POUR UNE TYPOLOGIE DES NÉOLOGIES DU FRANÇAIS
AU CONGO-BRAZZAVILLE

Omer Massoumou
Université Marien Ngouabi de Brazzaville

Introduction
 

Pour tenter de comprendre la vie de la langue française dans les dix dernières années en République du Congo, nous allons focaliser notre attention sur la typologie des néologies, en considérant avec Ambroise Queffélec et Dominique Matanga que les congolismes en tant que néologies constituent un vrai "miroir de la société" (1990 : 110). En tant que processus d'enrichissement continu de la langue, la néologie est au Congo, comme partout ailleurs, l'expression d'une réalité linguistique nourrie à des sources sociales particulières.
Elle [la néologie] est étroitement liée à la vie même de la communauté linguistique puisqu'elle traduit et enregistre tous les changements connus par la communauté conformément au principe universel selon lequel tout passe par la langue. (Salah Mejri, 1990 : 11).
La typologie, considérée ici comme une classification des néologies à partir de critères préalablement définis, examine d'une certaine manière les rapports sociolinguistiques. Même si elle comporte des "risques inhérents à la systématisation", la typologie reste un des meilleurs moyens pour voir clair dans les néologies.
La typologie constitue autant un moyen (psychologique) de se rassurer, qu’un moyen (heuristique) de quadriller le domaine, pour y cerner de plus près les mots à charge culturelle partagée. (Robert Galisson, 1988 : 77).
A partir du moment où nous travaillons sur un espace linguistique bien circonscrit, il est clair que notre typologie devra respecter une orientation sociolinguistique. Nous appliquerons les méthodes habituellement utilisées lors des inventaires des particularités lexicales du français en Afrique noire (IFA) et nous regarderons les tendances générales qu'offre l’évolution de la langue française dans une perspective globalisante. En 1990, parlant de l'emploi de la langue française au Congo Ambroise Queffélec et Dominique Matanga affirmaient :
La part des emprunts aux langues africaines (de l'ordre de 20%) y est considérablement plus restreinte que dans d'autres pays où elle peut dépasser les 50%. C'est le fonds français, modifié, altéré parfois, magnifié souvent, qui sert de terreau aux congolismes qui se contentent souvent de pousser à leur terme des virtualités langagières en puissance dans le français standard. (1990 : 110-111).
Le Congo apparaît encore comme l'unique pays avec l'Algérie où la population a une "bonne maîtrise du français" (Philippe Rossillon, 1995 : 80). En considérant le temps écoulé et les grands chambardements socio-politiques (trois guerres civiles, baisse de la qualité de l'enseignement, augmentation du chômage des jeunes…), nous allons vérifier si ce constat reste valide.
En étudiant la typologie des néologies, nous voulons aussi dégager le procédé le plus productif parmi ceux qui entraînent des particularités lexématiques, sémantiques et grammaticales. D'autres types d'écarts — comme la connexion ou la synonymie — pourraient être examinés. La présentation d'un inventaire lexical sommaire permettra de dégager, à titre indicatif, des tendances chiffrées. Elle permettra aussi d'évoquer l'intégration sociale des néologies en ce qu'elles sont aptes à traduire une pensée nourrie à des réalités bien congolaises. Une réflexion complémentaire portant sur la vitalité des néologies sera menée à la lumière des critères mis en avant par le Centre International de la Langue Française, celui de francité par exemple. Cette réflexion s’efforcera de prendre en compte la longévité d'un mot pour sa sélection dans un inventaire lexical.


1. Mise au point
 

Une étude lexicale nécessite généralement la constitution d'un corpus à partir de critères préalablement définis. Nous nous intéressons particulièrement à la décennie quatre-vingt-dix, ce qui institue donc une restriction temporelle. Pour l'établissement d'un inventaire lexical une démarche prônant l'exhaustivité semble idéale. Ainsi la considération du Français au Congo-Brazzaville de Jean-Alexis Mfoutou et des lexies non recensées par ce dernier parce qu’absentes des journaux dépouillés doit-elle être une démarche essentielle. La réflexion sur les néologies lexicales doit toutefois correspondre à une démarche d'interprétation scientifique. Umberto Eco (1988 : 113), nous apprend que :
Il y a […] deux seuls ordres de recherches sémantiques qui paraissent intégrales à une perspective encyclopédique : (a) celles qui mettent en lumière — fût-ce sans exigences systématiques — le caractère arbitraire des oppositions sémantiques et leur irréductibilité à des modèles de dictionnaire ; (b) celles qui laissent entrevoir des modalités de représentation encyclopédique partielle, non plus globale mais "locale" […].
Dans le cadre de cette étude, l'interprétation des néologies ne peut qu'adopter la seconde démarche. Et pour évoquer l'intérêt de cette entreprise interprétative, nous dirons avec Jacqueline Picoche que les définitions proposées "répondent aux besoins d'un usager embarrassé par le décodage d'un discours dont il ne possède pas entièrement le vocabulaire" (1977, 1992 : 139). Il s'agit donc de lire la diversité linguistique dans l'espace francophone à partir de l'exemple du Congo.


2. Des mots de la décennie quatre-vingt-dix
 

À la suite de l'ouvrage d'Ambroise Queffélec et Augustin Niangouna, Le français au Congo (1990), il est légitime de poursuivre la réflexion sur les particularités lexicales en prenant en compte les nouvelles créations lexicales. Nous avons dit vouloir poursuivre cette aventure à partir du livre de Jean-Alexis Mfoutou et d'un corpus de français oral. De cette façon, nous pouvons prétendre, non pas à l'exhaustivité, mais à une analyse plus pertinente prenant en compte tous les aspects des néologies des dix dernières années. Avant d'aborder notre réflexion sur la longévité des néologies, nous évoquerons les typologies fonctionnelle et descriptive.


2.1. La typologie fonctionnelle
 

Elle se fait généralement à partir de trois types de particularités : l'usage, la sémantique et la forme de la lexie.
- Les particularités de l'usage
Pendant la décennie quatre-vingt-dix, plusieurs termes, plus ou moins rares en français standard, sont ou ont été employés fréquemment par les Congolais. Il s'agit des termes comme milicien, milice, terroriste, exilé, déplacé, bêtise humaine, conférence nationale, honorable, etc. Il existe aussi des particularismes référentiel avec les expressions comme le courant est venu ou le courant est parti, l'eau est venue ou l'eau est partie pour évoquer les rétablissements ou les coupures intempestifs du courant électrique ou de l'eau au robinet.
- Les particularités sémantiques
Elles concernent des mots français qui ont acquis au cours de la décennie des sens nouveaux selon différents procédés comme la restriction ou l'extension de sens, les changements de connotation ou de dénotation, de catégorie grammaticale… : barrer, appelé volontaire, ananas, laboratoire, ninja, collant, coupés-coupés, génocidaire, événements, etc.
- Les particularités lexicologiques
Des procédés d'affixation, de siglaison ou d'abréviation, d'emprunts aux langues locales, de dérivation… sous-tendent la création de néologies comme boukoutage, boukouteur, ndombolo, dégué, korokoro, mbéba, mbébisme, mbébiste, ngoulou mou mako, nzélé, nzenga, etc.
En procédant à une classification de tous les mots du répertoire, on obtient les chiffres suivants qui permettent de percevoir les tendances du français au cours des dix dernières années :

 
Néologismes
par usage
Néologismes par
changement sémantique
Néologismes
de forme
172
42
50

 
Notre typologie fonctionnelle montre que sur 264 mots répertoriés ci-dessous, 172 sont des particularismes d’usage (65,15% ), 42 sont des néologismes par changement de sens (15,90%) et 50 des néologismes de forme (18,93%). L’état de langue décrit par Ambroise Queffélec et Augustin Niangouna en 1990 révélait que les emprunts aux langues locales représentaient 20%. des congolismes. En 2001, la tendance semble presque identique. Une légère régression est simplement à signaler.
Les néologismes de signification, s’ils sont moins nombreux, ne manquent pas d’impact sur la vie de langue française puisqu’ils sont "plus graves et plus durables" comme le précisent Danielle de Saint Jorre et Guy Lionnet (1989 : 2).


2.2. Typologie descriptive
 

Le traitement du sens est une entreprise délicate. L'observation ou la connaissance de la réalité aide certes à préciser les "éléments d'expérience" mais l'association du signifié et du signifiant n'est pas toujours identique pour les locuteurs d'une même communauté linguistique. Ainsi, pour un mot comme kamoke (kamokin) d'aucuns pensent qu'il s'agit d'une jeune fille mineure qui monnaie ses charmes. D'autres affirment que le terme désigne plutôt de toute jeune fille âgée de quinze ans environ. D'autres encore définissent le kamokin comme un adolescent ou un jeune homme ayant des relations intimes avec une femme plus âgée que lui. Et la jeune fille serait alors la kamokine. De telles divergences d’interprétation permettent de repenser l'arbitraire du signe linguistique ; comme l'écrit Jean-Michel Builles (1998 : 287), le mot ou
unité significative peut présenter n'importe quelle valeur signifiée en rapport avec l'expérience du monde dans lequel les êtres humains évoluent et interagissent (…)
Pour les mots de ce répertoire existant déjà en français de référence, nous ne retenons ici que le ou les sens réalisés particulièrement au Congo, par contraste avec leur sens commun répertorié par le Petit Robert 1 (1990). Toutefois, certains vocables ont été retenus en raison d'une certaine actualité (religieuse, politique, militaire, etc.) et d'une grande fréquence ces dix dernières années. Les articles se présentent par ordre alphabétique et se composent de la manière suivante :
- les entrées sont écrites en lettres majuscules et gras et classées par ordre alphabétique ;
- l’origine, quand elle est connue, est donnée entre parenthèses ; la catégorie grammaticale figure en abrégé et en lettres minuscules
(initiales) selon les abréviations suivantes : n. = nom, m. = masculin, f. = féminin adj. = adjectif, v. = verbe, tr. = transitif, intr. = intransitif, fig. = figuré ;
- la définition fournit le sens particulier. Quand il existe plusieurs sens, ils sont numérotés et classés (sens propre{s} suivis éventuellement des sens figuré{s}) ;
- un ou plusieurs exemple(s) contenant le mot clé ;
- des marqueurs de fréquence ou d’emploi (courant, fréquent, disponible, oral, écrit, milieu, etc.) ;
- des renvois à un synonyme, un antonyme ou à un mot de sens proche sont indiqués par les marques syn., ant. ou V. ( = voir) ;
- un commentaire est éventuellement fourni.


AMIGO : n. m. Soldat angolais venu au Congo soutenir le président Denis Sassou-Nguesso vers la fin de la guerre de 1997 et après. Les amigos ne se sont toujours pas entendus avec les cobras. Disponible, oral, peu lettrés. Syn. : angolais.

ANANAS : n. m. Grenade défensive appelée ainsi par sa ressemblance à l’ananas. Le milicien menaçait les passants avec un ananas. Disponible, oral, peu lettrés. Syn. : aubergine.

ANCIEN (NE) : n.
1- Étudiant ayant plus d’un an à l’université. Les anciens font peur aux palins au sujet des études à l’université. Ant. : palin.
2- Militaire ou étudiant appartenant à une promotion antérieure par rapport à soi. Ancien ! Dans quel corps es-tu maintenant ? Disponible, oral surtout, étudiants ou soldats.

ANGOLAIS : n. m. Soldat angolais installé au Congo depuis la guerre de 1997. Disponible, oral, peu lettrés. Syn. : amigo.

APÉRITIF: n. m. Boisson qu’on offre lors de certaines cérémonies, anniversaires, rencontres réunions, etc. Nous prendrons un apéritif après la soutenance du mémoire de mon cousin. Courant, oral, tous milieux.

APPELÉ(E) (VOLONTAIRE) (1992) : n. Enseignant utilisé par l’État dans les écoles primaires, collèges et lycées sans avoir été recruté comme fonctionnaire. Plusieurs appelés volontaires attendaient le paiement de leur solde devant le Trésor public. Courant, écrit, oral, lettrés.

AUBERGINE : n. f. Grenade. La police militaire a arrêté un milicien qui avait plusieurs aubergines. Disponible, oral, peu lettrés. Syn. : ananas.

AUBEVILLOIS (E) : n.
1- Habitant de la localité d’Aubeville près de Madingou (région de la Bouénza)
2- (1993) Auxiliaire des Forces Armées Congolaises sous le président Pascal Lissouba formé à Aubeville près de Madingou dans la région de la Bouénza. Courant, lettrés.
3- (1997) Combattant proche de Pascal Lissouba et considéré comme rebelle après la chute de celui-ci. Courant, oral, écrit, jeunes ou milieux politiques. V. cobra, cocoye, condor, korokoro, milicien, ninja, nsiloulou, requin, zoulou.

AUTANT POUR MOI : loc. Expression utilisée pour s’excuser, regretter un fait. - Eh toi, tu ne devrais pas marcher sur la pelouse. — Autant pour moi ! Courant, oral, jeunes ou militaires.

AVALER : v. tr. Mémoriser une leçon. Je ne ferai rien à ce devoir, je n’ai pas avalé le chapitre. Disponible, oral, étudiants.

AVOIR UN GROS CŒUR : loc. verb. Endurer certaines difficultés sans réagir. Se comporter en souffre-douleur. Cet enfant a un gros cœur pour supporter tout ce que lui fait sa marâtre. Courant, oral surtout, femmes.

BALLADOS : n. m. Jeune homme vendant des produits divers dans le centre ville de Brazzaville ou dans certains lieux publics. Nombreux des ballados de Brazzaville sont des Kinois. Disponible, oral, peu lettrés.

BANA IMBWA (du lingala, "chiots") : n. m. pl. Adolescents de 13-17 ans, bons nageurs et vivant et exerçant de petits travaux aux alentours du beach. Les bana imbwa viennent de Kinshasa. Disponible, oral surtout, argot, jeunes marginaux. Com. : terme originaire de la République Démocratique du Congo.

BANA MAYI (du lingala, "enfants de l’eau (ou du fleuve)") : n. m. pl. Adolescents sans emplois, aimant les divertissements et vivant de vols. Disponible, oral surtout, argot, jeunes marginaux. Com. : terme originaire de la République Démocratique du Congo.

BANA NGOUBA (du lingala, "enfants qui vendent les arachides") : n. m. pl. Adolescents qui sillonnent les rues avec des cuvettes d’arachides à vendre au détail. Disponible, oral surtout, style argotique, milieu des jeunes marginaux. Com. : terme forgé par analogie avec bana mayi.

BANA SHEGE (du lingala bana "enfants" et de Shege déformation de Schengen) : n. m. pl. Enfants de 9-12 ans vivant dans la rue et mendiant (Ils sont démunis à l’instar des immigrés refoulés d’Europe. Disponible, oral surtout, argotique, jeunes marginaux.

BANA VERNI : n. m. pl. Jeunes commerçants ambulants proposant aux femmes l’application du vernis à ongle. Disponible, oral surtout, argot, jeunes marginaux.

BANDE (DES QUATRE ) : n. f. Ensemble de quatre personnalités politiques très influentes pendant la présidence de Pascal Lissouba (Christophe Moukouéké, Moungounga-Nkombo Nguila, Victor Tamba-Tamba et Martin Mbéri). Le président Lissouba aurait été l’otage de la bande des quatre. Courant, écrit, oral, milieux politiques.

BARRER : v. tr.
1. Courtiser, draguer une fille. J’ai barré cette fille. Elle a accepté, elle est devenue ma fille. Disponible mais vieilli, oral surtout, jeunes.
2. (1997) Tuer, supprimer quelqu’un avec une arme à feu. Plusieurs personnes ont été barrées par les différentes milices. Disponible, oral, soldats. Syn. : faire voyager.

BARRICADE : n. f. Postérieur proéminent d’une femme. Avec ses barricades, cette femme doit payer deux places dans le hiace. Disponible, oral, peu lettrés. Syn. : nzenga.

BÂTON DE FOUFOU : loc. nom. Instrument en bois ayant la forme d’une petite pagaie et utilisé lors la préparation de la farine de manioc. Cette femme emprunte toujours le bâton de foufou de sa voisine pour malaxer son foufou. Courant, oral, tous milieux.

BEACH : n. m. port fluvial (et spécialement celui de Brazzaville). Je vais au beach attendre un ami qui vient de Kin. Courant, écrit, oral, tous milieux.

BEAUFORT : n. f. Bière importée du Cameroun. La beaufort est principalement consommée dans les grands hôtels. Disponible, oral surtout, milieu des hôtels.

BÊTISE (HUMAINE) : loc. nom. Expression servant à désigner et déplorer les crimes de toutes sortes commis pendant les guerres civiles des années 1990 Sa maison a été détruite pendant la bêtise humaine de 1994. Courant, écrit, oral, lettrés. Syn. : guerre civile, événements.

BIEN TAPÉ(E) : loc. adject. (En parlant d’une boisson) bien frais ou presque glacé. Demande au barman de nous servir deux ngoks bien tapées. Courant, oral, peu lettrés.

BIERRAMICINE : n.  f. Bière (particulièrement bière consommée à titre prétendument thérapeutique par les adeptes du groupe spirituel Louzolo). Par extension boisson alcoolisée. La consommation de la bierramicine chez les jeunes a augmenté ces dernières années. Disponible, oral, jeunes de 25-35 ans.

BILL : n. m. Jeune homme désœuvré traînant dans les rues, voyou. En allant au beach, il faut faire attention aux bills. Disponible, oral, peu lettrés.

BILOMBO : n. m. pl. Groupes de fidèles chez les protestants prônant une certaine solidarité entre les membres. Les bilombos se retrouvent souvent à l’occasion de certaines fêtes religieuses. Courant, écrit, oral, milieux religieux. Sing. : kilombo.

BIP : n. m. Signal sonore en téléphonie mobile lancé sans réaliser le contact dans le but de se faire rappeler par l’interlocuteur. Mon portable a sonné mais ce n’était qu’un bip. Courant, oral, tous milieux.

BIPAGE : n. m. Fait de biper quelqu’un. Le bipage c’est pas bien, ça dérange souvent. Courant, oral, tous milieux.

BIPER : v. intr. Sonner quelqu’un en téléphonie mobile sans attendre le contact, l’alerter en vue d’être rappelé. Attends ! je vais biper Didace, il va venir ou il va rappeler ; lui, il a souvent les unités. Courant, oral, tous milieux.

BIPEUR : n. m. Personne excellant dans l’action de biper. Ce garçon n’achète jamais les unités ; c’est un vrai bipeur. Courant, oral, tous milieux. Com. : le féminin bipeuse est rare.

BOIRASSE : n. f. Fait de mémoriser une leçon. Avec ce doc, tu fais la boirasse et tu as son vu. Disponible, oral, étudiants.

BOMA NGA, BOMA NGAI (du lingala "tue-moi") : n. m. Pain long assez bourratif et vendu 150 francs cfa. Ce pain est supposé assouvir la faim du consommateur au point de l’épuiser totalement. Hier, je n’avais rien à manger. J’ai acheté un boma nga et du lait et j’étais assommée. (une commerçante). Courant, oral peu lettrés. Syn. : pain obus.

BORE : n. m. Chose dont on veut parler, machin. Nous ne prendrons pas de jus, Ingrid n’est pas venue avec les bores (argent). Courant, oral, argot, jeunes. Com. : terme ayant parfois une connotation sexuelle et essentiellement utilisé chez les adolescents (15 à 20 ans).

BOTTINE : n. f. Préservatif masculin. Ce pharmacien ne vend pas de bottine parce qu’il suit les principes de sa religion. Courant, oral, jeunes. Syn. : sachet.

BOUCHON : n m. Poste de contrôle des véhicule et des personnes institué sur une route par des militaires ou des miliciens. De l’argent et des bijoux avaient souvent été extorqués au niveau des bouchons. Courant, oral, tous milieux.

BOUFFER (QUELQU’UN ) : v. tr. dir. Tuer quelqu’un par des sortilèges, manger son âme grâce à la sorcellerie. Il ne faut pas aller au village. Tu vas te faire bouffer. Courant, oral, tous milieux. Syn. : manger.

BOUKOUTAGE : v. tr. dir. Action de détourner, dilapider (de l’argent). Le boukoutage est une pratique qui nuit à l’économie du pays. Courant, écrit, oral, tous milieux.

BOUKOUTER (du munukutuba "broyer, croquer") : v. tr. dir. Détourner, dilapider (de l’argent). Les ministres boukoutent de l’argent public en toute impunité. Courant, écrit, oral, tous milieux.

BOUKOUTEUR (EUSE) : n. Personne qui détourne, dilapide (de l’argent). Les boukouteurs de l’argent public sont pour la plupart des ministres. Courant, écrit, oral, tous milieux.

BOUTIQUER : v. tr. dir. Truquer, manigancer, ourdir un complot, un coup. Par extension, ensorceler. Cette fille a boutiqué un mundélé pour avoir son amour exclusivement. Disponible, oral surtout, peu lettrés.

BRAQUÉ (E) : n. Personne agressée par des braqueurs. Victime d’un braquage. Après toutes ces guerres, on compte des pillés des braqués, des violés… Courant, écrit, oral, tous milieux.

çA C’EST : loc. Voici, terme utilisé comme présentatif. ça c’est mon père. Il travaille à la mairie de Mfilou. x Le directeur habite dans le quartier. ça c’est sa fille. Courant, oral surtout, tous milieux.

CABINET MÉDICAL : n. m. Centre de soins bénéficiant d’un équipement réduit, assurant principalement des examens cliniques et des soins légers (piqûres, pansements…). Elle se fait soigner dans un cabinet médical dans son quartier. Courant, écrit, oral, tous milieux.

CÂBLER : v. tr. dir. (avec objet animé) Téléphoner, entrer en contact avec quelqu’un avec l’aide du câble téléphonique. C’est dur de câbler mon frère qui est à Nkayi. Courant, écrit, oral, lettrés.

CABRI : n m.
1. Désigne indifféremment une chèvre ou un mouton.
2. Personne qui voyage à bord d’un train sans titre de transport mais en étant protégé par un militaire, un milicien ou un agent du chemin de fer. Romuald était le cabri du sergent pendant le voyage. Courant, oral, soldats.

CAHOU [kau] (mot d’origine ouest-africaine) : n. m. Type de légume en forme des haricot distribué initialement par les organisations humanitaires puis commercialisé par la suite. Courant, écrit, oral, milieux populaires.

CAMA’DE : n. Déformation phonétique du mot camarade réalisée par certains Congolais. Le cama’de membre du parti arrive ce matin. Disponible, oral surtout, peu lettrés.

CAMÉLÉON : n. m. Girouette, personne qui change fréquemment d’opinion ou de camp politique à l’instar du caméléon qui change de couleur en fonction du lieu. Depuis l’avènement de la démocratie, il y a plus d’un caméléons au Congo. Disponible, oral surtout, milieux politiques.

CANNEUR : n. m. Grand consommateur de canne à sucre. Si tu as des amis canneurs, tu deviendras canneur.  Com. : Terme surtout employé à Nkayi et dans la région de la Bouénza, par les jeunes de 10 à 20 ans.

CASE DE GAULLE : n. f. Habitation où résida le général de Gaulle passa les nuits pendant son séjour à Brazzaville en 1944, actuellement résidence des ambassadeurs de France au Congo. Chaque 14 juillet, il une réception à la case de Gaulle. Courant, écrit, oral, tous milieux.

CELTEL : n. m. Société de téléphonie mobile et par extension numéro d’un abonné à cette société. x Je vais à Celtel. J’ai des ennuis avec mon appareil. x Tu pourras me joindre dès la semaine prochaine ; mon celtel est le 53. Syn. : libertis, cyrtel. Courant, écrit, oral, tous milieux.

CENTRE DE SANTÉ INTÉGRÉ : n. m. Établissement où l’on donne des soins aux malades, où l’on éduque les femmes en soins nutritionnels pour les enfants, mais qui ne réalise pas d’hospitalisation. La vaccination se ferra du lundi au samedi dans les hôpitaux, les centres de santé intégrés. Courant, écrit, oral, tous milieux.

CHAPEAU : n. m. Perruque, coiffure de cheveux artificiels. En portant des chapeaux, les filles se passent pour des occidentales. Courant, oral, femmes.

CHARGEUR : n. m. Personne qui annonce la direction (destination) d’un bus aux clients. Le contrôleur n’a pas payé le chargeur. Ils ont failli se battre. Courant, oral surtout.

CHAUFFÉ : n. m. Accélération rythmique dans une chanson. Elle se déhanchait terriblement pendant le chauffé. Courant, oral, tous milieux.

CIRCUIT FERMÉ : n. m. Bus assurant le transport à Brazzaville entre le quartier du Plateau des quinze ans et le marché Total de Bacongo en accomplissant une sorte de boucle. Pour aller en ville, Jean emprunte un circuit fermé. Courant, écrit, oral, tous milieux. V. Coaster, Hiace.

CITÉ : n. f. Quartier d’habitation par opposition au centre ville d’une localité. La cité est très animée les week-ends et les jours fériés. Courant, oral, tous milieux.

CLANDESTIN : n. m. Civil ayant combattu pendant la guerre de 1997 et évoluant en milieu militaire sans être inscrit sur les registres de l’armée. Le cousin de Jean veut être militaire à tout prix. Maintenant il n’est que clandestin. Disponible, oral, jeunes miliciens.

CLASSE : n. Condisciple de promotion. Classe, qu’es-tu devenu ? Fréquent, oral, peu lettrés ou lycéens, étudiants, militaires.

COASTER : n. m. Bus de marque Toyota, offrant une trentaine de places assises et assurant le transport urbain à Brazzaville et à Pointe-Noire. Nous prendrons un coaster pour aller à Total. Courant, écrit, oral, tous milieux. V. Circuit fermé, Hiace.

COBRA : n. m. Combattant (civil ou militaire des Forces Armées Congolaises) proche du président Denis Sassou-Nguesso. Irons-nous à des élections libres et transparentes avec une force publique constituée pour l’essentiel des nouvelles recrues des milices "cobras"  ? ( La Rue meurt n° 245, p.3). Courant, écrit, oral, tous milieux. V. aubevillois, cocoye, condor, korokoro, mamba, milicien, ninja, nsiloulou, requin, zoulou.

COCOYE : n. m. Combattant des Forces Armées Congolaises formé à Loudima et considéré comme milicien ou rebelle après la chute du président Pascal Lissouba en octobre 1997. Dolisie et Nkayi, en effet, ont été le théâtre de violents combats qui ont opposé les miliciens cocoyes et mambas contre la force publique… (La Semaine africaine. n° 2202, p.4). Courant, écrit, oral, tous milieux. V. aubevillois, cobra, condor,  korokoro, mamba, milicien, ninja, nsiloulou, requin,  zoulou.

COGELO (Siglaison de Congolaise de Gestion des Loteries) : n. f. Société de jeux qui gère essentiellement au niveau du Congo le PMU (Pari Mutuel Urbain). La cogelo, la banque qui paie tous les jours. (slogan publicitaire). Courant, écrit, oral, tous milieux.

COLLANT : n. m. Pantalon, maillot collant, caleçon. Cette fille ne met que des collants. Courant, oral, jeunes filles.

COMMUNE : n. f. Mairie d’arrondissement.  Il faut demander un extrait d’acte de naissance à la commune de Poto-poto. Courant, écrit, oral, tous milieux.

CONDOR : n. m. Rebelle ninja, partisan du pasteur Ntoumi. Deux tendances existaient chez les Ninjas : ceux, d’une part, qui affirmaient leur appartenance au camp de Bernard Kolélas et, d’autre part, les condors ou le tsiloulou qui disaient appartenir au clan Ntoumi. (Les Dépêches de Brazzaville n°14, septembre 1999, p. 13). Disponible, écrit, oral, milieux politiques. V. aubevillois, cobra, cocoye, korokoro, mamba, milicien, ninja, nsiloulou, requin, zoulou.

CONFÉRENCE (NATIONALE) (1991) : n. f.
1. ( 1972) Rassemblement des organisations de masse.
2. (1991) Assemblée de représentants politiques, militaires et civils ayant mis fin en juin 1991 au monopartisme en vigueur au Congo. Plusieurs personnes pensent que la conférence nationale était une escroquerie politique. Courant, écrit, oral, tous milieux.

CONGO-BRAZZAVILLE, CONGO BRAZZAVILLE : n. m. Autre appellation de la République du Congo, devenue courante après le changement de nom de la République du Zaïre pour éviter une éventuelle confusion avec la République Démocratique du Congo (ex Zaïre). Le Congo est désigné par Congo-Brazzaville qui est différent du Congo Kinshasa. Courant, écrit, oral, tous milieux.

CONSEIL NATIONAL DE TRANSITION : n. m. Assemblée parlementaire non élue mise en place par le régime du président Denis Sassou après sa victoire militaire en octobre 1997. Les membres du Conseil national de transition se réunissent ce matin. Courant, écrit, oral, tous milieux. Syn. : Parlement de transition. Com. : souvent abrégé en C.N.T.

CONSEILLER NATIONAL : n. m. Député non élu siégeant au Conseil national de transition mis en place à la fin de la guerre de 1997. Le conseiller national a reçu le bureau des syndicats des enseignants vacataires. Courant, écrit, oral, tous milieux.

COPE, COOPE (abrév. de coopérer ou de coopération) (1990 ?) : n. f. Négociation, transaction plus ou moins illicite. Mélanie n’aime pas faire les copes, raison pour laquelle elle échoue. Courant, oral surtout, argot, jeunes. Syn. : topo.

COSAQUE : n. m. Personne ayant commis un acte répréhensible, un délit. Il faut mettre le cosaque au trou pendant au moins deux jours. Courant, oral surtout, militaires. Com. : terme au départ utilisé par les militaires pour désigner un soldant qui enfreint le règlement, qui sort de la caserne sans permission.

COSAQUER : v. intr.
1. Se dérober à un travail. Etienne, il a cosaqué pour aller voir sa copine.
2. Commettre une infraction, un délit. Ce voleur cosaque tout le temps. Courant, militaires.

COULOIR (HUMANITAIRE) : n. m. Zone démilitarisée reliant la région du Pool à Brazzaville pendant la guerre civile de 1998-1999 et après. Les sinistrés de la région du Pool avaient parfois peur d’emprunter le couloir humanitaire. Courant, écrit, oral, lettrés.

COUPÉS-COUPÉS : n. m. pl. Viande cuite sur la braise et vendue en petites tranches au bord des avenues de Brazzaville. Sur l’avenue de la Paix, il y a plusieurs point de vente des coupés-coupés. Courant, oral, milieux populaires.

COURT-CIRCUITER : v. tr. dir. Devancer quelqu’un dans une entreprise quelconque en utilisant des moyens plus ou moins frauduleuses. Martin l’a court-circuité pour la mission de 15 jours en France. Courant, écrit, oral, lettrés.

COURANT (LE - EST PARTI / LE - EST VENU) : loc. Expressions utilisées pour signaler une coupure ou un rétablissement du courant électrique. Courant, oral, tous milieux.

CYRTEL : n. m. Société de téléphonie mobile et par extension numéro de téléphone d’un abonné de cette société. Courant, écrit, oral, tous milieux. V. celtel, libertis.

DAYER (formé à partir de l’anglais to die) : v. intr. Mourir. Ce n’est pas le moment de dayer. Nous avons encore besoin de toi. Courant, oral surtout, familier.

DÉFLATÉ (E) : n. et adj. (Personne) renvoyée, licenciée d’une société privée ou étatique. Les déflatés de la Suco sont priés de se présenter à la place de la gare pour affaire les concernant (communiqué radio Nkayi). Les travailleurs déflatés perçoivent leurs droits dès la semaine prochaine. Courant, écrit, oral, milieu des lettrés.

DÉGUÉ (des langues de l’Afrique de l’Ouest) : n. m. Espèce de yaourt à base du mil. Les Sénégalais du marché de Poto-Poto préfèrent le dégué au yaourt aromatisé. Courant, oral surtout, milieux populaires. Syn. yaourt dégué.

DEMI-TERRAIN : n. m. Parcours d’un bus ou d’un mini-bus écourté volontairement par le chauffeur et le contrôleur pour contraindre les voyageurs à payer doublement un trajet plus long. Aux heures de grande affluence, les bus font des demi-terrains pour gagner plus d’argent. Courant, écrit, oral surtout, milieux populaires.

DÉPLACÉ (E) : n. Personne ayant changé de quartier ou de localité en raison d’un conflit armé. Après la guerre de Bacongo et Makélékélé de décembre 1998, plusieurs déplacés avaient été reçus dans des sites à Moungali. Courant, écrit, oral, tous milieux. Syn. sinistré.

DIBUNDU : n. m. Ensemble de fidèles catholiques regroupé en association. A la messe de ce dimanche, c’est le dibundu Sainte Marie qui chante. Courant, oral surtout, familier.

DIEU NE DORT PAS (JAMAIS) (traduction littérale du munukutuba ou du lingala Nzambi ke lala vé / Nzambé alala katé) : loc. Expression. servant à évoquer le caractère incorruptible de la justice divine. On tue les gens pour rien. Ce n’est pas grave ; Dieu ne dort pas. Courant, oral surtout, familier.

DOC (diminutif de docteur) : n. m.
1. Médecin ou personne travaillant dans le domaine de la santé. Courant, oral surtout, tous milieux.
2. (1992) Enseignant à l’université titulaire d’un doctorat ou pas. Courant, oral surtout, tous milieux.

DOPPEL : n. f. Bière importée de la République démocratique du Congo vendue dans des bouteilles de 72 centilitres. Courant, oral surtout, jeunes.

DOS TOURNÉ : n. m. Lieu de restauration où les clients tournent le dos à la rue. Disponible à Pointe-Noire, oral surtout, jeunes. Com. : ce terme viendrait du Gabon ou du Cameroun.

DOUTÉ (déformation de l’expression du thé) : n. m. Thé, boisson chaude prise principalement le matin comme petit-déjeuner. Maman, j’ai bu le douté. Courant, oral surtout, langage des enfants.

DRIBBLER : v. tr. dir. Tromper la vigilance de quelqu’un (à l’instar d’un joueur de football qui dribble ou trompe la vigilance d’un adversaire). Courant, écrit, oral surtout, peu lettrés.

ÉCURIE (1997) : n. m. Groupe de combattants ou soldats acquis à la cause du président Denis Sassou et mené ou dirigé par un chef (un officier supérieur principalement) très actif dans les combats pendant les guerres de 1997 et 1998. Plusieurs écuries entretiennent des rivalités entre elles. Courant, oral, militaires.

EFFORT DE GUERRE (1997) : n. m.
1. Somme versée de manière obligatoire aux combattants contrôlant un barrage à titre de contribution de soutien. Courant, écrit, oral, tous milieux.
2. Objet pillé pendant ou juste après un conflit armé. Courant, écrit, oral, tous milieux.

ÉGLISE DE RÉVEIL : n. f. Secte chrétienne dirigée par un pasteur. Depuis la fin du parti unique, il y a eu une explosion des églises de réveil. Courant, écrit, oral, tous milieux. Com. : les églises de réveil se distinguent des églises catholique et protestante par une pratique plus active des révélations et des prophéties.

ÉLÉMENT : n. m., adj. Soldat, militaire ou milicien. Une autre version parlerait des éléments infiltrés au Pool pour semer la terreur. (La Rue meurt, n° 254, p. 6). Courant, oral, soldats et miliciens.

ENFANT : n. m. Élève. Ce sont les enfants du cm2 qui sont chargés de la levée des couleurs. Courant, écrit, oral, tous milieux.

ENFILAGE : n. m. Action de mettre les pans d’un vêtement (chemise, tee-shirt…) dans un pantalon, une jupe, un short. Courant, oral surtout, lettrés.

ENFILER : v. tr. dir. Mettre les pans d’un vêtement (chemise, Tee shirt…) dans un pantalon, une jupe, un short. Ceux qui travaillent dans les bureaux aiment enfiler leur chemise. Courant, oral, lettrés.

ÉPROUVÉE (E) : adj. (Personne) frappée par un deuil. Michel est éprouvé, il a perdu son oncle. Courant, oral surtout, familier.

ERDDUN (Siglaison de Espace Républicain pour la Défense de la Démocratie et de l'Unité Nationale) : n. m.
Groupe de 39 partis politiques, organisations non gouvernementales et associations prétendant travailler pour la paix et la démocratie après la guerre civile de 1997. L’Erddun est un espace républicain qui suscite le débat. Courant, écrit, oral, lettrés. Syn. Espace, Espace républicain.

ESPACE RÉPUBLICAIN : n. m. Autre appellation de l’Erddun. Courant, écrit, oral, lettrés. Syn. Erddun, Espace

ETHNISATION : n. f. Fait d’imposer les membres du même groupe ethnique dans une structure administrative, politique, économique ou culturelle. L’ethnisation a pris un ampleur majeur avec la démocratisation de la politique. Courant, écrit, oral, lettrés.

ETHNISER : v. tr. dir. Imposer les membres du même groupe ethnique dans une structure administrative, politique, économique ou culturelle. Dans certaines entreprises étatiques, le personnel a été ethnisé. Courant, écrit, oral, lettrés.

ETHNODÉMOCRATIE : n. f. Pouvoir fondé sur une discrimination ethnique. Il faut lutter contre toutes les formes d’ethnodémocratie. Disponible, écrit, oral, lettrés.

ETHNORÉGIONALISME : n. m. Système ou conception politique qui repose sur une discrimination régionale et ethnique. Courant, écrit, oral, journalistes et lettrés.

ETHNORÉGIONALISTE : adj. Fondé sur une discrimination régionale et ethnique. Les opinions ethnorégionalistes ont émergé après l’adoption du multipartisme. Disponible, écrit, oral, péjoratif, lettrés.

ÊTRE AU LAIT ET AU MIEL : loc verb. Être au pouvoir, jouir directement du pouvoir politique d’un proche. Les mouvanciers ne sont plus au lait et au miel. Courant, écrit, oral, tous milieux.

ÊTRE AU LAIT : loc. verb. Se la couler douce, être au pouvoir, bénéficier du confort qu’offre le pouvoir politique directement ou indirectement. Il faut dire que ton parent est au lait. Courant, écrit, oral, tous milieux. Syn. être au miel.

ÊTRE DANS LE MAQUIS : loc. verb. Se retirer dans un lieu pour préparer une épreuve, un examen, pour ourdir un complot. Courant, écrit, oral, élèves et lettrés.

ÊTRE DANS LE YOYE : loc. verb. Éprouver des difficultés financières. Plusieurs étudiants sont dans le yoye faute de bourse. Disponible, oral, jeunes.

ÊTRE WELL : loc. verb. Être dans un état d’ivresse, être saoul. Le mari de sa tante est tout le temps well. Courant, oral, argot des jeunes.

ÉVÉNEMENTS : n. m. pl. Guerre civile, Confrontation violente. Les événements de décembre 1998 ont considérablement déstabilisé la ville de Brazzaville. Courant, écrit, oral, tous milieux.

ÉVITER (IL FAUT - ) : loc. Expression utilisée pour proférer une menace "il faut faire attention". Avec ma femme il faut éviter sinon je te fais voyager. Courant, oral surtout. Syn. kilikilité, krikrité.

EXILAND : n. m. Territoire imaginaire ou vivraient les exilés politiques après la guerre de 1997. Depuis l’exiland, des esprits revanchard cherchent à poursuivre la guerre. Courant, écrit, oral, lettrés.

EXILÉ(E) : n., adj. Personne proche du pouvoir de Pascal Lissouba s’étant retrouvée à l’étranger à la fin de la guerre de 1997, réfugié. Courant, écrit, oral, milieu des politiques et des lettrés. V. génocidaire

EXILOIS : n. Habitant de l’exiland. Politicien vivant en exil après la chute du président Pascal Lissouba en 1997. Courant, écrit, oral, lettrés.

FAC (Sigle de Forces Armées Congolaises) : n. f. pl. Armée congolaise. Les FAC ont été crées des cendres de l’APN Armée Populaire Nationale. Courant, écrit, oral, tous milieux.

FACE B : n. Appellation donnée aux sinistrés ou déplacés dont le visage était complètement défait après avoir passé plusieurs mois dans les forêts de la région du Pool après la guerre de décembre 1998.  Plusieurs face B sont rentrés à Brazzaville en empruntant le couloir humanitaire.  Avec sa face B, je ne pouvais pas la reconnaître. Disponible, oral surtout, milieu des habitants de Brazzaville sud.

FAIRE LE MBÉBA : loc. verb. Se conduire comme un vandale, détruire, abîmer volontairement. Plusieurs miliciens font le mbéba dans les quartiers de Brazzaville. Courant, écrit, oral, tous milieux.

F.D.P (Siglaison des Forces Démocratiques et Patriotiques) : n. f. pl. Coalition de partis politiques d’opposition pendant la présidence de Pascal Lissouba. Les F.D.P. regroupaient essentiellement des partis politiques armés pendant la guerre de 1997 autour du président Denis Sassou Nguesso. Courant, écrit, oral, lettrés.

F.D.U (Siglaison de Forces Démocratiques Unies) : n. f. pl. Ensemble de partis politiques coalisés après la guerre de 1997. Les F.D.U sont, nées des cendres des F.D.P. Courant, écrit, oral, lettrés.

FESPAM (Siglaison de Festival Panafricain de Musique) : n. m. Festival international de musique de Brazzaville. Le FESPAM devra être un grand rendez-vous de tous les musiciens africains. Courant, écrit, lettrés.

FIOTIS-FIOTIS : n. f. pl. Petites filles, jeunes filles. Papa Wemba et les fiotis-fiotis au Palais du parlement. (message publicitaire décembre 1999). Courant, écrit, oral, tous milieux. V. kamokin, miké-miké. Com. : terme originaire de la République Démocratique du Congo.

FORUM (NATIONAL) : loc. nom. Assemblée de militaires, politiques et de civils favorables à une réconciliation nationale à la fin de la guerre de 1997. C’est aussi en vue de reprendre l’espoir d’une renaissance nationale devenue indispensable que notre parti a souscrit aux objectifs du Forum National pour la Réconciliation, l’unité, la Démocratie et la Reconstruction du Congo de janvier 1998. (discours de Benjamin Bounkoulou, président de l’Union pour la République. (U.R.) in La Rue meurt n° 243, 29 /7/1999, p. 6). Courant, écrit, oral, lettrés.

FOULA-FOULA : n. m. Véhicule de transport en commun. Certains foula-foulas sont si mal entretenus qu’ils représentent en danger pour les passagers. Courant, écrit, oral, tous milieux.

GÉNOCIDAIRE : n.
1. Personnalité politique ou militaire proche du pouvoir déchu du président Pascal Lissouba. Depuis leur exil doré, les génocidaires commanditent des actions contre le pays. Courant, écrit, oral, tous milieux.
2. Personne coupable de malversation (crimes de guerre, économiques…). Pour l’UDR Mwinda, il faut par tous les moyens discréditer son Président André Milongo taxé de "génocidaire" et conspué au Forum par les délégués fanatisés du PCT. (La Rue meurt, 6/8/1998, p. 3). Courant, écrit, oral, tous milieux.

GOUVERNEMENT DE LA RÉPUBLIQUE : n. m. Appellation courante pour désigner le gouvernement de la République du Congo. Ils parlent de gouvernement de la république comme s’il pouvait avoir un gouvernement de quelque chose d’autre. Courant, écrit, oral, milieux des politiques.

GRAND : n. m. Personnes plus âgée ou pourvue d’un statut social plus important. Certaine grands n’aiment pas aider les petits. Courant, oral, jeunes. V. vieux.

GRAND NIARI : n. m. Espace des pays dits du Niari : Niari, Bouénza, et Lekoumou. L’une des régions la plus fertile en agriculture au Congo est le Grand Niari. Courant, écrit, oral, lettrés. Syn. Niboland.

GRILLER : v. tr. dir. Dire des méchancetés sur quelqu’un, lui nuire, le dénigrer ou le trahir. Likibi a grillé son ami auprès de la direction pour être bien considéré. Courant, écrit, oral, tous milieux.

GROS FRANÇAIS : n. m. Français de niveau soutenu ou considéré comme tel. Ah ton fils depuis qu’il était à Brazzaville chez son oncle, il ne parle que le gros français. Courant, oral, tous milieux.

GROS MOT : n. m. Mot recherché, savant ou pédant. Ce texte a beaucoup de gros mots, il nous faut un dico. Courant, peu lettrés.

GUERRIER : n. m. Milicien qui s’est illustré par son courage lors des combats pendant un conflit armé. Les écuries comptaient sur leurs guerriers pour faire face aux ennemis. Disponible, oral, militaires, miliciens et certains jeunes. V. élément, milicien.

HÉLICO (diminutif d’hélicoptère) : n. m. Danse inspirée du vol des hélicoptères de combat et des gestes désespérés des populations fuyant les bombardements lors des guerres civiles. Courant, oral, jeunes.

HIACE : n. m. Véhicule de transport en commun de marque Toyota. Au lieu de prendre le circuit fermé, tu ferais mieux de prendre un hiace ; tu arriveras plus vite. Courant, écrit, oral, tous milieux. V. coaster, circuit fermé.

HINTERLAND : n. m. Reste du pays par opposition à la capitale. Un ministre se rend […] dans l’hinterland. (Le Flambeau n° 68). Disponible, écrit, oral, lettrés.

HONORABLE : n., adj. Député.  Les honorables députés du CNT ont siégé jusqu’à tard dans la nuit. L’honorable Mananganzala a reçu les délégués des syndicats dans l’après-midi. Courant, écrit, oral, lettrés.

INFILTRÉ (E) : n.
1. Partisan réel ou supposé d’un camp ennemi pendant et après la guerre de juin-octobre 1997. Il était strictement interdit d’écouter les émissions d’une autre radio sous peine d’être considéré comme un infiltré. (Les Dépêches de Brazzaville, n° 14, Septembre 1999, p. 13). Courant, écrit, oral, tous milieux.
2. Espion d’un camp adverse. Il faut faire attention. Il y a peut-être des infiltrés par ici. Courant, écrit, oral, tous milieux.

INFORMEL :
1. n. m. Secteur des activités professionnelles embryonnaires et non réglementées. Après les différentes guerres, on constate que l’informel prend une grande place à Brazzaville. Courant, écrit, oral, lettrés.
2. adj. Relatif à ce qui n’est pas réglementé. Le secteur informel de l’alimentation de rue présente des avantages et des inconvénients pour les consommateurs. Courant, écrit, oral, lettrés.

KADAFI, KHADAFI (du nom du Président Libyen ; terme originaire de la République Démocratique du Congo) : n. m. Vendeur d’essence ou de gas-oil à la sauvette. Les kadafis provoquent beaucoup d’incendies par un stockage dangereux du carburant. (Radio Congo). Courant, écrit, oral, tous milieux.

KAMOKIN, KAMOKE (du lingala ka moke "un peu, juste une petite fille" terme originaire de la République Démocratique du Congo) : n. f. Jeune fille de 13-15 ans. Les kamokins s’habillent très sexy. Courant, oral surtout, milieu des jeunes. V. fiotis-fiotis, miké-miké.

KATANGAIS : n. m. Officier originaire du Nord du pays, de la région de la Likouala particulièrement. Courant, oral, militaires et habitants de Brazzaville nord.

KIDIATOULOU : n. m. Pain de fabrication artisanale. Les kidiatoulous aident les familles nombreuses à passer ces temps de crise. (Radio Africa n°1, 1/2/2000, 7 h 25’). Courant, écrit, oral, tous milieux.

KILIKILITÉ, KRIKRITE (du lingala, "pas de n’importe quoi") : loc. nom. Pas de désordre, pas de pillage. Ici, c’est le kilikilité. V. mbeba, il faut éviter.

KILOMBO : n. m. Groupe de fidèles chez les protestants prônant une certaine solidarité entre les membres. Courant, écrit, oral, milieux religieux. Plur. : bilombo.

KOKO, KOOKO (des langues congolaises) : n. Appellatif pour les grands-parents, Mémé, Pépé. Grand père, Grand-mère. Disons au revoir à kooko Moukouika avant de partir. Disponible, oral, enfants surtout.

KOKO : n. m. Feuilles sauvages et comestibles. Tu achèteras le koko pour le repas d’aujourd’hui. Courant, oral surtout, milieux populaires. Syn. : mfoumbou.

KOKO BAR, KOKO-BAR : n. m. Homme âgé, personne du troisième âge. Ce koko bar nous embête. Il n’arrête de réclamer ceci ou cela. Disponible, oral, péjoratif, jeunes.

KOROKORO, KORO-KORO : n. m.
1. Chariot généralement d’une roue utilisé pour le transport de certaines marchandises, tracteur avec remorque (à Pointe-Noire surtout).
2. Pousseur de chariot. Syn. koroman.
3. Jeune recrue, milicien auxiliaire de l’armée sous Sassou II. Courant, écrit, oral, tous milieux. Com. : le terme korokorine (péjoratif) est parfois utilisé pour les jeunes filles. V. aubevillois, cobra, cocoye, condor, mamba, milicien, ninja, nsiloulou, requin, zoulou.

KOROMAN : n. m. Pousseur de chariot. Disponible, oral surtout, lingalaphones.

LABORATOIRE : n. m. Groupe de personnes traitant les sujets à l’extérieur des salles lors des examens d’Etat et remettant frauduleusement les réponses aux candidats. Dans les régions, les candidats aux examens d’État comptent souvent sur le concours des laboratoires. Courant, écrit, oral, tous milieux.

LAND (de l’anglais "pays, région") : n. m. Région. Rare, écrit surtout, milieu des journalistes. Com. : terme davantage employé comme suffixe dans les mots comme exiland, hinterland, niboland,  pooland…

LAVEMENT DE MAINS : n. m. Cérémonie de réconciliation où, conformément à la tradition, les différents acteurs de la Conférence Nationale de 1991 s’étaient lavé les mains dans une même cuvette pour symboliser la réconciliation et la fin des rancunes ou querelles politiques. Les hommes politiques avaient donné une valeur nouvelle au lavement des mains. Courant, écrit, oral, tous milieux.

LIBERTIS (TELECOM) : n. m. Société de téléphonie mobile et par extension numéro d’un abonné à cette société.  Le mari de Joséphine Assika a pris un abonnement à Libertis.  Avec Libertis télécom, c’est le solola bien au Congo. (slogan publicitaire). Courant, écrit, oral, tous milieux. V. celtel, cyrtel

LISSOUBIEN : n. et adj.
1. n. Partisan de Pascal Lissouba. Tous les membres de l’UPADS ne sont pas des lissoubiens. Courant, écrit, oral, lettrés.
2. adj. Relatif au Président Pascal Lissouba. La présidence lissoubienne aura laissé de mauvais souvenirs aux Congolais. Courant, écrit, oral, lettrés.

LISSOUBISME : n. m. Idéologie politique de Pascal Lissouba, Président du Congo de 1992 à 1997. Le lissoubisme se fonde sur la science et la technologie comme moyen de développement social. (Homme politique proche de Pascal Lissouba). Courant, écrit, oral, lettrés.

LISSOUBISTE : n. et adj.
1. n. Adepte du lissoubisme. Cet étudiant est un lissoubiste convaincu. Courant, écrit, oral, lettrés.
2. adj. Relatif au lissoubisme. Il ne faut pas avoir un comportement lissoubiste. Courant, écrit, oral, lettrés.

MABA MA TATOU (du bembé) : loc. Expression désignant littéralement les trois palmiers, symbole du parti UPADS. Des griots demandaient à la population de voter les maba ma tatou aux élections législatives. Courant, écrit, oral, milieux politiques.

MABONZA : n. m. pl. Contributions, somme d’argent versée volontairement ou de forces comme contributions à une église ou à des miliciens. x Ils vont extorquer aux automobilistes 1000 francs ou 2000 balles de "mabonza". (Le Flambeau n° 68, 8/11/1999, p.12). x Pour les mabonza à l’église, je n’ai rien aujourd’hui. Courant, écrit, oral, milieux populaires.

MALTRAITÉ : n. et adj.
1. n. Retraité ne percevant pas sa pension. Il faut s’attendre à des manifestations de travailleurs et des étudiants voire des maltraités. Courant, écrit, oral, péjoratif, lettrés.
2. (personne) retraitée ne percevant pas sa pension. Les parents maltraités ne peuvent plus faire face à leur responsabilité. Courant, écrit, oral, péjoratif, lettrés.

MAMADOU : n. m.
1. Personne stupide, idiote. Arrête de faire l’idiot, tu es devenu un mamadou ou quoi ?
2. Dans l’armée, officier ayant gravi les échelons depuis le grade de simple soldat jusqu’à celui grade d’officier supérieur (commandant, colonel ou général). Courant, oral surtout, milieux militaires.

MAMBA : n. m.
1. Véhicule militaire blindé. Le lieutenant a eu la vie sauve grâce au mamba qui lui a permis de quitter la zone de combat.
2. Milicien civil (volontaire) combattant en faveur du Président Pascal Lissouba pendant la guerre civile de 1997. et après. Dolisie et Nkayi, en effet ont été le théâtre de violents combats qui ont opposé les miliciens cocoyes et mambas contre la force publique. (La Semaine africaine n° 2202, p. 4). Courant, écrit, oral, lettrés. V. aubevillois, cobra, cocoye, condor, korokoro, milicien, ninja, nsiloulou, requin, zoulou. Syn. mamba de guerre

MANGER (QUELQU’UN) : v. tr. dir. (avec objet humain). Tuer quelqu’un par des sortilèges, manger son âme grâce à la sorcellerie. Courant, oral surtout, familier, enfants et peu lettrés. Syn. bouffer.

MANGER SON ARGENT : loc. verb. Dépenser son argent, ne pas faire des économies. Les korokoros mangent leur argent dès le jour de la paie. Courant, oral surtout, familier, enfants et peu lettrés.

MANGEUR D’HOMME : n. m. Sorcier, personne maléfique. Courant, oral surtout, familier, enfants et peu lettrés.

MARCHÉ KOWEÏT : n. m. Marché établi à Ouenzé où étaient vendus des objets pillés à la suite de la guerre civile de 1998-1999. Au marché Koweït, on pouvait acheter un téléviseur à moins de 50 000 francs CFA. Disponible, oral surtout, peu lettrés.

MBÉBA (du lingala "accident") : n. m. Destruction, comportement nuisible. Il faut réprimer le mbéba sous toutes ses formes. Courant, écrit, oral, tous milieux. Loc. faire le mbéba.

MBÉBISME : n. m. Conduite ou état d’esprit reposant sur la destruction, la gabegie. Courant, écrit, oral, tous milieux.

MBÉBISTE : n.
1. Adepte du mbébisme. Ce jeune est un bandit ; c’est le premier mbébiste du quartier. Courant, écrit, oral, tous milieux.
2. Relatif au mbébisme. Il faut lutter contre le comportement mbébiste de certains citoyens. Courant, écrit, oral, tous milieux.

MÈCHE : n. f. Cheveux artificiels utilisés par les femmes pour se coiffer généralement comme des occidentales. Courant, oral, femmes surtout. V. chapeau.

MÊME PÈRE, MÊME MÈRE : loc. adj. (personne) issue de mêmes parents. Courant, oral, peu lettrés.

MIKÉ-MIKÉ, MIKEY-MIKEY : n. f. pl., adj. Jeunes filles de 15 ans environ. Les miké-miké sont préférées aux femmes âgées par les hommes. Courant, oral, tous milieux. V. fiotis-fiotis.

MILICE : n. f.
1. Police populaire mise en place par le Parti Congolais du Travail (parti unique) dans les années soixante dix. La Révolution va triompher grâce au concours de la milice populaire. Disponible, écrit, oral, tous milieux.
2. Groupe d’hommes initiés aux armes et partisans d’un leader politique. Les mambas, les cobras et les ninjas sont les principales milices au Congo Brazzaville. Courant, écrit, oral, tous milieux.

MILICIEN : n.
1. Dans les années soixante-dix et quatre-vingt, sous le monopartisme, auxiliaire de la force publique qui s’engageait à défendre la "évolution socialiste". Disponible, écrit, oral, tous milieux.
2. Depuis 1992, partisan armé, adepte d’un leader politique. Courant, écrit, oral, tous milieux. V. aubevillois, cobra, cocoye, condor, korokoro, mamba, ninja, nsiloulou, requin, zoulou.

MOUSSOSSO (d’une langue congolaise du sud) : n. m. Légume plus ou moins amer. Mon mari aime manger le moussosso au poisson fumé. Courant, écrit, oral, tous milieux. Com. : Au nord, on parle de ndounda bololo.

MOUVANCE (PRÉSIDENTIELLE) : n. m. Ensemble de partis politiques ou de personnalités formant une majorité présidentielle autour du président Pascal Lissouba. La mouvance présidentielle s’est divisée sur le problème de la privatisation.Hier, le Président Lissouba, au nom de la Mouvance Présidentielle, sa famille politique, déclarait : "On n’organise pas les élections pour les perdre". (La Rue meurt n° 245, 6/8/1998, p. 3). Courant, écrit, oral, tous milieux.

MOUVANCIER : n. m. Personne faisant partie de la mouvance présidentielle. Certains mouvanciers avaient rejoint l’opposition parce qu’ils n’étaient pas nommés à des postes importants de l’État. Courant, écrit, oral, tous milieux.

MOYEN : n. m.
1. Moyen de transport : voiture, véhicule. Son moyen a été pillé aux derniers événements.
2. Moyen financier, argent. La crise est dure. On n’a même pas de moyen pour acheter un journal. Peu lettrés
3. (Pour un adolescent) source de plaisirs, copine. Courant, oral, jeunes et soldats.

MULTIPLICATEUR DE BILLETS : loc. nom. m. Faussaire, personne fabriquant des contrefaçons de billets de banque. Les Camerounais sont souvent soupçonnés de multiplicateurs de billets par la police. Disponible, écrit, oral, lettrés.

NATTE : n. f.
1. Tapis artisanal ou traditionnel servant de matelas.
2. Marque de tresses (coiffure). Cette demoiselle te demande 500 F pour te faire des nattes. Courant, oral, femmes.

NDOMBOLO : n. m.
1. Danse d’origine congolaise (Congo Kinshasa). Elle exhibe des pas de ndombolo pour séduire le korokoro. Courant, écrit, oral, tous milieux.
2. Marque de chaussure (en forme de sandale) aux semelles épaisses. Il paraît qu’au-delà de 17 h 30’, il n’est plus bon de passer par le PSP de Kinsoundi si vous êtes une fille portant une jupe un peu serrée et des chaussures ndombolo. (La Rue meurt, 245, p. 12). Courant, écrit, oral, tous milieux.
3. Arme lourde  (BM 21, BM 25) utilisée par les Forces Démocratiques et Patriotiques (FDP) du président Denis Sassou-Nguesso pendant la guerre civile de 1997 pour chasser le président Pascal Lissouba du pouvoir. En utilisant le ndombolo, les FDP avaient rapidement gagné la guerre en octobre 1997. Courant, écrit, oral, tous milieux.
4. Derrière proéminent d’une femme. Assez rare. Syn. nzenga.

NDOUTOU, NDUTU : n. m. Petite bouteille d’une vingtaine de centilitres de contenance servant à vendre au détail le pétrole lampant. Courant, oral, milieux populaires.

NGUIRI (SAC-) : n. m. Gros sac utilisé dans le transport de certains produits vivriers comme le manioc, le foufou, les patates. Avec l’ouverture de la voie ferrée, le sac de nguiri de foufou est passé de 30 000 francs CFA environ à 15 000 francs CFA. (Radio Congo, 14/4/2000). Courant, écrit, oral, tous milieux.

NGOK : n. f. Bière locale fabriquée par la société Brasseries du Congo (Brasco). La bouteille de la ngok est de couleur verte. Courant, écrit, oral, tous milieux. Com. : le genre masculin est parfois employé : un ngok. Mais le féminin est le genre correct : la bière ngok > la ngok.

NGOULOU MOU MAKO, NGULU MU MAKO (du bembé) : n. m.
1. préparation culinaire à base de porc et de banane plantain, porc à la banane. Les Congolais aiment manger le ngoulou mou mako le dimanche dans les ngandas. Courant, écrit, oral.
2. Voiture de grosse cylindrée utilisée par les personnalités politiques sous le règne de Pascal Lissouba. Courant, écrit, oral.

NIBO (diminutif de Nibolek) : n. Personne ressortissant du Niboland. Courant, oral surtout, tous milieux.

NIBOLAND : n. m. Territoire composé de trois régions du sud du Congo : le Niari, la Bouénza et la Lékoumou. Courant, écrit, oral, tous milieux.

NIBOLEK : n.
1. n. m. Espace physique constitué par les trois régions du Grand Niari (Niari, Bouénza, Lékoumou). Courant, écrit, oral, tous milieux. Com. : Nkayi, Madingou, Dolisie, Mossendjo et Sibiti sont les principales ville du Nibolek.
2. n. Ressortissant de l’une de ces trois régions. Se fixant comme objectif de réconcilier les jeunes autour du sport et de leur faire oublier la guerre, (l’équipe) est composée de joueurs amateurs appartenant aux ethnies les plus diverses du Congo : Laris, Niboleks, Mbochis, Makouas, Tekés… Moyenne d’âge des joueurs, 24 ans. (Les Dépêches de Brazzaville, 14/9/1999, p. 5). Com. : le diminutif nibo est assez fréquent dans la langue parlée.

NIBOTCHEK : n., adj. Personne dont l’un des parents est originaire du Pool et l’autre du Niboland. Les enfants nibotcheks ont vécu des drames intérieurs pendant la guerre civile de 1993-1994. Courant, écrit, oral, tous milieux.

NINJA : n. m., adj. Milicien (civil ou militaire) partisan de Bernard Kolélas. Les ninjas de Bernard Kolélas sont opposés aux ninjas de tâ Ntoumi. Courant, écrit, oral, tous milieux. V. aubevillois, cobra, cocoye, korokoro, mamba, milicien, nsiloulou, requin, zoulou.

NKOSSA : n. m.
1. Gisement de pétrole situé en mer au large du Congo. Avec la découverte de Nkossa, le Congo a augmenté sa production pétrolière. Courant, écrit, oral, tous milieux.
2. Safou, fruit tropical de couleur bleu pétrole et en forme de datte. Maman a acheté beaucoup de nkossa ; chacun aura sa part. Courant, écrit, oral, tous milieux.

NON : adv. Mot utilisé en fin de phrase (interrogative et impérative particulièrement) équivalent de n’est-ce pas ? Tu viens me voir demain non ?  Viens non ! Courant, oral, enfants et jeunes.

NORLAND (adjonction à Nord du suffixe -land sur le modèle de niboland) : n. m. Partie nord du pays, région septentrionale de la République du Congo. Disponible, écrit, oral, plaisant, lettrés.

NORVÉGIEN (NE) : n. Ressortissant du nord du Congo. Disponible, oral surtout. Com. : les termes régionalistes tchek, nibolek ou norvégien sont souvent condamnés.

NSILOULOU (1999) : n. m. Milicien adepte du pasteur Ntoumi. Disponible, écrit, oral, jeunes, soldats ou miliciens. V. aubevillois, cobra, cocoye, condor, korokoro, mamba, milicien, ninja, requin, zoulou.

NZELE (mot formé à partir de la syllabe [zEl] de demoiselle) : n. f. Jeune fille, demoiselle. Courant, écrit, oral, tous milieux.

NZENGA : n. m.
1. Morceau de manioc vendu dans les rues. Tonton nous a demandé de l’acheter des nzengas au marché de 10 F. (un enfant à Brazzaville). Courant, écrit, oral, tous milieux.
2. Postérieur rebondi d’une femme. Les Congolais préfèrent les femmes aux gros nzengas. Courant, écrit, oral, tous milieux. Syn. ndombolo.

ONDONGO : n. Statue de bronze située à la Place de la gare de Brazzaville, place de la liberté. C’est la première fois que tu viens à Brazzaville, je t’emmènerai voir Ondongo.Ondongo a été détruit pendant la guerre de 1997. Courant, écrit, oral, tous milieux.

OSEILLE DE GUINÉE : n. f. Variété d’oseille locale. A Agricongo, l’oseille de Guinée est vendue "en gros", c’est-à-dire par planche. Courant, écrit, oral. Com. : ce légume très apprécié dans l’accompagnement du "bouillon au poisson de mer".

PACIFICATION  : n. f. Processus de rétablissement de la paix mené par les Forces Armées Congolaises dans les régions du sud du Congo après les guerres civiles de 1997, 1998 et 1999. La pacification est un processus irréversible. La prise de Kindamba par les Forces armées congolaises dimanche marque la fin des grandes opérations de pacification entreprises dans la région du Pool. (Les Dépêches de Brazzaville, 14, p. 27). Courant, écrit, oral, lettrés.

PAIN CARRÉ : n. m. Pain de forme cubique. Donne-moi 150 F, je vais m’acheter un pain carré. Courant, oral surtout, milieux populaires.

PAIN OBUS : n. m. Pain en forme d’obus, vendu principalement à Bacongo, premier arrondissement de Brazzaville. Courant, oral surtout, tous milieux. Syn. boma ngia.

PALIN(E) : n. Étudiant qui effectue sa première année d’étude à l’université Marien Ngouabi de Brazzaville. Les palines craignent les bizutages à la rentrée universitaire en raison des certains abus. Courant, oral, étudiants. Ant. : ancien.

PARENT : n. m. Personne considérée comme un proche mais avec qui l’on n’a pas de liens de parenté. Un parent m’a dit que les salaires seront payés à partir de la semaine prochaine. Courant, oral, tous milieux.

PARLEMENT DE TRANSITION : loc. nom. m. Assemblée parlementaire non élue constituée à l’issue de la guerre civile de 1997. Courant, écrit, oral, lettrés. Syn. Conseil National de Transition.

PÉCÉTISME : n. m. Idéologie du Parti Congolais du Travail (PCT), ancien parti unique, appliquant le socialisme scientifique (tendance marxiste) comme système de gestion politique. Le pécétisme a connu plusieurs mutations ces dernières années. Disponible, écrit, oral, lettrés.

PÉCÉTISTE : n. et adj.
1. n. Adepte du pécétisme. Disponible, écrit, oral, lettrés.
2. adj. Relatif au PCT ou au pécétisme. Disponible, écrit, oral, lettrés.

PEM [pem] : n. m. Arme de guerre, généralement une kalachnikov. Au début de la guerre, on distribuait les pem aux jeunes garçons. Courant, oral, jeunes ou militaires. Syn. : pémaka.

PEMAKA [pemaka] : n. m. Fusil mitrailleur automatique, généralement une kalachnikov. Le cambrioleur avait un pémaka, on ne pouvait rien faire. Courant, oral, jeunes ou soldats. Syn. : pem.

PETITE SUISSE : loc. nom. f. Expression utilisée par le président Pascal Lissouba lors de ses campagnes électorales pour évoquer un Congo futur idyllique et paradisiaque qui ressemblerait à la Suisse. Le quartier Moutabala à Mfilou était considéré comme la petite Suisse parce que l’on avait de l’électricité gratuitement par des branchements sauvages. Disponible, oral, milieux populaires.

PHASEUR : n. m. Enfant ou adolescent (fille ou garçon de 7 à 15 ans environ) dormant dans les rues et vivant de mendicité. Ce petit phaseur se fait agresser par les écoliers. Disponible, oral, jeunes. Syn. bill.

PILLEUR (SE) : n. Personne qui pille. Les grands pilleurs pendant les événements, c’est les miliciens. Courant, écrit, oral, tous milieux. Syn. pillard.

POUATCHA : adv. Soudainement (lors d’une apparition courageuse et inattendue en bravant le danger). Il était sorti pouatcha de la forêt en dépit de la présence des cobras dans le village. Rare, oral, ressortissants de la région du Pool.

PYROMANE : n. m. Homme politique favorable à l’utilisation de la violence dans la résolution des problèmes. Disponible, oral, lettrés. Syn. : terroriste.

QUAKER : n. m. Récipient en aluminium servant de mesurer la quantité de plusieurs produits alimentaires. Quaker de riz, de haricot, de sel, etc. Les vendeuses de foufou mettent parfois de la cire de bougie au fond de leur quaker. Pour la farine de maïs, tu me prendras deux quakers. Courant, oral, milieux populaires.

QUINZIÈME : n. m. Jeune fille de 15 ans environ. Courant, oral, jeunes. V. seizième.

RADIO ALLIANCE : n. f. Station de radio installée à Brazzaville et défendant les thèses de Bernard Kolélas. J’ai été repéré par les miliciens et obligé d’intégrer l ‘équipe des journalistes de Radio Alliance dont les programmes étaient conçus pour entretenir le moral des populations prises en otage. (Les Dépêches de Brazzaville, 14, p. 13). Disponible, écrit, oral, miliciens.

REBELLE : n. Opposant armé luttant contre le pouvoir en place. Les observateurs estiment que les rebelles ne sont plus en mesure de monter des opérations d’envergure contre les villes ou les villages des régions sud du Congo. (Les Dépêches de Brazzaville, 14, p. 23). Plusieurs rebelles ont accepté de déposer les armes. Courant, écrit, oral, tous milieux.

REQUIN : n. m. Milicien proche de Thystère Tchicaya. Les requins n’ont pas pris part aux différentes guerres de Brazzaville. Courant, écrit, oral, lettrés. V. aubevillois, cobra, cocoye, condor, korokoro, mamba, milicien, ninja, nsiloulou, zoulou.

RINCER (de mourince "sac à main féminin").  : v. tr. dir. Escroquer, arnaquer financièrement un homme dans le cadre d’un marchandage sexuel. Cette fille a rincé un agent de la banque. Disponible, oral, jeunes filles.

ROISSY CHARLES de GAULLE : n. m. Surnom du Centre sportif de Makélékélé premier arrondissement parce qu’il recevait les sinistrés qui rentraient du Pool après la guerre de Brazzaville de 1998-1999. Quand il a vu sa femme à Roissy Charles de Gaulle, il ne la reconnaissait même plus car elle était devenue trop maigre, en face b. Rare, oral, sinistrés de Brazzaville sud.

ROULER EN MBÉBA : loc. verb.
1. Rouler dangereusement en dépassant la vitesse autorisée et en prenant le risque d’occasionner un accident. Courant, écrit, oral, tous milieux.
2. Se conduire dangereusement en enfreignant la loi, les mœurs. Courant, écrit, oral, tous milieux.

RWANDAIS (E) : n. Personne belliqueuse. Criminel, assassin. Eh toi, quitte là, espèce de rwandais ! Disponible, oral, péjoratif, peu lettrés.

SACHET : n. m.
1. Sac plastique. Les ménagères utilisent de plus en plus des sachets pour faire leurs achats au marché. Courant, oral, jeunes.
2. Préservatif masculin. Cette fille est volage, il te faudra absolument mettre un sachet. Courant, oral, jeunes. Syn. bottine.

SASSOU I : loc. Expression utilisée pour faire allusion à la période allant de 1979 à 1992, période pendant laquelle Denis Sassou-Nguesso était président du Congo pour la première fois. Sous Sassou I, il y avait déjà des chômeurs. Courant, écrit, oral, tous milieux.

SASSOU II : loc. Expression utilisée pour faire allusion à la période partant de 1997, période pendant laquelle Denis Sassou-Nguesso accède au pouvoir suprême pour la deuxième fois. Avec Sassou II, l’État devient plus fort. Courant, écrit, oral, tous milieux.

SCUD (du nom des missiles utilisés pendant la guerre du Golfe) : n. m. Parole désobligeante par sa nature véridique. Disponible, écrit, oral, lettrés.

SCUDER : v. Agresser verbalement ou physiquement une personne. Disponible, écrit, oral, lettrés.

SEIZIÈME : n. f. Jeune fille âgée de seize ans environ. La beauté des seizièmes attire les hommes. Courant, écrit, oral, jeunes. V. fiotis-fiotis, kamoke, quinzième.

SINISTRÉ (E) : n. Personne ayant perdu des biens ou des parents pendant un conflit ou pendant les pillages qui s’en suivent. Plusieurs sinistrés ont reçu l’aide du Haut Commissariat aux Réfugiés. Courant, écrit, oral, tous milieux.

SOLOLA BIEN (du lingala "causer bien, dialoguer") : n. m. Appareil téléphonique portable. Tu es directeur et tu n’as pas de solola bien ? Courant, écrit, oral, tous milieux.

TAILLER LA ZONE : loc. verb. Partir d’urgence d’un endroit en raison d’un danger imminent, d’une avancée de militaires. La population de Moungali avait taillé la zone dès le début de la guerre du 5 juin. Courant, écrit, oral, tous milieux.

TCHEK (proviendrait d’une déformation phonétique de l’expression lari badia nséké "type de palmier") : n. et adj. Personne appartenant à l’ethnie Lari et, par extension, tout ressortissant du Pool. A Brazzaville, les Tcheks vivent principalement à Makélékélé et à Bacongo. Courant, écrit, oral, tous milieux. Com. : le terme s’est répandu pendant la Conférence nationale en 1991.

TERRORISTE : n. m.
1. Personne ayant pris les armes contre le régime du président Denis Sassou-Nguesso après la chute du président Pascal Lissouba (allusion aux Cocoyes, Ninjas, etc.). Courant, écrit, oral, lettrés.
2. Homme politique proche du président Pascal Lissouba après la guerre de 1997. et adepte d’une solution militaire Courant, écrit, oral, lettrés. Syn. pyromane.

TISSAGE : n. m. Action d’attacher des faux cheveux (des mèches) aux tresses à l’aide d’un fil. Le tissage provoque parfois de virulents maux de tête. Courant, oral, femmes.

TOMATE COUTEAU : n. f. Tomate crue. L’Institut d’Appui au Développement Rural a constaté que la production de la tomate couteau baisse toujours pendant la saison des pluies. Disponible, écrit, oral, maraîchers.

TOPO : n. m. Affaire, transaction. Les temps sont durs, le topo sur lequel on comptait n’a pas marché. Disponible, oral, peu lettrés ou jeunes. V. bore, cope.

TRAIN BLEU : n. m. Train voyageur de luxe mis en circulation sur la voie Congo-Océan au milieu de la décennie quatre-vingt. Courant, écrit, oral, tous milieux.

TRAIN OCÉAN : n. m. Train de voyageur mis en circulation en remplacement du train bleu au milieu de la décennie quatre-vingt-dix. Courant, écrit, oral, tous milieux.

TRIBU-CLASSE : n. f. Terme attribué au régime de Lissouba pour évoquer la préférence ethnique dans le choix des cadres pour mener les affaires du pays. La tribu-classe serait une théorie prétendant la supériorité d’une ethnie par rapport aux autres. Disponible, écrit, oral, lettrés.

TURBO KING : n. f. Bière importée de la République Démocratique du Congo. Courant, oral surtout, jeunes. V. Doppel.

UPADÉSIEN (NE) (Sigle du parti politique Union Panafricaine pour la Démocratie Sociale. + suffixe -ien) n. et adj.
1. n. Membre du parti politique UPADS, proche du président Pascal Lissouba. Courant, écrit, oral, tous milieux.
2. adj. Relatif à l’UPADS. Courant, écrit, oral, tous milieux.

VEILLÉE : n. f. Veillée mortuaire. Rassemblement de plusieurs personnes pendant une nuit pour assister un proche, un voisin ou une connaissance ayant perdu un parent. La veillée est plus animée quand il y a des danses traditionnelles. Courant, écrit, oral, tous milieux.

VEILLÉE (DERNIÈRE -) : n. f. Veillée qui se déroule la nuit précédant l’enterrement. La dernière veillée réunit souvent beaucoup de monde. Courant, écrit, oral, tous milieux.

VEILLÉE DE PRIÈRE : n. f. Nuit de prière. Il est organisé plusieurs veillées de prière pendant les week-ends. Courant, écrit, oral, tous milieux.

VIEUX : n. m.
1. Papa, père. Ca c’est notre vieux. Courant, oral surtout, familier.
2. Personne bienfaitrice à qui l’on doit du respect. Tu as vu mon vieux là, il travaille à la banque. Courant, oral surtout, familier.

VOYAGER (FAIRE -) : v. tr. dir. Tuer avec une arme à feu. Les miliciens prennent parfois beaucoup de plaisir à faire voyager des personnes innocentes. Courant, oral, milieux populaires.

YAOURT DÉGUÉ : V. dégué.

ZOKORO : n. m. Viande bovine de Kindamba, région du Pool. [...] le zokoro, la viande de bœuf produite à Kindamba, et qui peut remplacer les capas, croupions et côtis "dioxinés" en Europe. (Le Flambeau, 68, 8/11/1999, p. 4). Disponible, écrit, oral, lettrés.

ZOULOU : n. m., adj. Milicien (civil) partisan du président Pascal Lissouba lors des guerres civiles de 1993-1994 et de 1997. Les Zoulous avaient envahi les rues de Mfilou dès le début de la guerre du 5 juin 1997. Courant, écrit, oral, tous milieux. V. aubevillois, cobra, cocoye, condor, korokoro, milicien, ninja, nsiloulou, requin.

3. De la vitalité et de la longévité de ces néologies
 

Pour évaluer la longévité des néologies, il faut se donner quelques critères d'appréciation de la durée de leur vie. On peut s'inspirer des critères établis par le Conseil international de la langue française (CILF) que Diki-kidiri (1981 : 35-47). résume dans le Guide de la néologie. En l'absence de toute institution réglementant l'homologation des néologies en République du Congo, les critères suivants peuvent être retenus :
- identité du créateur du mot ;
- lieu et date d'apparition ;
- le mot est formé à partir de l'un des principes de formation des mots en français ;
- conformité du vocable aux règles du système phonéticographique du français ;
- emploi du terme par des personnalités politiques ou scientifiques du pays ;
- citation du mot dans les textes officiels (ce qui indirectement, constituerait une homologation et accorderait une nationalité congolaise donc francophone au mot.)
- existence du terme depuis une période de dix ans.

 
En considérant les unités lexicales répertoriées ci-dessus, nous pouvons dire qu'elles constituent un ensemble de néologies virtuelles en ce qu'elles ne posent aucun problème de reconnaissance et d'intégration dans le système de la langue française. On peut en outre établir une matrice de francité pour justement apprécier le degré d'intégration de ces différents mots dans la langue française au Congo. Le problème qui se pose est celui de leur longévité. Pour l’évaluer, nous affectons des points à chaque critère en nous inspirant toujours de la démarche du CILF. selon le barème suivant :
- identité du créateur = 3 points ;
- lieu et date d’apparition = 1 point ;
- conformité aux principes de formation = 5 points ;
- conformité aux règles du système phonéticographique = 5 points ;
- emploi par des personnalités politiques ou scientitifiques = 8 points ;
- citation dans les textes officiels = 10 points ;
- existence depuis 10 ans = 10 points ;

 
En fonction du nombre de points atteint par chaque néologie, nous faisons des estimations sur sa longévité, conformément au principe selon lequel moins le mot totalise des points, moins il a des chances de survivre. Nous postulerons la corrélation suivante :
De 1 à 15 points = existence courte
De 16 à 30 points = existence moyenne
De 31 à 42 points = existence longue


A titre expérimental, nous testerons un échantillon de 50 mots :

Lexie
identité 
du 
créateur
lieu et 
date 
d’ appar.
conf. 
principes 
format.
conf. 
règles
phonét.
emploi 
person.
scient.
citation 
textes 
officiels
exist. 
depuis
10 ans
Total
amigo
-
-
+
+
-
-
-
10
ananas
-
-
+
+
-
-
-
10
angolais
-
-
+
+
+
-
-
10
appelé volontaire
-
+
+
+
+
+
+
39
aubevillois
-
-
+
+
+
-
-
18
ballados
+
-
+
+
-
-
+
23
bande des quatre
+
-
+
+
+
-
-
21
barrer
-
+
+
+
-
-
-
21
beach
-
-
+
+
+
-
+
28
bilombo
-
-
+
+
+
-
+
28
bipage
-
-
+
+
+
-
-
18
bip
-
-
+
+
+
-
-
18
cahou
-
-
+
+
-
-
-
10
celtel
+
+
+
+
+
+
-
32
chargeur
-
+
+
+
-
-
-
11
circuit fermé
-
+
+
+
+
-
-
19
clandestin
-
-
+
+
+
-
-
18
coaster
-
-
+
+
+
-
-
18
cobra
+
+
+
+
+
-
-
22
collant
-
-
+
+
-
-
+
20
conseil national de transition
+
+
+
+
+
+
-
32
conseiller national
+
+
+
+
+
+
-
32
doc
-
-
+
+
-
-
+
20
exilois
-
+
+
+
-
-
-
11
fiotis-fiotis
-
+
+
+
-
-
-
11
génocidaire
+
+
+
+
+
+
-
32
guerrier
-
+
+
+
-
-
-
11
hélico
-
+
+
+
+
-
-
19
infiltré
-
+
+
+
+
-
-
19
kadafi
-
-
+
+
+
-
-
18
kamoké
-
-
+
+
-
-
-
10
katangais
-
+
+
+
-
-
-
11
kidiatoulou
-
-
+
+
-
-
+
20
korokoro
-
+
+
+
+
-
-
19
laboratoire
-
-
+
+
+
-
-
20
maltraité
-
-
+
+
-
-
-
10
marché Koweit
-
+
+
+
-
-
-
11
mbéba
-
+
+
+
+
-
-
19
mbébisme
-
+
+
+
+
-
-
19
ngok
+
+
+
+
+
-
-
22
ngoulou mou mako
-
+
+
+
-
-
+
21
niboland
-
+
+
+
+
-
-
19
nzenga
-
-
+
+
-
-
+
20
Sassou II
-
+
+
+
+
-
-
19
veillée de prière
-
+
+
+
+
-
-
19
Plusieurs mots ne dépassent pas les 15 points. Ce fait leur confère virtuellement un caractère éphémère, lequel pose consécutivement le problème de leur sélection pour un inventaire lexical conséquent. Doit-on sélectionner tous les mots quels qu'ils soient ou bien doit-on se limiter à ceux censés avoir une longue vie ? La réponse à cette question dépend des objectifs poursuivis. Mais dans une démarche globale, il semble intéressant de recenser tous les mots sans distinction et éliminer par la suite des mots jugés trop spécifiques à un domaine, à un milieu ou à une actualité.
Les mots inventoriés ont un emploi attesté pendant la décennie quatre-vingt-dix. Plusieurs mots existaient déjà et ont enregistré des charges sémantiques nouvelles. Mais la naissance des mots coïncide avec une actualité bien diversifiée. Et certain semblent souvent disparaître avec l'actualité qui les a générés. ainsi ndombolo apparaît en 1997 corrélativement à la danse du même nom. Un des sens signalés dans le répertoire, celui d’arme lourde, est en voie de raréfaction. Nous pouvons aussi ranger dans la même catégorie des lexies comme amigo, ananas, bande des quatre, barrer, marché Koweït, etc. Comme le montre notre tableau sur la matrice de francité, les mots ne totalisant pas plus de 15 points semblent vouer à une vie éphémère et plusieurs précautions doivent être prises pour les retenir dans un ouvrage dictionnairique. Il est probable que dans cinq ans, ces mots ne seront plus employés. Par ailleurs, des mots tels que coupés-coupés, dégué, cahou continueront à exister tant que les produits qui leur correspondent seront disponibles sur le marché.
S'il faut apprécier tous les mots à l’aune du tableau de la matrice de francité, il est possible de trouver que le destin de certains contredisent nos évaluations. Des mots totalisant plus de quinze points pourront bien avoir une existence courte et d’autres n'atteignent pas ce nombre de point pourront avoir une longévité réelle.


Conclusion

En essayant de définir les différents types de néologies de ces dernières années, nous nous sommes rendu compte que les tendances antérieures sont encore observées. Il n'y a pas plus de mots tirés des langues congolaises qu'en 1990. Par ailleurs, la définition des néologies étant un exercice délicat, nous avons fait attention à la réalité sur le terrain et tenu compte des quelques travaux existants. La réflexion sur la vie des néologies qui termine cette étude et qui classe les termes en fonction de leu probable durée de vie courte, d’après des critères objectifs ne saurait cependant garantir ni la validité ni la durabilité des particularités lexicales qui doivent être examinées dans des études moins globalisantes.

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