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Fa (1), n.m. Spéc., (tradition), (des langues Kwa), mélior. Génie de la divination. Elle était née avec les dons de la divination, était possédée par le génie de la divination, le Fa. Kourouma, 1998 : 57.

 

fa (2), n.m. Dispon., (du mandenkan  "père, homme à qui l'on est lié par le respect"), surtout écrit, très mélioratif. Titre empreint de respect que l'on réserve à son père, à son oncle paternel ou à toute personnalité à laquelle on voue vénération et fidélité. Samory Touré, l'Almamy, le "fa" était le plus valeureux du Mandingue [.]. Kourouma, 1990 : 24.

 

fabirama, n.m. Spéc., (flore), (mandenkan "pomme de terre du Soudan"). (Solenostenum rotundifolius Schumm. et Thonn.). Plante de la fam. des Labiées qui produit un petit tubercule comestible dont le goût rappelle celui de la pomme de terre. Roberty, 1954 : 176.

SYN.: petite patate noire, pomme de terre du Soudan.

 

fabriqué-donné, n.m. Dispon., (tradition), (calque des langues loc.), péj. Personne dans un état d'épuisement extrême, parce que selon les croyances locales, les sorciers ont mangé son âme. "Regardez mes mains, mon Président, avec ça, je suis incapable de tuer une mouche. R. B. est un fabriqué donné. Ce sont plutôt les sorciers qui l'ont mangé*, mon président."[.]-"Un fabriqué-donné, qu'est-ce que ça veut dire? "-"Je veux dire que c'est les sorciers qui l'ont tué. Ma main seule ne peut rien." FM., 26.06.1980 (Aux Assises de Man).

 

fac, n.m. Dispon., (forgé à partir du sigle FAC 'Fonds d'Aide et de Coopération'), oral, fam., surtout administratifs ou intellectuels. Argent, fric. Si tu as le fac, tu paies* le film*. (: Si tu as de l'argent, tu nous offres le cinéma, Etudiant, Abidjan,1978).

SYN.: caillasse*, pia*, ro*.

 

façon, n f., adj., adv.

1- adj.inv. Fréq., fam., oral, basilecte, souvent plaisant chez les intellectuels. Singulier, bizarre, qu'on a du mal à définir. La connotation est souvent péj.: drôle de..., mal fait, « bouzillé » s'il s'agit d'un travail. Qu'est ce que c'est que cette chemise façon dont le col part de travers? (Médecin, Abidjan, 1980). Tu as vu le vélo façon qu'ils ont, les coureurs maintenant? (Lycéen, Abidjan, 1980). Il a un nom façon... Antony je crois. FM., 08.02.1982. Cheveux façon là, c'est trop* joli quoi? Cheveux Dieu i t'a donné, tu content* pas lui? Zazou n° 16, 21.06.1983. Il avait un français façon. FM., 16.02.1993.

2- adj.inv. Dispon., fam. oral, basilecte, plaisant chez les intellectuels. Qui ressemble à, qui sert de, style + terme de comparaison. Plage façon cabinet (titre d'article). FM., 04.04.1980. Elle va encore mettre une robe façon sac de coton! (Etudiante, Abidjan, 1985).

2- adv. Fréq., fam., oral, basilecte, plaisant chez les intellectuels. Connot. souvent péj. Bizarrement, étrangement, d'une façon curieuse. Ouh! au fond à gauche, il y a une carpe qui te regarde façon, hein ! Bolli, 1977 : 53. Façon tu es debout là!!  Zazou n°16, 21.06.1983. N'allez pas chez lui. il travaille façon. (Enseignante, Abidjan, 1986).

LOC.: façon.....on dit pas*.

COMP.: façon-façon *( sens superlatif).

3- façon-façon, adj ou adv. Fréq., oral, fam., basilecte, généralement employé avec une connot. péj., même si l'intention est plaisante chez les intellectuels.

a) adj. Très bizarre, très particulier, tout à fait étonnant, vraiment étrange. Le redoublement de l'adjectif "façon-façon" correspond à un superlatif. Je m'en vais voir quartier façon-façon, son nom c'est Treichville rue 12. (BD, Dago à Abidjan), 1973 : 12. Dans la belle-famille, on était à la vérité dérouté par le comportement façon-façon de la jeune épouse. FM., 18/19.06.1983. Y a des bandits, quand ils voient que la voiture est jolie, quand il y a des trucs façon façon comme ça dedans, ils croient que y a l'argent, alors ils ouvrent avec leurs petits couteaux pour fouiller. A. Touré, 1985 : 54. Ivoirien façon-façon. FM., 16.02.1993 (titre d'article sur le français* populaire d'Abidjan). Dénouement façon-façon. FM., 11.05.1993, (titre d'article). [.] le catéchiste (il a 60 ans) pendant qu'il parle du doux Jésus aux gosses, il leur fait des choses façon façon. Ivoir'Soir, 16.03.1998. Il y a même les Mollahs d'Iran et les Saoudiens avec leur football façon-façon. Ivoir'Soir, 16.06.1998.

b) loc.adv. De façon extrêmement étrange, très bizarrement. S'il s'agit d'un travail, de bric et de broc, n'importe comment. Dis donc, ton boy, il a travaillé façon-façon, on dirait ! (Avocate, Abidjan, 1981). Il écrit le français façon-façon ! (Professeur, Abidjan, 1982). Pendant qu'ils réparent façon-façon le pont arrière de taxi-brousse là* [.]. Jano, 1987 : .20.

4- façon .... [on dit pas]!, loc.verb. Fréq., oral, basilecte, fam., plaisant chez les intellectuels. La connot. peut aussi bien être admirative que péj. Mise en exergue exclamative de l'énoncé encadré par la locution. Inimaginable comme...! Impensable comme...! Façon il a monté  la côte, on dit pas ! (: Tu aurais dû voir comment il a monté la côte !, Etudiant, Abidjan, 1980).

4- français-façon, V. FRANÇAIS* DE MOUSSA. Les conversations vont bon train en français-façon ou dans les langues régionales. Bonnassieux, 1987 : 132.

 

façons, (de toutes les ---- ), loc.adv. V. DE* TOUTES LES FAÇONS

 

facteur, n.m. Vx. (histoire), écrit surtout. actuellement. Gérant d'une factorerie. [Les] navires français qui se présentant devant la barre* et n'ayant pas de comptoir* à terre, ne pouvaient rivaliser avec un facteur offrant aux indigènes, dans ses magasins, des marchandises qu'ils n'eussent pas eu à meilleur marché .[.]. Archives nationales de Côte d'Ivoire, dossier 1 EE 1(9), Division navale des côtes occidentales d'Afrique, situation politique et commerciale de Grand-Bassam, 1850. Mon grand-père était facteur à Gagnoa. (Cadre administratif, Abidjan, 1978).

COM.: comme il n'y a pas de distribution du courrier à domicile, le mot 'facteur' n'est donc pas usité au sens hexagonal habituel.

 

factorerie, factorie, n.f. Vx, (époque coloniale, histoire), écrit. Sorte de magasin de type bazar, (souvent succursale d'une grande maison de commerce internationale) où l'on pouvait se procurer les marchandises les plus variées. On n'écrira point sur sa tombe / Qu'il est mort lentement, lentement de faim / Alors que la farine moisit dans les magasins*/ Et que derrière les comptoirs grillagés / Des factoreries pleines de marchandises / L'on compte les bénéfices. Dadié, 1950 : 18. Il y avait une factorerie où on pouvait acheter des produits venus du pays des Blancs : des étoffes, du sucre, des cuvettes en émail, des lampes-tempête, du pétrole, des boissons alcoolisées, du tabac. Timité Bassori, 1975, in FM , 17.02.1975. Un de mes amis me proposa la gérance d'une factorerie . [: en 1922]. FM., 18.10.1983. [.] les travailleurs indigènes [.] les [: le café et le cacao] ont portés sur la tête et ont marché de longues distances pour les faire peser dans les factories. Kourouma, 1990 : 194. Revenons sur la place semi-circulaire qui marquait autrefois le centre du quartier des factoreries. Rémy, 1996 : 129.

 

factorie, n.f. V. FACTORERIE*. Les factories coloniales n'existent plus que dans les villes les plus anciennes : Agboville, Dimbokro. Elles ont été transformées en magasins spécialisés. Monnier, 1974 : 31.

 

Faforo ! interj. Dispon, (du mandenkan "père + pénis"), argot urbain, vulg. V. FAFRO*. Faforo ! C'est où tu as mis la matchette*? (Jardinier, Abidjan, 1986). J'emploie les mots malinkés comme faforo ! (Faforo ! signifie sexe de mon père ou du père ou de ton père). Kourouma, 2000 : 10.

 

fafro, faforo, [fafrC] / [fafCrC], n.m. Dispon., argot urbain, (mandenkan "père + pénis"), péj., vulg. Est à peu près l'équivalent de "couillon, branleur, enculé". Donne mon largent! Je ne suis pas là pour qu'un fafro krou* mon pierre*. (Donne moi mon fric, je ne suis pas là pour qu'un branleur barbotte mon pognon!". Ivoir'Soir, 29.07.1997).

 

fagot, n.m. Assez fréq., oral, mésolecte, basilecte. Bois de chauffage. Le matin, les femmes vont ramasser du fagot en brousse. (Informateur, Bouna, 1981).

ENCYCL.: il ne s'agit pas forcément d'éléments de bois, de taille à peu près équivalente, réunis en fagot mais de tout morceau de bois utilisable pour le feu.

 

faidherbia, faidherbier, n.m. V. BALANZAN*.

 

fainéantiser, v.intr. Rare, écrit, litt. Rendre fainéant. Consommer les sacrifices n'est ni recommandable ni honorable : c'est une chère qui fainéantise, vauriennise* et affaiblit. Kourouma, 1990 : 97.

 

faire, v.

1- faire + c. de lieu, v.tr. Usuel, oral surtout, fam., tous milieux. Séjourner à (en, dans), habiter (quelque temps) à. J'ai un cuisinier qui a fait la France. Deniel, 1991 : 97. Avant Abidjan, j'ai fait Man et Daloa . (Boy, Abidjan, 1980).

2- faire + indication de temps et/ou de lieu, v.tr. Fréq., oral surtout, fam., tous milieux. Rester, passer, demeurer. Sache qu'un tronc d'arbre a beau faire cent ans dans l'eau, il ne devient jamais un caïman*. Amon d'Aby, La couronne aux enchères, 1965 : 41. J'ai fait quatre ans à la SCOA. (Comptable, Abidjan, 1975). Ils m'ont molesté, battu et avec leur machette*, blessé au bras. J'ai fait six mois à l'hôpital. FM., 08.01.1980. Il venait là de temps à autre passer le week-end mais il pouvait faire deux mois sans y mettre les pieds. FM., 21.04.1981. Vos étrangers* n'ont fait que 48 heures à la plantation*? (Sage-femme, Bouaké, 1982). Patron, j'ai fait deux heures* de temps à vous espérer*. (Chauffeur, Abidjan, 1983). "Kouassi, il me semble que tu parles trop, c'est la France qui t'a gâté* comme ça ? Tu as fait combien d'années ?"-"Neuf ans et demi." A. Kouadio, 1983 : 60. On devait faire deux ans au Centre et si tu avais de la chance, le frère* te trouvait du travail . Deniel, 1991 : 154. J'ai fait à peu près six ans avec lui. Deniel, 1991 : 52. Je veux devenir un des plus célèbres couturiers du continent. Bientôt, je dois honorer un contrat à Londres. J'y ferai six mois. Ivoir'Soir, 15.07.1997.

COM.: avec indication précise de temps, le sens peut aussi être celui de "prendre , mettre". Pour un ensemble-pagne*, je fais deux jours. (Tailleur, Abidjan, 1980). Le courrier pour Bouaké, ça fait deux jours. (Secrétaire, Abidjan, 1984).

SYN.: durer*.

3- faire+ compl. indiquant un âge, v.tr. Usuel, non marqué, tous milieux. Avoir. J'ai fait dix-sept ans le mois dernier. Arnaut, 1976 : 66. Le petit là fait dix ans et l'autre, huit. (Revendeuse, Abidjan, 1982). On dit que le Vieux* fait quatre vingt cinq ans plus*. (Contremaître, Bouaké, 1983). V. FAIRE L'ÄGE*.

4- il fait + indication de date ou d'heure. v.impers. Fréq., oral, écrit, mésolecte, basilecte. Etre. "Un homme a téléphoné pour vous."-"Quelle heure faisait-il ?" (Commis, Abidjan, 1980). Il dit qu'il a rendu sa copie, ça faisait le 10 ou le 11 comme ça*. (Etudiant, Abidjan, 1985). Je ne sais pas quelle heure il faisait mais c'était nuit. (Fonctionnaire, Abidjan, 1986).

5- faire + nom de métier, loc.verb. Fréq., sans connot. pop ni fam., tous milieux. Exercer la profession de. Quand j'aurai le permis, je ferai taximan*. (Vendeur, Abidjan, 1978). Mon grand* frère fait boy* à l'ambassade. (Jardinier, Abidjan, 1982). Bien sûr ceux qui ont  fait l'école* et qui ont des diplômes, ne vont pas faire le boy. Deniel, 1991 : 35. Comme je faisais le tailleur, j'étais bien. Deniel, 1991 : 68.

COM.: localement, l'article précédant le nom de métier est souvent omis.

6- v.tr. Fréq., oral, fam., écrit, mésolecte, basilecte. S'adonner à (la culture de), produire du (de la, des). Je fais la plante, je note la confession, je lave la figure des malades, je ramasse* les fétiches*. Arnaut, 1976 : 66. Là-bas, ils font café* cacao. (Informateur, Daloa, 1979). Il fait la pêche en lagune. (Artisan, Bassam, 1981). Hier on leur a demandé de faire du cacao. Alors ils ont fait du cacao en grosse quantité : de 75 000 tonnes en 1960, la production ivoirienne est passée, trente ans plus tard à 750 000 tonnes. Gombeaut /Moutout /Smith, 1990 : 86.

7- faire, (---- ami à), loc.verb. Dispon., oral, mésolecte, basilecte. Se lier (d'amitié ou d'amour) avec quelqu'un. Quand j'ai fait ami à Kouadio, j'étais à mon CM2. (Planteur, Daloa, 1991). On a fait amis en 1935 et je l'ai mariée* juste avant la guerre. (Ancien combattant, Abidjan, 1995).

8- faire banquette, loc.verb. Dispon., oral, mésolecte, basilecte, péj. Faire tapisserie, avoir un rôle de simple figurant. Si vous n'y prenez pas garde, vous êtes dupé pour le reste du temps : ou bien vous faites banquette ou bien vous vous contentez de jouer les seconds rôles après avoir tenu les premiers. FM., 23/24.01.1982. Elle est fâchée parce qu'elle a fait banquette. (Etudiante, Abidjan, 1990).

9- faire, faire ça, faire la chose, v.intr. ou tr. Assez fréq., oral, femmes surtout.. Sorte d'euphémisme. Accomplir l'acte sexuel, faire l'amour. Je couche dans la brousse* avec mon amant et il me fait ça par la bouche, par l'oreille ou toutes les parties où il faut pas. (Confession d'une diablesse*), Arnaut, 1976 : 12. Comme je n'ai pas de mari qui m'oblige à travailler sa plantation, je 'fais'. Du Prey, 1979 : 163. "Il voulait une femme qui n'a jamais fait."-"Eh bien dis donc ! Avec les aventures qu'elle a eu, paraît-il."  (Etudiantes, Abidjan, 1982). /Si tu as fait*, sida peut te k.o / (Chanson "Sida", groupe Les pros du Far, corpus T., 1994). Après enquête, le gendre indélicat qui faisait la chose avec ses filles, a été arrêté. Ivoir'Soir, 30.10.1997.

10- faire des selles, loc.verb. Rare, écrit, intellectuels, recherché. Déféquer. Les balles iront se loger [.] dans le front d'un autre manoeuvre [.] qui, accroupi dans la broussaille, faisait des selles. FM., 18.06.1984.

11- faire du bien à qqun, loc.verb. Dispon., oral surtout, peu ou non scol. Traiter bien une personne, se montrer bon envers elle. Lui, madame et les deux enfants étaient très gentils avec moi, ils me faisaient du bien et j'étais très content. Deniel, 1991 : 52.

COM.: se dit particulièrement d'un employeur humain et compréhensif envers ses employés, d'un supérieur envers ses collaborateurs.

12- faire du noir, loc.verb. Vx. (textes administratifs, histoire), péj. A l'époque coloniale, mettre en jeu tous les facteurs (sanitaires, éducatifs, démographiques,...) favorisant le développement de la population locale (en vue de l'enrichissement de la colonie). Nous devons donc à l'heure actuelle -pour reprendre un mot déjà dit par d'autres, par monsieur Carde je crois,- nous devons faire du noir. (Directeur de la CFAO en 1926) cité in Amondji, 1984 : 50.

13- faire la chose, V. FAIRE [CA], Or, au pays des Ayatollahs, il y a une loi qui interdit qu'un non-musulman "fasse la chose" avec une musulmane. Ivoir'Soir, 28.05.1998.

14- faire l'école, loc.verb. Usuel, oral surtout, fam., mésolecte, basilecte. Faire des études, aller à l'école. J'ai fait l'école cinq ans à Bouaké puis un an à Abidjan mais j'ai quitté avant le CEPE. (Planton, Abidjan, 1982). Tu as fait l'école où ? (Ingénieur, Abidjan, 1990). C'était l'un des garçons les plus instruits du village mais il n'avait pas fait l'école. Deniel, 1991 : 101.

SYN.: faire les bancs*, fréquenter*.

15- faire l'école coranique, loc.verb. Usuel, oral, écrit, tous milieux. Suivre des cours d'éducation religieuse musulmane. "Tu as fait l'école coranique?"-"Je n'ai pas fait mais je me suis débrouillé pour connaître comment faire les cinq prières*". Deniel, 1991 : 50.

16- faire mains et pieds, loc.verb. Fréq., oral, écrit, mésolecte. Faire des pieds et des mains. Une assistante sociale de Man de passage à Bouaké [.] fera mains et pieds pour retrouver ses grands parents. FM., 02.02.1993. C'est pour cette raison que notre griot* Masta* D. fera mains et pieds afin de sauver son nouveau parti du naufrage [.]. Le Monde Ivoirien, 10.03.1995.

17- faire mal dans les go, loc.verb. Dispon., argot des jeunes urbanisés. Séduire, tomber les filles. Pendant que les jeunes font des projections par rapport aux fêtes : "Et on va se mettre daye*?"-"Eh non ! Le 24, je dois faire mal* dans les go*!" (BD) Ivoir'Soir, 19/20/21.12.1997

18- faire [un /des] enfant[s], loc.verb. Fréq., oral, écrit, mésolecte, basilecte, non connoté. En parlant d'une femme, avoir un (des ) enfant(s). Je n'aurais pas voulu faire d'enfant en dehors du mariage. A. Kouadio, 1983 : 80. Ma maman est vieille et fatiguée, elle a fait douze enfants. (Professeur, Abidjan, 1984). La fille ignorante, tu la touches, elle se couche. Elle est toujours disponible pour faire enfant. Krol, 1994 : 131.

19- faire un train, loc.verb. Argot urbain, oral, péj. Violer une fille. Il était zebêl* et il a fait un train. (: Il était ivre et il a violé la fille, Informateur, Abidjan, 1990).

SYN.: enlever la go*, mettre la go en train*, prendre la go en train*

20- faire, (tout ---- ), loc.verb. Fréq., oral, écrit, mésolecte. Faire tout ce qui est en son pouvoir, faire tout son possible. Mais vous savez que nous les femmes, ce sont les garçons qui vont nous tuer*. Le garçon qui vient te trouver en te disant : "Ma soeur*, je vais t'épouser, te nourrir et tout faire pour toi", peut te faire tout laisser tomber. FM., 30/31.01.1982. "Si ton beau-frère est d'accord, tu vas déménager chez moi"-"Je veux rester chez mon beau-frère." Il a tout fait mais j'ai dit non. Deniel, 1991 : 64. Elle a tout fait pour régler mes droits. Deniel, 1991 : 156.

21- Entre dans la composition de très nombreuses locutions : Faire abougnon, V. ABOUGNON*, Faire aboussa V. ABOUSSA*, Faire (l') accident, V. ACCIDENT*, faire l'affaire/ faire les affaires, V. AFFAIRE*, Faire afro, V. AFRO*, Faire l'agriculture, V. AGRICULTURE*, Faire appel qqun, V. APPEL*, Faire atou, V. ATOU*, Faire avion, V. AVION*, Faire les bancs, V. BANCS*, Faire besoin, V. BESOIN*, Faire le blanc, V. BLANC*, Faire le blodja, V. BLODJA*, Faire bon, V. BON*, Faire bon prix, V. BON PRIX*, Faire (le) boucan, V. BOUCAN*, Faire bôrô de bière*, V. BORO DE BIERE*, faire bôrô d'enjaillement*, V. BÔRÔ D'ENJAILLEMENT*, Faire bouche sur qqun, V. BOUCHE*, Faire du bruit avec sa bouche, V. BOUCHE*, Faire bouffer le nom de sa mère à qqun, V. BOUFFER*, Faire boutique / Faire boutique (mon) cul, V. BOUTIQUE*, Faire boy, V. BOY*, Faire bisnes / Faire busness V. BISNES*, BUSNESS*, Faire cabinet, V. CABINET*, Faire cadeau, V. CADEAU*, Faire cadenas, V. CADENAS*, Faire caïman, V. CAÏMAN*, Faire camarade avec, V. CAMARADE*, Faire (le) Carême, V. CARÊME*, Faire du CFA, V. CFA*, Faire chapelet, V. CHAPELET*, Faire chat noir, V. CHAT* NOIR, Faire en chemise-pagne, V. CHEMISE* PAGNE. Faire les cheveux, V. CHEVEUX*, Faire (son) chocobi, V. CHOCOBI*, Faire la chose, V. CHOSE*, Faire les cinq prières, V. CINQ PRIÈRES*, Faire coco taillé, V. COCO* TAILLÉ, Faire contrat, V. ABOUGNON*, ABOUSSAN*, CONTRAT*, Faire couloir, V. COULOIR*, Faire coutcha /koutcha), V. COUTCHA/ KOUTCHA*, Faire les coutumes, V. COUTUME*, Faire la couture, V. COUTURE*, Faire le crapule, V. CRAPULE*, Faire cuillère, V. CUILLÈRE*, Faire danser le cercueil, V. DANSER*, Faire la débrouillardise V. DEBROUILLARDISE*, Faire demi-tour, V. DEMI-TOUR*, Faire deux doigts, V. DEUX DOIGTS*, Faire djigbo, V. DJIGBÔ*, Faire dogo, V. DOGO*, Faire dos, V. DOS*, Faire le gros dos, V DOS*, Faire du n'importe quoi, V. DU* N'IMPORTE QUOI, Faire [l'] échec, V. ECHEC*, Faire enceinte, V. ENCEINTE*, Faire en se fon, V. SEFON*, Faire escale, V. ESCALE*, Faire faraud / faro, V. FARAUD*, Faire fétiche, V. FÉTICHE*, Faire parler les fétiches, V. FÉTICHE*, Faire front à, V. FRONT*, Faire funérailles, V. FUNÉRAILLES*, Faire le gâteur de qqun, V. GATEUR*, Faire garba, V. GARBA*, Faire garçon, V. GARCON*, Faire le geste [national], V. GESTE* [NATIONAL], Faire gris-gris, V. GRIS*-GRIS, Faire le gros dos, V. DOS*, Faire gué, V. GUE*, Faire hon hon, V. HON* HON, Faire [le] jugement supplétif, V. JUGEMENT* SUPPLETIF, Faire kanikani, V. KANIKANI*, Faire koutcha*, V. KOUTCHA*, Faire kpakpato, V. KPAKPATO*, Faire laisser guidon, V. LAISSER GUIDON*, Faire la ligne, V. LIGNE*, Faire le long rang, V. RANG*, Faire la machette, V. MACHETTE*, Faire mains et pieds, V. MAIN*, Faire le malin sur qqun, V. MALIN*, Faire margouillat, V. MARGOUILLAT*, Faire la maternité, V. MATERNITE*, Faire mauvais, V. MAUVAIS*, Faire médicament, V. MEDICAMENT*, Faire médecine africaine, MEDECINE AFRICAINE*, Faire parler les fétiches, V. FÉTICHE*, faire ouya-ouya, V. OUYA*-OUYA. Faire palabre, V. PALABRE*, Faire pardon*, V. PARDON*, Faire plantation, V. PLANTATION*, Faire [le] planton, V. PLANTON*, Faire la pluie et le beau temps, V. PLUIE*, Faire une pose, V. POSE*, Faire le quarantième jour, V. QUARANTIEME* JOUR, Faire le ramadan, V. RAMADAN*, Faire rire à mourir, V. RIRE A MOURIR*, Faire le rang, V. RANG*, Faire le ronron, V. RONRON*, Faire saraka, V. SARAKA*, Faire son salam, V. SALAM*, Faire sista y a travaillé, V. SISTA Y A TRAVAILLE*, Faire six sur six, V. SIX* SUR SIX, Faire société, V. SOCIÉTÉ*, Faire le solo, V. SOLO*, Faire sotra, V. SOTRA*, Se faire du sou, V. SOU*, Faire sucre au coeur, V. SUCRE*, Faire tam-tam, V. TAM-TAM*, Faire la tête, V. TÊTE*. Faire tomber, V. TOMBER*, Faire tokotoko, V. TOKOTOKO*, Faire toutou, V. TOUTOU*, Faire tout et tout, V. TOUT*ET TOUT. Faire toutouya, V. TOUTOUYA*. Faire couler le ventre, V. VENTRE*, Faire un ventre, V. VENTRE*, Faire vie privée, V. VIE, Faire wêré-wêré, V. WERE-WERE*.

 

faisance-valoir, n.f. Spéc., (agriculture). Sorte d'allocation donnée aux planteurs afin que ces derniers maintiennent leurs plantations en bon état d'exploitation. Les deux premières tranches de frais de soudure* et de faisance-valoir ont déjà été remboursées. FM., 20.03.1980.

COMP.: prêt* de faisance-valoir.

 

fais moi manger, loc.verb. V. FAIS* NOUS FAIT.

 

fais-nous fais, fais nous fait, fais nous faire, loc.nom. Fréq. (calque du baoulé , réduction de "si tu fais [un geste], [en donnant de l'argent], nous on fait [ce que tu demandes]), oral, mésolecte, basilecte, péj. Formule par laquelle on fait comprendre à qqun qui demande un service que ce service exige une compensation financière. Fais-nous-fais qui n'est autre qu'une illustration de la corruption entretenue par certains fonctionnaires et agents de l'Etat au détriment de leurs concitoyens. FM. 13.02.1975. Ici, bien des choses s'arrangent avec le fais-nous-fais ! (Transporteur, Kong, 1979). Un jeune homme vivant dans un milieu familial où le qui est fou*? et le fais nous fais avec toute leur charge corruptrice sont érigés en principe de vie [.]. FM., 29.06.1984."Qu'avez-vous à déclarer ?"- "Je suis soeur* crédit. Fais nous fais !" (BD) FM., 10.02.1993. "Mais, chef, vous êtes démocrate non ?" -"Fais nous fait !" '(Dessin humoristique) Makoun'Zué, 07.03.1995. Ce sont des expressions que les Ivoiriens utilisent très souvent dans leurs conversations. Que ce soit au bureau, dans les maquis* ou dans les rues. Ces expressions sont les suivantes: "il faut parler français", "je suis dans le contexte","c'est un gombo", "fais nous-fait", "fais moi manger", "donne pour moi", "se fon". Toutes ces expressions ont une singularité, celle de dire la même chose. Ce que ces expressions veulent dire, c'est "la corruption". Ivoir'Soir, 13/14/15.06.1997. [.] chacun veut féliciter les nouveaux tenants du pouvoir. On ne sait jamais ! Par ces temps de "fait nous fait", il faut se dépêcher de féliciter. Ivoir'Soir, 12.06.1997. Un ami au pouvoir, c'est un ami qui fait "fais nous fait". Ivoir'Soir, 21.01.1998.

SYN.: fais moi manger*, donner gombo*, il faut parler français*, je suis dans le contexte*, mouiller la barbe, se fon*.

 

faké, [fake], n.m. Dispon., (tradition), (du mahou , langue. loc. du groupe mandé sud "qui n'a qu'un seul père"). Pagne traditionnel royal porté chez les Yakouba. Le Faké est un boubou traditionnel royal yakouba. Taillé dans une seule pièce*, il se porte avec un bonnet, lui-même taillé dans la même étoffe que le boubou*. Les deux pans (gauche et droit) sont cousus. FM., 08.03.1996.

 

fama, [fama], n.m. Fréq., (tradition), (du mandenkan "force-pourvu de" donc "chef"), oral, écrit, nord.

1- Chef traditionnel. Mon cher Fama. Peut-être savez vous que j'ai quitté l'administration coloniale ? Ch. Monteil, 12.2.1905. BIFAN, 1986, 612. Chaque canton était dirigé par un chef ou fama. La fonction de fama était souvent héréditaire. Du Prey, 1970 : 129. Nous retournons à la terre quand les horon* et les fama cessent d'être des héros. Kourouma, 1990 : 42. Non ! Roi* Keïta, fama de Soba, je ne me mettrai pas à votre service, je partirai. Kourouma, 1990 : 43. Le fama de Sikasso avait sollicité le concours des Français pour combattre l'almami*". Niamkey-Kodjo, 1991 : note 23.

2- Par influence du sens mandenkan, "homme pourvu de force": riche, puissant, maître. Je suis un fama de l'esprit. Notre temps, 13.01.1993.

 

famille, grande famille, famille élargie, n.f. Usuel, (tradition), oral, écrit, tous milieux. Terme usuel désignant la famille africaine étendue qui peut atteindre une centaine d'individus et recouvrir un clan entier. La grande famille [.] remercie parents et amis pour l'assistance morale et matérielle qu'ils leur ont apportée à l'occasion du décès de leur cher.[.]. FM., 14.10.1977. La tradition est très proche [.]. La grande famille en est à la fois la gardienne et la manifestation la plus tangible. Deniel, 1985 : 14. Paradoxalement, les formes de famille élargie se retrouvent majoritairement dans l'habitat correspondant aux normes occidentales (64 % dans l'habitat résidentiel et 71% dans l'habitat économique) qui regroupe surtout les classes moyennes et aisées. Antoine /Dubresson /Manou-Savina, 1987 : 189. Il y en a presque toujours un [: sorcier] dans chaque famille, je parle de la famille élargie comme on dit en Afrique. Krol, 1994 : 89.

 

famine, n.f. Fréq., (tradition), oral, écrit, tous milieux. Raréfaction des produits alimentaires de base, principalement entre deux récoltes, disette. C'était la famine, les greniers à mil étaient vides. (Copie de 3ème, Bouaké, 1978). Ces durs mois de soudure qui cette année-là se révélèrent trois fois incléments. Vers la floraison, nous étions amenés à racler trois fois les greniers* qui l'avaient déjà été ; nous étions devant notre vieille connaissance : la famine. Kourouma, 1990 : 252.

ENCYCL.: il s'agit de la période de soudure du produit le plus utilisé par l'ethnie, même si par ailleurs d'autres produits alimentaires ne manquent pas.

 

fan, (être ---- de qqun), (tomber ---- de qqun), (mettre ----), loc.verb. Argot zouglou, oral, jeunes urbanisés. Etre amoureux, tomber amoureux de qqun. Toi au moins, tu vas réussir ton bac à l'aise*, je le sens. Je suis fan de toi. Le gars rayonnait. Krol, 1994 : 19. Zawi Lopez-o il est fan de toi! (Chanson "Dezeko". Groupe Les esprits de Yop, corpus T., 1994). Et la go* djandjou* est venue, tu es tombée fan. Ibid. Je sais que tu es fan de moi ! On m'a dit que tu me dévores des yeux [.] (BD) Ivoir'Soir, 19.01.1998.

LOC.: être brisé*, être brokendown*, être mouque*, mettre fan*, tomber fan*.

 

fanci, fancy, fansi, fansy, fancy-print, [fansi], n.m., adj. Usuel, (de l'anglais) "fantaisie[-impression*]), oral, écrit, tous milieux. Dénomination commerciale.

1- n.m. Tissu de coton imprimé sur une seule face et généralement en plusieurs couleurs, de fabrication industrielle, considéré comme meilleur marché que le wax*. Je préfère porter du wax plutôt que du fancy. C'est plus cher mais c'est de meilleure qualité. (Institutrice, Bouaké, 1979). Les fancy : l'impression est directe comme en imprimerie. Les dessins sont exécutés dans les ateliers des distributeurs et ensuite renvoyés dans les usines. Le fancy est un article de qualité courante. L'écru -tissu de base- est ordinaire. Les colorants aussi. Guido, 16/22.05.1982. De 8 000 f. il y a quelques années, la demi-pièce d'un véritable deutsch wax* avoisine aujourd'hui les 20 000 F voire plus, pendant que le fancy s'acquiert à bien meilleur marché. FM., 25.11.1982. Tous étaient habillés [.] avec de grands pagnes* de fancy et de wax*. Tilliette, 1984 : 25. Le fanci qui est de bonne qualité mais malheureusement peu consommé [.]. FM., 13/14.02.1993. [.] et sa cliente qui repartira le soir même à Bamako avec sa précieuse cargaison : une dizaine de pièces de fancy et autant de wax* made in Côte-d'Ivoire. Jeune Afrique, 20/26.07.1995. Bon, ce sera le même pagne* pour tous mais en fanci ou en wax*. A chacun de faire son choix selon ses moyens. Ivoir'Soir, 09.10.1997.

ENCYCL.: le fancy-print est une impression directe sur tissus au moyen de rouleaux cylindriques, l'impression se fait sur une seule face (alors que dans le procédé wax* les deux faces sont teintes). Le pagne fancy peut être imprimé au maximum en huit couleurs ; en général, il est imprimé en trois couleurs. FM., 13/14.02.1983.

SYN.: pagne fanci*.

2- adj. Fait de ce tissu. Parce que vous savez, ici, presque tous les pagnes "fansis" ont la même qualité. A. Touré, 1985 : 132. L'ensemble fancy de qualité moyenne, coûte environ 7 000 francs. Bonnassieux, 1987 : 130. A côté des pagnes wax* et fanci, ces dames proposent des foulards* de tête. FM., 24.08.1990. Avec le pagne fanci, tous les modèles sont possibles. Il suffit d'avoir de l'imagination. FM., 13/14.02.1993. C'est ici que sont fabriquées entre autres, les créations fancy de Woodin, la marque phare qui donne le ton à toute la mode africaine. Jeune Afrique, 20/26.07.1995

 

fanfare, n.f. Fréq. oral, écrit, tous milieux.

1- Sorte d'orchestre qui est rarement constitué de cuivres mais plutôt d'instruments à percussions. Cette manifestation aura elle aussi son temps fort avec la descente du Chef de l'Etat lui même dans la foule pour esquisser au milieu de son peuple les magnifiques pas d'Akpongbo* au rythme des fanfares survoltées. FM., 09.12.1980. A en croire certains, la fanfare jouée à la manière de chez nous, fait danser même les morts [.]. La musique est jouée par un groupe d'instrumentistes jouant d'un instrument composé d'une calebasse* recouverte de perles. FM., 09.12.1980. Fanfares, chorales [.] ont égayé la ville. FM., 11.01.1982. Tout cela sur fond de "fanfare" d'Akpogbo*, de slow, de biguine, de makossa* et de zouk love. Ivoir'Soir, 30.04/01.05.1997.

2- Fête durant laquelle se produit une troupe musicale d'instrumentistes à percussion. Quand le ministre est venu, il y a eu une grande fanfare. FM., 04.12.1974.

 

fannico, fanico, faniko, fani-côh, [faniko] / [fanikC], n.m. Usuel, (du mandenkan:" pagne+ laver", cri d'appel de l'artisan), oral, écrit, tous milieux. Laveur de linge qui exerce son métier au bord de petits cours d'eaux ou de la lagune particulièrement à Abidjan. Le camion a fauché des fannicos qui s'en allaient à la source du Banco après avoir collecté des vêtements à laver. FM., 17.10.1972. Le fannico qui passe chaque matin de concession* en concession pour recueillir les habits* sales, les lave et le soir, les remet à son propriétaire sans jamais se tromper [.]. ID., 29.07.1975. Blanchisseurs ou fani-côh on les rencontrait ployés sous d'énormes ballots de linge sale. Oussou-Essui, 1979 : 82.D. S. appartenait à la corporation de ces travailleurs qu'on appelle familèrement fanico. Il était de ceux qui gagnent leur vie en allant de porte à porte dans les quartiers populeux d'Abidjan pour collecter le linge sale qu'ils vont ensuite laver pour le redistribuer le soir. FM., 15/16.10.1980. Les laveurs de la baie du Banco qu'on appelle fanico [.]. FM., 19.04.1984. Même nos simples caleçons sont lavés toutes les semaines par les fanico. Guenaman Colbert, 1985 : 35. Ils [: les étrangers africains] sont aussi nombreux parmi les laveurs de voitures et surtout les célèbres faniko, laveurs et sécheurs de linge aux portes ouest d'Abidjan, à l'orée de la forêt du Banco. David, 1986 : 164. Le hic, c'est que pour ces laveurs de linge communément appelés "fanico", le soleil ne brille pas toujours. Exerçant à ciel ouvert, ils sont souvent victimes des intempéries. Ivoir'Soir, 02.10.1997. La "place bénite" est située sur la rive de la rivière du Banco, celle dans laquelle les fanicos lavent leurs habits. Ivoir'Soir, 03.06.1998.

SYN.: lavandier* (rare, vx.)

 

fansi, n.m., adj. V. FANCY*.

 

fansy, n.m., adj. V. FANCY*.

 

fanti, adj. V. PAIN* FANTI.

 

fao !, fato !, (tu es ---- ), [faC] / [fatC], loc.verb. Argot zouglou, (du mandenkan : fou ), oral, jeunes urbanisés, péj. Ca va pas la tête ! tu es cinglé ! Tu es fao / c'est-à-dire ça va pas chez toi ? (Corpus Tschiggfrey, Abidjan, 1995).

 

fara, [fara], n.m. Spéc., (flore), (de l'attié). (Stereaspermum acuminatissimum K. Schum.). Grand arbre de la fam. des Bignionacées. Il vit dans les savanes humides ou en forêt dense; il a de très longs fruits, pendants de ses branches comme du lichen. Son bois rouge est très dur. Aubreville, 1953, III : 242.

 

faraud, (faire ----), faire faro, loc.verb. Vieilli, (régionalisme  français "faire le faraud"), oral, basilecte, péj. Faire le malin, chercher à se faire remarquer, faire le flambart. Je me demande bien pourquoi tu fais faraud. (Etudiante, Abidjan, 1978). Quand j'ai besoin de faire faraud, [.] ton beau complet, tu me le prêtes. Du Prey, 1979 : 18. ). Alors ! Badit, c'est samedi soir aujourd'hui, jour de fête, tu vas aller faire faraud à Adjamé ! Timité Bassori, 1986 : 13. Le conducteur de la moto et le mec qui faisait faro derrière la moto étaient tous deux morts, complètement, totalement morts. Kourouma, 2000 : 56.

COM.: la graphie indiquée généralement par les informateurs est "faro". L'article est presque toujours omis devant "faraud".

SYN.: bloho*, faire boucan*.

 

faro, [faro], n.m. Spéc., (flore), (de l'abé), spéc. Terme générique désignant plusieurs arbres de la fam. des Légumineuses Caesalpiniacées à la résine odorante, au bois tendre grisâtre facile à travailler, léger, ayant une bonne flottabilité mais exigeant un traitement de protection, utilisé pour les déroulages et les contreplaqués : le Daniella thurifera Benn. ou faro ; le Daniella ogea Harms ou faro d'Agboville ; le Daniella pynaertii de Wild. ou faro de l'Ouest. Les faro sont des arbres au fût remarquablement régulier. Aubreville, 1953, I : 266.

COM.: faro est le nom pilote de ce bois.CTFT, 1989 : 373.

SYN.: frakuan (attié), kouanga (agni), niamihia (ébrié), zouhé (guéré).

 

faro, (faire ---- ), loc.verb. V. FARAUD* (FAIRE). Des enfants*-soldats faisant faro avec des kalach*. Kourouma, 2000 : 56.

 

fatia, fathia, fatiha, fatiya, [fatja] / [fatija], n.m. ou f. Fréq., (de l'arabe), oral, écrit, musulmans. Elément essentiel du rituel de la prière pour les Musulmans. Il s'agit de la sourate placée en tête du Coran. Le fatiha lâché, l'imam marmonnait en arabe et en dioula tout un chapelet de souhaits et de bénédictions. Koné, 1980 : 13. Si tu récites trois fois le fatia, tu es sauvé. (Marabout, Abidjan, 1982). Si tu récites la fatiya, après tu sais ce que tu dois faire. (Informateur, Abidjan, 1984).

 

fatigué, adj. Assez fréq., oral, écrit, mésolecte.

1- Qui a beaucoup de charges et de soucis, qui est débordé. Je suis fatigué ! Il faut payer l'écolage* des enfants, les uniformes. Ma mobylette est gâtée*. Il n'y en a pas l'argent. (Chauffeur, Abidjan, 1982).

COM.: se prononce avec un durême sur la première syllabe.

2- fatiguée, adj. f. Euphémisme pour 'enceinte'. "Ma femme ne viendra plus à l'apatam*. Elle est fatiguée."-"Ah! Félicitations!" (Enseignants, Bassam, 1982).

3- adj. En parlant de poissons : pas frais. Ces poissons fatigués présentent souvent des ouïes noires. FM., 29.10.1980. Il est fatigué ton poisson! il pue! (Ménagère, Abidjan, 1985).

4- fatigué fatigué, adj. Assez fréq., oral surtout, mésolecte. Epuisé. Patron, avec les invités là*, je suis fatigué fatigué. Il faut donner la permission* demain. (Boy, Abidjan, 1984). [.] le travail était dur, on faisait la cuisine au bois et le soir j'étais fatigué fatigué. Deniel, 1991 : 41.

 

fatiguer, v. tr. dir. Fréq., oral, fam., mésolecte, péj.

1- Excéder, énerver, embéter (qqun), rendre la vie insupportable (à qqun), « casser les pieds » (à qqun). Ce blanc-là, il me fatigue avec ses questions. A quoi bon remuer le passé ? Koné, 1976 : 62. Et dire que je percevais ma solde* le premier de tous les mois. Mes camarades de bureau étaient fatigués de mes fréquentes demandes d'argent. I.B. Koulibaly, 1978 : 15. C'est celui qu'on vous a envoyé ici. Il savait aussi que ses parents viendraient plaider la cause de leur rejeton car les jeunes fatiguent leurs vieux. Kitia Touré, 1979 : 18. Il nous fatiguait trop à Abidjan. Du Prey, 1979 : 129. Ils ne sont pas réalistes. Ils veulent que nous achetions de la viande* de ranch alors que nous pouvons avoir cadeau* du phacochère*, de la biche*, de l'agouti*. Ils nous fatiguent* vraiment. FM., 17.10.1983. Je n'aurais pas à retourner chez lui parce qu'il m'avait fatiguée. Deniel, 1985 : 65. La façon dont je vis dans cette maison me fatigue beaucoup. Deniel, 1985 : 68. Pourquoi vous ne m'avez pas montré ce chèque et que vous avez fatigué ce gars. Il va bouffer quoi pendant un mois ? Deniel, 1991 : 54. La découverte du secret de ma naissance n'a rien changé à ma vie. Mais depuis quelques temps, cette histoire me fatigue. Krol, 1994 : 157. Les épreuves ont été abordables, mais l'étude de texte et l'étude du milieu nous ont un peu fatigués. Nouvel horizon, n° 144 cité Dagnac, 1996. Vous, les agents de la mairie, quand vous venez ici, c'est pour nous fatiguer. FM., 18.12.1997. Anka se tut. Cette fille le fatiguait. Il se demanda jusqu'où irait cette guégèrre. R. Yaou, 1999 : 82.

LOC.: mes yeux vont fatiguer*, fatiguer gbazan.

2- fatigué (être ---- de), loc.verb. Fréq., fam., péj. En avoir marre de. Tu n'es pas fatigué d'interpréter les chansons des autres ? Ivoir'soir, 28/29/30.11.1997.

3- fatiguer, (mes yeux vont ----) loc.verb. Dispon., oral, fam., mésolecte, basilecte, basilecte, mélior. Se dit en matière de compliment, en particulier devant la beauté d'une femme : Ta beauté éblouit mes yeux! "Oh! chérie! tu es trop* belle ! Vraiment mes yeux vont fatiguer même !"-"Ha ?! Cadeau ça* est où ?" Jano, 1987 : 6

4- fatiguer gbazan, loc.verb. Argot, jeunes urbanisés, péj. Se casser la tête inutilement. Mais, Gazou, au lieu de nous fatiguer gbazan là*, prenons l'argent là* pour nous habiller en même temps. (BD) Ivoir'soir, 22.12.1997.

 

fatiya, n.m. ou f. V. FATIA*.

 

fato!, (tu es ----), loc.verb. V. FAO*.

 

faucon, n.m. Spéc., (faune). Terme générique désignant localement plusieurs oiseaux de la fam; des falconidae et des Accipitridae.

1- faucon à cou roux, (Falco chicquera Daudin), petit faucon (fam. des Falconidae) à calotte et nuque châtain et poitrine claire. Serle /Morel, 1988 : 52.

2- faucon ardoisé, (Falco ardosiaceus Bonnaterre et Vieillot), faucon entièrement gris souris des savanes claires. (fam. des Falconidae). Serle /Morel, 1988 : 53.

3- faucon-coucou, (Aviceda cuculoides Swainson). Gros oiseau (fam. des Accipitridae) des savanes boisées et des forêts, surtout insectivore. Serle /Morel, 1988, : 50. Signalé (Taï). Bousquet, 1992 : 171.

4- faucon des chauve-souris, (Macheirhamphus alcinus Westermann). Gros oiseau à plumage sombre et moeurs crépusculaires, forestier, (fam. des Accipitridae). Essentiellement chasseur de chauves-souris. Serle /Morel, 1988 : 51. Signalé (Taï). Bousquet, 1992 : 172.

5- faucon lanier, (Falco biarmicus Temminck). Gros faucon clair à calotte rousse, dos brun et dessous grivelé, (fam. des Falconidae). Serle /Morel, 1988 : 52.

6- faucon-renard, Faucon roux entièrement rayé de noir. (fam. des Falconidae), savanicole, occupant collines et pitons rocheux. Serle /Morel, 1988 : 53.

 

fausse, adj. Sert à former des noms composés pour désigner plantes ou animaux offrant suffisamment de traits de ressemblance avec une autre espèce pour être parfois confondus avec celle-ci.

A- Flore

1- fausse canne à sucre, n.f. V. HERBE* À ÉLÉPHANTS.

2- fausse maniguette, n.f. (Aframomum elliotii K. Schum.). Plante de la fam. des Zingibéracées dont la graine ressemble à celle de la maniguette. Graine de cette plante. Les feuilles de la fausse maniguette, séchées, entrent dans la confection de certaines sauces*. Busson, 1965 : 315.

ENCYCL.: autrefois certains commerçants sans scrupules mêlaient ces graines à celle de la maniguette*.

B- Faune

3- fausse caille d'Afrique, n.f. V. CAILLE* COMBATTANTE.

4- fausse genette, n.f. V. GENETTE *, PSEUDOGENETTE*.

5- fausse guinée, n.f. (Elops lacerta Valenciennes). Long poisson argenté de la fam. des Elopidae, côtier et qui peut pénétrer en lagune. A la différence de la guinée*, la fausse guinée est fréquemment pêchée en lagune Abi. Aldrin /Noyer /Bregeat, 1972 : 15, Seret /Opic, 1981 : 80.

SYN.: guinée* (à tort), asranhoua (de l'ébrié), attiébété (du nzéma), diglikari (de l'alladian).

6- fausse limande, n.f. (Bothidae sp.). Poisson plat dont la face pigmentée de jaune brunâtre est toujours orientée à gauche. Aldrin /Noyer /Bregeat, 1972 : 107.

ENCYCL.: la vraie limande (limanda limanda) a sa face pigmentée à droite et d'ailleurs ne vit pas dans les eaux tropicales.

7- fausse morue, n.f. V. MEROU*.

8- fausse palomète, n.f. V. LICHE* AMIE.

9- fausse vive, n.f. (Trachinocephalus myops). Poisson de mer de la fam. des Synodidae. Il ressemble un peu à une vive mais n'a pas d'épines et n'est pas consommé. Aldrin /Bregeat /Noyer, 1972 : 23.

SYN.: vive* (impropre).

 

fausser, v.tr. Fréq., oral surtout, tous milieux sauf universitaires. Commettre une erreur (d'orthographe, de calcul, de français, de raisonnement, de formulation...), faire une faute. Il a faussé la dernière question. (Lycéen, Abidjan, 1980). D'après le prof, j'ai seulement faussé trois mots. (Lycéen, Abidjan, 1982).

SYN.: fauter [à*]

 

fauter [à/sur + ind. de lieu], v.intr. Fréq., oral, fam., surtout milieux scolaires. Commettre une faute (d'orthographe, de langue, etc.), avoir un comportement critiquable. J'ai préféré me séparer d'eux. Je sais qu'ils ont fauté. (Président Houphouet ds FM. 27.04.1983 cité in A. Touré, 1985 : 31. Je faute toujours aux mêmes mots, sur les lettres redoublées. (Secrétaire, Abidjan, 1983).

SYN.: fausser* qqchose.

 

faut pas fâcher, nous s'amuser! loc.exclamative. Argot zouglou, (paroles finales d'une chanson zouglou très connue), oral, jeunes urbanisés, mélior. Exclamation visant à présenter une sorte d'excuse : c'est/ était pour rigoler! Ne prenez pas ça au sérieux! Les finales se réduisent souvent à une phrase faussement naïve, par exemple "Faut pas fâcher nous s'amuser", clin d'oeil au "français* de Moussa" pour montrer aux grands* frères qu'on est seulement de grands gosses ignorants et inoffensifs. Krol, 1994 : 210. (Corpus T., 1995).

 

fauvette, n.f. Spéc., (faune). Petit oiseau de la fam. des Sylviidae. Il en existe plusieurs espèces, particulièrement la fauvette à ailes rousses (Prinia (heliolais) erythroptera Jardine), châtain, au chant agréable, savanicole ; la fauvette crombec à gorge tachetée, (Sylvietta denti Ogilvie-Grant) à tête brune, dos olive et ventre jaune, forestière ; la fauvette nasique grise (Macrosphenus concolor Hartlaub), forestière, verte, à long bec droit ; la fauvette roitelet commune (Prinia subflava Gmelin) grisâtre et assez répandue. Serle /Morel, 1988 : 198-212. Fauvette aquatique à capuchon (Bathmocercus cerviniventris), rare, fauvette crombec à gorge tachetée ; fauvette crombec verte ((Sylvietta virens) ; fauvette forestière à tête noire (Apalips nigriceps) ; fauvette nasique grise ; fauvette nasique jaune (Macrosphenus flavicans) signalées à Taï. Bousquet, 1992 : 171.

 

faux, adj.

I- Entre dans la composition d'un certain nombre d'appellations concernant la flore et la faune et mettant en jeu des ressemblances pouvant entraîner des confusions.

A- Flore

1- faux arbre à pain, n.m. V. ARBRE À PAIN AFRICAIN*.

2- faux caféier sauvage, n.m. (Oxyanthus racemosus [Schum. et Thonn.] Keay). Arbuste au fût tortueux de la fam. des Rubiacées. Ses petites branches sont souvent utilisées pour confectionner des bâtonnets dentaires*. Aubreville, 1953, III : 286.

SYN.: café* la brousse.

3- faux colatier, n.m.  Nom donné à deux arbres différents.:

a) (Cola acuminata (P. Beauv.) Schott et Endl.). Il appartient à la fam. des Sterculiacées et ressemble étroitement au vrai colatier, si ce n'est que ses graines comestibles sont moins appréciées. Il est impossible de distinguer le vrai colatier du faux si on ne dispose pas de fruits. Aubreville, 1953, II : 281.

ANTON.: colatier*.

b) (Garcinia kola Heckel) ou aouabié, arbre de la fam. des Guttifères, assez rare, qui porte des fruits jaunâtres de la taille et de la forme d'une orange, contenant quatre graines entourées d'une pulpe jaune.

ENCYCL.: ces graines, astringentes et aromatiques sont aussi consommées sous le nom de Bitter cola. Aubreville, 1953, II : 336.

SYN.: aouolié (abé), haingré (ébrié), tiampa (agni)

4- faux cotonnier, n.m. V. KAPOKIER*.

5- faux-ébénier, n.m. V. DEMI*-DEUIL.

6- faux citronnier, nÿ. V. GARDENIA*.

7- faux kapokier, n.m. V. FROMAGER*, KAPOKIER*.

8- faux karité, n.m. V. AZOBÉ*. La savane à faux karité se localise entre la limite septentrionale de la forêt dense et la limite méridionale des forêts claires. Arnaud / Sournia, 1978 : 20.

9- faux kinkéliba, n.m. (Cassia occidentalis Linn.). Arbuste de la fam. des Caesalpiniacées d'environ 1,50 m. utilisé en médecine trad. Ses graines fraîches sont toxiques mais la torréfaction les rend inoffensives. Elles servent alors à faire un succédané de café. La tisane de faux kinkéliba est réputée comme fébrifuge. Bouquet /Debray, 1974 : 106. Adjanohoun /Aké Assi, 1979 : 66.

SYN.: bantamaré*, café* nègre, café* des noirs, herbe* puante, alouklou-srèsrè (baoulé)

10- faux muscadier, n.m. V. ILOMBA*.

11- faux palétuvier, n.m. V. RIKIO*.

B- Faune

12- faux coq de pagode, n.m. V. COUCAL*.

13- faux gobe-mouches [à tête grise], n.m. (Smithornis Sharpei Alexander). Petit oiseau forestier très rare de la fam. des Eurylaemidae. Serle /Morel, 1988 : 269. Signalé (Taï). Bousquet, 1992 : 171.

14- faux grondin, n.m.  (Cephalacanthus volitans Linn.). Poisson de fond côtier qui ressemble au grondin mais dont les os de la tête sont soudés comme un casque prolongé de chaque côté par deux très fortes épines. Fam. des Dactylopteridae. Il n'est pas consommé. C'est , semble-t-il, à tort que le faux grondin est appelé poisson volant car, malgré ses très longues nageoires pectorales, il vit plutôt vers le fond, mais, en période de reproduction, il peut effectuer des sauts hors de l'eau. Aldrin /Bregeat /Noyer,1972, 105. Seret /Opic, 1981 : 140.

SYN.: grondin* volant, poisson*-volant.

15- faux perroquet, n.m. V. PERROQUET*.

16- faux thon, n.m. V. MAFOU*.

II- Entre dans la composition d'un certain nombre de locutions nominales péjoratives (idée de faux semblant, de mensonge, d'erreur,...).

17- faux blanc, n.m. Assez fréq., oral, mésolecte, basilecte, péj. V. BLANC*. Noir occidentalisé ou affectant de l'être. Est-ce que tu as vu la couleur de ta peau, faux blanc, huile* de palme réchauffée? Tierno Monenembo, 1993 : 43. Faites une remarque à un enfant du voisinage qui fait du bruit ou qui braille entre midi et deux, qui laisse tomber un bout de papier là où il ne faut pas. Vous êtes qualifiés ironiquement de "faux blanc". Un faux blanc qui n'est pas à sa place et par conséquent ne doit pas habiter là. Ivoir'Soir, 14.07.1997.

18- faux car, n.m. Dispon. oral, basilecte, péj. Car déglingué, car en mauvais état. C'est pas ce que je vous disais? C'est un faux car ! Il n'y a qu'en Guinée qu'on voit ça. Ivoir'soir, 31.03.1998.

19- faux français, n.m. Fréq., oral, fam., péj. Mauvais français, français plein de fautes. Voulez-vous répéter? Qu'est ce que c'est que ce faux français là ? (Universitaire, Abidjan, 1984). Dans la rue, un jeune râle en français et une femme du marché lui dit "Oh toi , tais-toi avec ton faux français !" -Pourquoi faux français ?"-"Il ne maîtrisait pas la langue alors il ferait mieux de parler dioula* ou nouchi.*". (Corbineau, 2000, t.2: 31).

20- faux marabout, n.m. V. MARABOUT*. Bien entendu, le faux marabout ne vit que de cela et copieusement aux dépens de ceux dont il exploite la naïveté. FM., 04.11.1982.

21- faux magicien, n.m. Fréq., milieu urbain, intellectuels, très péj. Appellation péjorative donnée à un guérisseur traditionnel lorsqu'il commet une erreur de traitement et qu'il est poursuivi en justice par le corps médical pour exercice illégal de la médecine. A la moindre erreur de leur part, les tradipraticiens* ont été traités de faux magiciens, ridiculisés, humiliés, jetés en prison. FM., 22.02.1984.

22- faux rendez-vous, n.m. Fréq., oral, fam., mésolecte., péj. Rendez-vous auquel une des personnes concernées ne se rend pas, « lapin ». Pourquoi m'avoir donné un faux rendez-vous? Je vous ai attendu jusqu'à...! (Coiffeuse, Abidjan, 1980). Pas de faux rendez-vous comme la semaine dernière, hein ? (Enseignant, Abidjan, 1982). Mais de faux rendez-vous en faux rendez-vous pour les uns, de démarches vaines en démarches vaines pour les autres [.]. FM. 08.04.1982. Souvent elle donne de faux rendez-vous, car elle se méfie, craint de s'attraper* une grossesse. Bonnassieux, 1987 : 178. Y en a femme qui cherche moi partout!!! J'ai donné faux rendez-vous !! Il faut quitter* rapidement même*. Jano, 1987 : 6. Excédées par des faux rendez-vous, certaines personnes n'osaient plus s'adresser à Tangoli quand d'autres se plaignaient de lui. Ivoir'Soir, 28/29.01.1998.

23- faux travail, n.m. Dispon., oral, écrit, fam. tous milieux, péj. Petit boulot, travail qui sert à survivre provisoirement mais dont on ne pourrait faire un métier véritable. Moi je suis prêt à accepter un faux travail pour manger. (Etudiant, Abidjan, 1990). Remarquez que certains boys sont bien et ce n'est pas un faux travail à condition d'être bien payé. Deniel, 1991 : 151.

24- faux type, faux-type, n.m. Fréq. oral, fam. basilecte, péj. Personne irresponsable, qui ne tient pas ses promesses, qui oublie ses devoirs envers parents et amis, hypocrite, ingrat, « faux jeton ». Tu es faux type ! tu travaillé pas ! Dago à Abidjan (BD, 1973 : 10). Leurs compatriotes nés dans le milieu d'origine leur font le reproche d'avoir perdu leurs traditions, de ne plus connaître leur langue maternelle, de ne plus être disponibles : en un mot d'être faux type. Gibbal, 1974 : 153. Faux type comme ça, il n'a même pas la force puis il me provoque. Zazou, n°16, 21.06.1983. Les faux-types font de belles promesses puis disparaissent. Bonnassieux, 1987 : 134. Salauds ! Bâtards* ! Faux-types ! Sauvages ! Jano, 1987 :10. Toi, Moussa, tu es un bandécon*, tu es un faux-type. (Moussa) ID, n°953, 1988. Quand ils te voient venir, ils disent : "Voilà le faux type qui vient nous embêter, nous demander ça et ça."  Deniel, 1991 : 59. Les faux-types avaient misé 40 000 f. L'éphémère, 11.01.1993. Les filles de maquis* ont une certaine idée des étudiants."Ils sont de faux types. Ils ne tiennent jamais leurs promesses. Ils parlent gros gros français* sans jamais faire le geste* essentiel c'est-à-dire donner l'argent". Ivoir'Soir, 13.11.1997. Histoire de faux type. (titre de presse) Ivoir'soir, 26.02.1998. Monsieur le marabout* ne paye pas son loyer. Faux type donc sur tous les bords. Ivoir'Soir, 03.06.1998.

 

F.B.H, n.f. V. BILIEUSE*. Bailly et Moskowitz vont être victimes d'une forme de paludisme, exceptionnelle de nos jours, appelée fièvre bilieuse hématoglobinurique (F.B.H). Rapport du Dr Delrieu, in Niamkey-Kodjo, 1991 : 139.

 

fée des eaux, n.m. V. MAMIE* WATER.

 

fégué, [fege], n.m. Dispon., tradition), (du sénoufo "ordalie"), nord. Sorte d'ordalie. Au nord du pays, il existe, entre autres, le fégué chez les Sénoufo. C'est un procédé terrifiant qui consiste à faire passer sur la langue un métal incandescent. FM., 18/17.12.1981.

 

fehr, [fDr], n.m. Spéc., (flore). (Stereospermum kintjianum Cham.). Petit arbre des savanes de la fam. des Bignoniacées qui se couvre de feuilles roses au moment de la défeuillaison. Aubreville, 1953, III : 240.

 

femme, n.f., adj.

1- n.f. V. PETITE* FEMME.

2- adj. Fréq. basilecte, ou plaisant chez les intellectuels. Femelle. Il faut venir avec des bananes*, avec des poulets-femmes, avec des poulets-garçons. (Publicité) Almanach 1975 publié par Ivoire-Dimanche. Alors poisson-garçon, il a dit à poisson-femme : il faut marier moi. (Conte, étudiant, 1982).

SYN.: fille*.

ANTON.: garçon*

3- femme célibataire, n.f. Peu fréq , oral, mésolecte, péj. Femme non mariée vivant seule, par extension, femme de moeurs légères. Une femme célibataire, c'est une fille qui vit seule sans travailler. Alors comment tu veux qu'elle ait l'argent? (Informateur, Bouaké, 1979).

SYN.: femme libre.

4- femme-chef, n.f. V. CHEF*, CHEFTAINE*. [.] ce sont des femmes-chefs, escortées de suivantes dotées d'armes de parade et d'uniformes masculins, en quelque sorte Amazones noires qui ont régné dans cette province là (Guéré). Conte, 1981 : 37.

5- femme en état, n.f. Euphémisme usuel. Femme enceinte. C'est terrible, dans le bus, les jeunes s'en vont vite s'asseoir et tant pis pour la femme en état qui reste debout!   (Institutrice, Abidjan, 1984).

6- femme libre, n.f. Assez fréq., oral, péj., mésolecte. Femme qui vit seule et est libérée, (par divorce ou veuvage) de tutelle parentale ou maritale, disposant ainsi d'une certaine autonomie de comportement. Par extension péj., femme de moeurs légères. Adou protesta que la femme libre n'était pas une femme perdue.[.]. Du Prey, 1979 : 95. Si tu n'es pas femme libre, tu ne peux pas travailler dans l'avion comme hôtesse de l'air. Tilliette, 1984 : 275. J'ai un métier, un appartement, une voiture. Et on me traite de femme libre parce que je vis seule ! (Cadre administratif, Abidjan, 1987)

SYN.: femme-célibataire.

7- femme-commandant, n.f. Dispon., oral, fam. péj. Mégère. [.] les femmes oisives dont la langue est un venin mortel, qui sont plus amères que la nivaquine, plus piquantes que le piment vert. On les appelle aussi les femmes-commandant. A la maison , ce sont elles qui font et font appliquer la loi, donnent des ordres à leur mari, excitent les querelles. Guenaman Colbert, 1985 : 11.

 

fendre, v.tr. Argot estudiantin, oral, fam., vulg. Pour un homme, coucher avec [une femme]. "tringler". C'est un petit* gars qui ne fend que les djandjous*. (Etudiant, Abidjan, 1983).

SYN.: cailler*, filer*

 

fente, n.f. Spéc., (tradition). Appellation donnée par les coiffeuses à la séparation des cheveux en mèches qui seront ensuite tressées. Ainsi la division des cheveux appelée fente en Côte-d'Ivoire s'appellera route au Togo ou mododo au Gabon. Jeune Afrique, 13/25.08.1992, p. 77.

 

fer à charbon, n.m. Dispon., vieilli. Fer à repasser de grande taille que l'on remplit de charbon sous forme de braises, ou fer à repasser dont on chauffe la semelle sur un feu avant de l'utiliser. La lampe-tempête* existe, le fer à charbon aussi. Cela nous le savions tous même si les charmes de l'électricité nous avaient fait perdre de vue ces éléments qui rappellent une autre époque. FM., 22.12.1983.

ENCYCL.: ce fer est encore utilisé dans les villages, là où l'électricité n'est pas toujours assurée. D'autre part, les blanchisseurs itinérants ou les tailleurs des quartiers défavorisés utilisent encore fréquemment cet instrument.

 

fériman, [ferimS], n.f. Argot nouchi  (par référence à une chanson des années 90), péj. Fille de moeurs légères, "pouffiasse". Go* ziguehi, tu peux effrayer qui ici ? On a vu pire ailleurs ! Même les potes* de la rue, sont en drap* de nous. Espèce de fériman, lance l'un des "parents*". Ivoir'Soir, 23.04.1998.

 

ferme, n.f. Entre dans la composition de certaines dénominations locales. Spéc.

1- ferme agro-pastorale, ferme moderne associant agriculture et élevage. On va s'employer à créer à leur profit  [: pour les éleveurs motivés] des fermes agro-pastorales où il y aura en association l'agriculture et l'élevage. FM., 10.04.1981.

2- ferme de crevettes, (1ère attestation 1990). Ferme aquacole créée en 1989 par le groupe Blohorn et comprenant écloserie et bassins d'élevage, visant à constituer autour de Grand Lahou une unité industrielle d'une centaine d'hectares, pouvant atteindre une production annuelle de 2 000 tonnnes de crevettes d'espèce Penacus monodon. Une grande ferme de crevettes à Grand Lahou. Rémy, 1996 : 132.

3- ferme de gibier, ferme dans laquelle on élève des animaux sauvages, spécialement ceux qui sont destinés à la consommation par exemple les agoutis*. Un projet des Eaux et forêts devrait constituer l'opération la plus positive dans l'aménagement des parcs nationaux et de leurs zones périphériques : ce sont les fermes de gibier. FM., 06/07.03.1982. Certains disent que les agoutis* des fermes de gibier ont moins de goût que les agoutis sauvages. (Informateur, Abidjan, 1987).

4- ferme piscicole, ferme aquacole, Le projet ferme piscicole pilote localisé à Natio-Kobadaru à 3 kms de Korhogo est une preuve tangible de cette politique. FM., 17.03.1980. Dans la ferme piscicole pilote, c'est le désespoir : 23 étangs sont actuellement sans eau. FM., 16.01.1984.

SYN.: station* d'aquaculture.

 

fermer, v. Entre dans la formation d'un certain nombre de loc. verb.

1- a) fermer la bouche, V. BOUCHE*, Fréq., fam., sorte d'euphémisme, (calque des langues locales), oral, fam. tous milieux. Se taire, fermer sa gueule. Toi, je te prie de fermer ta bouche!  (Couturière, Abidjan, 1983)

COM.: l'emploi peut être litt. : faire fermer les bouches : faire taire les gens. Indigné, d'un geste incongru de la main, je fis fermer les bouches. Kourouma, 1990 : 77.

b) fermer [la] bouche de qqun, (calque des langues locales cf baoulé ‘’quelqu'un  bouche fermer’’). V. BOUCHE*. Corrompre quelqu'un, donner un pot de vin à qqun. Je fais quelque chose de grave, vous le savez [.] je ferme votre bouche, vous ne parlez plus. Cité in Caummaueth, 1988 : 129.

2- fermer la figure, fréq., oral, mésolecte. Faire la tête. En entendant ces paroles, le lièvre ferme sa figure. (Conte, copie 3ème 1992). Chaque fois qu'elle me voit, elle ferme sa figure. Qu'est-ce qu'elle a?  (Enseignante, Abidjan, 1984).

SYN.: serrer* la figure, serrer* la mine.

3- fermer les yeux, dispon., basilecte, oral, peu ou non scolarisés. Faire semblant de ne pas reconnaître qqun. Je la rencontre sur le campus ; elle ferme les yeux. Ca veut dire quoi, ça ? Elle est fâchée !  (Etudiante, Abidjan, 1984).

SYN.: taper zyeux*.

 

fétal, n.m. Dispon., argot urbain, vulg., péj. Foutaises. "Fétal : foutaises."[.] Ces différents termes empruntés au langage nouchi*, font partie aujourd'hui du lexique zouglou*. Ivoir'Soir, 15.10.1997.

 

fête, n.f. Fréq., (traditio), oral, écrit, tous milieux.

1- fête d'Aid El Kébir, V. TABASKI*.

2- fête de génération, fête des générations, V. GÉNÉRATION*. Cérémonie traditionnelle au cours de laquelle est constituée une classe* d'âge. Institution esthétique et militaire, la fête de génération 'Low" qui a lieu tous les deux ans, a vu ce samedi la concrétisation de la classe* d'âge Bodje Ogbongbo par la classe d'âge initiatrice Abreman. FM., 31.12.1974. Fête de génération à Bassam. FM., 30.03.1983, (titre d'article). On remarque beaucoup [.] dans un certain nombre de [.] fêtes de génération [.] surtout chez les Adioukrou, des effigies en bois de personnages ou d'animaux mythiques portées sur la tête. Bussang /Leblanc, 1990 : 78. Dans le sud, chez les Adioukrou, les fêtes de génération, c'est-à-dire le moment où l'adolescent est admis au sein des adultes, après une initiation et une série d'épreuves,  sont toujours très vivantes et associées à des danses symboliques. Rémy, 1996, 40.

ENCYCL.: ces classes d'âge liées aux rites d'initiation rassemblent les individus dont la différence d'âge n'excède pas un nombre précis d'années. Chaque classe prend alors un nom spécifique.

SYN.: cérémonie de génération.

3- fête des funérailles, V. FUNÉRAILLES*.

4- fête des génies, V. DIPRI*.

5- fête des ignames, fête de l'igname, fête traditionnelle annuelle célébrée dans la plupart des ethnies du groupe akan, lors de la récolte des premières ignames. Les hommes nous quittent pour aller à la fête des ignames. Bretignères, 1881-1890 : 11. [.] son voisin Kouakou, le riche planteur* qui à la dernière fête des ignames, se pavanait dans un magnifique pagne kita*[.]. Kindo Bouabi, s.d. : 13. C'est depuis 1959 que ce petit village du Moronou a embrassé le culte de la fête des Ignames . FM., 26.11.1974. A Bondoukou, la fête des ignames de Guiendé a été une cérémonie socio-religieuse vivante. FM., 06.10.1982. La ville d'Agnibilékrou a connu le 29 octobre dernier une affluence particulière avec la célébration de la fête des ignames. FM., 06/07.11.1982. Le chef* les avait invités à la fête des ignames, une manifestation si importante que, dans certains villages, on sortait, pour en jouer, les tambours* sacrés*. Naipaul, 1984 : 200. La fête des ignames est composite car elle célèbre à la fois le rituel des primeurs au cours duquel est levée l'interdiction de consommation et le culte des ancêtres*. Alland, 1984 : 125. A la faveur de cette fête de l'igname, le roi * descend dans la rivière sacrée pour s'y baigner. Gaudio /Van Roekegehm, 1984 : 105. Chaque année, au mois de février, se réunissent à Abengourou les onze tribus ayant formé le royaume akan de l'Indénié, pour la fête des Ignames. Rémy, 1996 : 73. Si vous aviez assisté à la cérémonie d'hier, la fête des ignames, vous auriez vu à quel point la royauté est au coeur des populations. Ivoir'Soir, 14.05.1997.

6- fête des sacrifices, V. TABASKI*. Vx. Les musulmans donnent souvent cette graine comme nourriture aux moutons qu'ils engraissent pour la fête des sacrifices. Binger, 1892, II : 20.

7- fête du kipri, V. KIPRI*.

8- fête du mouton, fête des moutons, V. AÏD EL KEBIR*, TABASKI*. Les grands quelqu'uns* sont appelés aussi hadjis* parce qu'ils vont tous les ans à La Mecque pour égorger là-bas dans le désert leurs moutons de la grande fête musulmane appelée fête des moutons ou el kabeirr. Kourouma, 2000 : 28.

9- fête du quarantième jour, V. CEREMONIE* DU QUARANTIEME JOUR.

10- fête du sang, V. DIPRI*.

11- fête du septieme jour, V. CEREMONIE* DU SEPTIEME JOUR*.

12- fête du Ramadan, V. KORITÉ*. Si pour des croyants musulmans, la fête du Ramadan est celle de la purification [.].  FM., 18/19.10.1980.

13- fête mortuaire, V. FUNÉRAILLES*. Fête des ignames* et fêtes mortuaires constituent en pays anyi ou akan en général ce que Marcel Mauss appelait un 'phénomène social total'. David, 1986 : 97.

 

fêter, v. intr. Usuel, oral, écrit, tous milieux.

1- Célébrer une fête (publique ou privée), participer à une cérémonie. A Bonoua, les populations ont fêté dans l'obscurité. FM., 05.01.1984. Nous avons été admis. Ce soir, on va fêter. (Etudiants, Abidjan, 1984). C'est le Dipri*. Beaucoup de gens vont fêter à Gomon. (Etudiant, Abidjan, 1987). [Pour le Nouvel An] que font les astronautes dans l'espace ? Eh bien, ils fêtent aussi. Ivoir'Soir, 02.03.04.01.1998.

2- Faire la fête, s'amuser. Nos bons amis villageois ont une manière bien à eux de fêter. Télé-Miroir n°10. Juin, 1982. On a fêté jusqu'à fatigué*!! (Planton, Abidjan, 1983). Quand on fait un mariage religieux, c'est pour s'unir devant Dieu. Ce n'est pas pour fêter ! Deniel, 1985 : 213. Elle lui demande de l'emmener fêter mais il est fauché. Krol, 1994 : 210. Les peuples malheureux ne fêtent pas. Nouvelle République, 08.03.1995.

SYN.: dégager*, nocer*.

3- fêter les funérailles, loc.verb. Fréq., oral, écrit, mésolecte, basilecte. Célébrer les cérémonies coutumières et religieuses accompagnant un décès. Ce jour-là on fêtait les funérailles d'un membre de la famille. Anoma Kanié, 1978 : 28.

 

fétiche, n.m., adj. Usuel, (tradition), oral, écrit, tous milieux.

1- n.m. Tout animal, végétal, minéral ou objet fabriqué chargé d'un pouvoir surnaturel et pouvant exercer un effet protecteur ou maléfique. Kougbo, fétiche célèbre dans le pays bété, est constitué par une boule de terre agglomérée avec des cendres charbonneuses de différentes plantes sacrées et surmontées soit d'une queue de vache soit d'une corne de boeuf ou d'antilope. Kerharo /Bouquet, 1950-b : 56. [.] prenant son fétiche, il disait : "Fétiche puissant, c'est à toi que je demande la preuve de mon innocence." Dadié, 1954, 124. Le deuxième canari* contenait des lambeaux de tissus attachés ensemble : ce fétiche a pour effet de rendre les femmes stériles. Terray, 1970, :59. Tu te fis musulman car tu détestais les multiples fétiches qu'il fallait adorer. Koné, 1976 : 17. C'est une pièce de quatre mètres sur quatre dont les murs sont tapissés de fétiches jusqu'au plafond. Les talismans, les bouteilles, les objets les plus inattendus, les paquets mystérieux, les chiffons, rognures d'ongles, cornes d'antilope, poissons calcinés,....Arnaut, 1976 : 19. K.K. nia d'abord avoir révélé à l'accusé qu'un fétiche quelconque était destiné à le tuer. FM., 09.01.1980. Le proverbe dit que "la puissance du fétiche dépend de la manière dont on l'adore'". Deniel, 1985 : 120. Il sait que les fétiches peuvent trahir [.]. Y. Konaté, 1987 : 21. J'ai besoin du fétiche qui efface les mémoires. V. Tadjo, 1992 : 31. Tu as fait tout ce voyage pour récupérer un fétiche  et, maintenant, tu parles de futilité ? Tierno Monenembo, 1993 : 108. [.] un musée, créé par M. Djouman Mihin, rassemble une collection extraordinaire de fétiches, de vêtements magiques et de masques*. Rémy, 1996 : 161. Avant de mourir, il a demandé à son fils de prendre le fétiche qui se trouvait dans ses cheveux et de rentrer au village en évitant de jeter des regards derrière. Ivoir'Soir, 08.07.1997. Les fétiches qu'on m'avait donnés m'interdisaient de toucher à une femme et de me laver. Ivoir'Soir, 30.07.1997.

COM.: parfois confondu avec le gris-gris*.

LOC.: boire le fétiche, donner le fétiche, faire fétiche, réparer les fétiches.

DÉR.: féticherie*, féticheur*, fétichisme*, fétichiste*.

COMP.: animal-fétiche, arbre-fétiche, bois-fétiche, ceinture-fétiche, fétiche contre*-corté, fétiche de la famille, fétiche du clan, forêt*-fétiche, montagne-fétiche, plante-fétiche, or*-fétiche, temple-fétiche.

SYN.: djigbo*, fétiche, gbass*, gbé*, gbévia*, gris*-gris, kanikani*.

2- n m. Principe surnaturel représenté par le fétiche support matériel. Après, la  première a appelé un vieux Gouro qui connaissait tous les fétiches mangeurs* d'âmes. Du Prey 1979 : 44. Lorsque j'ai découvert dès mon arrivée, l'importance que les gens accordent au fétiche, je me suis demandé si les matches ne se jouaient pas entre féticheurs*. FM., 20/21.03.1982. Chaque décès ou chaque cas de maladie grave étant perçus par les anciens* comme un signe de colère des fétiches, le témoignage de désapprobation des ancêtres*. FM., 20.12 1983. Je suis grand. Les fétiches des jeunes et des vieux* ne peuvent se mesurer. On ne fait pas de la sorcellerie un jeu. FM., 04 04.1984. La consommation, pire, le mariage d'une non-excisée* dévalue, invalide les fétiches et sacrifices de l'époux. Kourouma, 1990 : 252. Pas de raison pour que fétiches et prophètes* se fassent la guerre au Panthéon. Tierno Monenembo, 1993 : 103. Si le fétiche pouvait assurer la victoire en matière de football, tous les pays africains seraient champions du monde, toutes disciplines confondues. Ivoir'Soir, 27/28.02/01.03.1998.

3- adj. Susceptible de jouir d’une protection magique, d’exercer une action bénéfique ou maléfique. Alpha ne jouera jamais la carrière d'un album sur un morceau fétiche. Il sait que les fétiches peuvent trahir, tomber en panne ou même crever. Konaté, 1987 : 21. Désemparés, ils [: les tirailleurs] crient :" Il est fétiche! On est maraboutés*!" Kourouma, 1998 : 252.

4- fétiche antisorcier, fétiche contre-corté, V. CONTRE* CORTÉ. Amulette protectrice que l'on utilise pour se mettre à l'abri des envoûtements ou des actes de sorcellerie tant réels que potentiels. Gaori n'est pas à proprement parler un fétiche de maladie, c'est un fétiche contre*-corté. Kerharo /Bouquet, 1950-b : 61. Sont alors lancés sur le marché les fétiches antisorciers* auxquels répondent aussitôt les jumeaux* maudits neutralisant ces fétiches bienveillants. Bussang /Leblanc, 1990 : 72.

SYN.: contre*-corté.

5- fétiche de maladie, fétiche confectionné pour prévenir et surtout pour guérir une maladie déterminée. Il se distingue donc d'autres fétiches protecteurs de sorciers.  Les fétiches de maladie font partie de la face côté public, destinée à servir de décorum et à entretenir le facteur si important de l'illusion chez le malade. Kerharo /Bouquet, 1950-b : 61. Elle porte un fétiche de maladie. Eh bien, elle n'a plus de dartres* (Secrétaire, Abidjan, 1983).

6- fétiche, (boire le ---- ), loc.verb. Contracter un pacte solennel en consommant ensemble les mets sacrés préparés par le féticheur ou indiqués par la coutume en raison de leur valeur symbolique. V. DÉGUÉ*. J'apprends que le chef du Djimini a fait alliance avec Samory, il aurait bu le fétiche. G. Bailly, note du 25.11.1894 in Niamkey-Kodjo, 1991 : 87.

SYN.: boire le dégué*, manger le fétiche, prendre le fétiche.

7- fétiche (donner le ----), loc.verb. V. BOIS* ROUGE, DJIROUTOUÉ*, TALI*. Faire subir l'ordalie par ingestion de poison. Je crois que vous allez lui donner le fétiche tout à  l'heure. Si elle ment, le fétiche le dira. Amon d'Aby, 1965 : 31.

8- fétiche, (être ---- ), loc.verb.

a) Etre sacré, interdit par la coutume ou la tradition. Vous savez que tous les noirs sans exception s'abstiennent de toucher certaines choses ou animaux ce que nous exprimons maladroitement en disant "C'est fétiche.’’ Monteil, Lettre du 05.09.1908, BIFAN, 195 : 616.

SYN.: interdit*.

b) Etre invulnérable, être protégé par un puissant fétiche. Désemparés, ils [: les tirailleurs] crient " Il est fétiche*! On est maraboutés !". Kourouma, 1998 : 252.

9- fétiche, (faire ---- ), loc.verb. Recourir à des pratiques magico-religieuses (par exemple, en faisant préparer amulettes ou philtres, en effectuant offrandes et sacrifices, etc,) à des fins diverses (se protéger, obtenir satisfaction, mais aussi ensorceler, envoûter). Ce garçon m'avait pris en affection et tenait à faire fétiche pour notre heureuse traversée. Binger, 1892, II : 339. Pour lui, s'il est malade, c'est parce que des gens ont fait des fétiches contre lui. Ivoir'Soir, 03.09.1997.

SYN.: djiboter*, djibser*, enfermer dans un cadenas*, féticher*, gbasser*, grigriser*.

10- fétiches, (faire parler les ---- ), loc.verb. Pour un féticheur, servir d'intermédiaire entre les hommes et le fétiche, transmettre à un humain la réponse aux questions qu'il a adressées à un fétiche. "Vous faites parler les fétiches?"-"Oui, le fétiche est l'intermédiaire entre moi et les êtres supérieurs. je transmets la demande du malade et le fétiche me répond." Arnaut, 1976 : 39.

11- fétiches, (jeter les ---- ), loc.verb. Se convertir à une des grandes religions révélées, christianisme et islam, plus particulièrement à une religion syncrétique africaine : harrisme*, église de Papa* Nouveau, etc. Le pasteur véhément affirme que tous peuvent guérir à condition d'avoir la foi, de jeter les fétiches, de renoncer aux actes de sorcellerie. Gaudio /Roekeghem, 1984 : 60.

12- fétiche, (manger le ---- ), V. BOIRE LE FÉTICHE, loc.verb. Demain nous parlerons encore et nous enverrons nos fils pour manger le fétiche. G. Bailly, note du 12.02.1895. in Niamkey-Kodjo, 1991 : 105.

SYN.: boire le dégué*, boire le fétiche.

13- fétiche (prendre le ---- ), loc.verb. V. BOIRE LE FÉTICHE. Vous ne savez pas ? Aucun de vous ne sait ? Eh bien, je vous ferai prendre le fétiche. Dadié, Min Adja-ô. 1965 : 107.

14- fétiche, (réparer les fétiches), loc.verb. Redonner du pouvoir à un fétiche, en revenant dans le lieu dont on est originaire. Il était allé en pays baoulé pour "réparer" ses fétiches, leur redonner du pouvoir. Deniel, 1985 : 121.

 

féticher, v. Fréq, (tradition), oral , écrit, tous milieux.

1- v. int. V. FAIRE FÉTICHE.

2- féticher qqun, qqchose, v.tr. Effectuer une pratique magique contre qqun ou qq chose. En cherchant bien, n'avait-elle pas une rivale au village qui l'aurait fétichée ?  Du Prey, 1979 : 57. Notre équipe a perdu parce qu'on l'a fétichée. (Lycéen, Bingerville, 1983). Quand tu es malade comme ça, c'est parce que tu as été fétiché. (Informateur, Abidjan, 1984). Il a gueulé encore plus fort : "Enlevez-moi d'ici. Sinon je vais vous féticher. Vous féticher tous."  Kourouma, 2000 : 110.

DER.: fétichiser*, féticherie*, féticheur*

SYN.: charlater*, djiboter,* djibser*, faire fétiche, faire gris*-gris, gbasser*, gbétiser*, grigriter*, marabouter*.

 

féticherie, n.f. Dispon., oral, écrit, lettrés, péj. Pratique magico-religieuse, quelle qu'en soit la nature. Ce n'est pas avec des féticheries qu'on obtient un examen !  (Enseignant, Abidjan, 1983). Vous ne savez pas jouer au ballon, vous ne faites que des féticheries. Tierno Monenembo, 1993 : 41.

 

féticheur, n.m. adj.Usuel, (tradition), oral, écrit, tous milieux.

1- n.m. Prêtre de la religion traditionnelle. Dans les sociétés [.] de la Côte d'Ivoire et de la Haute-Volta, les féticheurs assurent généralement trois rôles : ceux de prêtre, de médecin et d'éducateur [.]. Les féticheurs de la brousse* africaine servent leurs divinités particulières. Ils indiquent les moyens propres à rendre les dieux favorables ou à apaiser leur courroux, ils déterminent la qualité et la quantité des sacrifices à offrir, les jours fastes et néfastes, ils règlent en un mot le protocole des cultes. Kerharo /Bouquet, 1950-b : 138. Tous les féticheurs avaient épuisé leur science. Dadié, 1954 : 81. Les mânes des ancêtres venus à la rescousse, après les incantations compliquées des féticheurs, fixaient un instant le sol. Dadié, 1954 : 64. Le plus grand féticheur, avant de faire quoi que ce soit demande d'abord la bénédiction des cieux. ID., 01.07.1973. Le féticheur arriva et alla se placer au milieu du cercle. Il portait son costume d'apparat et tous les fétiches* protecteurs. Arnaut, 1976 : 17. Les magiciens et les féticheurs exercent donc au grand jour; ils ont une fonction, un métier. Ce sont des professionnels dispensateurs de talismans, de gris-gris, de philtres, de poudres ou de plantes qu'ils utilisent en principe pour combattre le Mal. De toute façon, ces personnages de la société traditionnelle n'ont rien de commun avec le sorcier. Arnaut, 1976 : 34. Alors, le petit féticheur et Bouzouma, tu les as suivis? Anoma Kanié, 1978 : 149. [.] et les gens n'allaient pas au-delà de ce que les marabouts*, les sorciers, les devins et les féticheurs affirmaient [.]. Kourouma, 1990 : 20. Leur fils [.] qui disait haut à qui voulait l'entendre son intention de devenir grand féticheur du village, est aujourd'hui un prêtre. FM., 22.02.1990. Adjonou est un puissant féticheur et il sait parler aux ancêtres*, aux génies*.M. Bandaman, 1993 :29. Le féticheur a dit quelque chose en abron. Un concert de voix a accueilli ses mots. Ivoir'Soir, 28.10.1997. Après le lycée, il s'est initié à la connaissance des plantes dans une école de féticheurs puis est devenu tradipraticien*. FM., 13.05.1998. Parce que lui, Balla, était un devin, un féticheur qui détectait les sorciers, qui connaissait les sorciers. Kourouma, 2000 : 29.

DÉR.: féticheuse*.

COMP.: grand féticheur

SYN.: chasseur* de sorcier, claivoyant*, guérisseur*, komien/komian*, voyant*.

2- féticheur, féticheur-devin, n.m. et adj.

a) n.m. Guérisseur ou devin utilisant les pouvoirs surnaturels du fétiche auquel il s'est voué. Il existe, fort heureusement, une autre catégorie d'individus, les féticheurs, devins guérisseurs, destinés, eux, à l'aider  [: l'homme], à le protéger des calamités que le sorcier* peut engendrer par ses coupables pratiques. Kerharo /Bouquet, 1950-b, 50. Certains féticheurs pratiquent la divination à l'aide de cauris*, de grains de riz contenus dans un petit coffre, de souris ou par l'intermédiaire d'un médium avec les morts ou les esprits. Du Prey, 1962 : 79. Le prophète*-guérisseur [.] voue aux gémonies les marabouts*, les féticheurs et toutes les superstitions animistes* et paiennes. Gaudio /Roekeghem, 1984 : 56. Mais le féticheur-devin intervint [.]. J'ai oublié de dire que mon père avait été non seulement féticheur mais voyant*. Deniel, 1985 : 123. Ce n'est plus la peine d'aller chez le féticheur pour chercher des philtres pour changer le coeur de son copain. ID., 05.03.1989. Cela est d'autant plus visible dans les villages où les populations font très souvent appel aux féticheurs. Ivoir'Soir, 27/28.02/0103.1998.

COM.1.: peut être, parfois, utilisé par métaphore méliorative, pour désigner une personne dont les actions d'éclat tiennent de la magie tant elles sont grandes. Le Réveil-club de Daloa vient d'être réveillé par un très grand et puissant féticheur en la personne de F.M.E. [: il s'agit d'un footballeur]. FM., 14.11.1974.

COM.2.: parfois, employé en mauvaise part au sens de "escroc abusant de la crédulité publique". Il n'y a plus de place pour les féticheurs, dont la plupart sont, en réalité, d'intelligents escrocs qui savent exploiter une situation de naïveté et de désarroi dont nous sommes souvent les victimes. (Propos du Ministre ivoirien de la Jeunesse et des Sports cité in Gaudio / Roekeghem, 1984, 227).

SYN.: purificateur*.

b) adj. Utilisant les pouvoirs magiques du fétiche. C'étaient des vrais vieillards féticheurs, non musulmans. Kourouma, 2000 : 26.

 

féticheuse, n.f. Usuel, (tradition), oral, écrit, tous milieux, sud, mélior. Prêtresse guérisseuse formée dans un couvent* par une initiation de trois ans au cours de laquelle elle apprend la pharmacopée traditionnelle, l'art de prédire l'avenir et doit s'abstenir de toute relation sexuelle. A preuve, la cohorte de marabouts*, féticheurs* et féticheuses qui exploitent le filon des [.] profondes superstitions. FM., 22 01.1982. Toute la nuit précédant le jour solennel, les féticheuses ont dansé pour chasser les mauvais esprits et conjurer les mânes des ancêtres pour que la fête se déroule dans de bonnes conditions afin que la nouvelle année porte bonheur à la population. FM., 06.07.1982. Ta grand mère paternelle  [.] était féticheuse. Deniel, 1985 : 27. L''école' des féticheuses de Tenguélan est célèbre dans toute cette région. Depuis 20 ans la vieille Akoua Mandedja, aujourd'hui octogénaire, y forme des guérisseuses dont elle est à la fois la mère spirituelle, et la principale initiatrice. David, 1986 : 97. Comment devenir féticheuse. (Titre) Bussang /Leblanc, 1990 : 62. Des centaines de féticheuses sont déjà passées par cette école [: école de guérisseuses de Tanguélan] FM. 29.11.1990. Il est ensuite allé voir une féticheuse qui lui a révélé qu'un membre de sa famille maternelle était en train de le "manger* en sorcellerie". Jeune Afrique, 06/12.03.1996. Finalement c'est une féticheuse qui parvient à poser le bon diagnostic. FM.,13.005.1998.

 

fétichisation, n.f. Dispon., oral, écrit, intellectuels, péj. Elévation de certaines valeurs au rang de fétiche, adulation sans esprit critique. Inventer d'autres codes et valeurs, quitte à les remplacer par une nouvelle forme de fétichisation . Tilliette, 1984 : 287. [.] Yacouba Konaté :"de la fétichisation dans le texte littéraire. Quelle aventure?", Jean-Marie Adiaffi :"Flore Hazoumé : fétichisme*, fétichisation ou animisme*? Ivoir'Soir, 29.04.1997.

 

fétichiser, v.tr. Dispon., oral, écrit, intellectuels, souvent péj. Elever au rang de fétiche c'est-à- dire, aduler sans la moindre trace d'esprit critique. On ne peut balayer du revers de la main aucune expérience artistique conséquente. On peut encore moins dissoudre par décret celles qu'on a fétichisées. Konaté, 1987, :34.

COM.: peut être utilisé à la forme pronominale (sens passif). En tant qu'absolu, un régime politique tend toujours à se fonder totalement, à avoir toujours raison et finalement se fétichise, se sacralise. Konaté, 1987 : 164.

DER.: fétichisation*.

 

fétichisme, n.m. Usuel, (tradition), oral, écrit, tous milieux.

1- Religion africaine traditionnelle, par opposition à l'Islam, au Christianisme ou aux religions syncrétiques ; animisme*. Hormis cela tout le reste ne relève que du fétichisme. FM., 04.11.1982. Mais l'Africain traditionnel n'adore pas le bois de ses figurines -ce serait du fétichisme- il vénère l'esprit qui s'y est établi : c'est ce qu'il est convenu d'appeler l'animisme*. Gaudio /Roekeghem, 1984 : 41. La religion était un syncrétisme du fétichisme malinké et de l'Islam. Kourouma, 1990 : 20. J'ai arrêté le fétichisme vers l'âge de 14 ans, ce qui a beaucoup déçu mon père. Krol, 1994 : 144. ENCYCL.: le terme est perçu comme péj et on lui préfère 'animisme' qui est moins marqué mais que les spécialistes trouvent peu satisfaisant. L'appellation la plus neutre est : religion africaine traditionnelle.

SYN.: bossonisme*.

2- Pratique des féticheurs. Ne vous laissez pas aller à traiter de fétichisme tout ce que vous voyez. Au fond, ce mot cache tout simplement une grande ignorance car jusqu'à présent on n'a pas défini clairement ce qu'il faut entendre par fétichisme. Entendez provisoirement par là tout objet matériel auquel l'homme, par des opérations spéciales, prétend donner une influence occulte. Monteil, Lettre du 05.09.1908, BIFAN, 1968 : 616. Plus ceux de la ville font semblant de ne pas y croire, plus il y a de machinations diaboliques, de fétichismes et de maraboutages*. Arnaut, 1976 : 15. Les gens croient que par sorcellerie, magie ou fétichisme ou maraboutage*, on peut agir sur leur vie, sur leur travail et même sur leur esprit. FM., 10.02.1982. La sorcellerie et le fétichisme sont un véritable fléau social en Afrique : on meurt, on a des échecs, un couple se détruit par la sorcellerie et le fétichisme. FM., 04.02.1983. Ces propos du ministre ivoirien [.] mettaient une nouvelle fois en lumière l'importance d'une des pratiques les plus courantes sur le continent africain tant en matière de sport qu'en d'autres domaines ; le recours au fétichisme pour remporter des succès, améliorer sa position, réussir sa vie professionnelle ou sentimentale. Gaudio /Roekeghem, 1984 : 227. Pépé s'attaque au fétichisme en sport. FM., 29.11.1990.

 

fétichiste, n.m. ou  f., adj. Usuel, oral, écrit, tous milieux.

1- n.m. ou f. Surtout non-africains, généralement perçu comme péj. V. FÉTICHISME*. Adepte de la religion traditionnelle africaine, animiste*. Pour moi encore il n'y a pas de problèmes, je suis fétichiste ! Koné, 1980 : 95.

SYN.: cafre* (part.).

2- adj. Peu fréq., souvent connoté. Qui pratique le culte des ancêtres. Qui a trait au culte d'un fétiche. Les populations fétichistes croient en réalité en un Dieu Suprême, créateur de toutes choses et ordonnateur du monde. Kerharo /Bouquet, 1950-b : 26. Au cours des cérémonies fétichistes, il y a des gens qui entrent en transe. (Informateur, Abidjan, 1978)

SYN.: animiste*, cafre* (part.).

 

feu, (boire le ---- ), loc.verb. V. BOIRE*. Elle a bu le feu devant tout le monde quand il lui a dit ça. (Enseignant, Abidjan, 1987).

 

feu de brousse, n.m. Usuel, oral, écrit, tous milieux.

1- Feu spontané ou allumé par les paysans pour incendier la brousse afin de préparer le défrichement et la culture sur brûlis ou pour rabattre le gibier. Le feu de brousse donnait  lieu en ce temps là à de grandes parties de chasse. Koné, 1976 : 36. Grâce à la campagne de sensibilisation, nette régression des feux de brousse. FM., 01.01.1978. Nous sommes dans les champs, vers midi et les incendies de la plantation*, ajoutent à la chaleur : feux de brousse et fumées envahissantes. Anoma Kanié, 1978 : 69. [.] les éleveurs étant désormais attentifs à ce que leurs bouviers ne fassent pas n'importe quoi en la matière ; ils leur interdisent même, par endroit, de déclencher tout feu de brousse. Bernardet, 1986 : 37. 1982, dernière bonne année avant qu'une vague de sécheresse et de feux de brousse ne vienne frapper les campagnes [.]. David, 1986 : 53. Cessent les pluies: les herbes jaunissent, les feux de brousse s'allument un peu partout. Rémy, 1996 : 12. Le feu de brousse qui s'allume aux lisières de la savane se circonscrit, celui qui prend au milieu de la brousse* ne peut être éteint. Kourouma, 1998 : 15.

2- Par extension, incendie dévastateur de la campagne ou d'une zone habitée ayant souvent pour origine, la destruction volontaire de broussailles par le feu. Les feux de brousse qui illuminent si souvent les savanes au cours des soirées de la longue saison sèche* . Arnaud /Sournia, 1980 : 22. C'est pourtant la traditionnelle période des feux de brousse. Les herbes qui recouvrent les vastes étendues non cultivées sont à la merci du moindre tison. Les feux de brousse font rage. Même lorsqu'ils sont allumés loin des lieux d'habitations, ils restent tout de même périlleux car ils se propagent très rapidement. FM., 26.12.1980. L'ampleur des feux de brousse accidentels ou provoqués a momentanément aggravé la situation. David, 1986 : 54. C'est l'occasion de répéter ce que nous n'avons jamais cessé de dire : attention aux feux de brousse. Tierno Monenembo, 1993 : 167. Plein centre : un feu de brousse dévastateur. (titre d'article), FM., 08.02.1993. A Abengourou, les feux de brousse ont ravagé l'année dernière 4000 ha de plantations. FM.,133.05.1998. Les feux de brousse qui ravagent les plantations dans la sous-préfecture de Gbonné, continuent de provoquer horreur et désolation. Ivoir'Soir, 13/14/15.03.1998.

 

feuille (1), n.f. Spéc. (faune) . (Citharus macrolepidotus Bloch). Poisson très plat au corps ovale, de la fam. des Citharidae. Ses deux yeux sont sur le côté gauche. Seret /Opic, 1981 : 356.

 

feuille(2), n.f. Spéc,. (flore).

1- feuille à kola, (Donax daniellii G. Rob.). Plante de la fam. des Zingibéracées, très commune en zone forestière. Roberty, 1954 : 300. Oro fira est une plante communément appelée 'feuille à kola' parce qu'utilisée pour tapisser le fond des paniers qui transportent la kola*. Etienne Nugue, 1974 : 73.

ENCYCL.: ses grandes feuilles ovales et vernissées servent à protéger les noix* de cola (d'où leur nom ), à envelopper les rations d'attiéké*, à boucher les canaris*.

SYN.: feuilles d'attiéké*.

2- feuille d'attiéké, V. FEUILLE À KOLA.

 

feux rouges, n.m. V. BANA-BANA*.

 

fève, n.f. Spéc. (agriculture).

1- fève [de cacao], usuel, oral, écrit, tous milieux. Graine allongée du cacoyer, contenue dans la cabosse*. Elle ressemble à une grosse fève. Sous le préau, des claies couvertes sur lesquelles on a étendu des fèves de cacao, cafés et autres graines multiformes [.]. Anoma Kanié, 1978 : 55. La campagne 1978-1979 a porté sur 321 000 tonnes de fèves commercialisées. FM., 28.12.1979. Pourquoi les corps des victimes se trouvaient-ils précisément dans la plantation [.] avec un seau contenant des fèves?  FM., 08.01.1980. Le rotin et les bambous* nécessaires à la confection des nattes servant à sécher le café* ou les fèves de cacao,... Koné, 1980 : 14. [.] les fèves de cacao qui sèchent sur des claies [.]. FM., 10.02.1982. En l'an de crise 1987, les fèves auraient dû rapporter aux Ivoiriens près d'un milliard de dollars. Gombeaut /Moutout /Smith, 1990 : 33. Ils achetaient aux paysans [.] le cacao de petite graine et de fèves plates [.] puis le revendaient [.] aux femmes l'utilisant pour fabriquer le savon local. FM., 22.02.1993.

2- fève de Calabar, spéc. (Physostigma venenasum Balf.). Plante herbacée de la fam. des Fabacées dont les graines servent parfois de poison* d'épreuve. Les Attié se servent de la fève de calabar pilée, en applications locales, pour soigner les dermatoses parasitaires. Kerharo /Bouquet, 1950-a : 77. Roberty, 1954 : 234.

SYN.: févier* de Calabar.

3- fève d'enfer, V. POURGUERE*.

4- fève de Kandéla, V. LENTILLE* DE TERRE.

 

févier de Calabar, n.m. V. FEVE* DE CALABAR.

 

féwa, [fewa], n.m., adj. Vieilli, (tradition), (de l'akan ), sud.

1- n.m. Interdiction de célébrer des funérailles par des cérémonies ostentatoires et des pleurs lorsqu'il s'agit des trois premiers enfants décédés d'un couple, chez les Akan. Les femmes qui descendent du car fondent en larmes, elles font redoubler les pleurs malgré l'observation du féwa. ID, n° 939, 1988. On ne peut pas faire d'inhumation un mardi. Sauf pour un mort-né ou les cas de premier décès dans une famille : féwa. Ivoir'Soir, 20.04.1998.

2- n.m. et adj. Désigne la personne défunte à laquelle s'applique l'interdiction. Note 4 : Les trois premiers enfants d'une femme qui meurent sont appelés "fèwas"; ils n'ont pas droit à des funérailles et ne peuvent aller à Blôlo, le pays des morts. Ils sont condamnés à errer jusqu'à ce qu'ils se réincarnent dans un nouveau-né. M. Bandaman, 1993 :47. Florence est féwa, ses parents n'avaient pas encore perdu d'enfant. Détective, 16.03.1995.

 

fièvre, n.f. Spéc., (santé), vieilli.

1- fièvre bilieuse [hématurique], n.f. V. BILIEUSE*. [.] une fièvre bilieuse qui me mit absolument sur le flanc. Verdier, 1890 : 169. Le malade traînait depuis huit jours : une fièvre bilieuse hématurique [.]. Du Prey, 1979 : 54.

2- fièvre du débarquement, (l'appellation provient du fait que la fièvre se déclenchait souvent lors du retour en France), V. BILIEUSE*. Nom donné à la fièvre bilieuse hématoglobinurique, sorte de complication du paludisme*. L'action du froid -l'accès s'appelait encore fièvre du débarquement- lors des retours en métropole.... Rapport du Dr Delrieu, in Niamkey-Kodjo, 1991 : 139.

SYN.: bilieuse*, djékouadio* rouge, FBH*.

3- fièvre jaune, assez fréq.

a) Nom donné à tort à une maladie hépatique avec ictère et urines colorées. V. BILIEUSE*, DJEKOUADIO*. [.] La fièvre jaune, cauchemar annuel,... Tirefort, (entrevue de 1933 citée), 1974 : 125.

b) La véritable fièvre jaune ou vomito* negro (provoquée par le virus amaril transmis par Aedes aegypti et caractérisée surtout par une hépatonéphrite) est beaucoup plus grave. Après avoir autrefois provoqué des ravages, elle a pratiquement disparu de Côte-d'Ivoire. C'est la fièvre jaune qui fut fatale à Grand Bassam en tant que capitale de la Côte-d'Ivoire. Gaudio / Roekeghem, 1984 : 13. La survenue d'une épidémie de fièvre jaune implique son identification, sa déclaration officielle à l'autorité sanitaire, l'isolement des malades et des mesures de prophylaxie collective précoces (vaccinations) d'incidence internationale. Mazer /Sankalé, 1988 : 299. Un cimetière aux tombes presque enfouies dans le sable, sur lesquelles se penchaient les branches pleureuses des filaos*, rappelait naguère qu'en 1899, la ville européenne de Grand Bassam [.] fut ravagée par une épidémie de fièvre jaune. Rémy, 1996 : 129.

4- fièvres, n.f.pl. Vx. Nom donné au début de l'époque coloniale à un ensemble d'épidémies (fièvre jaune par exemple) et d'endémies dont la plus redoutable était le paludisme. Les "fièvres" touchent durement la population européenne : leur éradication devient nécessaire à l'installation d'un réseau urbain et apparaît en même temps comme la condition et la manifestation de l'ordre colonial. Antoine /Debresson /Manou-Savina, 1987 : 13.

 

figue, n.f. Spéc., (flore).

1- figue-banane, V. BANANE*-FIGUE.

2- figue rose, Vx sauf revues techniques. V BANANE* DOUCE. Banane douce* par opposition à banane-plantain*. La figue rose est une banane* grosse et courte à la peau colorée. Du Prey, 1977 : 57.

 

figuier, n.m. Spéc. (flore).

1- figuier du paradis,  V. BANANIER* PLANTAIN.

2- figuier d'Adam, V. BANANIER* PLANTAIN.

 

figure, n.f. Fréq., oral, fam., mésolecte, basilecte.

1- figure, (avoir la ---- triste), loc.verb. Avoir l'air triste, mélancolique, absent. Pendant le service, il faut rester de bonne humeur, savoir jouer avec les clients qui n'aiment pas les filles qui ont la' figure triste'. Bonnassieux, 1987 : 134.

2- figure, (fermer la ---- ), loc.verb. péj. Avoir le visage fermé, "faire la gueule". Quand je la rencontre, elle ne s'arrête pas, elle ferme la figure. Qu'est-ce qu'elle a ? (Etudiante, Abidjan, 1984). Pourquoi tu me fermes la figure aujourd'hui ? (Coiffeuse, Abidjan, 1992).

SYN.: serrer* la mine, avoir la mine serrée*.

3- figure, (serrer la ---- ), loc.verb.

a) V. FERMER LA FIGURE, fréq., péj. Avoir le visage fermé, avoir l'air fâché, "faire la tête". Quand mon beau* m'a vue, il n'a rien demandé, il voyait que j'étais fâchée parce que je serrais la figure. A. Kouadio 1983, 27. En fait ce sont les hommes qui disent ça alors qu'ils serrent la figure dès qu'on salue leur bien-aimée. Ivoir'Soir, 15/16/17.05.1998.

b) Dispon. Prendre un air décidé, prendre son courage à deux mains. Un jour, j'ai laissé* la peur et la honte, j'ai serré la figure et je lui  [: à mon père] ai dit : "Je vais partir à Abidjan." Deniel, 1991 : 24.

4- figure, (verser la ---- [de qqun] par terre), loc.verb. Faire perdre la face (à qqun), humilier, déhonorer publiquement (une personne). Perdre un match comme ça, ça verse notre figure par terre. Devant tout le pays ! (Etudiant, Abidjan, 1987).

SYN.: gâter le nom*, honnir*, minimiser*.

ANTON.: qualifier (qqun)*.

 

fikifiki, [fikifiki], n.m. Spéc., (flore)., (du bété). (Cassia fikifiki Aubr. et Pellegr.). Arbre de la fam. des Caesalpiniées, des forêts de l'ouest. Aubreville, 1959, I : 262.

 

filaire, n.f. ou m. Spéc., (santé).. Nom désignant plusieurs espèces de vers parasites provoquant des maladies graves et plus particulièrement la filaire de Médine, V. VER* DE GUINÉE. Dénommée aussi filaire de Médine, ver* de Guinée ou dragonneau*, cette filaire est transmise non plus par la piqûre d'un arthropode ailé mais par ingestion avec l'eau de boisson d'un petit crustacé, le cyclops* hébergeant les microfilaires. Marché-Marchad, 1969 : 58. Il faut enrouler le filaire sur un bâtonnet et tourner tout doucement un peu chaque jour pour éviter qu'il se casse. (Informateur, Bonoua, 1978). Dans leurs yeux vides qu'habitaient des filaires [.]. Tilliette, 1984 : 98.

COM.: fréquemment employé au masculin (vraisemblablement par attraction du mot "ver") sauf par les spécialistes.

DER.: filariose, antifilarien*.

SYN.: (part.) ver* de Guinée.

 

filao, n.m. Spéc., (flore), (du malais), assez fréq., oral, écrit, tous milieux. (Casuarina equisetifolia Forst.=C. littoralis Salisb.). Arbre moyen originaire d'Asie du Sud-Est de la fam. des Casuarinacées, aux feuilles en petites écailles le long de ramilles articulées groupées à l'extrémité des rameaux ressemblant à des aiguilles de pins. Très répandu dans les régions littorales pour la décoration des jardins en raison de sa croissance rapide. Bois de cet arbre utilisé comme bois de construction. Roberty, 1954 : 24. Alors ils s'asseyaient [.] tandis que le vent sur leur tête murmurait dans les filaos. Dadié, 1956 : 133. Les écoliers sortaient des établissements [.] longeant les palissades, s'abritant sous les cocotiers*, les amandiers* de Cayenne, les filaos,... Anoma Kanié, 1978 : 297. C'est le filao du jardin qui sert d'arbre de Noël. (Cadre, Abidjan, 1983). A l'ombre de ses filaos, de ses cocotiers*, de ses manguiers* centenaires, dans son sable fin, l'homme retrouve son équilibre moral et psychique et sa pureté originelle. [: Bassam] FM., 07/08.01.1984. C'est un chien connu de tous. Il définit le paysage au même titre que les filaos de la corniche. Tierno Monenembo, 1993 : 29. Un cimetière aux tombes presque enfouies dans le sable, sur lesquelles se penchaient les branches pleureuses des filaos rappelait naguère qu'en 1899, la ville européenne de Grand Bassam [.] fut ravagée par une épidémie de fièvre jaune*. Rémy, 1996 : 129. Après la statue Akwaba* sur la route de l'aéroport, ce sont les filaos et les eucalyptus qui prennent le relais. Ivoir'Soir, 27.05.1997.

SYN.: filaoyer* (rare et vx).

 

filaoyer, n.m. V. FILAO*.

 

filariose [lymphatique], n.f. Spéc. (santé). Affection due à un ver nématode, la filaire de Bancroft, transmise à l'homme par des moustiques femelles hématophages (anophèles, aedes,...). Les filaires adultes vivent dans les vaisseaux et les ganglions lymphatiques provoquent des obstructions et des scléroses pouvant entraîner à terme l'éléphantiasis. La filariose (affection causée par un ver parasite des régions chaudes, mince comme un fil, vivant sous la peau de divers vertébrés) [.]. FM., 17.12.1979. Mazer /Sankalé, 1988 : 300. Plus d'un milliard de personnes vivant dans 73 pays courent le risque de contracter la filariose lymphatique éléphantiasis). Ivoir'Soir, 06/07/08.02.1998.

DER.: antifilarien*.

SYN.: éléphantiasis.

 

filature, n.m. V. FILER* DU JUS. Argot zouglou, jeunes urbanisés, vulg. Action de faire l'amour. Nos reins sont fatigués / à la filature / ça va nous tuer. (Corpus zouglou Tschiggfrey, 1994).

 

filer [du jus], loc.verb. Argot zouglou, jeunes urbanisés, vulg. Faire l'amour, baiser. Quoiqu'on dise, on peut rien, alors nous on fait quoi ? On danse le zouglou* et on file les gos*. Krol, 1994 : 218. Mais faut qu'ils [: les copains qui partagent la chambre] sortent / parce que moi je dois filer du jus. (Chanson zouglou, corpus T. 1994). Tu files trop aussi hein toi / est ce que tu sais que y a  sida dans le pays. Ibid. Faut pas filer toujours / ça peut donner sida / (Chanson "Ambiance zougloutique". Groupe Les parents* du campus, corpus T., 1994).

DER.: filature*.

 

fille, n.f., adj. Assez fréq., oral, mésolecte, basilecte, plaisant chez lettrés.

1- n.f. V. FILS/FILLE*

2- adj. femelle. Tabaski* là*, tu vas payer* mouton garçon. Mouton-fille jamais ! (Boy, Abidjan, 1982).

SYN.: femme*.

3- fille deux à cinq francs, argot estudiantin, péj. Fille vulgaire. N'essayez pas, mesdames, de vous identifier à elle car elle est loin d'être vos filles deux à cinq francs. Campus lexique, 1978 : 8.

4- fille en bleu blanc, V. BLEU* BLANC.

5- fille des soeurs,vieilli, oral, écrit, mélior. Jeune fille africaine élevée dans une école ou un orphelinat tenus par des Soeurs. Et des anciens* racontent avec beaucoup d'anecdotes combien les filles des soeurs étaient côtées et recherchées en vue du mariage car elles savaient cuisiner, coudre, entretenir une maison, soigner les enfants. FM., 1101.1983.

 

film, n.m. Fréq., oral, fam., mésolecte, basilecte..

1- Cinéma, lieu où des films sont projetés. Il y a des films climatisés au Plateau mais c'est trop cher. Je vais au film à Adjamé.(Couturière, Abidjan, 1983).

LOC.: aller au film.

SYN.: écran*.

2- film, (aller au ----), loc.verb. Aller au cinéma. C'est toute une affaire pour trouver le peu d'argent qui permettra d'aller au film ou d'acheter une boisson ou des cigarettes [.]. Bonnassieux, 1987 : 186. Le samedi nuit* on va au film puis on va danser en boîte. (Etudiante, Abidjan, 1992).

3- film, (censure ton ----), V.CENSURE*.

 

fils, fille, n.m., f.

1- fils/ fille, n.m.ou f. Fréq., (tradition), oral, écrit, mélior, tous milieux. Terme de parenté qui peut désigner le fils ou la fille, mais aussi le neveu ou la nièce, voire toute personne de la génération du fils ou de la fille. "On s'arrêtera chez ma fille."-"Tu as une fille?"-" Enfin, c'est la fille de ma soeur. Elle est mariée ici." (Enseignant, Bouaké, 1978).

2- fils, (être le ---- de son père), loc.verb. Dispon., (calque de langue locale), oral, fam. L'énoncé : "tu sauras que je suis le fils de mon père", correspond à peu près à l'expression : "tu verras de quel bois je me chauffe". Fais gaffe, bonhomme, sinon tu sauras que je suis le fils de mon père. A tes dépens, tu comprendras qu'on ne rigole pas avec nous. A. Koné, 1980 : 82.

 

filtrée, n.f. Usuel, oral, fam., mésolecte. Cigarette à bout filtre. Je ne fume que des filtrées. C'est moins dangereux. (Universitaire, Abidjan, 1983).

 

fin de fin, (à la -----), loc.adv. Rare, Litt. Finalement, en définitive. en conclusion. Il n'était plus question à la fin de fin. Kourouma, 1970 : 57. Comme lorsque des Dioulas* se rencontrent dans la forêt libérienne, des salutations et des salutations, on s'est aligné des salutations kilométriques. Et à la fin des fins des salutations, Sekou nous a sorti quelque chose de merveilleux. Kourouma, 2000 : 137.

 

fini, adj ou adv. Fréq., oral, peu ou non scolarisés, basilecte, plaisant et fam. chez les lettrés.

1- Sorte d'auxiliaire d'aspect accompli. Il marque l'accomplissement, l'achèvement de l'action indiquée par le verbe qui le précède. La religion de marabout * est gâtée* finie  (en voie de disparition [par perte de bonne réputation]) ID., 05.11.1972. "Travaillé fini fini " les entend on chanter et siffler dans les ateliers. Anoma Kanié, 1978 : 193. Quand j'ai travaillé fini, je s'en va. (Maçon, Abidjan, 1982). "Patron a mangé fini?"-"Oui, tu peux desservir." (Boy, Abidjan, 1984).

SYN.: complet*(part.).

2- fini (l'argent est ---- ), loc.verb. Correspond à "l'argent fait défaut","Il n'y a plus d'argent". Mais lorsque le mois est loin* autour du 15, l'argent est souvent fini.  Bonnassieux, 1987, 134. Mais je suis resté quarante-cinq jours parce que les problèmes n'étaient pas réglés et mon argent était fini. Deniel, 1991 : 47.

 

finidol, n.f. Argot nouchi, (du nom d'un médicament contre les maux de tête), jeunes urbanisés, péj. Femme de plus de trente ans. Il breake* les finidols friquées. (Corpus T. Abidjan, 1995).

 

finir, v.intr.

1- Dispon., plutôt litt. (calque du mandenkan), écrit. En parlant d'un être humain, mourir. Rien n'arrive sans s'annoncer : la mort par les rêves, l'homme qui doit finir. Kourouma, 1970 : 161.

2- finir avec, loc.verb. Argot zouglou , oral, jeunes urbanisés

a) finir avec qqun, /avec qq chose. En finir avec qqun, tuer, faire disparaître. Il tuait / tu veux l'empêcher de faire ce qu'il veut, il finit avec toi. (Corpus T., Abidjan, 1995). Si tu me blagues*, je vais finir avec ta vie. Ibid.

b) finir avec la go, loc.verb. Coucher avec une fille. J'ai fait le blodja* et j'ai fini avec la go. (Informateur, Abidjan, 1990)

 

fissandjiri, [fisandFiri], n.m. Fréq., (tradition), (du mandenkan), nord. Arbre* à palabres. [.] et dans les touffes des manguiers*, des caïcédras*, des fissandjiris, des fromagers*, pas non plus de ces gendarmes* qui toujours existent dans les arbres des villages habités. Kourouma, 1990 : 123. [.] et les gendarmes* s'envolèrent de l'arbre à palabres*, le fissandjiri légendaire et sacré du Bolloda. Kourouma, 1990 : 121.

 

F.I.T, FIT n.m. Spéc., (abréviation usuelle de "Front intertropical"), assez fréq. Terme géographique désignant usuellement la zone de rencontre entre l'harmattan* et la mousson de sud-ouest. Le front intertropical est la limite qui sépare les masses d'air sec au nord des masses d'air humide au sud. FM, 15.12.1980. La zone de démarcation entre les deux alizés, appelée FIT (front intertropical) est une région faiblement dépressionnaire. FM., 08.02.1983. Ce phénomène planétaire qui détermine le sens des transferts méridiens d'énergie est appelé dans nos régions Front intertropical ou FIT.  F.M., 15.12.1983.

ENCYCL.: le FIT se déplace selon le mouvement apparent du soleil. Au nord du FIT, c'est le domaine de l'harmattan*, au sud celui de la mousson*.

SYN.: front intertropical, front de mousson*, zone de convergence intertropicale.

 

flamboyant, n.m. Spéc., (flore), fréq., oral, écrit, tous milieux.

1- (Delonix regia [Boj.] Daf.). Arbre ornemental, (importé depuis longtemps et souvent devenu sauvage), aux magnifiques fleurs d'un rouge éclatant. Fam des Caesalpinaciées. Roberty, 1954 : 202. Suivant une belle allée d'acacias* plantés et taillés en parasol qui se continuait par des sentiers bordés de citronniers, de flamboyants rouges et de manguiers*. Koné, 1976 : 50. Ses larges avenues bordées de flamboyants aux pétales rouges, aux fruits en forme de haricots géants. Anoma Kanié, 1978 : 82. Même les plus beaux flamboyants et les fromagers* plusieurs fois centenaires sont abattus dans la plus totale indifférence. FM.,14.03.1984. Il a été retrouvé ce matin pendu à la branche d'un flamboyant. Bréal /Karul /Salia, 1985, I : 31. Il se tenait donc matin et soir devant la boulangerie, pendant la saison des oranges ou pendant celle des mangues*, lorsque les flamboyants rayonnaient de tous feux et que l'herbe était aussi jaune que la paille des paniers. V. Tadjo, 1992 : 26. Voici le temps du flamboyant paradant sous l'éclat cardinalice d'une éruption de fleurs. J. Carlos, 1994 : 87. [.] en fin de saison sèche*, des flamboyants dont la beauté est impériale. Rémy, 1996 : 76.

COMP.: flamboyant de Madagascar.

SYN.: acacia*-flamboyant.

2- flamboyant de Madagascar, (Colvillea racemosa Boj.). Petit arbre décoratif à fleurs en longues grappes dont l'épanouissement est progressif. Roberty, 1954 : 200.

 

flash, (voir ---- ), loc.verb. Argot estudiantin, oral, fam. Lors d'un exercice intellectuel, "avoir un trou", sécher (dans un examen). J'avais caïmanté* et je savais toutes les questions et brusquement en philo, j'ai vu flash. (Lycéen, Abidjan, 1984). Ceux des candidats qui avaient vu flash peuvent remercier le feu qui a incendié le camion qui transportait les épreuves. Ivoir'Soir, 05.06.1997.

SYN.: flasher*, voir* brouillard.

 

flasher, v.intr.. Argot estudiantin ,(de l'anglais), oral, péj.

1- Ne rien comprendre, "rester sec". Je flashe toujours / l'école là c'est problème même. (Corpus T. Abidjan, 1995). Quelle est l'invention la plus utilisée dans le monde ? Posez la question à votre voisin, il va "flasher". Ivoir'Soir, 18.12.1997. Ce serait pourtant très clair pour tout le monde si le "parent*" reconnaissait avoir minimisé* l'épreuve ou tout simplement "flashé". Ivoir'Soir, 07.05.1998. On n'a pas encore donné le devoir : elle pleure!  Elle dit elle a trop flashé. (Corbineau, 2000, t.2 : 44.).

DER.: flasheur*.

SYN.: foguer*, voir flash*, voir* brouillard.

2- flasher pour qqun, v.tr ind. En pincer pour qqun, être séduit par qqun. Dans un bus, une femme de 35 ans a vu un homme de 49 ans. Elle a flashé pour le gars. Ivoir'Soir, 08.10.1997.

 

flasheur, n.m. Argot estudiantin, (hybride anglais + suffixe français), oral, péj. Cancre. Avec cette détermination du gouvernement cambodgien  : contre les fraudes aux examens] les flasheurs n'ont vraiment plus de recours. Ivoir'Soir, 13.08.1997.

 

flavéfou, n.m. Spéc. (flore). (Polyceratocarpus parviflorus Ghesquière). Arbuste de la fam. des Annonacées, aux feuilles gris bleu. Aubreville, 1953, I : 142.

 

flècher, v.tr.dir. Fréq. oral, mésolecte, basilecte. Décocher une flèche (sur qqun.), tuer à coups de flêches. Patron*, si un homme vient dans le jardin , je vais le flècher. (Gardien, Abidjan,1984). Déjà, Koyaga, vous aviez flèché et tué une panthère.[.]. Kourouma, 1998 : 22. Parce que les quelques rares personnes qui ont eu contact avec cette tribu indienne sont mortes. Elles ont été flèchées par ces inconnus. Ivoir'Soir, 11.06.1998.

 

fléguer, v.intr. Argot estudiantin, oral, fam. Rompre des relations généralement amoureuses. Sa gadi* roulait* trop, il a flégué. (Etudiant, Abidjan, 1985).

 

flèkè-flèkè, flêgué-flêgué, [flDkDflDkD] / (flDgeflDge], n.m., adj. Dispon., oral, péj. Avorton, personne malingre. Ce dernier, tout "flêgué-flêgué" comme on le dit des gens faibles, est très vite terrassé par le loubard infirme. Ivoir'Soir, 26.08.1997."Ici, les flèkè-flèkè (personne de corpulence frêle) n'ont pas leur place !" lance l'un de ces jeunes au gabarit impressionnant à qui certains voyageurs payent une certaine somme (50, 100) pour leur trouver une place assise. Ivoir'Soir, 03.02.1998.

 

fleur-oiseau, n.f. V. BEC* DE PERROQUET, HELICONIA* MAGNIFIQUE.

 

florido, n.m. V. IGNAME*.

 

fogno, n.m. V. FONIO*.

 

foguer, v. intr. Argot estudiantin, (hybride anglais" brouillard "+ suffixe franç.), oral, fam. Ne rien comprendre. En math, je fogue si tu ne m'aides pas ! (Etudiante, Abidjan, 1984).

SYN.: flasher*, voir* flash, voir brouillard*.

 

fohi, (y a ----), y a foyi, [foji], loc.verb. Dispon., (hybride français + mandenkan "zéro"), familier, oral. Rien à signaler! Ce n'est rien ! Y a rien à voir! Allez! Circulez! Y a foyi !  (Policier, Abidjan, 1992). Mais le constat est là, amer. Les déclarations ont fini par n'effrayer personne "Y a fohi" semble-t-on dire au PDCI. Evidemment après le défoulement des meetings, chacun rentre chez soi, l'air satisfait. Et c'est tout ! Téré ,07.03.1995. Chez nous ici, les élèves policiers, on les tabasse, on les insulte, on leur fait tout. Mais, y a fohi ! Ivoir'Soir, 28/29/30.11.1997. Les Russes mêmes, c'est pas la peine* quoi! Ils n'ont pas "gbass*" de boisson et puis ils boivent n'importe quoi. Nous ici, on peut boire tout : koutoukou*, tchapalo*, guiness, 66, tuborg, mais "y a fohi"! parce qu'on ne boit pas simplement. Ivoir-Soir, 04.12.1997.

 

foireur, n.m. Fréq., argot estudiantin, oral, fam., jeunes. V. GAZEUR*. Fétard, personne qui fait la foire. Ici, si tu n'es pas foireur, les gos* disent que tu es un rienard* . (Etudiant, Abidjan, 1995).

SYN.: gazeur*.

 

fois,

1- fois, (c'est [ma/ta/sa...] première fois de) + infinitif, loc.verb. Fréq., oral, écrit, mésolecte, basilecte..C'est la première fois que (je/tu/il...) + verbe. C'est notre première fois de venir à Abidjan! (émission 'Djamo-djamo', 12.04.1982, 10 h.). J'avais peur parce que c'était ma première fois de faire un exposé. (Etudiant, Abidjan, 1984). Nous avons pris le train. Comme c'était ma première fois de le voir et de monter à bord, j'ai apprécié. Deniel, 1991 : 122.

2- fois, (chaque ---- ), loc.adv. Fréq., oral, écrit, mésolecte. Souvent, de façon régulière. Si tu veux de bons résultats à l'école, il faut t'efforcer* chaque fois. (Enseignant, Abidjan, 1982). Il faut s'entraîner chaque fois pour avoir un bon orchestre. (Etudiant, Abidjan, 1993).

3- fois, (toutes les ----), loc.adv. Fréq., oral, écrit, mésolecte. Toujours. Toutes les fois, il dit qu'il va me payer or qu'*il ne veut jamais! (Tailleur, Abidjan, 1981). Elle reçoit les étudiants toutes les fois, le jeudi matin à 10 heures. (Secrétaire, Abidjan, 1982).

 

foliotocol, n.m. Spéc., (faune). (Chrysococcyx cupreus Shaw). Oiseau parasite forestier de la fam. des Cuculidae. Le mâle a les parties supérieures et la poitrine d'un vert irisé et le ventre jaune vif. La femelle est vert cuivré dessus et finement rayée de gris et de blanc dessous. Serle /Morel, 1988 : 107. Signalé (Taï). Bousquet, 1992 171.

 

folklore, n.m. Fréq., oral, écrit, tous milieux, péj. Terme qui, appliqué à toutes les cérémonies traditionnelles, est perçu comme fortement péjoratif car il en soulignerait l'aspect pittoresque et ancien sans en faire apparaître la signification profonde et toujours actuelle.Cette folklorisation de notre culture est attestée par les manuels scolaires ivoiriens. Dans l'un de ces manuels destiné aux élèves du primaire, j'ai lu ceci "Les danses folkloriques sont des danses d'autrefois, des danses traditionnelles". C'est très dangereux comme définition. Folklore = autrefois = tradition. Car il s'agit de choses encore présentes [.]. Je dis tout de suite qu'il faut absolument rejeter le mot folklore car c'est un mot péjoratif. FM., 08.04.1980.

 

folklorisation, n.m. Dispon., écrit, péj. Fait de tendre à considérer les cérémonies traditionnelles, comme des faits culturels vieillis et dont le seul intérêt est d'être pittoresques pour les touristes. Cette folklorisation de notre culture est attestée par les manuels scolaires ivoiriens. FM, 08.04.1980.

 

folklorique, n.f., adj. V. AGBAS*. Il y a encore quelques années, la mode des pagnes* était pour deux catégories de femmes : celle des paysannes ou folkloriques (la connotation est péjorative) et dans la haute sphère, cette minorité des femmes riches dont la juste fierté est d'arborer une fabrication de qualité extra. FM. 25.11.1982.

SYN.: agbass*, broussarde*.

 

folléré, n.m. V. DAH*, OSEILLE* DE GUINÉE.

 

fonctionnaire, n.m. ou f. Usuel, oral, écrit, mésolecte, basilecte, mélior. Tout salarié occupant un emploi stable, même si celui-ci relève du secteur privé. Le peuple ivoirien mythifie tellement la fonction publique qu'on appelle fonctionnaire tout salarié occupant un emploi stable même si le patron n'est pas l'Etat : tel lycéen a "un grand frère fonctionnaire chez un huissier", tel autre un "tonton fonctionnaire à la scierie". Krol, 1994 : 31.

 

fonctionner, v.intr. Assez fréq., oral, mésolecte. Avoir un emploi stable, plus particulièrement dans la fonction publique, être fonctionnaire. Lui, il fait* transport et sa femme fonctionne à Korogho. (Enseignant, Bouaké, 1983). Il y a  dix ans  que je fonctionne et c'est ma première fois* d'être insultée ! (Postière, Abidjan, 1992).

 

fondateur, n.m. Fréq., oral, écrit, tous milieux. Créateur et directeur d'une école privée laïque. Le fondateur m'a dit qu'il avait encore une place en 5ème. (Fonctionnaire, Abidjan, 1984). Les enseignants fulminent contre les fondateurs. FM., 15.10.1990. Ce secteur florissant [: l'enseignement privé] s'est développé dans les villes ivoiriennes au cours des quinze dernières années grâce à l'indigence croissante de l'enseignement public et à l'appui occulte de l'Etat aux patrons de ces écoles. On les appelle des fondateurs. Krol, 1994 : 26.

COMP.: directeur-fondateur.

 

fondé, [fTde], n.m. Spéc., (flore), (de l'abé). Terme générique désignant plusieurs petits arbres de la fam. des Annonacées : Xylopia staudii Engl ou fondé, Xylopia. parviflora Benth ou fondé des rivières, Xylopia rubescens Oliv. ou fondé des marais, Xylopia elliotii Engl.et Diels. ou fondé à petites feuilles. Aubreville, 1959, I : 134.

 

fonio, fogno, [fonjo] / [foQo], n.m. Spéc. (flore), mais fréq., (du mandenkan), oral, écrit, tous milieux. (Digitaria debilis Willd.). Graminée cultivée dont les grains, très fins, sont utilisés pour l'alimentation, consommés crus, en bouillie ou en couscous. On fabrique du to* avec de la farine de maïs, de fonio, de sorgho* ou de mil*. Binger, 1892, I : 118. Deux vieilles femmes [.] m'apportent quelques pistaches et une petite calebasse* de fonio non pilé . Binger, 1982 : 117. Roberty, 1954 : 396. [.] une voix de merle des fonios  [.] A.Kourouma, 1970 : 111. Dans le nord, l'alimentation n'est pas moins variée : igname*, maïs*, mil*, riz et fonio. Le support est ici l'huile d'arachide. FM., 03.01.1983. Le fonio cuit à la vapeur comme le couscous. FM., 04.02.1983. Récolter ces produits qui sont la base de la nourriture ivoirienne : manoc*, igname*, fonio, mil*, banane-plantain,* riz, maïs, arachide* tomate, piment, oignon, chou,... Bussang /Leblanc, 1990 : 38. Le coton, le fonio et le soja constituent les principales cultures". Démocrate, 21.04.1993. Ca* paie, repaie et en nature, du riz, du manioc*, du fonio ou en dollar américain. Kourouma, 2000 : 57.

ENCYCL.: le fonio existe aussi à l'état sauvage.

COMP.: fonio sauvage.

 

fontin, [fTtR], n.m. Spéc., (flore). (Vitex doniana Sweet.). Arbre dont les jeunes feuilles servent de légumes et dont le fruit violet entre dans la confection d'une boisson prisée des populations. Roberty, 1954 : 179.

 

footballistique, adj. Fréq., oral, écrit, tous milieux. Lié au football ; qui accorde une grande place au football ; réputé pour ses succès en matière de football. Avant la Coupe d'Afrique, notre équipe fera un stage de préparation dans un pays footballistique. C'est indispensable! (Journaliste, TV, 14.10.1992, 21 h.). L'équipe de l'Africa méritait bien [.] des congratulations de tout citoyen quel que soit le bord fooballistique dont on se réclame. Nouvel horizon, 15.01.1993. Ce qui augure que notre relève fooballistique est loin d'être assurée. Afrique Matrimoniale, 22.03.1995. C'est par l'intermédiaire d'un grand monsieur du monde footballistique [.]. Ivoir'Soir, 20.11.1997.

 

forcé, adv. V. MARIER FORCE*.

 

foresterie, n.f. Spéc., (agriculture). Ecologie forestière. En conclusion, M. S.B. a dit que la foresterie ne s'oppose pas au développement de l'agriculture [.] mais elle veut plutôt lutter contre la destruction sauvage et aveugle de l'équilibre naturel. FM., 08.02.1982.

 

forestier, n.m.

1- Fréq., oral, mésolecte, mélior. Toute personne vivant de l'exploitation du bois et non exclusivement l'agent de l'Etat responsable de la protection et de l'exploitation de la forêt domaniale. Mon frère est forestier. Il coupe les arbres dans les chantiers de l'Ouest. (Chauffeur, Abidjan, 1982). J'étais forestier du côté de Guiglo mais j'ai vendu l'exploitation il y a cinq ans. (Transporteur, Gagnoa, 1984).

2- Rare, oral, parfois péj. Appellation donnée par les populations de savanes à un membre des populations forestières du sud. Il porte des fétiches protecteurs comme un forestier. (Commerçant, Korogho, 1982).

SYN.: boussman*, broussard* (part.).

 

forêt, n.f. Spéc. (flore)..

1- forêt-cathédrale, nom donné à la forêt vierge primaire dans laquelle les arbres sont très grands et le sol presque nu. La forêt primaire ou forêt vierge ou encore forêt -cathédrale est un milieu dans la plupart des cas facile d'accès car le manque de luminosité a freiné le développement des étages inférieurs : le sol est pratiquement nu. Arnaud /Sournia, 1980 : 12.

SYN.: forêt primaire, forêt vierge.

2- forêt-fétiche, V BOIS* SACRÉ.

3- forêt sacrée, V. BOIS* SACRÉ. Chaque village a une forêt sacrée d'où part sa danse*. FM., 19.04.1982. C'est comme si un étranger s'introduisait dans la forêt sacrée d'un village sans qu'aucun rite ne soit préalablement observé. L'oeil du peuple, 08.03.1995.

 

forgeron, n.m. Spéc. (tradition). Membre, souvent craint, de la caste des artisans du métal, responsable, dans le monde traditionnel manding, d'un certain nombre d'actions à valeur hautement symbolique comme la circoncision, le constat d'un décès etc. Le forgeron africain fabrique des couteaux, des sabres, des bijoux. Et ces hommmes qui possèdent la science du feu sont à la fois craints et admirés parce qu'ils sont en contact permanent avec un élément surnaturel et démoniaque. Arnaut, 1976 : 138. La mort est considérée comme l'extinction d'un feu et c'est le forgeron, praticien du feu, qui, dès la proclamation du décès [.] l'annonce au village en battant le tamtam. Gaudio /Roekeghem, 1984 : 178. Traditionnellement, dans les sociétés à castes, le forgeron est toujours celui à qui revient la tâche de circoncire. A. Touré, 1985 : 120. Lorsque tous sont réunis le forgeron-circonciseur les ayant fait asseoir en cercle sur le sol, les opère à tour de rôle. A. Touré, 1985 : 123. Chez les Sénoufo du Nord, la danse* la plus connue est celle des Forgerons, accompagnée par de très beaux masques. Bussang /Leblanc, 1990 : 92.

ENCYCL.: en fait, c'est actuellement la désignation d'une appartenance sociale plus que celle d'un métier car le forgeron peut avoir des activités professionnelles tout autres.

COMP.: forgeron-circonciseur.

 

forme, (être en ----), loc.verb. V. EN FORME*.

 

fort, adj. Fréq. oral, fam., mésolecte, basilecte, péj. Difficile, redoutable, terrible. Là-bas, c'est fort ! Tu as supporté le froid pendant dix ans sans malaise ? Du Prey, 1979 : 38. Comment tu vas faire si y a pas l'argent ? Ah ! C'est fort l'affaire. Timité Bassori, 1986 : 13.Vraiment il est trop* fort celui-là comme disent les Ivoiriens. Krol, 1994 : 233.

 

fort, n.m. Dispon., oral, argot urbain, mélior. Toute boisson importée à fort taux d'alcool. La consommation du "fort", whisky, gin, pastis, trop coûteuse, est plus rare. Bonnassieux, 1987 : 138.

 

fou, [fu], n.m. Spéc., (flore), (de l'attié). Manilkara lacera [Baker] Dubard). Arbre de la fam. des Sapotacées, vivant sur le littoral et ayant un port de peuplier. Son bois rougeâtre est un des plus durs d'Afrique. On reconnait de loin les bouquets de fou par leurs touffes claires, vaporeuses, de feuilles roussâtres. Aubreville, 1953, III : 120.

ENCYCL.: son nom agni 'esouingouin' signifie '9 haches' parce qu'il faudrait, dit-on, briser au moins 9 haches avant de parvenir à l'abattre.

SYN.: angouaran (ébrié), esouingouin (agni), toucoupé (krou).

 

fou, (qui est ---?), loc.interr. Fréq., oral, fam. mésolecte, basilecte. V. QUI*? Expression à valeur exclamative, correspondant à peu près à : Mais qu'est ce que tu crois ? Pour qui me prends-tu ? Les gens ne sont pas idiots ! Je n'avais pas grillé le feu rouge mais -qui est fou ?- je n'ai pas discuté avec le policier. (Enseignant, Abidjan, 1983). Qui est fou pour ...cracher le sucre qui lui tombe sur la langue ? Qui est fou pour éplucher les arachides sans les goûter ? Qui est fou en effet quand une très sage pensée suggère qu'on ne vérifie pas certaines bouches*. Alors on mange* allègrement et l'on met tout en oeuvre pour manger. Ivoir'Soir, 16/17/18.01.1998.

 

fouder, v.tr. Fréq., (du verbe 'se foutre de', dépronominalisé sous la forme 'fout de'), basilecte, oral, fam., vieilli. Duper, berner. Il t'a foudé hein? (Joueur de dames, Abidjan, 1980). Je lui ai montré ma carte de l'Université, eh bien ça l'a foudé ! Il m'a dit de passer! (Universitaire, Abidjan, 1978).

 

foufou (1) n.m. Vx, (tradition), (mandenkan). Filet tressé à mailles très serrées, servant au transport des denrées. Le foufou est une sorte de filet rond tressé grossièrement en fibres d'écorces d'arbres [.] il sert à conserver et à transporter les denrées. Binger, 1892, I : 33, Ce convoi est composé de femmes et d'enfants et transporte 52 foufou de mil* (800 kgs), 9 foufou de riz (100 kgs). Ibid.

 

foufou (2), fou-fou, n'foufou, [fufu], n.m. Usuel, (tradition), (des langues akan), oral, écrit, tous milieux. Plat ivoirien à base de banane ou d'igname réduite en purée épaisse à l'aide d'un pilon court que l'on remue horizontalement en tournant. Servi sous forme de boule, il est assaisonné d'une sauce* claire et accompagne la viande ou le poisson. Il faut d'abord manger l'inévitable fou-fou avec la sauce au pili-pili* et les patates douces*, les bananes* plantin. Arnaut, 1976 : 193. Le plat national est le foutou* composé d'une boule de purée compacte faite avec de la banane* plantain de l'igname * ou encore du manioc, ou le foufou à la banane* moins finement écrasé avec du manioc, tous les deux servis avec une sauce très épicée au poisson ou à la viande. Bussang /Leblanc, 1990 : 22. Nous l'emmènerons manger le foufou de Tantie* Akissi. Tierno Monenembo, 1993 : 50. J'ai humé l'air saturé par les odeurs de foufou et de café grillé. Tierno Monenembo, 1993 : 161. Au menu, des mets ivoiriens et européens. Prix affichés 1500 f les plats africains, notamment le riz, le foufou, le foutou*,... accompagnés de sauces*. Ivoir'Soir, 14.05.1997. Elle avait préparé une sauce* claire avec de l'agouti*, une sauce* graine au poisson frais, du foutou*, du n'foufou et du riz [.]. R. Yaou, 1999 : 58.

ENCYCL.: le foufou se distingue du foutou* parce qu'il est pilé différemment.

 

fougari, n.m. V. FOU GUERI*.

 

fou guéri, fougari, [fugari], n.m. Assez fréq., (mandenkan "vaurien" revu et interprété par le français), oral, basilecte, très péj. Bon à rien, pauvre type, minable. Je ne veux plus le voir, ce faux type*, ce cacaba*, ce fou guéri !! (Vendeuse Abidjan, 1984).

SYN.: cacaba*, dawa*, en bas* de en bas, gawa*, kaya*-kaya, ouyo*-ouyo.

 

fouh, [fu], n.m. (du mandenkan), V. EPONGE* VEGETALE.

 

fouiller la sauce, loc.verb. Assez fréq., oral, fam. péj. Se mêler de ce qui ne vous regarde pas, chercher la petite bête. Mais si un garde forestier s'aventure à contrôler les maquis*, gare à lui : il fouille la sauce, dit-on de lui et le garde forestier est considéré comme un mauvais sujet, comme un gêneur. FM., 17.10.1983.

ENCYCL.: la plupart de maquis* vendent des plats confectionnés avec du gibier braconné. Le devoir des gardes forestiers est donc de vérifier quelle est l'origine des viandes proposées à la clientèle et de sanctionner la maquisarde*. D'où l'expression dans son sens littéral.

 

foulard, n.m. Usuel, oral, écrit, tous milieux.

1- foulard de cou, pièce d'étoffe que l'on noue autour du cou ; foulard. Il fait le galant* avec son foulard de cou et son abacost*. (Professeur, Korhogo, 1984). [.] d'une élégance rare pour un prisonnier, arborant  foulard de cou et pochettes? Ivoir'Soir, 25/26/27.1997.

ANTON.: foulard de tête.

2- foulard de tête, pièce d'étoffe qui, artistiquement nouée sur la chevelure, de diverses façons selon les modes, sert exclusivement de coiffure féminine. Ahou offre à Aya un beau foulard de tête. Kindo Bouabi, s.d. : 50. Attends, je vais nouer ton foulard de tête, tu  connais* pas faire! (Couturière, Abidjan, 1982). Un jour, j'ai déposé mon foulard de tête avant d'aller servir un client. Deniel, 1985 : 66. A côté des pagnes wax* et fanci*, ces dames proposent des foulards de tête. FM., 24.08.1990. .

ENCYCL.: le foulard de tête est généralement assorti au complet*-pagne et est le complément indispensable de la toilette élégante.

SYN.: mouchoir* de tête.

ANT.: foulard de cou.

 

foulosophe, n.m. Rare, Intellectuels. Philosophe des foules. Titre que s'était donné l'écrivain-philosophe ivoirien Jean-Marie Adiaffi. Déjà rongé par la maladie, le "foulosophe" (le philosophe de la multitude) commet, à la stupéfaction générale, un pensum à la gloire du Président Bédié [.]. Jeune Afrique, 23/29.11.1999.

 

foumbo, [fumbo], n.m. Spéc., (flore), (du tagwana). (Mimusops Kummel Hischst. ex A. DC.). Petit arbre des galeries forestières de la fam. des Sapotacées. Aubreville, 1959, III : 124.

 

four malgache, n.m. Dispon., oral, mésolecte. Four ouvert au charbon de bois sur lequel se prépare généralement la nourriture. La journée de travail  [: de la femme] se termine bien après la fin du jour à la lueur des fours malgaches ou des lampes à pétrole. Bussang /Leblanc, 1990 : 59.

SYN.: fourneau*.

 

fourmi, n.f. Spéc. (faune), mais assez fréq.

1- fourmi ailée, V. TERMITE*. Au commencement de l'hivernage*, les termites* qui construisent les gros tumulus se transforment en fourmis ailées [.] les villages en sont infestés. Binger, 1892, I : 199.

2- fourmi-cadavre, (Paltothyreus tarsatus). Très grosse fourmi noire vivant dans un terrier. La terre du nid de cette fourmi entre dans l'élaboration d'un certain nombre de médicaments traditionnels. Celui qui mange beaucoup de termites* ne manque pas d'avaler aussi des fourmis-cadavres. (Proverbe toura ) cité par Bearth, 1972 : 28.

ENCYCL.: quand on l'écrase, elle dégage une odeur nauséabonde d'où son nom.

3- fourmi-magnan, fourmi magnan, fourmi manian, V. MAGNAN*. Il [: le féticheur*] place ensuite pendant une demi-heure cet appareil sur le passage d'un bataillon de fourmis-magnans. Kerharo /Bouquet, 1950-b : 71. Un régiment de fourmis-magnans ne pourrait le faire décoller de son fauteuil. Arnaut, 1976 : 260. [.] des fourmis-magnans qui avaient dévoré son petit singe vert* en une nuit [.]. Du Prey, 1979 : 38. Ainsi le scorpion, le mamba* et les sauterelles fuyaient les dévoreuses fourmis magnas. Oussou-Essui, 1979 : 51. Comble de malheur, les fourmis magnans découvrirent le poulailler. Baleine, 1982 : 38. Les fourmis magnans se déplacent en colonies de plusieurs millions d'individus en colonne serrée pour les déménagements, déployée sur un front de plusieurs dizaines de mètres pour chasser. Oberlé, 1983 : 24. C'est avec des paroles douces que le mille-pattes traverse la colonne de fourmis magnans. Deniel, 1985 : 15. La garce [.] elle ne pouvait plus marcher. Les fourmis magnans, les vautours allaient en faire un festin. Kourouma, 2000 : 93.

SYN.: magnan*.

4- fourmi rouge, (Oecophylla sp.). Assez grosse fourmi rousse dont la piqûre est douloureuse. Trente jours de jeûne aussi sous le soleil [.] à récolter le café en se faisant mordre par les fourmis rouges. Koné, 1980, 56. Une seule fourmi rouge ne peut pas plier la feuille. Proverbe avikam.

ENCYCL.: elle fait son nid dans les arbres dont elle referme les feuilles en berceau.

 

fourmilier, n.m. Spéc., (faune), mais assez fréq. Terme générique désignant localement des animaux se nourrissant de fourmis et de termites : trois espèces de pangolins* et l'oryctérope*. Il convient de rejeter pour les animaux représentés en Afrique les noms employés à tort qui désignent des animaux d'Amérique. Il n'y a pas en Afrique d'édentés vrais, de fourmiliers proprement dits, de paresseux* ni de tatous*, tous animaux d'Amérique. Roure, 1962 : 38. Les oryctéropes (qui vivent exclusivement en Afrique où ils sont souvent et par erreur appelés fourmiliers [.]. Dekeyser, 1955 : 163. Haltenorth /Diller, 1985 : 116.

SYN.: cochon* de terre, oryctérope*, pangolin*.

 

fourneau, n.m. V. FOUR* MALGACHE. Un fourneau, devant une porte, crépite et lance des étincelles en tous sens. Dadié, 1956 : 215.

 

fournisseur, n.m. V. GROTTO*.

 

fourrer, v.intr. Dispon., fam., oral, mésolecte, jeunes. Mettre les pans de la chemise dans le pantalon au lieu de la porter flottante par-dessus. Pour la longueur de la chemise, il faut me dire si vous fourrez ou si vous ne fourrez pas. (Tailleur prenant des mesures, Abidjan, 1976).

 

foutou, [futu], n.m. Usuel, ((des langues akan, baoulé par ex.), oral, écrit, tous milieux.

1- Plat national ivoirien consistant en une pâte de consistance élastique, à base de banane*, d'igname*, de taro*, ou de manioc*. présenté sous forme de boule*. Ce soir, au moins, tu vas bouffer* mon foutou. Du Prey, 1979 : 25. [.] pendant que [.] sur les feux, les foutous s'apprêtent. Anoma Kanié, 1978 : 55. Ma mère [.] a rêvé qu'on a pris un mortier et qu'on a pilé du foutou. Deluz, 1978 : 213. Je suis toujours scandalisé lorsque je vois à midi juste les maisons de commerce baisser hâtivement leurs volets métalliques pour que les agents du Plateau* s'en aillent à Port Bouët, Yopougon, ou Abobo manger leur foutou quotidien. FM. 14.12.1979. Mais on se demandait en mangeant le foutou de bananes si ce n'était pas de sang humain que les morts avaient besoin. A. Koné, 1980 : 49. "Quel travail?"- "Elle pile du foutou avec moi." FM., 09.07.1982. La cuisine [.] se limite à du riz ou du foutou d'ignames*. Alland, 1984 : 64. Au menu encore le foutou banane ou manioc, longuement malaxé pour obtenir une sorte de purée qui se mange avec une sauce au beurre ou au gombo*, légume qui la rend gluante. Gaudio /Roekeghem, 1984 : 51. En ce qui concerne la Côte d'Ivoire, il a été porté à la connaissance des séminaristes* que du foutou prêt d'igname a été mis au point depuis plusieurs années. Il s'agit notamment aussi du foutou-banane, du couscous d'igname*, du placali* deshydraté, des farines instantanées de gingembre, de fruits et de légumes en boite. ID, n° 941, 1988. Quand je sors d'avoir un accès de fièvre, je n'ai pour me remettre que du foutou. Bailly, note du 02.12.1894. in Niamkey-Kodjo, 1991 : 91. Souvent on m'a demandé de préparer du foutou [.]. Chez nous c'est du domaine de la femme, un garçon ne prépare pas ça. Deniel, 1991 : 35. Recette baoulé à base de gnangnan*. Elle se déguste accompagnée du foutou d'igname*. Télé-Miroir, 02.05.1992. Christiane a préparé le foutou promis -boule de purée compacte de banane* plantain et d'igname* - avec sauce* graine*et poulet. Krol, 1994 : 71. Il n'a pas survécu à cet écoulement du ventre contracté après avoir mangé le plat de foutou que lui ont servi sa première et seconde épouse. Détective, 16.03.1995. Le foutou se compose d'une pâte en forme de boule à base d'igname*, de banane plantain* ou de manioc. Elle est arrosée de diverses sauces à l'arachide* ou à la graine* de palme dans lesquelles on cuit soit de la viande soit du poisson. Rémy, 1996 : 213. Quand il s'est installé, la serveuse lui a apporté un plat de foutou plongé dans une sauce* où nagent deux ou trois morceaux d'agouti*[.]. Ivoir'Soir, 11.11.1997. La famille de Mme L.A. adorant le foutou-banane [.]. Ivoir'Soir, 21.04.1998. Et comme [.] Victorine était fatiguée de voir Margot inonder de ses larmes le foutou qu'on lui demandait de piler [.]. R.Yaou, 1999 : 48.

ENCYCL.: le foutou diffère du foufou* par cette consistance élastique, obtenue par un pilage vertical.

COM.: on dit indifféremment foutou-banane, foutou-igname ou foutou de banane, foutou d'igname. Ils ont à leur disposition les foutou-igname et foutou-banane, le riz au poisson et autres spécialités. FM., 23.12.1974.

COMP.: foutou couché*.

2- foutou couché, dispon. oral, mésolecte et basilecte, péj. V. PAIN* COUCHE*. Foutou de la veille, reste du repas précédent. Digbeu [.] a battu sa femme qui a versé dans la poubelle son foutou couché. Ivoir'Soir, 09.09.1997.

 

foutre, (s'en ----), v. pron.

1- fous dedans !, loc.verb. Assez fréq., oral, vulg., basilecte. N'existe qu'à la forme impérative: bravo !, "Serre moi la cuillère, je te félicite !," d'accord ! "Allez, je t'emmène toucher ton argent !"-" Fous dedans !" BD Dago à Abidjan, 1973, 20.

2- foutre, (s'en ---- de qqun/ de qq chose), loc.verb. Usuel, oral, mésolecte, basilecte, fam. mais non vulg. Se foutre de qqun, de qq chose, ne pas s'intéresser à qqun, se désintéresser de qq chose. La go* m'a dindin* / je m'en fous de toi. (Chansons zouglou, corpus T. 1994). Quand l'affaire tourne mal, le soliste ou le choeur met un point final à l'histoire par un brutal "je m'en fous de toi!" appuyé par l'orchestration. Krol, 1994 : 216. Moi je m'en fous du prix. Si je ne profite pas de mon argent, ce sont d'autres [.] qui vont en jouir. Ivoir'Soir , 13.08.1997. Dès ce jour, il s'en foutra de tout ce qui adviendra désormais : il tient la Sierra Leone utile. Kourouma, 2000 : 177.

3- fout la mort, (s'en ----) n.m. et adj. Assez fréq., oral, fam., basilecte. Se dit d'une personne imprudente, qui prend des risques inconsidérés, casse-cou. Choses vues : S'en fout la mort. A t-on forcé ces deux braves travailleurs à s'installer ainsi à l'arrière de ce camion ou bien se fichent-ils tout simplement de la mort. FM., 02.02.1983. Quand tu auras fini de faire ton s'en fout la mort en ville, alors je te laisserai conduire ma moto. (Médecin, Abidjan, 1983). Vraiment ces taximans ils sont fout-la-mort! Bréal /Karul /Salia, 1985, I : 3.

 

fouya-fouya, [fujafuja], n.m. Dispon., (du mandenkan "bon à rien"), oral, basilecte, péj. Bon à rien, traine-savates, fainéant. Son mari c'est une espèce de fouya-fouya ! (Secrétaire, Abidjan, 1990). On te connaît [.] Fouya-fouya, c'est des gens comme toi qui ont foutu le pays en l'air ! Tierno Monenembo, 1993 : 65.

 

foyi (y a ----), loc.verb. V. FOHI*.

 

FPA, n.m. V. FRANÇAIS* POPULAIRE D'ABIDJAN

 

FPI, n.m. V. FRANCAIS* POPULAIRE IVOIRIEN

 

fraîche, n.f. Argot zouglou, oral, jeunes urbanisés, mélior. Petite amie d'âge tendre, tendron. / j'allais en boîte avec ma go*/ ma go / j'allais en boîte avec ma nga* / ma nga / j'allais en boîte avec ma fraîche / ma fraîche/ pour démontrer* le ngakpa-ngakpa*. (Chanson "Adjoua gazoil". Groupe Sur-choc. Corpus T., 1994).

SYN.: antilaléca*, fraîcheni*, petit* modèle.

 

fraîcheni, n.f. argot zouglou, jeunes urbanisés, péj. Prostituée fillette ou adolescente. La vieille garde de "Tanties* (25 à 60 ans) a fait place à des gamines, des adolescentes de 12 à 15 ans, recrutées dans les villages ou détournées au sein des écoles par des proxénètes cupides. Les "fraîcheni" comme on les appelle, s'établissent dans les bas quartiers et les soir, envahissent les points chauds de la ville [.]. Ivoir'Soir, 08.12.1997.

 

fraké, franké, fraquet, [frake] / [frSke], n.m. Spéc., (flore), (de l'agni) mais assez fréq., oral, écrit, tous milieux. (Terminalia superba Engl. et Diels.). Très bel arbre forestier de la fam. des Combrétacées, ressemblant au framiré* mais dont le tronc comporte quatre contreforts ailés à la base. Exploité pour son bois blanc crême, jaunissant à la lumière, léger, à bonne flottabilité, mais exigeant un traitement de protection, utilisé pour le déroulage et les contreplaqués. Certains sujets, recherchés en ébénisterie, ont une coloration brune ou bariolée à partir du coeur. Roberty, 1954 : 253. Pour les essences traditionnelles, le taux d'exploitation est en hausse pour le fromager*,+ 36 %, le fraké + 61%, le samba* + 30%. FM., 22.05.1980. La SODEFOR plante par mois à Irobo, dans la forêt classée de Mémé, 1000 hectares d'essence de valeur comme le franké, le framiré*, le niangon*, l'okoumé*, le cédréla*. FM., 31.10.1980. Ici le makoré*, claire colonne rouge-rose, voisine avec le limba* ou fraké, non moins gris que notre noyer. Conte, 1981 : 20. Le reboisement portera essentiellement sur le teck*, le tiama*, le fraké, le framiré*, le samba*, toutes essences qui pousseront entre 25 et 40 ans. FM., 20/21.11.1982.

COM.: le nom pilote de ce bois est <limba>. CTFT, 1989 : 395.

SYN.: limba, afara (angl), fé (attié), gbéhi (gouro), kobaté (yakouba), sahain (wobé), solo (bété), tra (baoulé).

 

framiré, [framire], n.m. Spéc., flore), (de l'agni), mais assez fréq., oral, écrit, tous milieux. (Terminalia ivorensis A. Chev.). Arbre de la zone forestière à croissance rapide de la fam. des Combrétacées. Exploité pour son bois secondaire, jaune paille brillant, tendre et léger, à bonne flottabilité, mais à traitement de protection nécessaire, utilisé pour le déroulage et les contreplaqués. Le framiré est un très bel arbre de forêt [.] intensément exploité en Côte d'Ivoire pour son bois jaune paille assez léger et très souvent moiré. Kerharo /Bouquet, 1950 a : 46. Roberty, 1954 : 253. En Côte-d'Ivoire, le framiré est disséminé dans toutes les forêts denses humides primaires, sempervirentes ou demi-décidues, mais à la faveur des déboisements culturaux, il est parfois très abondant dans les forêts secondaires. Aubreville, 1959, III : 69. Si l'on examine la classification par essences, deux d'entre elles arrivent largement en tête : le teck* avec 88 776 ha et le framiré avec 5 255 ha. Languellier, 1977 : 36.

ENCYCL.: son tronc peut atteindre 1,50 m. de diamètre. Il est reconnaissable à ses branches nettement étalées et étagées.

COM.: « framiré » est le nom pilote de ce bois. CTFT, 1989 : 395.

DER.: koframiré*.

SYN.: idigbo (angl.), banidi (yakouba), blié (wobé), boti (abé), n'dagobrohia (ébrié).

 

franc CFA, n.m. V. CFA*. La monnaie en cours en Côte-d'Ivoire est le franc CFA [.]. Le franc français vaut 100 f CFA. Rémy, 1996 : 205.

 

français, n.m. Entre dans la composition d'un certain nombre de locutions.

1- français de Dago, V. FRANÇAIS POPULAIRE D'ABIDJAN Fréq., oral, écrit, tous milieux. Désignation du pastiche du français populaire d'Abidjan utilisé comme parler du héros d'une bande dessinée très connue "Dago à Abidjan".

2- français de Moussa, français Moussa, V. FRANÇAIS POPULAIRE D'ABIDJAN, Fréq., (du nom du héros d'une chronique humoristique de l'hebdomadaire défunt "Ivoire-Dimanche"), oral, tous milieux. Désignation usuelle du français populaire d'Abidjan sous sa forme stéréotypée. Bras croisés, le regard fuyant, c'est un garçon apparemment timide qui essaie dans son français de Moussa, de répondre aux questions de l'important Président. FM., 08.08.1980. Le '"parler Moussa" a ses adeptes et ses détracteurs et périodiquement, des polémiques s'engagent sur le bien fondé de laisser se répandre le "français Moussa" dans le pays. Gaudio / Roekeghem, 1984 : 131. [.] la première langue commune à tous les Ivoiriens est bien le "français de Moussa", ce pidgin qui n'a pas encore trouvé son nom définitif mais qui -n'en doutons pas- réussira bien un jour à se faire admettre dans l'univers des langues respectables. David, 1986 : 175. Il [: le dioula*] se distingue du français populaire ivoirien qu'Alpha exploite surtout lors de ses spectacles pour introduire ses chansons. Nul doute cependant que ce français dit de Moussa ou de Dago, compte-tenu même du lieu d'émergence et d'insertion de l'homme, connaîtra son heure de gloire. Y. Konaté, 1987 : 151. "Donne-moi bière là*, non je veux pas sucrerie*" , C'est quoi ça?[.]. Ce n'est qu'un tout petit début, plus proche du français de Moussa que du nouchi*, qui est bien plus complexe, mais peu à peu on fait des progrès. Krol, 1994 : 210. Ce français standard n'est-il pas en déphasage avec l'univers du maquis* où l'on parle plutôt le français de Moussa ou le nouchi*? Ivoir'Soir, 25.03.1998.

ENCYCL.: en fait, si pour la plupart des Ivoiriens la distinction entre variété naturelle et pastiche n'est pas perçue, pour les linguistes, le français de Moussa est essentiellement la représentation stéréotypée du français populaire d'Abidjan tel que le perçoivent les intellectuels qui ne l'ont pas comme forme usuelle d'expression et donc tel qu'ils le représentent, notamment à l'écrit.

3- français de Treichville, V. FRANÇAIS POPULAIRE D'ABIDJAN, Fréq., oral, écrit, fam. Désignation du FPA* par le nom d'un quartier populaire d'Abidjan très peuplé et très commerçant où cette variété est largement utilisée. Des appellations diverses ont été avancées [.] petit* français, français de Treichville  (du nom d'un des quartiers populaires et populeux d'Abidjan) [.]. Mel Gnamba, Kouadio Nguessan, 1990 : 52.

4- français des rues, appellation plus récente (1990) donnée parfois à la variété de français mêlée d'argot nouchi* ou zouglou, usitée particulièrement par les jeunes urbanisés des quartiers populaires d'Abidjan. V. NOUCHI*.

5- français-façon, V. FRANÇAIS POPULAIRE D'ABIDJAN, Fréq., oral, fam., péj. Appellation péjorative désignant, par un trait lexical spécifique de cette variété, (V. FAÇON*) le français populaire d'Abidjan. Les conversations vont bon train en "français façon" ou dans les langues régionales. Bonnassieux, 1987 : 132. Le langage des gestes, de la musique et des chants est familier à tout le monde, qu'il s'agisse d'immigrés de fraîche date sachant à peine s'exprimer en français-façon ou d'habitués de la vie abidjanaise [.]. Bonnassieux, 1987 : 141.

6- français maquis, V. FRANÇAIS POPULAIRE D'ABIDJAN, Dispon., oral, fam., basilecte. Désignation du français populaire d'Abidjan par un des lieux familiers où il est usité par le petit peuple ivoirien. Français moussa-français maquis (titre d'un article de Diégou Bailly in Littérature de Côte d'Ivoire, 1987 : 80.)

7- français populaire d'Abidjan, FPA. V. FRANCAIS FACON, FRANÇAIS POPULAIRE IVOIRIEN, FRANÇAIS DE MOUSSA, FPI. Appellation donnée par les linguistes à la variété véhiculaire de français utilisée par le groupe social très hétérogène des peu ou non scolarisés vivant en milieu urbain. [.] une truculence et un art du récit propres au français populaire ivoirien. Konaté, 1987 : 108. Sur le français de Moussa, le FPA ou le FPI, on ne compte plus, à l'heure actuelle, les monographies et autres articles de journaux et revues, voire les prises de position plus ou moins passionnées d'intellectuels. Mel Gnamba, Kouadio N'Guessan, 1990 : 52. On sait en particulier que le français populaire ivoirien (FPI) ou le français de Moussa est, du point de vue sociolinguistique, un pidgin né de l'effort d'appropriation de la langue française - langue officielle, langue de l'administration, des affaires, de l'enseignement, donc seule langue de promotion sociale individuelle-  par des populations peu ou pas lettrées. Ibid. : 53. Le voyageur atterrissant à Abidjan a la surprise de ne pas entendre parler une langue africaine [.] mais un français bien particulier, le français populaire d'Abidjan, qu'il aura peut-être de la difficulté à comprendre. Jeune Afrique, 24/30.07.1996 : 94. [.] le villageois débarquant à Abidjan a besoin du français pour se débrouiller et trouver du travail. Le français d'Abidjan est donc en train de devenir une véritable langue africaine. Ibid.

ENCYCL.: l'immigration africaine est importante en Côte-d'Ivoire, et le français, même très rudimentaire constitue, pour l'instant, le principal moyen d'accès à la communication interethnique, au monde du travail et à la promotion sociale. Il s'agit donc d'une variété présentant, en l'état actuel, des traits de pidginisation et quelques processus de créolisation. Cette variété semble cependant, de plus en plus utilisée par les plus âgés des analphabètes non urbanisés. La variété populaire urbaine contemporaine ou français des rues, en pleine évolution, est, elle, nettement marquée par l'argot nouchi*, même si sa syntaxe reste proche de celle du français populaire d'Abidjan.

SYN.: français de Dago, français de Moussa, français de Treichville, français-façon , français-maquis, FPI, FPA. petit français.

9- français populaire ivoirien, FPI, V. FRANCAIS POPULAIRE D'ABIDJAN. Le français populaire ivoirien, même s'il reste combattu par de nombreux pédagogues, est devenu un élément de l'identité nationale. Jeune Afrique, 24/30.07.1996 : 94.

10- français tirailleur, français-tiraillou, vx. Sorte de sabir franco-africain (surtout français /manden*) utilisé dès l'époque coloniale par les militaires africains de l'armée française (tirailleurs sénégalais), parler appris sur le tas et correspondant à une communication minimale face à face. A l'époque, les anciens combattants qui parlaient le français-tirailleur, étaient souvent des notables dans leur village. (Informateur, Sikasso, 1980)

SYN.: forofifon-naspa. (rare, vx)

ENCYCL.: certains voient dans ce parler l'ancêtre de formes contemporaines plus évoluées comme le français populaire de Côte d'Ivoire.

11- français-tiraillou, V. FRANÇAIS-TIRAILLEUR. Moi je parle français-toubabou*, pas français-tiraillou. J'ai fréquenté* les bancs. (Gardien, Abidjan, 1977).

12- français-toubab, français-toubabou, Fréq., (composé hybride à partir du  wolof "toubab ou du mandenkan "toubabou" :"Européen, blanc"), mésolecte, basilecte, mélior. Bon français. Variété de français enseignée à l'école et parlée par les personnes instruites par opposition aux variétés populaires et véhiculaires de français utilisées localement par les peu ou non scolarisés. (V. FRANÇAIS DE MOUSSA, FPI). Avec français Moussa, tu peux manger travailler, avec français-toubabou, tu peux tout ! (Corpus Lescutier, 1979).

SYN.: français de France, français de l'école, gros français.

13- faux français, V. FAUX* FRANCAIS.

14- français (gros ----), gros gros français, V. GROS*- FRANÇAIS. français châtié, français à mots ronflants.Sauf combine ou gros gros français des avocats de l'Etat, ce type doit logiquement gagner son procès. Ivoir'Soir, 04.08.1997.

15- français, (il faut parler ----), loc.verb. V. PARLER* FRANCAIS, FAIS*-NOUS FAIS.

16- français (petit ----), V. FRANCAIS POPULAIRE D'ABIDJAN.

 

France, (de ---- ), loc.adj. Encore fréq. mais vieilli. Importé de France ou d'Europe ou de n'importe quel pays occidental. Par extension, d'excellente qualité. Se dit essentiellement pour des produits de consommation courante: fruits, légumes, conserves, vêtements, tissus. "Il est bon le café?"-"Y a café de France seulement , patron*. (Serveuse d'un maquis, Abidjan, 1983).

 

France au revoir, n.f. Fréq., (apparu 1995), oral surtout, plaisant, tous milieux. Véhicule d'occasion importé de France et revendu sur le marché ivoirien. Les France au revoir qui nous enfument,... Ivoir'Soir, 13.11.1997. De fait c'est aux véhicules importés d'Europe et communément appelés "France au revoir" que l'on doit cette entrée massives d'"occases" sur le marché. Ivoir'Soir, 19.03.1998. Côte d'Ivoire : la guerre aux France au revoir. (titre d'article, Jeune Afrique, 04/10 08.1998 : 48. D'avril 1996 à novembre 1997, plus de 34 000 "occases" appelées ici "France au revoir" sont entrées sur le territoire ivoirien. Ibid.

SYN.: Europe au revoir, occase*.

 

franc, n.m. Fréq., oral, écrit, tous milieux.

1- franc CFA, FCFA, V. CFA*. Les colporteuses de luxe n'ont toutefois aucune commune mesure avec les Nana Benz*, ces puissantes commerçantes togolaises qui tiennent leur nom de leur penchant pour les luxueuses Mercedes Benz et qui pèsent plusieurs milliards de francs CFA. FM., 10.02.1993.

2- franc métro, unité monétaire française (antérieure à l'euro) par opposition au franc CFA. A l'hôtel vous pouvez changer vos francs-métro en CFA*. (Réceptionniste, Abidjan, 1982).

ENCYCL.: Jusqu'à la dévaluation du franc CFA de janvier 1994, le franc métro valait 200 f CFA. Ensuite il a valu 100 f CFA avant d'être remplacé par l'euro en janvier 2001.

ANTON.: CFA*, franc CFA.

 

franco-toubab, n.m., adj. Dispon., (hybride du français franco- et du wolof "blanc"), oral, écrit, plaisant.

1- n.m. Français métropolitain. Il paraît donc que le désir sexuel des Franco-Toubabs est en panne. Ivoir'Soir, 04.09.1997.

2- adj. Français de l'hexagone. Concentration maximale sur fond d'ambiance électorale, j'ai cavalé d'une urne à l'autre pour découvrir sous un autre angle le peuple franco-toubab ! Ivoir'Soir, 11.06.1997. [.] le combat qui oppose les poids lourds de la politique franco-toubab. Ivoir'Soir, 28.05.1998.

 

francolin, n.m. Spéc., (faune). Terme générique rassemblant plusieurs espèces d'oiseaux terrestres de la fam. des Phasianidae, à la silhouette ronde et robuste, à la queue tombante et au plumage peu contrasté. On distingue localement le francolin commun (Francolinus bicalcaratus Linn.), répandu partout sauf en forêt dense ; le francolin à gorge blanche (Francolinus albogularis Hartlaub), qui ressemble à une grosse caille ; le francolin d'Ahanta (Francolinus ahantensis Temminck), au cri sonore et aux pattes rouges et le francolin de Latham (Francolinus lathami Hartlaub), strictement forestier. En lisière de forêt, on rencontre des pintades, des perroquets gris et verts, des francolins. Oberlé, 1983 : 28. Serle /Morel, 1988 : 54-56. Francolin d'Ahanta et francolin de Latham signalés à TaÏ, francolin commun (Comoé, Marahoué). Bousquet, 1992 : 171.

 

frangipanier, n.m. Spéc, (flore). Terme générique désignant deux variétés de la même plante ornementale de la fam. des Apocynacées, originaire de l'Amérique tropicale : le frangipanier blanc (Plumeria acuminata Ait.) et le frangipanier rouge (Plumeria rubra Linn.). Aubreville, 1953, III : 190.

 

FRAR, sigle, n.m. Usuel, (agriculture, administration), écrit. Fond Régional d'Aménagement Rural servant à financer les projets de développement agricole de ce qui devrait devenir des communes rurales. Leur participation [: celle des villageois] au niveau des fonds régionaux d'aménagement ruraux (FRAR) sera alors mieux appréciées par eux. FM., 31.03.1980. Les FRAR de leur côté, ont permis de réaliser plusieurs infrastructures économiques et sociales. FM., 08.05.1980. Les Fonds Régionaux d'Aménagement Rural (FRAR) constituent un programme d'équipement rural institué par le plan quiquennal 1971-1975. Depuis 1974, 6,9 milliards ont été investis dans les FRAR, représentant 2 360 projets. FM., 30.01.1981. Certes, il n'y a pas encore dans le pays de communes vraiment rurales, mais on passe par le biais des "groupements à vocation coopérative "GVC*, préludes aux coopératives elles-mêmes et des "fonds régionaux d"aménagement rural" FRAR où s'opère l'articulation des apports techniques de l'Etat avec les apports financiers (même partiels ou symboliques) des collectivités concernées. David, 1986, 60. Cette mission a été concédée aux populations locales aidées cependant par l'Etat à travers les FRAR. FM., 01.10.1990

 

fraternité de case, n.f. Spéc. (tradition). Lien social et affectif unissant les jeunes gens qui ont été circoncis ensemble. Avoir été circoncis ensemble crée des liens particulièrement valorisés au plan social. Et la fraternité qui s'ensuit [.] qu'il a été convenu d'appeler "fraternité de case" a toujours été reconnue comme indéfectible. A. Touré, 1985 : 123.

 

frèdes, n.m. V. FRÈRE* DE SANG.

 

fréquent, adj. Assez fréq., oral, lettrés surtout. Assidu, souvent présent. Mme [.], vous la connaissez bien? Elle est fréquente chez vous, on dirait. (Officier, Abidjan, 1983). Je ne pourrai pas être fréquente à vos cours parce que je travaille à Adzopé. (Lettre, Etudiante, 1983).

 

fréquenter, fréquenter les bancs, v.intr. V. BANCS*. Je n'ai jamais fréquenté les bancs. FM., 30.12.1983. Quand les élèves "fréquentent" dans un autre quartier, les parents doivent leur donner quelques pièces pour qu'à midi ils achètent un morceau de pain ou de banane grillée. Bonnassieux, 1987 : 175. Il a confié les enfants qui allaient à l'école à un frère* employé au port de pêche pour qu'ils continuent à fréquenter jusqu'à la fin de l'année. Bonnassieux, 1987 : 196. Quand il était petit, mon père lui a demandé où il voulait fréquenter. Il a choisi l'école coranique pour faire comme les autres. Krol, 1994 : 89. Mais fréquenter jusqu'à cours élémentaire deux n'est pas forcément autonome et mirifique. On connaît un peu mais pas assez. Kourouma, 2000 : 10.

 

frère, n.m. Fréq., oral, écrit, tous milieux.

1- Terme d'adresse utilisé envers toute personne de race noire avec laquelle le locuteur, africain lui-même, désire se montrer amical et ouvert. Brakotto ne sait que dire tant les propos de l'étranger le surprennent -"Mon frère...je ne comprends pas... je ne te connais pas." Kindo Bouabi, s.d. : 15. Roger, précédant Adou, s'avança vers un groupe de pater familias qui visiblement arrivaient tout droit de leurs plantations- [.]"Mes frères, ça va ?"  Du Prey, 1979 : 37. Ah ! frère, là, tu as eu l'idée de l'année. FM., 16/17.01.1982.

ENCYCL.: l'accent est mis ici essentiellement sur ce qui doit unir les interlocuteurs, effaçant les distances sociales qui pourraient éventuellement les séparer.

2- Outre le frère par consanguinité, le terme désigne le cousin, et par extension tout individu mâle de la même famille appartenant à la même génération que tel autre. La parenté classificatoire repose sur le principe selon lequel tous les membres d'une génération, au sein d'un groupe déterminé, sont considérés comme des "frères" et des "soeurs", quel que soit leur lien de parenté réel. De ce fait, tous les individus de la génération d'un aïeul sont appelés "grands-pères" ou "grands-mères", tous ceux de la génération du père et de la mère assimilés à ceux-ci, tous ceux de la génération inférieure assimilés à des "fils*" ou des "filles*", etc. Un même individu peut ainsi posséder des dizaines et des centaines de "pères", de "frères" ou de "fils". Nicolas, G., 1970 : 58.

ENCYCL.: le terme de parenté est extrêmement large et imprécis en raison de la parenté classificatoire variable d'une ethnie à une autre.

COMP.: frère classificatoire, frère de plaisanterie, frère de sang, frère même mère, frère même père, frère même père même mère, frère toukpè

3- Peut désigner une personne avec laquelle on n'a pas d'autre lien que le lieu d'origine, soit au sens étroit : ville, village, voire quartier, soit au sens large : région, pays., voire même la profession ou le titre. Cela peut même être une simple dénomination amicale. ll n'y a presque rien chez moi, mais il y a toujours quelque chose, un petit fond pour les frères. Anoma Kanié, 1978 : 12. La cour n'était pas vide. Adou y voyait distinctement la masse anonyme de ses frères rassemblés pour le tirer d'affaire d'un élan unanime. Du Prey, 1979 : 180. Il l'appelait petit frère parce que tous deux venaient du même village. A. Koné, 1980 : 31. Y. N., en réalité, n'est pas le frère juridiquement parlant de K.B. Ce sont deux amis et compatriotes. FM., 15.02.1983. Je voudrais vous parler de la rentrée scolaire [.] après concertation avec notre collègue et frère responsable de l'Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle. FM., 17.10.1983. Je cherche travail avec un Blanc, parce que nos frères Noirs ils ne paient pas normalement. A.Touré, 1985 : 66. Issa reçoit assez souvent la visite de frères de son ethnie. Bonnassieux, 1987 : 66. Une aide aux frères chômeurs pour [.] alléger leurs problèmes personnels. FM., 25.09.1987. Vers ces années-là un frère de même village que moi m'a trouvé une place de boy. Deniel, 1991 : 156. Il est avec d'autres gardiens de chantier, des boys* et des jardiniers, ses "cons de frères" comme il dit. En règle générale, ils sont tous Voltaïques. Tierno Monenembo, 1993 : 24. [.] l'orpaillage reste l'affaire des frères venus du Mali ou de Guinée. FM., 13/14.02.1993.

COMP.: frère-pays, grand frère, petit frère.

SYN.: covillageois*.

4- frère classificatoire, spéc. (sociologie). Par rapport à un individu donné tout autre individu mâle appartenant à la même génération* que lui dans une communauté donnée. Que, par double malchance, il  [: le déserteur] soit  sans cousin, alors son chef de cour* méritera cinq coups, les oncles, cinq coups supplémentaires, chaque chef de clan du village, vingt coups et un des frères classificatoires le remplacera. Kourouma, 1990 : 63.

5- frère de plaisanterie, personne liée à une autre (de famille ou d'ethnie différente) par la parenté* à plaisanterie, ce qui lui interdit toute querelle avec cette personne et l'autorise au contraire à la railler sans aucun ménagement. Je suis du clan des Soumaré, les frères de plaisanterie des Keïta et en raison du pacte qui nous lie depuis des temps immémoriaux, je ne peux te faire du mal. Kourouma, 1990 : 36. Comme tous les rois malinké, j'avais parmi mes suivants un frère de plaisanterie contre lequel la tradition m'interdisait de sévir, qui pouvait sans être inquiété me critiquer, me contredire, me dire toutes les vérités désagréables. Ibid., 1990 : 176.

6- frère de sang, argot nouchi, oral, jeunes. Frère consanguin, par extension, appellation que se donnent entre eux les membres d'une association secrète, "pote". Chez nous, la terminologie de la parenté ne se limite pas à la seule famille biologique. Elle s'étend de la parenté à plaisanterie, à la parenté spirituelle, à la parenté économique. En effet de même qu'il est question de frère de sang, de frère toukpè, de frère en Christ, on peut désormais parler de soeurs en crédit. FM., 10.02.1993. Frère de sang, ne mets pas les sciences ! (: Mon pote, ne déconne pas !, Informateur, Abidjan, 1990).

ENCYCL.: ainsi, par exemple, s'appellent entre eux les membres de bandes organisées dans la délinquance

SYN.: bras droit*, bra mogo*, frèdes*, sanguin*.

7- frère même mère, usuel., tous milieux. Frère utérin. C'est mon frère même mère. Ma mère a divorcé mon père puis elle a marié son père. (Boy, Abidjan, 1983).

COM.: "demi frère" n'est guère utilisé que par les intellectuels.

8- frère [de] même père, usuel, tous milieux. Frère consanguin. [.] puis je suis venu à Abidjan chez un frère de même père [.]. Deniel, 1991 : 45. Nous sommes huit frères même père et je suis le plus petit. (Etudiant, Abidjan, 1982).

COM.:" demi-frère" n'est guère utilisé que par les intellectuels.

9- frère même père même mère, Usuel, tous milieux. Frère germain (relation de parenté selon la conception occidentale). Moi, ton frère même père même mère, tu m'accuses. Moi qui t'ai élevé, tu m'accuses devant mes enfants? Bolli, 1977 : 73. Adou ne cherche pas lequel parmi eux pouvait être François, son vrai frère, de même père et de même mère. Du Prey, 1979 : 23. Non, Kouassi, c'est pas pareil. Lui c'est mon frère même père même mère. N'Guessan c'est même père seulement. (Secrétaire, Abidjan, 1984). Entre-temps, il avait embauché à son atelier deux de mes petits frères "même père même mère" et ce sont eux qui m'ont aidé à vivre pendant ma convalescence. Deniel, 1991 : 83. Tous ses frères "même père, même mère" sont Ivoiriens. "Vous comprenez? On est né d'une même famille. Parce que je me suis installé à l'autre bout du village, je suis devenu Ghanéen, c'est-à-dire étranger à mes frères". Ivoir'Soir, 11.02.1998.

10- frère-pays, fréq., oral, fam. mésolecte. Personne de sexe mâle appartenant à la même génération qu'un individu donné et originaire du même lieu (village, ethnie, région). V. BRAMOGO*, BRAS* Danser, les frères-pays adorent ça. Tierno Monenembo, 1993 : 13. [: il s'agit du groupe des Guinéens immigrés en CI] Et je n'avais aucune raison de me méfier d'un frère-pays [.]. Ibid. : 91

11- frère toukpè, V. FRÈRE DE SANG*.

12- frère, (grand ----), usuel, oral, écrit, tous milieux. Frère aîné (quels que soient son âge et celui du frère cadet). Par extension également, cousin plus âgé mais aussi aîné, en âge ou sous l'angle du statut social, sans qu'il y ait lien de parenté. Si quelqu'un doit répondre, c'est moi son grand-frère. Du Prey, 1979 : 57. Le lendemain, Adou se présenta au Ministère, contrit, prêt à accepter la semonce de son ministre qui lui parlerait sûrement en grand-frère. Du Prey, 1979 : 171. A Abidjan, comme les parents du village sont loin, c'est en général le grand frère qui tient le rôle du père, de l'oncle, fait remarquer Alassane. Bonnassieux, 1987 : 167.

ANTON.: petit-frère.

13- frère, (petit -----), usuel, oral, écrit, tous milieux. Frère cadet, consanguin ou utérin, par extension, parent plus jeune de la même génération, ami plus jeune mais aussi personne qui peut être du même âge voire plus âgée mais occupe une moindre position sociale et avec laquelle ou peut n'avoir aucune relation de parenté. Un, deux puis d'autres contemporains d'Adou s'approchèrent et se firent reconnaître. Adou n'avait pas changé pour ses 'petits frères' avec qui il avait couru, chassé et maraudé. Du Prey, 1979 : 38. [: Adou est devenu médecin tandis que ses amis d'enfance sont des cultivateurs]. Trois des petits-frères de l'aéroport jouaient aux dames. Du Prey, 1979 : 69. [: Il s'agit de douaniers]. Il l'appellait petit-frère parce que tous deux venaient du même village. A. Koné, 1980, : 31. S'il y a des problèmes dans la famille, par exemple si le petit frère se conduit mal avec son épouse, la frappe, les parents de la femme peuvent convoquer le grand frère, lui faire des reproches. Comme son cadet a mal agi, certains diront que c'est parce que le grand frère ne l'a pas suffisamment conseillé. Bonnassieux, 1987 : 167.

 

frigolo, n.m. Fréq., (du nom d'une marque de glace locale), oral, fam., tous milieux abidjanais. Glace confectionnée à partir d'eau additionnée de sirop. Les jeunes vendeurs de frigolos parcourent plus de 50 km par jour pour desservir des villages. FM., 17.03.1980. Un vendeur de frigolo poignardé. (titre d'article) FM., 24.08.1990. Donne moi 10 francs pour payer* frigolo. J'ai trop chaud ! (Ecolier, Abidjan, 1991). Ainsi, à Angré, Mme K. se décide à vendre du gnamamkoudji* et du frigolo. Démocrate, 15.02.1993. Avec ta gueule de frigolo fondant au soleil, on voit quel feu tu es capable d'allumer dans les tripes d'une nana professionnelle. Adé Adiaffi, 2000 : 58.

SYN.: apollo* glacé, bonbon* glacé, glaçon*.

 

fringué(e), n.m.ou f. Assez fréq. fam. oral, plutôt péj. Personne endimanchée, sur son trente et un. Au fringué* qui va danser : [.] on dirait Bouki* mal cravaté* qui va pour la première fois au bal. Bolli 1977 : 14. Qui c'est ce fringué qui est ensemble avec* toi? (Etudiante, Abidjan, 1984).

 

fringuer, v.intr. Assez fréq., fam., oral, basilecte. Mettre de beaux habits, se vêtir élégamment. C'est rien 20 000F par mois pour fringuer. FM., 29.10.1980. Tu as vu comme les filles fringuent à Abidjan ? (Etudiant, Abidjan, 1984). Les femmes qui fringuent en vêtements masculins ont aussi leurs admirateurs. FM., 01/02.12.1990. [.] les jeunes filles et les femmes qui fringuent en homme [.]. Ibid.

 

friqué, adj. Assez fréq., fam., oral. Riche, qui a beaucoup d'argent. [.] les petits jeunes pleins d'ardeur mais sans le sou, n'ayant à offrir qu'amour et eau fraîche, n'ont pas facilement ... l'oreille des belles quand tant de quinqua- et sexagénaires "friqués" sont là pour leur faire miroiter les quatre V* (vacances, virements, villa, voiture),... David, 1986 : 158. Débats d'intellectuels "friqués" qui n'ont certainement pas passionné les planteurs* de Mbahiakro et de Gohitafla,... David, 1986 : 187. Cocody, c'est le quartier des gens friqués. (Etudiant, Abidjan, 1999).

 

frite d'igname, n.m., Fréq., (alimentation), oral, écrit, tous milieux. Localement, on distingue les "frites", constituées à partir de pommes de terre et les "frites d'igname", préparation culinaire identique mais élaborée à partir d'igname. Dans les restaurants, il est de plus en plus proposé des frites d'igname à la place de pommes de terre importées. Rémy, 1996 : 67.

 

friture, n.f. Spéc., (faune).

1- friture, (Brachydeuterus auritus Valenciennes). Petit poisson côtier de la fam. des Pomadasyidae à la saveur appréciée mais qui s'altère facilement. Bien que pouvant atteindre 24 cm., la taille moyenne de ce poisson à Abidjan est de l'ordre de 10 cm. d'où son nom de 'friture'. Aldrin /Brégeat /Noyer, 1972 : 48. Seret /Opic, 1981 : 210.

COMP.: friture à barbe, friture argentée, friture blanche, friture-moustache.

SYN.: friture à écailles, loko* loko, pelon.

2- friture à barbe, V. FRITURE-MOUSTACHE*.

3- friture argentée, (Eucinostomus melanopterus Bleeker). Petit poisson côtier et lagunaire de la fam. des Gerridae, très souvent confondu pour la vente avec la friture*. Aldrin /Brégeat /Noyer, 1972 : 49.

SYN.: emlé (de l'ébrié), ngoissan (du nzéma)), nou poussiva (de l'alladian).

4- friture blanche, (Pteroscion peli Bleeker). Petit poisson de fond côtier de la fam. des Sciaenidae. Aldrin /Bregeat /Noyer, 1972 : 58. "Ne pas confondre cette friture blanche avec le pelon* ni avec la friture argentée*". Seret /Opic, 1981 : 268.

5- friture à écailles, V. FRITURE*. Nom donné par les Européens au Brachydeuterus auritus Valenciennes également appelé lokoloko* sur les marchés d'Abidjan. Aldrin /Brégeat /Noyer, 1972 : 48.

6- friture-moustache, n.m. ou f. V. CAPITAINE*-MOUSTACHE. (Pentanemus quinquarius Linn.). Petit poisson côtier à museau court, de la fam. des Polynemidae, ayant cinq filaments libres très longs dont deux dépassent nettement la longueur de son corps, d'où son nom. Aldrin /Brégeat /Noyer, 1972 : 40. Seret /Opic, 1981 : 298.

SYN.: capitaine*-moustache, friture à barbe, moustache*.

 

froidir son coeur, loc.verb. V. COEUR*.

 

frolo-frolo, [frolofrolo],  n.m. Spéc., (tradition). Nom d'une coiffure féminine à petites tresses. Le frolo-frolo t'ira assez bien. FM., 01.06.1983.

 

fromage, n.m. V. SOUMBALA*.

 

fromager, n.m. Spéc. (flore) mais usuel, oral, écrit, tous milieux. (Ceiba pentandra [Linn.] Gaertn.). Arbre de la fam. des Bombacées qui peut atteindre une taille gigantesque et dont le tronc est étayé par des contreforts caractéristiques. On en distingue deux espèces : le fromager épineux qui donne un kapok* gris et le fromager inerme qui donne un kapok* blanc. Le bois, secondaire, est blanchâtre ou rouge clair, léger, à bonne flottabilité. Il exige un traitement de protection et est utilisé pour le déroulage et les contreplaqués. Le fromager est venu d'Amérique méridionale à une époque déterminée antérieure à la découverte de Christophe Colomb. Les graines ont été probablement apportées par le vent. Chevalier, 1931 : 641. [le fromager] a été planté fréquemment comme arbre d'avenue, mais la dissémination des fibres de kapok est un inconvénient sérieux. Les racines puissantes qui soulèvent la chaussée et s'introduisent dans les constructions en est un autre. Ils rendent indésirables les fromagers à l'intérieur des villes en dépit de la beauté de ces arbres. Aubreville, 1953, II : 266. Roberty, 1954 : 48. La gent aquatique remontant les fleuves vint se réfugier sous un gros fomager providentiel. Dadié, 1954 : 64. Ce fromager, de taille imposante, s'effondrera bientôt sous l'attaque pétaradante des tronçonneuses. Languellier, 1977 : 26. Les ayant aperçus, il eut l'intelligence de se dissimuler dans le creux d'un fromager. FM., 08.01.1980. Je te parle du haut / De mon fromager que les gens du soleil / Ont massacré / Mon fromager aux fruits délicieux. G. Okou Djereye, in FM., 12.10.1980. Une mèche partie d'un vieux fromager embrasé est venue atterrir sur l'une des habitations en* toits de paille, créant un foyer. FM., 11.02.1983. De ci de là, il y a toujours quelque bosquet de sculpturaux fromagers [.]. Conte, 1981 : 25. Partout derrière les cases*, le long des sentiers et des rivières, au pied des fromagers et des montagnes, sur les places publiques et le parvis des mosquées, on sacrifia*. Kourouma, 1990 : 14. Les branches dénudées des fromagers et des baobabs* étaient couvertes de grappes de vautours aux aguets. Ibid., 1990 : 25. [.] le majestueux fromager avec son feuillage évasé au bout de son tronc long et nu, arbre symbole des forêts ivoiriennes. Krol, 1995 : 5.

COM.: « fromager »est le nom pilote de ce bois. CTFT, 1989 : 369.

SYN.: kapokier de Java, fuma (All. et Belg.), beitanier*, anié (ébrié), bana-bandan (mandenkan), gô (bété), ngoué (gouro), nyé (baoulé), sérigné (tagwana).

 

front, (faire ---- à qqun), loc.verb. Assez fréq., oral, écrit, mésolecte. Faire face à qqun, affronter qqun. C'est ce dernier qui s'est dit indigné par le fait que D. soit assis à la même table que celui qu'il accuse d'entretenir des relations coupables avec son épouse. :"S'il se dit capable de te faire front, qu'il paie lui-même à boire!". FM., 31.03.1983.

 

front, n.m. Spéc.

1- front de mousson, V. FIT*.

2- front intertropical, V. FIT*. Au cours de la saison 92-83, la présence d'un large anticyclone sur l'Europe occidentale, l'Afrique du nord et le Sahara maintient le front intertropical au sud du 5ème degré nord depuis le 07 décembre 1982. FM., 08.02.1983.

 

frotomougou, [frotomugu], n.m. Argot nouchi, (du mandenkan "poudre de piment "), oral, fam., plaisant. Personne qui prend le bus sans payer, fraudeur de bus. On appelle les fraudeurs les frotomougou parce qu'ils font du mal à la SOTRA en la volant. (Informateur, Abidjan, 1990).

 

frotte-dents, n.m. V. CURE-DENT*.

 

frotter, v.tr. V. COUILLER*.

 

fumerie, n.f. Fréq., oral, écrit, tous milieux. Atelier en plein air où l'on fume le poisson. Il avait construit son apatam à côté d'une fumerie. Ca sentait trop le poisson fumé !! (Ingénieur, Abidjan, 1982). Les fumeries sont nombreuses à Vridi-Poisson-Fumé, à Vridi II et dans les campements de pêcheurs qui se succèdent le long de la plage après Port-Bouët. Bonnassieux, 1987 : 129.

 

fumiste, n.m. Rare, oral, jeunes, très péj. Salaud, salopard. Injure très grave. Ce fumiste a abandonné ma soeur après l'avoir enceintée*! (Etudiant, Abidjan, 1983).

 

funérailles, n.f.pl. parfois masc, souvent sing. Usuel, (tradition), oral, écrit, tous milieux.

1- Cérémonies, souvent somptueuses, célébrées plus ou moins longtemps après l'enterrement et qui peuvent durer plusieurs jours. Je t'apprends que les funérailles de notre oncle Gnanzou se sont terminées dans l'allégresse générale. Amon d'Aby, Entraves, 1965 : 52. Les funérailles dans nos coutumes sont longues et ruineuses. Elles durent huit jours. Arnaut, 1976 : 93. Tu vois, tout ça par terre : manger, boissons, c'est gaspillage d'argent que tu as fait comme ça... Ca au moins ce sont de bonnes funérailles, ton nom ne sera pas gâté*! Bolli, 1977 : 36. [.] pendant les funérailles qui ont lieu parfois des années après le décès. Deluz, 1978 : 193. Le deuil va bientôt finir et la semaine prochaine, nous allons faire la fête des funérailles. Du Prey, 1979 : 45. Marcel terminait en demandant à Adou de revenir pour les cérémonies de 'funérailles'. Le terme de 'funérailles' reporta Adou des années en arrière au milieu du rituel compliqué des coutumes ancestrales. Du Prey, 1979 : 33. Si on enterre assez rapidement le cadavre, on attend souvent le 8ème jour, le 40ème jour, ou même quelques mois ou années avant d'organiser en l'honneur du défunt des funérailles dignes de lui. Oberlé, 1983 : 93. Aux différentes funérailles du griot* (l'inhumation, le septième et la quarantième jour*) il y eut du monde [.]. Kourouma, 1990 : 223. Quant aux funérailles, elles [.] se traduisent par des fêtes durant plusieurs jours avec danses et repas considérables auxquels assistent tous les amis et connaissances, souvent venus de loin. Ibid, 104. Là-bas [.] vivait entre quatre murs un couple mixte*. L'homme est guéré, la femme était bété, car elle est décédée et voilà les Guéré et les Bété dans "un" même funérailles. A noter que nous disons toujours funérailles au singulier en Côte-d'Ivoire, même si nous ne nous entendons pas toujours sur les morts ! Nouvel Horizon n° 144. cité Dagnac, 1996, 148.

LOC.: faire funérailles, fêter* les funérailles

COMP.: grandes funérailles*.

SYN.: fête des funérailles, fête mortuaire*.

2- funérailles, (faire -----), loc.verb. Célébrer la fête des funérailles. Il attend huit jours devant le bureau parce que l'agent comptable est parti faire funérailles au village. Du Prey, 1979 : 157.

3- funérailles, (fêter les ----), loc.verb. Célébrer les cérémonies funéraires en l'honneur d'un défunt. Ce jour là, on fêtait les funérailles d'un membre de la famille. Anoma Kanié, 1978 : 102.

4- funérailles, (grandes ----), n.f.pl. Cérémonie collective célébrant au terme d'un nombre d'années déterminées, tous les défunts d'un clan, d'une famille étendue, d'une ethnie. L'on fixe les dates des grandes funérailles à la saison* sèche suivante. Deluz, 1978 : 195. Sa mère avait déjà été inhumée. Il décida d'attendre les grandes funérailles pour rendre un hommage grandiose à la défunte. Anoma Kanié, 1980 : 37. Patron je demande la permission* pour les grandes funérailles  (Chauffeur, Abidjan, 1983). Ainsi le cycle funéraire comporte normalement deux épisodes : les cérémonies immédiatement liées au décès et à l'inhumation et les "grandes funérailles" célébrées lorsque les ordonnateurs "sont prêts". Plusieurs années peuvent s'écouler entre les deux épisodes. Vidal, 1986 : 17.

 

funisciure, n.m. Spéc. (faune). Sorte d'écureuil arboricole dont l'espèce locale est le Finisciurus pyrrhopus Cuvier ou funisciure à pattes rousses, à pelage ras et lisse, gris olive, forestier. Haltenorth /Diller, 1985 : 129.

 

furoncle, (casser ----), loc.verb. V. CASSER*. Sinon, façon* on allait casser furoncle sur cette femme dans le bus. Eh Dieu!  Ivoir'Soir, 08.10.1997.

 

fusil, n.m. Vx., (histoire).

1- fusil de brousse, V. FUSIL DE TRAITE. Les forgerons* du Nord, Sénoufo ou Dioula, sont réputés pour la fabrication des outils, haches, daba* [.] couteaux, herminettes, et des "fusils de brousse" très appréciés des braconniers. Oberlé, 1983 : 76.

2- fusil boucanier, V. FUSIL DE TRAITE.

3- fusil de traite, fusil rudimentaire à très long canon, autrefois utilisé comme monnaie d'échange. Depuis l'arrivée des Européens en Afrique, les fusils se chargeant par le canon, fusils à piston et à silex, appelés fusils de traite, se sont répandus partout. Roure, 1962 : 35. Armés chacun d'un fusil de traite préalablement armé, ils parcourent dans la nuit plus de 2 kms pour faire feu sur leurs victimes. FM., 07.01.1980. L'un et l'autre avaient tiré des oubliettes d'anciens fusils de traite, qui, parce que légués par leurs aïeux, étaient plutôt d'antiques reliques que de véritables armes  Kourouma, 1990 : 186. Ils portent tous en bandoulière le long fusil de traite[.]. Kourouma, 1998 : 9. Les anciens fusils de traite des chasseurs sont remplacés par les kalach* modernes. Kourouma, 2000 : 190.

ENCYCL.: leur dispositif de mise à feu fonctionne avec une pierre frappée par un marteau métallique. Certains sont encore utilisés.

SYN.: fusil boucanier*, fusil traditionnel*.

4- fusil traditionnel, V. FUSIL DE TRAITE. L'accueil fut chaleureux et original : salves de fusils traditionnels, tam-tams*, grelots, cors, danses et chants. FM., 21/22.02.1982.

 

fusiller, v.tr. Assez fréq. oral, écrit, mésolecte.

1- Tuer un homme à coups de fusil, sans aucune idée d'exécution militaire. C'est ce comportement qui va le trahir puisqu'il [: le chef de canton*] sera fusillé par un de ses hommes à qui il avait enlevé la femme. Le meurtre a eu lieu au camp des représentants. FM., 01.12.1983. Un gang de cinq bandits, puissamment armés, a fusillé à bout portant, dans la nuit du 13 au 14 octobre, à son domicile [.] un homme d'affaires ivoirien, négociant en café et cacao [.]. Ivoir'Soir, 23.10.1997.

2- Abattre un animal d'un coup de fusil. Les braconniers viennent fusiller les biches* près du marigot* quand elles viennent boire. (Forestier, Abidjan, 1983).

3- Tuer par magie, sans qu'il soit question d'arme à feu. Si ses copains diables ne l'avaient pas "fusillé", il nous aurait tous bouffés* un à un. Bolli, 1977 : 56.