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L'ÎLE DE SAINT MARTIN. UN CAS TRÈS PARTICULIER D'INADÉQUATION DE LA MORPHOSYNTAXE vET DE L'INTONATION

 

Mary-Annick Morel

Université de Paris III, EA 1483,

Recherche sur le français contemporain

 

 

 

La courte étude que je voudrais présenter ici repose sur l'analyse suprasegmentale d'une interview formelle du maire de l'île de Saint Martin, Albert Flamming, consécutive au séjour du premier ministre Alain Juppé dans les Antilles, et diffusée par le studio de RCI2, le 29 septembre 1996[1].

L'île de Saint Martin a la particularité d'être partagée entre deux nations : la France et les Pays-Bas. Et alors que le français et le néerlandais sont langues officielles chacune dans la moitié de l'île, les Saints Martinois des deux côtés ont l'anglais pour langue maternelle. Cette particularité se reflète dans certains passages du discours de M. Flemming. On peut citer entre autres le remplacement du "r" par un allongement de la voyelle précédente, des erreurs sur le genre des noms cf. "contextes précises" "un île" "sa insularité", des cas d'alternance codique cf. "ils lobby(ent)". Or à l'écoute, ce discours présente une structure intonative parfaitement conforme à l'intonation du français, sans aucune trace des spécificités de l'anglais. L'analyse acoustique d'un extrait de cet enregistrement, avec le logiciel ANAPROZ[2], a confirmé cette impression première. Elle met, en effet, parfaitement en évidence (voir le document en annexe) les grandes montées intonatives qui affectent la finale des segments. Or c'est précisément là le trait qui différencie fondamentalement l'intonation du français de l'intonation de l'anglais, qui privilégie pour sa part la descente intonative en fin de segment.

Mon intention ici n'est pas de rechercher les raisons de cette distorsion. Elle est simplement de montrer en quoi ce discours est, indépendamment de sa morphosyntaxe un peu particulière, parfaitement conforme à un discours oral spontané en français, tant dans sa structure discursive que dans sa configuration intonative.

 

1. Transcription d'un extrait du Corpus de Saint Martin[3]

moi je crois qu'i(l) y a un article dans la loi qu'i(l) faut changer {40} c'est que l'a :ticle qui dit {40} que i(l) faut une population de cent mille habitants {30} compte tenu des contextes {100} précises des des îles du Nord {30} il faut les prendre en considération {60} et l'argumentation de dans le document que nous allons préparer {80} compte tenu d'un î :::le {60} qui est/qui souffre {60} à cause de sa ::: {30} insularité avec la partie hollandaise {60} démontre qu'il faut {100} que l'île de Saint Martin et de Saint Barth obtienne(nt) {60} pou : en avoir une représentation directe {60} au Parlement {30} parce que {60} aucun Parlement {100} de la Guadeloupe ou de la Ma ::tinique ou de la {30} Réunion ou bien de la Guya :::ne {100} fera pour Saint Martin {40} ce qu'elle a Besoin {100} je crois que {60} par exemple pou : Saint Pierre et Miquelon {60} ils ont eux-mêmes {30} un député et un Sénateur {30} quand ils ont besoin d'quelque chose {30} pou : Saint Pierre et Miquelon {60} ils ont le s/le soutien {20} directement et ils lobby(ent) {50} envers les autres {30} et c'est ça que nous avons BEsoin {30} pou : les îles du Nord

 

2. Analyse de la structure discursive de cet extrait

Je donnerai pour commencer le résultat de l'analyse discursive de cet extrait, pour pouvoir ensuite expliquer à partir de ce texte les principes que nous mettons en application à Paris III.

§ 1

préambule 1 = point de vue + modus + cadre

moi [2I+] je crois qu'i(l) y a un article dans la loi [2I+] qu'i(l) faut changer [4I=] {40}

préambule 2 = cadre-point de vue

c'est que l'a :ticle qui dit [2I+] {40}

que i(l) faut une population de cent mille habitants [4I=] {30}

préambule 3 = cadre

compte tenu des contextes [1I+] {100}

précises [4I-] des des îles du Nord [4I+] {30}

rhème

il faut les prendre en considération [3I=] {60} 

§2

préambule 1 = ligateur + point de vue + support disjoint

et l'argumentation de dans le document que nous allons préparer [3I=] {80}

préambule 2 = cadre

compte tenu [3I+] d'un î :::le [2I-] {60} qui est/qui souffre [4I+] {60}

préambule 3 = cadre

à cause de sa ::: [2I-] {30} insularité [3I+] avec la partie hollandaise [3-2I-] {60}

rhème 1

démontre [3I+] qu'il faut [3I+] {100} que l'île de Saint Martin et de Saint Barth obtienne(nt) [4-1I-] {60}

rhème 2

pou : en avoir une représentation directe [4I-] {60}

incise finale

°au Parlement° [1I-] {30}

§ 3

préambule 1 = ligateur + point de vue-support disjoint

parce que [4I+] {60} aucun [4I+] Parlement [1I-] {100}

préambule 2 = cadre

de la Guadeloupe ou de la Ma ::tinique ou de la {30} Réunion ou bien de la Guya :::ne [4I-] {100}

rhème

fera [3I+] pou : Saint Martin [2I+] {40} ce qu'elle a BEsoin [2-1I++] {100}

§ 4

préambule = point de vue + ligateur + cadre

je crois que {60} par exemple pou : Saint Pierre et Miquelon [4I+] {60}

rhème

ils ont eux-mêmes [4I-] {30} un député [3I-] et un SEnateur [1I-] {30}

§ 5

préambule 1 = point de vue + cadre

quand ils ont besoin [2I=] d'quelque chose [1I=] {30} pou : Saint Pierre et Miquelon [4+I++] {60}

rhème 1

ils ont le s/le soutien [1I=] {20} directement [4I=]

rhème 2 > préambule pour rhème final

et ils lobby(ent) [2I-] {50} envers les autres [3I+] {30}

rhème final

et c'est ça [2I=]  que nous avons besoin [4I=] {30} pou :: les îles du Nord [1I-]

 

3. Hypothèses sur la valeur des indices suprasegmentaux

Nous postulons que chaque indice (hauteur de F0, intensité, durée et pause-silence) a une valeur iconique de base, puis une valeur conventionnelle, qui n'apparaît que lorsqu'on analyse l'association de deux ou trois indices, en l'occurrence association de F0 et de I, ou de F0 et de la durée.

La pause : on différencie deux types de pause-silence. La pause en français est en général plus brève qu'en anglais.

La pause respiratoire est courte (elle fait environ 20-30 cs), elle est biologiquement contrainte (on respire vingt fois par minute), et n'a pas de valeur particulière. Simplement, on s'aperçoit qu'on ne fait jamais de pause respiratoire au milieu d'un mot, ni même au milieu d'un constituant syntaxique. Le texte en renferme un grand nombre, ce qui est probablement lié au fait que l'interviewé n'a pas peur de se voir voler son droit à la parole.

Les pauses un peu plus longues (de 40 à 80 cs) et les pauses longues (de 100 cs ou plus) ont en revanche pour rôle d'homogénéiser tout ce qui précède, et d'en faire une séquence ayant une unité. Je dirais volontiers que la pause a pour fonction de rhématiser ce qui suit. On l'observe en particulier quand le verbe est dissocié de son complément ou quand le nom est dissocié de sa détermination (SP ou adjectif). Le texte en renferme deux exemples très caractéristiques, dans le §1 pr.3 : un silence de 100 cs sépare le nom "contextes" de l'adjectif "précises", et dans le §3 pr.2 : deux silences de 100 cs isolent le complément prépositionnel du nom "parlement" qu'il vient déterminer. L'adjectif "précises" et le SP qui renferme l'énumération des DOM se voient de ce fait conférer une importance décisive dans l'argumentation.

 

L'intensité joue un rôle central dans la gestion des tours de parole et de l'interaction.

Un rehaussement d'intensité marque le désir qu'on a de préserver son droit à la parole et d'imposer son point de vue sans mise en jeu de la coénonciation. La hausse de l'intensité accompagne ainsi la montée de F0 pour marquer une focalisation. On l'observe sur la finale des mots-clés de l'argumentation de A. Flemming, sur "des îles du Nord" §1 pr.3, "qui souffre" §2 pr.2, "Saint Pierre et Miquelon" §4 pr.1 et §5 pr.1, et sur la négation absolue "aucun" §3 pr.1.

La chute de l'intensité est au contraire toujours interprétable comme un indice de fin de segment (si elle est associée à la montée de F0) ou de paragraphe (si F0 chute aussi). On observe les deux cas de figure : 1) F0+ et I- sur la finale de la majorité des préambules, 2) F0- et I- en fin de paragraphe cf. "au parlement" §1, "et un sénateur" §4, "pou :: les îles du Nord" §5.

 

La durée : contrairement à l'anglais où la durée est phonologiquement pertinente (opposition voyelle longue / voyelle brève), le français se caractérise par une grande stabilité dans la durée des syllabes. Tout allongement dans la durée est la trace d'une opération supplémentaire. Il accompagne régulièrement une difficulté dans la formulation (allongement lié à une hésitation). L'allongement n'est donc pas en français un indice systématique de fin de constituant, mais c'est plutôt l'indice de ce qui reste encore à dire[4]. Le discours en renferme un certain nombre : "un î :::le" §2 pr.2, "sa :::" §2 pr.3, "Guya :::ne" §3 pr.2 qui accompagnent la recherche de la qualification la plus juste du référent en cause "qui souffre", "insularité", ou de la structure syntaxique du groupe suivant "fera pou : Saint Martin ce qu'elle a besoin"..

 

Les variations de la hauteur mélodique servent à gérer la co-énonciation, et à expliciter la représentation qu'on se fait de la pensée de celui auquel on s'adresse. La mélodie présente, en effet, quelque chose de primaire et d'iconique.

La montée intonative correspond à un appel à convergence lancé à l'autre, mais c'est aussi une façon d'imposer le consensus sur un point précis. C'est ce qui se passe en particulier dans la focalisation. La montée conjointe du fondamental et de l'intensité signifie toujours que l'on a besoin de croire, pour pouvoir continuer, que l'autre pense comme soi. J'ai déjà parlé de son rôle dans la focalisation à propos de l'intensité.

La chute du fondamental marque, au contraire le repli sur soi de l'énonciateur, le retrait de la mise en jeu d'une pensée autre. Elle signifie quelque chose comme "moi, en tant qu'énonciateur, je prends position" ou encore "je n'ai nullement l'intention de soumettre ce point à la discussion". Cela explique entre autres pourquoi les hésitations sont systématiquement marquées par une chute de F0, conjointe au maintien de l'intensité[5]. Nous en reparlerons ci-après à propos de l'incise finale "au parlement" du §2.

Pour réaliser l'analyse de la valeur des variations de F0 dans un extrait de discours, nous divisons la plage intonative du locuteur en quatre niveaux, le niveau 4 correspondant aux points les plus hauts et le niveau 1 aux points les plus bas, ce qui permet d'avoir des repères stables pour expliquer les phénomènes de variation.

 

4. Structure discursive de l'oral spontané

Les spécificités de l'oral spontané nous ont amenés à définir de nouvelles unités d'analyse et notamment à retenir le paragraphe comme unité supérieure. Le paragraphe présente une structure en trois constituants : le préambule, le rhème et le postrhème, le postrhème étant facultatif. La particularité du français réside dans le fait qu'un paragraphe peut se voir doté d'une succession de préambules, qui sont associés à un seul rhème.

Le discours de A. Flemming présente ces propriétés spécifiques du discours oral en français, qui ne se retrouvent pas en anglais. Le §1 et le §2 sont en effet dotés de trois préambules successifs.

Il présente aussi l'autre propriété typique du français, à savoir que le préambule est toujours fortement décondensé et présente une succession de sous-constituants de fonction différente, qui se suivent dans un ordre très contraint.

 

En premier vient le ligateur, qui permet à l'énonciateur d'expliciter sa position vis-à-vis de la coénonciation (ligateur énonciatif du genre "vous voyez" "en tout cas"), et la relation qu'il établit avec le discours antérieur (ligateurs syntaxiques). Sur ce point, il est notable que A. Flemming ne recourt pas du tout aux ligateurs énonciatifs, et rarement aux ligateurs syntaxiques cf. "et" §2 pr.2 et "parce que" §3 pr.1. Ceci est probablement lié au fait qu'il s'agit d'une parole officielle, et que l'intervieweur n'est pas considéré comme un coénonciateur.

 

Le ligateur est généralement suivi d'un ou plusieurs indices de modalité, qui marquent soit le point de vue (support modal de la prédication qui va suivre), soit la modalité épistémique ou appréciative associée à la prédication qui va suivre (que nous appelons modus dissocié). Le français se caractérise par l'abondance des marques de modalité et le changement fréquent de point de vue. C'est là encore un des traits saillants du discours étudié. A. Flemming souligne à deux reprises qu'il met en jeu sa position personnelle "moi je crois que" au début des §1 et §4. Mais au début du §2, il module cette position égocentrée en faisant entendre un point de vue collectif "dans le document que nous allons préparer" pr.1. Les §3 et le §5, pour leur part, dissocient radicalement le point de vue des autres DOM-TOM : c'est ce que marque entre autres la focalisation intonative sur "aucun" §3 pr.1 et sur "Saint Pierre et Miquelon" §5 pr.1.

 

Vient ensuite le cadre, destiné à opérer un cadrage sur une zone référentielle restreignant le champ interprétatif de ce qui va être dit. On peut ainsi relever les cadrages successifs dans le §1 sur "un article dans la loi", "une population de cent mille habitants", "des contextes précises des îles du Nord".

 

Le dernier segment potentiel du préambule se présente, enfin, comme le support disjoint de la prédication qui lui fait immédiatement suite dans le rhème. Il est obligatoirement repris dans le rhème par un pronom (personnel, démonstratif ou reltif) qui explicite sa fonction (ex. "oh mais tu sais le vélo ça crève à la longue surtout avec la chaleur"). Là se situe le point de divergence du discours de A. Flemming avec les régularités de l'oral spontané en français. Il n'effectue, en effet, pas toujours la reprise pronominale devant le verbe du rhème du support disjoint. Il le fait, certes, au §4 "pour Saint Pierre et Miquelon" est repris par le pronom pluriel "ils", mais non au §2: "l'argumentation de dans le document que nous allons préparer" n'est pas repris devant le verbe "démontre", ni au §3: "aucun parlement" ne fait pas l'objet d'une reprise devant "fera". Or c'est là précisément une propriété de l'anglais de ne pas effectuer de reprise pronominale. On pourrait aussi arguer que l'absence de reprise est liée au type de discours. Un discours à caractère officiel est nécessairement surveillé et comporte de ce fait un resserrement plus grand de la syntaxe.

 

Nous définissons ensuite le rhème comme le constituant destiné à marquer la différenciation de son propre point de vue en fonction des attentes et de la position que l'on prête à celui auquel on s'adresse. Vu la très forte décondensation du préambule, le rhème français est en général très bref. Cette propriété se retrouve là encore dans le discours de A. Flemming.

 

Quant au postrhème, il se caractérise par un faisceau de traits : il vient immédiatement après le rhème, il n'en est jamais séparé par une pause, il est toujours en intonation basse et non modulée, il ne présente pas de remontée de F0 à la finale. Le postrhème a pour rôle de redonner a posteriori le référent d'un argument du rhème (ex. "mais elle est vieille °sa filleule°) ou le point de vue modal (ex. "tu en as acheté ce matin °je crois°"). Il a également pour rôle très spécifique de venir boucler le rhème sur lui-même et ainsi de démarquer une fin de paragraphe. Il souligne une position fortement égocentrée sur un argument dont on pense qu'il a totalement échappé à l'attention de l'autre. L'examen des propriétés du segment final du §1 "au parlement" montre qu'il ne s'agit pas d'un postrhème : il est séparé du rhème par une pause de 60 cs, et il introduit une localisation sans valeur argumentale. Il constitue en fait une incise finale, un point qu'on veut soustraire à la discussion.

 

5. Propriétés suprasegmentales du paragraphe oral

Le paragraphe oral se définit en outre par des propriétés suprasegmentales, que je vais énumérer en les exemplifiant à partir du discours étudié.

 

La fin d'un paragraphe est marquée par la descente conjointe de F0 et de l'intensité cf. fin du §1, §4 et §5. La liaison entre les différents constituants discursifs à l'intérieur d'un même paragraphe est d'autre part assurée par la ligne de déclinaison de F0 observable à la finale des constituants de même nature (entre deux préambules ou deux rhèmes successifs).

 

Toute rupture dans la ligne de déclinaison marque un changement de paragraphe. C'est ce que l'on observe entre le §1 et le §2. Le rhème du §1 est intoné au niveau 3 sur la finale de "en considération", alors que celle du rhème 1 du §2 "obtiennent" est réhaussée au niveau 4.

 

La dernière propriété typique du français réside dans la recatégorisation qu'effectue la remontée de F0 en finale de rhème. Un ensemble [préambule + rhème] terminé par une forte remontée de F0 (souvent associée à une baisse de l'intensité) acquiert de ce fait une nouvelle valeur de préambule pour la suite. Ceci est observable à la fin du §4: la finale du rhème 2 "les autres" remonte au niveau 3 et marque ainsi le statut de préambule de l'ensemble [pr.1 + rh.1 + rh.2] pour le rhème final.

 

6. Marques du travail de formulation

Il convient de mentionner un dernier trait de convergence du discours de A. Flemming avec les propriétés spécifiques du français, trait observable cette fois dans les marques du travail de formulation. Il est en effet tout à fait propre au français de masquer les hésitations dans la formulation en recourant à la répétition de certains mots-outils (articles, prépositions, pronoms sujets, auxiliaires, entre autres). Nous en trouvons ici plusieurs exemples : §1 pr.3 "des des îles du Nord", §2 pr.2 "qui est/qui souffre", §2 pr.1 "l'argumentation de dans le document", §5 rh.1 "ils ont le s/le soutien". L'anglais ne semble pas autoriser un tel masquage, il recourt plutôt à la pause-silence pour ce faire.

 

Conclusion

Je ne connais toujours pas les raisons qui permettraient d'expliquer cette distorsion entre la structure morphosyntaxique d'une part, qui présente de nombreuses anomalies par rapport à notre représentation du français standard, et la structure intonative d'autre part, qui se révèle être en parfaite concordance avec les règles du français parisien actuel. Mais l'analyse valait vraiment la peine d'être faite.


Bibliographie

 

 

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[1] Ce corpus a été constitué par les soins d'une étudiante de Suzanne Lafage, Caroline de La Ruffie, qui a pour sa part étudié les marques d'insécurité linguistique que renferme ce corpus.

[2] Le logiciel ANAPROZ (sur PC) a été conçu par François Colombo, ingénieur en automatique et spécialisé dans le dialogue homme-machine.

[3] Système de notation des faits suprasegmentaux : {} durée des pauses-silence en centisecondes / majuscules : accent perçu à l'écoute / : allongement de la syllalbe / °° marque un segment décroché vers le bas / () le chiffre correspond au niveau de F0 (entre 1 et 4), I + I- I= correspondent aux variations de l'intensité.

[4] C'est ainsi la durée qui permet de différencier une question totale d'une exclamation à finale haute. Dans l'interrogation, la montée de F0 est très rapide, alors que dans l'exclamation il y a un allongement de la durée, concommitant à la montée du fondamental, cf. "c'est bon ?" vs "c'est bon ::::". Cela correspond à ce qu'Antoine Culioli  appelle une opération de parcours, ou, autrement dit, au fait qu'il y aurait encore à dire sur le degré d'intensité de la qualification apportée.

[5] Chaque fois qu'on fait une hésitation, il est bien évident qu'on ne cherche pas à attirer l'attention de l'autre sur ce qui se passe, on va donc baisser la mélodie, mais on va parallèlement garder l'intensité pour signifier qu'on souhaite garder son tour de parole.

 

 

 

Annexe : Tracés mélodiques obtenus avec ANAPROZ