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D, D-CI, adj. Fréq., oral, fam., mésolecte, souvent ironique. En parlant d'un véhicule administratif de fonction: qui appartient au gouvernement ivoirien. Même si elle [une voiture] est à plat [.] elle ne lui coûte pas un sou, c'est une D-CI. ID., 07.12.1975. Voiture D, c'est pour* le gouvernement. (Chauffeur, Abidjan, 1980). Un jour, il y a un monsieur qui est venu me voir avec une voiture D, accompagné de son chauffeur [.]. Antoine /Dubresson /Manou-Savina, 1987 : 232. Par exemple, j'ai été surpris de voir des voitures DCI dans les rues de Cotonou. Un des conducteurs approché m'a informé qu'il était en voyage d'affaire pour l'épouse de son patron...un haut fonctionnaire. Ivoir'Soir, 28.08.1997. Ca fait longtemps qu'on parle des véhicules administratifs [.]. Chacun veut aussi sa voiture D, D comme le système D. Il suffit d'avoir une petite parcelle de responsabilité. Ivoir'Soir, 05.11.1997.

COM.: la lettre D sur une plaque d'immatriculation ivoirienne, identifie un véhicule comme appartenant à l'administration ivoirienne.

 

da, dah, n.m. Spéc., (flore), (du mandenkan "hibiscus sabdarriffa et hibiscus cannabinus") , oral, écrit, tous milieux. Nom donné à plusieurs plantes de la fam. des Hibiscus.

1- da, da foura, n.m. (Hibiscus sabdariffa Linn). Plante dont on consomme les feuilles bouillies en guise d'épinards. On en fait une sorte de plat très apprécié à saveur acide. Pendant ce temps, nettoyez les feuilles de dâ, supprimez les nervures et lavez-les puis faites les blanchir à l'eau bouillante. Biarnès, 1974 :28.

ENCYCL.: avec le calice des fleurs d'hibiscus ou roselle*, oseille* de Guinée, on fait une décoction rouge très désaltérante. V. BISSAP*

COMP.: dakoumou*, datou*.

SYN.: bito* (: feuilles), oseille* de Guinée, oseille* du Soudan, roselle*, (: fleurs), bissap*, thé* karak, thé* rose (:boisson).

2- da, da dian, n.m. (Hibiscus cannabinus Linn.). Plante cultivée fournissant une fibre utilisée pour la fabrication des cordes et des sacs et éventuellement une drogue. Roberty, 1954 : 54.

SYN.: chanvre* de Guinée, chanvre* du Soudan, gombo*-chanvre, kénaf*.

3- da, da sina, n.m. (Hibiscus asper Hook. f.), variété sauvage. Roberty, 1954 : 54.

 

dâ ni blô, loc. V. DAH NI BLOH*.

 

daba (1), n.f. Usuel, (du mandenkan "houe"), oral, écrit, tous milieux. Sorte de houe traditionnelle à manche court dont on se sert pour retourner la terre et pour sarcler. C'est le symbole de la paysannerie. Le village fournit beaucoup de houes dites dabas. Binger, 1892, I : 136. Ce qui est probable, c'est qu'à cette époque, l'instrument aratoire par excellence était la daba telle que la fabriquent encore les forgerons de village. Du Prey, 1962 : 29. Tandis que le peuple peinait à la tâche, la daba en main*[.]. A. Koné, 1976 : 33. Je crois que je ne peux plus tenir la daba . Koné, 1976 : 42. Le concours de labour à la daba se poursuivait [.]. Ibid : 55. Dans la brousse*, on sait bien que la daba, la large daba, nécessite des bras puissants. Kitia Touré, 1979 : 22. Comme je ne trouvais pas dans ma vie de fonctionnaire le bonheur espéré, je me suis converti à la daba. FM., 30.05.1980. Il faut les [: les Sénoufo] voir dans leurs rizières, leurs champs de canne à sucre ou leurs hectares de tomates, manier leur fameuse daba, houe à large lame qu'ils utilisent aussi bien comme bêche que comme pelle ou même charrue à main. Conte, 1981 : 40. Quand j'ai eu quinze ans je n'ai plus gardé les boeufs, j'ai pris la daba. Deniel, 1991 : 37. Le prix du carburant [.] ne permet pas de mettre à la retraite la daba ou la machette* pour embaucher le tracteur ou le motoculteur. L'oeil du peuple, 29.03.1995.

ENCYCL.: la daba peut éventuellement servir d'arme. Baya accuse sa femme de maléfice et l'abat d'un coup de daba. FM , 31.01.1980.

LOC.: labour à la daba, prendre* la daba : ‘’ travailler la terre" , se convertir* à la daba : "retourner à la terre", ne plus pouvoir tenir* la daba : "être trop vieux ou trop malade pour cultiver la terre".

 

daba (2), dagba, v. inv. Argot nouchi, (du mandenkan "grande gueule"), fam.. Manger, "bouffer". Mon vieux* daba  gawamalo*. (: Mon vieux bouffe du riz de mauvaise qualité., Informateur, Abidjan, 1990).

SYN.: badou,* daler*, dagba*, pôtô*.

DER.: dabali */ dagbali*.

 

daba (3), v. inv. Dispon., (du mandenkan : "bouche-taper), argot nouchi, fam.  Frapper. Ils ont daba le grahou*"(: Ils ont frappé le petit voleur., Informateur, Abidjan, 1990).

 

dabali, dagbali, [dabali] / (dagbali], n.f. Dispon., argot nouchi, (du mandenkan), fam. Nourriture. Je m'en vais mlounmloun* dabali. ( : Je vais faucher de la bouffe., Informateur, Abidjan, 1990). "Dabali": manger [.] Ces différents termes empruntés au langage nouchi*, font partie aujourd'hui du lexique zouglou*. Ivoir'Soir, 15.10.1997.

SYN.: badouko*, potoli*.

 

dabé, [dabe], n.m. Spéc., (flore), (de l'attié  <ndabé>). (Erothroxylum emarginatum Thonn.). Arbre de la fam. des Erothroxylacées à bois rougeâtre et à fût sinueux. Le dabé atteint  25 m. de hauteur environ. Aubreville, 1953, I : 366.

ENCYCL.: il perd ses feuilles en février-mars et de nouvelles feuilles de couleur rouge apparaissent.

SYN.: dahain (abé), pépéçia (agni)

 

dabéma, [dabema], n.m. Spéc., (flore), mais fréq. (Piptadeniastrum africanum [Hook f] Brenan). Un des plus grands arbres exploités de la fam. des Légumineuses Mimosacées au feuillage fin, à la cime en parasol. Bois de cet arbre qui présente les caractéristiques suivantes : bois tertiaire jaune ou brun, lourd, à mauvaise flottabilité, ne nécessitant pas de traitement de protection. Utilisé pour la menuiserie et le tranchage. Le fût du dabéma est droit, cylindrique. Aubreville, 1953, I : 224. Les gigantesques dabémas aux puissantes racines s'en allaient tout déracinés, broyés, pulvérisés. Dadié, 1955, 88. Arnaud /Sournia, 1980 : 30.

COM.: dabéma est le nom-pilote de ce bois. CTFT, 1989 : 390.

SYN.: aké (ébrié), akassanoumou (agni), béné béné (gouro), blé (yakouba), gano/galo (krou), gô (ouobé/guéré), gobo (bété) .

 

dabila, [dabila], n.m. Spéc., (alimentation), (du mandenkan "bouche laisser"), nord. Levure de bière de mil que l'on récupère au fond des canaris. Il faut du dabila pour faire le dolo*. (Informateur, Ferké, 1983).

 

dagba, v. inv. V. DABA*(2).

 

dagbé, [dagbe], n.m. Spéc., (flore). (Soyauxia grandifolia Gilg. et Stapf.). Petit arbre de la fam. des Medusandracées, au bois dur, d'un brun violacé. Aubreville, 1959, III : 42.

 

dago, n.m. Assez fréq., (patronyme kru, du nom du personnage d'une célèbre bande dessinée ivoirienne "Dago à Abidjan") oral surtout, fam., mésolecte, ironique. Péquenaud, rustaud, guignol. Désigne de façon péj. un homme identifié comme un pauvre paysan peu habitué à la grande ville. Les personnes qui viennent à Abidjan comme les personnes qui viennent d'ailleurs sont taxées de "dago" parce qu'elles n'ont pas connaissance des informations de fraiche date ou des techniques nouvelles, enfin de tout ce qui est d'actualité. Caummaueth, 1988 : 110. La marchande dioula est assise [.] de même que le dago à pipe de terre. Tierno Monenembo, 1993 : 36. Vous tous, dans ce bus, vous n'êtes que des dago sans chaussures ! Ibid : 43.

COM.:"dago" ne prend pas la marque du pluriel.

COMP.: dago sans chaussures.

SYN.: gawa*.

 

dah ni bloh, dâ ni blô, [daniblC], loc.adv. Argot nouchi, (par allusion au titre d'une chanson très appréciée de S. Kassi, en 1990, blo serait la forme nouchi de "bluffer"), oral, fam., mésolecte. C'est pas du bluff ! Sûr qu'avec lui  [Alpha Blondy] ce ne sera pas dâ ni blô. FM., 31.12.1990. Serge Kassi, lui qui n'en est pas à sa première K7 saura aussi rappeler avec sa verve habituelle qu'il est bien le père de "c'est pas dah ni bloh" le morceau fétiche de 1990. FM., 06/07.02.1993.

 

dah-koumou, n.m. V. DAKOUMOU*.

 

daïe, [daj] n.f. V. DAILLE (2). Une fille, c'est tour à tour une go*, terme général, une daïe* ou un steki* pour une chérie, une awoulaba* quand elle est belle ou plus prosaiquement un produit* pour celui qui ne voit en elle qu'un objet à consommer. Krol, 1994 : 216.

 

daille (1), daye, die, [daj], adj. Fréq., argot urbain., (de l'anglais "mourir"), oral, fam, pej.

1- Ivre-mort, complètement saoul. En parlant de drogue, "pété". Tu étais tellement daille que tu tenais pas debout! (Abidjan, étudiant, 1983). Etre daille, bon, c'est le langage qui est plutôt employé par les alcooliques, c'est aussi employé par les drogueurs*. Caummaueth, 1988 : 71. Si demain [.] un véhicule m'écrasait, les gens diraient que j'étais trop die sous l'effet de la drogue. ID., 16.04.1989. En clair, si vous êtes deux à boire des Guinness, si le premier est "daille" et le second pas, c'est parce que les parents du premier lui ont "légué quelque chose". Ivoir'Soir, 16.06.1998.

DÉR.: dailleur*.

2- daille (être ---- de qqun), loc. verb. Par translation, être amoureux fou (d'une jeune fille) au point de dépendre complètement d'elle. Etre daille de cette fille, quoi encore, c'est pour dire qu'il est follement amoureux de cette fille. (Informateur, Abidjan, 1990).

SYN.: être fan* de, être mouk* de, être tué* de, pouvoir se destroy*, pouvoir se détruire*, pouvoir se dja*, pouvoir se fan*, pouvoir se mourir*, pouvoir se tuer*.

 

daille (2), daye, daïe, [daj], n.f. Argot estudiantin et urbain, (anglais "mourir"), oral, fam. V. GADI*.

1- Petite amie, "pépée". Djo*!, t'as vu la daille qui va là ?  Zazou, n° 12, 1981. La daille, ce jour-là, devra se défaire des contraintes du groto* si elle en a un. Campuslexique, 1979 : 4. Daye : la jeune fille qui pourra aussi être la gadi*, la go*, le carreau*, la mama* ou, si d'aventure elle est un peu légère, la gnin*, la sao*, le second bureau* ou la tchamp*. ID., 23.02.1986. La daille, bon, c'est le terme courant que les jeunes utilisent pour qualifier une jeune fille. Caummaueth, 1988 : 70. Il veut que je devienne sa daye forcée. ID., 18.03.1989.

COM.: le terme peut devenir très péj si un homme l'emploie en faisant référence à son épouse.

SYN.: bouille*, carreau*, daille*, gadi*, gnin*, go*, gomon*, mama*, produit*, sao*, soupe*, stéki*, tchamp*.

2- daille, (vraie ---- ), n.f.

a + Précédé d'un possessif : Petite amie attitrée d'un garçon. Je viendra te présenter ma vraie daille aujourd'hui. Caummaueth, 1988 :

SYN.: titus*. 70.

b + Précédé d'un article : pin up, belle fille, sacrée nana. La vraie daille, elle a toutes les qualités réunies: c'est celle qui est belle, qui a également la forme que l'on recherche et le caractère. Caummaueth, 1988 : 71.

 

dailleur, [dajZr], n.m. Argot urbain, (dérivé hybride de "to die"+ suffixe français -eur), oral, fam., mélior. Gros buveur, "gosier en pente". Papa est un amateur de bière aussi et il trouve un certain plaisir à ce que'on l'appelle dailleur. Kitia Touré, 1979 : 40. Il est fier d'être un dailleur ! (Etudiant, Abidjan, 1990).

 

dakota, n.m. Vx. (par allusion au gros avion de transport du même nom), oral, fam., plaisant. Mâle ailé de la fourni-magnan (Anomma nigricans), gros insecte noir à abdomen long et recourbé, au vol bruyant, qui vient la nuit autour des lampes. Attention au dakota, près de ta  tête ! (Enseignant, Ferké, 1973).

 

dakoumou, dah-koumou, [dakumu], n.m. Dispon., (alimentation), (du mandenkan "hibiscus sabdariffa"), nord surtout. V. DA*. Feuilles du dâ* (Hibiscus sabdariffa) utilisées comme condiment entrant dans la préparation de nombreuses sauces*. J'ai acheté du dakoumou au marché d'Adjamé, la sauce aura bon goût. (Secrétaire, Abidjan, 1984).

SYN.: dâ*, oseille*, oseille de Guinée*.

 

daler, daller, v. tr. Argot nouchi. (argot français "dale" : faim.), fam. Manger. On va daler ? J'ai un peu* les pierres*. (: On va manger ? J'ai un peu d'argent., Informateur, Abidjan, 1990).

SYN.: badou*, daba*, dagba*, poto*.

 

daller, v.tr. V. DALER*.

 

dama (1), n.f. V. BICHE-ROBERT*.

 

dama (2), n.f. V. NDAMA*(2). Si la dama est réputée pour sa résistance.[.]. FM., 04.04.1980.

 

daman, n.m. Spéc., (faune), mais fréq. Terme générique désignant deux espèces différentes de la fam. des Procaviidés : le daman d'arbre et le daman de rocher.

1- daman d'arbre[s], surtout manuels. V. AHUA*. (Dendrohyrax arboreus Smith). Petit mammifère forestier, acaude, nocturne, au pelage foncé et épais dont le cri puissant est très caractéristique. Les damans d'arbres se signalent dans la forêt par leur cri particulier qu'on peut traduire par ahuha. On les désigne souvent sous ce nom. Roure, 1962 : 63. Le daman ressemble à un rongeur mais appartient à l'ordre des Hyracoides, ce qui le rapproche davantage de l'éléphant que du rat. Ses doigts sont garnis de petits sabots. Oberlé, 1983 : 24. Les damans d'arbres [.] se signalent quotidiennement en criant entre 21-23 heures et 3-5 heures. Le cri commence faiblement comme un soupir puis s'amplifie et est répété jusqu'à 150 fois à brefs intervalles, devenant un hurlement extrêmement fort, audible jusqu'à 3 km, puis cesse brusquement. Haltenorth /Diller, 1985 : 105. Signalé (Marahoué, Taî, Azagny). Bousquet, 1992 : 163.

SYN.: ahua*, daman noir.

2- daman de rocher[s], surtout manuels. (Procavia capensis Pallas). Petit animal savanicole, acaude, à la silhouette ramassée, végétarien et diurne, au pelage brun. A signaler à Duékoué [.] un daman de rocher mesuré : 50 cm de long, 18 cm de haut, sans tache jaunâtre sur le dos  Roure, 1962 : 64. Le daman de rocher, nocturne, vit dans le Nord. Oberlé, 1983 : 24. Haltenorth /Diller, 1985 : 107.

3- daman noir, V. AHUA*, DAMAN D'ARBRE. [.] trois cent soixante six fois le daman noir / Use sa voix dans la nuit noire. Zago Bia, "Nuit d'Afrique" FM., 09.03.1982.

 

damance, ndamance, [damSs], n.f. Spéc., (élevage), mais fréq., (mot-valise  composé  à  partir de "dama*" et du mot "abondance"), oral, écrit.  Nouvelle race de bovin créée en Côte d'Ivoire par croisement entre la vache locale ndama* très résistante à la maladie du sommeil et la race alpine "Abondance" plus fragile et meilleure productrice de lait. Tout comme l'arabusta* en matière caféière*, la Côte d'Ivoire possède désormais une nouvelle race bovine en production animale: la damance. FM., 04.04.1980. Aussi le ministère de la Production animale [.] suit-il en ce moment 203 sujets, des damances issues d'une expérience d'insémination artificielle. FM., 05.04.1980.

 

dame des eaux, n.f. V. MAMIE* WATER.

 

damer sur qqun, v. tr. Argot urbain, oral, fam, péj., jeunes. Frapper (qqun), taper (qqun), tomber dessus, s'acharner physiquement ou moralement sur qqun. Et puis les petits, on dame dessus. (Informateur, maquis abidjanais, 1995). Quand je dis quelque chose, pourquoi les gens dament sur moi? (Corpus Lycéennes, Abidjan, 1995).

 

damier, n.m. Dispon., oral, écrit, mésolecte. Jeu de dames. Kouadio, viens! On va jouer au damier ! (Chauffeur, Abidjan, 1980). J'avais beaucoup de copains et on jouait au damier ou au lido*. Deniel, 1991 : 156. Le damier, c'est un peu difficile. (Lycéen, Abidjan, 1991).

 

damiste, n.m. Dispon., oral, écrit, mésolecte. Joueur pratiquant le jeu de dames. Je ne suis pas bon damiste comme mon frère ! (Universitaire, Abidjan, 1989).

 

dan, n.m. V. CAILLOU*.

 

danévi, [danevi], n.m. Spéc., (flore). (Xerroderris chevalieri [Dunn] G. Rob.). Plante de la fam. des Fabacées à feuilles et grappes florales rassemblées au sommet des branches. Roberty, 1954 : 212.

 

danse, n.f. Fréq. (tradition), oral, écrit, tous milieux, mélior.

1- Fête au cours de laquelle sont pratiquées des danses collectives traditionnelles S. vit son mari venir. Et elle s'interrogea de savoir pourquoi son homme venait-il [sic] à cette danse coutumière strictement réservée aux femmes. FM.,15.01.1980.

ENCYCL.: certaines de ces réunions peuvent être exclusivement réservées à l'un des deux sexes.

2- Groupe particulier de danseurs, groupe folklorique.On avait donné l'ordre qu'on fit venir certaines danses typiques [.]. Il y aura forcément le goli*, le zaouli*, des danses poros* du pays sénoufo, celles du pays bété sans parler de l'abissa*, le nolé, danses éburnéennes*, aussi typiques, aussi variées, aussi colorées les unes que les autres. Anoma Kanié, 1978 : 116. Préparez vos danses; des camions iront chercher les danseurs dès cinq heures du matin. Kitia Touré, 1979 : 8. Quinze mille [francs] étaient allés dans la caisse de la danse*, trois mille pour faire boire les danseurs à satiété mais il y avait tout juste un peu de koundjadjo*,  les deux autres mille avaient été donnés à la cantatrice*. Kitia Touré, 1979 : 15. Les membres de la danse Moyeho d'Azuretti, sous-préfecture de Grand-Bassam, remercient toutes les personnes qui les ont aidés lors de la sortie* de leur danse. FM., 18.01.1982. Chaque village a une forêt sacrée d'où part sa danse. FM., 19.04.1982. Toutes les danses du terroir ont fait le déplacement. FM., 26.10.1990. Les danses sacrées anciennes des castes et races* sénoufo, bambara, mossi, bobo, forgeron* et dioula* s'animèrent du bolloda* aux bois sacrés* environnants. Kourouma, 1990 : 280. Le PDCI a fait appel à près de dix danses (environ 20 personnes par danses)[.]. L'oeil du peuple, 13.03.1996. Plusieurs danses sont sorties de leur retraite pour saluer les fils et filles retournés au terroir. Des rythmes comme l'Adjoss, le Guédégnéli, le N'Gbo,... battaient leur plein. Ivoir'Soir.14.04.1998.

ENCYCL.: chaque danse porte un nom particulier, présente des pas différents et possède sa propre valeur symbolique. [.] la danse du masque long ou des échasses où l'échassier* vêtu de cotonnade rayée bleu et blanc , comme son escorte, tournoie à trois ou quatre mètres au dessus de la foule [.], la fantastique m'ninnin ou danse des jongleurs de Man qui lancent en l'air en les faisant tournoyer avant de les recevoir - l'illusion est extraordinaire- sur la pointe de deux poignards... des petites filles. David, 1986 : 121. Pour la petite histoire, sachez que la danse Adjanou qui est une danse rituelle [: pour faire tomber la pluie] n'est exécutée que par des femmes d'un certain âge, notamment celles qui ne sont plus en mesure de procréer. Ivoir'Soir, 15.04.1998.

LOC.: sortir* une danse.

3- danse du cercueil, loc.nom. Spéc. (tradition). Appellation désignant l'interrogatoire* du mort durant laquelle le corps du défunt, porté sur les épaules de certains de ses proches, guide ceux-ci devant le responsable de ce décès, lors d'une cérémonie à laquelle participent tous les habitants du village et toute la famille du disparu. Il avait été l'initiateur de cette danse du cercueil de son cousin qui avait humilié ce mangeur *d'âme. Détective, 22.02.1993.

SYN.: interrogatoire* du mort.

 

danser, v.tr. Fréq., (tradition), oral, écrit. Entre dans un certain nombre de formations locales.

1- danser au nom de quelqu'un, loc.verb. Mésolecte, basilecte, mélior. Danser en l'honneur de quelqu'un. On va manger. Puis on va danser à ton nom. Du Prey, 1979 : 39.

2- danser l'abissa, loc.verb. V. ABISSA*.

3- danser le masque, loc.verb. Assez fréq. oral, écrit, tous milieux, mélior. Porter le masque* et exécuter les pas traditionnels du masque que l'on porte. [.] en même temps, tous les adolescents apprennent à danser le masque familial. FM., 04.03.1980.

4- danser un accueil, loc.verb. oral, écrit, tous milieux, mélior. Célébrer une cérémonie de bienvenue pour l'arrivée d'une personnalité, cérémonie à laquelle participent toujours les groupes folkloriques de danseurs de la région. [.] la foule enthousiaste qui lui dansait un accueil [.]. A. Kourouma, 1990 : 28.

5- danser le cercueil, (faire ---- ), loc.verb. Assez fréq., (calque des langues loc.), sud, oral, écrit, mésolecte. V. MANGEUR* D'ÂME. Procéder à l'interrogatoire du mort* afin d'apprendre qui est à l'origine de cette disparition et par quel procédé elle a été obtenue. Les jeunes retournés à la terre, non contents* de la mort d'un des leurs, se décident à faire danser le cercueil. Détective, 22.02.1993.

ENCYCL.: devant tout le village rassemblé, le mort porté sur les épaules de ses amis et parents, dirige ses porteurs vers le responsable conscient ou inconscient qui, par sa sorcellerie, a mangé l'âme* du défunt.

SYN.: interroger* le mort.

 

danseur/ danseuse, n.m. ou f. Fréq., oral, écrit, tous milieux, mélior. Membre d'un groupe de danse traditionnelle. La cérémonie a commencé par une danse des initiés exécutée par les huit Kpa Lissè Yêbô ou danseuses-voyantes, ces femmes respectables qui perpétuent les valeurs mystiques de cette localité rurale. FM., 21.10.1982. Les danseurs de panthères de Vaou près de Vavoua sont sortis* du bois* sacré. David, 1986 : 120.

ENCYCL.: la plupart de ces danses sont apprises au cours de l'initiation* et ont un caractère sacré et mystérieux.

COMP.: danseur de panthères, danseur-jongleur, danseur sur échasses, danseuse-voyante.

 

dao, [daw], n.m. Spéc., (flore), (de l'abé). (Trichoscypha arborea A. Chev.). Petit arbre de la fam. des Anacardiacées identifiable lors de la floraison par de très grandes inflorescences rouges pyramidales qui mesurent 0, 80 m. de haut, puis lors de la fructification par de grandes grappes de fruits rouges mesurant 0, 50 m. Aubreville, 1959, II : 195.

SYN.: alakoui (agni), allahia (ébrié), .

 

daocou, [dawku] n.m. Spéc., (flore), (de l'attié.). (Bosquios phoberos Baill.). Arbre moyen de forêt dense humide ou de galerie forestière. Aubreville, 1953, I : 68.

ENCYCL.: il produit un latex qui devient rouge violacé en se desséchant.

SYN.: nantié (wobé), ouka mlé / mbaki bakié (baoulé).

 

daokro, [dawkro], n.m. Spéc., (flore), (de l'abé). (Trichoscypha yapoensis Aubr. et Pellegr.). Petit arbre côtier à écorce rouge exsudant de la résine odorante, de la fam. des Anacardiacées. Aubreville, 1953, II : 193.

 

d'après que, loc.adv. Assez fréq., oral surtout , nord, scolarisés moyens et non scol. Emploi en tête d'énoncé visant à rapporter une information que l'on a reçue sans en préciser la source : d'après la rumeut publique, à ce qu'il paraît, d'après ce que l'on raconte. "D'après que son fils s'est marié?"-"Oui, c'est ce qu'on m'a dit.". (Chauffeurs, Abidjan, 1981)

 

darama, n.m. V.-DROME*.

 

darcassou, darkassou, n.m. V. ANACARDIER*, POMMIER*-CAJOU.

 

darkassou, n.m. V. ANACARDIER*, POMMIER*-CAJOU.

 

dartre, n.f. Spéc., (santé), oral, écrit, tous milieux. Terme générique désignant toute affection cutanée plus particulièrement les mycoses provoquant une dépigmentation de l'épiderme. V. CHAMPIGNONS*. Il faut que tu soignes ce dartre sur l'épaule, regarde la couleur rose s'étend!  (Infirmière, Abidjan, 1987).

DÉR.: dartrier*.

 

dartrier, n.m. Spéc., (flore). V. CASSE* AILÉE. (Cassia alata Linn.). Plante cultivée à feuilles allongées et long épi de fleurs d'un jaune orangé. Le dartrier, originaire d'Asie [.] est utilisé en Côte-d'Ivoire pour ses propriétés purgatives, fébrifuges et son action sur les dermatoses. Bouquet /Debray, 1974, b : 56.

ENCYCL.: le suc du dartrier passe pour avoir des vertus curatives sur les affections de la peau.

SYN.: casse*, casse ailée, cassia*.

 

dassou, [dasu], n.m. Spéc., (alimentation), (du dida). Sorte de ragout qui est consommé avec du foutou*-banane. Le plat préféré de mon mari c'est le Dassou. C'est une sauce* à base d'huile* de palme, de potasse*, de viande, d'escargot*, de poisson fumé, une spécialité du pays dida que je lui prépare tous les dimanches. Ivoir'Soir, 15.19.1997.

 

datou, [datu], n.m. Spéc., (alimentation), (du mandenkan : "oseille touffe"), nord. V. DA*. Condiment à odeur forte fabriqué à partir des graines de dâ* (Hibiscus sabdariffa). Le dakoumou est un condiment apprécié ici. (Informateur, Odienné, 1983).

 

datte, n.f. Spéc., (flore, alimentation), mais fréq., oral, écrit, tous milieux. V. DATTIER* NAIN. Fruit sucré et noirâtre à maturité d'un petit palmier épineux assez répandu sur le littoral. Auparavant, avec l'approche des Rameaux, ils se livraient à la cueillette des dattes. Dadié, 1973 : 132.

DÉR.: dattier* nain.

 

dattier, n.m. Spéc., (flore).

1- dattier [des îles Canaries], (Phoenix canariensis Host.). Grand palmier ornemental introduit depuis longtemps. Roberty, 1974 : 374.

ENCYCL.: l'arbre femelle porte de gros régimes de fruits non comestibles.

2- dattier nain, dattier des marais, dattier sauvage, (Phoenix reclinata Jacq.). Petit palmier épineux du littoral. Roberty, 1954 : 374. Ils se jetaient dessus pour presqu'aussitôt aller s'abattre ailleurs sur un autre dattier sauvage plus riche en grappes. Dadié, 1973 : 132. Il y avait aussi des touffes de dattiers nains. Ibid., 190.

ENCYCL.: cet arbre porte des régimes de toutes petites dattes sucrées, noirâtres à maturité et dont les enfants sont friands. V. DATTE*. Son bois dur sert à confectionner des poteaux et des pièges.

 

daurade, dorade, n.f. Spéc., (faune). Appellation désignant localement des poissons fort différents.

1- Désigne le coryphène* ce qui, selon les spécialistes, est à proscrire, les vraies dorades étant des Sparidae. Seret /Opic, 1981 : 200.

2- Désigne le Pagrus ehrenbergi Valenciennes ou pagre*, poisson de mer d'environ 60 cm, de la fam. des Sparidae, au corps comprimé rosé à points bleus sur le dos. Aldrin /Noyer /Bregeat, 1972 : 75 bis. Seret /Opic, 1981 : 234.

SYN.: pagre à points bleus*.

3- daurade grise, (Cantharus cantharus). Poisson gris brun portant des lignes longitudinales peu marquées, d'environ 32 cm, fam. des Sparidae. Les daurades grises sont plus rares que les autres daurades. Aldrin /Noyer /Bregeat, 1972 : 76.

ENCYCL.: c'est l'appellation AFNOR mais localement ce poisson est plus souvent nommé griset*. Un autre poisson répond aussi parfois à l'appellation" daurade grise" c'est le Plectorhinchus mediterraneus Guichenot. V. CARPE* BRUNE.

SYN.: griset*.

4- daurade rose, n.f. Appellation désignant localement le gros Dentex gibbosus Rafinesque = D. filosus Valenciennes (V. BOSSU*, DENTE*), poisson de mer côtier à la couleur rose rouge, de la fam. des Sparidae, au museau arrondi portant deux fortes canines et une grosse bosse frontale. Les gros Dentex sont appelés daurades. Aldrin /Noyer /Bregeat, 1972 : 74 Chez les daurades, les vieux mâles portent souvent une grosse bosse frontale. Seret /Opic, 1981 : 234.

ENCYCL.: la 3ème épine dorsale est prolongée par un long filament.

COM.: la plupart des Dentex des autres espèces (V. DENTÉ*) sont également commercialisés sous l'appellation de "daurade rose".

SYN.: bossu*, denté*.

 

dawa, [dawa], n.m. Argot urbain, (du mooré. "homme"), oral, fam., basilecte, péj., sud. Homme de peu de valeur, minable, pauvre type. Hé dawa , Tu viens faire quoi à Abidjan ? (Dispute entre étudiants, Abidjan, 1980).

SYN.: bagas*(part.), baragnini*(part.), donita*(part.), cacaba*(part.), dawa*(part.), fougari*, kaya-kaya*, gawa*(part.), ouyo-ouyo*(part.), pousse-pousse* (part.), wotro*(part.).

 

daye, n.f. V. DAILLE (1)*. [.] on ne peut pas oublier le jour de son mariage, même quand on est daye. Ivoir'Soir, 05.05. 1997.

 

DCS, n.m. Dispon., argot urbain, (sigle pour "Deux chambres-salon"), oral, péj. Sigle désignant familièrement un crâne dégarni, une calvitie, par référence à un grand appartement dans lequel le mobilier normal semble rare et insuffisant, "patinoire à mouches". Deux chambres-salon pour un avocat. (titre). L'homme que l'on connaissait très chauve a vite fait d'aller se faire planter des cheveux sur la partie dégarnie du crâne. Pourtant D. qui ne nourrit aucun complexe exhibe fièrement son "DCS" (Deux chambres-salon) réputé pour être le signe de la haute intellectualité. L'oeil du peuple, 13.03.1996.

 

de, prép., adv. interrog. Fréq. , oral surtout, basilecte.

1- de + infinitif, prép. C'est l'équivalent de "pour" + infinitif. Elle m'a envoyé au marché d'aller payer* bananes*. (Chauffeur, Adjamé, 1983). Elle m'appelle toujours de venir la tresser*. (Coiffeuse, Abidjan, 1984).

2- de + infinitif, adv. interr. Suivi de l'infinitif et portant un ton haut, "de" sert à introduire une question : est-ce que ? De partir tout suite ? (: Est-ce que je peux partir maintenant ?, Chauffeur, Abidjan, 1980). De plucher* légumes ?" (: Est-ce que j'épluche les légumes?, Boy-cuisinier, Abidjan, 1983).

 

dè ! dê !, dé !, [dD], interj. Fréq., (du mandenkan "particule énonciative à valeur intensive", du baoulé "vraiment, c'est sûr"), fam., mésolecte, basilecte. Marque insistance ou stupéfaction. Demandez Dieu! Walaï*, c'est lui seulement qui connaît, dè. Bolli, 1977 : 29. Eh ! patron, le vieux que tu vois-là, il est très riche dê. Oussou-Essui, 1979 : 37. Non, tout cela n'était qu'un travail de karamoko* dé, de débutants, d'apprentis marabouts*. A. Koné, 1980 : 46. Mais qui est fou* dé? Qui va te prêter encore l'argent ? (Etudiant, Abidjan, 1983). Aujourd'hui là*, moi je meurs avec* toi dè! (: Je meurs d'amour pour toi, sûr et certain !, BD., Nouvelle Presse, 22.04.1993). Il s'interrompait toutes les dix lignes pour commenter sa lecture par des exclamations typiquement ivoiriennes en perchant la voix dans l'aigu sur les dernières syllabes :" Ah ! Mais cet enfant -là dê, il a pas eu de chance dans la vie [.]. Dieu lui viendra en aide à celui-là, il a eu trop* de courage dê ! Krol, 1994 : 175. Les Ivoiriens extériorisent souvent leur émotion avec exubérance en multipliant les Mmm, les dê en fin de phrase, les ’’Tu vois ça non?" et autres exclamations communicatives montrant qu'ils compatissent sans pour autant prendre une mine compassée. Ibid. : 175. Il a été obligé de descendre de la caisse pour la pousser [.]. Houuum, c'était plus que pluie du matin dè ! Top Visages, 30.03/05.04. 1996. Alors sa peine, il la purgera chez lui à domicile. Prison comme ça, c'est doux*, dè . Ivoir'Soir, 05.08.1997.

SYN.: ké*, même*, trop* même.

 

, [dD], v. nv. Argot nouchi, oral, fam. Regarder. Dê le you*! (: Regarde le policier, Informateur, Abidjan, 1990).

 

de caste, loc.adj., V. CASTÉ*.

 

de toutes les façons, loc.adv. Usuel, tous milieux. V. FAÇON*. De toute facon. Il avait ajouté que, de toutes les façons, les vieux ne comprenaient rien à la vie actuelle. Koné, 1980 a : 33. De toutes les façons* rien ne pouvait me faire penser que ce bangui* là n'était pas du vrai bangui. FM., 19.11.1980. De toutes les façons, c'est ce que nous vous aurions conseillé [.] FM., 22.01. 1982. De toutes les façons, l'Etat ivoirien dispose de tous les moyens pour faire la part des choses. FM., 09.11.1983. De toutes les façons, le dernier mot lui reviendra. FM., 29.11.1990. De toutes les façons, je ne cherche pas à faire des affronts à qui que ce soit. Jeune démocrate , 15.02. 1993.

COM.: "de toute  façon " ne semble pratiquement pas usité localement.

 

déballé, (être ---- ), loc.verb. Argot estudiantin, (frcs balle : "fric"), oral. Etre fauché, ne plus avoir un sou. Mon chéri-coco* était déballé. On a pas pu aller en boîte. (Secrétaire, Abidjan, 1990).

 

débourrage, n.m. ISpéc., (industrie). Action d'enlever les fibres (V. BOURRE* DE COCO) qui entourent la noix de coco. La section de débourrage mécanique des noix*. Elle est exécutée par des machines à couteau et écarteurs traitant les noix une à une. Après débourrage, les noix de coco et les bourres sont triées manuellement. FM., 06/07.02.1982.

 

débourser, v.tr.dir. Assez fréq., oral, fam., mésolecte, péj. Ruiner quelqu'un, l'appauvrir, littéralement," lui vider la bourse". Il lui a fallu la voiture, puis l'appartement, maintenant la sape*; elle va le débourser complet*. (Secrétaire, Abidjan, 1982).

 

débrouillard, n.m. Dispon., oral, fam. mésolecte, péj. Personne qui survit financièrement grâce à divers petits boulots, voire à certains expédients. Les groupes zouglous* ont proliféré dans la capitale, constitués d'étudiants recalés ou démissionnaires, de déscolarisés*, de vagabonds, de débrouillards et autres désoeuvrés ayant un peu ou beaucoup de talent à défaut d'autre chose. Krol, 1994 : 213.

 

débrouillardise, (faire la ----), loc.verb. Dispon., oral, mésolecte, basilecte, fam. V. DEBROUILLER 1. Avec les copains, nous avons fait la débrouillardise. Nous avons pillé et chapardé de la nourriture. Kourouma, 2000 : 141.

 

débrouiller, v. Fréq., oral, mésolecte ou basilecte, péj.

1- v.intr. Se débrouiller (pour survivre, pour gagner de l'argent, pour vivre d'expédients, pour arranger une affaire ennuyeuse, pour régler un problème avec la police,...). Tu m'as trouvé aujourd'hui je suis en train de débrouiller, c'est ça là je fais pour gagner mon pain. A. Touré, 1985 : 113. Ivoiriens Ivoiriennes c'est pas gâté* / on a débrouillé on a gagné/. (Chanson "On a débrouillé on a gagné", Groupe Les pros du Far, corpus T. 1994). L'apprenti tente de calmer les passagers : "On se débrouille" dit-il d'un ton léger; Ses paroles sous-entendent que le véhicule n'est sans doute pas en règle et que le chauffeur tente un arrangement  auprès des policiers. Ivoir'Soir, 13/14/15.02.1998.

SYN.: faire la débrouillardise*.

2- débrouiller, (se ---- ), v.pron., Sorte d'euphémisme signifiant se procurer de l'argent pour survivre, par n'importe quel moyen, prostitution, par ex.. Il y a des pères qui disent carrément à leurs filles que si elles veulent rester à l'école, elles n'ont qu'à se débrouiller [.]. Débrouille-toi, ça veut dire : ma fille tu as des seins et le reste, il faut t'en servir [.]. Celle qui n'arrive pas à se débrouiller d'une manière ou d'une autre passe pour une pauvre fille. Krol, 1994 : 61.

DER.: débrouillard*.

3- débrouiller-débrouiller, Loc.verb. Assez rare, oral, fam, mésolecte, basilecte. Formule signifiant qu'on va négocier une sorte d'accord à l'amiable, qu'on va chercher un terrain d'entente. Mais ne t'en fais pas. Nous allons débrouiller-débrouiller. Du Prey, 1979 : 150.

 

débrouissaillage, n.m. V. DEBROUSSAILLAGE*.

 

débrouissailler v.tr. Dispon., oral, basilecte, ouest. Débroussailler. C'est le lopin auquel il avait droit après les années qu'il avait passées comme manoeuvre à débrouissailler les terres d'un planteur* bété. Krol, 1994 : 178.

 

débroussage, n.m. Fréq. oral, écrit, tous milieux. Action de débroussailler, essartage. Toute l'école a fait le débroussage du nouveau terrain de sport. (Instituteur, Bouaké, 1979). Patron, le débroussage là, c'est fini. (Contremaître, Korogho, 1985).

SYN.: débroussaillage*, débroussement*.

 

débroussaillage, débrouissaillage, n.m. Dispon., oral, mésolecte. Essartage. Il faisait toujours du débrouissaillage dans les plantations de café et les champs de manioc. Krol, 1994 : 177. En moins d'une semaine, nous avons appris le débroussaillage à la machette*. (Animateur rural, Azaguié, 1978).

SYN.: débroussage*, débroussement*.

COM.: moins fréq. que débroussage.

 

débroussement, n.m. Dispon., oral, fam., mésolecte, basilecte. Action de débrousser*, essartage. Les prisonniers font le débroussement des bords de route. (Policier, Abidjan, 1980).

SYN.: débroussage*, débroussaillage*.

 

débrousser, v.

1- v.intr. Fréq., oral, écrit, tous milieux. Défricher un terrain de brousse* non encore cultivé. Avant, c'était la forêt. J'ai obtenu le droit de débrousser pour planter le cacao*. (Planteur, Daloa, 1978). Sur un terrain qu'aucun propriétaire ne revendique [.] ils débroussent. Bonnassieux, 1985 : 2.

2- v.tr.dir. Fréq., oral, écrit, tous milieux. Enlever les mauvaises herbes d'un terrain ou d'un champ précédemment entretenu. La route des caravanes [partant d'Aboisso] est régulièrement entretenue, nettoyée, débroussée. Du Prey, 1962 : 92. Un Burkinabè venu en 1972 dans cette zone  [: la périphérie de la capitale] a du débrousser pour pouvoir édifier un logement. Bonnassieux, 1985 : 89. Le garçon, lui, va débrousser la cacaoyère*. Deniel, 1985 : 105.

DÉR.: débroussage*, débroussement*.

 

décabossage, n.m. V. ECABOSSAGE*. Actuellement le décabossage se fait surtout avec une machine. (Ingénieur, Abidjan, 1982).

 

décabosser, v.tr ou employé absol. V. ECABOSSER*. S'il fallait décabosser tout ce tas à la daba*, tu te rends compte du temps! (Moniteur d'Agriculture, Daloa, 1982).

DER.: décabossage*, décabosseuse.

 

décabosseuse, n.f. V. ECABOSSEUSE*. Le GVC. va acheter une décabosseuse. (Planteur Daloa, 1985).

 

décalage, n.m. Fréq., argot zouglou, oral ,fam., jeunes, mélior. Démarche élégante, façon de marcher assurée, qui serait caractéristique du loubard et séduisante s'il s'agit d'une femme. [.] un certain Anouma Brou Félix qui s'est distingué en créant le "wami" une danse de décalage sur le côté. Ivoir'Soir, 01.10.1997. Elle est en joujou* de N'guessan à cause de son décalage. (: Elle s'est entichée de N'Guessan à cause de sa démarche de loubard, Informateur, Abidjan, 1990). Sa manière de marcher là, ça, c'est un décalage ! (Corpus maquis abidjanais, 1995).

 

décaler, v.intr. Fréq., argot zouglou, oral, fam., mélior.

1- Marcher avec assurance et élégance. Quand tu vois le tonton* décaler / on dirait un PDG or que* c'est un côcô. (Chanson "Les côcôs". Groupe Les côcôs. corpus.T., 1994).

DER.: décalage*.

SYN.: sincaler*.

2- fumer de la drogue. Des filles qui nous avaient rejoints entre-temps ont disparu. "Elles sont parties* décaler."c'est-à-dire fumer la drogue. [.]. Entre deux passes, entre deux demi-heures creuses, elles font le tour chez le dealer du coin ou à Treichville. Ivoir'Soir, 16.06.1998.

 

décéder avant son temps, loc.verb. Dispon., (tradition), (calque de langues locales), oral, mésolecte. Mourir prématurément. A la fin de la nuit des funérailles d'un individu décédé avant son temps, on convoque son âme pour qu'elle vienne citer celui qui l'a empoisonné ou ensorcelé. Deluz, 1978 : 232.

ENCYCL.: cela implique, localement, que la mort ne saurait être naturelle, qu'il y a eu acte de malveillance de la part d'une personne (mauvais sort jeté, empoisonnement,...).

 

décercler la veuve, loc.verb. Rare, (tradition), (calque de l'agni), sud. Couper la sorte de ceinture de fil qui enserre la taille d'une veuve et qui a pour sens rituel d'interdire à celle-ci tout rapport sexuel avec des membres de sa communauté. En pays agni [.] il existe une cérémonie [.] qui consiste à décercler la veuve. Celle-ci se donne à un ou plusieurs étrangers*[.] dont le premier coupe le cercle de fil qui enserre sa taille et l'empêche sur le plan rituel d'avoir des rapports sexuels avec des gens de sa communauté. FM, 20.05.1983.

 

décharger, (se ---- ), v.pron. Assez fréq. (tradition), oral, écrit, tous milieux. Déposer une charge que l'on porte sur la tête ou sur le dos. Sur la berge, l'homme aida la femme à se décharger. Kourouma, 1990 : 130.

 

déchavi, [deGavi], n.m. Spéc., (flore), (de l'attié). (Rauwolfia vomotoria Afz.). Arbuste buissonnant de la fam. des Apocynacées qui possède des vertus thérapeutiques selon les guérisseurs locaux. Aubreville, 1953, III : 196.

SYN.: bakaegbi (agni), brokouadiomoué (ébrié), inikichébi (attié), kolidiohi (mandenkan).

 

déclareur, n.m. Argot estudiantin, oral, fam., mélior. Séducteur, Don Juan. C'est le moment où les déclareurs doivent aussi se distinguer des petits* gars qui, par manque de dextérité ou d'expérience se rabattent sur les djandjous*. Campuslexique, 1979 : 8.

ANTON.: petit* gars.

 

déclassement, n.m. Spéc. (administration). Décision politique et juridique par laquelle une forêt classée est libérée pour être divisée en lots distribués aux paysans qui pourront la défricher. L'une des informations essentielles [.] est sans conteste, le déclassement de 50 000 hectares de forêt en faveur des paysans. FM., 23.02.1993.

 

décocage, n.m. Spéc., (industrie). Opération mécanique consistant à séparer coques et amandes de noix de coco. L'atelier de décoquage et de séchage , quant à lui, est très simple. La séparation des coques et des noix est assurée par un ensemble d'hydrocyclones, l'un étant affecté aux coques, l'autre aux amandes. FM., 06/07.02.1982.

 

décoller, v. intr. Fréq., oral, fam., mésolecte. Quitter un endroit, en voiture, pour un assez long déplacement. Quand nous avons décollé de Bongouanou, nous ne savions pas que notre voiture avait fait l'accident* sur la même route un an avant. (Entrepreneur, Abidjan, 1984). A Boundiali, on a décollé à 16 h. 30, on a roulé toute la nuit en passant par Korhogo et Séguéla. Deniel, 1991 : 67.

 

déconseiller, v.tr. Dispon., oral, écrit, mésolecte, basilecte. Donner de mauvais conseils, mal conseiller dans une intention malveillante. Mais tu ne vois pas que ce sont des faux types* qui te déconseillent?  (Etudiante, Abidjan, 1984). Celui qui dit de vendre maintenant, te déconseille. (Planteur, Bongouanou, 1994).

 

décorcer, v.tr. Assez fréq., oral, peu ou non scolarisés. Décortiquer, éplucher, une graine, une plante ou un fruit. Tu veux l'orange décorcée ? C'est trop doux* même ! (Marchande, marché Plateau, Abidjan, 1980). Attends ! Je décorce des arachides pour l'apéritif. (Institutrice, Abidjan, 1983).

 

décortiquerie, n.f. Spéc., (industrie). Usine de décorticage (pour le café en cerises, le riz,...). En fait, les décortiqueries ont l'avantage non seulement d'épargner aux paysans de lourds travaux (décorticage artisanal, triage), mais aussi de présenter au gouvernement une production très compétitive. FM.,17/18.11.1979. Le deuxième exemplaire du bulletin d'achat doit accompagner le produit lorsqu'il est livré à la décortiquerie . FM., 21.01.1981. Le café-coque* arrive à la décortiquerie. Nouvelle Presse , 22.04.1993.

 

décortiqueur, décortiqueuse, n.m.ou f. Spéc.,(industrie). Machine à décortiquer le café, le riz,... . Brahima avait déjà fait appel à un mécanicien pour venir réparer sa vieille décortiqueuse qui ne manquait jamais de tomber en panne. Koné, 1980 : 73. Venez vite voir les broyeurs à manioc* [.] décortiqueurs à riz et à café avec moteurs électriques ou diesel, fabrication ivoirienne ou hindhoue. FM, 02/03.10.1982. Un kilogramme de riz qu'une femme de chez nous doit préparer est pilé par une décortiqueuse. Où allons nous avec cela ? Guenaman Colbert, 1985 : 35. Une usine avec décortiqueuses et trieuses est montée. Courrèges, 1987, I : 14. Au loin la cacophonie d'une décortiqueuse de riz paddy*. Tierno Monenembo, 1993 : 160. La Côte d'Ivoire vend des machines agricoles: décortiqueurs mixtes à riz et à café [.] broyeurs à manioc*". [.] Nos décortiqueurs sont irrésistibles ! Démocrate, 21.04.1993. Un bon décortiqueur à café et à riz, c'est avant tout un bon moteur. (publicité). FM., 23.02.1993. Il possède deux décortiqueuses, une pour le riz, une pour le café, il vit de ça. Krol, 1994 : 178.

COMP.: décortiqueur mixte.

 

décortiqueuse, n.f. V. DECORTIQUEUR*.

 

découronner, v.tr. Dispon., (tradition), oral, écrit (litt.), péj. Déposer, déposséder de la couronne. Une fois, la génération* sortante envisagea de découronner la dynastie des Keïta. Kourouma, 1990 : 191.

 

décrépant, n.m. Fréq., oral, écrit, tous milieux. Produit servant à décréper les cheveux. Tu crois que ça fait du bien à tes cheveux tout ce décrépant ? (Mère de famille à étudiante, Abidjan, 1979).

 

décréter l'année blanche, locverb. Dispon., (administration), oral, écrit, intellectuels. Annuler par décret l'année universitaire entamée et marquée par des grèves importantes afin de recommencer à zéro une nouvelle année scolaire. Pour rattraper les mois de cours perdus, il aurait fallu décréter une année blanche et repartir de zéro. Jeune Afrique, 23/29.03.1995.

 

décrochage, n.m. Spéc., (administration). Fait pour les enseignants d'avoir été décrochés de la grille des salaires de la Fonction publique, afin d'être plus motivés par ces augmentations dans leur tâche estimée prioritaire.On ne parle que de nous, de notre décrochage, de nos congés et de nos vacances. Ils oublient que la profession d'enseignant est trop* exigeante. Guenaman Colbert, 1985 : 57.

 

décrou, [dekru], v.inv. Argot nouchi, (hybride français/mandenkan dé- + crou)., V. CROU*. Jeunes urbanisés. Rendre, restituer, remettre en plein jour, "refiler". Il avait déjà crou* les crika*[.], il va les décrou maintenant. (Jeune, Abidjan, 1995). Décrou le piair* ou ce sont les pompiers qui vont venir te chercher ! (BD.) Ivoir'Soir, 05.01.1998.

 

dedans, (être ---- ), loc.verb. Fréq.,fam., jeunes surtout. Etre dans le coup, être mêlé à quelque chose, avoir quelque chose à voir avec un problème donné. Si jamais tu casses un verre ou même une assiette chez eux, je ne suis pas dedans dè*, je ne t'ai pas envoyé ! Konaté, 1987 : 40. Désolé ! Je suis pas dedans ! Personne ne m'a rien dit. (Instituteur, Bouaké, 1979). Si on fait ça, la direction risque de nous sanctionner [.] et de nous exclure du lycée. Moi je ne suis pas dedans. c'est trop casse-gueule. Krol, 1994 : 204. Amusement où on prédit la mort des gens, nous on n'est pas dedans. Ivoir'Soir, 09.07.1997.

 

dédé, [dede], n.m. Spéc., (flore), (de l'abé).  (Ficus exasperata Vahl). Sorte de ficus qui n'exsude pas de latex, aux feuilles obliques légèrement dentées. Le dédé est un arbuste ou un petit arbre très commun. Aubreville, 1953, I : 74.

SYN.: mfaci (attié), asakué (ébrié).

 

dédja, [dedFa], v.tr.inv. Argot zouglou, oral, fam. Ouvrir (un sac, une mallette,...) pour en sortir qq chose. A midi-o* dans le jardin public / quand tu vois le tonton* dédja la mallette / les journaux / les gbofrotos* / souvent même l'attiéké*[.] . (Chanson "Les côcôs", groupe Les côcôs, corpus T., 1994).

 

défaire les cheveux (se ---- ), v.pron. Fréq. (tradition), (calque de lang. loc.), oral, écrit, tous milieux. Défaire les petites nattes qui servent de coiffure féminine, en signe de deuil. Des femmes se défont les cheveux, elles se défont la ceinture, se griffent le visag. Anoma Kanié, 1978 : 273.

ENCYCL.: cheveux défaits, ceinture dénouée, sont les marques rituelles de deuil pour les femmes, comme la tête rasée pour les hommes.

 

déféminisation, n.f. Dispon., (tradition), écrit, recherché, mélior., lettrés. Se dit de l'opération de la circoncision. Les parents qui ne laissent aucun répit au wanzan* défilent chez lui pour la déféminisation de leurs petits garçons. A. Touré, 1986 : 119.

ENCYCL.: la circoncision vise à faire disparaître toute trace féminine chez le mâle comme l'excision a pour objectif l'effacement de caractères physiques masculins chez la femme.

 

défendre qq'un de [+ inf.], v. r. Fréq., oral, peu ou non scolarisés. Défendre à qqn de faire qqch. Moi, je défends toujours mes enfants de s'approcher d'un chien. (Revendeuse, Abidjan, 1979). Son père la défend de sortir avec les garçons. (Secrétaire, Abidjan, 1983).

 

défense en ligne, n.f. V. CARTEL*. Lui aussi, a souvent recours au système de "défense en ligne" ou "cartel". Ivoir'Soir, 07.05.1998.

 

déflaté, n.m.ou f. Assez fréq., oral, écrit, lettrés, mélior. Victime d'une compression de personnel, licencié pour cause économique. Les 255 déflatés de la BNDA [.]. ID., 02/03.08.1990. Licenciement collectif à la C.A.A. Ce qui attend les déflatés. FM. 08.02.1993. On a cependant demandé aux déflatés de rester jusqu'à la fin de cette semaine [.]. Ivoir'Soir, 06/07/08.03.1998. Licenciement au Palm-Club : les déflatés ont reçu leurs chèques. Ivoir'Soir, 12.03.1998. Bouaflé: une déflatée dépouillée de ses droits. Dame* S.J., secrétaire récemment touchée par la mesure de compression des agents journaliers de la fonction publique a été dépouillée de la somme de 1.361.099 CFA à la gare routière de Bouaflé par un malfrat. Cet argent représentait ses droits de licenciement qu'elle venait de percevoir à Abidjan. Ivoir'Soir, 02.06.1998.

 

déflater, v.tr. Assez fréq., oral, écrit, tous milieux. Licencier pour compression budgétaire. [.] pour payer des agents journaliers en remplacement de ceux qui ont été déflatés. Ivoir'Soir, 15/16/17.05.1998. Mais comme on le sait, ce corps [conducteurs de bac] a été supprimé. Les agents des bacs comme tous les journaliers de Côte-d'Ivoire ont été déflatés et autant qu'ils sont, ont tous perçu leurs indemnités de licenciement. Ivoir'Soir, 02.06.1998.

 

déflation, n.f. Dispon., oral, écrit, lettrés. Surtout utilisé pour parler de la compression de personnel pour raison économique. Déflation des journaliers de la Fonction Publique. (Titre presse) Ivoir'Soir, 25.03.1998.

 

défrichement [social], n.m. Spéc., (administration.. Distribution à des paysans dépourvus de terres, de parcelles de la forêt domaniale afin qu'ils puissent les défricher et les cultiver. V. DECLASSEMENT*. Les programmes de défrichement social dans le département de Séguéla doivent permettre d'ici le mois de juin la réalisation de 1200 ha. de coton. FM., 28.02.1980. Défrichements sociaux : 26000 ha pour Bouaké, Katiola, Dabakala. (titre d'article) FM., 11.02.1983. La population de Vavoua demande des défrichements sociaux. FM, 26.01.1984.

COM.: surtout employé au pl.

 

défrisage, n.m. Usuel, oral, écrit, tous milieux, mélior. Traitement capillaire visant à rendre lisses des cheveux crépus, décrépage. Ce monsieur vendait différents produits pour le défrisage des cheveux de dames. FM., 22.12.1980. Fémina Coiffure vous propose le défrisage, le shampoing, le traitement du cuir chevelu, des produits de beauté, des tresses... Publicité ds FM., 15.01.1982. Les prestations sont essentiellement le défrisage et le démélage. FM., 17.04.1992.

COM.: "défrisage" est mélior. par rapport à "décrépage".

 

dégagement, n.m. Vx., oral, fam., surtout Européens. Soirée dansante organisée entre amis. On parle encore de ce dégagement ! Jamais de mémoire de broussard*, on n'avait vu de soirée pareille. (Commerçant, Man, 1975)

ENCYCL.: A l'époque coloniale, une soirée de ce genre marquait le départ définitif d'un colonial "dégagé des cadres" (d'où le nom de la soirée) ou nommé ailleurs.

 

dégager, v. intr. Vieilli, oral, fam., surtout Européens.

1- Participer à un dégagement*. A cette époque, les gens aimaient dégager: Le moindre départ en congé, la moindre arrivée, tout était sujet à dégagement*! (Vieux forestier, Sassandra, 1977).

2- Mener joyeuse vie, sortir beaucoup, fréquenter les boîtes de nuit. Il est jeune, il est friqué* et il dégage. Et alors ? (Barman, Abidjan, 1978). Il est donc normal que le pauvre K. et ses pauvres amis au comité National des supporters, avec leurs pauvres 2 000 000F, dégagent. Nouvel horizon, 12.02.1993.

SYN.: fêter*, nocer*.

DÉR.: dégageur*.

 

dégageur, n.m. Vieilli, oral, fam. surtout Européens. Joyeux luron, personne qui aime sortir et s'amuser, boute-en train. Tu n'as pas connu Albert ? C'était un  vrai  dégageur, toujours  le premier  pour boire, danser et rigoler ! (Officier, Abidjan, 1975).

SYN.: ambianceur*.

 

dégazage, n.m. Fréq., argot  urbain, oral , fam., péj. En sport, perte de forme, baisse de régime. Tu as vu le goalier*, ce dégazage ? C'est pas la peine*!  (Lycéen, Bouaké, 1980). Je suis en plein dégazage, après ces matchs. Il faut que je me repose. (Footballeur, Abidjan, 1988).

 

dégazer, v.intr. Argot, (sport), oral, fam., péj. En matière de sport, (football plus particulièrement), être en perte de vitesse, littéralement "ne plus gazer". Il est trop vieux pour rester professionnel, il dégaze maintenant ! (Etudiant, Abidjan, 1980). Si tu bois beaucoup, tu dégazes ! (Infirmier, Abidjan, 1984).

DÉR.: dégazage*.

 

dêgbê, [dDgbD], n.m. Dispon. ,oral, écrit, région de Korhogo. Cuvette contenant environ 4 kg, utilisée pour la vente de l'amande de karité*. Les femmes servent l'amande avec le dêgbê, une cuvette de 4 kg. Le dêgbê passe donc de 150/200 à 375 francs jusqu'à la fin de la campagne. Ivoir'Soir, 25.08.1997.

 

dégé, n.m. V. DÉGUÉ*.

 

dégrainer, v.tr. Fréq., oral, mésolecte, basilecte. Egréner. dégarnir de ses grains un épi, une cosse, une grappe. Je dégraine du maïs pour le piler. (Ménagère, Abidjan, 1980). Il faut dégrainer les haricots pour midi ? (Boy, Abidjan, 1980). Madame, il veut pas dégrainer le maïs avec moi comme tu as dit. (Boy, Abidjan, 1984).

 

dégrader qqun, v.tr. Dispon., oral, mésolecte, péj. Dire du mal de qqqun, salir sa réputation. Chez vous, c'est comme ça que vous faites? Vous dégradez vos grands frères* devant les gens? A. Kouadio, 1983 : 93. Si j'apprends que tu m'as dégradée, gare à toi ! (Secrétaire, Abidjan, 1991).

SYN.: gâter le nom* de qqun, mal parler*de qqun.

 

dégorger, v.tr. Rare, Litt. (Kourouma). Raconter d'un seul coup et à la suite. Fama dégorgea ses souvenirs. Kourouma, 1997 :97.

 

dégué, dégè, [dDgD], n.m. Usuel, (alimentation), (mandenkan : "sorte de brouet consistant en céréale pilée non tamisée, légèrement passée à la vapeur, étendue d'eau ou de lait,"), oral, écrit, tous milieux.

1- Aliment usuel à base de semoule de petit-mil* cuite à la vapeur et délayée dans du lait caillé additionné de sucre. Le dégué que l'on offre en sacrifice est sous forme de pâte, pas sous forme de farine. (Informateur, Kong, 1981). Plus d'une centaine de personnes ont été intoxiquées hier à Koumassi à la suite de la consommation de dégué. FM., 02.04.1984. J'ai bu pour 25 F. de dégué. FM., 03.04.1984. On me dit d'offrir du dégué en sacrifice. Konaté, 1987 : 183. Dans le Mandingue, toutes les guerres victorieuses se terminent par l'indispensable cérémonie de consommation du dégué. Le dégué est une bouillie de farine de mil ou de riz délayée dans du lait caillé. C'était une cérémonie publique au rituel réglementé [.]. Kourouma, 1990 : 44. Je prie Allah de transformer le dégué que je viens de consommer en poison mortel si je me parjure. Kourouma, 1990 : 45. La consommation du déguè était le point de rupture indispensable marquant le changement de suzerain. Tant qu'elle n'avait pas eu lieu, les vaincus ne se sentaient pas les vassaux des vainqueurs. Ibid : 45. Si les pères boivent  tout le dégué, ils doivent s'attendre à ce que leurs enfants affamés leur brisent la calebasse* sur la tête. Nouvelle Presse, 29.04.1993. J'ai encore en mémoire l'époque où les "Bras*-Môghô" (amis) m'achetaient du "dégué" (mil au lait) devant le cinéma Liberté. Ivoir'Soir, 25.08.1997.

ENCYCL.: la valeur symbolique de cet aliment est grande.

LOC.: boire* le dégué (: s'engager solennellement par cette action) Je viens boire le dégué de l'alliance. Kourouma, 1990 : 26), manger* le dégué, c'est du déguè*.

DER.: déguédrome*, déguétière*.

COMP.: lidégué*.

2- déguè, (c'est [du] ----!), loc.verb. Fréq., argot urbain, oral, péj. C'est du vent !, c'est rien du tout !!. Je vais vous dire une chose les gars. On ne devient des hommes pour eux que quand il y a des élections. Sinon à part ça, c'est déguè" déclare Fousseini. Ivoir'Soir, 25.05.1993.

 

déguédrome, [degedrCm], n.m. Dispon., (mandenkan "brouet + cinq francs"), oral, nord surtout. Lieu du marché où se rassemblent les marchandes de dégué*."Vous avez déjeuné ?"-"Oui ! On s'est arrêté au déguédrome, en arrivant à Odienné." (Enseignant, Odienné, 1982).

 

déguétière, [degetjDr], n.f., Dispon., (hybride mandenkan + suffixe français -tière), oral, nord. Femme ou jeune fille qui prépare et vend du dégué*. Son tuteur* l'envoie faire la déguétière à la porte du lycée. (Enseignant, Korogho, 1983).

 

déguerpi, n.m. ou adj. Usuel, oral, écrit, tous milieux.

1- n.m.ou f. Personne expropriée de son logement pour permettre la mise en oeuvre de grands travaux d'intérêt collectif (barrage, lac artificiel, rénovation de quartier,...). On a rasé Abobo-Avocatier pour y recaser les déguerpis d'Abobo-Gare. FM., 03/04.05.1980. Le quartier Avocatier une fois aménagé et loti devra permettre de loger les déguerpis. FM., 16.04.1982. En outre la réorganisation de la vallée ne s'effectua pas sans mal, notamment la réinstallation des sinistrés (on disait des "déguerpis") qui posa bien des problèmes. Rémy, 1996 : 61. Certains déguerpis ont construit des maisons qu'ils ont mises en location. Ivoir'Soir, 29.10.1997. Les agents devant la furia des déguerpis qui usaient de tous les moyens pour empêcher l'avancée destructrice des machines ont dû utiliser des gaz lacrymogènes pour disperser la population déchaînée. Ivoir'Soir, 04.02.1998.

COMP.: déguerpi illégal*, déguerpi légal.

2- déguerpi illégal, n.m. Personne expulsée d'un lieu occupé en marge de la légalité. V. HABITAT* SPONTANE. Sur l'ancien emplacement  [du marché] un espace vert est prévu alors que la plate-forme d'Avocatier, désignée pour réinstaller les populations concernées, est en voie d'occupation spontanée rapide. On en vient à expulser des déguerpis illégaux (ceux d'Avocatier) pour y installer des déguerpis légaux* (ceux du marché) sur un projet financé par la banque Mondiale qui, dans ses principes s'oppose aux déguerpissements*. Antoine /Debresson /Manou-Savina, 1987, 93.

3- déguerpi légal, n.m. Personne expropriée d'un logement légal. Si tu es déguerpi légal, alors tu as droit à l'indemnisation. (Secrétaire, Abidjan, 1982).

4- adj. Expulsé, exproprié. Des familles déguerpies, les bagages sur la tête, décampent. FM., 26.04.1981. Les familles de pêcheurs togolais et ghanéens déguerpies se replient vers divers points du rivage aux alentours de Gonzagueville. Bonnassieux, 1985 : 196. Les parcelles* du lotissement sont louées à des populations déguerpies de différents secteurs proches (Golélé-Washington).. Antoine /Debresson /Manou-Savina, 1987, 235.

 

déguerpir, v.tr. Usuel, oral, écrit, tous milieux. Expulser les habitants d'un lieu (habitation, quartier, village...) par décision administrative (assainissement, grands travaux d'utilité publique collective : barrage, port, chemin de fer,...). Mais aussi faire évacuer un habitat spontané*. Maintenant qu'ils sont déguerpis -pour la cause commune- que va-t-il advenir d'eux ? FM., 19.10.1982. Assainissement de Koumassi : des difficultés pour déguerpir les populations des zones concernées. (titre d'article), FM., 27.10.1982. Une seconde parcelle complémentaire en friche a été présentée pour des personnes qui n'avaient pas encore reçu de terrain et que la RAN* voulait déguerpir le 9 janvier dernier. FM., 08.04.1983. Les personnes installées à cet endroit savent qu'elles allaient partir un jour. Et ce n'est pas à nous de les déguerpir, c'est au ministre de la Construction. FM n° 8741 cité Dagnac, 1996, 156.

DÉR.: déguerpi*, déguerpissement*, déguerpisseur*.

 

déguerpissement, n.m. Usuel, oral, écrit, tous milieux. Expulsion par décision administrative des habitants d'un quartier, d'un village, d'une zone, pour permettre la réalisation de grands travaux d'intérêt collectif, expropriation.; mais aussi, évacuation d'une zone d'habitat spontané. Dans les quartiers illégaux, les bâtisseurs se savent sous la menace permanente d'un déguerpissement. P. Vennetier, 1982 : 60. Cette opération de déguerpissement est l'acte premier du vaste programme d'assainissement de Koumassi. FM., 13.01.1983. Des gens critiquent ces lois qui justifient le déguerpissement. Bonnassieux, 1985 : 197. En 1956, il est versé une indemnité de déguerpissement de 558 400 FCFA* aux villageois d'Attiécoubé pour la première tranche du lotissement. Antoine /Debresson /Manou-Savina, 1987 : 93. [.] toute son histoire se résumerait à une insertion urbaine qui n'a pu résister à la conjoncture* et au déguerpissement. Bonnassieux, 1987 : 203. Etonnant quand on sait la menace de déguerpissement qui pèse sur leurs têtes. FM., 22.04.1993. [.] M. A. pour qui le déguerpissement n'est pas une opération impossible. Ivoir'Soir, 29.04.1997. Le déguerpissement des habitants de Washington , près du Lycée technique de Cocody, n'a pas été total. Ivoir'Soir, 22.01.1998. Ce déguerpissement s'est opéré sous la supervision de Me Gahié, huissier de justice exécutant certainement une décision du tribunal d'Abidjan. Ivoir'Soir, 04.02.1998.

 

déguerpisseur, n.m. Dispon., oral, écrit, tous milieux, péj. Personne chargée de faire évacuer les lieux (maison, quartier, village, zone,...) destinés à être détruits pour la mise en oeuvre de grands travaux d'intérêt collectif. Mais pour les déguerpisseurs, l'opération avait pour but essentiel de préserver la vie de ces locataires qui ne perçoivent pas toujours la portée de ces travaux d'assainissement. FM., 26.04.1981. Jamais déguerpissement* n'aura provoqué autant de passion, frisant parfois les querelles de personne entre déguerpis* et déguerpisseurs. FM., 08.04.1983.

 

déhi-déhi, [deidei], n.m. Disponible, oral, écrit. V. PINASSE*. Sorte de grande pirogue pouvant contenir une vingtaine de personnes, et destinée à la traversée de la lagune. A Treichville, se trouve un chantier naval où sont fabriqués les déhi-déhi, ces premiers "navires" fabriqués en Côte-d'Ivoire. FM., 30.01.1984.

SYN.: pinasse*.

 

déhima, adj. V. DEÏMA*. Lakota a la particularité d'engendrer des devins*, tels Honneyo Marie de la Mission Déhima à Niambezaria. Détective, 16.03.1995.

 

déhonté, n.m, ou f., adj. Disponi., Litt. (chez Kourouma), écrit, péj.

1- n.m. ou f. Personne constituant un objet de honte ou de scandale. Un bâtard, un vrai, un déhonté de rejeton de la forêt [.]. Kourouma, 1970 : 57. De ses études, le Massa Digui conclut que le français était un langage de déhonté et indicible par un croyant et un grand chef. Kourouma, 1990 : 232.

2- adj. Sans pudeur, sans amour-propre. Ils l'avaient escaladée [: la colline] comme s'enjambent les seuils de la case* et les cuisses d'une femme déhontée [.] Kourouma, 1990 : 34. Le chien n'abandonne jamais sa façon déhontée de s'asseoir. Kourouma, 2000 : 153.

 

deîma, déhima, [dejma], adj. Usuel, oral, écrit, tous milieux. Qualifie un culte syncrétique lancé en 1942 par une femme d'ethnie dida, Marie Lalou. Comment il est devenu deïma ? (Informateur, Dabou, 1978). Aux fidèles de la religion déhima de Côte-d'Ivoire [.]. FM., 15.01.1982. M. D., président du Comité National de la Mission déhima et les Pawaba* suprêmes ont le plaisir d'informer tous les Pawaba déhima ainsi que tous les fidèles de la Mission Déhima que le mois du Carême, appelé Debo Blitcho en langue godié , de l'année 1982 , débute le 21 juin en tenant toujours compte de l'apparition de la lune du mois de juin. Ils prient tous les Pawaba déhima de jeûner obligatoirement la journée du samedi 20 juin 1982. FM., 05/06.06.1982. Fondée en pays dida vers la fin de la 2ème guerre mondiale par la prophétesse* Marie Lalou, la religion deîma exige le renoncement aux fétiches* et aux talismans, flétrit le mensonge et recommande la tolérance tout en revendiquant pour les Africains une religion qui soit leur. Elle recrute ses membres surtout dans le centre sud ivoirien. Deniel, 1983 : 121. Les textes qu'on lisait pendant le culte deïma ressemblent aux cours de l'Histoire Sainte. Voilà pourquoi je pense que la religion deïma est syncrétique. (Etudiante, Abidjan, 1984). Les enfants qui sont nés ensuite, devenaient deïma. Deniel, 1985 : 122.

COM.: la graphie deïma semble la plus courante.

COMP.: culte deïma, religion deïma.

 

délégué d'amphi, n.m.ou f. Fréq. oral, écrit, mélior. Représentant des étudiants. Quel est le rôle des délégués d'amphi dans une université ? FM., 06.04.1993.

 

délesté, adj. Fréq., oral, écrit, plaisant, tous milieux. Privé de courant électrique par suite de délestage, victime de pannes de courant. L'ILA étant délestée le mercredi, les cours auront lieu à l'Ecole de Pharmacie à partir de 17 h. (Note destinée aux étudiants, janvier 1984). Je viens travailler chez toi : je suis encore délesté !  (Enseignant, Abidjan, 1984). Déjà conjoncturés* et compressés*, voilà les Abidjanais encore en plus délestés, contraints ici et là de passer Noel et le réveillon aux bougies sans disco ni télé. David, 1986 : 63.

COM.: particulièrement fréq. dans les années 80 où le pays connut des pénuries d'électricité.

 

demander,.v.tr. Fréq., oral, mésolecte, basilecte.

1- demander qqn qqch., demander qqch à qqn. Le maître demande les élèves un peu de silence. (Copie, 4ème, Daloa). Je la demande son livre. (Lycéen, Bouaké, 1980). Le chauffeur a demandé patron les clés de la voiture mais  patron n'a pas. (Boy, Abidjan, 1982).

2- demander qqn de + inf, demander à qqn de + inf. Je la demande de venir mais elle a la tête* dure. (Enseignante, Bouaké, 1978). Le policier demande les gens de circuler. (Copie 3ème, Abidjan, 1980). Elle a demandé le couturier de coudre un boubou* de bazin*". (Secrétaire, Abidjan, 1982).

SYN.: dire qqn de*.

3- demander [d']après qqun, loc.verb. Demander à voir qqun, demander des nouvelles de qqun. Y a un homme qui demande d'après Patron. (Boy, Abidjan, 1984). Comme au bout d'un mois, mon mari n'avait pas demandé après moi [.]. Deniel, 1985 : 64. On peut demander après lui à un kiosque de café situé à l'entrée de Koumassi-Poto-poto, Bonnassieux, 1987 : 164.

4- demander l'affectation, loc.verb., V. AFFECTATION*.

5- demander la nouvelle, loc.verb.,V. DEMANDER LES NOUVELLES*,  

6- demander la permission, loc.verb. Fréq., (extension d'emploi du mot "permission" dans son acception militaire), oral, mésolecte, basilecte. Demander une autorisation d'absence, solliciter un bref congé. Madame, je demande la permission pour demain matin. (Boy, Abidjan, 1979). "Où est la secrétaire ?"-"Elle a demandé la permission." (Enseignant, Abidjan, 1982).

7- demander la route, loc.verb. Usuel, (tradition), (calque de langues locales), oral, écrit, tous milieux, mélior. Demander à son hôte l'autorisation de prendre congé. Alors il est temps de demander la route pour rentrer. Après, ils nous ont préparé à manger, on nous a donné des poulets et on a demandé la route. A. Kouassi, 1983 : 69. Demander la route, c'est l'usage ivoirien en général et baoulé en particulier, qu'il faut connaître. David, 1986 : 129. Le nouvel intronisé* offre un présent symbolique au chef* avant de lui demander la route (formule couramment utilisée pour demander l'autorisation de partir, en principe, on demande la route trois fois avant que l'autorisation soit accordée). Gaudio /Van Roekeghem, 1989, 65. "Tenez ! pour le retour à Abidjan", dit-il penaud. Pourtant personne n'avait encore songé à demander la route. Gombeaut /Moutout /Smith, 1990, 98. Je suis resté au village pendant un mois puis j'ai demandé la route à mon oncle. Deniel, 1991 : 66. Vous avez, contre toutes les bonnes règles de savoir-vivre, demandé la route. L'homme au totem* hyène vous a rappelé le précepte africain qui veut que l'hôte par trois fois sollicite la route. Kourouma, 1998 : 201. Les émissaires "demandent la route", accordée, comme il se doit dans la tradition ivoirienne, à la deuxième requête. Ils repartent donc en direction d'Abidjan. J.A.-L'Intelligent, 21/27.2000.

ENCYCL.: selon l'usage traditionnel, on demande la route à son hôte et on attend qu'il "ait donné la route" pour se lever et partir.

ANT.: accorder la route*, donner la route*.

8- demander les nouvelles, demander la nouvelle, loc.verb. Usuel,  (tradition),, oral, écrit, tous milieux. Demander à celui qui arrive des informations concernant le lieu dont il vient et les gens qu'il a quittés. C'est ce qu'apprit Karfa après qu'on l'eut fait asseoir et après lui avoir demandé les nouvelles comme c'est la coutume. Koné,1976 : 123. Alors que les deux amis croquaient* la cola, Bakary demanda les nouvelles. Koné, 1980 : 40. Un groupe d'hommes devisent sous l'arbre à palabres [.]. Ils nous demandent les nouvelles comme l'exige la tradition. ID., 03.02.1980. Konan, pourquoi tu ne t'asseois pas pour nous saluer comme il faut et puis demander les nouvelles. A. Kouadio, 1983 : 66. Il nous offre gentiment à boire et nous demande la nouvelle. Comme au village. FM , 02.04.1984. Car dans chacun de ces innombrables villages ou quartiers urbains [.] tout arrivant se voit d'emblée demander la nouvelle. David, 1986 : 48. On lui servit trois rasades de vin puis on lui demanda les nouvelles. M. Bandaman, 1993 : 117. On demande les nouvelles dans la pure tradition africaine [.]. Ivoir'Soir, 13.05.1997. A son arrivée sur le lieu du deuil, on lui demande les nouvelles comme on le fait très souvent en Afrique. Ivoir'Soir, 24.06.1997. Le tam-tam crépite non seulement en guise de bienvenue mais pour relever la cérémonie  jusqu'à ce que le gardien du trône [.], accompagné de quelques notables, s'avance vers le micro et demande les nouvelles au nom du roi*.  Ivoir'Soir, 15.09.1997. On demande les nouvelles dans la pure tradition africaine. FM., 13.05.1998.

9- demander pardon, loc.verb. Usuel, oral, écrit, mésolecte, basilecte. V. PARDON*. Supplier, demander instamment qqch., prier de façon insistante, s'excuser. Il a fallu qu'on demande pardon aux gens pour qu'ils aillent voter ! (TV., 15.12.1980, 20h.30.). N'ayant pas de connaissances et voyant ma petite famille souffrir, j'ai dû demander pardon pour ne payer que 200 000 francs. FM., 23.01.1981. Normalement, il aurait dû quitter l'école, mais ses camarades sont allés demander pardon aux notables pour le laisser continuer ses études. A. Kouadio, 1983 : 60. "Si tu fais ça je vais te frapper tout de suite". J'ai demandé pardon, j'ai cherché 100F pour lui donner. A. Touré, 1985 : 53. On a recommencé à discuter. Elle voulait que je reste. J'étais décidé à partir. Elle m'a même demandé pardon ! Deniel, 1991 : 32. L'équipe de direction du CHU a dû monter au créneau pour 'demander pardon' aux grévistes afin que ceux-ci reprennent le travail le plus vite possible. FM., 28.01.1993. [.] l'enfant panique et s'agrippe à l'agent à qui il demande pardon, au su et au vu* de tous les passants [.] . Mais sans autre forme de pitié, l'agent tire une balle. Bôl Kotch, 28.03.1995. Le tailleur demande pardon au contrôleur. Malgré son âge avancé, le vieil homme implorant la pitié de Gonéhiri qui menaçait même de le mettre en prison, se met à genoux. Ivoir'Soir, 22/23/24.08.1997. Et celle qui parvenait à se l'approprier, l'entraînait immédiatement au lit, le balançait, le manipulait jusqu'à l'épuisement [.] et le chagrinait jusqu'à ce qu'il reconnaisse sa défaite, jusqu'à ce qu'il demande pardon à haute voix [.]. Kourouma, 1998 : 202. Vous avez demandé le pardon qu'une femme zendé exige toujours d'un homme défait. A haute voix et à pleine bouche. Kourouma, 1998 : 202. On allait lui [: au féticheur] demander pardon, de retirer le maléfice, le djibo*. Kourouma, 2000 : 26

10- demander sa barbe au Bon Dieu, loc.verb. V. BARBE*.

 

démarabouter, v.tr. Fréq., oral surtout, mésolecte, basilecte. Lever un envoûtement, combattre un mauvais sort. Parfois employé au figuré : vaincre des obstacles puissants. Le soleil avait réussi à se démarabouter." (: à percer à travers les nuages). Kourouma, 1970 : 95. Comme elle ne faisait que des filles, son mari a voulu la démarabouter. (Boy, Abidjan, 1978), Avant le match, on démaraboute les équipes. on ne sait jamais ! (Etudiant, Abidjan, 1980).

ANT.: marabouter*.

 

démarrer, v. intr. Argot urbain, oral, fam. euphémisme.

1- Entrer en érection, démarrer sexuellement. Elle a divorcé parce qu'elle dit qu'il démarre pas. (Informateur, Sassandra, 1979). Le démarreur* c'est le nom donné à un de ces médicaments* qui aurait le pouvoir de faire démarrer sexuellement un amant ou un mari ayant du mal à entrer en érection. Démarrer c'est entrer en érection. A. Touré, 1985 : 109. G.E. ne "démarrant" plus, Pauline se trouvait toutes les excuses à ne plus se cacher pour tromper le père de  ses enfants. B-V savait désormais que G. E. était impuissant. Détective, 06.03.1995. Le vieux là , il dit qu'il faut donner le médicament pour démarrer. (Vendeur, marché Treichville, 1990).

DÉR.: démarreur*.

ANTON.: avoir la superbe*.

2- démarrer (ne pas ---- ), v.intr. Argot urbain, oral, fam. A la forme négative, être "fauché", ne pas avoir le sou. ne pas savoir se débrouiller par n'importe quel moyen pour avoir de l'argent. Celle qui n'arrive pas à se débrouiller* d'une manière ou d'une autre passe pour une pauvre fille. On dit alors : "Mais celle-là, elle démarre pas, elle vaut rien cette fille-là.". Oui c'est comme ça que beaucoup d'hommes parlent. Krol, 1994 : 61. Quand quelqu'un ne démarre pas, c'est qu'il n'a pas le sou. (Informatrice, Abidjan, 1995). Si c'est une fille qui parle à son amie : bon bon le gars là c'est un faux* gars, il démarre même pas, elle peut parler sur deux sens. Sur le plan sexuel ou sur le plan financier. (Etudiant, Abidjan, 1995).

 

démarreur, n.m.

1- V. KANKANKAN*. Usuel, argot urbain, fam., tous milieux, euphémisme. Aphrodisiaque masculin. M. A. B. est lui aussi un fidèle consommateur de démarreur [.]. Il n'est plus tout jeune et il a constaté à plusieurs reprises des déficiences que les femmes ne pardonnent pas. ID., 03.02.1980. Démarreur là, c'est trop fort* même*! (BD), F.M., 16.04.1982. Ses clients viennent bien sûr acheter toutes sortes de remèdes mais les plus prisés sont ceux que l'on appelle communément des démarreurs, des aphrodisiaques pour les non-initiés. Guido n° 68, 27 04/13.05.1983. Le plus connu et le plus demandé de ces cure-dents*, c'est le "démarreur" qui est, selon lui, un aphrodisiaque extraordinaire. A. Touré, 1985 : 107. Les vendeurs de démarreurs sexuels n'ont pas leurs pareils pour remonter le moral des mâles en baisse de forme. Jeune Afrique, 02-08.01.1991. Les compatriotes du tsar Boris 1er gagneraient à consommer du  kan kan kan*. Il paraît que c'est un démarreur efficace. Ivoir'Soir, 29.10.1997. Pour ceux qui ne le savent pas encore, le Viagra est un démarreur qui réchauffe les mâles qui sont au frigo. Ivoir'Soir, 28.05.1998. On ne vante plus les bienfaits du kan kan kan* de blanc appelé Viagra. Ce démarreur a tellement de succès qu'il a envahi le monde entier. Ivoir'Soir, 28.06.1998.

ENCYCL.: nom donné à plusieurs médicaments traditionnels : poudres, champignons ou sorte de racine blanchâtre vendue sur le marché par les Gouro et aux effets vantés par les utilisateurs.

COMP.: poudre*-démarreur/ poudre de démarreur.

SYN.: accélérateur*, cancan*, chargeur* de batterie, kankankan*, poudre* cancan,

2- Homme qui sait se débrouiller et progresser financièrement dans la vie. V. DÉMARRER (2)* Les centaines d'expressions tirées du français sont tout aussi imagées [.] le démarreur, c'est celui qui bouge et avance dans la vie . Krol, 1994 : 209.

3- adj. Aphrodisiaque. La poudre démarreur, appelée communément "cancan*" a d'indéniables propriétés. Guido n° 68, 04/13.05.1983.

 

déménagé, n.m. ou f. Surtout litt., (Kourouma), (du verbe fam "déménager" : déraisonner), écrit. Fou, dément. [.] le masque*[.] agitait la clochette comme un déménagé. Kourouma, 1990 : 280.

 

demi-bec, n.m. Spéc., (faune). V. AIGUILLETTE*. (Hemiramphus brasiliensis Linn.). Poisson de mer de la fam. des Hemiramphidae, proche de l'anguille et à la chair très appréciée. Les bancs de demi-becs s'observent durant les saisons chaudes. Seret /Opic, 1981 : 11.

ENCYCL.: il a la machoire inférieure très allongée alors que la mâchoire supérieure est courte, d'où son nom.

SYN.: aiguillette*, nokro.

 

demi-deuil, n.m. Spéc., (flore). V. FAUX*-ÉBENIER. (Diosporos mannii Hiern). Petit arbre mince au bois jaunâtre très dense. Aubreville, 1953, III : 62.

ENCYCL.: avec l'âge, le coeur de l'arbre devient noir et imite l'ébène.

SYN.: faux-ébénier*.

 

demi-dur (en ---- ), loc.adj. Assez fréq., oral, écrit, tous milieux lettrés. V. EN DUR*. Se dit d'une construction faite de briques de banco*, assemblées par du ciment et crépie, sur un soubassement d'agglos*. La construction en demi-dur a l'avantage d'être moins coûteuse. (Entrepreneur, Katiola, 1980). Les mosquées du nord du pays sont souvent en demi-dur. (Informateur, Abidjan, 1987).

 

demi-tour, (faire ---- ), loc.verb. Assez fréq., oral, mésolecte, basilecte. Revenir à son point de départ. Un jour, [.] on a ramassé les bagages et puis on a fait demi-tour* au village parce qu'on souffrait trop et puis l'argent n'était pas beaucoup. A. Touré, 1985, : 66. Et puis si là-bas en France, ça ne te plaît pas, comment tu vas faire demi-tour ? (Chauffeur, Abidjan, 1987).

 

démission, (rendre ----), loc.verb., V. RENDRE* DÉMISSION.

 

démissionner, v. ntr. Assez fréq., oral, mésolecte.  En parlant d'un élève, quitter, de sa propre initiative, un établissement scolaire. En parlant d'un salarié, quitter un employeur. "Et pourquoi selon toi elle a démissionné ?" -"On dit qu'elle est enceinte et ne peut plus venir en cours." (Etudiante, Abidjan, 1987). Madame, je veux démissionner pour aller au village cultiver*. (Boy, Abidjan, 1982).

SYN.: rendre* démission.

 

démocrate, n.f. Dispon., argot urbain, iron. Prostituée. "Démocrate" : prostituée. [.] Ces différents termes empruntés au langage nouchi*, font partie aujourd'hui du lexique zouglou*. Ivoir'Soir, 15.10.1997.

SYN.: lanceuse* de foulard, mange mille*, sotra*.

 

demoiselle, n.f. Spéc., (faune). (Eupamocentrus leucostictus Müller et Troscgel). Poisson tropical de la fam. des Pomacentridae, de petite taille, au corps ovale comprimé. La demoiselle est brune avec un ventre jaune clair et une tache bleu ciel au niveau de la tête. Seret /Opic, 1981 : 282.

 

démocratisme, n.m. Peu fréq., mélior., intellectuels. Sens de la démocratie, culte de l'égalité sociale. D'autant plus que les Famous Kings cultivent un démocratisme tel qu'ils suppriment le titre de Président. Konaté, 1987: 50. Nous, les jeunes, nous voulons plus de démocratisme dans l'attribution des bourses. (lettre d'étudiant, Abidjan, 1989).

 

démontrer, v.tr. Argot urbain, oral, fam., mélior. Faire la démonstration de pas de danses pour se faire remarquer, montrer des pas de danses, faire une exhibition de danse. J'allais en boîte avec ma fraîche*/ pour démontrer le ngakpa-ngakpa. (Corpus zouglou, T. 1995)

 

démouain, [demwR], n.m. Spéc., (flore), (de l'attié). (Hunteria eburnea Pichon). Arbuste ou petit arbre de la fam. des Apocynacées. Aubreville, 1953, III : 208.

ENCYCL.: son écorce aurait une forte action hypotensive.

SYN.: mogba (ébrié), bissi (agni)

 

démoustiqué, adj. Fréq., oral, écrit, tous milieux. Qui a subi une opération de démoustication. Abidjan  a été démoustiquée. FM, 09.03.1983. La villa est-elle démoustiquée ? J'ai vu des gîtes à larves dans le jardin. (Locataire, Abidjan, 1984).

 

dendroaspis, n.m. Spéc., (faunr). V. MAMBA*, SERPENT* DES BANANIERS. Variété de serpents venimeux à tête étroite, écailles larges et queue effilée. On distingue localement le mamba vert ou serpent des bananiers (Dendroaspis. augusticeps), très long (plus de 2 m.), de couleur verte sur le dos et jaune sur le ventre, qui vit dans les arbres, parfois très haut et le mamba noir (Dendroaspis polyepis polyepis) mesurant plus de 2, 50 m, terrestre et semi-arboricole. Mazer /Sankallé, 1988 : 226.

 

dendrocygne, n.m. Spéc., (faune). Désigne localement deux variétés d'oiseaux aquatiques de la fam. des Anatidae. Les dendrocygnes nagent relativement peu. Serle /Morel, 1988 : 27. Le dendrocygne fauve (Dendrocygne bicolor Gmelin) est roux et brun. Ibid. Le dendrocygne veuf (Dendrocygna viduata Linn.) est d'aspect sombre avec une tête blanche au port dressé. Ibid., 1988 : 28. Outre certains Ardéidés et les bécassines, la végétation marécageuse abrite les marouettes*, poule sultane*, jacana*, dendrocygne. Champroux /Ducret, 1979 : 108.

SYN.: canard* siffleur.

 

dengue, [dRg], n.f. Fréq., (santé), (de l'espagnol <denguero> "raide"), acrolecte et mésolecte. Maladie endémo-épidémique due à un virus transmis par un moustique du genre aedes, le phlébotome. Elle se caractérise par de la fièvre, des céphalées, des douleurs musculaires et articulaires généralisées, avec chez les enfants une atteinte des voies respiratoires. Il avait la dengue et ne pouvait pratiquement plus bouger tant les articulations le faisaient souffrir. (Missionnaire, Bongouanou, 1979). Outre le paludisme, il s'agit de la dengue, de la fièvre jaune*, [.] de la trypanosomiase*, des filarioses*; en particulier l'onchocercose*, et la dracunculose*, des bilharzioses* [.] des leishmanioses/*[.] ou des rikettsioses*. Doumenge, 1982 : 46. La dengue dure une dizaine de jours et disparaît généralement sans laisser de séquelles. Mazer /Sankalé, 1988 : 261. L'aedes (Stegomia) aegypti, moustique essentiellement tropical [.] est le vecteur majeur de la dengue et de la fièvre jaune*. Gentilini /Viens, 1989 : 47.

 

dénoter de, v.tr.ind. Fréq., oral, écrit, mésolecte. Dénoter. Cela dénote d'un manque d'organisation des circuits de distribution, de prix officiel, et du mauvais état des pistes. FM n°8742, cité Dagnac, 1996 : 157. Ce travail dénote de son manque de sérieux. (Enseignant, Abidjan, 1995).

 

dense, adj. Argot zouglou, oral, fam, mélior. "Calé", ferré, informé et donc intéressant. En math, Il est dense, tu sais!  (Lycéen, Bingerville, 1993). /Grand frère Junior / tes tchatches* sont denses* (Chanson "Amina". Groupe, Zouglou machine, corpus T., 1994).

 

dent, n.f.

1- dent (d'éléphant),  Fréq. mais vieilli, surtout écrit. Défense d'éléphant. Les marchandises qui viennent de là sont les esclaves, l'or et les dents d'éléphants. Fernandez, V., 1510 : 77. Les hommes étaient des criminels chasseurs qui massacraient les éléphants en les tuant pour leurs dents. FM., 28.06.1983. Autrefois, la Côte d'ici s'appelait la Côte des Dents à cause du commerce de l'ivoire. (Professeur, Abidjan, 1984). Madame, tu veux la dent d'éléphant bien sculptée. (Marché, Plateau, 1984 ).

2- dent d'hippo,  Vx. Rare. Dent d'hippopotame, utilisée comme ivoire de moindre qualité et valeur. L'antiquaire* a essayé de me vendre de la dent d'hippo, j'en suis sûre! (Enseignante, Abidjan, 1984).

3- dents, (garder des ---- contre qqun), loc.verb. V. GARDER*.

 

denté, n.m. Spéc., (faune). Terme générique désignant plusieurs poissons de mer de la fam. des Sparidae. Souvent classés dans la catégorie "dorade* rose" pour la commercialisation. Seules les espèces suivantes sont typiquement ouest-africaines : le denté à tache rouge (Dentex canariensis Steindachner), le denté à gros yeux (Dentex macophtalmus Bloch.), le denté congolais, (Dentex congoensis Poll.) au corps presque vermillon, le denté angolais, (Dentex angolensis Poll. et Maul.). Le denté à tache rouge se distingue par sa grosse tache foncée, nette et constante, à la base de la dorsale molle. Seret /Opic, 1981 : 226, C'est au moment des grandes concentrations de reproduction que le denté à gros yeux est pêché [.] surtout par des chalutiers russes. Ibid : 228. Le denté congolais: il s'agit du plus petit denté. Ibid. : 230.

 

dentelaire, n.f. Spéc., (flore). (Plumbago zeylanica Linn.). Arbuste souvent cultivé près des villages car ses fleurs blanches ont la réputation de guérir gale et lèpre. La dentelaire était considérée autrefois comme une plante magique. (Sociologue, Abidjan, 1984).

 

dèp, [dDp], n.m. Argot nouchi, (troncation de ’’dépôt’’), oral, fam. Dealer. Un po* a babougo* le dèp. (: Un policier a tabassé le dealer. ( Informateur, Abidjan, 1990).

SYN.: tchéman*.

 

dépasser, v.tr. Dispon., oral, basilecte. Aller au delà de certaines limites (possibilités physiques ou financières notamment). La maladie l'a dépassé et il est mort. (Chauffeur, Bouaké, 1979), C'est cher, la mobylette, trop même*, ça  me dépasse. (Boy, Abidjan, 1980).[.] mais il faisait froid, trop*! J'avais mis chemise, pantalon, cravate, veste, manteau, mais quand j'ouvrais la porte pour sortir, le froid dépassait. Deniel, 1991 : 53.

 

dépense, n.f. Fréq., oral, écrit, tous milieux. Somme destinée à l'achat de la nourriture quotidienne de la famille. Chaque jour [: mon mari doit me donner] la dépense, pour les légumes, les condiments et le poisson. Deluz, 1978 : 48. C'est moi qui fournit toute la dépense, depuis qu'il a été compressé*, il ne me donne rien. (Secrétaire, Bouaké, 1986), Il me donne trois cents francs pour la dépense et nous sommes huit. (Ménagère, Abidjan, 1988)

ENCYCL.: en principe, c'est la contribution du mari à l'entretien de la famille.

 

dépisteur, n.m. Argot du milieu, oral. Nom du malfaiteur qui est chargé de repérer les opérations possibles et de relever toutes les informations nécessaires à sa réalisation, indicateur. Ces bandits [.] ont chacun une organisation hiérarchisée : [.] les indicateurs ou dépisteurs. Le rôle de ces derniers consiste à repérer les endroits susceptibles de cacher un butin substantiel. Ces dépisteurs sont partout. FM., 21.01.1981. Il paraît qu'il était le dépisteur d'une bande de bris* opérant dans la Cité rouge ! (Etudiant, Abidjan, 1986).

SYN.: indicateur.

 

déplumer, v.tr. Fréq., oral, écrit, mésolecte, basilecte.  Plumer, arracher les plumes d'un oiseau avant de le préparer pour la cuisson. Tu prends deux canards, tu les tues, tu les déplumes. Deniel, 1991 : 111. Tu mets de l'eau bouillante sur le poulet avant de le déplumer. (Boy, Abidjan, 1983). Moi, j'achète le poulet déplumé. Ca va plus vite. (Ménagère, Abidjan, 1984).

COM.: le verbe est fréquent et n'est pas réservé au sens d'"arracher les plumes d'un oiseau vivant"(P.R.)

 

déposer, v. r. Argot zouglou, oral. Vider (en parlant de boisson). Vous déposez un casier de bière au maquis* / alors que vos enfants n'ont pas à manger / à plus forte raison tchakoto*. (Corpus zouglou, T, 1995).

 

depuis, [depPi::], adv.

1- Très fréq., oral, écrit, tous milieux mais souvent plaisant chez les intellectuels. Depuis longtemps, il y a longtemps. Monsieur le Président, on faisait tout ensemble depuis ! [: Aux Assises], FM., 08.08.1980. Lui ? il est parti depuis !!! (Enseignant, Abidjan, 1980), Tu pouvais venir, hier, chercher la voiture, j'ai fini depuis !!. (Mécanicien, Abidjan, 1980). Malgré cette pénible situation qui dure depuis, nous ne sommes en aucun cas gagnés par le désespoir. FM., 30.11.1982. C'est ça on voulait entendre depuis ! (: C'est ça que nous voulions qu'on nous dise depuis longtemps., Ivoir'Soir, 03.12.1997). Au campus, ils [: les étudiants] ont fait ça [: siffler et interpeller grossièrement les étudiantes qui passent] jusqu''ààà*. Un jour ils sont tombés sur une go yankee. Une go*, elle-même elle a dit elle a enlevé* camarade depuis* avec la honte* . Ivoir'Soir, 23.04.1998.

COM.: avec durème et ton suraigu sur la voyelle finale.

2- Fréq., oral, fam. tous milieux mais plaisant chez les intellectuels. Dans des échanges de salutations, signifie que l'on n'a pas rencontré son interlocuteur depuis un certain temps. C'est donc l'équivalent de "Ca fait longtemps qu'on ne s'était pas vus" "Ca fait un bail". Comment vas-tu depuis ? (: depuis tout le temps qui s'est écoulé, Enseignant, Abidjan, 1984). "Ca fait longtemps !" - "Depuis !!" (Etudiants, Abidjan, 1982).

COM.: "depuis " porte un durème et un ton haut sur la dernière syllabe.

COMP.: depuis à ce moment*, depuis là*, depuis longtemps que*

3- depuis à ce moment, loc.adv. Assez fréq., oral surtout, mésolecte. A partir de ce moment là, depuis ce moment.  Depuis à ce moment, il a toujours été malade. (Ménagère, Abidjan, 1978), Depuis à ce moment, tu n'es pas retourné en Guinée ? (Etudiant, Abidjan, 1982.). Patron* est parti en France. Depuis à ce moment, je n'ai pas trouvé du travail. (Boy, Abidjan, 1986).

4- depuis là, loc.adv. Assez fréq., oral, écrit, mésolecte, basilecte. Depuis déjà un certain temps. Gazou, le gars qui nous suit depuis là, il est beau dè *! (B.D.) Ivoir'Soir, 02.12.1997.

5- depuis longtemps que, loc.conj. Assez fréq., oral, écrit, mésolecte. Depuis le temps que, depuis le moment où. Depuis longtemps que vous m'avez dit ça, j'ai oublié. (Etudiante, Abidjan, 1984). Depuis longtemps qu'on nous annonce chaque jour les chiffres en millions, à la Radio ou à la télé [.]. Patriote Express, 27.04/03.05.1993.

 

déranger, v.tr. Fréq., oral, écrit, tous milieux, péj. Poser des problèmes pour qqun ou qq chose, soulever des difficultés pour qqun ou qq chose, contrarier qq chose (un projet par exemple) ou qqun., nuire à. Je pense normal qu'il y ait une diminution au niveau du coût des transports urbains car cela nous dérange beaucoup. FM., 03.07.1980. Les traditions, la présence active de sectes, le relief accidenté dérangent l'implantation de la religion catholique dans la région. FM., 20.05.1983. Y en a pas l'argent pour l'écolage* des enfants. Vraiment*! la rentrée scolaire, ça me dérange beaucoup! (Gardien, Abidjan, 1990).

 

dérékéba, n.m. V. DRÉKÉBA*.

 

derrière, prép. Assez fréq., oral surtout, mésolecte, basilecte. En l'absence de. Si un patron est comme ça, il faut parler en bien de lui non seulement devant lui mais derrière lui. Deniel, 1991 : 74. Derrière moi, il a pris mon vélo et il a fui. (Boy, Abidjan, 1978). Elle gâte ton nom* derrière toi. (Infirmière, Bouaké, 1980).

 

désacculturation, n.m. Peu fréq., écrit, intellectuels, recherché.  Action visant à effacer les effets de l'acculturation. Le renversement de la situation supposerait une politique cinématographique et de la désacculturation hardie. FM., 12.10.1982. Ce qu'il faut , c'est de la désacculturation, que les Ivoiriens retrouvent leurs propre valeurs. (Sociologue, Abidjan, 1988).

 

descendre, v.int.

1- Usuel, oral, écrit, tous milieux. Quitter le travail à la fin de la matinée ou en fin de journée. Par extension, terminer sa journée de travail pour rentrer chez soi. Le domicile conjugal étant éloigné du bureau ou de l'usine, on ne descendra pas à midi. FM , 30.11.1982. Il travaille la nuit et descends le matin. FM., 15.02.1983. Chacun a cent arbres, le matin et cent l'après midi. Si tu n'as pas fini de nettoyer en bas des arbres, tu ne descends pas. A. Touré, 1985 : 65. Moi par exemple, je monte* au travail à 7 h. 30 et je descends à 16 h. Deniel, 1991 : 75. Quand ils font des invitations*, le soir et que je descends tard, lui voudrait bien payer mon transport mais elle ne veut pas. Deniel, Ibid : 35.

ENCYCL.: certains informateurs voient dans cet emploi un souvenir de la montée et de la descente des couleurs qui ponctuaient la journée de travail durant l'époque coloniale.

DÉR.: descente*.

ANT.: monter*.

LOC.: descendre du ventre avec.

2- Fréq., oral, écrit, mésolecte, basilecte. Aller en ville (pour quelqu'un qui habite une ville moins importante ou un village). "Il descend demain."-"Ah bon ! il va à Abidjan ?". (Enseignants, Korhogo, 1979). Du matin au soir, ils [: les commerçants ambulants] déambulent à travers les quartiers de la capitale ayant pour cibles préférées les touristes et les gens de la campagne qui descendent un jour. FM., 31.03.1980.

3- descendre du ventre avec, loc.verb. (calque langues locales du groupe kwa), assez fréq., peu ou non scolarisés, plaisant chez les lettrés. Faire partie de la nature de qqn, être un trait de caractère inhérent à la personnalité de qqn. Quant à ses brusques changements d'humeur, on ne sait pas trop où il les a pris [.]. Il est descendu du ventre avec. Anoma Kanié, 1979 : 57. Elle est comme ça, serrée*, tu ne la changeras pas, elle est descendue du ventre avec. (Infirmière, Abidjan, 1981).

4- descendre en Basse Côte, loc.verb., V. BASSE* CÔTE.

5- descendre froid, loc.verb. Litt. (Kourouma). En parlant de la nuit, tomber en refroidissant l'atmosphère. Le soleil tombait tôt, les nuits descendaient froid. Kourouma, 1990 : 238.

 

descente, n.f. Usuel, oral, écrit, tous milieux. Sortie du travail, à midi comme en fin de journée, ce qui implique des problèmes de circulation entre le centre ville et la périphérie. La descente, en fin d'après midi, sur le pont  Houphouët-Boigny, c'est terrible!  (Taximan, Abidjan, 1980). En fin d'après-midi, à la descente, il fallait renouer avec les bousculades et les embouteillages. Bonnassieux, 1985 : 69. Ils s'y  [: à l'atelier de mécanique] rendent le soir à la descente [.]. Tilliette, 1984 : 90. Attends moi à la descente, je te véhiculerai*. (Fonctionnaire, Abidjan, 1987). Au plateau*, entre les tours, dès "la descente", c'est-à-dire la sortie des bureaux [.]. Jeune Afrique, 24/30.07.1996 : 81.

 

déscolarisé, n.m., adj. Usuel, oral, écrit, tous milieux, souvent péj.

1- n.m. Jeune contraint d'abandonner ses études (quel qu'en soit le niveau) avant l'achèvement de celles-ci, pour des raisons diverses : mauvais résultats scolaires, redoublements réitérés, échec à des concours d'entrée successifs et très exigeants (en 6ème, en seconde,...), manque d'argent, de tuteur*. Victime des déperditions du système scolaire. Il y a trop de déscolarisés dans notre système d'enseignement actuel. (Conseiller pédagogique, Abidjan, 1977). En effet, les jeunes déscolarisés dont certains sont titulaires du CEPE [.] exigent des compensations. FM., 15.12.1980. Par ailleurs, parmi les jeunes déscolarisés de la décennie précédente, certains ne parviennent pas à trouver d'emplois stables en milieu urbain. FM., 24.11.1982. Un grand nombre de déscolarisés vivent dans le quartier. Bonnassieux, 1987 : 186. Ce concours qui s'adresse d'abord aux enfants du primaire, du secondaire et même aux déscolarisés [.]. FM.,.23.02.1993. Je ne sais pas si ce garçon est arrivé jusqu'au bac ou si, comme son malheureux copain, il a été "déscolarisé", un mot ivoirien que j'ignorais alors et que j'ai beaucoup entendu par la suite. Krol, 1994 : 8. C'est l'exclusion, la honte du retour au village ou l'engloutissement dans la jungle des villes. Des dizaines de milliers de déscolarisés sont passés par là. Krol, 1994 : 32. De jeunes déscolarisés en quête d'emploi y ont vu une manne surtout que c'était une formation-embauche. Détective, 16. 03.1995. Si je suis déscolarisé, ça veut pas dire que je suis exclu du monde, (j'ai toujours quelque chose à apporter au monde. Corpus Van Den Avenne, 1995 : 94. Au cours de cette formation, les déscolarisés ont reçu un enseignement pouvant leur permettre d'élever, d'alimenter et de soigner les ovins et les poulets. Ivoir'Soir, 02.12.1997.

ENCYCL.: ces jeunes, après leur éviction, ne reviennent pas tous dans leur milieu d'origine et constituent, parfois, en milieu urbain, des groupes désoeuvrés de délinquants potentiels.

2- adj, Victime des déperditions du système scolaire. L'O.N.P.R. fait désigner les jeunes ruraux déscolarisés pour les former aux tâches de peseurs et de caissiers-comptables des G.V.C*. FM., 29/30.11.1980. Dans le milieu de la jeunesse déscolarisée, des manifestations de mécontentement se produisent. Bonnassieux, 1985 : 50. On rencontre de plus en plus de jeunes déscolarisés dans les villages : déchets de l'école disent les uns, retour à la terre préfèrent les autres. FM., 07.05.1993. Le centre accueillera de jeunes déscolarisés ayant déjà des notions de base en agriculture. FM., 07.05.1993. Le programme d'insertion des  jeunes déscolarisés [.]. FM., 16.02.1993.

 

désemparer, v.intr. Rare, Litt. (Kourouma). Etre désemparé. Le coeur de Salimata désempara. Kourouma, 1970 : 60.

 

désensorcellement, n.m. Assez fréq., oral, écrit, tous milieux. Action de désensorceler, de faire disparaître les effets d'actes de sorcellerie. Le colonel Papa le bon lui-même parfois pesait les bagages, discutait ferme avec les passagers et encaissait directement les taxes des douanes dans les poches de la soutane. Sans compter les séances de désensorcellement. Sans compter les conciliabules...sans compter...[.]. Kourouma, 2000 : 80. Il fut condamné à des séances de désencorcellement. Des séances de désensorcellement de deux hivernages*. Ibid, 2000 : 86.

 

déserter les bancs, loc.verb., V. BANCS*.

 

désinsectiser, v.intr. Usuel, oral, écrit, tous milieux. Détruire systématiquement les insectes (notamment mouches et moustiques) par des pulvérisations d'insecticide. Madame, la pompe* est gâtée*, je ne peux pas désinsectiser le séjour. (Boy, Abidjan, 1981). Quand il [: l'Institut d'Hygiène] s'avise de désinsectiser, une pulvérisation par voie aérienne lui coûte dix millions. FM., 20.01.1982. Près de la lagune, il faut désinsectiser la maison, une fois par an, c'est cher ! (Commerçant, Abidjan, 1983).

COM.: employé aussi bien pour la désinsectisation générale d'une maison par une entreprise que pour la simple pulvérisation occasionnelle d'insecticide dans une pièce.

SYN.: (part.) démoustiquer*.

 

désintéresser, v.tr. Dispon., oral, écrit, mésolecte, basilecte. Ne pas intéresser, ennuyer, déplaire. Moi c'est le dessin qui me désintéresse. (Instituteur, Bouaké, 1983). Tu dis que les polars te désintéressent, mais tu aimes voir des films policiers ? (Etudiant, Abidjan, 1984).

 

désivoirisé, (être ---- ), loc.verb. Dispon., oral, écrit, surtout intellectuels, péj. Avoir perdu son caractère national ivoirien. Moi je dis que certains quartiers d'Abidjan sont complètement désivoirisés avec leurs tours ultra-modernes. (Sociologue, Abidjan, 1980). La Côte-d'Ivoire [.] a fait de gros efforts pour rééquilibrer une économie dont on a pu dire qu'elle était fortement désivoirisée par le haut et par le bas. David, 1986 : 56.

ANT.: ivoiriser*.

 

désorienté, n.m. Rare, litt . Personne qui a perdu son chemin, égarée, privée du sens de l'orientation. Le désorienté revenait sur ses pas pour retrouver son chemin. Kourouma, 1990 : 206.

 

désormais, adv. Fréq., oral, mésolecte, recherché. Depuis un moment précis du passé jusqu'à maintenant. Particulièrement usité dans une question quasi-rituelle. Comment vas-tu désormais ? ( : comment vas-tu depuis la dernière fois ?, Convers. enseignants, Abidjan, 1980). Désormais, je n'ai plus mangé de langouste. (Secrétaire, Abidjan, 1981).

 

dessoucher, v.tr. Dispon., oral, écrit, tous milieux. Arracher les souches, jeter à bas un plant. Sangliers*, singes, biches*, toutes les nuits venaient dessoucher les bananiers*, les ignames* . Dadié, 1956 : 108. On était partis* dessoucher un brûlis. (Moniteur d'agriculture, Man, 1980).

 

destroy, [dDstrCj], v.tr.fréq. Argot zouglou, (de l'anglais), jeunes urbanisés. Tuer, rendre dingue, détruire (en parlant d'amour fou). La go* est jolie / avec son matos*, son sape* / ça peut me destroy. (: la fille est jolie /avec son popotin, ses fringues /elle peut me rendre dingue., Corpus T. Abidjan, 1994).

SYN.: pouvoir fan*, pouvoir tuer*, pouvoir mourir*.

 

détacher, v.tr. Fréq., (tradition), (calque de langues locales), oral, écrit.. Effacer les effets de l'envoûtement opéré à l'encontre de qqun. Elle accepta plus ou moins de "détacher" quelques victimes mais refusa obstinément de libérer N'Bé, le neveu d'Oncle Kopè. Parce que, disait-elle, il était lui aussi un sorcier. Bolli, 1977 : 82. Puisqu'on a fait un maraboutage* contre lui, il nous faut être dans une maison pour le détacher [.]. Il s'agit d'exorciser les mauvais esprits. FM., 21.01.1980. Souvent, il n'y a que le féticheur qui a attaché le médicament* qui peut te détacher. Les autres ne savent pas toujours. (Informateur, Bondoukou, 1990).

SYN.: démarabouter*.

ANT.: attacher*, djiboter*, faire djigbô*, faire gris-gris*, grigriser*, marabouter*.

 

détaillant-tablier, n.m. Usuel, oral, écrit, mélior. V. TABLIER*. Vendeur à l'étalage (au marché ou sur un trottoir...). Le Syndicat National des Commerçants Détaillants-Tabliers de Côte-d'Ivoire (SYNCODETACI) a réuni jeudi dernier les adhérents d'Adjamé dans les locaux de l'Ecole Primaire Publique Saligui Sangaré. FM., 26/27.05 1980. Je suis un détaillant-tablier  d'Abobo-Gare. ("Djamo-Djamo" 9 h 30, 18 mars 1981).

SYN.: tablier*.

 

détar, ditar, ditakh, [detar] / [ditar], n.m. Spéc., (flore), (du wolof). Terme générique qui, localement désigne deux arbres de la fam. des Caesalpinacées.

1- (Detarium senegalense Gmel.). Assez grand arbre de forêt, trapu, qui porte de gros fruits à pulpe sucrée. Certains détars ont des fruits toxiques sans qu'on puisse les distinguer des comestibles, ce qui fait qu'ils sont peu consommés. Roberty, 1954 : 201. Aubreville, 1959, I : 322. CTFT, 1989 : 274.

2- (Detarium microcarpum Guill. et Pern.). Petit arbre des savanes boisées aux fruits comestibles gros comme des oranges. Roberty, 1954 : 201.

 

détendre, v.tr. Dispon., oral, écrit, mésolecte, recherché. Ouvrir (en parlant d'un parapluie, d'une ombrelle ou d'un parasol). Certains électeurs sont venus avec leur parapluie. Ils les ont détendus à cause de la chaleur du soleil. FM., 18.01.1982. Les parasols étaient détendus sur le bord de la piscine de l'hôtel. (Rédaction 4ème, 1996, Bouaké).

 

détresser, v.tr. Fréq., oral, écrit, tous milieux. Défaire la coiffure traditionnelle féminine composée de petites tresses. Il faut compter une heure plus* pour vous détresser , vous brosser les cheveux, et vous recoiffer. (Coiffeuse, Abidjan, 1980).

SYN.: défaire les cheveux*.

ANT.: tresser*.

 

détourner le coeur, loc.verb. V. COEUR*.

 

détribalisation, n.f. Dispon., écrit surtout, politique, mélior. Disparition du caractère tribal, notamment dans les choix politiques. La solution, à mon sens, à la détribalisation du débat, c'est la démocratie. C'est-à-dire la transparence électorale, la justice. Ivoir'Soir, 26.05.1998.

 

détribalisé, adj. Peu fréq., spéc. Détaché de l'obéissance due à la coutume tribale, détaché de l'influence du groupe d'appartenance ethnique. Bien peu des habitants de la grande métropole moderne sont véritablement détribalisés. (Sociologue, Abidjan, 1980). Tous les ouvriers étant à la même enseigne détribalisés [.]. Tilliette, 1984 : 103.

 

détribaliser, v.tr. Peu fréq., spéc. Enlever à qqun ou qqch. son caractère tribal. Il faut avant tout détribaliser la politique si l'on veut la démocratie. (Etudiant, Abidjan, 1991). Il faut détribaliser le débat politique. (Titre d'article), Ivoir'Soir, 08.04.1998.

 

deuil, n.m. Usuel, oral, écrit, tous milieux. Période limitée (quarante jours par ex., pour les musulmans) durant laquelle on pleure, officiellement, un défunt. Toute la famille est réunie pendant le deuil jusqu'aux cérémonies du quarantième jour*. (Informateur, Kong, 1978). Je resterai au village pendant tout le deuil. (Enseignante, Ferké, 1980).

ENCYCL.: le deuil se termine par la levée* de deuil ou retrait* de deuil, sortie* de deuil.

DÉR.: deuilleur*.

 

deuilleurs, n.m.pl. Assez fréq., oral, mésolecte, basilecte, fam. Personnes en deuil, membres de la famille du défunt et participants aux cérémonies des funérailles*. Après l'enterrement [.] les gens en deuil (les deuilleurs, comme on dit en Côte-d'Ivoire) restent au village une semaine. Deluz, 1978 : 195. Il faut l'argent pour donner à manger et à boire aux deuilleurs. (Boy, Abidjan, 1980).

ENCYCL.: ces cérémonies (allant du décès à la levée de deuil) durent assez longtemps (d'une semaine à une quarantaine de jours, selon les ethnies et les religions).

 

deux, (y a pas son ----!), Il n'y a pas son deux ! loc.verb. Fréq., oral, surtout, basilecte, plaisant chez les intellectuels. Expression admirative et superlative correspondant à : il n'y en a pas deux comme cela ! C'est sans égal, il n'y a pas d'équivalent., y a rien de tel ! Abidjan, ça vaut rien ! Un bon foutou*, un joli pagne, la vie au village, y a pas son deux ! Zazou n° 8 : 1978. Les clients qui ont déjà passé, sont souvent revenus avec des amis, prouvant que le "Beyrouth" il n'y a pas son deux. Et puis l'addition passe facilement. FM., 12/13.12.1980. Médicament la*, c'est trop* spécial. Y a pas son deux, ça guérit tout ! Zazou, n° 17, 1980. "Petit là*, Afriqui là* tout, y a pas son deux ! (: Ce jeune, dans toute l'Afrique, il n'y en a pas un comme lui, Konaté, 1987 : 78.  Abidjan, y a pas son deux ! : Abidjan n'a pas sa pareille ! Première leçon de français de Moussa*. Jeune Afrique, 24/30.07.1996 : 95.

 

deux chambres-salon, n.m. V. DCS*.

 

deux-doigts, n.m. Usuel, oral, écrit, tous milieux, fam.

1- Vol à la tire. En quoi consistait cette opération? Deux doigts comme on dit. Il s'agit de soutirer un portefeuille en se frottant contre son propriétaire et en n'utilisant que l'index et le majeur en guise de ciseaux. Kollin, 1975 : 52. Si tu vas au marché, attention au deux doigts. (Ménagère, Abidjan, 1980).

LOC.: faire deux-doigts* .

2- deux doigts, voleur à deux doigts, pickpocket, voleur à la tire. Pickpocket ou voleurs à la tire communément appelés par la police, 'voleurs à deux doigts' ou 'deux doigts' [.]. FM., 21.01.1980. Y a un deux doigts qui lui a piqué le gnon*! (Etudiant, Abidjan, 1982).

DÉR.: deux-doigter*.

3- deux doigts, (faire [le] ---- ), loc.verb. Fréq., oral, fam., mésolecte, péj. Voler à la tire, subtiliser un objet en le prenant entre l'index et le majeur. De quoi il vit ? Il fait le baragnini* et aussi le deux doigts à la gare routière. (Lycéen, Abidjan, 1981). Méfie toi ! En ville, des gens qui font deux doigts, y en a beaucoup. (Instituteur, Man, 1982).

SYN.: deux-doigter*.

 

deux-doigter, v.tr. Argot du milieu, oral. Voler à la tire, subtiliser un objet en le prenant entre l'index et le majeur. J'ai cru que c'était un riche commerçant. Je l'ai deux-doigté. Kollin, 1975 : 38.

 

deux feux, n.m.pl. Argot zouglou, oral, spéc. jeu. As, carte maîtresse dans le jeu. Mais si c'est dans les poids* / tu vas piquer / t'entends dix huit / tôle te gagne / vingt cinq c'est quoi / et deux feux ça casse. (Corpus zouglou T., 1994).

 

deux fois deux (être ---- ), Argot estudiantin, oral, fam. Etre face à face. Il rentre maintenant dans la chambre  /ils étaient deux fois deux. (Corpus Z., 1992 : 96).

SYN.: être vis* à vis.

 

deuxième bureau, n.m. Usuel., (allusion à l'excuse souvent invoquée par un homme marié qui court la prétentaine :"je suis retenu au bureau!"), oral, fam., plais. Maîtresse, femme entretenue en dehors de son foyer, par un homme marié, à l'insu de sa femme légitime. Il a trois enfants avec sa femme et deux avec son deuxième bureau. (Infirmier, Abidjan, 1983). Elle est le deuxième bureau d'un grotto*. (Etudiant, Abidjan, 1983). J'ai quitté mon premier mari parce qu'il était trop égoïste; il ne contribuait en rien aux frais du ménage et entretenait un deuxième bureau. ID., 30.04. 1989. Ils multiplient les maîtresses, ce qu'on appelle les deuxièmes bureaux. Bussang /Leblanc, 1990 : 62. Au fond, si son entreprenant tuteur avait plu à Martine, il aurait pu devenir en même temps son protecteur* et son amant, et elle son deuxième bureau, avant qu'ils ne se lassent l'un de l'autre ou en attendant qu'il se décide à plaquer son premier bureau* et ses cinq enfants. Krol, 1994, 63. Ce n'est plus le cas quand le mari se contente d'ouvrir un "deuxième bureau" expression typiquement abidjanaise pour désigner le ou les foyers extra-conjugaux. Rémy, 1996 : 25. Voici une histoire qui va faire réfléchir les deuxièmes bureaux. Ivoir'Soir, 22.09.1997.

COM.: on peut distinguer deuxième bureau, troisième bureau, en fonction du nombre des femmes entretenues. Par contre le premier bureau, c'est toujours l'épouse légitime.

 

dévalisateur, n.m. Argot du milieu, spéc. Voleur chargé de la fouille d'une maison ou d'un appartement. Il y a également les 'canalisateurs' qui tiennent en respect les victimes pendant que les dévalisateurs fouillent et mettent à sac la maison. FM., 21.01.1981. Les dévalisateurs des immeubles. (titre d'article), FM., 19.01.1982.

 

dévaluation, n.f. Usuel, oral, écrit., péj. Opération par laquelle a été établie en janvier 1994, la parité 1 franc français = 100 CFA (et non plus 200 CFA comme antérieurement) ce qui a eu des incidences très importantes sur la vie quotidienne locale. Par ailleurs, la dévaluation du CFA* étant la condition de la reprise des financements par les organisations internationales, le FMI et la BM ont consenti à la Côte-d'Ivoire des prêts importants en 1994. C.V. Tuho, 1995 : 22. Mais à Abidjan, l'électrochoc de la dévaluation s'est transformé en un véritable coup de baguette magique. Jeune Afrique, 24/30.07.1996 : 69.

DER.: post*-dévaluation.

 

devancer le maître, loc.verb. Rare, litt., (Kourouma), (tradition), (calque du mandenkan), mélior. Pour l'épouse d'un chef manding, se retirer dans un endroit isolé et mener une vie ascétique, dès l'approche de la vieillesse, au lieu d'attendre d'y être contrainte par la mort de l'époux. Plus tard s'institua la coutume de devancer le maître ; sans attendre la fin du roi, ses femmes très âgées furent autorisées à déménager à Toukoro pour y vivre l'existence de prieures. Kourouma, 1990 : 141.

ENCYCL.: les épouses de chefs mandingues, autrefois, avaient à choisir entre accompagner leur époux dans l'au-delà ou se retirer du monde.

 

devant, adv. Fréq., oral, fam., mésolecte, basilecte. Plus loin dans la direction où l'on va. tout droit. C'est devant après l'église. (: Toujours tout droit après l'église, Piéton, Bondoukou, 1978). Si vous veut partir Carnaval Bouaké, c'est devant encore. (: Si vous voulez aller au carnaval de Bouaké, c'est plus loin dans cette direction, BD., Dago parlant à des petits Martiens), (FM., 21.06.1980). Je continue devant ou je tourne à droite? (Chauffeur, Abidjan, 1980).

 

devanture, n.m. Fréq., oral, écrit, tous milieux sauf intellectuels. Partie antérieure d'un bâtiment (facade, pas de porte, portail...) s'ouvrant sur la rue. Je suis un vendeur de cigarettes. Mon père était assis à la devanture de la case*. (copie 3ème, Bouaké, 1978). A la devanture du Lycée, il y a une vendeuse d'aloko*. (Lycéenne, Bingerville, 1983). Ma place se situe à côté d'un carrefour, près du trottoir, à la devanture d'une maison. FM., 07.03.1983. Le même sort a été réservé aux kiosques des trottoirs de la devanture du commissariat. FM., 07.05.1993. La devanture du petit centre culturel du village est clôturée de feuilles de palmiers. Ivoir'Soir, 14.10.1997.

COM.: très rarement utilisé en parlant d'un magasin.

 

développé (être ---- ), loc.verb. Fréq., oral, écrit, mésolecte, mélior. Se dit d'un individu dont les affaires semblent florissantes et qui présente des signes extérieurs de prospérité financière.  Patron, si tu donnes un peu l'argent pour payer *le vélo, les gens verront que je suis un peu développé  puisque je ne prends pas le bus. (Boy, Abidjan, 1978). Ceux qui rentraient [.] on voyait qu'ils avaient voyagé*, qu'ils étaient développés : ils avaient des habits* et le moyen de s'acheter un vélo. Deniel, 1991 : 22. Le Blanc*, quand il fait quelque chose, il le fait bien, c'est dans votre mentalité; c'est pour ça que vous êtes développés, non? Krol, 1994 : 40.

 

déverdir, (se ---- ) v.pron. Rare, litt. (Kourouma). Perdre ou atténuer sa couleur verte. Les fromagers* se déverdissent avec l'harmattan*. Kourouma, 1970 : 51.

 

dévier, v.tr. Rare, oral, écrit, mésolecte. Permettre d'éviter, contourner ( en parlant d'une route , d'une piste, d'un chemin). La piste qui dévie le campement* est plus courte ! (Chauffeur, Gouéssésso, 1979). En principe, tous les animaux entrant dans notre pays sont obligés de passer par ces postes à partir desquels ils empruntent des pistes à bétail qui dévient les cultures. FM., 16.04.1982.

 

dévierger, v.tr.

1- Usuel, oral, mésolecte, basilecte. Déflorer (une jeune fille). Les garçons, ils veulent tous te dévierger mais pas te marier*. (Lycéenne, Bingerville, 1978). Elle a refusé de dire qui l'avait déviergée et enceintée*. (Revendeuse, Abidjan, 1980) .

SYN.: casser*.

2- Dispon., oral, fam. Plaisant chez les intellectuels. Par métaphore, faire perdre à qqch. sa pureté originelle. Nous allons dévierger la maison en faisant la fête. Tu viendras ? (: Nous allons pendre la crémaillère, Universitaire, Abidjan, 1979).

 

devin, n.m. Usuel, oral, écrit, tous milieux, mélior.

1- Personne qui pratique la divination à partir de supports matériels comme les cauris*, la boîte à souris*. Les pouvoirs maléfiques attribués aux sorciers* sont considérables. Il existe fort heureusement [.] une autre catégorie d'individus, les féticheurs*, devins, guérisseurs* destinés, eux à [.] aider et à protéger des calamités que le sorcier* peut engendrer par ses coupables pratiques. Kerharo /Bouquet, 1950 b : 28. C'est un devin d'Adzopé qui m'a dit qui m'avait attachée*! (Secrétaire, Abidjan, 1978). [.] mais le féticheur-devin intervint [.]. Koné, 1980 a, 48.

ENCYCL.: le devin pratique une sorte de magie blanche qui s'oppose par ses aspects positifs à la magie noire du sorcier.

COMP.: devin par souris*, féticheur*-devin.

SYN.: clairvoyant*, voyant*.

2- devin par souris, n.m. Sorte de devin qui prédit l'avenir en observant les figures tracées par des souris qui se déplacent en liberté dans la case pour aller se nourrir. Les devins par souris sont très répandus [.]. Les souris vivent en liberté dans la case du devin. Quand on vient le consulter, il répand du sable fin dans la pièce [.], il dessine des figures magiques et place à une extrémité un peu de farine de mil*. Les souris en venant manger, laissent sur le sable des empreintes qu'on interprète par rapport aux signes préalablement tracés. Kerharo /Bouquet, 1950 a : 30. Le devin par souris m'a révélé que j'aurai encore deux fils. (Ménagère, Abidjan, 1978).

ENCYCL.: c'est la forme de divination la plus usitée dans l'est ivoirien.

 

d'horloge, loc. V. HEURE*. Notre attente a duré trois heures d'horloge ! (Spectateur, Abidjan, 1993).

 

diable /diablesse, n.m.ou f., adj. Usuel, (tradition), oral, écrit, tous milieux., péj.

1- n.m. ou f. Nom donné au sorcier ou à la sorcière maléfiques, ainsi qu'aux génies malfaisants qui leur sont associés. Le grand féticheur* était puissant. Il parlait avec les diables, disait-on. Koné, 1974. Je déclare publiquement que je suis une diablesse. Arnaut, 1976 : 11. Bois le djouroutoué* si tu n'es pas diable ! Bolli, 1977 : 84. La diablesse a avoué qu'elle avait mangé* des âmes. (Informateur, San Pedro, 1977). Certains l'appellent la voyante*, la sorcière*, la diablesse. Elle est là, enroulée dans ses pagnes de soie blanche qu'elle noue à la hauteur de ses seins. Anoma Kanié, 1978 : 73. Un vieux planteur* mourut. On interrogea* le mort [.]. C'est sa fille, une gamine de 10 ans qui était la cause de son trépas. La fillette était une diablesse qui partageait les repas d'une dizaine d'autres diables [.]. Les diables décidèrent de surseoir à la mise à mort du planteur*. FM., 22.01.1982. Les malheurs que Dieu envoie en malédiction aux diables, les diables étant ceux qui ont jeté des sorts à leur prochain. Gaudio /Van Roekeghem, 1984 : 56.

LOC.: attacher en diable, être en diable, manger en diable, tuer en diable.

DÉR.: diaboliquement*

SYN.: mangeur* d'âmes/mangeuse d'âmes, sorcier* /sorcière.

2- diable, adj. Maléfique, chargé de magie noire, lié aux mauvais génies. Il y a beaucoup de choses qui sont diables et les gens se méfient. (Informateur, Daloa, 1978). Alors, vous trouvez une cuvette* simple avec de la nourriture dedans, pour vous, c'est diable ça ? FM., 09.01.1980. Normalement ces gens ont un jour où ils adorent leurs fétiches. Ils sont un peu spéciaux. On dit qu'ils ont la tête dure* et sont un peu diables. A. Kouadio, 1983 : 64.

3- diable, (attacher en ---- ), loc.verb. Envoûter, frapper d'un mauvais sort. Ils m'ont attachée en diable pour que je n'aie plus d'enfants. Terray, 1970 : 138.

SYN.: attacher en sorcellerie*.

4- diable, (être en ---- ), loc.verb. Etre possédé par un esprit, avoir le diable en soi et être soumis à son pouvoir. S'il y a parmi nous, ici, dans l'assistance, deux ou trois personnes qui sont en diable, elles peuvent  converser entre elles sans que nous les entendions. Arnaut, 1976 : 19.

5- diable, (manger en ---- ), loc.verb. Se dit d'un sorcier qui aspire la substance vitale d'un être humain pour accroître la sienne ou l'offrir à des génies maléfiques. C'est moi qui ai mangé celui-ci et celui-là en diable. FM., 21.04.1981.

6- diable, (tuer en ---- ), loc.verb. Tuer par des pratiques magiques, tuer en ayant recours aux actions maléfiques d'un sorcier. Si un voisin construit une maison en dur*, on va chercher à le tuer en diable. Si un ami revient de la ville avec une petite fortune [.] on va chercher à le tuer en diable. Pourquoi ? La jalousie. Arnaut, 1976 : 78.

 

diable de mer, n.m. Spéc., (faune). (Manta birostris Donndorff). Seule espèce ouest atlantique du genre Manta, raie pouvant atteindre 6 m. d'envergure et peser près de 3500 kg. Les diables de mer sont capables de faire des sauts hors de l'eau et font un bruit terrible en retombant. Ce fait, joint à leur aspect effrayant, explique leur nom et les nombreuses légendes qui circulent à leur sujet. Aldrin /Noyer /Bregeat, 1972 : 11.

ENCYCL.: le diable de mer porte deux protubérances sur le devant de la tête. Bien que réputé terrifiant, il est en réalité inoffensif, sauf à la capture.

SYN.: mante, raie cornue, raie manta.

 

diaboliquement, adv.. Assez fréq. oral, écrit, tous milieux, péj. A la façon d'un diable* ou d'une diablesse*, par magie noire. Diaboliquement j'ai tué les personnes suivantes [.]. Arnaut, 1976 : 11. Il y a des gens qui veulent me tuer diaboliquement. (Secrétaire, Bouaké, 1979).

 

diakoidio, diékoidio, djékouadio, djé kouadio, djé Kouadjio, diékwadio, djakoidio, djakouadio, djakouôdjo, djakwadio, djécouadjio, djékoudjo, [djakwadjo],/[djekwadjo],n.m. Usuel, (santé), (du mandenkan, du baoulé), oral, écrit, tous milieux. Appellation qui recouvre deux maladies différentes: le diakoidio blanc, forme de paludisme (V. PALU*), et le diakoidio rouge, hépatite virale avec jaunisse (qui rougit le blanc de l'oeil) et urines colorées. (V. FIÈVRE* JAUNE). Le diakoidio, forme très grave d'ictère avec hémoglobinurie et hématurie. Bouquet /Debray, 1974 : 76. Djékouadio:  paludisme, malaria en baoulé. Anoma Kanié, 1978 : 8. Façon *djakoidio a také nhom aujourd'hui, on dit pas. (: Pas croyable la façon dont les gens ont le paludisme de nos jours!, Zazou n°17, 1978). C'est une maladie qui me revient assez souvent. Elle est chronique, le Djè Kouadio est une maladie de la famille, du pays ! Anoma Kanié, 1978 : 170. Alors ma femme m'a dit que ça devait être du djakouôdjo, du paludisme. Koné, 1980 : 87.  A l'intérieur [: du pays], le canna est prescrit comme calmant de la toux, comme fébrifuge ainsi que dans le traitement du diékoidio. Ibid : 63. En 1980, un djékoudjo terrasse Tantie*. FM., 05/06.03.1983. Le djékouadio, terme très classique qui désigne toute manifestation pathologique avec altération de l'état général et fièvre comme le paludisme aigu ou chronique, la tuberculose, une fièvre typhoïde, une atteinte hépato-biliaire avec ictère. FM. 26.12.1983. Il traite même  les caries dentaires et bien entendu les crises de djecouadjio, nom dioula* du paludisme. Krol, 1994 : 112. Chez nous, qui penserait à poursuivre des guérisseurs [.] qui calment nos djé koudjio? Ivoir'Soir, 22/23/24.08.1997. Le paludisme, ici le djêkouadjo est l'une des affections majeures des pays tropicaux. Ivoir'Soir, 12.11.1997.

SYN.: fièvre* jaune, fièvre* hématoglobinurique, malaria*, palu*, ictère.

 

dialecte, n.m. Encore fréq. chez les plus âgés et les peu ou non scolarisés, péj. Langue africaine. L'utilisation des langues maternelles étant proscrite dans l'enceinte de l'école durant l'époque coloniale, le terme 'dialecte' a donc pris la signification péjorative de 'patois', 'idiome sans écriture'. Défense de parler les dialectes dans l'enceinte de l'école. Dadié, 1956 : 116. J'usais de plusieurs dialectes : yacouba, ouobé, celui de ma race*. Girard, 1967 : 35. Demande au Père B. de t'accompagner, il parle bien le dialecte. (Informateur, Bondoukou, 1979). On demanda les nouvelles à Kimou Aguié. Il les donna comme il le put, c'est-à-dire jusqu'où la pratique de son dialecte qu'il devait réapprendre lui permit de s'exprimer. Oussou-Essui, 1979 : 47. Son ignortance du dialecte des villageois aiguisait sa susceptibilité. Oussou-Essui, 1999 :18.

ENCYCL.: s'oppose au mot 'langue' qui, sous l'influence de l'époque coloniale, s'est restreint à la désignation de la langue officielle, vecteur de l'éducation et de la culture importée.

SYN.: langue nationale (part.), langue vernaculaire, patois*.

COM.: le sens véritable de 'dialecte': "variété géographique d'une langue", ne semble connu localement que par les linguistes. Pour parler de langue africaine utilisée comme langue première par une communauté linguistique, on emploie 'langue* vernaculaire ou de préférence 'langue* nationale lorsque la langue africaine en question a un statut et une fonction de communication reconnus dans le cadre de l'Etat.

 

diallo, [djalo], n.m. Argot urbain, (patronyme peul très répandu), oral, fam., jeunes. Vendeur à l'étalage, sur la voie publique. On a coutume d'appeller diallo tous ceux qui vendent de la cigarette* au bord de la route ou tous ceux qui font le travail de kiosque. Cité in Caummaueth, 1988 : 143. Diallo fut l'un des premiers Guinéens à arriver à Bidjan pour vendre chewing-gums et cigarettes dans un meuble gigogne lui servant d'étalage. On le connaît de Vridi à Williansville au point que son patronyme, gagnant en popularité, a perdu sa majuscule pour désigner l'ensemble de ses confrères. Tierno Monenembo, 1993 : 30. Regardez, tous les petits Mamadou, les Diallo qui vendaient des cigarettes et des bonbons, on les a fait déguerpir*. Jeune Afrique, 24/30.07.1996 : 71. Et puis je vais trouver un tablier,* un diallo quoi. J'ai cent vingt cinq. je dis je veux deux malboros. (Jeune, maquis* abidjanais, 1995).

ENCYCL.: les Peul de Guinée sont souvent revendeurs de cigarettes, allumettes ou confiseries à l'aide d'un éventaire transportable qu'ils installent sur le trottoir, près des chantiers.

COMP.: tablier* diallo.

SYN.: mamadou*, tablier*.

 

dialogue à l'ivoirienne, n.f. Fréq., oral, écrit, tous milieux, mélior. V. A* l'IVOIRIENNE. Appellation donnée à la concertation nationale de grande envergure entamée entre les gouvernants et les diverses couches du pays lorsque de graves tensions sociales semblent se faire jour. Elle s'appuie sur la modernisation des contacts communicatifs de type traditionnel. La période difficile des années 1968-1970 (mécontentement populaire, contestation estudiantine) est traitée par le "dialogue à l'ivoirienne" et permet de faire adopter un consensus [.]. Antoine /Debresson /Manou-Savina, 1987 : 87.

 

diane, n.m. Spéc. (faune). V. CAPUCIN*, CERCOPITHEQUE*. (Cercopithecus diana Linn.). Singe de taille moyenne. Plusieurs variétés. En Côte d'Ivoire on distingue le diane : barbe courte à racine noire, touffes auriculaires blanches, face interne des cuisses et fesses rousses, diadème nuancé de jaune et le roloway (c. diana roloway Schreber) : barbe longue et pointue, oreilles sans touffes de poils, diadème blanc, face interne et fesses orange. Haltenorth /Diller, 1985 : 280.

SYN.: (part.) capucin*.

 

diango, [djSgo], n.m. Spéc., (flore). (Ficus Goliath A. Chev.). Le plus grand de tous les ficus forestiers, au fût cylindrique élevé et au feuillage dense. Fam. des Urticales. Aubreville, 1953, I : 86, Roberty, 1954 : 33.

ENCYCL.: ses figues excèdent 24 m de diamètre.

SYN.: ficus* goliath.

 

diangollé, [djSgole], n.m. Spéc., (flore), (du baoulé). (Ficus djalonensis A. Chev.). Grand épyphyte ou grand arbre à latex blanc très visqueux. Aubreville, 1953, I : 88.

 

diantra, djantra, gentra, [djStra] n.f. Fréq. (du mandenkan "prostituée"), fam., oral , péj.

1- Prostituée qui fait le trottoir ou fréquente les halls des hôtels, par opposition à la toutou* ou à la sotra*. Utilisé comme terme d'insulte. Ecoute moi un peu madame, j'ai une femme comme toi et si tu bronches un peu, je te ferai savoir qui je suis, espèce de djantra ! (Dispute, marché, 1974). Une quelconque djantra serait venue me raconter cette histoire, je n'y aurais pas cru. Sery, 1975 : 22. L'autre jour, j'étais dans le hall de l'Hôtel Ivoire, y a une diantra qui arrive et qui vient me bousculer. (Mère de famille, Abidjan, 1981). [.] après une nuit de gentra [.] Tilliette, 1984 : 100. La poursuite de la richesse et cette vie de turpitude impliquent que la jeune fille sacrifie tout : amour, enfants, vie de famille [.] A Abidjan ce genre de filles s'appelle djantra. Goli, 1985 : 119.

COM.: contrairement à la toutou*, la diantra ne met pas de rideaux à ses fenêtres comme symbole d'un lieu de prostitution.

SYN.: belle* de nuit, bordelle*, djandjou*, sotra*, toutou* (part.).

DER.: diantraya*.

2- Appliqué à un homme : coureur de jupons, homme qui fréquente les prostituées. Méfie toi, c'est un diantra! (Secrétaire, Abidjan, 1980).

 

diantraya, djantraya, [djStraja], n.m. Dispon., argot urbain, (du mandenkan "état de la prostituée"), oral, fam., vulg. Prostitution. Abidjan là, diantraya des femmes là c'est trop* fort ! cité in Caummaueth, 1988 : 85.

 

diaou, diagou, [djau] / [diagu], n.m. Spéc., (flore), (du mandenkan, du peul). (Pterocarpus santalinoides L'Hérit.). Petit arbre ripicole de la fam. des Fabacées, à écorce écailleuse très mince. Roberty, 1954 : 212. Aubreville, 1956, I : 346.

 

diar, [djar], n.m. Spéc., (flore), (du wolof : ndiar). (Xylopia aethiopica (Dun) A. Rich.). Arbuste de la fam. des Annonacées, parfois cultivé. Il en existe plusieurs variétés. Il porte des fruits d'un beau rouge vif contenant des graines noires utilisées comme épices ou comme médicaments par les populations locales. Roberty, 1954 : 25.

SYN.: kani*, malaguetta*, poivrier de Guinée*, poivrier d'Ethiopie*, poivre nègre* (la graine seulement).

 

dibalé, doubalé, doubalén, [dibale] / [dubale] / [dubalen], n.m. Spéc., (flore), (du mandenkan), nord, spéc. (Ficus thonningii Blume). Arbre de la zone de savanes très feuillu et à racines adventives qui, une fois au sol, donnent un nouvel arbre. Aubreville, 1953 : 88.

ENCYCL.: il sert couramment d'arbre à palabres* dans le nord du pays ou permet d'ombrager les rues.

SYN.: driango totobé (baoulé).

 

dibétou, [dibetu], n.m. Spéc., (flore), (du krou). (Lovoa trichiloides Harms). Grand arbre de la fam. des Méliacées à écorce odorante. Bois de cet arbre, brun clair avec des reflets dorés et souvent des veines plus foncées Tendre et léger.  Le dibétou se présente ordinairement par bouquets de quelques grands arbres. Aubreville, 1953, I : 166. Roberty, 1954 : 158. [.] de tous nos fiers géants, fiertés des dieux, les criminels transformèrent dans leurs enfers d'Europe,[.] le dibétou en meubles [.]. Conte, 1981 : 49. Certaines essences de la forêt ombrophile débordent sur la partie sud de la forêt mésophile : framiré*, bossé*, dibétou [.]. Arnaud /Sournia, 1980 : 50.

ENCYCL.: ce bois qui est utilisé en ébénisterie et en menuiserie, n'est pas cependant l'objet d'un grand intérêt pour la sylviculture car il est attaqué par des insectes.

COM.: dibétou est le nom pilote de ce bois. CTFT, 1989 : 384.

SYN.: noyer* d'Afrique/ noyer du Gabon, african walnut (angl.), lokoa/ abanfi (ébrié), moutchibanaye (abé et attié), tikossou/ koudra (bété), .

 

dibi ,[dibi], n.m. Pas très fréq., (du mandenkan :"sorte de gril local " et "viande grillée"), oral, fam., nord. Morceau de viande et d'abats vendu, grillé ou cru, dans une échoppe spécialisée. A midi, on ne rentre pas à la maison, on va manger un dibi. (Planton, Abidjan, 1979).

DÉR.: dibiterie*, dibitier*.

 

dibi-dibi, [dibidibi],  n.m. Assez fréq., (du mandenkan « obscurité »), basilecte, fam. oral, péj. Magouille, démarche louche, fourbi. Dibi dibi : expression populaire dioula qui s'est implantée dans le français populaire ivoirien [.], le dibi dibi, c'est la manière, le caractère, l'ambiance de toute démarche pas claire, floue, louche, suspecte, frauduleuse. Konaté, 1987 : 234. Les élections sont arrivées / dibi-dibi / Voilà la corruption!  (Chanson d'Alpha Blondy). Y a du dibi-dibi dans toute cette histoire de gnon* . (Etudiant, Abidjan, 1992).

SYN.: koutcha*-koutcha.

 

dibiterie, [dibitri], n.f. Pas très fréq., (alimentation), ( hybride mandenkan « viande grillée » +  suffixe français -erie), oral, fam., nord. Petite échoppe, sur le trottoir ou sur le bord d'une route fréquentée, où l'on vend des morceaux de viande et d'abats grillés. Les gens fréquentent les dibiteries mais ils semblent préférer maintenant les chawarmas* aux dibis ! (Informateur, Abidjan, 1988).

 

dibitier, [dibitje], n.m. Pas très fréq.,(alimentation), (hybride mandenkan « viande grillée » +  suffixe français -tier), oral, fam. Homme, installé sur un trottoir ou sur le bord d'une route fréquentée, qui fait griller des morceaux de viande ou des abats pour les vendre. Viens avec moi. Je connais un dibitier. Sa viande est toujours bonne. (Enseignant, Bouaké, 1983).

 

dichotomisation, n.f. Dispon., recherché, Intellectuels. Action d'établir une opposition binaire entre deux éléments qu'on sépare nettement malgré leur complémentarité. Après cette approche globale de la culture, on se rend compte que la dichotomisation de l'agriculture et de la culture a été préjudiciable. (article de Niangoran Porquet "Quand l'agriculture précède la culture", FM.: 19.01.1982.

 

didiga, [didiga], n.m. Fréq., (du bété), (tradition), oral, écrit, tous milieux, mélior. Forme théâtrale à valeur symbolique puissante, mêlée de musique (V. ARC MUSICAL*) et de danse, inspirée par la tradition bété, en particulier par l'art dramatique des chasseurs. Elle a été créée par B. Zadi Zaourou dans les années 80. Une esthétique fondée sur la parole africaine et ses formes d'expression spécifiques [.] le didiga. [.] (article intitulé "La termitière" un théâtre du didiga"), FM., 27.01.1981. En effet, 'Le secret des dieux' apparaît empreint à la fois de l'esthétique du didiga et de celle du théâtre classique contenue dans des pièces comme 'Les sofas*' et 'L'oeil'. FM., 20.02.1983. Le didiga est donc tiré de la tradition africaine fondée sur le mysticisme. FM., 04/05.02.1984. [.] autant les intellectuels ivoiriens essayent de produire et d'installer de nouveaux concepts esthétiques et scientifiques: Griotique* par ci, Didiga par là. Ludistique* et Drumologie* plus loin sans oublier l'Annihilisme. Y. Konaté, 1987 : 104. [.] de grands noms se sont tus comme celui de B. Zadi Zaourou, de son didiga s'inspirant de la tradition bété [.]. Bussang /Leblanc, 1990 : 64. [.] du didiga bété. Nouvelle presse, 22.04. 1993. Des chercheurs occupent le terrain. Parmi eux, le Professeur Zadi Zaourou avec la compagnie Didiga*, Niangoran Porquet et Aboubacar Cyprien Touré qui lancent la griotique*, Souleymane Koly et le kotéba* qui développent la comédie musicale. Ivoir'Soir, 18.08.1997.

 

die, n.m. V. DAILLE*(1).

 

diékoidio, n.m. V. DIAKOIDIO*.

 

diékwadio, n.m., V. DIAKOIDIO*.

 

diéli, diély, n.m. V. DJELI*.

 

Dieu est grand !, loc.exclam. Fréq., (calque de l'arabe), oral, écrit, musulmans. A la grâce de Dieu! Faisons confiance à Dieu ! Les entraîneurs et les supporters ont fait leur travail. A vous de jouer. Dieu est grand ! FM., 17.10.1983. Je suis compressé*. J'ai six enfants. Comment je vais les nourrir ? Dieu est grand (Chauffeur, Abidjan, 1984). J'ai bien travaillé, j'ai fini toutes les épreuves. Dieu est grand ! (Etudiant, Abidjan, 1985).

 

difou, [difu], n.m. Spéc., (flore), (de l'abé). (Morus mesozygia Stapf.). Grand arbre des lisières de forêt dense, parfois exploité comme l'iroko* en raison de son bois de coeur jaune et dur. Fam. des Moracées. Les feuilles très caractéristiques du difou suffisent pratiquement à l'identifier. Aubreville, 1953, I : 55.

COM.: difou est le nom-pilote de ce bois. CTFT, 1989/ 387.

SYN.: apia (baoulé), atchoumapou (attié), broué (yakouba), dui ni (agni).

 

digba, [digba], n.m. adj. Argot nouchi, jeunes urbanisés.

1- n.m. Muscle. Tu as vu les digbas du groto*? ID., 23.03.1986. Apparemment "Zimblo Gbôlô" n'a pas eu assez de digba"(muscles) pour s'opposer à la vindicte populaire. Ivoir'Soir, 26//27/28.09.1997.

DER.: digbaturé*.

2- adj. V. DIGBATURE*. Musclé, costaud. Bèllè dit que lè* sont digba/ les loubards disent qu'ils sont digba/ entre les deux qui est ngaga/. (Chanson "Halte au tribalisme". groupe Les potes de la rue, corpus T., 1994)."Digba" : très musclé [.] Ces différents termes empruntés au langage nouchi*, font partie aujord'hui du lexique zouglou*. Ivoir'Soir, 15.10.1997.

 

digbaturé, [digbatyre], adj. Argot nouchi, (oral, fam. Musclé, costaud. Y a trois gaillards digbaturés à mort. (B.D. Zézé) ID., 07.05.1989. Sinon ce sont les loubards et autres digbaturés seuls qui allaient* avoir femme sur cette terre. Ivoir'Soir, 11/12/13.07.1997.

 

dilkat, [dilkat], n.m. Argot du milieu, (du wolof), oral, fam., péj. Dealer, vendeur de drogue. Un dilkat peut fabriquer une dizaine de kher* qu'il revendra 5000 FCFA pièce. Jeune Afrique, 16/22.02.1995.

 

diminuer, v.

1- v.intr. Fréq., oral, écrit, tous milieux. Décliner, perdre ses forces (en parlant d'une personne âgée ou d'un malade). Pendant ce temps là, ton père diminuait : il ne mangeait rien... Du Prey, 1979 : 149. Je suis allé le voir à l'hôpital, il diminue tous les jours. Je crois qu'il est fichu. (Enseignant, Abidjan, 1987).

2- v.intr. Fréq., oral, écrit, mésolecte, basilecte. Restreindre ses exigences financières, baisser ses prix. Je lui ai demandé que mon salaire soit de 30 000 f. Il a répondu :"C'est trop, il faut diminuer." Deniel, 1991 : 149. Non, je n'achète pas. Il faut diminuer. (Ménagère, Abidjan, 1984).

3- v.tr. Fréq., oral, écrit, mésolecte, basilecte, péj. Humilier, manquer de respect, chercher à rabaisser. Tu ne vas pas me diminuer devant tout le monde. (Etudiant, Abidjan, 1984). Ma co-épouse* me diminuait trop*. C'est pour ça qu'il y a eu la bagarre. (Bonne d'enfants, Abidjan, 1978).

4- diminuer sa bouche, loc.verb. V. BOUCHE*.

5- diminuer son âge, loc.verb. Argot zouglou, oral, fam. Se rajeunir. Parce que les hommes ils aiment diminuer leur âge. (Corpus Lycéennes, Abidjan, 1995).

 

dina, [dina], n.m. Spéc., (flore). (Dialium guinense Willd.). Arbre moyen à fruits arrondis comestibles, d'un noir velouté, en grappes lâches. Aubreville, 1953, I : 260.

ENCYCL.: le bois, rouge foncé, dense et dur, est parfois utilisé.

 

dinamori, dinamory, [dinamori], n.m. V. DJINAMORY*. [.] groupes qui se pressent autour de quelque bonimenteur qu'il soit griot* ou "dinamori" c'est-à-dire prestidigitateur ou opérant des tour de passe-passe avec des pièces de monnaie. Rémy, 1996 : 109. Voilà que chemin faisant il rencontre un dinamori qui a le don de multiplier l'argent. Ivoir'Soir, 19.03.1998.

 

dindin, [dRdR], v.tr. invariable. Argot zouglou, (du mandenkan "garder pour soi" ), oral, fam. Remarquer, regarder avec intérêt. La go* m'a dindin / je m'en fous* de toi. (Corpus zouglou, T., 1994).

 

dindinman, [dRdRman], n.m. Argot nouchi, (hybride mandenkan  "garder pour soi"+ anglais), oral, fam. Gars sans coeur, dur à cuire. Ce you*, c'est un dindinman, ne casse pas drap*, bras droit* ! (: Ce policier est un gars sans coeur, déconne pas, mon pote, Informateur, Abidjan, 1990).

 

dîner sur le dos de qqun, loc.verb. V. DOS*.

 

diodon, n.m. Spéc., (faune). V. POISSON*-LAMPE, POISSON* PORC-EPIC, (Diodon hystrix Linn.). Poisson de la fam.des Diodontidae, d'environ 90 cm, capable de se gonfler d'air ou d'eau. Sa chair est vénéneuse. Il est souvent naturalisé et vendu sur les marchés à des fins décoratives. Le diodon est le plus grand des poissons porcs-épics*. Seret /Opic, 1981 : 386.

ENCYCL.: son corps est couvert d'épines longues et érectiles. (V. POISSON* PORC-ÉPIC*).

 

dioro, [djoro], n.m. Spéc., (flore). (Securidaca longipedunculata Fresen.). Plante semi-arbustive de la fam. des Polygalacées, très ornementale. Roberty, 1954 : 187.

ENCYCL.: fleurs aux corolles bicolores, pourpre sombre et mauve clair.

 

dioula, djoula, dyoula, djula, dyula, jula, [djula], n.m. Usuel, oral, écrit, tous milieux.

1- Commerçant africain musulman, le plus souvent itinérant et d'origine manding, quel que soit par ailleurs son groupe ethnique. Dans nos possessions du Sénégal et du Soudan français, on a pris l'habitude de désigner les marchands sous le nom de dioula. C'est une appellation impropre. Le mot dioula sert à désigner une partie très importante de la famille mandé. Binger, 1892, I : 38. Vers 1900, ces bracelets de pied* [.] commencèrent à se raréfier, remplacés par la verroterie colportée par les dioulas. Du Prey, 1962 : 165. Le dernier groupe des Manding du nord, les Dioulas [.] parlant un dialecte mandé, sont à ce point dispersés qu'il est impossible de préciser leur situation territoriale. Très doués pour le commerce, leur nom est demeuré synonyme de commerçant. Busson, 1965 : 62. [.] le dioula riait de lui. Koné, 1976, : 96 [.] ils se font colporteurs tant et si bien que le mot "dioula" a fini par désigner le colporteur lui même. Conte, 1981 : 40. Je vous ai laissés avec les études et les diplômes, et moi, je suis allé faire le petit dioula pour gagner de l'argent. Ekra, 1985 : 43. Elles sont dioula c'est à dire commerçantes, de par la famille, la tradition, de longue date. A. Touré, 1985 : 93. [.] La classe marchande et aventurière des "dioula" allait rapidemant, sous ce nom, faire de la langue mandingue la langue véhiculaire et commerciale de toute la région. David, 1986 : 19. Il y a quelque temps, moi, je faisais égorger et fusiller les dioulas qui apportaient les mauvaises nouvelles du front. Kourouma, 1990 : 30. Chez nombre d'Ivoiriens, la confusion entre les termes Dioulas*, musulmans, intégristes et nordistes* est presque totale. Jeune Afrique, 16-22.03.1995 : 21. De plus le terme dioula désigne en Côte-d'Ivoire les musulmans originaires soit du nord du pays, soit des états voisins du Sahel qui s'adonnent assez souvent au commerce (en bambara du Mali ce mot signifie "marchand"). Jeune Afrique, 24/30.07.1996 : 94.

COMP.: dioulabougou*, dioulakro*.

SYN.: longs boubous*.

2- dioula, langue dioula, n.m. V. MANDENKAN*. Langue de la famille mandé nord, servant de véhiculaire pour les échanges nord/sud à l'intérieur du pays et dans les relations avec les populations manding des pays voisins : Mali, Burkina-Faso, Guinée, etc. [.] l'usage, partout répandu, partout efficace, de la langue dioula, ce malinké véhiculaire qui rivalise déjà de fait aujourd'hui avec le français comme langue d'intercommunication, surtout dans le Nord [.]. David 1986 : 65. Le dioula, une langue véhiculaire: une langue de communication et de commerce, irriguant depuis le Sahel tout le territoire ivoirien. Konaté, 1987 : 104. Déjà à ce niveau le dioula standard que vous parlez découvre ses limites. Ibid. : 23. D'Odienné ou de Bamako, les deux travailleuses parlent la même langue, le "dioula". A. Touré, 1991 : 21. [.] l'incontournable dioula qui permet de communiquer avec beaucoup de monde. Krol, 1994 : 109. Dans le cadre de l'AOF, le dioula connut une forte expansion grâce à l'arrivée de migrants [.] venus de Haute-Volta (Burkina), du Soudan français (Mali) et de Guinée, et au fait que le bambara était la langue commune des fameux "tirailleurs sénégalais". Dans les grandes villes de Côte-d'Ivoire [.] se mélangèrent tous ces apports mandingues  -malinké, bambara, parlers dioulas ruraux- et il se créa un nouveau dioula urbain qui est devenu la langue commune des Dioulas de Côte-d'Ivoire et qui est utilisé sur les marchés. Jeune Afrique, 24/30.07.1996 : 95.

ENCYCL.: on établit généralement une distinction, en Côte-d'Ivoire, entre le dioula des locuteurs-natifs (Kong), le dioula nagboussi utilisé par des populations d'origine manding installées dans le sud ivoirien et le dioula tagboussi, (: dioula des 'broussards') variété utilisée pour les échanges nord-sud, parler à fonction véhiculaire qui présente des traits de fonctionnalisation. Le dioula du blanc ou dioula du marché est aussi une variété véhiculaire contenant un certain nombre de caractéristiques de pidginisation. Compte tenu de sa diffusion originelle par des colporteurs islamisés (V. DIOULA sens 1), la langue dioula tend à apparaître souvent comme liée à la religion musulmane.

 

dioulabougou, n.m. V. DIOULAKRO*. -KRO*.

 

dioulakro, dyoulakro, dioulabougou, diouladougou, [djulakro] / [diulabugu], / /[djuladugu], n.m., adj. Usuel, (hybride du mot mandenkan  jùla "colporteur" et du baoulé ’’-kro’’ qui marque les noms de villages ou de quartiers ou emprunt des mots mandenkan jùla + dùgu "village" ), oral, écrit, tous milieux. V. -DOUGOU*, V.-KRO*. Dans la plupart des centres urbains, nom donné au quartier où se regroupent autour d'une mosquée, les musulmans autochtones ainsi que ceux qui sont originaires des pays sahéliens voisins. Il habite dans le dioulakro, près de la mosquée. (Etudiant, Abidjan, 1980). A droite, le quartier populaire, le Dioulabougou, le quartier dioula, l'avait-on nommé -comme s'il ne résidait que des Dioulas là-dedans- ne vivait que la nuit. Koné, 1980 : 36. Je prenais* de l'air au quartier dioulakro. FM., 21.04. 1984.

 

dioun, [djun], n.m. Spéc., (flore). (Adina inermis (Willd.) G. Rob.). Plante de la fam.des Rubiacées aux fleurs à corolles mordorées. Roberty, 1954 : 111.

 

diplomate, n.m. Argot du milieu, oral, fam. Homme qui, dans un gang de voleurs, est chargé de soutirer les informations utiles pour le cambriolage envisagé. Les réseaux de bandits comprennent une deuxième catégorie de dépisteur* surnommée le diplomate selon le langage du milieu. Il doit savoir aborder son interlocuteur et le faire parler avec tact pour obtenir les renseignements voulus sans éveiller ses soupçons. FM., 21.01.1981.

 

diplomite, diplômite, n.f. Dispon., oral, écrit, intellectuels, péj. Course au diplôme par n'importe quel moyen même la fraude On préfère pratiquer la politique de l'autruche en fermant systématiquement les yeux sur les maux qui rongent notre société. Est-il exagéré de dire que la diplômite en constitue un? FM., 21.06.1980. Avec la diplomite, il y a des étudiants qui collectionnent les licences ou les maîtrises. (Fonctionnaire, Abidjan, 1983).

 

dipri, fête du Dipri, [dipri], n.m. Fréq., (tradition), (de l'abidji ), oral, écrit, tous milieux, sud. Fête du Nouvel An chez les Abidjis, ayant pour objectif de réconcilier l'ensemble de la population et de débarrasser le village d'éventuelles influences maléfiques. La fête du dipri est sans fausse note. Elle est sérieuse et totale. FM., 20.04.1982. La fête du dipri [.] s'est déroulée cette année le 25 avril à Gomon, localité située à quelques 85 km au nord d'Abidjan. FM., 05/06.05.1984. Depuis, les Abidjis qui avaient été à jamais libérés de la famine, commémorent chaque année cet évènement par une cérémonie à laquelle on a donné le nom de Dipri. Gaudio /Van Roekeghem, 1984 : 68. A la fin du mois d"avril, chaque année se déroule à Gomon la fête du Dipri. Rémy, 1996 : 92. [.] élément important d'unité et d'identité sociales, culturelles et spirituelles du peuple abidji, le dipri est pourtant menacé de disparition. Nouvel horizon, 23.04.1993.

ENCYCL.: fête célèbre pour ses rites de possession, ses transes, les blessures au couteau que s'infligent les Séképouéné (: les possédés) apparemment sans douleur ni cicatrices visibles par la suite, le Dipri commémore une terrible famine chez les Abidji à laquelle mit fin le sacrifice du fils du chef Bidyo, coupé en morceaux et enterré. Des ignames poussèrent spontanément sur le charnier.

SYN.: fête des génies*, fête du sang.

 

dire, v.

1- dire (à qqn.), v.tr. ind. Fréq., oral, fam. mésolecte. Tracasser qqn, avoir de l'importance pour qqn, ennuyer qqn, toucher qqn. Le football, ça dit aux Ivoiriens. (Lycéen, Bingerville, 1977). Les examens, ça me dit quelque chose en ce moment. (Etudiant, Abidjan, 1978).

ANT.: ne rien dire*.

2- dire, (ne rien ---- ), loc.verb. Fréq. oral, fam. mésolecte. Ne pas avoir d'importance (aux yeux de qqn.), être sans gravité (pour qqn.), ne pas gêner. En parlant de balles, de flèches...) ne pas blesser. Amangoua ne veut pas rejoindre son ancienne épouse. Le nom de Bomo ne lui dit plus rien. A. Kanié, 1978 : 215. Les odeurs épouvantables ? Cela ne lui dit plus rien. Et pourtant les trois premiers mois de responsable de dépotoir furent difficiles. FM., 25.06.1981. Sa femme et ses enfants, tu penses, ça ne lui dit rien! Quel faux type*! (Secrétaire, Abidjan, 1984.). Nous savions que les balles ne pénétraient pas les chasseurs. Les soldats*-enfants de la brigade affolés criaient partout :"Les balles ne les pénètrent pas ! Les balles ne leur disent rien !". Kourouma; 2000 : 191.

3- on dit pas!, loc.excl. Fréq., oral, fam. basilecte. V. FACON* C'est pas croyable !, c'est indescriptible !, c'est inimaginable ! On peut pas le dire. Exprime un étonnement généralement admiratif. Façon* elle dort bien, on dit pas ! Zazou n°8. Façon il chante, on dit pas !! (Etudiant, Abidjan, 1983). [.] superkankankan*  dont le dessin est des plus suggestifs "C'est quoi*? Ah ça.... C'est trop* vilain !... on dit pas ô*! David, 1986 : 113.

4- on dit quoi ?, loc. nterr., Fréq. oral, fam., mésolecte, basilecte. Quoi de neuf ? Après quoi l'hôte conclut par [.] "On dit quoi ?"- Quoi de neuf ? - mais ça c'est plus typiquement ivoirien. Krol, 1994 : 166.

5- dire akwaba, loc.verb., V. AKWABA*.

6- dire la bienvenue, loc.verb. V. BIENVENUE*.

7- dire mauvais contre qqun, loc.verb. Vx., oral, pop. Parler mal de qqun, dire du mal de qqun. [.] il ne peut pas aller dans ces quartiers là sans qu'il entende dire mauvais contre nous. Bailly, 06/07 sept. 1894 in Niamkey-Kodjo, 1991 : 113.

8- dire pardon, loc.verb. Assez fréq. oral, fam., basilecte. Présenter ses excuses, demander pardon. Mon fils va venir vous dire pardon. (Fonctionnaire, Abidjan, 1982). Kouassi veut te dire pardon. Tu as vu les efforts qu'il a faits pour que vous puissiez vous marier mais ses parents ne veulent pas. A. Kouadio, 1983 : 97. [.] même à 50 ans, on te prend pour un enfant de 10 ans, les enfants du patron* peuvent venir crier sur* toi et tu vas dire pardon. Deniel, 1991 : 137.

ANTON.: donner pardon.

9- dire que oui /dire que non, loc.verb. Fréq., oral, mésolecte, basilecte. Forme d'insistance sur le sens positif ou négatif de l'énoncé qui suit. [: les garçons] quand ils sont avec une première [: fille], après ils se disent que non, celle là, ils ne veulent plus d'elle, ils veulent chercher une autre. (Corpus Van Den Avenne, 1995 : 28). Or je dis que non, je n'ai pas grandi dans un milieu yacouba. (Corpus Van Den Avenne, 1995 : 74).

10- dire yako, loc.verb. V. YAKO*.

 

directeur-fondateur, n.m. V. FONDATEUR*.

 

discuter, (se ---- ), v.pron. Fréq., oral, fam. mésolecte. Avoir une discussion animée avec qqn, par extension, se disputer , se quereller. On a joué au damier* et on s'est discuté. (Lycéens, Abidjan, 1983). Avec la politique, les hommes se discutent toujours en ce moment. (Ménagère, Abobo, 1990).

 

dispatch, [dispatG], v.inv. Argot nouchi, (de l'anglais), oral, fam. Défendre son point de vue. Man*, tu dispatch sans kata*! (: mec, tu donnes ton point de vue sans mentir, Informateur, Abidjan, 1990).

 

disquaire par terre, n.m. Fréq., oral, écrit, mésolecte. Marchand de disques à l'étalage, installé sur le trottoir. Petits métiers selon les nationalités à Abidjan : Maliens : peseurs d'hommes*, mécaniciens auto, disquaires par terre, libraires par terre. A.Touré, 1985, 22. "Où as tu trouvé ce disque de Bailly Spinto ?"-"Chez le disquaire par terre rue du Commerce."(Etudiant, Abidjan, 1983).

 

disque de Gorée, n.m. V. SAINT* PIERRE NOIR.

 

distroy, (pouvoir ---- ), destroy, v.tr. Argot nouchi, (de l'anglais), oral, fam.. V. DESTROY*. Rendre amoureux fou. C'est la seule go* qui peut me distroy. ID., 13. 09. 1987. La go* est jolie-o  /elle peut me mourir* / avec son sape* elle peut me destroy. (Corpus zouglou, T. 1995).

SYN.: être daille* de, être fan* de, être k.o* de, être mouk* de, pouvoir se dja*, pouvoir se fan*, pouvoir s'enceinter*, pouvoir se mourir*, pouvoir se détruire.

 

dit, (on ---- quoi?), loc.interr. V. DIRE*.

 

divorcer, v.

1- v.tr. Fréq., peu ou non scolarisés. Divorcer d'avec qqn. En voulant faire ma vie avec les garçons, mon mari m'a divorcée. (sic) FM. 14.10.1980. Il a divorcé sa femme pour en marier* une autre plus jeune. (Etudiante, Abidjan, 1982). Il a eu deux autres épouses encore [.]. Il les a divorcées, toutes les quatre, ma mère la première. Krol, 1994 : 161.

2-  divorcer, (se ---- ), v.pron. Assez fréq., oral, mésolecte . Se séparer de son conjoint par divorce. [.] alors elle a épousé un autre garçon parce qu'elle s'est divorcée de mon père. Clauzel /Ferrari, 1971 : 71. C'est de moi-même que je me suis divorcée parce que je n'avais pas enfant avec lui, je suis allée chercher* enfant avec un autre homme et je n'ai pas eu la chance avec lui aussi*. A. Touré, 1985 : 138.

 

dixième, n.m. Vx, (tradition), (calque des langues akan). Selon une croyance d'autrefois chez les Akan, le dixième enfant passait pour porteur de malédiction pour la famille dans laquelle il naissait. Il était donc d'usage de le sacrifier pour sauver les siens. Je suis un dixième. Avant, on m'aurait tué. (Chauffeur, Abidjan, 1982). Le neuvième enfant porte chance, le dixième est maléfique. Naguère, on le sacrifiait. Aujourd'hui on préfère accoucher hors de la maison du mari qui feint d'ignorer qu'un dixième est né. Rémy, 1986 : 54.

 

dja (1), [dFa], conj.de subord. Dispon., français des rues (du mandenkan), oral, fam., jeunes urbanisés . Alors qu'en fait. Si tu vois les gos*[.] on dirait invitées d'honneur / dja c'est pour côcô*. (Chanson "Les côcôs". Groupe Les côcôs, corpus T., 1994).). Il dit je kata* dja c'est Pape lui même qui est là. (: Il dit [que] je raconte des craques alors que c'est le Pape lui- même qui est là. Etudiant, Yamoussoukro, 1995).

SYN.: or que*.

 

dja, (2), [dFa] v.inv., n.m. Argot zouglou, (du mandenkan), oral, fam.

1- v.tr. Mourir, tuer. A une femme irrésistible, on dit, et réciproquement, tu peux me dja (me tuer), tu peux me mourir, tu vas me destroy, tu vas me fan. Krol, 1994 : 216. Si tu es Président, sida peut te dja, si tu es ministre, sida peut te dja, sida peut te dja si tu es planteur, si tu es loubard. (Chanson "Sida". Groupe Pros du Phare, corpus T., 1994). Il tchouké *trop* . Il va dja (: iI se drogue beaucoup. Il va se tuer, Informateur, Abidjan, 1990). La gaïlèche* me gbasse*, elle peut me dja. (: la nana m'ensorcelle, elle me tue d'amour, Informateur, Abidjan, 1995). "Tu as mal à ton doigt ?"-"Ouais c'est panaris là. Panaris voulait me dja!" (Corpus Van Den Avenne, 1995 : 115. J'étais dans un logologo* et puis Papitou m'a dit que le vieux a dja*. Donc, je suis venu présenter mes condos*, quoi. Ivoir'Soir, 24.06.1997. Et gare à toi!! Si je te revois, je vais te dja !! (BD) Ivoir'Soir, 08.06.1998.

2- dja (se ---- ), v. pronom.inv. Se suicider. Une fille voulut se dja / une go* voulut se dja / [.] elle a bu sirop nivaquine. (Chanson "Sicobois". Groupe "Zouglou machine, corpus T., 1994).

3- n.m. Petite mort, acte sexuel. Dja malin que Jean-Louis fait là, il ne sait pas. C'est quel gars ça! Ma chère tu as bien fait de le laisser. Garçon n'est pas fini. Ivoir'Soir, 17.06.1997.

4- n.m. Comprimé de drogue. V. KLOH*, TCHOUK*.

 

djaa !, [dFa :], interj. Dispon., oral, mésolecte, basilecte. Traduit surprise, étonnement. Ca alors ! Djaa! Tu es là depuis* ? (Couturière, Abidjan, 1985).

 

djaffe, n.f. Fréq. Argot estudiantin et urbain, en voie de lexicalisation, ton plaisant ou ironique. Nourriture. Le temple de la djaffe, autrement dit l'Amphi R*, est l'un des rares endroits au monde où est vérifié ce faux axiome 'Tu mangeras à la sueur de ton front. Campuslexique, 1979 : 7. Les sorciers* sont d'une importance capitale en matière de djaffe. Campuslexique, 1979 : 5. Va chez Tantie* Awa, la djaffe est super ! (Enseignant, Dimbokro, 1981).

DÉR.: djaffer*.

SYN.: bouffement*, cale*.

 

djaffer, v.tr. Argot estudiantin lexicalisé, fréq. oral, fam., mésolecte. Manger. Vous aurez nécessairement besoin du cachet du néto* pour djaffer., Campuslexique, 1979 : 5. Les conditions d'étude sont favorables. Il djaffe à sa faim. FM., 15.12.1983. On ira la voir tout à l'heure. Je m'en vais djaffer d'abord ! (Etudiante, Abidjan, 1984). Le type là a bu vin et puis il a djaffé jusqu'ààà !* ID. (BD. Zézé), 16.04.1989. L.G. -il ne s'en cache pas d'ailleurs- aime djaffer c'est à dire manger. J.A. L'Intelligent, 28/11-04/12 2000.

SYN.: bouffer*, caler (2)*.

 

djakoto, tchakoto, [dFakoto] / [tGakoto], n.m. Dispon., (tradition), (du baoulé ), oral, fam. Sorte de culotte servant de cache-sexe pour les hommes qui travaillent dans les champs. Les hommes portent souvent un djakoto pour aller cultiver*". (Informateur, Toumondi, 1981).

SYN.: caleçon*, culotte*.

 

djakouadio, n.m. V. DIAKOIDIO*

 

djakwadio, n.m. V. DIAOKOIDIO*

 

djaguènne, [dFagDn], n.f., Argot estudiantin (du mandenkan), oral, fam. Fille. Tu as vu comme il coince les djagènnes? (: Tu as vu comme il serre fort les filles?, Etudiante, Abidjan, 1991).

 

djal, djalan, [dFal] / [dFalS], n.m. Dispon., spéc., (du mandenkan), oral , péj. Nom donné à certains produits pharmaceutiques (amphétamines par exemple) utilisés comme drogue et vendus de façon illicite. Il a fait l'accident* parce qu'il avait pris du djal ! (Policier, Anono, 1982). Ca te détruira, ça te détruira, ça te détruira, / Klôh*!! djal, tchouk*sien à base. (Chanson d'A. Blondy, "Rasta Poué", 1987. Si tu prends du djal, tu ne peux jamais dormir ! (Etudiant, Abidjan, 1990). Certaines de ces drogues viennent de Guinée. Le djalan (IM10) ou l'immunoctal (sic). Ivoir'Soir, 29.08.1997.

 

djalonké, djallonké, mouton djallonké [dFalTke], m.ou f. adj. Spéc. (élevage), (du mot "Fouta-Djalon" , nom de la montagne de laquelle proviendrait ce mouton). Race de mouton résistante qui constitue le seul élevage ovin du pays. Ce bilan de cinq ans d'expérience sur le mouton djalonké a permis d'en savoir beaucoup plus sur cette race. FM., 25.04.1980. Ces moutons, ce sont des djalonkés. On les amène à Abidjan pour la Tabaski*. (Informateur, Abidjan, 1981). Au niveau du mouton, la Djallonké est la seule race que l'on retrouve en Côte-d'Ivoire. FM.,17. 02.1993.

 

djamo-djamo, djamo, yamo-yamo, [dFamodFamo], interj. Fréq., (du baoulé: "courage avec le travail"), sud, mélior. (idée d'appréciation du travail accompli et de la valeur de celui-ci). Salutation usuelle que l'on adresse à un groupe de personnes en train de travailler ou comme exhortation à l'action ou au travail. Djamo-djamo, travaillons en musique. (titre d'une émission quotidienne à la radio, durant les années 80). "Nous avons marché longtemps,[.] il faisait si chaud que j'ai perdu connaissance..."-"Djamo!" Kindo Bouabi, s.d. : 45. Quelqu'un entame un vibrant djamo-djamo qui ramène aussitôt le silence. F.M., 15.05.1981. "Djamo, mon frère*!"-"Salut à toi, étranger !" (Promeneur et agriculteur, Anono, 1983).

ENCYCL.: pour un individu solitaire, généralement on dit seulement djamo.

 

djampa, jampa, jampane, [dFampa] / [Fampa] / [Fampan], n.m. Assez fréq., (tradition), (langues akan), écrit, tous milieux. Chemise ample en tissu de pagne. Kablan fait aussi des boubous*, des djampas. ID., 09.12.1973. Un homme d'un certain âge, un peu voûté, vêtu d'un jampane de couleur, que n'arrive pas à cacher un grand pagne jeté sur l'épaule. A. Kanié, 1978 : 28. J.J. Rawlings [.] se succède à lui-même. troquant le treillis des parachutistes contre un superbe kita* aux couleurs dorées avec en dessous un jampa d'un vert kaki qui fait penser à l'armée. Notre temps, 13.01.1993.

SYN.: boubou-nago*, mambo*.

 

djandjou, [dFSdFu], n.f., ou m., adj. Argot urbain, (du mandenkan) , oral., péj. Fille de mauvaise vie, monneyant ses charmes, pute. On distingue la djandjou et la super djandjou qui choisit ses clients parmi les riches et les puissants. C'est le moment où les déclareurs* doivent aussi se distinguer des petits gars* qui par manque de dextérité ou d'expérience se rabattent sur les djandjous. Campuslexique, 1979 : 8. T'as pas le ro* parce que tu fréquentes trop les djandjous. (Etudiant, Abidjan, 1981). Une épouse vertueuse obligée de devenir djandjou pour séduire le PDG de son mari. (titre) ID., n° 941, 1988. Amoureux voulait s'amuser / amoureux voulait plaisanter / la go *djandjou a fait la chose* / la go djandjou avait le sida. (Chanson "Sida". Groupe Espoir choc, corpus T., 1994). Il paraît qu'elle n'est encore sortie avec personne ici ! Je suis sûre qu'elle ment, une djandjou comme ça !! (BD) Ivoir'Soir, 16.06.1998.

COM.: en contexte dioula traditionnel, le mot est un tabou. L'emprunt est d'ailleurs modifié. L'ordre normal des éléments linguistiques semble inversé puisqu'en dioula le nominal objet précède la base verbale.

SYN.: belle* de nuit, bordelle*, coucougnousse*, diantra*, djankal*, sotra*, tao*, tatali*, toutou*.

COMP.: super djandjou*

DER.: djandjouya*.

 

djandjouya, [dFSdFuja], n.m. Argot urban, (du mandenkan) assez rare, oral, très péj. Prostitution. La djandjouya des bleu-blancs*, maintenant, ça diminue un peu à cause du sida. (Corpus Tschiggfrey, 1995, Abidjan)

 

djankal, [dFSkal], n.f. Argot nouchi, (du mandenkan), oral, péj. Prostituée. Il a tolo* la djankal . (: Il a giflé la pute, Informateur, Abidjan, 1990).

SYN.: belle de nuit*, bordelle*, diantra*, djandjou*, sotra*, tao*, toutou*.

 

djantra, n.f. V. DIANTRA*

 

djedja, [dFedFa], v.inv. Argot nouchi, oral, fam.. Forcer une serrure. Les frères* ont djedja la merco*", (: Les potes ont forcé la serrure de la Mercedes. (Informateur, Abidjan, 1990).

SYN.: gbokro*.

 

djédjanser, (se ----), [dFedFSse], v.pronom. Argot nouchi, oral. Se défoncer. Le gars il a envie de se dédjanser / ça c'est les fumeurs de drogue. (Corpus T. maquis L'Iroko, 1995).

 

djeguéya, [dFegeja], n.m. Rare, (tradition), (du mandenkan : "espoir",' "retrouvailles"), nord surtout, oral, écrit, mélior. Fête malinké célébrant les retouvailles et le resserrement des liens ethnoculturels réunissant tout le peuple malinké originaire de la région d'Odienné. Fête populaire des retrouvailles : le peuple malinké fête le djéguéya. (Titre d'article) FM., 31.03.1983. Pourquoi tu n'es pas monté à Odienné pour le djéguéya ? (Commerçant, Abidjan, 1982)

ENCYCL.: cette fête annuelle n'existe que depuis 1980.

 

djekewara, djékéhoura, djègewala [dFekewara] / [dFekeura) / [dFDgewala], n.m. Dispon., (du mandenkan : "poisson séché"), oral, nord surtout, fam. Poisson séché. Le camion accidenté transportait du djekewara. Il y en avait partout sur la route. (Enseignant, Bouaké, 1979). Allons plus loin dans le marché; ici, on est trop près du djégéwala : ça sent mauvais !  (Secrétaire, Abidjan, 1982). Son parfum là,* c'est djégéhoura! (Chauffeur de taxi, Bouaké, 1984).

ENCYCL.: vendu sur les marchés, il sert de base à l'alimentation dans le centre du pays.

COM.:’’djekehoura ’’ est relativement rare et assez péj.

SYN.: mopti*.

 

djékouadio, n.m. V. DIAKOUADIO*. Mais sa vengeance inachevée laisse dans sa bouche un goût de piment, de djekouadio rouge, [.]. Adé Adiaffi, 2000 : 278.

 

djéli, djély, diéli, dyéli, [dFeli] / [djeli], n.m. Assez fréq., (du mandenkan "griot"), oral, écrit, litt., nord. Musicien, poète dépositaire de la tradition orale. Les griots* constituent une caste, à la fois crainte et méprisée, dans le Manding, appelée la caste des diéli. Kourouma, 1990 : 40.

ENCYCL.: les djéli constituent une caste de sang, proche du pouvoir, (car ils sont les panégyristes des rois manding) mais ne l'exerçant pas.

COMP.: djéliba*., djély-tché*

 

djéliba, diéliba, dyéliba, [dFeliba] / [djeliba], n.m. Dispon., (tradition), (du mandenkan  "griot + grand"), nord, litt. V. DJÉLI*. Titre porté, en pays manding traditionnel par le chef des griots, grand maître de la parole. Il manquait ce je ne sais quoi que le djéliba défunt savait donner à ses créations. Kourouma, 1990 : 225. Djigui décida de ne pas décerner le titre de Djéliba et la charge de grand maître de la parole du pays de Soba ne fut pas attribuée. Ibid. : 226.

 

djély-tché, [dFelitGe], n.m, Dispon., (du mandenkan  "griot - homme"), oral, écrit, fam. péj. Griot, au sens péj. de flagorneur, thuriféraire, notamment dans les domaines de la politique et des média. V. GRIOT*. [.] c'est toute la stratégie du Djely-Tché de service qui est à l'eau parce qu'à part ADO, il n'y a pas de présidentiables dans ce parti. Le Monde Ivoirien, 10.03.1995.

 

djellaba, djelebah, n.f. ou m. Assez fréq., (de l'arabe), oral, écrit, nord. Longue robe à manches longues et (parfois) à capuchon portée par les hommes, principalement les musulmans. Au contraire, une vingtaine seulement d'hommes en djelebahs avancent sous l'oeil vigilant des policiers. FM., 05.04.1982. Des vieux marabouts* dans leurs longues djellabahs sont accroupis au pied d'un mur. FM., 07/08.04.1984. B. K. était tout amidonné, bien à sa place dans la mosquée, dans un djellaba richement brodé. Nouvel horizon, 15.01.1993.

 

djémé, djembé, [dFeme] / [dFembe], n.m. Fréq., (tradition), (du mandenkan  "tambour d'entre jambes"), oral, nord.

1- Variété de tam-tam dont la partie supérieure en peau de chèvre est tendue par des cordes. Mité est le meilleur batteur de djémé à mille lieues à la ronde. Kitia Touré, 1979 : 10. Le patron du groupe foliba de Bouaké s'est envolé pour le Brésil avec sous les bras son djembé. Soir Info, 29.03.1995. Avant l'ambiance* on faisait ça à la main, l'ambiance facile? On met au moins quatre djembés, on est assis là, on a au moins vingt litres de bangui* et puis allez, on s'ambiance* jusqu'au matin. (Informateur, Abidjan, 1995). Une centaine de tams-tams sont exposés à l'intérieur et à l'extérieur de l'atelier. Il y en a de toutes sortes (des tounbalet*, des djembé*, des doun-doun*, des attoungblan*) et de toutes tailles . Ivoir'Soir, 28.08.1997.

2- Fête au cours de laquelle on danse accompagné par ce tam-tam. Il faut donc que Mité [.] spécialiste du djémé vienne battre de son instrument à l'occasion de cette fête exceptionnelle du djémé.(note : tambour malinké et danse qu'il rythme.). Kitia Touré, 1979 : 9.

 

djètè, djètin, [dFDtD] / [dFDtR], n.m., Argot nouchi, (du baoulé "métal argenté, pièce de monnaie"), oral, fam, jeunes. Argent. Notre programme de ce soir est à l'eau. Je n'ai pas assez de djètè pour payer la boîte à tout le groupe. Cité in Caummaueth, 1988 : 72.

SYN.: gnon*, kpê*, ligbi*, makouta*, pia*, wari*, zaïre*.

 

djez, [dFDz], n.m. Argot nouchi, oral, fam. Gars, type. As-tu envie de te mettre gban*? Tu sais y a un djez dans le sectal* ici qui a les affaires. (: As-tu envie de t'éclater ? Tu sais y a un mec dans le secteur qui a de la drogue. Otitro, 1984 : 46.

DER.: djézeur*

 

djézeur, [dFDzZr], n.m. Argot nouchi, (hybride mandenkan pop. "fric"+ frcs -eur") , oral, fam., jeunes. Personne qui se livre à des trafics louches. Un djézeur, c'est un biznesseur*! (Informateur, Abidjan, 1995). Le gars, chaque fois* il vient avec des colis, tu ne sais pas d'où ça sort. Donc lui c'est un djézeur. (Corpus maquis abidjanais, 1995).

SYN.: biznesseur*.

 

djibo, n.m. V. DJIGBÔ*. Ils ont lancé contre la jambe droite de ma maman un mauvais sort, un koroté [.] un djibo*(signifie fétiche à influence maléfique) trop* fort, trop* puissant. Kourouma, 2000 : 24.

 

djiboman, n.m. V. DJIGBOMAN*

 

djiboter, djigboter, djigbôter, [dFibote] / [dFigbCte] v.intr. Fréq., (du mandenkan "fétiche"), oral, fam., basilecte.  Recourir à la magie, pratiquer un envoûtement (contre qqn.). Ils ont gagné le match parce qu'ils ont djiboté ! (Supporter, Abidjan, 1979). Le jardinier a trouvé un fétiche* sous ma fenêtre. Quelqu'un djibote ! (Mère de famille, Abidjan, 1982). Djiboter, c'est  gbasser* quelqu'un, l'ensorceler quoi. Cité in Caummaueth, 1988 : 113.

DER.: djiboteur*

SYN.: charlater*, djibser*, faire fétiche*, féticher*, faire gris-gris*, gbasser*, gbétiser*, grigritter*, marabouter*.

 

djiboteur, [dFibotZr], n.m. Dispon., (hybride mandenkan "fétiche"+ suffixe français -eur), oral, méso ou basilecte. Féticheur. Méfie-toi, il est djiboteur. Il peut faire médicament*. (Revendeuse, Abidjan, 1984).

SYN.: djibseur*, djigboman*

 

djibs, n.m. V. DJIBSE*.

 

djibse, djibs, [dFibs], n.m. Dispon., (du mandenkan pluriel de djigbô*), oral, fam., parfois péj. Objet fabriqué dont le rôle est de protéger son propriétaire d'un éventuel ennemi, d'attirer sur lui la grâce des divinités, à moins que cela ne soit afin de lui nuire. C'est alors que Sylvestre parla, les yeux dans le vague : Ouais ! ça c'est le kouign! le djibs ! ouais ! Bolli, 1977 : 89. Ma chère, je ne crois plus au djibsse. On a fait jusqu'à *Tanti* est morte. Le djibsse en tout cas* je n'y crois plus. Cité in Caummaueth, 1988 : 113.

SYN.: djigbo*, fétiche*, gbass, gbé*, gbévia*, gris-gris*, kanikani*.

 

djibser, [dFibse],v. ntr. Fréq., oral, fam., surtout peu ou non scol. mais pas exclusivement, péj. V. DJIBOTER*. Utiliser la magie pour parvenir à ses fins, en particulier à l'encontre de ses ennemis. Si c'est pour djibsser quelqu'un, le marabout* est très fort dè*. Mais demande lui de faire prospérer tes affaires[.] il va te mentir* qu'il ne connaît rien. Cité in Caummaueth, 1988 : 114. Ici, dans le sport, il y a des équipes qui djibsent pour gagner. (Informateur, Abidjan, 1989).

DER.: djibseur*

SYN.: djiboter,* djibser*, faire fétiche, faire gris-gris, féticher*, gbasser*, gbétiser*, grigriter*, marabouter*

 

djibseur, [dFibsZr] n.m. Assez fréq., oral, fam., basilecte, péj.. V. FETICHEUR*. Guérisseur-devin traditionnel ayant recours à des pratiques magiques et confectionnant des fétiches. Son père était un djibseur réputé. On en avait vraiment peur. (Infirmier, Gagnoa, 1977). Si tu ne sais pas ce que tu as, va consulter un djibseur*. (Mère de famille, Bingerville, 1980). Les djibseurs exigent une certaine somme avant le début même des soins. Cité in Caummaueth, 1988 : 114.

SYN.: claivoyant*, devin*, djiboman*, djiboteur*, féticheur*., gbasseur*;

 

djigbô, djibô, guibo, guigbo, guigbô, [dFigbC] / [gigbC] n.m. Fréq., (tradition), (du mandenkan "fétiche"), fam., oral, basilecte, péj. Fétiche, en particulier fétiche à influence maléfique, objet servant à un envoûtement par exemple, talisman. Poursuivant sa profession de foi, M. Z. affirma avec force : "Je crois au marabout*, je crois au djigbô. ID., 10.12.1972. Quelquefois, je me demande si tu ne possèdes pas un djigbô spécial pour te faire aimer de cette façon. Séry, 1975 : 11. A la fin de ses incantations, il prit un oeuf frais, le montra à l'assemblée, entra dans sa case pour réaliser son djigbô. Bolli, 1977 : 15. Le djigbô des économistes et des politiciens, la conjoncture*. Tilliette, 1984 : 96. Des femmes [.] tenaient encore tous les accessoires de sorcellerie, les ingrédients pour le djigbô. Ibid. : 98. Le féticheur* charge le djigbô d'un pouvoir surnaturel pour le client. Le djigbô peut être une amulette, une bague, une ceinture, une statue ou un cadenas. Caummaueth, 1988 : 112. Faut je vas mener lui son djigbo la tout suite. (: Il faut que je lui apporte immédiatement son djigbo, Zazou, n° 16).

LOC.: faire djigbô*.

DÉR.: djiboman*, djiboter*, djibser*, djibseur.*, djigbomanie*.

SYN.: djibsse, fétiche*, gbass*, gbé*, gbévia*, gris-gris*, kanikani*.

 

djigboman, djiboman, djibôman, [dFigboman] / [dFibCman]), n.m. Assez fréq., fam. oral, basilecte, péj. V. DJIBSEUR*. Féticheur, personne s'adonnant à des pratiques magico-religieuses fétichistes. Le djiboman c'est le féticheur. Cité in Caummaueth, 1988 : 112. Féticheur*, guérisseur, djigboman, parfois marabout ou sorcier. ID, n° 622, 1988.

SYN.: djibsseur*, féticheur*, gbasseur*, gbétisseur*, marabout*.

 

djigbomanie, [dFigbomani], n.m. Dispon., (hybride mandenkan/français), fam., oral, péj. Recours fréquent à des pratiques magico-religieues fétichistes. Plus d'une fois, son mari l'a surprise en flagrant délit de "djigbomanie" et l'avait mise en garde contre de telles pratiques. Ivoir'Soir, 22.07.1997.

 

djili, djéli, dyeli, [dFili] / [dFeli] /[djeli], n.m. Fréq., (du mandenkan "griot conteur"), oral, fam., tous milieux. V. DYELY*. Lecteur de cassettes. Par exemple un djili, mot qui en dioula veut dire griot*(conteur), c'est tout bonnement et pour tout le monde un cassettophone. Un "parlophone", en somme, autrement dit un griot fonctionnant sur pile et secteur. Pourquoi un mot dioula ? parce que les griots dioulas sont réputés, que les marchands de radiocassettes et de cassettophones sont souvent des Dioulas et que la diaspora dioula s'étend dans tout le pays. Krol, 1994 : 209.

 

djilika, [dFilika], n.m. Spéc., (flore), (de l'abé). (Spondianthus preussii Engl.). Arbre moyen de la fam. des Euphorbiacées au bois brunâtre dur, fortement maillé. Aubreville, 1953, 62. Adjanohoun /Aké AssiI, 1979 : 139).

ENCYCL.: il vit dans les terrains marécageux. Son bois brunâtre est dur. Ses graines d'un beau rouge vif, constituent un poison violent pour les chiens.

 

djimbo, n.m. (de l'abé.), V. ABRICOTIER* D'AFRIQUE.

 

djinn, n.m.,adj. Rare, (de l'arabe), recherché, litt., surtout musulmans, nord. Divinité de la brousse, génie, esprit. [.] des montagnes constituées de roches granitiques et de surcroît peuplée de mille djinns. Kourouma, 1990 : 90. Les djinns et les âmes des ancêtres* ne lui taisaient aucun de leurs secrets quand ses doigts les interrogeaient par le sable de la géomancie. Kourouma, 1998 : 48.

COMP.: djinamori*.

COM.: plur.: "djinas" et "djinns".

 

djinamori, dinamori, djinamory, guinamori, guinamory, [dFinamori] / [dinamori] / [ginamori], n.m.. Usuel., tradition), (du mandenkan "génie-marabout"), fam., oral, péj. parfois. Magicien qui passe pour être en relation avec les esprits et que l'on peut consulter moyennant finances pour améliorer son destin, conjurer le mauvais sort, mais aussi prestidigitateur malhonnête. On en trouve [: des bandits] de toutes catégories : des joueurs de cartes aux djinamoris, prestidigitateurs qui contraignent au couteau les passants à prendre part aux jeux. FM., 14.06.1983. Le djinamory, homme dans le secret des génies, qu'on consulte pour améliorer son sort ou conjurer le mauvais sort, le djinamory peut être aussi un marabout*, un magicien. Konaté, 1987 : 183. Magie-multiplicateur de billets* : un Ministre d'Houphouet était aussi un "guinamory". (titre). Détective, 16.03.1995. Djinamori est un mot que les Ivoiriens connaissent bien. Il renvoit à la magie et donc aux forces supérieures et extérieures de l'homme. Ivoir'Soir, 04.09.1997. Ils faisaient croire à leurs victimes qu'ils avaient pour copains des génies qui multiplient* l'argent. Là-bas aussi il y a des djinamoris ! Ivoir'Soir, 06/07.04.1998

ENCYCL.: la valeur péjorative s'est récemment ajoutée au sens traditionnel de magicien, avec l'accroissement des affaires de multiplicateurs de billets de banque. Attention aux djinamoris, multiplicateurs de faux billets" (titre d'article), ID., 01.03.1982.

DER.: djinamorisme*.

COMP.: djinamori-chef* (: grand magicien).

 

djinamorisme, [dFinamorism], n.m. Fréq., (tradition), (hybride mandenkan + français -isme), oral, fam. souvent péj. Pratique relevant du domaine de la magie, parfois même filouterie. Attention, consulter un tradipraticien*, ce n'est pas du djinamorisme. (Employé, Abidjan, 1983). Non ! je n'entre pas dans tout ce trafic. C'est du djinamorisme. (Etudiant, Abidjan, 1991).

 

djiroutoué, djouroutoué, djroutoué, diouroutou, tiouroutou, iroutou, [dFirutue] / [dFurutu] / [djiurutu] / [tjurutu] /[irutu], … n.m. Assez fréq., (tradition), (des l. du groupe Kru), oral, écrit, tous milieux, péj. Ordalie* par poison d'épreuve. Si tu n'as pas peur du djiroutoué, c'est que tu es réellement innocent. Gibbal, 1969 : 206 Le tiouroutou ne se trompe jamais, croient les Krou. Holas, 1980 : 111. [.] invocation de l'esprit agissant du diouroutou ou tiouroutou, ce mot étant aussi prononcé irouto . Ibid. : 106. Puisque tu m'insultes, si  tu ne me crois pas, fais moi boire le djroutoué. Bolli, 1988 : 74.

SYN.: (part.) bois* rouge, gopô*, ordalie*, tali*.

 

djo, jo, djoblek, djo blek, [dFoblDk], n.m. Fréq., argot urbain, (du prénom américain "Joe". Selon certains, par référence au chanteur Johnny Halliday, selon d'autres par référence à Joe Blake, héros d'une bande dessinée populaire), oral, fam. jeunes, mélior.

1- Mec, "caïd", "dur". Un djo comme toi, tu t'en sortira toujours. (Etudiant, Abidjan, 1975). Avec les dailles*, c'est un vrai djo*. (Père de famille, Abidjan, 1981). Je crois que djo ou djo blek, c'est celui qui incarne un peu la jeunesse [.], vraiment , c'est quelqu'un qui aime vivre, qui aime frimer, si tu vois quoi. Caummaueth, 1988 : 64. Djo : le jeune homma qui, quant à lui, sera également le bian*, le papa*, le génito* ou s'il entretient de douteux commerces, le groto*, le fournisseur* ou le tonton*. ID., 23.03.1993. Le chauffeur, lui lance des "Djo, comment ça va ?" aux autres chauffeurs de gbaka* qui répondent : "Mon frère*, Abidjan, c'est électronique. Si tu n'es pas scientifique, tu ne manges pas !". Ivoir'Soir, 26.08.1997.

2- Souvent usité comme terme d'affection. Pour une jeune fille, petit ami, flirt. La fille peut appeler son bon ami, ça c'est un djo. (Cité in Caummaueth, 1988 : 64). Pour un garçon, terme d'adresse connotant camaraderie et connivence : pote. Djo ! Je ne peux rien dire. Quand le film va sortir, chacun ira le voir. ID., 13.09.1987.

COM.: l'étymologie par référence à la B.D. semble assez probable si l'on tient compte de la variante djoblek parfois usitée.

SYN.: bian*, génito*, mane*, papa* pétiga*.

 

djô, djo, [dFC], v. Argot nouchi, (du mandenkan ?"attraper","rencontrer"), oral, fam., jeunes.

1- djo, (se ---- ), se djô,v. pron. Se retrouver quelque part, se rencontrer, se faire signe, se donner rendez-vous. Dès qu'on aura bouclé les différentes tournées, on se djô et je te dirai tout ce que tu veux savoir pour ton livre. Konaté, 1987 : 14.

COM.: le verbe reste invariable.

2- djô, djo, v.tr. Par glissement de sens, porter malheur, retomber sur le coupable, "attendre au tournant". Mon frère*, ruse la que tu fais, ça va te djô !" (: ce mauvais coup que tu prépares, ça va te porter malheur, ça te retombera dessus, Etudiant, Abidjan, 1988). Tu te crois plus malin / malin que les autres / maintenant qu'on t'a djo tu pleuré beaucoup. (Corpus T, 1995). Ils nous ont djô. S'ils nous attrapent, on est foutu. (BD). Ivoir'Soir, 29.12.1997.

 

djoko-djoko, loc.adv. V. TIOKO-TIOKO*. Wallahé*! Rechercher le sorcier mangeur d'âmes. Le mangeur* d'âmes qui avait bouffé* le soldat*enfant, le capitaine Kid, djoko-djoko*. Kourouma, 2000 : 67.

 

djombré, [dFombre], n.m. Peu fréq., (alimentation), oral, tous milieux. V. GOMBO*. Nom donné au gombo sec vendu sur les marchés comme condiment. Poulet au djombré (gombo sec). (Recette de cuisine), ID., 30.10.1983.

 

djonss, (être en ----), [dFTs], loc.verb. Dispon., argot nouchi, péj. Etre en manque, avoir besoin de prendre de la drogue. Les prix varient également en fonction de l'état de "djonss" (manque) de la prostituée. Ivoir'Soir, 18.06.1998. Quand un drogué est en "djonss" comme ils disent dans leur jargon, il est capable de tout. Ivoir'Soir, Ibid.

 

djosser de namans, djosseur de namans, [dFoserdnamSs],n.m., Argot urbain, (hybride mandenkan  pop."tacot déglingué + français de + "parent" ), oral, fam.  V. NAMAN*. Gardien de voitures. Ces jeunes gens, ce sont les djossers de namans, les gardiens de véhicules que l'on retrouve à chaque coin de rue et sur les parking. Leur rôle, la surveillance des automobiles en stationnement. FM., 06.01.1993.

SYN.: gardien* de voiture, indicateur* de parking.

 

djouan, [dFuS], n.m. Spéc., (flore). (Conocarpus erectus Jacq.) Arbuste de mangrove de la fam. des Combrétacées. Roberty, 1954 252, Aubreville, 1953, III : 66.

SYN.: petit manglier*.

 

djoumgblé, djoumblé, [dFumgble] / [dFumble], n.m. Dispon, (alimentation), (du baoulé), oral, tous milieux. Sauce au gombo sec. D'habitude, les Français métropolitains n'aiment pas trop le djoumgblé. (Enseignante, Adzopé, 1983). Ce matin là, il était trop tôt pour qu'elle nous serve son attiéké* préféré et du djoumgblé. FM., 19/20.05.1984. Adjoua parti au marché/ elle payé djoumblé/. (Chanson "Adjoua yako*". Groupe Les esprits de Yop, corpus T., 1994).

 

djouroutoué, n.m. V. DJIROUTOUÉ. On va leur faire boire djouroutoué. S'ils sont vraiment innocents, il ne leur arrivera rien, sinon ils mourront. Bolli, 1977 : 79.

 

djroutoué, n.m. V. DJIROUTOUE*. Allez chercher le djroutoué ! A ces mots le silence régna encore plus. Bolli, 1977 : 74.

 

doboli, [doboli], n.m. Spéc., (flore). (Ormosia laxiflora Benth.). Petit arbre de forêt ou de savane boisée, à grappes florales blanches. Roberty, 1954 : 212.

 

docteur, n.m. .V. CHAS-CHAS*, CHIRURGIEN*. Le docteur mesure environ 40 cm. de long. Seret /Opic, 1981 : 323.

 

docteur de montres, n.m. Fréq., oral, fam., mélior. mésolecte, basilecte, plaisant chez les intellectuels. Horloger, réparateur de montres. Ici, le meilleur docteur de montres (enseigne). Clauzel /Ferrari, 1971 : 29. La multiplication des activités économiques: cordonniers, docteurs de montres, vendeur de fruits... accentue l'impression de liberté d'installation. Bonnassieux, 1985 92.

 

docla, [dokla], n.m. Spéc., (flore), (du krou). (Homalium Aubrevillei Keay). Arbre moyen de la fam. des Samysacées à bois dur, jaune. Aubreville, 1959, III : 28.

 

dogbi, [dCgbi], n.m. Spéc., (flore). (Aptandra zendreri Engl.). Arbuste ou petit arbre forestier, assez rare, de la fam. des Olacacées. Aubreville, 1953, I : 110.

ENCYCL.: surtout remarquable par son fruit vieux rose en forme d'entonnoir avec au fond une drupe ellipsoïde bleu noir.

 

dogo (faire ----), [dogo], loc.verb. Argot zouglou, oral, fam. Faire l'amour. Toutes les nuits / ils font dogo dans go*. (Corpus zouglou, T. 1995).

 

doh, [dC], n.m. V. EXCISION*

 

doigt, n.m.

1- Dispon., mésolecte, basilecte. Ongle, doigt à ongle vernis. Une porte s'ouvre.[.] une manche de camisole, un bras, des doigts vernis. Une femme en lunettes* apparaît [.]. Ivoir'Soir, 16.12.1997.

2- doigt de banane, dispon., (commerce). Nom donné à chacune des bananes d'un régime ou d'une main*. Le régime est découpé en mains* de cinq ou six doigts de bananes chacune. (Agronome, Abidjan, 1976).

 

doigter, v.tr.

1- Fréq., oral, fam., mésolecte, basilecte, péj. Montrer du doigt. Amanlan (furieuse d'avoir été doigtée) : "Ne m'indique* pas !" (Indications scéniques), Dadié, 1973 : 29. Si je m'habille comme ça au village, les gens vont me doigter. (Etudiante, Abidjan, 1977). On ne doigte pas les gens comme ça ! C'est très mal élevé ! (Enseignante, Abidjan, 1984).

ENCYCL.: ce geste semble associé à des pratiques estimées néfastes dans de nombreuses ethnies.

SYN.: indiquer*, pointer*.

2- Dispon., oral, vulg. Caresser intimement. Faire des attouchements sexuels. Si la fille se laisse doigter, c'est qu'elle accepte de coucher. (Lycéenne, Bingerville, 1979). Et ce n'est pas tout, l'homme après avoir abusé de Diane, aurait doigté sa nièce de 4 ans.[.]. Ivoir'Soir, 22.01.1998.

 

dol, n.m. V. DOULE*

 

dolié, [dolje], n.m. Spéc., (flore), (du krou). (Caloncoba brevipes StapfGilg.). Petit arbre à fût tortueux de la fam. des Flacourtiacées dont les graines mures seraient comestibles. Aubreville, 1959, III : 18.

 

dolique, n.m. Spéc., (alimentation).

1- Vx (Dolichos lablab Linn). Plante grimpante à fleurs blanches ou violettes en grappes. Les graines sont parfois consommées avant maturité mais sont sans grande valeur alimentaire. Les haricots [.] sont constitués par une série de plantes très différentes des nôtres : dolique, cajan*,... Binger, 1892, II : 364. Roberty, 1954 : 233.

COMP.: dolique à l'aune, dolique à longue cosse, dolique-asperge, dolique géant, dolique-igname, dolique serpent.

SYN.: lablab.

2- dolique géant, dolique à l'aune, dolique à longue cosse, dolique-asperge, dolique serpent. (Dolichos sesquipedalis Linn.). Plante qui se distingue des haricots par des gousses cylindriques très étroites et très longues (jusqu'à 1 m.) contenant des petites graines rougeâtres ou violacées. Roberty, 1954 : 233.

ENCYCL.: ces gousses sont consommées quand elles sont tendres et jeunes.

SYN.: haricot*-kilomètre.

3- dolique-igname, (Dolichos bulbosus Linn.). Plante alimentaire peu comestible, maintenant dégradée sous une forme à souches tubérisées. Roberty, 1954 : 213.

 

dollar des sables, n.m. Spéc.

1- (faune), sud, littoral. (Radiorotula). Nom donné au squelette calcaire d'un oursin irrégulier au test aplati que l'on trouve sur le littoral. Les enfants cherchent des dollars des sables sur la plage.  (Informateur, Bassam, 19874).

ENCYCL.: les enfants le portent souvent en pendentif suspendu à un lien, pour s'amuser.

2- Assez fréq., (art trad.), tous milieux. Bijou, pendentif d'or ou d'argent imitant le squelette de l'oursin. "Où as-tu fait faire ce dollar des sables ?"-" Chez un bijoutier d'Adjamé." (Enseignantes, Abidjan, 1980).

 

dolo, [dClC], n.m. Usuel, (du mandenkan "boisson alccolisée"), oral, écrit, tous milieux.

1- Sorte de bière obtenue par fermentation du mil*. Par extension, boisson alcoolisée obtenue par fermentation de sorgho et même de maïs. La stricte observation du Coran est la défense, sous peine de mort, de boire du dolo. Binger, 1892, I : 117. Tant qu'ils étaient dans les buvettes*, la calebasse* de dolo à la main [.]. Koné, 1976 : 50. Il faut donc distinguer, d'une part les boissons fermentées [.] productions artisanales et locales : tchapallo* ou dolo (vin* de mil), spiritueux parmi lesquels nous classerons le koutoukou*, provenant de la distillation du bandji*. FM., 21.01.1980. Allez voir chez le Libanais* ou bien vous voulez que je vous sorte le dolo ? Tierno Monenembo, 1993 : 24. L'un d'eux est ivre mort de dolo et de yamba*. Ibid. : 152. Le dolo est une sorte de bière, extraite du mil ou du sorgho, mais il tient, en fait, autant du cidre que de la bière. Rémy, 1996, 213.

SYN.: bière*, bière de mil*, chapalo*, chiapalo, tchapalo,tchapallo, tyapalo, vin* de mil .

DÉR.: dolotière*.

COMP.: dolo doux*.

2- dolo doux, n.m. Usuel, (hybride mandenkan   français ). Dolo qui n'est pas encore fermenté. Les hommes, eux, ne boivent pas du dolo doux. (Informatrice, Bouaké, 1975). Tu vas goûter du dolo doux bien frais. (Secrétaire, Abidjan, 1982).

ENCYCL.: considéré comme une boisson de femme.

 

dologaha, [dologaa], n.m. Spéc., (flore), (de l'attié). (Millettia zechiana Harms.). Petit arbre à fleurs violettes de la fam. des Papilionacées. Aubreville, 1953, I : 352.

 

doloko, [doloko], n.m. Spéc. (flore).(de l'abé , " papayer du chimpanzé").  (Cola chamydantha K. Schum.). Petit arbre de la fam. des Guttifères, au tronc droit, au bois brun jaune servant à la connstruction des cases. Aubreville, 1953, II : 293.

ENCYCL.: il porte de gros fruits pendants rappelant les papayes sur un papayer.

SYN.: komouagouiré(agni), krekrotou (krou), nomosikouhia (ébrié).

 

dolotière, [dClCtjDr], n.f. Usuel, (hybride mandenkan + suffixe français -tière), oral, écrit, tous milieux. Femme qui fabrique et vend du dolo. La dolotière ajoute au dolo le jus d'une plante qui entraîne lentement toute la farine au fond. Karim et Aïssata, livre de lecture de CM2, 1974 : 48. La dolotière vend son dolo par calebasse. (Informateur, Korogho, 1977).

SYN.: chapalotière*.

 

domba, n.m. V. MAOULOUD*.

 

dombourou, [dCmburu], n.m. Spéc., (flore), (de l'abé.). (Ficus mucoso Wellew.). Grand arbre assez commun qui porte un groupe de figues jaune-rougeâtres non comestibles. Aubreville, 1953, I : 78.

SYN.: bambra (agni), boulé (wobé), dim'briahi (ébrié), gouana (gouro).

 

domicile, (ne pas être à ---- ), loc.verb. Dispon., (calque du mandenkan), oral, écrit. Euphémisme utilisé pour dire qu'une jeune fille n'est pas vierge lors de son mariage. Effectivement, jamais on ne lui avait livré une jeune fille qui n'était pas "à domicile". Kourouma, 1990 : 142.

 

domino, adj. Dispon., oral, écrit, lettrés, plaisant.. V. COUPLE* MIXTE. Qualifie un couple constitué d'un homme blanc et d'une femme noire ou vice-versa. Les couples domino noir-blanche sont plus fréquents que les couples domino blanc-noire. (Sociologue, Abidjan, 1975).

SYN.: couple* mixte.

LOC.: couple domino, mariage domino, ménage domino.

 

dona, n.m. Spéc., (flore), (de l'abé). (Catapa procera D.C.). Arbre des bords de rivières de la fam. des Méliacées. En Côte-d'Ivoire, le dona, répandu dans les cercles* du Nord, en zone soudanienne le long des marigots*, devient surtout abondant sur les lisières septentrionales de la forêt dense. Aubreville, 1959, II : 156.

ENCYCL.: son fruit est une grosse boule bosselée et cotelée dont les graines torréifiés donnent une graisse rougeâtre qui sert à fabriquer une sorte de savon.

SYN.: kangasakié (attié), koundou (baoulé), m'bouéhia (ébrié), touloucona/ kobi (mandenkan).

 

dongaflén, n.m. V. ADONKAFLÉ*

 

doni-doni, [dC:nidC:ni], adv. Fréq. (du mandenkan "doucement, petit à petit"), oral, fam. Doucement, peu à peu. Le soleil avait bondi comme une sauterelle et commençait à monter doni-doni. Kourouma, 2000 : 87.

 

donita, [donita],  n.m. Vx, oral, (du mandenkan. "portefaix"). Portefaix, porteur. [.], sur la tête, deux casiers de bouteilles vides. Dès que le train entre en gare, les donitas se ruent sur les bagages des voyageurs. (Informateur, Bouaké, 1975). Autour du bras gauche, trois casiers de bouteilles [.] Donita, quel métier!  FM., 29.12.1982.

SYN.: bagas*, baragnini*, donita*, cacaba*(part.), dawa*(part.), fougari*(part.), kaya-kaya*, gawa*(part.), ouyo-ouyo* pousse-pousse* (part.), wotro*.

 

donkaflè. n.m. V. ADONKAFLE*.

 

donkoro, [dTkoro], n.m. Spéc., (flore). (Focus congensis Engl.) Grand arbre des galeries forestières du nord ivoirien. Aubreville, 1959, I : 90.

 

donner, v.tr.

1- donner cadeau, loc.verb. V. CADEAU*.

2- donner chaîne,  donner la chaîne, loc.verb. Vx. V. CHAINE*. Remonter une montre ou un réveil., tendre à nouveau le ressort d'une montre. C'est montre woyo-woyo*, pourtant je lui ai donné chaîne hier. Zazou , n°8. Ma montre s'est arrêtée. j'oublie toujours de donner chaîne. (Retraité, Bouaké, 1975.),

3- donner [x F] de poche, loc.verb. Dispon. mésolecte, basilecte. Donner comme argent de poche. Le dimanche, il me donnait 100 f de poche que je partageais avec  mes amis pour acheter de la nourriture. Deniel, 1991 : 91.

4- donner [le] dos, loc.verb. V. DOS*. [.] il a commencé sa prière par une course en marche arrière. C'est-à-dire il donne le dos en courant. Ivoir'Soir, 25/26/57.07.1997. Qu'est ce qu'elle a à donner dos comme ça ? (Secrétaire, Abidjan, 2000).

5- donner la bouche, loc.verb. V. BOUCHE*.

6- donner la chicotte, loc.verb. V. CHICOTTE*.

7- donner la cola, donner le prix de la cola, loc.verb. Fréq., (calque de l. loc.), oral, écrit. V. COLA*. Faire une tentative de corruption, donner de l'argent à un administratif pour obtenir gain de cause.(en mauvaise part), en bonne part : donner un pourboire. Il me fallait à tout prix une licence. Et j'ai pensé qu'en donnant le prix de la cola au fonctionnaire, il allait me satisfaire. FM., 17.03.1982.

8- donner la pompe, loc.verb., V. POMPE*.

9- donner la route, donner le chemin, loc.verb. Usuel, (calque des l. loc.), oral, écrit, tous milieux. V. DEMANDER* LA ROUTE. Donner à un invité l'autorisation de prendre congé. donner l'autorisation de quitter un lieu. Il se fait tard. [.] Alors il est temps de demander la route* pour rentrer [.] Car la route ne se donne pas comme ça à celui qui pourrait croire qu'il n'y a qu'à se lever pour prendre congé après une plus ou moins longue visite. David, 1986 : 127. Le chef* me dit qu'il ne veut pas me donner le chemin avant que la lune* ait quinze jours. Bailly, 9 sept. 1894, in Niamkey-Kodjo, 1991 : 123. Veuillez me donner la route; c'est comme ça qu'on dit au revoir en Afrique non ? Krol, 1994 : 22.

SYN.: accorder* la route, accorder le chemin (vx.).

10- donner l'au revoir, loc.verb. Dispon., mésolecte. Se dire au revoir. Nous nous étions séparés à Niangbo sans nous donner l'au revoir. Kourouma, 2000: 137.

11- donner le fétiche, loc.verb. V. FETICHE*

12- donner le prix de la cola, loc.verb., V. COLA*

13- donner les nouvelles, loc.verb. Usuel, (calque des l. loc.), oral, écrit, tous milieux. V. DEMANDER* LES NOUVELLES. Après les salutations d'arrivée rituelles, donner des informations plus ou moins précises sur le lieu d'où l'on vient, les gens qui y vivent. Notre étranger* nous a donné les nouvelles. (3ème, Bingerville, 1978). C'est mon oncle qui doit vous donner les nouvelles et non pas moi. Du Prey, 1979 : 83. Assieds-toi là et maintenant donne-nous les nouvelles. (Enseignant, Yamoussoukro, 1980)

14- donner la tête, loc.verb. Assez fréq. oral, mésolecte., donner de la tête. Le père de famille ne sait plus où donner la tête. Union, 16.02.1994.

15- donner la main, loc.verb. Vx, oral, fam. Aider, donner un coup de main, soutenir qqun dans un projet ou une entreprise. Les hommes de Kong lui donnent la main. Bailly, 12 fév. 1895 in Niamkey-Kodjo, 1991 : 48.

16- donner le ventre, loc.verb. Fréq., oral, fam., mésolecte, péj . En parlant d'une jeune fille : attribuer la paternité. Elle ne me donnera pas ce ventre! Elle a d'autres copains à aller trouver ! (Etudiant, Abidjan, 1983). Quand elles tombent en grossesse, elles donnent le ventre à celui qui est le mieux placé. Bonnassieux, 1987 : 178.

17- donner pardon, loc.verb., Assez fréq., oral, fam. mésolecte, basilecte. V. PARDON*. Pardonner, excuser. Nous tenons à garder l'anonymat, donne-nous pardon mais tu peux être sûr que nous ne voulons rien d'autre que votre bien. (sic) Krol, 1994 : 121. En attendant que mes parents présentent des excuses à son père pour qu'il donne pardon et m'autorise à l'épouser.[.]. Ibid : 134.

 

donso, n.m. V. DOZO*.

 

donsomana, [dTsomana], n.m.,adj. Spéc. (tradition), (mandenkan "geste des chasseurs"), nord. Sorte de chanson de geste purificatoire qui fait le récit de la vie d'un maître chasseur et est chantée par un griot musicien accompagné d'un répondeur* jouant le rôle de bouffon. Le donsomana, le genre littéraire donsomana exige qu'on parle du héros dès l'instant où son germe a été placé dans le sein de sa maman*. Kourouma, 1998 : 21.

 

dopé, n.m. Spéc., (tradition). Rythme traditionnel ivoirien repris par la danse et la chanson moderne. Et alors que la radio, la télévision, et "Ivoire dimanche," passent en revue les rois du Gbégbé*, de l'Aloukou*, du Goli*, du Yatchana*, du Sobré gaz, du Dopé.[.]. Konaté, 1987 : 102.

 

dorade, n.f. V. DAURADE*

 

dorade grise, n.f. V. CARPE* BRUNE, VIEILLE*.

 

dorgoet, n.m. V. POMMIER*-CANNELLE DE BROUSSE.

 

dormir, v.intr. Fréq. oral, fam., mésolecte, basilecte.

1- . Habiter. Ici, à Abidjan, je dors chez mon frère. (Lycéenne, Abidjan, 1984). Il dort à Abobo Gare. (Chauffeur, Abidjan, 1986). [.] parce que si je quitte la Côte d'Ivoire pour aller dormir avec mon père et ma mère, c'est la honte ! Deniel, 1991 : 118.

2- Se coucher, aller dormir. Je suis trop* fatiguée!  Ce soir, je dormirai à vingt heures pour me reposer. (Secrétaire, Abidjan, 1984). A quelle heure as-tu dormi ?  (Infirmière, Abidjan, 1982).

 

doroké, n.m. V. DÉRÉKÉ*, DRÉKÉBA*.

 

doromé, n.m. V.-DROME*. En tout il y eut huit mille deux cent cinquante-trois nouveaux inscrits au parti et Béma déboursa les huit mille deux cent cinquante-trois doromé que les adhérents auraient dû verser. Kourouma, 1990 : 266.

 

dos, n.m. Entre dans quelques locutions spécifiques.

1- dos (au ---- ), loc.adv. Usuel, oral, écrit, tous milieux. Se dit d'un enfant transporté sur le dos de sa mère, selon la coutume. K. A. porte un beau bébé de trois mois au dos. FM., 06.01.1981. Qui avec un sac accroché à l'épaule, qui avec un baluchon à la main ou sous le bras, qui avec un bébé au dos !  FM., 28.01.1983.

2- dos (dans ton [mon, son etc.] ---- ), loc.prépos. Argot zouglou, oral, fam. A ta [ma, sa, etc.] charge, à tes [mes, ses, etc.] crochets. Yodé qu'est ce qu'on fait, je moyen* côcô* dans ton dos ce soir non ? (Corpus zouglou T., 1994).

3- dos (être au ----), loc.verb. Usuel, oral, écrit, tous milieux. En parlant d'un bébé, être transporté sur le dos de sa mère ou de sa soeur selon la coutume. Le bébé est au dos une bonne partie de la journée. Quand la mère ne peut pas, c'est la grande soeur qui le porte. (Informatrice, Bondoukou, 1980).

4- dos, (être au ----, être sur le ---- [de sa mère], loc.verb. Fréq., oral, écrit, tous milieux. Par extension du précédent (V. DOS 3), être en bas âge. J'étais au dos de ma mère quand mon père est mort. (Etudiant, Abidjan, 1981). Quand nous avons quitté*, mon frère était encore sur le dos. (Comptable, Bouaké, 1983).

5- dos, (faire ---- à ), loc.verb. Fréq., oral, écrit, mésolecte. Tourner le dos, être contraire (au propre comme au figuré). La chance faisait vraiment dos à l'Essor. FM., 31.01.1972. La chance m'a fait dos : j'ai eu la seule question que je ne connaissais pas bien. (Etudiant, Abidjan, 1984).

6- dos, (donner ---- , tourner ---- ), loc.verb. Fréq., oral, écrit, fam., mésolecte, basilecte. Tourner le dos à (qqn.), quitter (qqn.), tourner les talons pour s'éloigner (de qqn.). Pourquoi tu me tournes dos ? Tu es fâchée ? (Infirmière, Abidjan, 1978). Mais alors qu'il calmait son employé, D. à qui il donnait dos à cet instant précis, essaya de planter son poignard dans l'abdomen de l'autre. FM., 28.12.1982. On s'est regardé, on a pleuré mais on ne s'est rien dit, il m'a donné dos et je lui ai donné dos. Deniel, 1985 : 98. L'opposition [.] lui a définitivement tourné dos. FM., 27.04.1993.

7- dos, (bouffer sur le ---- de qqun, dîner sur le ---- de qqun), loc.verb. Argot urbain, oral, fam., jeunes, péj. Vivre en parasite aux dépens de qqun, vivre aux crochets de qqun. Ainsi banquiers et margouillats dinent sur le dos* des travailleurs en peine. Téré Express, 19.01.1993. Lui il est là, il bouffe sur ton dos, il veut pas quitter*. (Informateur, Abidjan, 1995).

SYN.: côcô*.

8- dos, (faire le gros ---- ), loc.verb. Fréq., oral, écrit, mésolecte, péj. Se montrer suffisant (en prenant des attitudes avantageuses), prendre de grands airs, se gonfler d'importance. Y a pas de quoi faire le gros dos, imbécile !!  (Etudiant, Abidjan, 1982). Quand on n'a pas cinq francs pour payer son pot, il faut savoir contrôler sa bouche*, ne pas faire le gros dos. Bonnassieux, 1985 : 189. Les gens font le gros dos et montrent leur bedaine. Tierno Monenembo, 1993 : 115.

SYN.: faire le boucan*.

 

dosé, (être ---- ), loc.verb. Argot zouglou, oral, fam. En parlant de consommateur de boissons alcoolisées ou de drogues, avoir son compte. Elle a bu dégué* / elle a versé-o / il a bu coco/ il est dosé-o. (Corpus zouglou, T., 1994).

 

dot, n.f. Usuel, (tradition), oral, écrit, tous milieux, parfois péj. Compensation versée, selon la coutume, par le futur époux ou sa famille, à la famille de la fiancée. Depuis le 1er janvier 1965, on n'a pas le droit de donner l'argent en dot. C'est un délit, c'est-à-dire une infraction punie de six mois à deux ans d'emprisonnement et du paiement comme amende du double de la somme offerte en dot. FM., 22.12.1979. La dot qui consistait dans le versement au profit de la personne ayant autorité sur la future épouse par le futur époux ou la personne ayant autorité sur lui, d'avantages matériels conditionnant la réalisation du mariage traditionnel [.]. FM., 24.01.1980. Pour le rival K. B., il reconnaît n'être pas un époux légitime de M. puisqu'il n'a versé aucune dot. FM., 09/10.01.1982. La dot tragique : elle se tue pour éviter le mariage forcé*. FM., 09.07.1982. Alors ils sont allés chez les parents de la fille pour savoir quelle dot verser. Deniel, 1991 : 29.

ENCYCL.: il pouvait s'agir d'argent, de têtes de bétail, de prestation en heures de travail. mais le versement d'argent a été interdit par la loi.

DÉR.: doter*.

SYN.: compensation matrimoniale, prix* de la fiancée.

 

doter, v.tr. Usuel, oral, écrit, tous milieux. Donner une dot*, verser la dot* à. Avait-elle aimé Boka qui avait eu des moyens de doter plusieurs femmes pour remplir la concession*"[.]?  Du Prey, 1979 : 36. Il n'y a pas un homme assez riche pour me doter, dit la cousine en riant. Ibid. : 181. Il s'apprête à quitter S. pour aller chercher ailleurs de quoi doter sa future épouse. FM., 21. 04.1981. Vieux Kanigbê vient de te doter. Tu es désormais sa femme. (BD) Ivoir'Soir, 25.11.1997.

 

doublant, n.m. Fréq., oral, écrit, tous milieux. Elève qui redouble une classe, redoublant. Dans une classe de 1ère D d'un de nos lycées, il y a 64 élèves avec 40 doublants. FM., 22.10.1982, (lettre de lecteur). Je suis un doublant, pas un cabri mort*. (Lycéen, Bingerville, 1979). Martine et Claudine sont doublantes comme plus d'un lycéen sur deux en terminale. Krol, 1994 : 77.

 

double, n.f. Argot estudiantin, oral, fam. Chambre double (en Cité universitaire). Julienne, Emma et Joelle, toutes trois redoublantes de première année de médecine  ou de sciences de la nature, se partagent une double à 6 000. Jeune Afrique, 23-19.03.1995.

 

double vacation, n.f. Spéc., (administration), assez fréq. Technique consistant à faire alterner deux classes différentes dans une même salle de cours pour pallier l'insuffisance de locaux. [.] les enfants de San Pedro [.] reçoivent leur éducation dans un cadre adéquat, loin de la double vacation et des classes-boutiques*. Ivoir'Soir, 13.01.1998. Dans cet établissement avec des salles spécialisées dénudées, des tables insuffisantes et où les cours sont dispensés selon le principe de la double vacation [.] . Ivoir'Soir, 14.05.1998.

 

doubler, v.

1- v.tr. ou int. Fréq., oral, écrit, tous milieux, péj. Redoubler une classe. L'an dernier par exemple des milliers d'élèves ont doublé leur classe avec plus de 11,50 de moyenne annuelle. FM., 05.02.1982. Ceux qui ont été admis à doubler n'atteignent pas 10. FM., 22.10.1982. Pendant toute ma scolarité au cycle primaire, je n'ai jamais eu à doubler une classe. ID., 14.11.1982. Est -ce à dire qu'elle a doublé des classes et que vous avez forcé um peu son passage en classe supérieure ? ID. 05.02.1989. Elle a refusé [: ses faveurs], il lui a fait tomber sa moyenne, elle double sa classe. Krol, 1994 : 69.

DÉR.: doublant*.

2- v.tr.ind. Fréq., oral, écrit, mésolecte. Redoubler de. Avec ta fille, il te faudra doubler de patience. (Médecin, Abidjan, 1982). Je vous promets de doubler de courage pour réussir mon examen. (Etudiant, 1983).

3- v.tr.dir. Fréq., argot urbain, jeunes, péj. Rouler, posséder. Quoi ?? Mais...mais.. ce sont les gars que nous avons doublés... (BD) Ivoir'Soir, 29.12.1997. Tu crois que tu vas me doubler ?Je connais le prix! (Lycéenne, Abidjan, 1998).

DER.: doubling*.

 

doubling, n.m. Argot urbain, oral, fam, jeunes, j. Excuse mensongère visant à couvrir une action non autorisée. Elle dit elle vient chez moi  En fait elle passe la nuit ailleurs. Donc c'est un doubling. (Corpus maquis abidjanais, 1995). Il me faut un doubling pour samedi nuit* Je viendrai chez toi pour réviser hein? (Lycéenne, Abidjan, 1995).

 

douche, n.f.

1- Fréq., (tradition), oral, mésolecte, basilecte. Eau destinée à la toilette, qu'il s'agisse d'une douche, d'un bain ou d'ablutions dans un lavabo ou d'une cuvette d'eau. Apporte moi ma douche ! (Chauffeur à son apprenti, Gagnoa, 1978). Les femmes auraient à peine soufflé qu'il leur faudrait aller puiser de l'eau, faire chauffer la douche du mari. Du Prey, 1979 : 41. Quand on lui donna de l'eau chaude pour sa douche dans la paillotte réservée à cet usage, elle fit encore une mine dégoûtée. R.Yaou, 1999 : 73.

2- Usuel, oral, écrit, tous milieux. Pièce où est aménagé le nécessaire pour se laver, qu'il y ait un appareil de douche ou non. Au même moment, son épouse qui sortait de la douche, lui faisait observer que, s'il n'avait plus d'appétit, il se devait de quitter la table. FM., 31.12.1979. Le drame est intervenu au cours d'une rixe qui a opposé les deux rivales dans leur douche. FM., 15.03.1984. Je vais te mettre de l'eau à la douche, proposa Bèkè à son fils. R.Yaou, 1999 : 21.

SYN.: douchière*.

 

doucher, (se ----), v. pron.

1- Assez fréq., oral, écrit, mésolecte, basilecte. Se laver. Comme il n'y avait plus d'eau au campement, on est allé se doucher au fleuve. (Enseignant, Abidjan, 1978). Attends un peu, je douche le bébé. (Mère de famille, Abidjan, 1982).

LOC.: se doucher à la calebasse.

2- se doucher à la calebasse, loc.verb. Vx, oral, fam. plaisant pour les intellectuels. En l'absence d'appareil de douche, se laver dans une cuvette d'eau en s'aspergeant à l'aide d'un récipient, souvent une calebasse*. Les auberges* villageoises, moi, je suis d'accord maintenant puisqu'on n'est plus obligé de se doucher à la calebasse! (Médecin, Abidjan, 1983).

ENCYCL.: mode de lavage, très fréquent, partout où n'existe pas l'eau courante et le confort moderne.

 

douchière, n.f. Fréq., oral, écrit, fam., mésolecte. Local où se trouve installé un appareillage permettant de se laver. Nom de cet appareillage. L'itinéraire du gouverneur n'aboutit pas aux douchières crasseuses. Dadié, 1956 : 16. On distingue [: dans une concession* du pays sénoufo] des locaux annexes (abri pour petit bétail, douchière, case* à fétiche) ainsi que de nombreux greniers*, hauts et cylindriques. Oberlé (sous une photographie, 1983 : 63). On a volé ses bijoux dans sa chambre pendant qu'elle était à la douchière. (Secrétaire, Blokosso, 1983).

ENCYCL.: il peut s'agir d'appareil à douche rudimentaire (seau rempli d'eau et dont le fond peut servir d'arrosoir quand on tire sur une chaînette), du coin douche de la salle de bain : bac et appareil à douche isolés par un rideau, d'une pièce dotée d'une douche rudimentaire ou dans laquelle on s'installe pour se laver, par extension, d'un cabinet de toilette avec douche mais sans baignoire. Dans l'habitation traditionnelle de village, la douchière se trouve à l'extérieur de l'habitation principale et ne comporte qu'une cuvette. Par contre, l'endroit sert également d'urinoir. Voilà ta douchière : tu remplis le seau d'eau, tu le hisses, et quand tu veux te laver, tu te mets dessous et tu tires sur cette chaîne. (Planteur, environs de Man, 1979).

SYN.: baignoire*.

 

douflè, louflè, [duflD] / [luflD], adv. Dispon., (du baoulé, "prendre qqun pour un imbécile" ), oral, fam., basilecte, péj. A bas prix, à bon marché. (Ce bas prix évoque un marché de dupe, une opération apparemment trop avantageuse pour ne pas cacher qqchose de louche). Ta montre là, c'est montre sous manguier*, tu l'as eue douflè ?? (: Ta montre est une contrefaçon, tu l'as achetée à bas prix?, Chauffeur, Abidjan, 1983). Toutes ces choses louflè, c'est volé en douane, paraît-il ! (Informateur, Abidjan, 1984).

 

-dougou, parfois -bougou, suffixe nom. Fréq. (du mandenkan "village"), nord. V. -KRO*. Suffixe usuel entrant dans les toponymes. Village, quartier. Ferkéssédougou, par exemple. Ils vivent au Dioulabougou, à côté de la mosquée. (Informateur, Man, 1982)

SYN.: -kro*.

COMP.: dougoutigui*.

 

dougoutigui, [dugutigi], n.m. Pas très fréq., sauf textes hist., ou trad., (du mandenkan  "village-chef"), nord., mélior. Chef de village. Ali Mori lui a dit que l'on voulait en donner une [: une cantine] au dougoutigui  Bailly, Lettre du 22 juillet 1894 in Niamkey-Kodjo, 1991.

 

douka, n.m. V. MAKORE*. Le nom pilote de makoré couvre les deux espèces de tieghemelia mais le nom de douka* se rapporte aux origines gabonaises, congolaises et camerounaises. CTFT, 1989 : 397.

 

doundoun, doun-doun, [dundun], n.m. Assez fréq. (tradition), (du mandenkan  "tambour"), oral, écrit, nord. Tam-tam* formé d'une caisse de résonance cylindrique sur laquelle on tend deux peaux retenues par des cordes. Le wassakara*, exécuté par de grands batteurs de tam-tams* et de doundoun soutenu par des danseuses avec une chorégraphie africaine authentique. FM., 12.02.1982. Constitué de talentueux spécialistes d'instruments africains (balafon*, cora*, doundoun, tambour*) ce groupe propose un concert inspiré des grandes veillées mandingues. FM., 21.04.1982. Une centaine de tams-tams sont exposés à l'intérieur et à l'extérieur de l'atelier. Il y en a de toutes sortes (des tounbalet*, des djembé*, des doun-doun*, des attoungblan*) et de toutes tailles . Ivoir'Soir, 28.08.1997.

 

doule, dol, n.m. Argot nouchi, (oral, fam. Diluant utilisé pour la prise de drogue. Bra mogo,* tu as doule? (: Tu as du diluant, mon pote?, Informateur, Abidjan, 1990).

 

doussié, [dusje], n.m. Spéc., (flore). (Afzelia bella Harms). Grand arbre de la fam. des Caesalpiniacées à contreforts assez importants. Bois de cet arbre devenant brun rouge à la lumière, dur et lourd, résistant aux insectes et aux champignons. Peut être confondu avec le lingué*

COM.: doussié nom pilote de ce bois CTFT, 1989 : 381.

 

doux, adj. Usuel, oral, écrit, tous milieux, mélior.

1- Agréable, délicieux. En parlant de nourriture : bon sans que cela implique l'idée de sucré. Comme c'est doux ! Je t'assure, Iguane*, que dans ce pays il y a de véritables cuisinières. Dadié, 1955, : 78. Mais beaucoup savent que si la sauce* est douce, les travailleurs reviennent. Bonnassieux, 1985 : 135, Lecture même c'est trop doux !"  (Légende d'un dessin), Mel Gnanba, "Etat des langues" in Littérature de Côte-d'Ivoire, Notre librairie, 1987 : 17. Ah mes amis, c'est trop* doux les chats, nous on les mange. Ivoir'Soir, 03.12.1997. Le placali* à 4 heures, c'est doux ! Ivoir'Soir, 08.06.1998.

2- Plus rare, Par extension, agréable au toucher, beau à regarder. Mon vié*, télévision la, c'est doux hein ? FM.(BD) : 20/21.12.1980. Ballon qui est doux comme ça là ! Ivoir'Soir, 13.01.1998.

 

doyen, n.m. Usuel, oral, écrit, tous milieux, mélior. Personne à qui l'on doit le respect en raison de son âge ou de son expérience. Utilisé aussi comme formule d'adresse respectueuse, par exemple, pour désigner le Président Houphouët. Et toi, Doyen, penses-tu qu'il faut en parler au Proviseur?  (Professeurs de Lycée, Bouaké, 1980). Tout enfant apprend à redouter comme sacrilège de ne pas obéir à ses grands doyens. Conte 1981 : 90. Lorsque le litige ne se règle pas dans la famille, le doyen du groupe concerné doit s'efforcer de trouver une solution. Bonnassieux, 1985 : 36. Venus des quatre coins du pays, des pétitionnaires* [.] attendent à la résidence privée du chef de l'Etat, une hypothétique entrevue avec le Doyen [.]. Gombeaut /Moutout /Smith, 1990 : 37. D.C., doyen de la famille G., Mme S. C.T., doyenne de la famille G. (Faire-part de décès), FM., 29.11.1990. Ensuite, le patron a fait un petit discours ainsi que le doyen qui lui avait appris le métier. Deniel, 1991 : 80. Surtout ne le dites à personne. Le doyen Amédée Pierre va s'acheter un cellulaire*. [.] Doyen, il faut te mettre en guei* (réception simple) sinon les côcôs* vont vouloir t'appeler sur ton cellulaire. Ivoir'Soir, 22/23/24. 05.1998.

 

dozo, donso, [dozo] / [donso] n.m. Fréq., (tradition), (mandenkan "chasseur" et mandenkan pop. "gaillard baraqué"), oral surtout. Membre d'une confrérie de chasseurs du nord ivoirien utilisée par les populations comme milice d'auto-défense pour assurer la sécurité contre les malfaiteurs. Quelques instants plus tard, les démocrates ont pu apprécier le défilé des militants du FPI du Grand Nord* [.] et celui des dozos.[.]. Ces chasseurs au pays sénoufo sont réputés pour leur bravoure. Nouveaux horizons n° 138. Mais l'évolution la plus inquiétante ,aux yeux de la police nationale et de la gendarmerie, c'est le recours aux "dozos", une confrérie de chasseurs traditionnels venus du nord de la Côte d'Ivoire et qui, de plus en plus, entendent se substituer à la police [.]. Payés par la population pour pallier les carences d'une police paralysée par le manque de moyens financiers, les "dozos" jouissent d'une réputation de bravoure et d'efficacité. On leur prête en effet des pouvoirs magiques qui leur donneraient la faculté de neutraliser les protections occultes dont s'entourent les malfaiteurs. Jeune Afrique, 11/17.09.1996.21. [.] le gardien s'est échappé pour aller alerter les dozo qui patrouillaient non loin de là. Ivoir'Soir, 08.10.1997. Abobo-Anador : Les dozo l'emportent sur les bandits. (titre d'article) Ivoir'Soir, 07/08/09.11.1997. Je constate simplement comme tout le monde qu'il y a une catégorie de personnes que l'on appelle communément les dozo qui pensent qu'elles peuvent proposer leurs services à la population dans le cadre de la surveillance des biens et des personnes. En ce qui nous concerne au niveau du Parquet, nous considérons cette catégorie de personnes comme des surveillants au même titre que les autres. Nous ne les considérons pas comme un corps constitué, ni comme un syndicat ni comme une corporation à laquelle il faut reconnaître certains droits. Ivoir'Soir. 10.02.1998. Peu avant d'arriver à l'établissement  [: une école] un dozo l' [: une panthère] a tuée. Ivoir'Soir, 10.03.1998. Au cimetière, les dozo qui assurent le maintien de l'ordre repoussent la foule. Ivoir'Soir, 09.02.1998.

COM.: au pluriel, le mot reste parfois invariable. Je voulais brader les armes à Daloa à des dozo. Ivoir'Soir, 23.12.1997.

 

dracunculose, draconculose , n.f. Spéc., (santé). V. VER DE GUINÉE*. Parasitose endémique provoquée par le Dracunculus medinensis ou filaire de Médine* ou dragonneau*, V. CYCLOPS*. La dracunculose est l'ensemble des manifestations créées par la présence des vers sous la peau [.]. Tout en étant bénigne du point de vue vital, la dracunculose conduit fréquemment à des hospitalisations prolongées en raison de la fréquence des complications infectieuses, des arthrites. Marché-Maechad, 1965 : 92. Quelques millions de personnes- toutes pauvres et vivant en zones rurales- sont victimes de draconculose, une infection transmise par le ver de Guinée*. FM., 01.03.1982. Il ressort que dans l'ensemble, les différents fléaux : tuberculose, lèpre, fièvre jaune*, draconculose, ver* de Guinée, trypanosomiase*, onchocercose*, bilharziose*, sont en recul sur l'ensemble du territoire. FM.: 26.10.1983. Mazer Sankalé, 1988 : 275. Gentilini, 1989 : 67-71. Malgré les progrès enregistrés dans la lutte contre la dracunculose [.] les efforts doivent être poursuivis. FM., 26/27.04.1997. Eradication ver* de Guinée (Dracunculose): 99% sensibilisation, 1% médical. (titre d'article) Ivoir'Soir, 02.03.04.051997.

ENCYCL.: cette filaire est transmise à l'homme par ingestion avec l'eau de boisson d'un petit crustacé , le cyclops*, hébergeant les microfilaires.

COM.: draconculose tend à devenir la graphie courante.

DER.: dracunculien*.

SYN.: (part.) ver de Guinée*.

 

dracunculien, draconculien, n.m. Spéc., (santé). Personne atteinte de dracunculose*. [.] l'eau de certains villages indemnes de dracunculose a été considérée comme préventive [.] ce qui a, en 1983, entraîné l'afflux de nombreux dracunculiens lesquels ont contaminé les mares du village. Gentilini /Viens, 1989 : 61.

 

dragonneau, n.m. V. VER* DE GUINÉE.

 

dragonnier, n.m. Spéc., (flore). Nom donné à deux espèces d'arbres de la fam. des Agavacées : (Dracaena mannii Baker) ou viviro* (de l'abé) et (Dracaena arborea Link.) ou apa* (de l'attié). Les dragonniers sont  très décoratifs par leurs branches hérissées de feuilles effilées. Aubreville, 1959, III : 320, Adjanohoun /Aké Assi, 1979 : 8.

 

dramaniste, n.m. f., adj. Spéc., (politique). Partisan d'Allassane Dramane Ouattara (surnommé ADO par références à ses initiales). Il est certain que [.] suite à la querelle que se livrent les Dramanistes et les Bédéistes [.]. La Voie, 07.01.1993.

 

drap, n.m. Fréq., (de l'expression "être dans de beaux draps"), argot urbain, fam. mais pas vulg., péj."

1- Catastrophe, problème grave, difficulté majeure, "tuile". J'ai emprunté cette expression au langage des enfants du ghetto. Togo* signifie 100 frs. Drap de Togo exprime toutes les difficultés occasionnées par une pièce de 100F. ID., 30.04.1989. Si jamais vous tombez malade, que vous arrivez dans un de nos centres hospitaliers universitaires et que le médecin traitant se trouve être votre rival [.] - "C'est un drap !’’ ID., 16.04.1989. Si elle apprend que je ne sais pas nager, ce sera un drap ! ID., 02/03.08.1990. Kakou Ananzé*/ [.]/ tu es petit petit crapaud / tu veux devenir gros / gros comme un buffle et voilà les draps /. (Chanson "Ananzé". Groupe Les potes de la rue, corpus T., 1994). Je ne ferai pas de commentaire sur ce drap présidentiel. Ivoir'soir, 16.10.1997. Officier en drap ! (Titre d'article Ivoir'Soir, 22.02.1998.

LOC.: être en drap, être le drap de qqun, il y a drap, ne pas casser le drap.

COMP.: drapman*

SYN.: (part.) drapper*.

2- drap !, interj. Exprime le dépit, la colère, la déception. Catastrophe !, zut !, "merde"!! "Voilà l'homme qui me poursuit toujours là*!"-"Drap !!" ID., 18.3.1989. Drap ! C'est vraiment le cas de le dire ! Ivoir'Soir, 16.10.1997. Drap ! J'ai tout perdu! Ivoir'Soir, 27.11.1997.

3- drap, (être en ----), loc.verb. Avoir de gros problèmes, être dans de beaux draps. Zézé, bandécon*, écoute moi, je suis en drap. ID., 16.04.1989. Pour faire croire à qui veut les croire qu'ils sont en drap. FM., 15.02.1993. Il est en draps : il a des problèmes, il est dans de beaux draps. Première leçon de français de Moussa*. Jeune Afrique, 24/30.07.1996 : 95. Clinton en drap!  (titre) Ivoir'Soir, 27.01.1998.

4- drap, (être le ---- de qqn.), loc.verb. Regarder qqn, être l'affaire de qqn., être au courant, être informé. D'abord, qui c'est ma daille, c'est pas ton drap ! (Lycéen, Bingerville, 1979). Après tout, les footballeurs, le ballon c'est leur drap non? (Etudiant, Abidjan, 1982). Go* ziguehi, tu peux effrayer qui ici ? On a vu pire ailleurs !! Même les potes* de la rue, sont en drap* de nous. Espèce de fériman*, lance l'un des "parents*". Ivoir'Soir, 23.04.1998.

ENCYCL.: plus fréquent sous la forme négative, ce n'est pas ton drap= ce n'est pas ton problème.

5- drap, (il y a ----), (y a ----), loc.verb.. Il y a des histoires, il y a scandale. Hé ! les copines, arrêtons de nous battre, on dirait que y a drap ! Regardez !! (BD) Ivoir'Soir, 29.12.1997. Il "aimait" les enfants. Il y a eu drap. Ivoir'Soir, 16.03.1998.

6- drap, (ne pas casser le ---- ), loc.verb., Ne pas faire l'imbécile, ne pas se montrer violent, inconsidéré, impulsif. Asseyez vous! [.] Ne soyez pas des rastas fous*. Ne cassez pas le drap. Restez cool !   Konaté, 1987 : 80.

 

drapman, n.m. Argot nouchi, (hybride français + anglais) , oral, fam. péj. Homme à problèmes, faiseur d'embouilles. Fuis-le, c'est un drapman ! (Corpus nouchi, 1994).

 

drapper, v.tr. Argot nouchi, oral, péj.. Faire perdre la face à quelqu'un. Son stéki* l'a drappé. C'était une saga*" (: Sa petite amie lui a fait perdre la face. C'était une lesbienne, Informateur, Abidjan, 1990).

 

drékéba, dérékéba, déréké, dréké, doroké, [drekeba] / [derekeba] / [dereke] / [dreke] / [doroke], /n.m. Fréq., (du mandenkan "boubou-grand") , plus rare sous la forme 'doroké', vx. Sorte de grande tunique très ample, descendant jusqu'aux pieds, portée par les hommes. Les hommes sont uniformément vêtus d'un grand doroké blanc en cotonnade du pays. Moins ample que celui des noirs musulmans, ce vêtement a beaucoup plus d'analogie avec la gandourah arabe. Binger, 1892 : 124. Elle aime son couturier*, un Sénégalais élégant [.] toujours dans des drékébas impeccables. Kourouma, 1990 : 154.

COM.: il existe une version féminine de cette tunique. V. GRAND BOUBOU*.

SYN.: boubou*.

 

drépane africain, n.m. V. SAINT* PIERRE RAYÉ.

 

drépanocytaire, n.m.ou f. Spéc. (santé). Personne atteinte de drépanocytose*. Il s'agit d'un analyseur qui permet de mesurer [.] la perturbation chez les drépanocytaires. FM., 13.01.1993.

 

drépanocytose, n.f. Spéc., (santé). Maladie congénitale à hématie falciforme provoquant une anémie dûe à la présence d'une hémoglobine anormale dans le globule rouge. Mazer /Sankalé, 1988 : 274-277. La prévalence de la drépanocytose en Côte d'Ivoire est d'environ 12%.. FM., 13.01.1993.

DER.: drépanocytaire*.

 

dribbler, v.tr. Dispon. oral, fam. péj. Par allusion à la feinte du joueur de football, rouler, duper. Ils [: les pisteurs*] se définissent comme les maîtres de l'intrigue: "On dribble l'acheteur et on dribble le paysan", disent-ils avec humour. Ivoir'Soir, 17.09.1997. Il arrive pourtant que nous sachions que la mort nous guette, dans ces cas-là, nous avons la possibilité de la "dribbler" et nous devons le faire. R.Yaou, 1999 : 243.

 

drill, n.m.,Usuel, (de l'anglais "coutil, treillis"), oral, écrit, tous milieux. Tissu très résistant qui sert à confectionner des uniformes. Nous travaillons avec du bogolan*, du drill (tissu ivoirien) et d'autres tissus venant de Londres. Stop Visages, 30.03/05.04.1995.

 

drogue, n.f. Fréq. oral, écrit, mésolecte, mélior. Remède traditionnel composé à partir de plantes médicinales et préparé par un guérisseur. Je suis allée voir un tradi-praticien* qui m'a donné des drogues qui m'ont guérie. (Institutrice, Katiola 1977).

COM.: n'a presque jamais le sens péj. de 'remède inefficace'. Mais usité pour désigner les stupéfiants.

DÉR.: droguiste*

 

drogueur, n.m. Fréq. surtout peu ou non scolarisés. très péj. Personne qui consomme des stupéfiants. C'est un drogueur qui était étudiant à la Faculté de Droit, avant. (Etudiante, Abidjan, 1980). L'Ivoirien moyen dira 'drogueur' plutôt que 'drogué' [.] 'drogueur ' insiste sur l'action coupable, la responsabilité de celui qui se met dans cette situation. Konaté, 1987 : 74.

 

droguiste, n.m. Fréq., (tradition), oral, basilecte, mélior. Guérisseur traditionnel préparant pour les vendre des remèdes à base de plantes. Il court chez tous les droguistes pour ses accélérateurs*!!  (Chauffeur, Abidjan, 1978). Tu connais un droguiste qui soigne les dartres*? (Commis, Adzopé, 1982). Voyez Treichville - ses gardiens mossis, ses étalagistes peuls, ses droguistes mandingues [.] Tierno Monenembo, 1993 : 85.

SYN.: charlatan*, guérisseur, médecin* africain, tradipraticien*.

COM.: le sens de 'droguiste' : commerçant vendant des produits d'hygiène, de toilette ou d'entretien est uniquement utilisé en milieu urbain lettré.

 

-drome, [drCm], suffixe nominal, Fréq., (altération mandenkan du mot <drachme> donnant [dCrCmD]"pièce de cinq francs") . V. DARAMA*, DOROMÉ* . Pièce de cinq francs. La forme 'doromé' est rare, litt. ou hist. Bémo déboursa les 8255 doromé que les adhérents auraient dû verser. Kourouma, 1990 : 255. Cette monnaie était très appréciée à Kong. On l'appelait le darama (déformation de drachme qui valait 2,833 gr. Lettre de G. Bailly, vendredi 31 avril 1894, in Niamkey-Kodjo, 1991.

COM.: en français local, la forme -drome est suffixée à un certain nombre de noms de produits vendus sur le marché pour désigner le lieu spécifique où sont rassemblés les vendeurs de ces produits. S'agit-il du suffixe mandenkan ou au contraire du suffixe grec comme dans "aérodrome"? V. ALLOCODROME*, ATTIEKEDROME*, BANGUIDROME*. BANDJIDROME*, DEGUEDROME*, KPÉMADROME* TCHAPALODROME*. Il s'agit en fait de créations populaires passées dans l'usage courant, ce qui fait penser plutôt à l'hybridation avec le mandenkan, par le dioula véhiculaire, langue des marchés. Ces mots gardent néanmoins un caractère plaisant pour les intellectuels.

 

dromologie, n.m. V. DRUMMOLOGIE*.

 

drongo, n.m. Spéc., (faune). Nom donné à plusieurs espèces d'oiseaux de la fam. des Dicruridae, assez semblables à la pie-grièche par leur bec crochu : le drongo brillant (Dicrurus adsimilis Bechstein) d'un noir lustré, à queue fourchue ; le drongo de forêt (Dicrurus atripennis Swainson) d'un bleu acier brillant ; le drongo de Ludwig (Dicrurus ludwigii Smith.) de petite taille à queue carrée. Serle /Morel, 1988 : 169. Drongo brillant signalé (Comoé, Marahoué, Azagny), toutes espèces (Taï).. Bousquet, 1992 : 78.

 

drummologie, drumologie, dromologie, [drymoloFi], n.f. Assez fréq. (tradition), l(de l'anglais "tambour"), litt., intellectuels, mélior. Terme forgé par le professeur Niangoran Bouah, dans les années 1980. Science visant l'étude du langage tambouriné* et des tambours* parleurs, afin de permettre une approche du passé historique de l'Afrique. Car le professeur Niangoran Bouah révèle l'enseignement du langage tambouriné à nos étudiants dans le cadre du nouveau programme en sociologie des institutions appelé la dromologie, (de l'anglais drum : tambour et du grec logos : discours) qui est l'étude très approfondie des langages tambourinés. FM., 22.01.1980. La drummologie est-elle une nouvelle science? [.] c'est une question centrale dans le débat sur le tambour* parleur qui divise nos intellectuels. FM., 18.03.1980. La drummologie, c'est l'étude approfondie et la diffusion du langage tambouriné* qui, affirme Niangoran Bouah, est une source de référence sûre car il est authentique, immuable et officiel. FM., Ibid. [.] un universitaire ivoirien de l'Institut d'Ethnosociologie qui avait inauguré un cours, sujet à contreverse, de "drummologie", la science des tambours parleurs*[.]. Naipaul, 1984 : 122. La drummologie [.] c'est l'étude du passé historique de l'Afrique, à travers les récits traditionnels que connaissent et que jouent les tambourineurs* à l'occasion des fêtes sacrées. Baleine, 1982 : 91. Griotique* par ci, Didiga* par là, Ludistique* et Drumologie plus loin [.]. Konaté, 1987 : 104.

DÉR.: drummologique*, drummologue*.

 

drummologique, [drymoloFik], adj. Peu fréq., litt., intellectuels. Qui a trait à la drummologie*. L'histoire drummologique montre que [.] les formules rythmiques ont résisté en grande partie à toutes les influences extérieures. FM., 26.03.1980.

 

drummologue, [drymolog], n.m. ou f. Peu fréq., litt., intellectuels. Spécialiste de drummologie*. [.]des tambours* parlants qui font aussi beaucoup parler les drummologues et leurs adversaires. David, 1986 : 193. Le drummologue a utilisé [.] un support pédagogique singulier : sa résidence. FM., 13/14.02.1993.

 

drury, n.m. Spéc., (faune), (du nom de son identificateur). (Druryeia antimachus Drury). Très gros papillon diurne forestier. Le drury est le plus grand papillon diurne africain. Stanek, 1977 : 97.

 

du n'importe quoi, loc.nom. Fréq., oral, écrit, tous milieux, péj. N'importe quoi.  Viens avec nous dans un maquis*, ne reste pas à manger du n'importe quoi. (Enseignants, Bouaké, 1979). Ne l'écoute pas : elle dit du n'importe quoi. (Lycéenne, Bingerville, 1979). On ne dit pas "du n'importe quoi" au cours d'une émission télévisée. ID., 28.11.1982. Malgré les accidents, les automobilistes continuent à faire du n'importe quoi. (TV.,"Comment ça va ?" 16.01.1982). Ils avaient cru que j'irais peut-être courir en ville et faire du n'importe quoi. Mais là ils voyaient que j'étais un garçon sérieux. Deniel, 1991 : 29. [.] il y avait des gens de sa famille qui venaient à la maison et qui faisaient du n'importe quoi. Deniel, 1991 : 45. Rappelons à son bon souvenir que c'est lui qui fait du n'importe quoi, qui dit du n'importe quoi, qui mange du n'importe quoi. Ephémère, 11.01.1993.

LOC.: [avoir, dire, faire, manger] du n'importe quoi.

 

dur, (en ----), loc.adj. ou adv. Usuel, tous milieux. Se dit de toute construction faite de matériaux durables par opposition aux modes traditionnels de construction : banco*, terre, bois. V. DEMI*-DUR. On construira loin d'ici un village moderne avec des maisons en dur [.] .A. Koné, 1980 : 38. L'habitat est moderne, caractérisé par de coquettes maisons rectangulaires en dur, couvertes de tôle . FM., 26.01.1982. Nombre de maisons sont en dur. FM., 10.02.1982. Des maisons en terre battue et en dur, recouvertes de tôles ondulées s'étalent sur des collines fleuries. Gaudio /Van Roekeghem, 1984 : 66. Il a aussi une boutique et a construit une maison en dur. Bonnassieux, 1985 : 200. A Vridi, certains préfèrent au logement en dur éloigné une maison en planches qui les rapproche de leur travail. Ibid. : 53. Mais si elle et ses collègues habitent Treichville dans des maisons construites en dur qu'elles louent autour de 10 000F par mois [.]. A. Touré, 1985 : 74. El Hadj* A. O. [.] a [.] construit dans son village plusieurs maison en dur. Ivoir'Soir, 27.01.1998. Dans cette région, il y a comme une malédiction qui frappe ceux qui construisent une maison "en dur". R. Yaou, 19998 : 5.

COM.: l'opposition 'en dur'/'préfrabriqué', 'provisoire' existe aussi mais est plus rare.

DER.: durcification *.

COMP.: demi*-dur.

LOC.: maison *en dur.

 

durcification, n.f. Spéc. (technique). Tendance à remplacer la construction en matériaux traditionnels précaires par des matériaux modernes en dur*: briques, parpaings. La ville des cours* est surtout construite en dur*. La durcification de l'habitat s'insère dans une politique de lutte contre les taudis qui s'est attaquée, dès 1960, à l'habitat construit en matériaux précaires situés dans les secteurs d'habitat non lotis mais aussi dans les secteurs lotis. Antoine /Dubresson /Manou-Savina, 1987 : 186.

 

durcir les oreilles, loc.verb. Rare, litt. (calque de lang. loc). Refuser d'écouter les autres, de se laisser influencer. Fama a durci les oreilles, il lui fallait partir. Kourouma, 1970 : 63

 

dure, adj.  Quelques loc. verb.mésolectales assez fréq.

1- dure, (avoir la tête ---- ), loc.verb., Avoir de la volonté, du caractère. Et non être entêté. Il a la tête dure, il ira loin dans ses études. (Instituteur, Abidjan, 1982). Comme j'ai la tête dure, j'ai entrepris tout seul de réaliser mon rêve. Touré, 1985 : 226.

2- dures, (avoir les oreilles ---- ), loc.verb. Etre désobéissant, indiscipliné, peu sensible aux ordres. Comme le petit avait les oreilles dures, il partit chasser le rat*toto au lieu de garder le troupeau . (Copie 4ème, Korhogo, 1976). V. DURCIR LES OREILLES.

 

durer, v. Fréq, oral, écrit, mésolecte, basilecte.

1- v.intr. Avec sujet humain, rester un certain temps quelque part ou avec qqun, y résider, y séjourner. Il a duré en France. c'est un grand-grand docteur. Du Prey, 1979 : 29. Tu as trop duré là-bas. Oussou-Essui, 1979 : 13. Comme il avait duré en France, elle lui rappelait certaines choses qu'il ne devait pas faire chez ses beaux*. A. Kouadio, 1983 : 70. Fati a duré longtemps dans ce travail. Bonnassieux, 1985 : 181. J'ai duré avec lui puisque je suis parti de chez lui en septembre 1960. Deniel, 1991 : 40. Je n'ai pas trop duré avec elle parce qu'elle me trompait. Krol, 1994 : 41.

2- (Le sujet n'est pas forcément humain). Mettre longtemps; traîner. En parlant de nourriture : être avarié, avoir été conservé trop longtemps. Cette viande a trop duré : elle pue ! (Mère de famille, Abidjan, 1980). Et à chaque voyage, les bagages duraient trop. FM., 11.02.1981. Ne dure pas ! tu vas nous mettre en retard pour le cinéma. (Lycéenne, Abidjan, 1982). Certaines de nos soeurs [.] servent des plats qui ont trop duré. Deniel, 1985 : 135.

3- durer de, v.tr.ind. : (Avec sujet humain). Equivalent de la tournure impers : "il y a longtemps que....ne pas". Il ne faut pas autant durer de se voir ! (: Il ne faut pas attendre aussi longtemps pour se revoir, Revendeuse, Abidjan, 1984). J'ai trop* duré de manger un bon attiéké-poisson*! (Etudiante, Abidjan, 1989).

 

dya, [dja], n.m. Spéc., (tradition), (de l'agni et autres l. akan). Sorte de sac de cuir ou carré d'étoffe qui sert chez les populations akan, à conserver les poids* traditionnels. Ce sac- patrimoine, appelé "dya" est lui-même l'un des trois symboles du pouvoir politique akan avec le tabouret* et l'épée double. David, 1986 : 138.

 

dyéli, n.m. V. DIELI*.

 

dziglibiti, n.m. V. ZIGLIBITY* Il y a un an mourait d'une crise cardiaque, Ernesto Djédjé, le père du Dziglibiti. Tilliette, 1984 : 307.