de famille, Abidjan, 1981). [.] après une
nuit de gentra [.] Tilliette, 1984 : 100. La poursuite de la richesse et cette vie de turpitude impliquent que la
jeune fille sacrifie tout : amour, enfants, vie de famille [.] A Abidjan ce
genre de filles s'appelle djantra. Goli, 1985 : 119.
COM.:
contrairement à la toutou*, la diantra ne met pas de rideaux à ses fenêtres
comme symbole d'un lieu de prostitution.
SYN.: belle* de nuit, bordelle*, djandjou*, sotra*, toutou*
(part.).
DER.:
diantraya*.
2- Appliqué à un homme : coureur de jupons, homme qui
fréquente les prostituées. Méfie toi,
c'est un diantra! (Secrétaire, Abidjan, 1980).
diantraya, djantraya, [djStraja], n.m. Dispon.,
argot urbain, (du mandenkan "état de la prostituée"), oral, fam.,
vulg. Prostitution. Abidjan là,
diantraya des femmes là c'est trop* fort ! cité in Caummaueth, 1988 : 85.
diaou, diagou, [djau] /
[diagu], n.m. Spéc., (flore),
(du mandenkan, du peul). (Pterocarpus santalinoides L'Hérit.). Petit arbre
ripicole de la fam. des Fabacées, à écorce écailleuse très mince. Roberty, 1954 : 212. Aubreville, 1956, I : 346.
diar, [djar], n.m. Spéc., (flore), (du wolof : ndiar).
(Xylopia aethiopica (Dun) A. Rich.).
Arbuste
de la fam. des Annonacées, parfois cultivé. Il en existe plusieurs variétés. Il
porte des fruits d'un beau rouge vif contenant des graines noires utilisées
comme épices ou comme médicaments par les populations locales. Roberty, 1954 : 25.
SYN.: kani*, malaguetta*, poivrier de Guinée*, poivrier
d'Ethiopie*, poivre nègre* (la graine seulement).
dibalé, doubalé, doubalén, [dibale] / [dubale] / [dubalen], n.m. Spéc., (flore), (du mandenkan), nord, spéc. (Ficus thonningii Blume). Arbre de la
zone de savanes très feuillu et à racines adventives qui, une fois au sol,
donnent un nouvel arbre. Aubreville, 1953 : 88.
ENCYCL.: il sert couramment d'arbre à palabres* dans le nord
du pays ou permet d'ombrager les rues.
SYN.: driango
totobé (baoulé).
dibétou, [dibetu], n.m. Spéc., (flore), (du krou). (Lovoa
trichiloides Harms). Grand arbre de la fam. des Méliacées à écorce odorante.
Bois de cet arbre, brun clair avec des reflets dorés et souvent des veines plus
foncées Tendre et léger. Le
dibétou se présente ordinairement par bouquets de quelques grands arbres. Aubreville, 1953, I : 166. Roberty, 1954 : 158. [.] de tous nos fiers géants, fiertés des dieux, les
criminels transformèrent dans leurs enfers d'Europe,[.] le dibétou en meubles
[.]. Conte, 1981 : 49. Certaines
essences de la forêt ombrophile débordent sur la partie sud de la forêt
mésophile : framiré*, bossé*, dibétou [.]. Arnaud /Sournia, 1980 : 50.
ENCYCL.: ce bois qui est utilisé en ébénisterie et en
menuiserie, n'est pas cependant l'objet d'un grand intérêt pour la sylviculture
car il est attaqué par des insectes.
COM.: dibétou
est le nom pilote de ce bois. CTFT, 1989 : 384.
SYN.: noyer* d'Afrique/ noyer du Gabon, african walnut (angl.),
lokoa/ abanfi (ébrié), moutchibanaye (abé et attié), tikossou/ koudra (bété), .
dibi ,[dibi], n.m. Pas très fréq., (du mandenkan :"sorte de
gril local " et "viande grillée"), oral, fam., nord. Morceau
de viande et d'abats vendu, grillé ou cru, dans une échoppe spécialisée. A midi, on ne rentre pas à la maison, on va
manger un dibi. (Planton, Abidjan, 1979).
DÉR.: dibiterie*, dibitier*.
dibi-dibi, [dibidibi], n.m. Assez fréq., (du mandenkan
« obscurité »), basilecte, fam. oral, péj. Magouille,
démarche louche, fourbi. Dibi dibi :
expression populaire dioula qui s'est implantée dans le français populaire
ivoirien [.], le dibi dibi, c'est la manière, le caractère, l'ambiance de toute
démarche pas claire, floue, louche, suspecte, frauduleuse. Konaté, 1987 :
234. Les élections sont arrivées / dibi-dibi
/ Voilà la corruption! (Chanson
d'Alpha Blondy). Y a du dibi-dibi dans
toute cette histoire de gnon* . (Etudiant, Abidjan, 1992).
SYN.:
koutcha*-koutcha.
dibiterie, [dibitri], n.f. Pas très fréq., (alimentation), (
hybride mandenkan « viande grillée » + suffixe français -erie), oral, fam., nord. Petite échoppe,
sur le trottoir ou sur le bord d'une route fréquentée, où l'on vend des
morceaux de viande et d'abats grillés. Les
gens fréquentent les dibiteries mais ils semblent préférer maintenant les
chawarmas* aux dibis ! (Informateur, Abidjan, 1988).
dibitier, [dibitje], n.m. Pas très fréq.,(alimentation), (hybride
mandenkan « viande grillée » +
suffixe français -tier), oral, fam. Homme, installé sur un trottoir
ou sur le bord d'une route fréquentée, qui fait griller des morceaux de viande
ou des abats pour les vendre. Viens avec
moi. Je connais un dibitier. Sa viande est toujours bonne. (Enseignant,
Bouaké, 1983).
dichotomisation, n.f. Dispon.,
recherché, Intellectuels. Action d'établir une opposition binaire entre
deux éléments qu'on sépare nettement malgré leur complémentarité. Après cette approche globale de la culture,
on se rend compte que la dichotomisation de l'agriculture et de la culture a
été préjudiciable. (article de Niangoran Porquet "Quand l'agriculture
précède la culture", FM.: 19.01.1982.
didiga, [didiga], n.m. Fréq., (du bété), (tradition), oral,
écrit, tous milieux, mélior. Forme théâtrale à valeur symbolique puissante,
mêlée de musique (V. ARC MUSICAL*) et de danse, inspirée par la
tradition bété, en particulier par l'art dramatique des chasseurs. Elle a été
créée par B. Zadi Zaourou dans les années 80. Une esthétique fondée sur la parole africaine et ses formes
d'expression spécifiques [.] le didiga. [.]
(article intitulé "La termitière" un théâtre du didiga"), FM.,
27.01.1981. En effet, 'Le secret des
dieux' apparaît empreint à la fois de l'esthétique du didiga et de celle du
théâtre classique contenue dans des pièces comme 'Les sofas*' et 'L'oeil'. FM., 20.02.1983. Le didiga est donc tiré de la tradition
africaine fondée sur le mysticisme. FM., 04/05.02.1984. [.] autant les intellectuels ivoiriens
essayent de produire et d'installer de nouveaux concepts esthétiques et
scientifiques: Griotique* par ci, Didiga par là. Ludistique* et Drumologie*
plus loin sans oublier l'Annihilisme. Y. Konaté, 1987 : 104. [.] de grands noms se sont tus comme celui
de B. Zadi Zaourou, de son didiga s'inspirant de la tradition bété [.].
Bussang /Leblanc, 1990 : 64. [.] du
didiga bété. Nouvelle presse, 22.04. 1993. Des chercheurs occupent le terrain. Parmi eux, le Professeur Zadi
Zaourou avec la compagnie Didiga*, Niangoran Porquet et Aboubacar Cyprien Touré
qui lancent la griotique*, Souleymane Koly et le kotéba* qui développent la
comédie musicale. Ivoir'Soir, 18.08.1997.
die, n.m. V.
DAILLE*(1).
diékoidio, n.m. V.
DIAKOIDIO*.
diékwadio, n.m., V.
DIAKOIDIO*.
diéli, diély, n.m. V.
DJELI*.
Dieu est grand !, loc.exclam. Fréq., (calque de l'arabe), oral, écrit,
musulmans. A la grâce de Dieu! Faisons confiance à Dieu ! Les entraîneurs et les supporters ont fait
leur travail. A vous de jouer. Dieu est grand ! FM., 17.10.1983. Je suis compressé*. J'ai six enfants.
Comment je vais les nourrir ? Dieu est grand (Chauffeur, Abidjan, 1984). J'ai bien travaillé, j'ai fini toutes les
épreuves. Dieu est grand ! (Etudiant, Abidjan, 1985).
difou, [difu], n.m. Spéc., (flore), (de l'abé). (Morus
mesozygia Stapf.). Grand arbre des lisières de forêt dense, parfois exploité
comme l'iroko* en raison de son bois de coeur jaune et dur. Fam. des Moracées. Les feuilles très caractéristiques du difou
suffisent pratiquement à l'identifier. Aubreville, 1953, I : 55.
COM.: difou est le nom-pilote de ce bois. CTFT, 1989/ 387.
SYN.: apia
(baoulé), atchoumapou (attié), broué (yakouba), dui ni (agni).
digba, [digba], n.m. adj. Argot nouchi, jeunes urbanisés.
1- n.m. Muscle. Tu as vu les digbas du groto*? ID.,
23.03.1986. Apparemment "Zimblo
Gbôlô" n'a pas eu assez de digba"(muscles) pour s'opposer à la
vindicte populaire. Ivoir'Soir, 26//27/28.09.1997.
DER.: digbaturé*.
2- adj. V.
DIGBATURE*. Musclé, costaud. Bèllè dit que lè* sont digba/ les loubards
disent qu'ils sont digba/ entre les deux qui est ngaga/. (Chanson
"Halte au tribalisme". groupe Les potes de la rue, corpus T., 1994)."Digba" : très musclé [.] Ces
différents termes empruntés au langage nouchi*, font partie aujord'hui du
lexique zouglou*. Ivoir'Soir, 15.10.1997.
digbaturé, [digbatyre], adj. Argot nouchi, (oral, fam. Musclé,
costaud. Y a trois gaillards digbaturés à
mort. (B.D. Zézé) ID., 07.05.1989. Sinon ce sont les loubards et autres digbaturés seuls qui allaient*
avoir femme sur cette terre. Ivoir'Soir, 11/12/13.07.1997.
dilkat, [dilkat], n.m. Argot
du milieu, (du wolof), oral, fam., péj. Dealer, vendeur de drogue. Un dilkat peut fabriquer une dizaine de
kher* qu'il revendra 5000 FCFA pièce. Jeune Afrique, 16/22.02.1995.
diminuer, v.
1- v.intr. Fréq., oral, écrit, tous milieux.
Décliner, perdre ses forces (en parlant d'une personne âgée ou d'un malade). Pendant ce temps là, ton père diminuait : il
ne mangeait rien... Du Prey, 1979 : 149. Je suis allé le voir à l'hôpital, il diminue tous les jours. Je crois
qu'il est fichu. (Enseignant, Abidjan, 1987).
2- v.intr. Fréq., oral, écrit, mésolecte, basilecte.
Restreindre ses exigences financières, baisser ses prix. Je lui ai demandé que mon salaire soit de 30 000 f. Il a répondu
:"C'est trop, il faut diminuer." Deniel, 1991 : 149. Non, je n'achète pas. Il faut diminuer. (Ménagère,
Abidjan, 1984).
3- v.tr.
Fréq., oral, écrit, mésolecte, basilecte, péj. Humilier,
manquer de respect, chercher à rabaisser. Tu
ne vas pas me diminuer devant tout le monde. (Etudiant, Abidjan, 1984). Ma co-épouse* me diminuait trop*. C'est pour
ça qu'il y a eu la bagarre. (Bonne d'enfants, Abidjan, 1978).
4- diminuer sa bouche, loc.verb. V. BOUCHE*.
5- diminuer son âge, loc.verb. Argot
zouglou, oral, fam. Se rajeunir. Parce
que les hommes ils aiment diminuer leur âge. (Corpus Lycéennes, Abidjan,
1995).
dina, [dina], n.m. Spéc., (flore). (Dialium guinense
Willd.). Arbre moyen à fruits arrondis comestibles, d'un noir velouté, en
grappes lâches. Aubreville, 1953, I : 260.
ENCYCL.: le bois, rouge foncé, dense et dur, est parfois utilisé.
dinamori, dinamory, [dinamori], n.m. V. DJINAMORY*. [.] groupes qui se pressent autour de quelque
bonimenteur qu'il soit griot* ou "dinamori" c'est-à-dire
prestidigitateur ou opérant des tour de passe-passe avec des pièces de monnaie. Rémy, 1996
: 109. Voilà que chemin faisant il
rencontre un dinamori qui a le don de multiplier l'argent. Ivoir'Soir,
19.03.1998.
dindin, [dRdR], v.tr.
invariable. Argot
zouglou, (du mandenkan "garder pour soi" ), oral, fam. Remarquer,
regarder avec intérêt. La go* m'a dindin
/ je m'en fous* de toi. (Corpus zouglou, T., 1994).
dindinman,
[dRdRman], n.m. Argot nouchi,
(hybride mandenkan "garder pour
soi"+ anglais), oral, fam. Gars sans coeur, dur à cuire. Ce you*, c'est un dindinman, ne casse pas
drap*, bras droit* ! (: Ce policier est un gars sans coeur, déconne pas,
mon pote, Informateur, Abidjan, 1990).
dîner sur le dos de qqun, loc.verb. V. DOS*.
diodon, n.m. Spéc.,
(faune). V. POISSON*-LAMPE, POISSON* PORC-EPIC, (Diodon
hystrix Linn.). Poisson de la fam.des Diodontidae, d'environ 90 cm, capable de
se gonfler d'air ou d'eau. Sa chair est vénéneuse. Il est souvent naturalisé et
vendu sur les marchés à des fins décoratives. Le diodon est le plus grand des poissons porcs-épics*. Seret /Opic,
1981 : 386.
ENCYCL.: son corps
est couvert d'épines longues et érectiles. (V. POISSON* PORC-ÉPIC*).
dioro, [djoro], n.m. Spéc., (flore). (Securidaca longipedunculata Fresen.). Plante
semi-arbustive de la fam. des Polygalacées, très ornementale. Roberty, 1954 :
187.
ENCYCL.: fleurs aux corolles bicolores, pourpre sombre et
mauve clair.
dioula, djoula, dyoula, djula, dyula, jula, [djula], n.m. Usuel, oral, écrit, tous milieux.
1- Commerçant africain musulman, le plus souvent
itinérant et d'origine manding, quel que soit par ailleurs son groupe ethnique.
Dans nos possessions du Sénégal et du
Soudan français, on a pris l'habitude de désigner les marchands sous le nom de
dioula. C'est une appellation impropre. Le mot dioula sert à désigner une
partie très importante de la famille mandé. Binger, 1892, I : 38. Vers 1900, ces bracelets de pied* [.]
commencèrent à se raréfier, remplacés par la verroterie colportée par les
dioulas. Du Prey, 1962 : 165. Le
dernier groupe des Manding du nord, les Dioulas [.] parlant un dialecte mandé,
sont à ce point dispersés qu'il est impossible de préciser leur situation territoriale.
Très doués pour le commerce, leur nom est demeuré synonyme de commerçant. Busson,
1965 : 62. [.] le dioula riait de lui.
Koné, 1976, : 96 [.] ils se font
colporteurs tant et si bien que le mot "dioula" a fini par désigner
le colporteur lui même. Conte, 1981 : 40. Je vous ai laissés avec les études et les diplômes, et moi, je suis
allé faire le petit dioula pour gagner de l'argent. Ekra, 1985 : 43. Elles sont dioula c'est à dire commerçantes,
de par la famille, la tradition, de longue date. A. Touré, 1985 : 93. [.] La classe marchande et aventurière des "dioula" allait
rapidemant, sous ce nom, faire de la langue mandingue la langue véhiculaire et
commerciale de toute la région. David, 1986 : 19. Il y a quelque temps, moi, je faisais égorger et fusiller les dioulas
qui apportaient les mauvaises nouvelles du front. Kourouma, 1990 : 30. Chez nombre d'Ivoiriens, la confusion entre
les termes Dioulas*, musulmans, intégristes et nordistes* est presque totale.
Jeune Afrique, 16-22.03.1995 : 21. De
plus le terme dioula désigne en Côte-d'Ivoire les musulmans originaires soit du
nord du pays, soit des états voisins du Sahel qui s'adonnent assez souvent au
commerce (en bambara du Mali ce mot signifie "marchand"). Jeune
Afrique, 24/30.07.1996 : 94.
COMP.: dioulabougou*, dioulakro*.
SYN.: longs boubous*.
2- dioula, langue dioula, n.m. V.
MANDENKAN*. Langue de
la famille mandé nord, servant de véhiculaire pour les échanges nord/sud à
l'intérieur du pays et dans les relations avec les populations manding des pays
voisins : Mali, Burkina-Faso, Guinée, etc. [.]
l'usage, partout répandu, partout efficace, de la langue dioula, ce malinké
véhiculaire qui rivalise déjà de fait aujourd'hui avec le français comme langue
d'intercommunication, surtout dans le Nord [.]. David 1986 : 65. Le dioula, une langue véhiculaire: une
langue de communication et de commerce, irriguant depuis le Sahel tout le
territoire ivoirien. Konaté, 1987 : 104. Déjà à ce niveau le dioula standard que vous parlez découvre ses
limites. Ibid. : 23. D'Odienné ou de
Bamako, les deux travailleuses parlent la même langue, le "dioula".
A. Touré, 1991 : 21. [.] l'incontournable
dioula qui permet de communiquer avec beaucoup de monde. Krol, 1994 : 109. Dans le cadre de l'AOF, le dioula connut
une forte expansion grâce à l'arrivée de migrants [.] venus de Haute-Volta
(Burkina), du Soudan français (Mali) et de Guinée, et au fait que le bambara
était la langue commune des fameux "tirailleurs sénégalais". Dans les
grandes villes de Côte-d'Ivoire [.] se mélangèrent tous ces apports
mandingues -malinké, bambara, parlers
dioulas ruraux- et il se créa un nouveau dioula urbain qui est devenu la langue
commune des Dioulas de Côte-d'Ivoire et qui est utilisé sur les marchés. Jeune
Afrique, 24/30.07.1996 : 95.
ENCYCL.: on établit généralement une distinction, en
Côte-d'Ivoire, entre le dioula des locuteurs-natifs (Kong), le dioula
nagboussi utilisé par des populations d'origine manding installées dans le
sud ivoirien et le dioula tagboussi, (: dioula des 'broussards') variété
utilisée pour les échanges nord-sud, parler à fonction véhiculaire qui présente
des traits de fonctionnalisation. Le dioula du blanc ou dioula du marché est
aussi une variété véhiculaire contenant un certain nombre de caractéristiques
de pidginisation. Compte tenu de sa diffusion originelle par des colporteurs
islamisés (V. DIOULA sens 1), la langue dioula tend à apparaître souvent
comme liée à la religion musulmane.
dioulabougou, n.m. V.
DIOULAKRO*. -KRO*.
dioulakro, dyoulakro, dioulabougou, diouladougou, [djulakro] / [diulabugu], / /[djuladugu], n.m., adj. Usuel, (hybride du mot
mandenkan jùla "colporteur"
et du baoulé ’’-kro’’ qui marque les noms de villages ou de quartiers ou
emprunt des mots mandenkan jùla + dùgu "village" ), oral, écrit, tous
milieux. V. -DOUGOU*, V.-KRO*. Dans la plupart des centres urbains, nom donné au
quartier où se regroupent autour d'une mosquée, les musulmans autochtones ainsi
que ceux qui sont originaires des pays sahéliens voisins. Il habite dans le dioulakro, près de la mosquée. (Etudiant,
Abidjan, 1980). A droite, le quartier
populaire, le Dioulabougou, le quartier dioula, l'avait-on nommé -comme s'il ne
résidait que des Dioulas là-dedans- ne vivait que la nuit. Koné, 1980 : 36.
Je prenais* de l'air au quartier
dioulakro. FM., 21.04. 1984.
dioun, [djun], n.m. Spéc., (flore). (Adina inermis (Willd.) G. Rob.). Plante de
la fam.des Rubiacées aux fleurs à corolles mordorées. Roberty, 1954 : 111.
diplomate, n.m. Argot du
milieu, oral, fam. Homme qui, dans un gang de voleurs, est chargé de
soutirer les informations utiles pour le cambriolage envisagé. Les réseaux de bandits comprennent une
deuxième catégorie de dépisteur* surnommée le diplomate selon le langage du
milieu. Il doit savoir aborder son interlocuteur et le faire parler avec tact
pour obtenir les renseignements voulus sans éveiller ses soupçons. FM.,
21.01.1981.
diplomite, diplômite, n.f. Dispon., oral, écrit, intellectuels, péj. Course au diplôme
par n'importe quel moyen même la fraude On
préfère pratiquer la politique de l'autruche en fermant systématiquement les
yeux sur les maux qui rongent notre société. Est-il exagéré de dire que la
diplômite en constitue un? FM., 21.06.1980. Avec la diplomite, il y a des étudiants qui collectionnent les licences
ou les maîtrises. (Fonctionnaire, Abidjan, 1983).
dipri, fête du Dipri, [dipri], n.m. Fréq.,
(tradition), (de l'abidji ), oral, écrit, tous milieux, sud. Fête du Nouvel
An chez les Abidjis, ayant pour objectif de réconcilier l'ensemble de la
population et de débarrasser le village d'éventuelles influences maléfiques. La fête du dipri est sans fausse note. Elle
est sérieuse et totale. FM., 20.04.1982. La fête du dipri [.] s'est déroulée cette année le 25 avril à Gomon,
localité située à quelques 85 km au nord d'Abidjan. FM.,
05/06.05.1984. Depuis, les Abidjis qui
avaient été à jamais libérés de la famine, commémorent chaque année cet
évènement par une cérémonie à laquelle on a donné le nom de Dipri. Gaudio /Van Roekeghem, 1984 : 68. A la fin du mois d"avril, chaque année se déroule
à Gomon la fête du Dipri. Rémy, 1996 : 92. [.]
élément important d'unité et d'identité sociales, culturelles et spirituelles
du peuple abidji, le dipri est pourtant menacé de disparition. Nouvel
horizon, 23.04.1993.
ENCYCL.: fête célèbre pour ses rites de possession, ses
transes, les blessures au couteau que s'infligent les Séképouéné (: les
possédés) apparemment sans douleur ni cicatrices visibles par la suite, le
Dipri commémore une terrible famine chez les Abidji à laquelle mit fin le
sacrifice du fils du chef Bidyo, coupé en morceaux et enterré. Des ignames
poussèrent spontanément sur le charnier.
SYN.: fête des génies*, fête du sang.
dire, v.
1- dire (à qqn.), v.tr. ind.
Fréq., oral, fam. mésolecte. Tracasser qqn, avoir de l'importance pour qqn,
ennuyer qqn, toucher qqn. Le football, ça
dit aux Ivoiriens. (Lycéen, Bingerville, 1977). Les examens, ça me dit quelque chose en ce moment. (Etudiant,
Abidjan, 1978).
ANT.: ne rien dire*.
2- dire, (ne rien ---- ), loc.verb. Fréq. oral, fam. mésolecte. Ne pas avoir d'importance
(aux yeux de qqn.), être sans gravité (pour qqn.), ne pas gêner. En parlant de
balles, de flèches...) ne pas blesser. Amangoua
ne veut pas rejoindre son ancienne épouse. Le nom de Bomo ne lui dit plus rien.
A. Kanié, 1978 : 215. Les odeurs
épouvantables ? Cela ne lui dit plus rien. Et pourtant les trois premiers mois
de responsable de dépotoir furent difficiles. FM., 25.06.1981. Sa femme et ses enfants, tu penses, ça ne
lui dit rien! Quel faux type*! (Secrétaire, Abidjan, 1984.). Nous savions que les balles ne pénétraient
pas les chasseurs. Les soldats*-enfants de la brigade affolés criaient partout
:"Les balles ne les pénètrent pas ! Les balles ne leur disent rien
!". Kourouma; 2000 : 191.
3- on dit pas!, loc.excl.
Fréq., oral, fam. basilecte. V. FACON* C'est pas croyable !, c'est
indescriptible !, c'est inimaginable ! On peut pas le dire. Exprime un
étonnement généralement admiratif. Façon*
elle dort bien, on dit pas ! Zazou n°8. Façon il chante, on dit pas !! (Etudiant, Abidjan, 1983). [.] superkankankan* dont le dessin est des plus suggestifs
"C'est quoi*? Ah ça.... C'est trop* vilain !... on dit pas ô*! David,
1986 : 113.
4- on dit quoi ?, loc. nterr.,
Fréq. oral, fam., mésolecte, basilecte. Quoi de neuf ? Après quoi l'hôte conclut par [.] "On dit quoi ?"- Quoi de
neuf ? - mais ça c'est plus typiquement ivoirien. Krol, 1994 : 166.
5- dire akwaba, loc.verb., V. AKWABA*.
6- dire la bienvenue, loc.verb. V.
BIENVENUE*.
7- dire mauvais contre qqun, loc.verb. Vx., oral, pop. Parler mal de qqun, dire du mal de qqun. [.] il ne peut pas aller dans ces quartiers
là sans qu'il entende dire mauvais contre nous. Bailly, 06/07 sept. 1894 in Niamkey-Kodjo, 1991 : 113.
8- dire pardon, loc.verb. Assez
fréq. oral, fam., basilecte. Présenter ses excuses, demander pardon. Mon fils va venir vous dire pardon.
(Fonctionnaire, Abidjan, 1982). Kouassi
veut te dire pardon. Tu as vu les efforts qu'il a faits pour que vous puissiez
vous marier mais ses parents ne veulent pas. A. Kouadio, 1983 : 97. [.] même à 50 ans, on te prend pour un
enfant de 10 ans, les enfants du patron* peuvent venir crier sur* toi et tu vas
dire pardon. Deniel, 1991 : 137.
ANTON.: donner
pardon.
9- dire que oui /dire que non, loc.verb. Fréq., oral, mésolecte, basilecte. Forme d'insistance
sur le sens positif ou négatif de l'énoncé qui suit. [: les garçons] quand ils sont avec une première [:
fille], après ils se disent que non,
celle là, ils ne veulent plus d'elle, ils veulent chercher une autre.
(Corpus Van Den Avenne, 1995 : 28). Or je
dis que non, je n'ai pas grandi dans un milieu yacouba. (Corpus Van Den
Avenne, 1995 : 74).
10- dire yako, loc.verb. V.
YAKO*.
directeur-fondateur, n.m. V.
FONDATEUR*.
discuter, (se ---- ), v.pron. Fréq., oral, fam. mésolecte. Avoir une discussion animée
avec qqn, par extension, se disputer , se quereller. On a joué au damier* et on s'est discuté. (Lycéens, Abidjan, 1983).
Avec la politique, les hommes se
discutent toujours en ce moment. (Ménagère, Abobo, 1990).
dispatch, [dispatG], v.inv. Argot nouchi, (de l'anglais), oral,
fam. Défendre son point de vue. Man*,
tu dispatch sans kata*! (: mec, tu donnes ton point de vue sans mentir,
Informateur, Abidjan, 1990).
disquaire par terre, n.m. Fréq.,
oral, écrit, mésolecte. Marchand de disques à l'étalage, installé sur le
trottoir. Petits métiers selon les
nationalités à Abidjan : Maliens : peseurs d'hommes*, mécaniciens auto,
disquaires par terre, libraires par terre. A.Touré, 1985, 22. "Où as tu trouvé ce disque de Bailly
Spinto ?"-"Chez le disquaire par terre rue du Commerce."(Etudiant,
Abidjan, 1983).
disque de Gorée, n.m. V. SAINT*
PIERRE NOIR.
distroy, (pouvoir ---- ), destroy, v.tr. Argot nouchi, (de l'anglais), oral,
fam.. V. DESTROY*. Rendre amoureux fou. C'est la seule go* qui peut me distroy. ID., 13. 09. 1987. La go* est jolie-o /elle peut me mourir* / avec son sape* elle peut me destroy.
(Corpus zouglou, T. 1995).
SYN.: être daille* de, être fan* de, être k.o* de, être mouk* de,
pouvoir se dja*, pouvoir se fan*, pouvoir s'enceinter*, pouvoir se mourir*,
pouvoir se détruire.
dit, (on ---- quoi?), loc.interr. V. DIRE*.
divorcer, v.
1- v.tr.
Fréq., peu ou non scolarisés. Divorcer d'avec qqn. En voulant faire ma vie avec les garçons,
mon mari m'a divorcée. (sic) FM. 14.10.1980. Il a divorcé sa femme pour en marier* une autre plus jeune.
(Etudiante, Abidjan, 1982). Il a eu deux
autres épouses encore [.]. Il les a divorcées, toutes les quatre, ma mère la
première. Krol, 1994 : 161.
2- divorcer, (se
---- ), v.pron. Assez fréq., oral,
mésolecte . Se séparer de son conjoint par divorce. [.] alors elle a épousé un autre garçon parce qu'elle s'est divorcée de
mon père. Clauzel /Ferrari, 1971 : 71.
C'est de moi-même que je me suis divorcée parce que je n'avais pas enfant avec
lui, je suis allée chercher* enfant avec un autre homme et je n'ai pas eu la
chance avec lui aussi*. A. Touré, 1985 : 138.
dixième, n.m. Vx,
(tradition), (calque des langues akan). Selon une croyance d'autrefois chez
les Akan, le dixième enfant passait pour porteur de malédiction pour la famille
dans laquelle il naissait. Il était donc d'usage de le sacrifier pour sauver
les siens. Je suis un dixième. Avant, on
m'aurait tué. (Chauffeur, Abidjan, 1982). Le neuvième enfant porte chance, le dixième est maléfique. Naguère, on
le sacrifiait. Aujourd'hui on préfère accoucher hors de la maison du mari qui
feint d'ignorer qu'un dixième est né. Rémy, 1986 : 54.
dja (1), [dFa], conj.de subord.
Dispon., français des rues (du mandenkan), oral, fam., jeunes urbanisés . Alors qu'en fait. Si tu vois les gos*[.] on dirait invitées
d'honneur / dja c'est pour côcô*. (Chanson "Les côcôs". Groupe
Les côcôs, corpus T., 1994).). Il dit je
kata* dja c'est Pape lui même qui est là. (: Il dit [que] je raconte des
craques alors que c'est le Pape lui- même qui est là. Etudiant, Yamoussoukro,
1995).
SYN.: or que*.
dja, (2), [dFa] v.inv., n.m. Argot zouglou, (du mandenkan), oral, fam.
1- v.tr. Mourir,
tuer. A une femme irrésistible, on dit,
et réciproquement, tu peux me dja (me tuer), tu peux me mourir, tu vas me
destroy, tu vas me fan. Krol, 1994 : 216. Si tu es Président, sida peut te dja, si tu es ministre, sida peut te
dja, sida peut te dja si tu es planteur, si tu es loubard. (Chanson
"Sida". Groupe Pros du Phare, corpus T., 1994). Il tchouké *trop* . Il va dja (: iI se drogue beaucoup. Il va se
tuer, Informateur, Abidjan, 1990). La
gaïlèche* me gbasse*, elle peut me dja. (: la nana m'ensorcelle, elle me
tue d'amour, Informateur, Abidjan, 1995). "Tu as mal à ton doigt ?"-"Ouais c'est panaris là. Panaris voulait
me dja!" (Corpus Van Den Avenne, 1995 : 115. J'étais dans un logologo* et puis Papitou m'a dit que le vieux a dja*.
Donc, je suis venu présenter mes condos*, quoi. Ivoir'Soir,
24.06.1997. Et gare à toi!! Si je te
revois, je vais te dja !! (BD) Ivoir'Soir, 08.06.1998.
2- dja (se ---- ), v. pronom.inv.
Se suicider. Une fille voulut se dja /
une go* voulut se dja / [.] elle a bu sirop nivaquine. (Chanson
"Sicobois". Groupe "Zouglou machine, corpus T., 1994).
3- n.m. Petite mort,
acte sexuel. Dja malin que Jean-Louis
fait là, il ne sait pas. C'est quel gars ça! Ma chère tu as bien fait de le
laisser. Garçon n'est pas fini. Ivoir'Soir, 17.06.1997.
4- n.m. Comprimé de
drogue. V. KLOH*, TCHOUK*.
djaa !, [dFa :], interj.
Dispon., oral, mésolecte, basilecte.
Traduit surprise, étonnement. Ca alors ! Djaa!
Tu es là depuis* ? (Couturière, Abidjan, 1985).
djaffe, n.f. Fréq.
Argot estudiantin et urbain, en voie de lexicalisation, ton plaisant ou
ironique. Nourriture. Le temple
de la djaffe, autrement dit l'Amphi R*, est l'un des rares endroits au monde où
est vérifié ce faux axiome 'Tu mangeras à la sueur de ton front. Campuslexique,
1979 : 7. Les sorciers* sont d'une
importance capitale en matière de djaffe. Campuslexique, 1979 : 5. Va chez Tantie* Awa, la djaffe est
super ! (Enseignant, Dimbokro, 1981).
DÉR.: djaffer*.
SYN.:
bouffement*, cale*.
djaffer, v.tr. Argot
estudiantin lexicalisé, fréq. oral, fam., mésolecte. Manger. Vous aurez nécessairement besoin du cachet
du néto* pour djaffer., Campuslexique, 1979 : 5. Les conditions d'étude sont favorables. Il
djaffe à sa faim. FM., 15.12.1983. On ira la voir tout à l'heure. Je m'en vais djaffer d'abord ! (Etudiante,
Abidjan, 1984). Le type là a bu vin et
puis il a djaffé jusqu'ààà !* ID. (BD. Zézé), 16.04.1989. L.G. -il ne s'en cache pas d'ailleurs- aime
djaffer c'est à dire manger. J.A. L'Intelligent, 28/11-04/12 2000.
SYN.: bouffer*,
caler (2)*.
djakoto, tchakoto, [dFakoto] /
[tGakoto], n.m. Dispon.,
(tradition), (du baoulé ), oral, fam. Sorte de culotte servant de
cache-sexe pour les hommes qui travaillent dans les champs. Les hommes portent souvent un djakoto pour
aller cultiver*". (Informateur, Toumondi, 1981).
SYN.: caleçon*, culotte*.
djakouadio, n.m. V.
DIAKOIDIO*
djakwadio, n.m. V. DIAOKOIDIO*
djaguènne, [dFagDn], n.f., Argot estudiantin (du mandenkan),
oral, fam. Fille. Tu as vu comme il
coince les djagènnes? (: Tu as vu comme il serre fort les filles?,
Etudiante, Abidjan, 1991).
djal, djalan, [dFal] /
[dFalS], n.m. Dispon., spéc.,
(du mandenkan), oral , péj. Nom donné à certains produits pharmaceutiques
(amphétamines par exemple) utilisés comme drogue et vendus de façon illicite. Il a fait l'accident* parce qu'il avait pris
du djal ! (Policier, Anono, 1982). Ca
te détruira, ça te détruira, ça te détruira, / Klôh*!! djal, tchouk*sien à
base. (Chanson d'A. Blondy, "Rasta Poué", 1987. Si tu prends du djal, tu ne peux jamais
dormir ! (Etudiant, Abidjan, 1990). Certaines
de ces drogues viennent de Guinée. Le djalan (IM10) ou l'immunoctal (sic). Ivoir'Soir,
29.08.1997.
djalonké, djallonké, mouton djallonké [dFalTke], m.ou f.
adj. Spéc. (élevage), (du mot "Fouta-Djalon" , nom de la montagne de
laquelle proviendrait ce mouton). Race de mouton résistante qui
constitue le seul élevage ovin du pays. Ce
bilan de cinq ans d'expérience sur le mouton djalonké a permis d'en savoir
beaucoup plus sur cette race. FM., 25.04.1980. Ces moutons, ce sont des djalonkés. On les amène à Abidjan pour la
Tabaski*. (Informateur, Abidjan, 1981). Au
niveau du mouton, la Djallonké est la seule race que l'on retrouve en
Côte-d'Ivoire. FM.,17. 02.1993.
djamo-djamo, djamo, yamo-yamo, [dFamodFamo], interj. Fréq.,
(du baoulé: "courage avec le travail"), sud, mélior. (idée
d'appréciation du travail accompli et de la valeur de celui-ci). Salutation
usuelle que l'on adresse à un groupe de personnes en train de travailler ou
comme exhortation à l'action ou au travail. Djamo-djamo,
travaillons en musique. (titre d'une émission quotidienne à la radio,
durant les années 80). "Nous avons
marché longtemps,[.] il faisait si chaud que j'ai perdu
connaissance..."-"Djamo!" Kindo Bouabi, s.d. : 45. Quelqu'un
entame un vibrant djamo-djamo qui ramène aussitôt le silence. F.M.,
15.05.1981. "Djamo, mon
frère*!"-"Salut à toi, étranger !" (Promeneur et agriculteur,
Anono, 1983).
ENCYCL.: pour un
individu solitaire, généralement on dit seulement djamo.
djampa, jampa, jampane, [dFampa] / [Fampa] / [Fampan], n.m. Assez fréq., (tradition), (langues akan), écrit, tous milieux.
Chemise ample en tissu de pagne. Kablan
fait aussi des boubous*, des djampas. ID., 09.12.1973. Un homme d'un certain âge, un peu voûté,
vêtu d'un jampane de couleur, que n'arrive pas à cacher un grand pagne jeté sur
l'épaule. A. Kanié, 1978 : 28. J.J.
Rawlings [.] se succède à lui-même. troquant le treillis des parachutistes
contre un superbe kita* aux couleurs dorées avec en dessous un jampa d'un vert
kaki qui fait penser à l'armée. Notre temps, 13.01.1993.
SYN.: boubou-nago*, mambo*.
djandjou, [dFSdFu], n.f., ou m., adj. Argot urbain, (du mandenkan)
, oral., péj. Fille de mauvaise vie, monneyant ses charmes, pute. On
distingue la djandjou et la super djandjou qui choisit ses
clients parmi les riches et les puissants. C'est
le moment où les déclareurs* doivent aussi se distinguer des petits gars* qui
par manque de dextérité ou d'expérience se rabattent sur les djandjous. Campuslexique,
1979 : 8. T'as pas le ro* parce que tu
fréquentes trop les djandjous. (Etudiant, Abidjan, 1981). Une épouse vertueuse obligée de devenir djandjou pour séduire le PDG de son mari.
(titre) ID., n° 941, 1988. Amoureux
voulait s'amuser / amoureux voulait plaisanter / la go *djandjou a fait la
chose* / la go djandjou avait le sida. (Chanson "Sida". Groupe
Espoir choc, corpus T., 1994). Il paraît
qu'elle n'est encore sortie avec personne ici ! Je suis sûre qu'elle ment, une
djandjou comme ça !! (BD) Ivoir'Soir, 16.06.1998.
COM.: en
contexte dioula traditionnel, le mot est un tabou. L'emprunt est d'ailleurs
modifié. L'ordre normal des éléments linguistiques semble inversé puisqu'en
dioula le nominal objet précède la base verbale.
SYN.: belle* de nuit, bordelle*, coucougnousse*, diantra*,
djankal*, sotra*, tao*, tatali*, toutou*.
COMP.: super djandjou*
DER.: djandjouya*.
djandjouya, [dFSdFuja], n.m. Argot urban, (du mandenkan) assez rare,
oral, très péj. Prostitution. La
djandjouya des bleu-blancs*, maintenant, ça diminue un peu à cause du sida. (Corpus Tschiggfrey, 1995, Abidjan)
djankal, [dFSkal], n.f. Argot
nouchi, (du mandenkan), oral, péj. Prostituée. Il a tolo* la djankal . (: Il a giflé la pute, Informateur,
Abidjan, 1990).
SYN.: belle de nuit*, bordelle*, diantra*, djandjou*, sotra*,
tao*, toutou*.
djantra, n.f. V.
DIANTRA*
djedja, [dFedFa], v.inv. Argot nouchi, oral, fam.. Forcer
une serrure. Les frères* ont djedja la
merco*", (: Les potes ont forcé la serrure de la Mercedes.
(Informateur, Abidjan, 1990).
SYN.: gbokro*.
djédjanser, (se ----), [dFedFSse], v.pronom. Argot
nouchi, oral. Se défoncer. Le gars il
a envie de se dédjanser / ça c'est les fumeurs de drogue. (Corpus T. maquis
L'Iroko, 1995).
djeguéya, [dFegeja], n.m. Rare, (tradition), (du mandenkan :
"espoir",' "retrouvailles"), nord surtout, oral, écrit,
mélior. Fête malinké célébrant les retouvailles et le resserrement des
liens ethnoculturels réunissant tout le peuple malinké originaire de la région
d'Odienné. Fête populaire des
retrouvailles : le peuple malinké fête le djéguéya. (Titre d'article) FM.,
31.03.1983. Pourquoi tu n'es pas monté à
Odienné pour le djéguéya ? (Commerçant, Abidjan, 1982)
ENCYCL.: cette fête
annuelle n'existe que depuis 1980.
djekewara, djékéhoura, djègewala [dFekewara] / [dFekeura) / [dFDgewala], n.m. Dispon., (du mandenkan : "poisson séché"), oral,
nord surtout, fam. Poisson séché. Le
camion accidenté transportait du djekewara. Il y en avait partout sur la route.
(Enseignant, Bouaké, 1979). Allons
plus loin dans le marché; ici, on est trop près du djégéwala : ça sent mauvais
! (Secrétaire, Abidjan, 1982). Son parfum là,* c'est djégéhoura! (Chauffeur
de taxi, Bouaké, 1984).
ENCYCL.: vendu sur les marchés, il sert de base à
l'alimentation dans le centre du pays.
COM.:’’djekehoura ’’ est relativement rare et
assez péj.
SYN.: mopti*.
djékouadio, n.m. V.
DIAKOUADIO*. Mais sa vengeance
inachevée laisse dans sa bouche un goût de piment, de djekouadio rouge, [.].
Adé Adiaffi, 2000 : 278.
djéli, djély, diéli, dyéli, [dFeli] / [djeli], n.m. Assez
fréq., (du mandenkan "griot"), oral, écrit, litt., nord. Musicien,
poète dépositaire de la tradition orale. Les
griots* constituent une caste, à la fois crainte et méprisée, dans le Manding,
appelée la caste des diéli. Kourouma, 1990 : 40.
ENCYCL.: les djéli
constituent une caste de sang, proche du pouvoir, (car ils sont les
panégyristes des rois manding) mais ne l'exerçant pas.
COMP.: djéliba*., djély-tché*
djéliba, diéliba, dyéliba, [dFeliba] / [djeliba], n.m. Dispon., (tradition), (du mandenkan "griot + grand"), nord, litt. V.
DJÉLI*. Titre porté, en pays manding traditionnel par le chef des griots,
grand maître de la parole. Il manquait ce je ne sais quoi que le
djéliba défunt savait donner à ses créations. Kourouma, 1990 : 225. Djigui décida de ne pas décerner le titre de
Djéliba et la charge de grand maître de la parole du pays de Soba ne fut pas
attribuée. Ibid. : 226.
djély-tché, [dFelitGe], n.m,
Dispon., (du mandenkan "griot -
homme"), oral, écrit, fam. péj. Griot, au sens péj. de flagorneur,
thuriféraire, notamment dans les domaines de la politique et des média. V.
GRIOT*. [.] c'est toute la stratégie
du Djely-Tché de service qui est à l'eau parce qu'à part ADO, il n'y a pas de
présidentiables dans ce parti. Le Monde Ivoirien, 10.03.1995.
djellaba, djelebah, n.f. ou m.
Assez fréq., (de l'arabe), oral, écrit, nord. Longue robe à manches longues
et (parfois) à capuchon portée par les hommes, principalement les musulmans. Au contraire, une vingtaine seulement
d'hommes en djelebahs avancent sous l'oeil vigilant des policiers. FM.,
05.04.1982. Des vieux marabouts* dans
leurs longues djellabahs sont accroupis au pied d'un mur. FM.,
07/08.04.1984. B. K. était tout amidonné,
bien à sa place dans la mosquée, dans un djellaba richement brodé. Nouvel
horizon, 15.01.1993.
djémé, djembé, [dFeme] / [dFembe], n.m. Fréq., (tradition), (du mandenkan
"tambour d'entre jambes"), oral, nord.
1- Variété de tam-tam dont la partie supérieure en peau de
chèvre est tendue par des cordes. Mité
est le meilleur batteur de djémé à mille lieues à la ronde. Kitia Touré,
1979 : 10. Le patron du groupe foliba de
Bouaké s'est envolé pour le Brésil avec sous les bras son djembé. Soir
Info, 29.03.1995. Avant l'ambiance*
on faisait ça à la main, l'ambiance facile? On met au moins quatre djembés, on
est assis là, on a au moins vingt litres de bangui* et puis allez, on
s'ambiance* jusqu'au matin. (Informateur, Abidjan, 1995). Une centaine de tams-tams sont exposés à
l'intérieur et à l'extérieur de l'atelier. Il y en a de toutes sortes (des
tounbalet*, des djembé*, des doun-doun*, des attoungblan*) et de toutes tailles
. Ivoir'Soir, 28.08.1997.
2- Fête au cours de laquelle on danse accompagné par ce
tam-tam. Il faut donc que Mité [.]
spécialiste du djémé vienne battre de son instrument à l'occasion de cette fête
exceptionnelle du djémé.(note : tambour malinké et danse qu'il rythme.).
Kitia Touré, 1979 : 9.
djètè, djètin, [dFDtD] / [dFDtR], n.m., Argot nouchi, (du baoulé "métal argenté, pièce de monnaie"), oral, fam, jeunes. Argent. Notre programme de ce soir est à l'eau. Je
n'ai pas assez de djètè pour payer la boîte à tout le groupe. Cité in
Caummaueth, 1988 : 72.
SYN.: gnon*,
kpê*, ligbi*, makouta*, pia*, wari*, zaïre*.
djez, [dFDz], n.m. Argot nouchi, oral, fam. Gars, type. As-tu envie de te mettre gban*? Tu sais y a un djez dans le sectal*
ici qui a les affaires. (: As-tu envie de t'éclater ? Tu sais y a un mec
dans le secteur qui a de la drogue. Otitro, 1984 : 46.
DER.: djézeur*
djézeur, [dFDzZr], n.m. Argot nouchi, (hybride mandenkan pop.
"fric"+ frcs -eur") , oral, fam., jeunes. Personne qui se
livre à des trafics louches. Un djézeur,
c'est un biznesseur*! (Informateur, Abidjan, 1995). Le gars, chaque fois* il vient avec des colis, tu ne sais pas d'où ça
sort. Donc lui c'est un djézeur. (Corpus maquis abidjanais, 1995).
SYN.: biznesseur*.
djibo, n.m. V. DJIGBÔ*.
Ils ont lancé contre la jambe
droite de ma maman un mauvais sort, un koroté [.] un djibo*(signifie fétiche à
influence maléfique) trop* fort, trop* puissant. Kourouma,
2000 : 24.
djiboman, n.m. V.
DJIGBOMAN*
djiboter, djigboter, djigbôter, [dFibote] / [dFigbCte] v.intr. Fréq., (du mandenkan
"fétiche"), oral, fam., basilecte. Recourir à la magie, pratiquer un envoûtement
(contre qqn.). Ils ont gagné le match
parce qu'ils ont djiboté ! (Supporter, Abidjan, 1979). Le jardinier a trouvé un fétiche* sous ma fenêtre. Quelqu'un djibote ! (Mère
de famille, Abidjan, 1982). Djiboter,
c'est gbasser* quelqu'un, l'ensorceler
quoi. Cité in Caummaueth, 1988 : 113.
DER.: djiboteur*
SYN.: charlater*, djibser*, faire fétiche*, féticher*, faire
gris-gris*, gbasser*, gbétiser*, grigritter*, marabouter*.
djiboteur, [dFibotZr], n.m. Dispon., (hybride mandenkan "fétiche"+
suffixe français -eur), oral, méso ou basilecte. Féticheur.
Méfie-toi, il est djiboteur. Il peut
faire médicament*. (Revendeuse, Abidjan, 1984).
SYN.: djibseur*, djigboman*
djibs, n.m. V. DJIBSE*.
djibse, djibs, [dFibs], n.m. Dispon., (du mandenkan pluriel de djigbô*), oral, fam., parfois
péj. Objet fabriqué dont le rôle est de protéger son propriétaire d'un
éventuel ennemi, d'attirer sur lui la grâce des divinités, à moins que cela ne
soit afin de lui nuire. C'est alors que
Sylvestre parla, les yeux dans le vague : Ouais ! ça c'est le kouign! le djibs
! ouais ! Bolli, 1977 : 89. Ma chère,
je ne crois plus au djibsse. On a fait jusqu'à *Tanti* est morte. Le djibsse en
tout cas* je n'y crois plus. Cité in Caummaueth, 1988 : 113.
SYN.: djigbo*, fétiche*, gbass, gbé*, gbévia*, gris-gris*,
kanikani*.
djibser, [dFibse],v. ntr. Fréq., oral, fam., surtout peu ou non scol.
mais pas exclusivement, péj. V. DJIBOTER*. Utiliser la magie
pour parvenir à ses fins, en particulier à l'encontre de ses ennemis. Si c'est pour djibsser quelqu'un, le
marabout* est très fort dè*. Mais demande lui de faire prospérer tes
affaires[.] il va te mentir* qu'il ne connaît rien. Cité in Caummaueth,
1988 : 114. Ici, dans le sport, il y a
des équipes qui djibsent pour gagner. (Informateur, Abidjan, 1989).
DER.: djibseur*
SYN.: djiboter,* djibser*, faire fétiche, faire gris-gris,
féticher*, gbasser*, gbétiser*, grigriter*, marabouter*
djibseur, [dFibsZr] n.m. Assez fréq., oral, fam., basilecte, péj..
V. FETICHEUR*. Guérisseur-devin traditionnel ayant recours à des
pratiques magiques et confectionnant des fétiches. Son père était un djibseur réputé. On en avait vraiment peur. (Infirmier,
Gagnoa, 1977). Si tu ne sais pas ce que
tu as, va consulter un djibseur*. (Mère de famille, Bingerville, 1980). Les djibseurs exigent une certaine somme
avant le début même des soins. Cité in Caummaueth, 1988 : 114.
SYN.: claivoyant*, devin*, djiboman*, djiboteur*, féticheur*.,
gbasseur*;
djigbô, djibô, guibo, guigbo, guigbô, [dFigbC] / [gigbC] n.m. Fréq., (tradition), (du mandenkan
"fétiche"), fam., oral, basilecte, péj. Fétiche,
en particulier fétiche à influence maléfique, objet servant à un envoûtement
par exemple, talisman. Poursuivant sa
profession de foi, M. Z. affirma avec force : "Je crois au marabout*, je
crois au djigbô. ID., 10.12.1972. Quelquefois, je me demande si tu ne possèdes pas un djigbô spécial pour
te faire aimer de cette façon. Séry, 1975 : 11. A la fin de ses incantations, il prit un oeuf frais, le montra à
l'assemblée, entra dans sa case pour réaliser son djigbô. Bolli, 1977 : 15.
Le djigbô des économistes et des
politiciens, la conjoncture*. Tilliette, 1984 : 96. Des femmes [.] tenaient encore tous les accessoires de sorcellerie, les
ingrédients pour le djigbô. Ibid. : 98. Le
féticheur* charge le djigbô d'un pouvoir surnaturel pour le client. Le djigbô
peut être une amulette, une bague, une ceinture, une statue ou un cadenas.
Caummaueth, 1988 : 112. Faut je vas mener
lui son djigbo la tout suite. (: Il faut que je lui apporte immédiatement
son djigbo, Zazou, n° 16).
LOC.: faire
djigbô*.
DÉR.: djiboman*, djiboter*, djibser*, djibseur.*, djigbomanie*.
SYN.: djibsse, fétiche*, gbass*, gbé*, gbévia*, gris-gris*,
kanikani*.
djigboman, djiboman, djibôman, [dFigboman] / [dFibCman]), n.m. Assez fréq., fam.
oral, basilecte, péj. V. DJIBSEUR*. Féticheur, personne s'adonnant à des pratiques
magico-religieuses fétichistes. Le
djiboman c'est le féticheur. Cité in Caummaueth, 1988 : 112. Féticheur*, guérisseur, djigboman, parfois
marabout ou sorcier. ID, n° 622, 1988.
SYN.: djibsseur*, féticheur*, gbasseur*, gbétisseur*, marabout*.
djigbomanie,
[dFigbomani], n.m. Dispon.,
(hybride mandenkan/français), fam., oral, péj. Recours fréquent à des
pratiques magico-religieues fétichistes. Plus
d'une fois, son mari l'a surprise en flagrant délit de "djigbomanie"
et l'avait mise en garde contre de telles pratiques. Ivoir'Soir,
22.07.1997.
djili, djéli, dyeli, [dFili] / [dFeli] /[djeli], n.m. Fréq., (du mandenkan "griot conteur"), oral, fam., tous
milieux. V. DYELY*. Lecteur de cassettes. Par exemple un djili, mot qui en dioula veut dire griot*(conteur),
c'est tout bonnement et pour tout le monde un cassettophone. Un
"parlophone", en somme, autrement dit un griot fonctionnant sur pile
et secteur. Pourquoi un mot dioula ? parce que les griots dioulas sont réputés,
que les marchands de radiocassettes et de cassettophones sont souvent des
Dioulas et que la diaspora dioula s'étend dans tout le pays. Krol, 1994 :
209.
djilika, [dFilika], n.m. Spéc., (flore), (de l'abé). (Spondianthus
preussii Engl.). Arbre moyen de la fam. des Euphorbiacées au bois brunâtre dur,
fortement maillé. Aubreville, 1953, 62. Adjanohoun /Aké AssiI, 1979 : 139).
ENCYCL.: il vit
dans les terrains marécageux. Son bois brunâtre est dur. Ses graines d'un beau
rouge vif, constituent un poison violent pour les chiens.
djimbo, n.m. (de l'abé.), V. ABRICOTIER* D'AFRIQUE.
djinn, n.m.,adj. Rare, (de l'arabe), recherché, litt.,
surtout musulmans, nord. Divinité de la brousse, génie, esprit. [.] des montagnes constituées de roches
granitiques et de surcroît peuplée de mille djinns. Kourouma, 1990 : 90. Les djinns et les âmes des ancêtres* ne lui
taisaient aucun de leurs secrets quand ses doigts les interrogeaient par le
sable de la géomancie. Kourouma, 1998 : 48.
COMP.: djinamori*.
COM.: plur.: "djinas" et "djinns".
djinamori, dinamori, djinamory, guinamori, guinamory, [dFinamori] / [dinamori] / [ginamori], n.m.. Usuel., tradition), (du mandenkan "génie-marabout"), fam.,
oral, péj. parfois. Magicien qui passe pour être en relation avec les
esprits et que l'on peut consulter moyennant finances pour améliorer son
destin, conjurer le mauvais sort, mais aussi prestidigitateur malhonnête. On en trouve [: des bandits] de toutes catégories : des joueurs de
cartes aux djinamoris, prestidigitateurs qui contraignent au couteau les
passants à prendre part aux jeux. FM., 14.06.1983. Le djinamory, homme dans le secret des
génies, qu'on consulte pour améliorer son sort ou conjurer le mauvais sort, le
djinamory peut être aussi un marabout*, un magicien. Konaté, 1987 : 183. Magie-multiplicateur de billets* : un
Ministre d'Houphouet était aussi un "guinamory". (titre). Détective,
16.03.1995. Djinamori est un mot que les
Ivoiriens connaissent bien. Il renvoit à la magie et donc aux forces
supérieures et extérieures de l'homme. Ivoir'Soir, 04.09.1997. Ils faisaient croire à leurs victimes qu'ils
avaient pour copains des génies qui multiplient* l'argent. Là-bas aussi il y a
des djinamoris ! Ivoir'Soir, 06/07.04.1998
ENCYCL.: la valeur
péjorative s'est récemment ajoutée au sens traditionnel de magicien, avec
l'accroissement des affaires de multiplicateurs de billets de banque. Attention aux djinamoris, multiplicateurs de
faux billets" (titre d'article), ID., 01.03.1982.
DER.: djinamorisme*.
COMP.: djinamori-chef* (: grand
magicien).
djinamorisme, [dFinamorism], n.m. Fréq.,
(tradition), (hybride mandenkan + français -isme), oral, fam. souvent péj.
Pratique relevant du domaine de la magie, parfois même filouterie. Attention, consulter un tradipraticien*, ce
n'est pas du djinamorisme. (Employé, Abidjan, 1983). Non ! je n'entre pas dans tout ce trafic. C'est du djinamorisme.
(Etudiant, Abidjan, 1991).
djiroutoué, djouroutoué, djroutoué, diouroutou, tiouroutou, iroutou, [dFirutue] / [dFurutu] / [djiurutu] / [tjurutu]
/[irutu], … n.m. Assez
fréq., (tradition), (des l. du groupe Kru), oral, écrit, tous milieux, péj. Ordalie*
par poison d'épreuve. Si tu n'as pas peur
du djiroutoué, c'est que tu es réellement innocent. Gibbal, 1969 : 206 Le tiouroutou ne se trompe jamais, croient
les Krou. Holas, 1980 : 111. [.]
invocation de l'esprit agissant du diouroutou ou tiouroutou, ce mot étant aussi
prononcé irouto . Ibid. : 106. Puisque
tu m'insultes, si tu ne me crois pas,
fais moi boire le djroutoué. Bolli, 1988 : 74.
SYN.: (part.) bois* rouge, gopô*, ordalie*, tali*.
djo, jo, djoblek, djo blek, [dFoblDk], n.m. Fréq., argot urbain, (du prénom américain "Joe". Selon
certains, par référence au chanteur Johnny Halliday, selon d'autres par
référence à Joe Blake, héros d'une bande dessinée populaire), oral, fam. jeunes,
mélior.
1- Mec, "caïd", "dur". Un djo comme toi, tu t'en sortira toujours. (Etudiant, Abidjan,
1975). Avec les dailles*, c'est un vrai
djo*. (Père de famille, Abidjan, 1981). Je
crois que djo ou djo blek, c'est celui qui incarne un peu la jeunesse [.],
vraiment , c'est quelqu'un qui aime vivre, qui aime frimer, si tu vois quoi.
Caummaueth, 1988 : 64. Djo : le jeune
homma qui, quant à lui, sera également le bian*, le papa*, le génito* ou s'il
entretient de douteux commerces, le groto*, le fournisseur* ou le tonton*. ID.,
23.03.1993. Le chauffeur, lui lance des
"Djo, comment ça va ?" aux autres chauffeurs de gbaka* qui répondent
: "Mon frère*, Abidjan, c'est électronique. Si tu n'es pas scientifique,
tu ne manges pas !". Ivoir'Soir, 26.08.1997.
2- Souvent usité comme terme d'affection. Pour une jeune
fille, petit ami, flirt. La fille peut
appeler son bon ami, ça c'est un djo. (Cité in Caummaueth, 1988 : 64). Pour
un garçon, terme d'adresse connotant camaraderie et connivence : pote. Djo ! Je ne peux rien dire. Quand le film
va sortir, chacun ira le voir. ID., 13.09.1987.
COM.:
l'étymologie par référence à la B.D. semble assez probable si l'on tient compte
de la variante djoblek parfois usitée.
SYN.: bian*, génito*, mane*, papa* pétiga*.
djô, djo, [dFC], v. Argot
nouchi, (du mandenkan ?"attraper","rencontrer"), oral,
fam., jeunes.
1- djo, (se ---- ), se djô,v.
pron. Se retrouver quelque part, se rencontrer, se faire signe, se donner
rendez-vous. Dès qu'on aura bouclé les
différentes tournées, on se djô et je te dirai tout ce que tu veux savoir pour
ton livre. Konaté, 1987 : 14.
COM.: le verbe reste invariable.
2- djô, djo, v.tr. Par
glissement de sens, porter malheur, retomber sur le coupable, "attendre au
tournant". Mon frère*, ruse la que
tu fais, ça va te djô !" (: ce mauvais coup que tu prépares, ça va te
porter malheur, ça te retombera dessus, Etudiant, Abidjan, 1988). Tu te crois plus malin / malin que les
autres / maintenant qu'on t'a djo tu pleuré beaucoup. (Corpus T, 1995). Ils nous ont djô. S'ils nous attrapent, on
est foutu. (BD). Ivoir'Soir, 29.12.1997.
djoko-djoko, loc.adv. V.
TIOKO-TIOKO*. Wallahé*!
Rechercher le sorcier mangeur d'âmes. Le mangeur* d'âmes qui avait bouffé* le
soldat*enfant, le capitaine Kid, djoko-djoko*. Kourouma,
2000 : 67.
djombré, [dFombre], n.m. Peu
fréq., (alimentation), oral, tous milieux. V. GOMBO*. Nom donné
au gombo sec vendu sur les marchés comme condiment. Poulet au djombré (gombo sec). (Recette de cuisine), ID., 30.10.1983.
djonss, (être en ----), [dFTs], loc.verb. Dispon., argot nouchi, péj. Etre en manque, avoir
besoin de prendre de la drogue. Les prix
varient également en fonction de l'état de "djonss" (manque) de la
prostituée. Ivoir'Soir, 18.06.1998. Quand un drogué est en "djonss" comme ils disent dans leur
jargon, il est capable de tout. Ivoir'Soir, Ibid.
djosser de namans, djosseur de namans, [dFoserdnamSs],n.m., Argot urbain, (hybride mandenkan
pop."tacot déglingué + français de + "parent" ), oral,
fam. V. NAMAN*. Gardien de voitures. Ces jeunes gens, ce sont les djossers de
namans, les gardiens de véhicules que l'on retrouve à chaque coin de rue et sur
les parking. Leur rôle, la surveillance des automobiles en stationnement. FM.,
06.01.1993.
SYN.: gardien* de voiture, indicateur* de parking.
djouan, [dFuS], n.m. Spéc., (flore). (Conocarpus erectus
Jacq.) Arbuste de mangrove de la fam. des Combrétacées. Roberty, 1954 252, Aubreville, 1953, III : 66.
SYN.: petit manglier*.
djoumgblé, djoumblé, [dFumgble] /
[dFumble], n.m. Dispon,
(alimentation), (du baoulé), oral, tous milieux. Sauce au gombo sec. D'habitude, les Français métropolitains
n'aiment pas trop le djoumgblé. (Enseignante, Adzopé, 1983). Ce matin là, il était trop tôt pour qu'elle
nous serve son attiéké* préféré et du djoumgblé. FM., 19/20.05.1984.
Adjoua parti au marché/ elle payé
djoumblé/. (Chanson "Adjoua yako*". Groupe Les esprits de Yop,
corpus T., 1994).
djouroutoué, n.m. V. DJIROUTOUÉ. On va leur faire boire djouroutoué. S'ils
sont vraiment innocents, il ne leur arrivera rien, sinon ils mourront.
Bolli, 1977 : 79.
djroutoué, n.m. V.
DJIROUTOUE*. Allez
chercher le djroutoué ! A ces mots le silence régna encore plus. Bolli,
1977 : 74.
doboli, [doboli], n.m.
Spéc., (flore). (Ormosia
laxiflora Benth.). Petit arbre de forêt ou de savane boisée, à grappes
florales blanches. Roberty, 1954 : 212.
docteur, n.m. .V.
CHAS-CHAS*, CHIRURGIEN*. Le docteur
mesure environ 40 cm. de long. Seret /Opic, 1981 : 323.
docteur de montres, n.m. Fréq.,
oral, fam., mélior. mésolecte, basilecte, plaisant chez les intellectuels. Horloger,
réparateur de montres. Ici, le meilleur
docteur de montres (enseigne). Clauzel /Ferrari, 1971 : 29. La multiplication des activités économiques:
cordonniers, docteurs de montres, vendeur de fruits... accentue l'impression de
liberté d'installation. Bonnassieux, 1985 92.
docla, [dokla], n.m. Spéc., (flore), (du krou). (Homalium Aubrevillei Keay). Arbre moyen
de la fam. des Samysacées à bois dur, jaune. Aubreville, 1959, III : 28.
dogbi, [dCgbi], n.m. Spéc., (flore). (Aptandra zendreri
Engl.). Arbuste ou petit arbre forestier, assez rare, de la fam. des Olacacées.
Aubreville, 1953, I : 110.
ENCYCL.: surtout
remarquable par son fruit vieux rose en forme d'entonnoir avec au fond une
drupe ellipsoïde bleu noir.
dogo (faire ----), [dogo], loc.verb.
Argot zouglou, oral, fam. Faire
l'amour. Toutes les nuits / ils font dogo
dans go*. (Corpus zouglou, T. 1995).
doh, [dC], n.m. V.
EXCISION*
doigt, n.m.
1- Dispon.,
mésolecte, basilecte. Ongle, doigt à ongle vernis. Une porte s'ouvre.[.] une manche de camisole, un bras, des doigts
vernis. Une femme en lunettes* apparaît [.]. Ivoir'Soir, 16.12.1997.
2- doigt de banane, dispon., (commerce).
Nom donné à chacune des bananes d'un régime ou d'une main*. Le régime est découpé en mains* de cinq ou
six doigts de bananes chacune. (Agronome, Abidjan, 1976).
doigter, v.tr.
1- Fréq., oral, fam.,
mésolecte, basilecte, péj. Montrer du doigt. Amanlan (furieuse d'avoir été doigtée) : "Ne m'indique* pas
!" (Indications scéniques), Dadié, 1973 : 29. Si je m'habille comme ça au village, les gens vont me doigter. (Etudiante,
Abidjan, 1977). On ne doigte pas les gens
comme ça ! C'est très mal élevé ! (Enseignante, Abidjan, 1984).
ENCYCL.: ce geste semble associé à
des pratiques estimées néfastes dans de nombreuses ethnies.
SYN.: indiquer*, pointer*.
2- Dispon., oral, vulg.
Caresser intimement. Faire des attouchements sexuels. Si la fille se laisse doigter, c'est qu'elle accepte de coucher. (Lycéenne,
Bingerville, 1979). Et ce n'est pas tout,
l'homme après avoir abusé de Diane, aurait doigté sa nièce de 4 ans.[.]. Ivoir'Soir, 22.01.1998.
dol, n.m. V.
DOULE*
dolié, [dolje], n.m. Spéc., (flore), (du krou). (Caloncoba
brevipes StapfGilg.). Petit arbre à fût tortueux de la fam. des Flacourtiacées
dont les graines mures seraient comestibles. Aubreville, 1959, III : 18.
dolique, n.m. Spéc.,
(alimentation).
1- Vx (Dolichos
lablab Linn). Plante grimpante à fleurs blanches ou violettes en grappes. Les
graines sont parfois consommées avant maturité mais sont sans grande valeur
alimentaire. Les haricots [.] sont
constitués par une série de plantes très différentes des nôtres : dolique,
cajan*,... Binger, 1892, II : 364.
Roberty, 1954 : 233.
COMP.: dolique à l'aune, dolique à longue cosse, dolique-asperge,
dolique géant, dolique-igname, dolique serpent.
SYN.: lablab.
2- dolique géant, dolique à l'aune, dolique à longue cosse,
dolique-asperge, dolique serpent. (Dolichos sesquipedalis Linn.). Plante
qui se distingue des haricots par des gousses cylindriques très étroites et
très longues (jusqu'à 1 m.) contenant des petites graines rougeâtres ou
violacées. Roberty, 1954 : 233.
ENCYCL.: ces gousses sont consommées quand elles sont tendres
et jeunes.
SYN.: haricot*-kilomètre.
3- dolique-igname, (Dolichos bulbosus Linn.). Plante alimentaire peu
comestible, maintenant dégradée sous une forme à souches tubérisées. Roberty,
1954 : 213.
dollar des sables, n.m. Spéc.
1- (faune), sud,
littoral. (Radiorotula). Nom donné au squelette calcaire d'un oursin
irrégulier au test aplati que l'on trouve sur le littoral. Les enfants cherchent des dollars des sables sur la plage. (Informateur, Bassam, 19874).
ENCYCL.: les enfants le portent souvent en pendentif suspendu
à un lien, pour s'amuser.
2- Assez
fréq., (art trad.), tous milieux. Bijou,
pendentif d'or ou d'argent imitant le squelette de l'oursin. "Où as-tu fait faire ce dollar des sables
?"-" Chez un bijoutier d'Adjamé." (Enseignantes, Abidjan,
1980).
dolo, [dClC], n.m. Usuel, (du mandenkan "boisson
alccolisée"), oral, écrit, tous milieux.
1- Sorte de bière obtenue par fermentation du mil*. Par
extension, boisson alcoolisée obtenue par fermentation de sorgho et même de
maïs. La stricte observation du Coran est
la défense, sous peine de mort, de boire du dolo. Binger, 1892, I : 117. Tant qu'ils étaient dans les buvettes*, la
calebasse* de dolo à la main [.]. Koné, 1976 : 50. Il faut donc distinguer, d'une part les boissons fermentées [.]
productions artisanales et locales : tchapallo* ou dolo (vin* de mil),
spiritueux parmi lesquels nous classerons le koutoukou*, provenant de la
distillation du bandji*. FM., 21.01.1980. Allez voir chez le Libanais* ou bien vous voulez que je vous sorte le
dolo ? Tierno Monenembo, 1993 : 24. L'un
d'eux est ivre mort de dolo et de yamba*. Ibid. : 152. Le dolo est une sorte de bière, extraite du mil ou du sorgho, mais il
tient, en fait, autant du cidre que de la bière. Rémy, 1996, 213.
SYN.: bière*,
bière de mil*, chapalo*, chiapalo, tchapalo,tchapallo, tyapalo, vin* de mil .
DÉR.: dolotière*.
COMP.: dolo
doux*.
2- dolo doux, n.m. Usuel,
(hybride mandenkan français ). Dolo
qui n'est pas encore fermenté. Les
hommes, eux, ne boivent pas du dolo doux. (Informatrice, Bouaké, 1975). Tu vas goûter du dolo doux bien frais. (Secrétaire,
Abidjan, 1982).
ENCYCL.: considéré comme une boisson de femme.
dologaha, [dologaa], n.m. Spéc.,
(flore), (de l'attié). (Millettia
zechiana Harms.). Petit arbre à fleurs violettes de la fam. des Papilionacées.
Aubreville, 1953, I : 352.
doloko, [doloko], n.m. Spéc. (flore).(de l'abé , " papayer du
chimpanzé"). (Cola chamydantha K. Schum.). Petit arbre de
la fam. des Guttifères, au tronc droit, au bois brun jaune servant à la
connstruction des cases. Aubreville, 1953, II : 293.
ENCYCL.: il porte de gros fruits pendants rappelant les
papayes sur un papayer.
SYN.: komouagouiré(agni), krekrotou (krou), nomosikouhia
(ébrié).
dolotière,
[dClCtjDr], n.f. Usuel, (hybride
mandenkan + suffixe français -tière), oral, écrit, tous milieux. Femme qui
fabrique et vend du dolo. La dolotière
ajoute au dolo le jus d'une plante qui entraîne lentement toute la farine au
fond. Karim et Aïssata, livre de lecture de CM2, 1974 : 48. La dolotière vend son dolo par calebasse. (Informateur,
Korogho, 1977).
SYN.: chapalotière*.
domba, n.m. V.
MAOULOUD*.
dombourou, [dCmburu], n.m. Spéc., (flore), (de l'abé.). (Ficus mucoso Wellew.). Grand arbre assez commun qui
porte un groupe de figues jaune-rougeâtres non comestibles. Aubreville, 1953, I
: 78.
SYN.: bambra
(agni), boulé (wobé), dim'briahi (ébrié), gouana (gouro).
domicile, (ne pas être à ---- ), loc.verb. Dispon., (calque du mandenkan), oral, écrit. Euphémisme
utilisé pour dire qu'une jeune fille n'est pas vierge lors de son mariage. Effectivement, jamais on ne lui avait livré
une jeune fille qui n'était pas "à domicile". Kourouma, 1990 :
142.
domino, adj. Dispon., oral,
écrit, lettrés, plaisant.. V. COUPLE* MIXTE. Qualifie un couple constitué d'un homme blanc et d'une femme noire
ou vice-versa. Les couples domino
noir-blanche sont plus fréquents que les couples domino blanc-noire. (Sociologue,
Abidjan, 1975).
SYN.: couple*
mixte.
LOC.: couple domino, mariage domino, ménage domino.
dona, n.m. Spéc., (flore),
(de l'abé). (Catapa procera D.C.). Arbre des bords de rivières de la fam.
des Méliacées. En Côte-d'Ivoire, le dona,
répandu dans les cercles* du Nord, en zone soudanienne le long des marigots*,
devient surtout abondant sur les lisières septentrionales de la forêt dense. Aubreville,
1959, II : 156.
ENCYCL.: son fruit est une grosse boule bosselée et cotelée
dont les graines torréifiés donnent une graisse rougeâtre qui sert à fabriquer
une sorte de savon.
SYN.: kangasakié
(attié), koundou (baoulé), m'bouéhia (ébrié), touloucona/ kobi (mandenkan).
dongaflén, n.m. V.
ADONKAFLÉ*
doni-doni, [dC:nidC:ni], adv. Fréq. (du mandenkan "doucement,
petit à petit"), oral, fam. Doucement, peu à peu. Le soleil avait bondi comme une sauterelle et commençait à monter
doni-doni. Kourouma, 2000 : 87.
donita, [donita], n.m. Vx, oral, (du mandenkan.
"portefaix"). Portefaix, porteur. [.],
sur la tête, deux casiers de bouteilles vides. Dès que le train entre en gare,
les donitas se ruent sur les bagages des voyageurs. (Informateur, Bouaké,
1975). Autour du bras gauche, trois
casiers de bouteilles [.] Donita, quel métier! FM., 29.12.1982.
SYN.: bagas*, baragnini*, donita*, cacaba*(part.), dawa*(part.),
fougari*(part.), kaya-kaya*, gawa*(part.), ouyo-ouyo* pousse-pousse*
(part.), wotro*.
donkaflè. n.m. V.
ADONKAFLE*.
donkoro, [dTkoro], n.m. Spéc., (flore). (Focus congensis
Engl.) Grand arbre des galeries forestières du nord ivoirien. Aubreville, 1959,
I : 90.
donner, v.tr.
1- donner cadeau, loc.verb. V.
CADEAU*.
2- donner chaîne, donner la
chaîne, loc.verb. Vx. V.
CHAINE*. Remonter une montre ou un réveil., tendre à nouveau le ressort
d'une montre. C'est montre woyo-woyo*,
pourtant je lui ai donné chaîne hier. Zazou , n°8. Ma montre s'est arrêtée. j'oublie toujours
de donner chaîne. (Retraité, Bouaké, 1975.),
3- donner [x F] de poche, loc.verb.
Dispon. mésolecte, basilecte. Donner comme argent de poche. Le dimanche, il me donnait 100 f de poche
que je partageais avec mes amis pour
acheter de la nourriture. Deniel, 1991 : 91.
4- donner [le] dos, loc.verb. V. DOS*. [.] il a commencé sa prière par une course en marche
arrière. C'est-à-dire il donne le dos en courant. Ivoir'Soir,
25/26/57.07.1997. Qu'est ce qu'elle a à
donner dos comme ça ? (Secrétaire, Abidjan, 2000).
5- donner la bouche, loc.verb. V.
BOUCHE*.
6- donner la chicotte, loc.verb. V.
CHICOTTE*.
7- donner la cola, donner le prix de la cola, loc.verb. Fréq., (calque de l. loc.), oral, écrit. V. COLA*. Faire une
tentative de corruption, donner de l'argent à un administratif pour obtenir
gain de cause.(en mauvaise part), en bonne part : donner un pourboire. Il me fallait à tout prix une licence. Et
j'ai pensé qu'en donnant le prix de la cola au fonctionnaire, il allait me
satisfaire. FM., 17.03.1982.
8- donner la pompe, loc.verb., V.
POMPE*.
9- donner la route, donner le chemin, loc.verb. Usuel, (calque des l. loc.), oral, écrit, tous milieux. V.
DEMANDER* LA ROUTE. Donner à un invité l'autorisation de prendre congé.
donner l'autorisation de quitter un lieu. Il
se fait tard. [.] Alors il est temps de demander la route* pour rentrer [.] Car
la route ne se donne pas comme ça à celui qui pourrait croire qu'il n'y a qu'à
se lever pour prendre congé après une plus ou moins longue visite. David,
1986 : 127. Le chef* me dit qu'il ne veut
pas me donner le chemin avant que la lune* ait quinze jours. Bailly, 9 sept. 1894, in Niamkey-Kodjo, 1991 : 123. Veuillez me donner la route; c'est comme ça qu'on dit
au revoir en Afrique non ? Krol, 1994 : 22.
SYN.: accorder* la route, accorder le chemin (vx.).
10- donner l'au revoir, loc.verb. Dispon., mésolecte. Se dire au revoir. Nous nous étions séparés à Niangbo sans nous
donner l'au revoir. Kourouma, 2000: 137.
11- donner le fétiche, loc.verb. V.
FETICHE*
12- donner le prix de la cola, loc.verb., V. COLA*
13- donner les nouvelles, loc.verb. Usuel, (calque des
l. loc.), oral, écrit, tous milieux. V. DEMANDER* LES NOUVELLES.
Après les salutations d'arrivée rituelles, donner des informations plus ou
moins précises sur le lieu d'où l'on vient, les gens qui y vivent. Notre étranger* nous a donné les nouvelles.
(3ème, Bingerville, 1978). C'est mon
oncle qui doit vous donner les nouvelles et non pas moi. Du Prey, 1979 :
83. Assieds-toi là et maintenant
donne-nous les nouvelles. (Enseignant, Yamoussoukro, 1980)
14- donner la tête, loc.verb.
Assez fréq. oral, mésolecte., donner de la tête. Le père de famille ne sait plus où donner la tête. Union,
16.02.1994.
15- donner la main, loc.verb.
Vx, oral, fam. Aider, donner un coup de main, soutenir qqun dans un
projet ou une entreprise. Les hommes de
Kong lui donnent la main. Bailly, 12
fév. 1895 in Niamkey-Kodjo, 1991 : 48.
16- donner le ventre, loc.verb. Fréq., oral, fam., mésolecte, péj . En parlant d'une
jeune fille : attribuer la paternité. Elle
ne me donnera pas ce ventre! Elle a d'autres copains à aller trouver ! (Etudiant,
Abidjan, 1983). Quand elles tombent en
grossesse, elles donnent le ventre à celui qui est le mieux placé.
Bonnassieux, 1987 : 178.
17- donner pardon, loc.verb.,
Assez fréq., oral, fam. mésolecte,
basilecte. V. PARDON*. Pardonner, excuser. Nous tenons à garder l'anonymat, donne-nous pardon mais tu peux être
sûr que nous ne voulons rien d'autre que votre bien. (sic) Krol, 1994 :
121. En attendant que mes parents
présentent des excuses à son père pour qu'il donne pardon et m'autorise à
l'épouser.[.]. Ibid : 134.
donso, n.m. V. DOZO*.
donsomana, [dTsomana], n.m.,adj. Spéc. (tradition), (mandenkan "geste des
chasseurs"), nord. Sorte de chanson de geste purificatoire qui fait le
récit de la vie d'un maître chasseur et est chantée par un griot musicien
accompagné d'un répondeur* jouant le rôle de bouffon. Le donsomana, le genre littéraire donsomana exige qu'on parle du héros
dès l'instant où son germe a été placé dans le sein de sa maman*. Kourouma,
1998 : 21.
dopé, n.m. Spéc.,
(tradition). Rythme traditionnel ivoirien repris par la danse et la
chanson moderne. Et alors que la radio,
la télévision, et "Ivoire dimanche," passent en revue les rois du
Gbégbé*, de l'Aloukou*, du Goli*, du Yatchana*, du Sobré gaz, du Dopé.[.].
Konaté, 1987 : 102.
dorade, n.f. V.
DAURADE*
dorade grise, n.f. V. CARPE*
BRUNE, VIEILLE*.
dorgoet, n.m. V.
POMMIER*-CANNELLE DE BROUSSE.
dormir, v.intr. Fréq. oral, fam., mésolecte, basilecte.
1- . Habiter. Ici, à Abidjan, je dors chez mon frère. (Lycéenne,
Abidjan, 1984). Il dort à Abobo Gare. (Chauffeur,
Abidjan, 1986). [.] parce que si
je quitte la Côte d'Ivoire pour aller dormir avec mon père et ma mère, c'est la
honte ! Deniel, 1991 : 118.
2- Se coucher, aller dormir. Je suis trop* fatiguée! Ce soir,
je dormirai à vingt heures pour me
reposer. (Secrétaire, Abidjan, 1984). A
quelle heure as-tu dormi ? (Infirmière, Abidjan, 1982).
doroké, n.m. V.
DÉRÉKÉ*, DRÉKÉBA*.
doromé, n.m.
V.-DROME*. En tout il
y eut huit mille deux cent cinquante-trois nouveaux inscrits au parti et Béma
déboursa les huit mille deux cent cinquante-trois doromé que les adhérents
auraient dû verser. Kourouma, 1990 : 266.
dos, n.m. Entre dans
quelques locutions spécifiques.
1- dos (au ---- ), loc.adv.
Usuel, oral, écrit, tous milieux. Se dit d'un enfant
transporté sur le dos de sa mère, selon la coutume. K. A. porte un beau bébé de trois mois au dos. FM.,
06.01.1981. Qui avec un sac accroché à
l'épaule, qui avec un baluchon à la main ou sous le bras, qui avec un bébé au
dos ! FM., 28.01.1983.
2- dos (dans ton [mon, son etc.] ---- ), loc.prépos. Argot zouglou, oral, fam. A ta [ma, sa, etc.]
charge, à tes [mes, ses, etc.] crochets. Yodé
qu'est ce qu'on fait, je moyen* côcô* dans ton dos ce soir non ? (Corpus
zouglou T., 1994).
3- dos (être au ----), loc.verb.
Usuel, oral, écrit, tous milieux. En parlant d'un bébé, être
transporté sur le dos de sa mère ou de sa soeur selon la coutume. Le bébé est au dos une bonne partie de la
journée. Quand la mère ne peut pas, c'est la grande soeur qui le porte. (Informatrice,
Bondoukou, 1980).
4- dos, (être au ----, être sur le ---- [de sa mère], loc.verb. Fréq., oral, écrit, tous milieux. Par
extension du précédent (V. DOS 3), être en bas âge. J'étais au dos de ma mère quand mon père est mort. (Etudiant,
Abidjan, 1981). Quand nous avons quitté*,
mon frère était encore sur le dos. (Comptable, Bouaké, 1983).
5- dos, (faire ---- à ), loc.verb. Fréq., oral, écrit, mésolecte. Tourner le dos, être
contraire (au propre comme au figuré). La
chance faisait vraiment dos à l'Essor. FM., 31.01.1972. La chance m'a fait dos : j'ai eu la seule
question que je ne connaissais pas bien. (Etudiant, Abidjan, 1984).
6- dos, (donner ---- , tourner ---- ), loc.verb. Fréq., oral, écrit, fam.,
mésolecte, basilecte. Tourner le dos à (qqn.), quitter (qqn.), tourner les
talons pour s'éloigner (de qqn.). Pourquoi
tu me tournes dos ? Tu es fâchée ? (Infirmière, Abidjan, 1978). Mais alors qu'il calmait son employé, D. à
qui il donnait dos à cet instant précis, essaya de planter son poignard dans
l'abdomen de l'autre. FM., 28.12.1982. On s'est regardé, on a pleuré mais on ne s'est rien dit, il m'a donné
dos et je lui ai donné dos. Deniel, 1985 : 98. L'opposition [.] lui a définitivement tourné dos. FM.,
27.04.1993.
7- dos, (bouffer sur le ---- de qqun, dîner sur le ---- de qqun), loc.verb. Argot urbain, oral, fam., jeunes, péj. Vivre en
parasite aux dépens de qqun, vivre aux crochets de qqun. Ainsi banquiers et margouillats dinent sur le dos* des travailleurs en
peine. Téré Express, 19.01.1993. Lui
il est là, il bouffe sur ton dos, il veut pas quitter*. (Informateur,
Abidjan, 1995).
SYN.: côcô*.
8- dos, (faire le gros ---- ), loc.verb. Fréq., oral, écrit, mésolecte, péj. Se montrer suffisant
(en prenant des attitudes avantageuses), prendre de grands airs, se gonfler
d'importance. Y a pas de quoi faire le
gros dos, imbécile !! (Etudiant,
Abidjan, 1982). Quand on n'a pas cinq
francs pour payer son pot, il faut savoir contrôler sa bouche*, ne pas faire le
gros dos. Bonnassieux, 1985 : 189. Les
gens font le gros dos et montrent leur bedaine. Tierno Monenembo, 1993 :
115.
SYN.: faire le boucan*.
dosé, (être ---- ), loc.verb. Argot zouglou, oral, fam. En parlant de
consommateur de boissons alcoolisées ou de drogues, avoir son compte. Elle a bu dégué* / elle a versé-o / il a bu
coco/ il est dosé-o. (Corpus zouglou, T., 1994).
dot, n.f.
Usuel, (tradition), oral, écrit, tous milieux, parfois péj.
Compensation versée, selon la coutume, par le futur époux ou sa famille, à la
famille de la fiancée. Depuis le 1er
janvier 1965, on n'a pas le droit de donner l'argent en dot. C'est un délit,
c'est-à-dire une infraction punie de six mois à deux ans d'emprisonnement et du
paiement comme amende du double de la somme offerte en dot. FM.,
22.12.1979. La dot qui consistait dans le
versement au profit de la personne ayant autorité sur la future épouse par le
futur époux ou la personne ayant autorité sur lui, d'avantages matériels
conditionnant la réalisation du mariage traditionnel
[.]. FM., 24.01.1980. Pour le
rival K. B., il reconnaît n'être pas un époux légitime de M. puisqu'il n'a
versé aucune dot. FM., 09/10.01.1982. La dot tragique : elle se tue pour éviter le mariage forcé*. FM.,
09.07.1982. Alors ils sont allés chez les
parents de la fille pour savoir quelle dot verser. Deniel, 1991 : 29.
ENCYCL.: il pouvait s'agir d'argent, de têtes de bétail, de
prestation en heures de travail. mais le versement d'argent a été interdit par
la loi.
DÉR.: doter*.
SYN.: compensation matrimoniale, prix* de la fiancée.
doter, v.tr. Usuel, oral,
écrit, tous milieux. Donner une dot*, verser la dot* à. Avait-elle aimé Boka qui avait eu des moyens
de doter plusieurs femmes pour remplir la concession*"[.]?
Du Prey, 1979 : 36. Il n'y a
pas un homme assez riche pour me doter, dit la cousine en riant. Ibid.
: 181. Il s'apprête à quitter S. pour
aller chercher ailleurs de quoi doter sa future épouse. FM., 21.
04.1981. Vieux Kanigbê vient de te doter.
Tu es désormais sa femme. (BD) Ivoir'Soir, 25.11.1997.
doublant, n.m. Fréq.,
oral, écrit, tous milieux. Elève qui redouble une classe, redoublant. Dans une classe de 1ère D d'un de nos
lycées, il y a 64 élèves avec 40 doublants. FM., 22.10.1982, (lettre
de lecteur). Je suis un doublant, pas un
cabri mort*. (Lycéen, Bingerville, 1979). Martine et Claudine sont doublantes comme plus d'un lycéen sur deux en
terminale. Krol, 1994 : 77.
double, n.f. Argot
estudiantin, oral, fam. Chambre double (en Cité universitaire). Julienne, Emma et Joelle, toutes trois
redoublantes de première année de médecine
ou de sciences de la nature, se partagent une double à 6 000. Jeune
Afrique, 23-19.03.1995.
double vacation, n.f. Spéc.,
(administration), assez fréq. Technique consistant à faire alterner deux
classes différentes dans une même salle de cours pour pallier l'insuffisance de
locaux. [.] les enfants de San Pedro [.]
reçoivent leur éducation dans un cadre adéquat, loin de la double vacation et
des classes-boutiques*. Ivoir'Soir, 13.01.1998. Dans cet établissement avec des salles spécialisées dénudées, des
tables insuffisantes et où les cours sont dispensés selon le principe de la
double vacation [.] . Ivoir'Soir, 14.05.1998.
doubler, v.
1- v.tr. ou
int. Fréq., oral, écrit,
tous milieux, péj. Redoubler une classe. L'an dernier par exemple des milliers d'élèves ont doublé leur classe
avec plus de 11,50 de moyenne annuelle. FM., 05.02.1982. Ceux qui ont été admis à doubler
n'atteignent pas 10. FM., 22.10.1982. Pendant toute ma scolarité au cycle primaire, je n'ai jamais eu à
doubler une classe. ID., 14.11.1982. Est -ce à dire qu'elle a doublé des classes et que vous avez forcé um
peu son passage en classe supérieure ? ID. 05.02.1989. Elle a refusé [: ses faveurs], il lui a fait tomber sa moyenne, elle
double sa classe. Krol, 1994 : 69.
DÉR.: doublant*.
2- v.tr.ind. Fréq.,
oral, écrit, mésolecte. Redoubler de. Avec
ta fille, il te faudra doubler de patience. (Médecin, Abidjan, 1982). Je vous promets de doubler de courage pour
réussir mon examen. (Etudiant, 1983).
3- v.tr.dir. Fréq.,
argot urbain, jeunes, péj. Rouler, posséder. Quoi ?? Mais...mais.. ce sont les gars que nous avons doublés...
(BD) Ivoir'Soir, 29.12.1997. Tu
crois que tu vas me doubler ?Je connais le prix! (Lycéenne, Abidjan, 1998).
DER.: doubling*.
doubling, n.m. Argot
urbain, oral, fam, jeunes, péj.
Excuse mensongère visant à couvrir une action non autorisée. Elle dit elle vient chez moi En fait elle passe la nuit ailleurs. Donc
c'est un doubling. (Corpus maquis abidjanais, 1995). Il me faut un doubling pour samedi nuit* Je viendrai chez toi pour
réviser hein? (Lycéenne, Abidjan, 1995).
douche, n.f.
1- Fréq.,
(tradition), oral, mésolecte, basilecte. Eau
destinée à la toilette, qu'il s'agisse d'une douche, d'un bain ou d'ablutions
dans un lavabo ou d'une cuvette d'eau. Apporte
moi ma douche ! (Chauffeur à son apprenti, Gagnoa, 1978). Les femmes auraient à peine soufflé qu'il
leur faudrait aller puiser de l'eau, faire chauffer la douche du mari. Du
Prey, 1979 : 41. Quand on lui donna de
l'eau chaude pour sa douche dans la paillotte réservée à cet usage, elle fit
encore une mine dégoûtée. R.Yaou, 1999 : 73.
2- Usuel,
oral, écrit, tous milieux. Pièce où
est aménagé le nécessaire pour se laver, qu'il y ait un appareil de douche ou
non. Au même moment, son épouse qui
sortait de la douche, lui faisait observer que, s'il n'avait plus d'appétit, il
se devait de quitter la table. FM., 31.12.1979. Le drame est intervenu au cours d'une rixe qui a opposé les deux
rivales dans leur douche. FM., 15.03.1984. Je vais te mettre de l'eau à la douche, proposa Bèkè à son fils.
R.Yaou, 1999 : 21.
SYN.:
douchière*.
doucher, (se ----), v. pron.
1- Assez
fréq., oral, écrit, mésolecte, basilecte. Se laver. Comme il n'y avait plus d'eau au campement,
on est allé se doucher au fleuve. (Enseignant, Abidjan, 1978). Attends un peu, je douche le bébé. (Mère
de famille, Abidjan, 1982).
LOC.: se doucher à la calebasse.
2- se doucher à la calebasse, loc.verb. Vx, oral, fam. plaisant pour les intellectuels. En
l'absence d'appareil de douche, se laver dans une cuvette d'eau en s'aspergeant
à l'aide d'un récipient, souvent une calebasse*. Les auberges* villageoises, moi, je suis d'accord maintenant puisqu'on
n'est plus obligé de se doucher à la calebasse! (Médecin, Abidjan, 1983).
ENCYCL.: mode de
lavage, très fréquent, partout où n'existe pas l'eau courante et le confort
moderne.
douchière, n.f.
Fréq., oral, écrit, fam., mésolecte. Local où se trouve installé un
appareillage permettant de se laver. Nom de cet appareillage. L'itinéraire du gouverneur n'aboutit pas aux
douchières crasseuses. Dadié,
1956 : 16. On distingue [: dans une
concession* du pays sénoufo] des locaux
annexes (abri pour petit bétail, douchière, case* à fétiche) ainsi que de
nombreux greniers*, hauts et cylindriques. Oberlé (sous une photographie,
1983 : 63). On a volé ses bijoux dans sa chambre pendant
qu'elle était à la douchière. (Secrétaire, Blokosso, 1983).
ENCYCL.: il peut s'agir d'appareil à douche rudimentaire (seau
rempli d'eau et dont le fond peut servir d'arrosoir quand on tire sur une
chaînette), du coin douche de la salle de bain : bac et appareil à douche
isolés par un rideau, d'une pièce dotée d'une douche rudimentaire ou dans
laquelle on s'installe pour se laver, par extension, d'un cabinet de toilette
avec douche mais sans baignoire. Dans l'habitation traditionnelle de village,
la douchière se trouve à l'extérieur de l'habitation principale et ne comporte
qu'une cuvette. Par contre, l'endroit sert également d'urinoir. Voilà ta douchière : tu remplis le seau
d'eau, tu le hisses, et quand tu veux te laver, tu te mets dessous et tu tires
sur cette chaîne. (Planteur, environs de Man, 1979).
SYN.: baignoire*.
douflè, louflè, [duflD] /
[luflD], adv. Dispon., (du baoulé, "prendre qqun pour
un imbécile" ), oral, fam., basilecte, péj. A bas prix, à bon marché.
(Ce bas prix évoque un marché de dupe, une opération apparemment trop
avantageuse pour ne pas cacher qqchose de louche). Ta montre là, c'est montre sous manguier*, tu l'as eue douflè ?? (:
Ta montre est une contrefaçon, tu l'as achetée à bas prix?, Chauffeur, Abidjan,
1983). Toutes ces choses louflè, c'est
volé en douane, paraît-il ! (Informateur, Abidjan, 1984).
-dougou, parfois -bougou, suffixe nom. Fréq. (du mandenkan
"village"), nord. V. -KRO*. Suffixe usuel entrant dans les
toponymes. Village, quartier. Ferkéssédougou, par exemple. Ils vivent au Dioulabougou, à côté de la mosquée. (Informateur,
Man, 1982)
SYN.: -kro*.
COMP.: dougoutigui*.
dougoutigui, [dugutigi], n.m. Pas très fréq., sauf textes hist., ou trad., (du
mandenkan "village-chef"),
nord., mélior. Chef de village. Ali
Mori lui a dit que l'on voulait en donner une [: une cantine] au dougoutigui Bailly, Lettre du 22 juillet 1894 in Niamkey-Kodjo, 1991.
douka, n.m. V. MAKORE*. Le
nom pilote de makoré couvre les deux espèces de tieghemelia mais le nom de
douka* se rapporte aux origines gabonaises, congolaises et camerounaises. CTFT,
1989 : 397.
doundoun, doun-doun, [dundun], n.m. Assez fréq. (tradition), (du mandenkan "tambour"), oral, écrit, nord. Tam-tam*
formé d'une caisse de résonance cylindrique sur laquelle on tend deux peaux
retenues par des cordes. Le wassakara*,
exécuté par de grands batteurs de tam-tams* et de doundoun soutenu par des
danseuses avec une chorégraphie africaine authentique. FM.,
12.02.1982. Constitué de talentueux
spécialistes d'instruments africains (balafon*, cora*, doundoun, tambour*) ce
groupe propose un concert inspiré des grandes veillées mandingues. FM.,
21.04.1982. Une centaine de tams-tams
sont exposés à l'intérieur et à l'extérieur de l'atelier. Il y en a de toutes
sortes (des tounbalet*, des djembé*, des doun-doun*, des attoungblan*) et de
toutes tailles . Ivoir'Soir, 28.08.1997.
doule, dol, n.m. Argot
nouchi, (oral, fam. Diluant utilisé pour la prise de drogue. Bra mogo,* tu as doule? (: Tu as du
diluant, mon pote?, Informateur, Abidjan, 1990).
doussié, [dusje], n.m. Spéc., (flore). (Afzelia bella Harms). Grand arbre de la fam. des
Caesalpiniacées à contreforts assez importants. Bois de cet arbre devenant brun
rouge à la lumière, dur et lourd, résistant aux insectes et aux champignons.
Peut être confondu avec le lingué*
COM.: doussié nom pilote
de ce bois CTFT, 1989 : 381.
doux, adj. Usuel, oral,
écrit, tous milieux, mélior.
1- Agréable, délicieux. En parlant de nourriture : bon sans que
cela implique l'idée de sucré. Comme
c'est doux ! Je t'assure, Iguane*, que dans ce pays il y a de véritables
cuisinières. Dadié, 1955, : 78. Mais
beaucoup savent que si la sauce* est douce, les travailleurs reviennent.
Bonnassieux, 1985 : 135, Lecture même
c'est trop doux !" (Légende
d'un dessin), Mel Gnanba, "Etat des langues" in Littérature de
Côte-d'Ivoire, Notre librairie, 1987 : 17. Ah mes amis, c'est trop* doux les chats, nous on les mange. Ivoir'Soir,
03.12.1997. Le placali* à 4 heures, c'est
doux ! Ivoir'Soir, 08.06.1998.
2- Plus rare, Par
extension, agréable au toucher, beau à regarder. Mon vié*, télévision la, c'est doux hein ? FM.(BD) :
20/21.12.1980. Ballon qui est doux comme
ça là ! Ivoir'Soir, 13.01.1998.
doyen, n.m. Usuel, oral,
écrit, tous milieux, mélior. Personne à qui l'on doit le respect en raison
de son âge ou de son expérience. Utilisé aussi comme formule d'adresse
respectueuse, par exemple, pour désigner le Président Houphouët. Et toi, Doyen, penses-tu qu'il faut en
parler au Proviseur? (Professeurs
de Lycée, Bouaké, 1980). Tout enfant
apprend à redouter comme sacrilège de ne pas obéir à ses grands doyens.
Conte 1981 : 90. Lorsque le litige ne se
règle pas dans la famille, le doyen du groupe concerné doit s'efforcer de
trouver une solution. Bonnassieux, 1985 : 36. Venus des quatre coins du pays, des pétitionnaires* [.] attendent à la
résidence privée du chef de l'Etat, une hypothétique entrevue avec le Doyen
[.]. Gombeaut /Moutout /Smith, 1990 : 37. D.C., doyen de la famille G., Mme S. C.T., doyenne de la famille G.
(Faire-part de décès), FM., 29.11.1990. Ensuite, le patron a fait un petit discours ainsi que le doyen qui lui
avait appris le métier. Deniel, 1991 : 80. Surtout ne le dites à personne. Le doyen Amédée Pierre va s'acheter un
cellulaire*. [.] Doyen, il faut te mettre en guei* (réception simple) sinon les
côcôs* vont vouloir t'appeler sur ton cellulaire. Ivoir'Soir,
22/23/24. 05.1998.
dozo, donso, [dozo] / [donso] n.m. Fréq., (tradition), (mandenkan "chasseur" et mandenkan
pop. "gaillard baraqué"), oral surtout. Membre d'une confrérie de
chasseurs du nord ivoirien utilisée par les populations comme milice
d'auto-défense pour assurer la sécurité contre les malfaiteurs. Quelques instants plus tard, les démocrates
ont pu apprécier le défilé des militants du FPI du Grand Nord* [.] et celui des
dozos.[.]. Ces chasseurs au pays sénoufo sont réputés pour leur bravoure. Nouveaux
horizons n° 138. Mais l'évolution la
plus inquiétante ,aux yeux de la police nationale et de la gendarmerie, c'est
le recours aux "dozos", une confrérie de chasseurs traditionnels
venus du nord de la Côte d'Ivoire et qui, de plus en plus, entendent se
substituer à la police [.]. Payés par la population pour pallier les carences
d'une police paralysée par le manque de moyens financiers, les
"dozos" jouissent d'une réputation de bravoure et d'efficacité. On
leur prête en effet des pouvoirs magiques qui leur donneraient la faculté de
neutraliser les protections occultes dont s'entourent les malfaiteurs. Jeune
Afrique, 11/17.09.1996.21. [.] le
gardien s'est échappé pour aller alerter les dozo qui patrouillaient non loin
de là. Ivoir'Soir, 08.10.1997. Abobo-Anador
: Les dozo l'emportent sur les bandits. (titre d'article) Ivoir'Soir,
07/08/09.11.1997. Je constate simplement
comme tout le monde qu'il y a une catégorie de personnes que l'on appelle
communément les dozo qui pensent qu'elles peuvent proposer leurs services à la
population dans le cadre de la surveillance des biens et des personnes. En ce
qui nous concerne au niveau du Parquet, nous considérons cette catégorie de
personnes comme des surveillants au même titre que les autres. Nous ne les
considérons pas comme un corps constitué, ni comme un syndicat ni comme une corporation
à laquelle il faut reconnaître certains droits. Ivoir'Soir.
10.02.1998. Peu avant d'arriver à
l'établissement [: une école] un dozo l' [: une panthère] a tuée. Ivoir'Soir, 10.03.1998. Au cimetière, les dozo qui assurent le
maintien de l'ordre repoussent la foule. Ivoir'Soir, 09.02.1998.
COM.: au pluriel,
le mot reste parfois invariable. Je
voulais brader les armes à Daloa à des dozo. Ivoir'Soir, 23.12.1997.
dracunculose, draconculose , n.f. Spéc., (santé). V.
VER DE GUINÉE*. Parasitose endémique provoquée par le Dracunculus
medinensis ou filaire de Médine* ou dragonneau*, V. CYCLOPS*. La dracunculose est l'ensemble des
manifestations créées par la présence des vers sous la peau [.]. Tout en étant
bénigne du point de vue vital, la dracunculose conduit fréquemment à des
hospitalisations prolongées en raison de la fréquence des complications
infectieuses, des arthrites. Marché-Maechad, 1965 : 92. Quelques millions de personnes- toutes
pauvres et vivant en zones rurales- sont victimes de draconculose, une
infection transmise par le ver de Guinée*. FM., 01.03.1982. Il ressort que dans l'ensemble, les
différents fléaux : tuberculose, lèpre, fièvre jaune*, draconculose, ver* de
Guinée, trypanosomiase*, onchocercose*, bilharziose*, sont en recul sur l'ensemble
du territoire. FM.: 26.10.1983. Mazer Sankalé, 1988 : 275. Gentilini,
1989 : 67-71. Malgré les progrès
enregistrés dans la lutte contre la dracunculose [.] les efforts doivent être
poursuivis. FM., 26/27.04.1997. Eradication
ver* de Guinée (Dracunculose): 99% sensibilisation, 1% médical. (titre
d'article) Ivoir'Soir, 02.03.04.051997.
ENCYCL.: cette filaire est transmise à l'homme par ingestion
avec l'eau de boisson d'un petit crustacé , le cyclops*, hébergeant les
microfilaires.
COM.: draconculose tend à devenir la graphie courante.
DER.:
dracunculien*.
SYN.: (part.) ver de Guinée*.
dracunculien, draconculien, n.m. Spéc., (santé). Personne atteinte de dracunculose*. [.] l'eau de certains villages indemnes de
dracunculose a été considérée comme préventive [.] ce qui a, en 1983, entraîné
l'afflux de nombreux dracunculiens lesquels ont contaminé les mares du village.
Gentilini /Viens, 1989 : 61.
dragonneau, n.m. V.
VER* DE GUINÉE.
dragonnier, n.m. Spéc.,
(flore). Nom donné à deux espèces d'arbres de la fam. des Agavacées :
(Dracaena mannii Baker) ou viviro* (de l'abé) et (Dracaena arborea
Link.) ou apa* (de l'attié). Les
dragonniers sont très décoratifs par
leurs branches hérissées de feuilles effilées. Aubreville, 1959, III : 320,
Adjanohoun /Aké Assi, 1979 : 8.
dramaniste, n.m. f.,
adj. Spéc., (politique). Partisan d'Allassane Dramane Ouattara (surnommé ADO
par références à ses initiales). Il est
certain que [.] suite à la querelle que se livrent les Dramanistes et les
Bédéistes [.]. La Voie, 07.01.1993.
drap, n.m. Fréq., (de l'expression "être dans de
beaux draps"), argot urbain, fam. mais pas vulg., péj."
1- Catastrophe, problème grave, difficulté majeure,
"tuile". J'ai emprunté cette
expression au langage des enfants du ghetto. Togo* signifie 100 frs. Drap de Togo exprime toutes les difficultés
occasionnées par une pièce de 100F. ID., 30.04.1989. Si jamais vous tombez malade, que vous
arrivez dans un de nos centres hospitaliers universitaires et que le médecin
traitant se trouve être votre rival [.] - "C'est un drap !’’ ID.,
16.04.1989. Si elle apprend que je ne
sais pas nager, ce sera un drap ! ID., 02/03.08.1990. Kakou Ananzé*/ [.]/ tu es petit petit
crapaud / tu veux devenir gros / gros comme un buffle et voilà les draps /.
(Chanson "Ananzé". Groupe Les potes de la rue, corpus T., 1994). Je ne ferai pas de commentaire sur ce drap
présidentiel. Ivoir'soir, 16.10.1997. Officier en drap ! (Titre d'article Ivoir'Soir, 22.02.1998.
LOC.: être en drap, être le drap de qqun, il y a drap, ne pas
casser le drap.
COMP.: drapman*
SYN.: (part.)
drapper*.
2- drap !, interj.
Exprime le dépit, la colère, la déception. Catastrophe !, zut !, "merde"!! "Voilà l'homme qui me poursuit toujours là*!"-"Drap !!"
ID., 18.3.1989. Drap ! C'est
vraiment le cas de le dire ! Ivoir'Soir, 16.10.1997. Drap ! J'ai tout perdu! Ivoir'Soir,
27.11.1997.
3- drap, (être en ----), loc.verb. Avoir de
gros problèmes, être dans de beaux draps. Zézé,
bandécon*, écoute moi, je suis en drap. ID., 16.04.1989. Pour faire croire à qui veut les croire
qu'ils sont en drap. FM., 15.02.1993. Il est en draps : il a des problèmes, il est dans de beaux draps.
Première leçon de français de Moussa*. Jeune Afrique, 24/30.07.1996 : 95. Clinton
en drap! (titre) Ivoir'Soir, 27.01.1998.
4- drap, (être le ---- de qqn.), loc.verb. Regarder qqn, être l'affaire de qqn., être au courant,
être informé. D'abord, qui c'est ma
daille, c'est pas ton drap ! (Lycéen, Bingerville, 1979). Après tout, les footballeurs, le ballon
c'est leur drap non? (Etudiant, Abidjan, 1982). Go* ziguehi, tu peux effrayer qui ici ? On a vu pire ailleurs !!
Même les potes* de la rue, sont en drap* de nous. Espèce de fériman*, lance
l'un des "parents*". Ivoir'Soir, 23.04.1998.
ENCYCL.: plus fréquent sous la forme négative, ce n'est pas ton
drap= ce n'est pas ton problème.
5- drap, (il y a ----), (y a ----),
loc.verb.. Il y a des
histoires, il y a scandale. Hé ! les
copines, arrêtons de nous battre, on dirait que y a drap ! Regardez !! (BD)
Ivoir'Soir, 29.12.1997. Il
"aimait" les enfants. Il y a eu drap. Ivoir'Soir,
16.03.1998.
6- drap, (ne pas casser le ---- ), loc.verb., Ne pas faire l'imbécile, ne pas se montrer violent,
inconsidéré, impulsif. Asseyez vous! [.]
Ne soyez pas des rastas fous*. Ne cassez pas le drap. Restez cool ! Konaté, 1987 : 80.
drapman, n.m. Argot nouchi, (hybride français + anglais) ,
oral, fam. péj. Homme à problèmes, faiseur d'embouilles. Fuis-le, c'est un drapman !
(Corpus nouchi, 1994).
drapper, v.tr.
Argot nouchi, oral, péj.. Faire perdre la face à quelqu'un. Son stéki* l'a drappé. C'était une saga*"
(: Sa petite amie lui a fait perdre la face. C'était une lesbienne,
Informateur, Abidjan, 1990).
drékéba, dérékéba, déréké, dréké, doroké, [drekeba] / [derekeba] /
[dereke] / [dreke] / [doroke], /n.m. Fréq.,
(du mandenkan "boubou-grand") , plus rare sous la forme 'doroké', vx. Sorte de
grande tunique très ample, descendant jusqu'aux pieds, portée par les hommes. Les hommes sont uniformément vêtus d'un
grand doroké blanc en cotonnade du pays. Moins ample que celui des noirs musulmans,
ce vêtement a beaucoup plus d'analogie avec la gandourah arabe. Binger,
1892 : 124. Elle aime son couturier*, un
Sénégalais élégant [.] toujours dans des drékébas impeccables. Kourouma,
1990 : 154.
COM.: il existe une version féminine de cette tunique. V. GRAND BOUBOU*.
SYN.: boubou*.
drépane africain, n.m. V. SAINT*
PIERRE RAYÉ.
drépanocytaire, n.m.ou f.
Spéc. (santé). Personne atteinte de drépanocytose*. Il s'agit d'un analyseur qui permet de
mesurer [.] la perturbation chez les drépanocytaires. FM.,
13.01.1993.
drépanocytose, n.f. Spéc.,
(santé). Maladie congénitale à hématie falciforme provoquant une anémie dûe
à la présence d'une hémoglobine anormale dans le globule rouge. Mazer /Sankalé,
1988 : 274-277. La prévalence de la
drépanocytose en Côte d'Ivoire est d'environ 12%.. FM., 13.01.1993.
DER.: drépanocytaire*.
dribbler, v.tr. Dispon.
oral, fam. péj. Par allusion à la feinte du joueur de football, rouler,
duper. Ils [: les pisteurs*] se définissent comme les maîtres de
l'intrigue: "On dribble l'acheteur et on dribble le paysan",
disent-ils avec humour. Ivoir'Soir, 17.09.1997. Il arrive pourtant que nous sachions que la mort nous guette, dans ces
cas-là, nous avons la possibilité de la "dribbler" et nous devons le
faire. R.Yaou, 1999 : 243.
drill, n.m.,Usuel, (de
l'anglais "coutil, treillis"), oral, écrit, tous milieux. Tissu
très résistant qui sert à confectionner des uniformes. Nous travaillons avec du bogolan*, du drill (tissu ivoirien) et
d'autres tissus venant de Londres. Stop Visages, 30.03/05.04.1995.
drogue, n.f. Fréq. oral,
écrit, mésolecte, mélior. Remède traditionnel composé à partir de plantes
médicinales et préparé par un guérisseur. Je
suis allée voir un tradi-praticien* qui m'a donné des drogues qui m'ont guérie.
(Institutrice, Katiola 1977).
COM.: n'a presque jamais le sens péj. de 'remède inefficace'.
Mais usité pour désigner les stupéfiants.
DÉR.: droguiste*
drogueur, n.m. Fréq.
surtout peu ou non scolarisés. très péj. Personne qui consomme des
stupéfiants. C'est un drogueur qui était
étudiant à la Faculté de Droit, avant. (Etudiante, Abidjan, 1980). L'Ivoirien moyen dira 'drogueur' plutôt que
'drogué' [.] 'drogueur ' insiste sur l'action coupable, la responsabilité de
celui qui se met dans cette situation. Konaté, 1987 : 74.
droguiste, n.m. Fréq.,
(tradition), oral, basilecte, mélior. Guérisseur traditionnel préparant
pour les vendre des remèdes à base de plantes. Il court chez tous les droguistes pour ses accélérateurs*!! (Chauffeur, Abidjan, 1978). Tu connais un droguiste qui soigne les
dartres*? (Commis, Adzopé, 1982). Voyez
Treichville - ses gardiens mossis, ses étalagistes peuls, ses droguistes
mandingues [.] Tierno Monenembo, 1993 : 85.
SYN.:
charlatan*, guérisseur, médecin* africain, tradipraticien*.
COM.: le sens de 'droguiste' : commerçant vendant des produits
d'hygiène, de toilette ou d'entretien est uniquement utilisé en milieu urbain
lettré.
-drome, [drCm], suffixe nominal, Fréq., (altération mandenkan du mot <drachme> donnant [dCrCmD]"pièce
de cinq francs") . V. DARAMA*, DOROMÉ* . Pièce de cinq francs.
La forme 'doromé' est rare, litt. ou hist. Bémo
déboursa les 8255 doromé que les adhérents auraient dû verser. Kourouma,
1990 : 255. Cette monnaie était très
appréciée à Kong. On l'appelait le darama (déformation de drachme qui valait
2,833 gr. Lettre de G. Bailly, vendredi 31 avril 1894, in Niamkey-Kodjo,
1991.
COM.: en
français local, la forme -drome est suffixée à un certain nombre de noms de
produits vendus sur le marché pour désigner le lieu spécifique où sont
rassemblés les vendeurs de ces produits. S'agit-il du suffixe mandenkan ou au
contraire du suffixe grec comme dans "aérodrome"? V. ALLOCODROME*, ATTIEKEDROME*, BANGUIDROME*.
BANDJIDROME*, DEGUEDROME*, KPÉMADROME* TCHAPALODROME*. Il s'agit en fait de créations populaires passées dans
l'usage courant, ce qui fait penser plutôt à l'hybridation avec le mandenkan,
par le dioula véhiculaire, langue des marchés. Ces mots gardent néanmoins un
caractère plaisant pour les intellectuels.
dromologie, n.m. V. DRUMMOLOGIE*.
drongo, n.m. Spéc., (faune).
Nom donné à plusieurs espèces d'oiseaux de la fam. des Dicruridae, assez
semblables à la pie-grièche par leur bec crochu : le drongo brillant (Dicrurus
adsimilis Bechstein) d'un noir lustré, à queue fourchue ; le drongo de forêt
(Dicrurus atripennis Swainson) d'un bleu acier brillant ; le drongo de
Ludwig (Dicrurus ludwigii Smith.) de petite taille à queue carrée. Serle
/Morel, 1988 : 169. Drongo brillant
signalé (Comoé, Marahoué, Azagny), toutes espèces (Taï).. Bousquet, 1992 :
78.
drummologie, drumologie, dromologie, [drymoloFi], n.f. Assez fréq. (tradition), l(de l'anglais
"tambour"), litt., intellectuels, mélior. Terme forgé par le
professeur Niangoran Bouah, dans les années 1980. Science
visant l'étude du langage tambouriné* et des tambours* parleurs, afin de
permettre une approche du passé historique de l'Afrique. Car le professeur Niangoran Bouah révèle l'enseignement du langage
tambouriné à nos étudiants dans le cadre du nouveau programme en sociologie des
institutions appelé la dromologie, (de l'anglais drum : tambour et du grec
logos : discours) qui est l'étude très approfondie des langages tambourinés. FM.,
22.01.1980. La drummologie est-elle une
nouvelle science? [.] c'est une question centrale dans le débat sur le tambour*
parleur qui divise nos intellectuels. FM., 18.03.1980. La drummologie, c'est l'étude approfondie et
la diffusion du langage tambouriné* qui, affirme Niangoran Bouah, est une
source de référence sûre car il est authentique, immuable et officiel. FM.,
Ibid. [.] un universitaire ivoirien de
l'Institut d'Ethnosociologie qui avait inauguré un cours, sujet à contreverse,
de "drummologie", la science des tambours parleurs*[.]. Naipaul,
1984 : 122. La drummologie [.] c'est
l'étude du passé historique de l'Afrique, à travers les récits traditionnels
que connaissent et que jouent les tambourineurs* à l'occasion des fêtes
sacrées. Baleine, 1982 : 91. Griotique*
par ci, Didiga* par là, Ludistique* et Drumologie plus loin [.]. Konaté,
1987 : 104.
DÉR.:
drummologique*, drummologue*.
drummologique, [drymoloFik], adj. Peu fréq., litt., intellectuels.
Qui a trait à la drummologie*. L'histoire
drummologique montre que [.] les formules rythmiques ont résisté en grande
partie à toutes les influences extérieures. FM., 26.03.1980.
drummologue, [drymolog], n.m. ou f. Peu fréq., litt., intellectuels. Spécialiste
de drummologie*. [.]des tambours*
parlants qui font aussi beaucoup parler les drummologues et leurs adversaires. David,
1986 : 193. Le drummologue a utilisé [.]
un support pédagogique singulier : sa résidence. FM., 13/14.02.1993.
drury, n.m. Spéc., (faune),
(du nom de son identificateur). (Druryeia
antimachus Drury). Très gros papillon diurne forestier. Le drury est le plus grand papillon diurne
africain. Stanek, 1977 : 97.
du n'importe quoi, loc.nom.
Fréq., oral, écrit, tous milieux, péj. N'importe quoi. Viens avec nous dans un
maquis*, ne reste pas à manger du n'importe quoi. (Enseignants, Bouaké,
1979). Ne l'écoute pas : elle dit du
n'importe quoi. (Lycéenne, Bingerville, 1979). On ne dit pas "du
n'importe quoi" au cours d'une émission télévisée. ID.,
28.11.1982. Malgré les accidents, les
automobilistes continuent à faire du n'importe quoi. (TV.,"Comment ça
va ?" 16.01.1982). Ils avaient cru
que j'irais peut-être courir en ville et faire du n'importe quoi. Mais là ils
voyaient que j'étais un garçon sérieux. Deniel, 1991 : 29. [.] il y avait des gens de sa famille qui
venaient à la maison et qui faisaient du n'importe quoi. Deniel, 1991 : 45. Rappelons à son bon souvenir que c'est lui
qui fait du n'importe quoi, qui dit du n'importe quoi, qui mange du n'importe
quoi. Ephémère, 11.01.1993.
LOC.: [avoir,
dire, faire, manger] du n'importe quoi.
dur, (en ----), loc.adj. ou
adv. Usuel, tous milieux. Se dit de toute construction faite de matériaux
durables par opposition aux modes traditionnels de construction : banco*,
terre, bois. V. DEMI*-DUR. On
construira loin d'ici un village moderne avec des maisons en dur [.] .A.
Koné, 1980 : 38. L'habitat est moderne,
caractérisé par de coquettes maisons rectangulaires en dur, couvertes de tôle .
FM., 26.01.1982. Nombre de
maisons sont en dur. FM., 10.02.1982. Des maisons en terre battue et en dur, recouvertes de tôles ondulées
s'étalent sur des collines fleuries. Gaudio
/Van Roekeghem, 1984 : 66. Il a aussi une boutique et a construit une maison en dur. Bonnassieux,
1985 : 200. A Vridi, certains préfèrent
au logement en dur éloigné une maison en planches qui les rapproche de leur
travail. Ibid. : 53. Mais si
elle et ses collègues habitent Treichville dans des maisons construites en dur
qu'elles louent autour de 10 000F par mois [.]. A. Touré, 1985 : 74. El Hadj* A. O. [.] a [.] construit dans son
village plusieurs maison en dur. Ivoir'Soir, 27.01.1998. Dans cette région, il y a comme une
malédiction qui frappe ceux qui construisent une maison "en dur".
R. Yaou, 19998 : 5.
COM.: l'opposition 'en dur'/'préfrabriqué', 'provisoire' existe
aussi mais est plus rare.
DER.:
durcification *.
COMP.: demi*-dur.
LOC.: maison *en
dur.
durcification, n.f. Spéc.
(technique). Tendance à remplacer la construction en matériaux
traditionnels précaires par des matériaux modernes en dur*: briques, parpaings.
La ville des cours* est surtout
construite en dur*. La durcification de l'habitat s'insère dans une politique
de lutte contre les taudis qui s'est attaquée, dès 1960, à l'habitat construit
en matériaux précaires situés dans les secteurs d'habitat non lotis mais aussi
dans les secteurs lotis. Antoine /Dubresson /Manou-Savina, 1987 : 186.
durcir les oreilles, loc.verb. Rare,
litt. (calque de lang. loc). Refuser d'écouter les autres, de se laisser
influencer. Fama a durci les oreilles, il
lui fallait partir. Kourouma, 1970 : 63
dure, adj. Quelques loc. verb.mésolectales assez fréq.
1- dure, (avoir la tête ---- ), loc.verb., Avoir de la volonté, du caractère. Et non être entêté. Il a la tête dure, il ira loin dans ses
études. (Instituteur, Abidjan, 1982). Comme
j'ai la tête dure, j'ai entrepris tout seul de réaliser mon rêve. Touré,
1985 : 226.
2- dures, (avoir les oreilles ---- ), loc.verb. Etre désobéissant, indiscipliné, peu sensible aux ordres.
Comme le petit avait les oreilles dures,
il partit chasser le rat*toto au lieu de garder le troupeau . (Copie 4ème, Korhogo, 1976). V. DURCIR
LES OREILLES.
durer, v. Fréq, oral,
écrit, mésolecte, basilecte.
1- v.intr. Avec sujet
humain, rester un certain temps quelque part ou avec qqun, y résider, y
séjourner. Il a duré en France. c'est un
grand-grand docteur. Du Prey, 1979 : 29. Tu as trop duré là-bas.
Oussou-Essui, 1979 : 13. Comme il avait
duré en France, elle lui rappelait certaines choses qu'il ne devait pas faire
chez ses beaux*. A. Kouadio, 1983 : 70. Fati
a duré longtemps dans ce travail. Bonnassieux, 1985 : 181. J'ai duré avec lui puisque je suis parti de
chez lui en septembre 1960. Deniel, 1991 : 40. Je n'ai pas trop duré avec elle parce qu'elle me trompait. Krol,
1994 : 41.
2- (Le sujet n'est pas forcément humain). Mettre longtemps;
traîner. En parlant de nourriture : être avarié, avoir été conservé trop
longtemps. Cette viande a trop duré :
elle pue ! (Mère de famille, Abidjan, 1980). Et à chaque voyage, les bagages duraient trop. FM.,
11.02.1981. Ne dure pas ! tu vas nous
mettre en retard pour le cinéma. (Lycéenne, Abidjan, 1982). Certaines de nos soeurs [.] servent des
plats qui ont trop duré. Deniel, 1985 : 135.
3- durer de, v.tr.ind.
: (Avec sujet humain). Equivalent de la tournure impers : "il y a
longtemps que....ne pas". Il ne faut
pas autant durer de se voir ! (: Il ne faut pas attendre aussi longtemps
pour se revoir, Revendeuse, Abidjan, 1984). J'ai
trop* duré de manger un bon attiéké-poisson*! (Etudiante, Abidjan, 1989).
dya, [dja], n.m. Spéc.,
(tradition), (de l'agni et autres l. akan). Sorte de sac de cuir ou
carré d'étoffe qui sert chez les populations akan, à conserver les poids*
traditionnels. Ce sac- patrimoine,
appelé "dya" est lui-même l'un des trois symboles du pouvoir
politique akan avec le tabouret* et l'épée double. David, 1986 : 138.
dyéli, n.m. V.
DIELI*.
dziglibiti, n.m. V.
ZIGLIBITY* Il y a un an mourait d'une
crise cardiaque, Ernesto Djédjé, le père du Dziglibiti. Tilliette, 1984 : 307.