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FRANÇAIS DE CÔTE D'IVOIRE :

PRINCIPES D'ORGANISATION DE L'ÉNONCÉ

 

Yves Simard

Université de Franche-Comté

 

 

0. Dans le cadre de nos recherches sur le français de Côte d'Ivoire et sur l’Acquisition / Apprentissage des langues, nous avons entrepris un certain nombre d’études de corrélations entre des faits de langage et les paramètres de l’événement de communication. Ces études portent principalement sur les faits intonatifs[1], sur des points de morphosyntaxe, comme l’actualisation du nom, et sur les principes d’organisation de l’énoncé et du discours et se fondent sur un corpus de productions orales de locuteurs ivoiriens s’exprimant en français. Leur principal objectif se situe dans la comparaison de faits langagiers émanant de locuteurs non scolarisés avec ceux produits par des personnes scolarisées dans des événements de communication dont les paramètres discursifs et situationnels présentent de grandes similitudes afin de déterminer ce qui résulte d’un apprentissage non guidé du français et du rôle de la norme dite "académique" dans le choix des formes des locuteurs scolarisés.

               Dans le cas présent, il s’agit d’étudier les principes d’organisation des énoncés réalisés par des locuteurs non scolarisés pour vérifier si les modèles présentés par Klein (1989 : 111-120) et par Givon (1984) se rencontrent également dans un pays où la langue, qui a fait l’objet d’un apprentissage non guidé par des individus n’ayant suivi aucune scolarité dans aucune langue, constitue cependant le vecteur le plus important pour l’interaction langagière. Les deux auteurs que nous venons de citer prennent comme base d’analyse ce qu’ils appellent un "énoncé", ce qui correspond à peu près à la phrase telle qu’on la présente traditionnellement, mais dans les productions analysées ce découpage s’est révélé inopérant, de façon évidente chez les non-scolarisés, car leur discours, comme nous nous emploierons à le démontrer, ne peut être présenté comme une succession de "phrases" reliées entre elles par des articulateurs mais comme un ensemble d’actes de paroles ne constituant qu’une seule entité énonciative. Ce sont donc les principes d’organisation du "discours" que nous nous appliquerons à mettre en lumière ; mais, comme en l’occurrence un discours ne comporte qu’un seul "acte énonciatif", nous ne voyons donc pas d’inconvénient à conserver dans l’intitulé de cet article le terme d’énoncé. Par contre, d’un point de vue méthodologique, il paraît plus pertinent de remplacer la notion de discours par celle d’événement de communication du fait que nous nous plaçons dans une perspective plus pragmatique que linguistique.

               Pour mener à bien cette étude, nous avons sélectionné, dans le corpus de français parlé de Côte d’Ivoire constitué par nos soins, quatre extraits d’égale longueur, deux provenant de locuteurs non scolarisés et les deux autres de scolarisés. L’examen des productions réalisées par cette dernière catégorie de locuteurs a révélé une organisation de l’énonciation très peu différente de celle rencontrée chez la plupart des francophones. Notre but n’étant pas d’analyser systématiquement l’énonciation chez les francophones de Côte d’Ivoire mais de mettre en lumière ce qui est particulier aux non-scolarisés, le recours aux faits langagiers produits par les deux locuteurs scolarisés retenus ne se fera que pour mieux faire ressortir les spécificités de l’énonciation chez les non-scolarisés. Cependant, comme il s’agit de conclusions émanant de l’étude de corpus, il s’avère indispensable de présenter de façon tout aussi détaillée les quatre extraits de corpus analysés.

 

1. Les quatre Événements de communication et ce qui les caractérise.

               Pour la présentation des quatre extraits de corpus, nous nous fonderons, comme nous venons de le faire pour le "discours", sur le modèle SPEAKING de Dell Hymes[2] en y introduisant cependant les composantes du "GENRE" telles que définies par Blanche-Benveniste (1997).

1.1. Les Corpus :

1.1.1. Le Gardien : [N. Sc.][3]

(1) Le Corpus dans sa totalité :

- TITRE : "Le Gardien"

- PARTICIPANTS :

             * Nombre : 2

             * Locuteur principal : M. ; env. 35 ans ; d’origine Burkinabée mais vivant à Abidjan depuis l’âge de 7 ans, Non scolarisé (N. Sc.) et gardien d’un complexe scolaire (Salles de cours de l’ENS d’Abidjan et Collège d’Application) à Abobo-Gare (banlieue Nord-Est d’Abidjan) : [L2]

             * Autre Locuteur : l’enquêteur : Professeur français à l’ENS d’Abidjan depuis 10 ans et connaissant son interlocuteur depuis 9 ans : [L1].

- CADRE PHYSIQUE : Enregistrement en studio à l’Institut de Linguistique Appliquée de l’Université d’Abidjan.

- DURÉE : 48 min.

- GENRE : Interview ; Récits autobiographiques.

- PARTICULARITÉS DE L’INTERACTION LANGAGIÈRE :

             Le gardien est au début impressionné de se retrouver dans un studio d’enregistrement au cœur même d’un institut universitaire de recherche. Au fil des minutes cependant, il se décontracte et arrive à raconter tout ce qui fait son quotidien. Entretenant des rapports plus qu’amicaux avec son interlocuteur, c’est pour cela qu’il a bien voulu réaliser cet enregistrement lui accordant une totale confiance quant à l’utilisation de ses propos.

(2) L’Événement de communication analysé : [5:13 - 8:2][4]

- DURÉE : 2 mn, 28 sec.

- PARTICIPANTS : Id

- GENRE : Réponses à des questions de l’enquêteur qui donnent lieu à de brefs récits autobiographiques.

- FINALITÉS : 1° Répondre aux questions qui lui sont posées ; 2° Si pour l’enquêteur il ne s’agit que de simples demandes d’informations, pour [L2] il s’agit au contraire d’une occasion offerte d’instruire un Occidental sur les us et coutumes d’une société africaine et sur la vie quotidienne en Côte d’Ivoire de ceux qui comme lui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école, ce qui les condamne à exercer de petits métiers et qui de surcroît ont des parents originaires du Burkina-Faso.

1.1.2. Le Choix politique : [N. Sc.]

(1) Le Corpus dans sa totalité :

- TITRE : "Le Choix politique"

- PARTICIPANTS :

             * Nombre : 3

             * Locuteur principal : M., 55 ans ; Paysan ivoirien très connu, possédant de grosses plantations de cacao et de café et Membre de la "Commission Nationale de Retour à la Terre" et plusieurs fois "Lauréat de la Coupe Nationale du Progès" ; Non scolarisé (N. Sc.) [L2].

             * Autres participants : -Un membre du F.P.I.animant une émission de propagande électorale à la radio en faveur de ce parti lors des élections présidentielles d’octobre 1990 : [L1].-Les auditeurs de la radio ivoirienne : Tous les ivoiriens car il s’agit des premières élections présidentielles dans le cadre du multipartisme.

- CADRE PHYSIQUE : Une émission de radio à la RTI.

- DURÉE : 3 mn, 20 sec.

- GENRE : Monologue et discours argumentatif ; Discours public à la radio et Prise de parole publique dans l’exercice d’une profession [L1] et comme représentant d’un groupe [L2]

- PARTICULARITÉS DE L’INTERACTION LANGAGIÈRE :

             Interventions sur les ondes de la radio nationale dans le cadre du temps de parole réservé aux différents partis politiques, ici le FPI. S’agissant des premières élections mettant en lice plusieurs partis, il s’agit de rallier un maximum d’électeurs derrière le candidat de la principale formation d’opposition.

(2) L’Événement de communication analysé : [1:9 - 4:13]

- DURÉE : 2 mn, 53 sec.

- PARTICIPANTS : 2 : [L2] et tous les auditeurs

- GENRE : discours argumentatif fondé sur un "récit autobiographique" ; Discours public à la radio et Prise de parole publique en tant qu’appartenant à l’élite des paysans ivoiriens.

- FINALITÉS : Montrer 1° qu’il n’y a pas que des intellectuels dans l’opposition, 2° qu’un paysan riche et influent, malgré le fait qu’il soit analphabète, qui a bénéficié de ce qui s’est fait depuis 30 ans pour l’agriculture et le développement du pays sous la conduite du parti unique, peut aussi avoir des griefs à formuler contre la façon de diriger les affaires de l’État.

1.1.3. Les Invités : [Sc.][5]

(1) Le Corpus dans sa totalité :

- TITRE : "Les Invités"

- PARTICIPANTS :

             * Nombre : 2

             * Locuteur principal : F., env. 45 ans, Institutrice d’école maternelle privée recevant beaucoup d’enfants étrangers ; mariée, 3 enfants ; a vécu en Allemagne quelques années (Sc.) [L1]

             * L’enquêteur (Voir Le Gardien). [L2]. L1 et L2 se connaissent depuis 6 ans.

- CADRE PHYSIQUE : Au domicile de L1, dans sa salle de séjour en sirotant une "sucrerie".

- DURÉE : 18 min.

- GENRE : Conversation.

- PARTICULARITÉS DE L’INTERACTION LANGAGIÈRE :

             Échange sur la possibilité d’inviter des amis de L1 et de son époux à un apéritif où les participants accepteraient d’être enregistrés. Ce qui sera fait et constituera le corpus Les Fétiches ci-dessous.

(2) L’Événement de communication analysé : [4:3 -7:1]

- DURÉE : 2 mn, 20 sec.

- PARTICIPANTS : 2 : Id.

- GENRE : En réponse à une question de L2, Récit autobiographique de L1

- FINALITÉS : Raconter un épisode de sa vie pour démontrer que son invité L2 est très différent d’autres invités européens qu’elle avait eus auparavant.

1.1.4. Les Fétiches : [Sc.][6]

(1) Le Corpus dans sa totalité :

- TITRE : "Les fétiches"

- PARTICIPANTS :

             * Nombre : 5

             * Locuteur principal : M., env. 45 ans, Officier de police à Abidjan, Niveau Bac. ; Ami de longue date de L2 et L3 (Sc.) [L1]

             * Autres loc. : L2 : M., env. 45 ans, Ingénieur, Époux de L3, Loc. principale de Les Invités. L4 : M., entre 30 et 35 ans, Maîtrise de Sc. Éco, Sans travail. L5 : L’enquêteur, Voir Corp. 1 et 2 ci-dessus.

- CADRE PHYSIQUE : Dans le salon chez L2 et L3, en fin d’après-midi autour d’un apéro. Le micro est bien visible sur la petite table basse au milieu du cercle, le magnéto non visible sous la table mais personne ne semble porter attention au fait qu’il soit enregistré.

- DURÉE : 42 min.

- GENRE : Conversation entre amis. On peut qualifier le type d’interaction langagière de Relationnel.

- PARTICULARITÉS DE L’INTERACTION LANGAGIÈRE : L1, possédant des grandes qualités de conteur assure l’essentiel de la conversation principalement sur ses maladies et sur ses fétiches qui lui ont été retirés par un pasteur. Il s’agit d’une série de monologues de M1 découlant des questions ou des remarques des autres participants.

(2) L’Événement de communication analysé : [1:14 - 5:3]

- DURÉE : 2 mn, 23 sec.

- PARTICIPANTS : 4:L1, L2, L3 et L4 et L5 comme "spectateur privilégié".

- GENRE : Conversation, mais vraisemblablement en raison du fait que ce soit enregistré, L1 "assure le spectacle" ; on peut dire qu’il s’agit d’un discours public composé d’un récit autobiographique où le locuteur se pose, face à un Européen, comme le représentant d’un groupe, à savoir les Africains et par lequel il "démontre" l’importance accordée aux croyances fétichistes dans leurs sociétés.

- FINALITÉS : Essentiellement de la part de L1 : "En mettre plein la vue" aux Français qui écouteront cet enregistrement. Il ne suffit que d’un exemple pour se rendre compte que cette finalité est bien réelle.

Ex. (1.1)[7]

L1 : sinon + on a eu un commissaire ++ qui était + vous avez du entendre parler de lui + monsieur T ++ L2 : T + oui XXX L1 : il était le plus grand garçon même brillant d’Afrique ++ un des grands commissaires ++personne ne pouvait intimider T ++tu tirais + plus de mille coups + c’était. impossible ++ L3 : mais + comment ça se fait + ça ++ L1 : mais c’est des secrets

1.2. Des indices morphosyntaxiques d’un apprentissage non guidé dans les réalisations des non-scolarisés :

               Les locuteurs des deux premiers corpus qui viennent d’être présentés (1.1.1 et 1.1.2) n’ayant jamais été à l’école et ayant donc appris le français pour des nécessités sociales et professionnelles, il n’est pas étonnant que certains traits issus du processus de pidginisation se retrouvent dans leurs productions. Ceux-ci se manifestent principalement dans la détermination du nom et dans les flexions verbales. Le caractère de "parler pidginisé" ou plus précisément de "parler présentant sur certains points une grammaire spécifique" est plus accentué dans Le Gardien que dans Le Choix politique ; dans ce dernier, c’est principalement l’organisation de l’énonciation qui témoigne d’un apprentissage non guidé. Il est important de signaler qu’il existe bien des indices morphosyntaxiques relevant du mode d’apprentissage pour confirmer le fait que notre classement en deux catégories de productions ne repose pas que sur des données socio-culturelles mais également sur des faits langagiers[8]. Nous commencerons par examiner la production de notre ami Le Gardien en vertu du caractère plus "pidginisé" de sa morphosyntaxe du nom et du verbe.

 

2. Principes d’organisation de "l’énoncé".

2.0. Avec ce qui vient d’être dit de certaines particularités morphosyntaxiques dans les productions des locuteurs non scolarisés il ne serait pas étonnant de trouver dans leurs "unités énonciatives" une organisation fondée essentiellement sur des principes pragmatiques tels que présentés dans Klein (1989 : 113-114) au sujet des énoncés relevés dans les productions issues d’un apprentissage non guidé et dans ce cas particulier de celles d’un travailleur espagnol vivant depuis 5 ans en Allemagne :

Tous ces énoncés sont constitués de deux parties séparées par une courte pause [...].

Il est nécessaire de préciser que les énoncés présents dans nos corpus ne présentent pas des constructions aussi simplifiées que ceux relevés par Klein. Mais cette division en deux parties et la nature de chacune de ces parties semblait à priori correspondre assez bien à la façon de construire le sens chez nos locuteurs ivoiriens. (Id. : 114)

Dans la première partie, on introduit quelque chose, un thème sur lequel le locuteur va dire quelque chose, ou bien comme un arrière plan sur lequel ce qui suit sera placé. [...] Nous désignerons ici cette partie de la façon la plus neutre possible en parlant de support. Dans la seconde partie, on asserte quelque chose sur ce qui a été ainsi posé, ou bien on place quelque chose dans le cadre ainsi donné. Nous désignerons ici cette seconde partie comme l’apport.

Si le découpage en support et apport peut s’appliquer relativement bien à "l’unité énonciative" que constitue l’acte langagier du planteur ivoirien dans le cadre de sa prise de parole à la radio (Corpus Le Choix politique), il n’en est pas de même pour celle du gardien d’Abobo-Gare.

                L’espace dont nous disposons ne nous permettant pas de reproduire en Annexes les 4 extraits de corpus examinés, il nous a semblé judicieux de ne présenter que ceux des locuteurs non scolarisés mais en procédant immédiatement au découpage pour faire ressortir les principes d’organisation qui les sous-tendent. Lorsque cela sera jugé nécessaire, des passages des deux corpus contenant les productions des locuteurs scolarisés[9] seront cités parallèlement.

2.1. L’événement de communication qui a été retenu dans Le Gardien comporte deux prises de parole sur des thèmes introduits par les questions de l’enquêteur. Les deux prises de parole comportent le même nombre de séquences, deux réalisées par L2 (le gardien : S2 et S4) et deux par l’enquêteur (S1 et S3), et s’organisent selon le même schéma énonciatif. L’"énoncé" réalisé par le gardien, quoique ne constituant qu’une seule unité thématique, ne se divise pas, à ce que nous croyons, en termes de support et d’apport, comme ce sera le cas dans l’autre corpus, mais en termes de types d’interaction langagière, de types d’actes de parole tels qu’énoncés dans Searle (1972)[10], le locuteur modifiant les finalités de son action langagière en fonction de ce qu’il constate chez son interlocuteur tout en continuant à répondre aux questions posées.

            Chaque prise de parole est organisée selon le schéma suivant :

1° S1 : Les questions de L1 ;

2° S2 : Des Assertions : Les réponses de L2 aux questions de L1 ;

3° S3 : L’acquiescement de L1 face à la réponse donnée mais qui comporte, pour son interlocuteur africain, une tonalité pouvant indiquer une certaine incompréhension, non pas des faits révélés, mais de la réalité culturelle que ces faits représentent. C’est pourquoi, à chaque fois, L2 se lancera dans ce que nous avons appelé "un exposé didactique" ;

4° S4 : l’Exposé didactique : Des Actes représentatifs, suivis d’Actes déclaratifs qui se terminent obligatoirement par une "morale" et le présentateur VOILÀ.

Comme le schéma énonciatif est en tous points identique dans les 2 prises de parole analysées, ["Le Gardien", 5:9-6:15 et 6:16-8:2], seule la seconde, du fait de sa brièveté, fera l’objet d’une présentation détaillée.              

            Ex. (2.1) : "Le Gardien", [6:16-8:2] :

S1 : La question de L1 :

            - mais tu as pas eu : + il y a pas eu de + des cadeaux + de l’argent + pour la naissance du bébé + il y a pas : + il y a personne + qui a donné quelque chose [L1, 6:16 - 7:2]

S2 : ASSERTION : La réponse de L2 à la question de L1 :

- euh : + mTparã + isT• + 

                                         izTdCnekDkœso : s + [7:3] (= Apport, le support étant la qu. de L1)

S3 : L1 :

             - ouais [7:4]

S4 : L’EXPOSÉ DIDACTIQUE : L2 va "instruire" L1 sur les coutumes locales :

S4.1 : INFORMATIONS :

- mTparã + izT

                          izTdCnekDkœsos + [7:5] (= support de la démonstration qui suit)

mais : + euh : ++  [7:5] ("tu dois savoir que")[11]

remarque : "dans un 1er temps" : Puisqu’il s’agit de la première étape, donc exposée en premier, le locuteur ne se sent pas tenu de le dire explicitement, la place parlant d’elle même s’agissant du Principe de l’ordre naturel (Klein, 1989 : 112).

           • chacun il faut faire sortir + trois + ("chacun se doit de donner")

                                                                 trois cents francs ++

                                                                 ou bien cinq cent + [7:5-7]

                           ils ont cotisé ça          [7:7]

           et puis [7:7] ("dans un deuxième temps")

           mwa   Fekalkyli         + euh : + c’était sept mille + [7:8]

           pi [7:8] ("enfin")

                               TnadCnefam + [7:8]

S4.2 : DÉCLARATIONS :

remarque : Il s’agit du deuxième volet de la coutume ; cet argent doit être remis à la mère car s’il le garde pour lui il est passible d’une "condamnation" d’où la formulation d’une "morale", d’un code d’éthique, comme dans n’importe quel exposé portant sur les usages sociaux. Celui qui sait se doit de transmettre le savoir de la tradition.

- ça je laisse + sDtlarFãla + avec° sa maman + [7:9]

• moi je + lчiaprãpa /sesi, Ø/ + [7:10]

             n siFaprãsa purfDrmedepãs

                           donc c’est pas joli ++                  [7:10-11]

-[L1, 7:12] : heum heum [7:12]

remarque : Il s’agit en fait d’un acquiescement de la part de l’enquêteur mais le gardien croit y déceler une certaine incompréhension et reprend donc son exposé didactique de façon plus détaillée. Plusieurs fois, lors de l’enregistrement, notre interlocuteur a demandé : "Est-ce que tu comprends mon français ?" Donc, en plus du fait qu’il croit que son interloctueur ignore la réalité dont il est question, une certaine "insécurité linguistique" existe face à un professeur et donc il se croit obligé d’exposer à nouveau le comportement à avoir en pareille circonstance.

hein : + [7:13][12]

- dans son + [7:13]

remarque : Acte incomplet mais qui introduit clairement "le plan collectif" là où se situe l’usage social en question : "dans son pays // dans son village" :

• on doit pas faire comme ça ++ [7:13]

- si on + [7:13]

- simTfamij + iizTdoneRpØlarFÜ + à à ma femme-là ++ (si = "quand")

• tu peux pas lui prendre ça ++

                                   c’est lui-même + 

                                   c’est pour lui ++

                                   il doit prendre ça + purdebruje

             n si je prends ça + avec lui + 

                           donc c’est pas + 

                                   je ne suis pas gentil ++ comme° [rires][13]

voilà ++ [7:14-8:1]

Ce VOILÀ, qui termine toutes les prises de parole dans l’extrait analysé, ne réfère pas à ce qui vient d’être dit, mais constitue un acte de parole que l’on pourrait classer, en se référant à SEARLE, à la fois dans les DÉCLARATIFS, à savoir "rendre effectif le contenu de l’Acte" dans le sens où la déclaration confirme le côté bien vivant des usages coutumiers, et dans les DIRECTIFS, c’est-à-dire qu’il sert à interpeller l’interlocuteur pour lui dire "j’ai fait ce que tu attendais de moi, j’ai rempli mon contrat puisque tu voulais que je t’informe". Car, précédant cet acte déclaratif/directif, le locuteur a pris soin de dégager une "morale", un principe comportemental ancré dans le schéma culturel dans lequel il s’inscrit et auquel il ne peut déroger. Puisque son interlocuteur, en tant qu’étranger, l’interroge sur ce qui se passe lors d’une naissance, cette question ne peut pas porter sur du factuel mais bien sur du coutumier et son devoir est de l’instruire, ce qu’il fait explicitement en terminant la première prise de parole qu’il ne nous a pas été possible de reproduire dans sa totalité.

            Ex. (2.2) "Le Gardien", [6:12-13] :

voilà + misjØ + kamaradsimC ++ grand professeur de l’E.N.S. + c’est ce que je voulais te dire +

            L’analyse des événements de communication où ce locuteur non scolarisé constitue le participant principal nous permet de conclure que son mode énonciatif est en phase directe avec la tradition de l’oralité. L’organisation du "discours" qui vient d’être dégagée ne résulte pas d’un apprentissage non guidé où l’organisation syntaxique du français serait remplacée par une organisation pragmatique "à caractère universel"[14] mais bien d’une spécificité culturelle, d’une pratique sociale de l’interaction langagière dans un milieu africain. En nous référant à Manessy, on peut dire que cette organisation est révélatrice de ce qu’il appelait la sémantaxe africaine où toute prise de parole constitue "un faire" et non "un dire". Il en est bien autrement avec la locutrice du Corpus "Les Invités" qui pourtant répond aussi à une question de l’enquêteur sur un événement survenu dans sa vie privée. La réponse ne donne alors lieu qu’à un récit autobiographique où toute finalité didactique est absente. Le seul point commun entre les deux "discours" se situe dans le fait que l’un et l’autre commencent par une thématisation.[15]

Ex. (2.3) "Les Invités", [4:2:6] :

oui + ah : + les Allemands ils étaient + hor:ribles ++ ils avaient peur de tout + une mouche vole + ils se mettent. à crier + tu as + ils ont un cafard qui vole + ils se mettent à hurler ++alors donc + on se marrait ici + parce que + dans le temps il y avait le plafond + 

Ce bref extrait nous permet de constater que cet événement de communication est construit selon une structure narrative qui mêle chronologie de l’événementiel avec les commentaires de la narratrice. Dans ce type de production, de même que dans le corpus "Les Fétiches", il nous sera possible d’étudier l’organisation de l’énoncé proprement dit, notamment en ce qui a trait à l’usage de la thématisation et de la focalisation en concordance avec certains paramètres comme le "genre de discours", le "cadre", les "participants" et les "finalités" de l’activité langagière à un moment précis de cette activité. Il s’agira là d’une étude de morphosyntaxe qui fera l’objet d’une publication ultérieure et dans laquelle l’emploi des thématisations et des focalisations sera comparé avec celui qui en est fait dans les deux corpus de locuteurs non scolarisés étudiés ici sous l’angle des principes d’organisation de l’énoncé. Cette étude comparative s’avère nécessaire car les données fournies par la présente analyse révèlent, chez les locuteurs non scolarisés, un nombre d’occurrences d’énoncés comportant une thématisation de 4 à 5 fois supérieur à celui rencontré dans les productions des scolarisés. Il s’agit donc là d’un point de morphosyntaxe intéressant pour la catégorisation à la fois du parler des non-scolarisés et de la norme à laquelle peuvent se référer des locuteurs pour qui l’école en Côte d’Ivoire représente la principale source d’apprentissage de la langue française.

 

2.2. Dans "Le Choix politique", l’intervention du paysan a pu être retenue dans sa totalité du fait qu’elle ne dure que 2mn et 53 sec.. Cette production, comme les différentes prises de parole analysées dans "Le Gardien", ne constitue qu’une seule unité énonciative présentant une construction arborescente[16] formée au sommet d’un SUPPORT CENTRAL, le thème de son discours argumentatif, et de deux APPORTS qui en découlent[17].

 

SUPPORT 0

 

Problème N° 1

 

 

Problème N° 2

SUPPORT N° 1

 

 

SUPPORT N° 2

 

 

 

 

 

 

APPORT

1. 1

APPORT

1. 2

 

 

APPORT

2. 1

APPORT

2. 2

 

 

 

 

 

 

APPORT 0. 1

 

 

APPORT 0. 2

 

 

Ex. (2.4) Le Choix politique [1:9-10]

le problème + qui mepuse à aller vers là-bas ++parce que je suis un homme qui est + qui vais la route droit ++

Son argumentation se fondera donc sur "le problème" qu’il a rencontré dans sa vie de paysan ivoirien,"problème" qui l’a poussé à rejoindre ce nouveau parti d’opposition. Un peu plus avant dans son exposé, nous découvrirons qu’en fait il ne s’agit pas d’un seul problème mais de deux. Donc, dès l’entame de son intervention, par l’emploi d’une forme phonique d’un marqueur de nom qu’un locuteur francophone identifie habituellement à un singulier, alors que dans le contexte le référent est pluriel, il est possible de constater que cette production relève d’une "grammaire particulière". En effet, l’analyse complète de cet événement de communication fait clairement apparaître que le SUPPORT de son argumentation a bien comme référent deux événements de sa vie professionnelle qui lui ont causé problème et qui constituent de ce fait les arguments de son exposé. Il nous est donc permis d’en déduire que "le problème" fonctionne comme une cataphore du type "ce qui". Si l’on veut remplacer l’unité lexicale "le problème" par un synonyme, il faut obligatoirement utiliser des mots comme "la raison" ou "le motif". Mais ce sont là des mots "abstraits" et comme nous l’avons démontré précédemment (Simard, 1994a) il n’est pas étonnant que ce locuteur préfère une unité lexicale qui renvoie à un référent concret présent dans l’événement à une autre correspondant à un concept abstrait.

            Une fois posé le thème de son argumentation, notre locuteur va le développer par des exemples précis en procédant à ce que nous avons qualifié précédemment de "récit autobiographique". Et c’est là que nous retrouvons partiellement l’organisation de l’énoncé décrite par Klein (1989, 115-120). Dans les productions analysées par ce dernier, il dégage un modèle SUPPORT – pause – APPORT où la pause occupe la fonction de noyau prédicatif. Ce n’est pas le cas ici du fait que le niveau de compétence en français est nettement supérieur à celui de l’informateur de Klein. Cependant, un phénomène similaire s’y rencontre. Le noyau prédicatif jouant le rôle de présentateur de tout ce qui constitue la prédication est occupé par l’unité lexicale "bon :" [1:12] qui agit sur l’interlocuteur comme le ferait VOICI ou C’EST QUE. Même si la simplification morphosyntaxique est moindre que dans l’échantillon analysé par Klein, nous pouvons tout de même constater qu’elle existe puisqu’un phatique constitue le noyau prédicatif, ce qui est bien la marque d’une forme de pidginisation. Nous sommes donc en face de ce qu’il est convenu d’appeler "un lecte d’apprenant".

            L’autre élément d’analyse qui permet de tirer les mêmes conclusions concerne la disposition des deux Arguments par rapport aux articulateurs discursifs. Si nous consultons la transcription ci-dessous qui distingue les différents Supports et Apports, nous constatons qu’à l’intérieur de chacune des parties le "principe de l’ordre naturel"[18] est respecté, ce qui donne dans le cadre d’une séquence donnée un récit cohérent. Mais entre les deux Arguments, les articulateurs dircussifs viennent contredire cette organisation pragmatique. Ce locuteur s’exprimant en public, à la radio qui plus est, essaie de construire son raisonnement selon les principes qu’il croit être ceux du discours argumentatif en français ; il y a la conclusion au premier argument qu’il fait suivre de la mention "un"

suivie immédiatement de l’introducteur du second argument sous la forme "et deuxièmement" alors que l’élément d’orientation qui introduit la présentation du second problème est constitué de "avant ça".

Ex. (2.5) et moi + je n’ai pas été satisfait ++ un ++ et deuxièmement ++ avant ça + je suis dans la Commission Nationale + ...

L’interlocuteur s’y perd car il y a une distorsion entre les éléments d’orientation correspondant à la chronologie du référentiel et l’articulation interne au discours. Ce qui est présenté en second dans son argumentation est en fait antérieur dans la réalité des faits. Nous avons donc ici un bel exemple démontrant que "la grammaire du discours argumentatif" n’a pas été véritablement intériorisée par ce locuteur. Se sentant obligé, en pareille circonstance, d’avoir recours aux formes de ce discours en français, il réalise une énonciation maladroite alors que dans les Apports 1.1 et 1.2 où il n’a recours qu’à une organisation purement pragmatique découlant de ses intentions de communication son "récit" est parfaitement organisé et cohérent.

            Pour se faire une meilleure idée de l’organisation de cette unité énonciative, nous la reproduisons ci-dessous dans sa totalité sous forme de tableau.


Ex. (2.6) "Le Choix politique : [1:9-4:13]

Représentation schématique de l’organisation

SUPPORT CENTRAL [1:8-12]

Support 0

le problème + qui mepuse à aller vers là-bas ++parce que je suis un homme qui est + qui vais la route droit ++ je n’aime pas un peu de né- ++ [magu]  + dans les affaires

bon : [1:12]

 

PROBLÈME N° 1 [1:12-3:6]

 Support 1

"Invitation à Yamoussoukro"

[1:12-16]

le moment qu’on [dOne] le prix  ++ du cacao + année quatre-vingt-huit quatre-vingt-neuf +

le Président + nous a invités: + de venir à Yamoussoukro + pour manger ensem:ble ++ pour connaître nos difficultés + dans le pays + dans le pays ++

Apport 1.1

"Le logement"

[2:1-5]

arrivés à Yamoussoukro +

on nous a fait loger ++ à l’école E.N.S.T.P. ++ je dis à mon âge + je fais cinquante-cinq ans + je ne [pure] pas aller dormir + l’endroit + /ø,où/ se trouvent mes enfants +

et j’ai pris un hôtel+ [pDje] par ma poche + et [ku§e]++

Apport 1.2

"Le porte-parole"

[2:5-3:5]

le matin ++

on dit + réunion de concertation + pour confier + notre porte-parole à un: + homme + pour pouvoir parler au Président ++ je dis + nous sommes vieux: quand même ++ je peux pas donner ma parole + à quelqu’un pour dire au Président + parce que: ++ chaque région + a son problème ++   [...]

 arrivé + Fire dire + au Président + ce qui concerne + nos problèmes ++ alors + les gens n’ont pas: vou:lu ++ il dit vous êtes un + un homme qui révolte ++ on m’a mis + de côté + et on a mis un porte-parole ++ le porte-parole + est parti parler +pour tous les paysans +

 

APPORT 0.1

[3:5-6]

                   et moi +

             je n’ai pas été satisfait

un [3:6]

 

 

 

 

 

                                                    et deuxièmement [3:6]

 

PROBLÈME N° 2 [3:6-4:13]

 

 Support 2

"Retour à la terre"

[3:6-8]

avant ça

je suis dans la Commission Nationale + de Retour à la Terre++

Apport 2.1

"la terre"

[3:8-3:16]

moi+Sansan++

je suis+mes enfants travaillent ++j’ai neuf gosses++ il y a trois qui travaillent++bon: + il y a:++cinq  filles++les filles+ je les a- +ils sont mariés++et les autres qui sont+et les deux qui sont avec moi+ cultivent+vont avec moi+à la plantation ++

mais les autres enfants + qui n’ont pas eu: les bas-fonds + ni la forêt ++ parce que nous avons partagé la forêt + il y a très longue date ++ comment nous avons les faire ++

Apport 2.2

"les  machines"

[3:16-4:10]

malgré une bonne chance +

les pays évolués + nous avaient donné des machi:nes ++ pour donner + à ceux qui veulent retourner la terre ++ kTlezaaprilema§in   +    à

les mettre ++ et à bras ++ la petite portion des à bras + ne fait pas la Côte d’Ivoire + seule ++ or, nous avons cent quatre-vingt-cinq sous-préfectures + et nous avons eu un don de 712 machines ++ même si on partage + confier + un machine à la sous-préfecture + ou bien un GVC + géré par + un: ++ un machine géré par ce GVC + je crois ça l’être bon +

APPORT O.2

[4;10-13]

et moi je crois que ++je ne supporte pas cet oh: comportement et ces magouilles ++

et c’est pourquoi ++ je me suis resté à la maison ++ pour travailler

 

N.B.        En caractères gras : Les éléments centraux pour l’articulation dans un support ou dans un apport

                En italiques : Les éléments d’orientation en début de séquence (voir KLEIN, 1989, 112).

 

            La première conclusion qui s’impose à l’issue de cette étude concernant des modalités énonciatives est d’ordre méthodologique. Notre recherche fait clairement apparaître que toute forme langagière ne peut être étudiée que mise en relation avec tous les éléments qui constituent une interaction langagière. En effet, principalement lorsqu’on aborde des productions issues d’un apprentissage non guidé où le locuteur ne se réfère pas à une norme connue et explicite, le véritable travail consiste, après avoir dégagé "ce qui est", à faire ressortir le "pourquoi". Nous croyons y être parvenu et cela constitue la seconde conclusion. Concernant le participant principal de l’échange intitulé Le Gardien, ce qui ressort au niveau de l’organisation énonciative c’est le fait que cette organisation découle d’un "modèle culturel" car il se trouve en situation de "communication privée" face à une personne pour qui il a de l’estime et à qui il peut apporter quelque chose. Le locuteur de l’autre corpus lui, au contraire, est dans un cadre de prise de parole publique, à la radio ce qui est exceptionnel pour lui, ce qui lui crée des obligations et lui complique la tâche puisqu’il ne dispose plus que du verbal pour faire passer son argumentation ; le modèle énonciatif qui apparaît est alors issu du mode d’apprentissage du français.

            Il ne nous semble pas hors propos, en terminant, d’insister sur le fait que toute "étude grammaticale" doit se faire à partir d’événements de communication précis et que sa finalité centrale consiste à faire ressortir ce que font réellement les participants à cet événement et non pas d’établir une "grammaire universelle". C’est, croyons-nous, une démarche fondamentale pour mieux arriver à comprendre le fonctionnement de l’interaction langagière au sein d’une communauté humaine et les différents modes d’appropriation des savoirs et des savoir-faire permettant cette interaction.

 

 

Bibliographie

 

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SIMARD Y. (1994 b). "Amuissement de voyelles initiales lors du processus de créolisation du français : Cas de l’haïtien et du continuum pré-créole de Côte d’Ivoire." in Lorenzo, R. (ed.), Actas do XIX Congreso internacional de linguïstica e filoloxia romanicas, A Corun•a, Fundación Pedro Barié de la Maza ; 8 vol., 6950 pages. Vol. VI, pp. 761 - 769.

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SIMARD Y. (1997). "Étude de l’intonation dans le français des locuteurs non scolarisés et scolarisés de Côte d’Ivoire", in Queffélec, A (éd.), Alternances codiques et français parlé en Afrique, pp. 367-377.

SIMARD Y. (À paraître). "Étude de la pidgnisation / créolisation du français et implications didactiques", in BULAG, Revue du Centre Tesnière de l’UFR SLHS de l’UFC, Besançon.



[1] Sur l’intonation, un premier travail a déjà été présenté en sept. 1995 au Colloque d’Aix-en-Provence : Simard (1997). Cette question sera aussi l’objet de la communication qui sera présentée à Bruxelles en juillet 1998 lors du Congrès de Linguistique romane.

[2] Hymes Dell (1972) : Models of the interaction of language and social life, Gumperz & Hymes. Modèle cité par Bachmann et alii (1981).

[3] [N.Sc.] : Indique que le locuteur principal appartient à la catégorie des non scolarisés

[4] [N :n]= Référence à la page et à la ligne de la transcription du corpus.

[5] Corpus qui constitue le parallèle de Le Gardien.

[6] Corpus qui constitue le parallèle de Le Choix politique.

[7] Corpus transcrits selon les Conventions de Transcriptions GARS /GEDO, Aix-en-Provence, 1996.

[8] Un article actuellement en préparation, et devant paraître dans le dernier trimestre de 1998, portera sur l’Actualisation du Nom dans ces mêmes corpus.

[9] Corpus Les Invités et Les Fétiches.

[10] Searle (1972), cité par Bérard E. (1991) : L’Approche communicative Théories et Pratiques, Paris, CLE INTERNATIONAL ; pp 24-25.

[11] Ce "mais :" ne constitue pas un simple articulateur ; du fait de son allongement il s’agit d’un présentateur qui dit au "non initié": "mais tu dois savoir comment cela se passe dans notre société, à quels principes il faut obéir lors d’une naissance" et qui donc introduit l’exposé sur les coutumes locales.

[12] "hein :" a ici la même valeur que "mais :" dans la première partie de l’exposé didactique. (Voir Note N°10)

[13] Ce sont les rires du locuteur qui produisent le sens ici, en prenant à témoin son interlocuteur qui de par son attitude montre qu’il a très bien compris quel devait être le comportement du mari.

[14] Givon (1984) et Klein (1989).

[15] Voir Ex ; (3.1), S2 et S4.1.

[16] Voir schéma de cette "construction arborescente dans Klein (1989:118)

[17]Voir à la fin de ce paragraphe la transcription de ce passage sous forme de tableau.

[18] Ce qui signifie que le locuteur se conforme à la chronologie du référentiel. Voir Klein (1989, chap. 6 et 7).