Quels que soient les reproches adressés à
l’analyse en traits, elle s’avère utile et efficace parce qu’elle
conduit à des distinctions utiles, fondées sur les sèmes
communs et les sèmes différentiels. Il va de soi que la grille
devra s’adapter à chaque analyse et sera dégagée,
a posteriori,des données examinées. Il n’est nullement
question de transposer telle ou telle grille, mais bien de la construire
et la déconstruire pour la remanier autant de fois que de besoin.
La grille présentée ci-dessus rend bien compte, à
notre avis, des distinctions à opérer entre les dénominations
et de ce fait, permet de déceler les différents réseaux
sémantiques qui se tissent entre les termes.
En passant en revue les termes retenus dans la grille,
nous nous apercevons que minjalfonctionne dans d’autres sous ensembles.
Il désigne l’objet faucillequi sert à couper l’herbe
et les céréales mais aussi la
serpe qui sert à
couper les branches et la sape,variante de la faux. De même
[miqdab] qui désigne l’objet faux se trouve employé
pour serpe et pour émondoir.Quant à [mi°hsad],
variante de [miqdab] qui désigne l’objet faux,il sert à
la dénomination de l’objet moissonneuse.
S’il est vrai que tous ces outils sont voisins dans
la mesure où ils appartiennent au même domaine (l’agriculture)
et ont été regroupés selon le sème générique
: " nstruments qui servent à couper", il n’en demeure pas moins
que la confusion règne puisque l’on ne distingue plus entre la faucille,la
serpe,la
sapeet
la fauxlorsqu’on utilise [minjal] ; de même, on n’opère
plus de différence entre la faux, la serpe,l’émondoiret
la moissonneuse lorsqu’on utilise le terme [miqdab].
Ainsi, sur le plan terminologique, en ce qui concerne
ces unités dans le technolecte arabe, tout se passe comme si seul
le sème générique était pertinent tandis que
les sèmes spécifiques ont été relégués
à l’oubli. Et l’on peut multiplier les exemples de ce type.
Polysémie non fonctionnelle et homonymie
Et il en découle une polysémie non fonctionnelle
car source de perturbations, tout particulièrement lorsqu’il s’agit
du même domaine. Et de toute évidence, si la polysémie
est synonyme d’économie dans le lexique "ordinaire" et si effectivement,
comme le signale Picoche (1986, p. 4) "la polysémie suppose un mécanisme
sémantique extrêmement puissant qui rend un seul et même
signe capable de balayer une partie importante de l’expérience humaine"
; il n’en va pas de même dans le technolecte où, au contraire,
la polysémie, au lieu d’être une source de richesse lexicale
peut devenir une source d’erreur. Mieux vaut l’éviter si l’on veut
assurer la transparence du technolecte. Il serait préférable
d’opter pour une relation d’homonymie, dans les cas où l’on a affaire
à un même signifiant employé dans deux ou plusieurs
domaines différents, comme l’exemple de l’utilisation de faux
en agriculture et en médecine, même si l’analyse en traits
révèle quelques sèmes communs. La fauxest une
dénomination de type métaphorique, qui renvoie à ce
que nous avons appelé "mode de désignation symbolique" fondé
sur une relation substitutiveexprimée par comme(Messaoudi,
1995), dans la mesure où la référence est faite à
la forme de l’outil pour désigner dans le cerveau "la partie de
la dure mère, formant une cloison médiane entre deux hémisphères"
(Garnier/Delamare, 1989).
Au reste, l’analyse en traits n’est pas la seule méthode
pour distinguer polysémie et homonymie. Le test de la commutation
et celui de l’association avec des éléments identiques ou
non identiques, fourniront des critères utiles pour les différencier.
À cet effet, André Martinet a noté :
Si deux segments significatifs s’opposent
dans un environnement contextuel et situationnel identique, il s’agit,
sans qu’il puisse y avoir le moindre doute, de deux monèmes différents.
Mais, s’il s’agit de segments apparaissant toujours dans des environnements
différents, la preuve de leur identité ou leur non identité
ne pourra être fournie que par l’identité ou la non identité
de leurs rapports avec les autres unités de leur système
respectif, c’est- à- dire celles susceptibles de commuter avec chacun
d’eux (1974, p. 44).
Nous avons souligné le terme situationneldans
la citation ci-dessus vu son importance pour les technolectes. En effet,
dans le cas de l’homonymie, les éléments situationnels apportent
un éclairage précieux et permettent de désambiguïser.
Parmi ces éléments, celui du "domaine" est assez déterminant.
Nous avons donné l’exemple de fauxdans deux domaines différents
: l’agriculture et la médecine. Si le linguiste interprète
ce cas comme étant une polysémie en cherchant des sèmes
communs aux deux termes ; pour le terminologue et l’usager, le sens technolectal
primera et les deux termes seront vus comme homonymes même si au
plan diachronique, la racine étymologique est "identique". D’ailleurs,
le recours à l’étymologie n’est pas apprécié
de la même façon par les linguistes. Pour les uns, il est
préférable de ne pas en tenir compte. Par exemple, Martinet
a relevé à ce sujet : "Il nous faut (…) résolument
bannir toute utilisation de l’étymologie dans un examen fonctionnel
du problème de l’homonymie et de la polysémie" (1974, p.
40).
À l’opposé, pour d’autres linguistes,
le recours à l’étymologie est le seul moyen pertinent pour
distinguer homonymes et polysèmes. Ainsi, Jean et Claude Dubois
soulignent : "La distinction qu’on institue entre les homonymes et les
polysèmes, n’a de valeur que dans une explication de type diachronique.
Sur le plan du fonctionnement de la langue, cette distinction perd de sa
pertinence". (1971, p. 37).
Toutefois, si cette distinction perd de son importance
sur le plan purement synchronique, il convient, à notre avis, de
la maintenir dans le champ des technolectes. Seront ainsi interprétés
comme homonymes, les termes qui ont un même signifiant mais qui appartiennent
à des domaines différents. En ce sens, le terme faux
ne sera pas considéré comme polysémique. Nous aurions
affaire à faux 1 dont le domaine d’emploi sera Agriculture
(AGR) et faux 2 dont le domaine d’emploi sera Médecine (SAN).
Cette nécessité de tenir compte des domaines d’emploi n’échappe
plus aux terminologues qui l’intègrent comme paramètre parmi
les traits définitoires du technolecte. Cet aspect n’a pas non plus
échappé aux lexicographes qui n’ont pas manqué de
le mentionner. La preuve en est la liste des domaines d’emploi (DE) présente
dans les dictionnaires de langue aussi bien que — et de plus en plus —
dans les dictionnaires spécialisés.
La question que nous pourrions nous poser est de savoir
comment réagit la LC face à une homonymie dans la LS.
Pour le cas de faux, la LC a procédé
à un calque par traduction littérale. Le mot utilisé
dans les deux occurrences AGR et SAN, est [minjal]. Il se trouve ainsi
proposé comme l’équivalent de :
— fauxdes deux domaines (AGR) et (SAN)
— faucille(AGR)
— sape(AGR)
— serpe(AGR)
Il se trouve que la traduction
littérale peut être heureuse parfois ! Le calque dans le cas
de "faux" s’explique que le référent renvoie à la
forme du "faux". Mais les difficultés surgissent en arabe lorsqu’on
constate que "minjal" renvoie aussi bien à "faux" qu’à "faucille"
qu’à "serpe" et qu’à "sape". Ces outils ont-ils la même
forme dans la réalité ? Un agriculteur les confondra-t-il
? La réponse est non. Nous sommes face à une interprétation
de la LC fondée sur une synonymie entre faux, faucille, sape et
serpe. Fausse synonymie, introduite par une traduction qui ne se fonde
que sur le sème générique. Tous ces objets ont pour
fonction commune de couper les céréales. Mais ils présentent
des caractéristiques qui les distinguent comme la longueur du manche,
l’aspect courbe ou non de la lame, etc.
L’exemple de SAN et la fausse synonymie
Rappelons que sur le plan théorique, une synonymie
parfaite qui s’appuierait sur une relation d’identité des traits
de sens de deux ou plusieurs unités lexicales est très rare.
Cette observation a été émise par plus d’un chercheur
(Schogt, 1976). Patry et Menard notent : "Des mots en relation de synonymie
n’ont pas nécessairement le même sens lexical pour toutes
les acceptions qu’on leur reconnaît" (1990, p. 34). D’ailleurs, ces
deux auteurs citent les distinctions opérées par Cruse (1986)
entre absolute synonymy, cognitive synonymyet plesionymyqu’ils
traduisent respectivement par synonymie complète, synonymie de
dénotationet fausse synonymie.
La synonymie complète, rarissime, exigerait un
comportement comparable en tous points de la chaîne et les mêmes
types d’appréciation de la part des locuteurs quant au contenu affectif,
émotif, etc. Il est évident que ce sont là des conditions
de production discursive mais comme nous l’avons énoncé plus
haut, nous ne tiendrons pas compte du fonctionnement des unités
technolectales dans le discours pour des raisons méthodologiques
mais aussi en raison du statut sociolinguistique particulier de l’Arabe
standard qui comme tout standard est la langue de tous mais qui n’est pas
utilisé spontanément dans le discours. D’autant que le discours
technolectal fonctionne souvent en bilingue (français-arabe) ou
en diglossie (arabe standard-arabe dialectal).
Pour en revenir aux autres relations synonymiques, nous
pourrions nous demander de quel type participent celles que nous avons
détectées dans la LC dans le corpus SAN recueilli dans les
notices pharmaceutique. Prenons par exemple les différents termes
utilisés pour désigner les différentes formes de présentation
des médicaments.
Nous constaterons que :
- [unbuba] est employé pour "ampoule" mais
aussi pour "tube"
- [qinnina] désigne "ampoule", "étui"
mais aussi "tube"
- [qàrura] renvoie à "flacon" mais
aussi à "ampoule"
Les termes tube, ampoule, flaconse trouvent présentés
comme des synonymes or ils sont loin de l’être. Il s’agit là
d’une fausse synonymie. Si la synonymie absolue ou dénotative (du
type capsule= gélule) ne pose pas de problème
d’ambiguïté et les risques de confusion sont minimes à
partir du moment où la LC a repéré cette synonymie
dans la LS. D’ailleurs, gélule est rendu en arabe par [kapsula],
emprunté de capsule.En outre, le recours, en arabe, à
une même racine pour les termes appartenant à un même
sous-domaine peut être une approche intéressante car de type
analogique ; mais non maîtrisée, elle peut être source
d’ambiguïté. Par exemple, le fait d’employer les dérivés
[mulabbasa] "gélule", "comprimé dragéifié"
et [labbusa] "suppositoire" provenant de la même racine Ãbs
"notion d’habiller" ne fait que semer la confusion. On peut aisément
confondre suppositoire et comprimé lors de la médication
! Les schèmes à eux seuls ne suffisent pas toujours à
maintenir distincts les termes car leur valeur sémantique n’est
pas toujours stable. Et le locuteur non averti pourra aisément confondre
un suppositoire et un comprimé ! Si certains schèmes présentent
une certaine régularité dans leur fonctionnement sémantique
comme par exemple, les schèmes désignant les noms d’outils
ou de machines, il n’en va pas de même pour tous les autres.
En revanche, ce qui crée des perturbations, c’est
la fausse synonymie. Si cette dernière ne porte pas à conséquence
dans le langage "ordinaire", dans la communication technolectale, elle
peut provoquer de graves préjudices. Par exemple, de considérer
synonymes des noms de maladie : la diphtérie, l’amygdalite et l’angine,
traduites par [ iltihabu llawzatayn ] ou encore d’employer [qawba’] aussi
bien pour l’eczéma que pour l’herpès. Pourtant, ces maladies
sont distinctes.
À titre d’exemple, on peut se reporter à
la définition de "eczéma" et de "herpès" :
— l’eczéma est une "lésion
cutanée caractérisée par un placard rouge vif, légèrement
surélevé, sur lequel apparaissent rapidement des groupes
de petites vésicules transparentes (…) ; il est ordinairement l’effet
d’une irritation interne ou externe" (Garnier Delamare, 1989).
— l’herpès désigne " des lésions
cutanées consistant en vésicules transparentes, du volume
d’une grosse tête d’épingle, réunies (…) dans un même
groupe et entourées d’une auréole rouge. L’herpès
est dû à un virus " (Garnier Delamare, 1989).
Une analyse en traits permettra de dégager le
sème générique "catégorie des maladies de la
peau à lésions" et comme sèmes spécifiques
: "le mode de manifestation" (vésicules transparentes + taille des
vésicules) et "l’origine" (irritation dans un cas et virus dans
l’autre).
Que déduire de cet exemple et d’autres encore
? Comment se comporte la LC, en l’occurrence la langue arabe ?
Le degré de transparence requis est-il atteint
? Faut-il le mesurer par rapport à la LS comme on l’a supposé
au début de cette étude? Ou bien faut-il essayer de l’évaluer
par rapport au "concept" qui n’est autre qu’un "objet référent"
de la réalité?
Pour une théorie conceptuelle de la traduction
du technolecte
L’unité technolectale, quelle que soit la langue
considérée, entretient une relation étroite avec l’objet-référent
de la réalité. Le signe technolectal est toujours motivé
par rapport au référent. Une traduction qui délaisserait
ce lien mutilerait l’unité technolectale de ce qui fait son essence
: "e concept" ou bien "a notion" comme cela est l’usage chez les terminologues
qui distinguent d’ailleurs entre divers types de notions (cf. Vocabulaire
systématique de terminologie 1985). Le lien entre le signifié
et le référent se retrouve implicitement dans le concept.
Le signifié n’en est qu’une expression minimale. Nous postulons
que le signifié qui appartient à un signe linguistique d’une
langue particulière n’est pas le concept mais il en représente
une partie.
On sait depuis l’enseignement aristotélicien
que le concept correspond à la représentation de l’élément
commun aux membres d’une même catégorie. Le langage fait largement
usage de ces représentations générales pour permettre
une communication à moindre coût. Paradoxalement, le général
au détriment du particulier, l’indéterminé au détriment
du précis augmentent les possibilités d’application et constituent
un procédé économique dans la communication ordinaire.
Par exemple, tables’applique aussi bien à table de jeux,
table de multiplication, table d’opérationsqu’à table
en bois, en marbre, en métal, à surface ovale, ronde carrée,
etc. Il semblerait que dans le langage ordinaire, nous communiquons le
plus souvent, par représentations générales qui sont
précisées la plupart du temps par le contexte linguistique
et la situation de communication. Cassirer a d’ailleurs souligné
:
(…) le mot oiseaune correspond
plus à aucun contenu intuitif à détermination pleine,
il ne retient que certaines esquisses imprécises de la figure, associées
à la représentation vague du mouvement de vol, si bien qu’un
enfant peut donner le nom d’oiseau au scarabée volant ou au papillon
(1977, p. 257) ;
Mais il en va tout autrement lorsqu’il s’agit de la
communication technolectale : c’est le particulier, le précis et
le déterminé qui l’emportent. En réalité, le
fait de conceptualiser, aussi bien dans le langage ordinaire que dans le
technolecte, relève de la même opération qui consiste
à abstraire le ou les élément(s) commun(s). Mais dans
un cas, on se contente d’une esquisse tandis que dans l’autre, on requiert
un tracé à bords précis et à traits spécifiques.
On peut se référer, encore une fois, à Cassirer :
Quant au concept mis en œuvre par
la science, il connaît le même développement et les
mêmes conditions. Sa seule différence par rapport aux concepts
naïfs du langage et de l’image commune du monde consiste en ce que
la procédure qui, dans cette dernière sphère, opère
inconsciemment, s’exerce cette fois en pleine conscience critique (1977,
p. 257).
Dans le domaine des technolectes et dans l’opération
traduisante de ces derniers, il s’agit d’une intervention consciente et
volontaire. Le traducteur se devrait d’être d’une vigilance extrême.
Il ne s’agit point de prôner le principe du " traduttore traditore
" de la traduction littéraire ! La traduction du technolecte exige
la prise en compte d’un certain nombre de principes :
1. Traduire le concept et ne pas se contenter de
la traduction du signifié.
2. Le concept dans le domaine technolectal est censé
revêtir un aspect consensuel (universel pour les concepts théoriques
ou régional pour certains outillages ou industries, etc.).
3. Il importe de dégager les traits génériques
et spécifiques à partir de l’observation de l’objet-référent.
Généralement, ce dernier est [+concret] (par concret, on
entend : visible, palpable, audible.. ; en un mot perceptible) et/ou [+matériel].
Les traits descripteurs sont, en principe aisément cernables. Les
difficultés sont accrues en contexte bilingue. Les traits ne sont
pas directement saisis. Leur appréhension ne pourra se faire que
par le truchement de la LS.
4. Ne pas se contenter du ou des sème(s)
générique(s) et veiller à bien distinguer les unités
en s’appuyant sur les sèmes spécifiques.
5. Pour une langue à schèmes comme
l’arabe, il faudrait maîtriser l’emploi des schèmes les plus
productifs afin de les utiliser de façon adéquate, sinon,
ils seraient source de " bruit ".
Conclusion
Ainsi, le problème de la transparence ou de l’opacité
n’est pas tant la présence ou non de la LS dans la LC comme nous
l’avions supposé au départ. Parfois, certains calques peuvent
se révéler pertinents. C’est plutôt la saisie du concept
dans l’opération traduisante qui fait souvent défaut dans
ce domaine où sévit la traduction approximative, fondée
sur les seuls sèmes génériques comme nous l’avons
vu pour la langue arabe. Ce n’est point la LS qu’il faudrait incriminer
pour une quelconque infirmité ; ce n’est pas non plus, la LC qu’il
faut tenir pour coupable, en prétextant sa "faiblesse inhérente"
à servir de support à l’expression technolectale. Ce sont
les opérateurs humains (traducteurs, spécialistes et terminologues)
qu’il faudrait mettre en garde contre une traduction, par abstraction,
du seul signifié linguistique — duquel, de surcroît, seul
l’aspect générique est retenu. Il conviendrait d’attirer
l’attention sur la nécessité d’une traduction conceptuelle
(de "concept") qui seule assurerait la "transparence" requise pour les
technolectes. Si l’abstraction est naturelle par essence au langage, dans
le technolecte elle ne peut être que porteuse de perturbations et
de confusions. Nous avons vu dans cette étude quelques exemples
d’outils pris les uns pour les autres ou de maladies confondues. Une traduction
scientifique ne saurait tolérer cela.
Et nous reprendrons, à cet effet, cette observation
de Cassirer "(…) la science (…) a pour fonction de supprimer l’équivoque,
ce qu’elle fait en sélectionnant le matériel perceptif au
nom de certaines prescriptions dont elle fixe le contenu dans des définitions
ayant une validité universelle" (1977, p. 258).
La langue arabe comme LC est apte à exprimer
toute chose comme toute langue. Toutefois, l’effort requis n’est pas réellement
fourni en particulier pour les technolectes pour lesquels la traduction
des seuls sèmes génériques peut être dangereuse
et ne permettra pas une réelle promotion de l’arabe comme support
des technolectes et de la science en général. Pourtant, cette
langue l’a bien été par le passé, elle a bien servi,
via la traduction, de médium des concepts scientifiques !
L’évaluation du degré de transparence
du technolecte dans la LC consisterait à la fois à mesurer
le degré d’appropriation du concept via la LS mais aussi le taux
de stratégies d’adéquation mises en œuvre par l’exploitation
de moyens propres dont toute langue dispose. Ceci présuppose plusieurs
études appliquées par domaines et sous-domaines. Recherches
qu’il conviendrait de multiplier pour une réelle évaluation.
Mais il importe surtout que les traducteurs prennent conscience véritablement
de l’importance de la traduction conceptuelle. C’est à ce prix que
la transparence sera assurée !
Il convient de signaler aussi le renouveau des théories
sémantiques et en particulier l’apport du cognitivisme qui pourra
peut être contribuer à affiner ces analyses et à améliorer
l’opération traduisante en domaine technolectal.
Bibliographie
AKRICH M. (1987). "Comment décrire les objets techniques",
Technique
et cultures,Paris : Ed. La Maison des Sciences de l’Homme.
CASSIRER E. (1977). Substance et fonction. Éléments
pour une théorie du concept,Paris : Minuit.
CHAURAND J. et MAZIERE F. (éd.) (1990). La définition,
Paris : Larousse.
CRUSE D. A. (1987). Lexical semantics,Cambridge : Cambridge University
Press
GARNIER/DELAMARE (1989). Dictionnaire des termes de médecine,Paris
: Maloine
DUBOIS D. (ss dir) (1991). Sémantique et cognition, Paris
: Éditions du CNRS
DUBUC R. (1980). Manuel pratique de terminologie,Paris : CILF.
FELBER H. (1984). Terminology manual, Paris : UNESCO.
GERMAIN C. (1981) La sémantique fonctionnelle,Paris :
PUF.
GREIMAS A. J., (1966). Sémantique structurale,Paris :
Larousse.
HAGÈGE C. (1982). "Voies et destins de l’action humaine sur les
langues" in la réforme des langues.Hambourg : Buske, pp.
11-67.
KLEIBER (1990). La sémantique du prototype,Paris : PUF.
LEROI-GOURHAN (1964). Le geste et la parole,Paris : Michel
LYONS J. (1978). Éléments de sémantique,Paris
: Larousse.
LYONS J. (1981). Language, meaning and context,London : Fontana.
MARTINET A. (1974). "Homonymes et polysèmes", La linguistique,
fasc. 2.
MELKA TEICHROW F. J. (1989). Les notions de réception et de
production dans le domaine lexical et sémantique,Berne
MESSAOUDI L. (1986). "L’utilisation de la base de données Lexar
(de l’IERA) dans la recherche des emprunts dans la terminologie scientifique
arabe" in Dialogue entre la langue arabe et la langue française,
Paris, pp. 97-109.
MESSAOUDI L. (1990). Des technolectes,thèse de doctorat
d’état, Paris V.
MESSAOUDI L. (1995). "Linguistique et traduction. Le cas des technolectes"
in Traduction et interprétation des textes, Rabat : Publications
de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines,pp. 5-15.
MESSAOUDI L. (1998). "Technolectes bilingues (français-arabe)
et modes de dénomination" in Revue Tunisienne des Sciences Sociales.
MESSAOUDI L. (à paraître). Un technolecte agricole en
arabe dialectal marocain dans le parler des Jbala.
NIDA E., 1975, Componential analysis of meaning. An introduction
to semantic structures, Paris-The Hague : Mouton
PATRY R. & MENARD N. (1990). "La synonymie de la langue est-elle
celle du discours ?" La linguistique, fasc. 1
PICOCHE J. (1977). Précis de lexicologie française,Paris
: Nathan.
PICOCHE J. (1986). Structures sémantiques du lexique français,
Paris : Nathan.
POTTIER B. (1964). "La définition sémantique dans les
dictionnaires", TRALILI//2.
POTTIER B. (1974). Linguistique générale. Théorie
et description, Paris : Hachette.
POTTIER B. (1987). Théorie et analyse en linguistique,
Paris : Hachette.
RONDEAU G., 1984, Introduction à la terminologie, Québec
: Gaëtan Morin.
SCHOGT H. G. (1972). "Synonymie et signe linguistique" La linguistique,
fasc.
2
SCHOGT H. G. (1976). Synonymie, polysémie, homonymie,
Toronto : Toronto University Press.
|
|