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ça, pr. démonstr.

1- Fréq., oral, mésolecte, basilecte. Utilisé pour référer à un être humain sans intention dépréciative. "Où est passé le chauffeur ?" - Ca y est au besoin*." (: Il est aux cabinets, Planton, Bouaké, 1982). Ca ment pas ! Y a pas photo ! Ca ne trompe pas ! [: ça désigne l'enquêtrice]. Ploog, 1999 : 958. C'était un type chic, formidable. Ca connaissait trop* de pays et de choses. Kourouma, 2000 : 16. Il est mort. Ca a rendu l'âme, malgré les fétiches*. Kourouma, 2000 : 87.

LOC.: ça y est + compl. de lieu*.

2- ça, (faire ---- ), loc.verb. Dispon., oral, tous milieux, sorte d'euphémisme. V. FAIRE*. Faire l'amour. Elle est sérieuse ? Elle t'appelle pas chaque fois qu'elle fait ça !! (Etudiante, Abidjan, 1982). Je lui ai dit que je ne veux pas faire ça avant le mariage. (Couturière, Abidjan, 1987). Ayant repéré A.B., un charmant garçon [.] le "pédé" va réussir à l'appâter [.]. On retient donc [.] que le prévenu l'a "baratiné" avant de lui faire ça. Ivoir'Soir, 19.08.1997.

SYN.: faire la chose*.

3- ça y est chez + nom de personne ou pronom, loc.verb. Fréq., oral, mésolecte, basilecte . V. ETRE CHEZ*. Etre en possession de, entre les mains de (avec sujet généralement inanimé). "Où ça y est la scie ?" - "Ca y est chez le jardinier." (: C'est le jardinier qui l'a., Boys, Abidjan, 1977). Mon livre de math, je vais le chercher. Ca y est chez Koffi. (Lycéen, Bouaké, 1992).

 

cabatô, cabato, kabato, n.m. V. KABATO*. Le cabatô et le placali* s'accommodent bien de la sauce* gluante. FM., 01.07.1983.

cabiner, v.intr. Fréq. Considéré comme un euphémisme par les non ou peu lettrés. Plaisant. pour les autres. V. CABINET*. Faire ses besoins, déféquer. Le poulet qui cabiné l'argent. Anoma Kanié, 1977. ( traduction de "La poule aux oeufs d'or"). Défense de cabiner ici sous peine d'amende. (Pancarte sur un mur, Adjamé, 1987).

SYN.: aller au besoin*, aller au bord*, aller* voir William Camara, faire cabinet*, se mettre* à l'aise, tecker*.

 

cabinet, n.m. Fréq., euphémisme chez les peu ou non lettrés. Plaisant pour les autres, oral surtout.

1- Excréments, caca. Bèf là* [: le boeuf] il a cabiné partout et puis son cabinet là* c'est même pareil comme mon béret. Zazou n°13. Ma mère m'a dit de nettoyer le cabinet des poules sur la terrasse. (Rédaction d'élève, 4ème, 1980). Frotte tes pieds ! Tu as marché dans un cabinet. (Etudiante, Abidjan, 1993)

LOC.: faire cabinet.

DER.: cabiner*.

COMP.: cabinet avec sang, cabinet poto-poto.

SYN.: besoin*.

2- cabinet, (faire [son] ---- ), loc.verb. Fréq., oral, mésolecte, peu ou non lettrés. Faire ses besoins, faire caca. Patron, ça va pas. Ça fait trois jours que j'ai pas fait mon cabinet. (Gardien, Abidjan, 1978). Le petit i fait beaucoup son cabinet. (: L'enfant a la diarrhée., Mère de famille, Daloa, 1992).

SYN.: aller au besoin*, cabiner*.

3- cabinet avec sang, n.m. Spéc., (santé), oral, peu ou non lettrés, basilecte. Dysenterie amibienne. Leur vocabulaire [: celui des féticheurs*] coprologique est le plus sûr témoignage de leur observation attentive : maladie des chèvres*, cabinet avec sang, cabinet poto-poto*. Kerharo /Bouquet, 1950, b : 61-62.

4- cabinet poto-poto, n.m. Spéc., (santé), oral, peu ou non lettrés, basilecte. V. POTO*-POTO. Par référence à la boue appelée "poto-poto"*, diarrhée. Si le bébé là*, il fait cabinet poto-poto beaucoup, il va mort. (: Si la diarrhée du bébé continue, il va mourir., Vendeuse, marché Treichville, 1984).

SYN.: ventre* qui coule.

ANTON.: maladie* des chèvres.

 

cabosse, n.f. Spéc., (flore, commerce), mais assez fréq., oral, écrit, tous milieux.

1- Baie volumineuse et ovoïde du cacaoyer. Adou [.] touchait les cacaoyers, caressant les cabosses. Du Prey, 1979 : 40. Cette cabosse de cacao pesant 27,00 kg a été découverte dans la plantation* de Man [.]. Les cabosses ordinaires ne pèsent pas plus d'un kilo quand elles sont très lourdes. FM., 16.12.1980. Depuis décembre, la masse des cabosses est arrivée à maturité virant au jaune canari sous le feuillage vert absinthe des cacaoyers*. Gombeaut /Moutout /Smith, 1990 : 96. Des branches de caféiers* aux cerises* mûres. Des cabosses de cacao [.]. FM., 08.03.1996. Il ressort que la victime avait demandé à certains de ses compatriotes de l'aider à casser des cabosses de cacao. Ivoir'Soir, 11.12.1997. Avec des cabosses de cacao qu'il offrait à ses victimes [.]. Ivoir'Soir, 20.11.1997. Comme maladie, nous avons essentiellement la pourriture brune des cabosses du cacaoyer. Ivoir'Soir, 03.02.1998.

ENCYCL.: la cabosse contient entre 15 et 40 graines rappelant une grosse fève (V. FEVE*) noyées dans une pulpe mucilagineuse.

DER.: écabossage*, écabosser*, écabosseuse*.

COMP : arbre* à cabosse.

2- Gros fruit ellipsoïde du colatier. Tu verras sur les ruines de notre case trois colatiers chargés de cabosses. Amon d'Aby, 1973 : 32. Certes la cola n'est pas un produit nouveau mais elle est achetée en cabosse à un prix concurrentiel. FM., 18.01.1993.

 

cabri, n.m. Usuel, oral, écrit, tous milieux.

1- (Capra hircus Linn.). Chèvre naine à pattes courtes, commune en zone forestière. Mais il fallait payer ces marabouts* puis acheter moutons et cabris pour les sacrifices. A. Koné, 1980 : 94. Port Bouët : deux voleurs de cabris arrêtés. FM., 03.12.1981 (titre). Des gens qui ne font bonne chère que lorsque le cabri d'un autre vient à crever [.]. Konaté, 1987 : 59. Ils [: les tirailleurs] tiraient sur les boeufs, les moutons et les cabris. Kourouma, 1990 : 261. Quand les cabris rentrèrent se coucher et que les chiens sortirent de leurs abris, les vélos allumèrent leurs phares et de partout on entendit le rythme cadencé de la ville. V. Tadjo, 1992 : 28. Au milieu des herbes gambadent gaiement moutons et cabris [.]. Ivoir'Soir, 24.09.1997. Des cabris se promenaient. Nous les avons abattus et braisés* aussi. Kourouma, 2000 : 98.

ENCYCL.: cette chèvre est résistante à la maladie du sommeil.

LOC.: laissez cabri pisser !

DER.: cabrin*.

COMP.: cabri-mort.

SYN.: chèvre* des lagunes, chèvre* guinéenne, chèvre* naine.

2- n.m. Dispon., oral, péj. Appellation péjorative donnée par un adulte à un jeune agité et irréfléchi. Toi le cabri, ne te mêle pas de ça, rugit le chauffeur. Tu es encore trop petit pour me parler. Tierno Monenembo, 1993 : 38.

SYN.: (part.) bilakoro*.

3- cabri[-]mort, n.m. Usuel, (par allusion au proverbe local : "cabri mort ne craint pas le couteau!"), milieux scolaire et universitaire, argot des jeunes, fam., péj. Mauvais élève qui n'a plus rien à perdre car il se sait menacé d'exclusion et peut donc être paresseux, insolent et indiscipliné. Il y a de quoi se bréquer* car en ce moment précis, on est loin d'être cabri-mort. Campuslexique, 1979, 4. Il faut souligner que certains élèves non conscients de leur avenir, d'où leur surnom de cabri-mort, ne cessent de perturber nos moments d'études. FM., 30/31.05.1981."Si Septembre ne marche pas, je suis fouti*." -"Ça ira ! Dieu a souvent pitié des cabris-morts." Zazou n° 12, 1981. Pourri pour pourri, je n'ai plus  rien à craindre. Cabri mort n'a pas peur du couteau! M. Coulibaly, 1992 : 10. Cabri mort n'a plus peur du couteau, pour parler le langage courant. FM., 03.02.1993.

ENCYCL.: étant certain d'être renvoyé en fin d'année, le mauvais élève est "mort" : il n'a plus rien à perdre et peut perturber les cours.

COM.: écrit avec sans trait d'union. Pluriel : cabris[-]morts.

SYN.: bréqueur*.

4- cabri, (laisse[z] ---- pisser !), loc.verb. Assez fréq., oral surtout, basilecte, fam. ou plaisant. chez les intellectuels.  Laisse[z] tomber ! Ne vous occupez pas de cela ! C'est quelle affaire* de grand-mère vous êtes là fabriquer encore ? Laissez cabri pisser ! Konaté, 1987 : 78. Non, il n'a pas gâté ton nom*. Laisse cabri pisser ! (Lycéens, Bingerville, 1991).

 

cabrins, n.m.pl. Spéc,. (faune), écrit, manuels, lettrés. V CABRI*. Ensemble des chèvres, boucs et chevreaux. La petite case* des cabrins qui contenait pour tout et tout*, trois bouquetins*, deux chèvres et un chevreau, faméliques et puants. Kourouma, 1972 : 38.

 

cacaba, kakaba, n.m.pl. Fréq., (du baoulé "insecte, bestiole"), oral, fam., mésolecte, basilecte, plaisant chez les lettrés, péj. Appellation méprisante (souvent renforcée par "petit") : minable, avorton, rien du tout, cinglé. L'équipe de Divo n'est pas petit cacaba! ID., 14.05.1972. Bépoti, ce cacaba que j'ai élevé comme si ma semence l'avait touché [.]. Bolli, 1977 : 26. Le patron n'a pas voulu croire que le petit kakaba pouvait avoir terminé. ID., 03.11.1984. Non mais tu as vu ce cacaba qui se prend pour un grand* type. (Serveuse, Abidjan, 1993). Revenons au gouvernement, à la politique générale de ce fichu pays de maudits et de cacabas (fous). Kourouma, 2000 : 189.

COM.: orthographe la plus usuelle : cacaba. Pas de marque du pluriel -s attestée. Les enfants disent plus souvent "cacabouda*.

SYN.: bagas (part.), donita* (part.), dawa*(part.), fougari* (part.), kaya*-kaya (part.), gawa*, ouyo*-ouyo (part.), pousse*-pousse (part.), wotro*(part.).

 

cacabouda, n.m. V. CACABA*. Tu as perdu ! Tu es un cacabouda ! (Enfant, Abidjan, 1986).

 

cacahouette, cacahuète, n.f. Inusité sauf par les Européens. V. ARACHIDE*.

 

cacao, n.m. Spéc., (flore, commerce, agriculture), très fréq., (du nahuatl par l'espagnol. 1e attest. 1686 Frontignières), oral, écrit, tous milieux.

1- Graine du cacaoyer* d'où l'on extrait des matières grasses et de la poudre de cacao.

ENCYCL.: la C.I. étant devenu le premier producteur mondial (1978), le lexique concernant cette culture est banalisé.

COMP.: cacao bord de champ, cacao en fèves, cacao gradé.

2- Cacaoyer lui-même. On continuerait toujours à planter du cacao. Gombeaut /Moutout /Smith, 1990 : 88.

3- Poudre obtenue en broyant la graine de cacao.

COM.: Dans l'oralité quotidienne familière, absence fréquente du prédéterminant devant "café, cacao". ex. "cultiver cacao, planter cacao". Ecrit : café-cacao, pour désigner les deux principales richesses de la Côte-d'Ivoire.

DER.: cacaoté*, cacaotier*, cacaotière*, cacaoyer*, cacaoyère*.

COMP.: boucle* de cacao, cacaoculture*, fève* de cacao, cacaoette*.

4- cacao, (café- ---- ), V. CAFE*.

5- cacao bord [de] champ, Spéc., (agriculture), oral, fam., péj. V. BORD*-CHAMP. Cacao acheté directement sur la plantation, après la récolte, par le traitant et donc moins cher payé. Cacao bord champ, tu vends combien? (Traitant, Soubré, 1984).

6- cacao en fève, graines de cacao non encore extraites de leurs fèves, souvent exportées ainsi sans être traitées. En 1978, 55,7% des recettes d'exportation provenaient encore du café vert et du cacao en fèves [.]. Antoine /Debresson /Manou-Savina, 1987 : 39.

7- cacao gradé, graines de cacao de première qualité pour l'exportation. La Côte-d'Ivoire [.] doit désormais vendre davantage de café et cacao gradé si nous voulons maintenir notre pouvoir d'achat. FM., 18.10.1983.

 

cacaoculture, n.f. Spéc., (agriculture), (1e attest. rencontrée :1978), oral, écrit, tous milieux, mélior. V CAFÉICULTURE, HÉVÉACULTURE*. Monoculture à grande échelle du cacaoyer. Les niveaux de prix [.] ne peuvent nullement favoriser la réalisation des programmes de développement de la cacaoculture. FM., 17.12.1979. Priorité à la cacaoculture en blocs*. FM., 12.5.1980. (titre d'article).

ENCYCL.: ce fut un des mots d'ordre agricoles du pays jusqu'à l'effondrement des cours.

 

cacaoette, [kakaoDt], n.f. Spéc., (agriculture, commerce), (1e attest. rencontrée : 1980). Extracteur mécanique des fèves de cacao. La cacaoette d'Abile Gal dont la démonstration nous a été faite à Abengourou, est une machine qui effectue l'ouverture des cabosses*, l'extraction, la séparation des cabosses et des fèves* fraîches et l'éjection à distance des coques vides. FM., 15.01.1980. Nous avons découvert une écabosseuse* appelée cacaoette. FM., 08.10.1980.

 

cacaoté, adj. Fréq., oral, écrit, lettrés. Confectionné à partir de graines de cacao. Et pourtant, les produits cacaotés tels que le beurre, la pâte, la poudre de cacao et autres dérivés, augmentent tous les jours. FM., 14.10.1979.

 

cacaotier, n.m. Vx à l'écrit, oral, peu ou non lettrés. V. CACAOYER*. Tournée le matin à travers les caféiers, les cacaotiers, les cultures vivrières et fruitières poussant dans les espaces défrichés entre les grands arbres dans la clairière. Krol, 1994 : 113.

 

cacaotière, n.f. V. CACAOYERE*. Ils ont planté des cacaotières partout ici. (Planteur, Gagnoa, 1980).

 

cacaoyer, n.m. Spéc., (flore, agriculture), mais très fréq., oral, écrit, tous milieux. (Theobroma cacao Linn.). Petit arbre de la famille des Sterculiacées, d'origine américaine. Les cacaoyers, tranquillement, remuaient leurs feuilles roses. Dadié, 1953 : 167. Grâce au sol riche de la forêt vierge, les jeunes cacaoyers ont rapidement grandi et les plantations se sont étendues. Gombeaut /Moutout /Smith, 1990 : 81.

ENCYCL.: arbre importé, devenu une des cultures les plus importantes du pays.

COM.: "arbre à cabosse" est rare et vieux. "Cacaotier" semble être une graphie rare depuis le début du XIXe siècle même si le mot est encore attesté dans l'oral des peu ou non-lettrés locaux. J'étais donc ruiné pour la deuxième fois en moins de dix ans puisque ma plantation* de cacaotiers a été entièrement détruite par le feu lors de la sècheresse de 1983. Krol, 1994 : 167.

SYN.: arbre* à cabosse, cacaotier.

 

cacaoyère (1), adj. Usuel, oral, écrit, tous milieux. Du cacao, qui a trait au cacao. Dans le domaine de la production cacaoyère et caféière*, les paysans d'Obibribrouo jouent un rôle déterminant. FM., 31.12.1980. Sur la prochaine récolte cacaoyère [.] 300.000 tonnes étaient déjà placées. Gombeaut /Moutout /Smith, 1990 : 18. Au cours des années 70, les productions caféière* et cacaoyère [.]. FM., 29.11.1990. [.] les producteurs et autres partenaires de la filière cacaoyère [.]. Soir Info, 29.03.1995.

COM.: collocations usuelles: récolte cacaoyère, plantation cacaoyère, production cacaoyère, filière cacaoyère.

 

cacaoyère (2) n.f. Spéc., (agriculture), mais fréq., oral, écrit, tous milieux. Plantation industrielle de cacaoyers. Les premières cacaoyères furent créées vers 1912. Du Prey, 1962 : 36. Le programme de régénération de la cacaoyère est terminé depuis 1973. Ministère du Plan, 1978, II : 21. Tu les conduiras à la nouvelle cacaoyère, quand ils arriveront. Koné, 1980 : 21. Il s'agit de stopper la dégradation de la cacaoyère. FM., 29.10.1980. Voltaïques des cacaoyères [.]. Tilliette, 1984 : 21. C'est dans une cacaoyère à Anyama qu'elle [: une petite fille] sera recueillie. Ivoir'Soir, 16.12.1997. Des chasseurs libidineux la prirent en chasse, l'arrêtèrent, la conduisirent dans une cacaoyère. Kourouma, 2000 : 198.

COM.: la variante graphique "cacaotière" est obsolète.

 

cacheter, v.tr. Dispon., (administration), oral, écrit, mésolecte. Apposer un cachet, mettre un tampon officiel sur un document administratif. Au départ et à l'arrivée, n'oubliez pas de faire cacheter votre ordre de mission. (Secrétaire administratif, Abidjan, 1977).

 

cacia, n.m. V. CASSIA*. Les illuminations ne rendent que plus brillantes les fleurs [.] jaune vif des cacias, plus chaudes, les masses de bougainvilliers. Conte, 1981 : 140.

 

cad, cadd, kad, kadd, kade, n.m. V. BALANZAN*.

 

cadavre, n.m. Fréq., oral, mésolecte, basilecte, péj. Insulte très grave. A une injure grave, on pourrait répondre par une injure grave : "Le plus cadavre dans cette affaire, c'est toi !" FM., 22.12.1979. Le pauvre père de famille réduit à mendier [.] est insulté, traité de cadavre et giflé deux fois. FM., 28.12.1979.

 

cadavré, (être ---- ), loc.verb. Fréq., argot urbain, (de la chanson "Ancien combattant" du chanteur congolais Zao), oral, fam., mésolecte, basilecte.

1- Etre tué, être mort. Mon père est cadavré. Ma mère est cadavré, tout le monde est cadavré. (Chanson "Ancien combattant", 1980).

2- Etre très souffrant. Si tu ne m'as pas vu hier au travail, c'est parce que j'étais cadavré. Cité Caummaueth, 1988 : 131.

3- Par extension, pour une machine: tomber en panne. L'autre jour là*, mon taxi m'as mis en drap*, il a cadavré sur le pont De Gaulle. (: Mon taxi m'a joué un sale tour, il est tombé en panne sur le pont De Gaulle, Chauffeur de taxi, cité in Caummaueth, 1988 : 131).

 

cadeau, n.m., adj., adv. Usuel., oral, écrit, tous milieux, fam.

1- n.m. Petite somme d'argent donnée comme pourboire ou en témoignage de sympathie. Tiens ! voilà mille francs cadeau. Dadié (Min adja ô), 1965 : 26. Patron !  Cinq francs cadeau! (Mendiant, Bouaké, 1983)

COM.: le mot suit la mention de la somme sollicitée ou accordée.

SYN.: petit cadeau.

2- adv..Gratuitement, pour rien. lIs veulent que nous achetions de la viande de ranch* alors que nous pouvons avoir cadeau du phaco*, de la biche*, de l'agouti*. FM., 17.10.1983. Le Libanais [.] leur a dit carrément de prendre un pneu cadeau. L'éphémère, 11.01.1993. Le kaki* que je porte présentement*, c'est pour* un bachelier qui me l'a laissé avant de partir en fac, cadeau, oui. Krol, 1994 : 179. Non seulement il commet l'adultère cadeau mais il a le culot de revendiquer la grossesse de la femme de l'homme qu'il a cocufié. Ivoir'Soir. 23.10.1997. Il voulait que je travaille cadeau, c'est pas la mort*? (: Il voulait que je travaille sans être payé, c'est pas une honte ?, Réparateur de montres, Bouaké, 1997).

LOC.: avoir cadeau, dissoudre cadeau, donner cadeau, prendre cadeau, mourir cadeau, payer cadeau, travailler cadeau.

3- cadeau, adj. Gratuit. Si tu prends dix oranges, tu en as deux cadeau. (Vendeuse, Abidjan, 1984). Banane cadeau y a pas! (Marchande, Abidjan, 1990). Quant à notre chanteuse à la voix si douce M.S., son mari et elle ont bénéficié d'un concert et de billets "cadeau" de la part de Golby Productions. Ivoir'Soir, 02/03.04/05.1997.

4- cadeau, (être ----- ), loc.verb. Etre gratuit. [.] une marchande qui apostrophait le plus grand d'une voix sonore et grave en fronçant le sourcil :" Non, c'est pas cadeau. Y en a pas l'argent cette année, petit, c'est crise pour tout le monde." Krol, 1994 : 21. Le logement c'est cadeau’’. Krol, 1994 : 165. On veut "bonne année la santé" afin de pouvoir atteindre l'an 2000 où tout sera "cadeau". Ivoir'Soir, 05.01.1998.

4- cadeau, (petit ---- ), n.m. Présent destiné à s'attirer la bienveillance ou la complicité de qqun, ou à remercier d'une faveur. Je lui envoie mon petit cadeau et je lui demande si je peux rester. Bailly, 27 mars 1895 in Konaté, 1991 : 11. Je fais quelques petits cadeaux aux personnes qui m'ont donné du lait. Bailly, 6 avril 1895 in Konaté, 1991 : 120. N'oublie pas le petit cadeau pour ton infornateur. (Enseignant, Abidjan, 1996).

5- cadeau, (donner ---- ), loc.verb. Donner, offrir. Il faut entrer là... Je vais donner joli pagne* cadeau. Jano, 1987 : 6. (BD). A son retour définitif en France, son fils m'a donné une mobylette cadeau et je l'ai remercié beaucoup. Deniel, 1991, 52. Qu'est ce que tu crois ? Que le marchand me l'a donné cadeau ? (Infirmière, Abidjan, 1996).

6- cadeau, (mourir ---- ), loc.verb. Dispon., oral, mésolecte. Mourir pour rien, mourir bêtement, de façon stupide. Moi je dis: bomber* avec la bagne* pour s'amuser et faire l'accident*, c'est mourir cadeau ! (: Moi je dis que faire de la vitesse en voiture pour s'amuser et avoir un accident., c'est mourir bêtement !, Chauffeur, Abidjan, 1985).

7- cadeau, (payer ---- ), loc.verb. Dispon., oral, mésolecte, fam. V. PAYER*. Acheter pour offrir. Le vélo là, c'est patron qui m'a payé cadeau pour aller au marché. (Boy, Abidjan, 1983).

8- cadeau, (permis ----), n.m. Dispon., oral, écrit, mésolecte, péj. Permis de conduire obtenu par complaisance ou prévarication. Le terme sert également d'insulte envers un conducteur qui paraît imprudent ou inexpérimenté aux yeux d'un autre conducteur. Ces permis de complaisance ou permis "cadeau" apparaissent comme un acte criminel. Ivoir'Soir, 23/24/25.05.1997. Eh toi, permis cadeau !! (Chauffeur, Abidjan, 1999).

9- cadeau, (prix ---- ), n.m. Très bon marché, à prix bradé, à prix concurrentiel. Et quand tout est au prix cadeau dans un pays les commerçants affluent vers ce pays [.]. Ils achètent ou échangent contre des marchandises au prix cadeau, ça* vient les vendre ici en Guinée et en Côte-d'Ivoire à des prix forts. C'est ça qu'on appelle faire de gros bénéfices. Kourouma, 2000 : 54. Malgré la guerre tribale, les commerçants étrangers s'aventuraient jusqu'à Sanniquellie, appâtés par les prix cadeaux de l'or. Kourouma, 2000 : 115.

 

cadeauter, v.tr. Dispon., vieilli, oral, peu ou non scolarisés, basilecte. Offrir qque chose, donner qque chose en guise de cadeau, faire des cadeaux. C'est mon frère qui m'a cadeauté le pagne là. (Elève, Bingerville, 1981). Les filles, faut les cadeauter. Sinon, y a rien ! (Jeune, Daloa, 1988).

 

cadenas, (enfermer qqn dans un ---- ), loc.verb. Vieilli, (tradition), oral, mésolecte, basilecte. Envoûter quelqu'un, lui jeter un mauvais sort. Elle n'a pas d'enfants. Sa coépouse* l'a enfermée dans un cadenas, c'est pourquoi*. (Couturière, Bonoua, 1977).

ENCYCL.: La personne désireuse de faire l'envoûtement ferme un cadenas en prononçant des paroles magiques ou en effectuant les gestes rituels conseillés par le féticheur*.

SYN.: (part.) djibser*, faire djigbô*, faire fétiche*, faire gris-gris*, faire médicament*, grigriser*, marabouter*.

 

cadette, n.f. Dispon., (tradition), (calque du mandenkan), nord, mélior. Titre porté par l'épouse la plus aimée d'un prince polygame. Tu seras la jeune femme, la cadette du roi. La préférée officielle est respectée par le roi, celle de son coeur est la cadette. C'est elle qui le guide, elle qu'il écoute. Kourouma, 1990 : 151.

 

cadres coutumiers, n.m.pl. Fréq., (administration), oral, écrit, tous milieux. Notables traditionnels : rois, chefs traditionnels, chefs de canton*, chefs de village*. Le ministre du Travail, de passage, devait s'adresser aux fonctionnaires [.] avant de rencontrer les cadres coutumiers. Du Prey, 1979 : 155.

 

café, n.m. Usuel. oral, écrit, tous milieux.

1- V. CERISE*, graine de la baie de caféier.

ENCYCL.: la C.I. est un des premiers producteurs mondiaux.

2- Poudre obtenue à partir de cette graine torréifiée.

3- Breuvage obtenu à partir de cette poudre.

4- Caféier. Mon frère a des plantations de café. (Etudiant, Abidjan, 1983).

DER.: caféier*, caféière*.

COMP.: café baoulé, café cerise, café-coque, café des noirs, café en cerise, café gradé, café gragé, café la brousse, café moussoné, café nègre, café parche, café vert, caféiculture, cerise de café.

5- café baoulé, fréq., récent (1e attest. 1992), oral surtout, fam., ironique. tous milieux. Boisson utilisée en période de pénurie : eau plate, froide et sucrée. C'est, par exemple, ce breuvage de pénurie que les Ivoiriens appellent le café baoulé [.]. Vous mettez de l'eau plate et froide [.]. Mettez-y deux carreaux* de sucre [.]. C'est ce liquide transparent [.] qu'on appelle café baoulé. La Voie, 07.01.1993. A la fin du mois, c'est le café baoulé et le pain sec !! (Etudiant, Abidjan, 1994).

6- café-cacao, café et cacao, assez fréq., argot, urbain, oral, fam., péj. V. BOTCHE*. Fesses d'une femme considérées comme source de revenus éventuels. Ma banque à moi, mon café-cacao, ce sont mes fesses. Avec elles, je détiens tous les pouvoirs. ID, 06.04.1986. [.] des jeunes filles ou des femmes mariées, attirées par l'appât des gains faciles, utilisaient leur seule richesse, leurs fesses qui sont leur café-cacao pour extorquer de l'argent aux gros-bonnets. [.] le cours du café et cacao des jeunes filles a chuté parce que le grotto* a été lui même touché par la crise économique de 1980. Caummaueth, 1988 : 107.

COM.: le café et le cacao ont longtemps été deux des principales sources de revenus de la Côte d'Ivoire.

7- café [en] cerise, fréq., (agriculture, commerce) oral, écrit. Fruit du caféier. Ramené à la tonne de cerises*, cela fait un supplémentaire de 25000 tonnes mais pour cela le café en cerise doit être dans les normes requises. FM., 27.12.1979. Le gouvernement a fait un effort en maintenant le prix [.] à respectivement 60 et 140 f le kilo pour le café cerise et le café décortiqué. FM. 23.02.1993. F.L., 21 ans et T.I., 26 ans, tous deux Ivoiriens, pisteurs*, [.] ont été déférés samedi au parquet de Tiassalé par la gendarmerie pour avoir volé dix sacs d'un chargement de café* cerise. Ivoir'Soir, 14.10.1997.

SYN.: cerise*, cerise de café.

8- café-coque, spéc., (agriculture). Café non encore décortiqué. Le café-coque* arrive à la décortiquerie*. Nouvelle Presse, 22.04.1993.

ANTON.: café décortiqué.

9- café des noirs, V. BANTAMARE*, KINKELIBA*. Le bentamaré est appelé le café des noirs parce que nous prenons souvent des infusions de cette plante. (Informateur, Bouaké, 1983).

10- café gradé, spéc., (commerce, agriculture). V. CACAO GRADE*. Café de première qualité réservé à l'exportation. Quand tu produis seulement du café gradé, tu gagnes*gros. (Traitant, Bouaké, 1983).

11- café gragé, spéc., (technique). Graine de café verte dont la pellicule protectrice argentée a été éliminée par une opération mécanique afin qu'elle ait du brillant et un meilleur aspect. La machine te donne alors du café gragé. (Ingénieur, Abidjan, 1990).

12- café la brousse, V. FAUX* CAFEIER SAUVAGE. Ca là, tu vois, nous l'appelons café la brousse parce que ça ressemble* le café. (Informateur, Adzopé, 1982).

13- café moussoné, café moussonné, spéc., (technique). Graine de café verte, non lavée, qui a été exposée à une atmosphère humide, ce qui a pour effet de la gonfler et de lui donner une couleur brun doré. Le café moussoné prend alors sa jolie couleur brun doré. (Ingénieur, Abidjan, 1990).

14- café parche, V. PARCHE*.

15- café nègre, V. BANTAMARE*.

16- café noir, fréquent, oral surtout, fam., mésolecte, basilecte, péj. V. TAXIMAN*

a) Par translation métonymique, chauffeur de taxi casse-cou et agressif, "chauffard". Ils n'ont qu'à se droguer au café noir (d'où leur surnom) pour pouvoir assurer plus de dix-huit heures par jour les fonctions de taximan*[.]. Klotchkoff in Tilliette, 1984 : 25. Café noir. Et c'est vrai qu'ils  [: les chauffeurs de taxi] ne sont pas commodes avec leurs manières grossières, leur sensibilité à fleur d'épiderme, exacerbée à force de continuelles petites doses de café fort, ce qui leur a valu leur pseudonyme. FM., 29.11.1982. Un café noir se pointe. Soyons vigilants ! FM., 08.03.1984. Souvent, harcelés par des patrons rapaces, certains chauffeurs de taxi sont agressifs [.] ils se dopent pour tenir toute la nuit. On les insulte "Va donc, eh café noir !" David, 1986 : 80. A Abidjan, même un enfant qui est né dans un taxi, quelques années après, il nous appelle café noir parce que ses aînés lui ont mis ça dans la tête. Ivoir'Soir, 20.07.1987. Je comprends maintenant pourquoi nos cafés noirs conduisent mal. Ivoir'Soir, 01.12.1997. Savez vous combien de sortes de chauffeurs de taxi y a  ici à Abidjan ? Il y a trois sortes : ceux qui puent le tabac, ceux qui vous empêchent de fumer et ceux qui sont des cafés noirs. Ivoir'Soir, 0l4.05.1998.

b) par extension, taxi mal entretenu et roulant trop vite. Je comprends maintenant pourquoi nos chauffeurs de "wourou* fato" et "cafés noirs" conduisent mal. Ivoir'Soir, 01.12.1997.

 

caféier, n.m., adj. Spéc. (flore).

1- n.m. (Coffea canephora Pierre = caféier Robusta). Arbuste de la fam. des Rubiacées qui vit plusieurs années et porte des fleurs en bouquets blancs. Son fruit rouge rappelle le fruit du cerisier (V. CAFE* EN CERISE, CERISE* DE CAFE). Il contient deux graines : les grains de café. Plusieurs variétés sont cultivées mais la plus courante est le Robusta*. On connaît aussi l'Arabica* et depuis une vingtaine d'années l'Arabusta*. Roberty, 1954 : 124.

2- adj. Qui a trait au caféier, du caféier. En effet sur les 5 000 000 de f CFA* qu'ils ont sollicité pour la relance caféière au titre de l'année 1997-98, ils n'ont en réalité perçu que la somme de 3 000 000 francs. Ivoir'Soir, 10.11.1997. La coopérative va devoir emprunter à la banque pour la régénération caféière. (Planteur, Daloa, 1998).

DER.: caféière*.

COMP.: régénération caféière, caféiculture*.

 

caféière, n.f. Spéc., (agriculture). Plantation de caféiers. Les caféières sont attaquées par les scolytes et il faut les traiter. (Planteur, Daloa, 1984). Il demande à son compagnon de l'attendre dans une caféière. Ivoir'Soir, 11.02.1998.

 

caféiculture, n.f. Spéc., (agriculture). Exploitation agricole de caféières*. Ces jeunes pratiquent surtout la caféiculture, la riziculture et la culture du manioc*. Ivoir'Soir, 19.01.1998.

 

CAFOP, n.m. Usuel, oral, écrit, tous milieux. Sigle très répandu pour désigner les Centres d'Animation et de Formation Pédagogique qui forment les maîtres de l'école primaire. [.] trois policiers chargés de traquer les trafiquants de drogue se rendent derrière le CAFOP, à 3 kilomètres d'Aboisso. Ivoir'Soir, 21/22/23.11.1997. L'instit, fraîchement sorti du CAFOP n'a trouvé rien de mieux que d'en mettre plein la vue aux villageois en prétendant parler anglais. Ivoir'Soir, 11.03.1998.

DER.: cafopien*.

 

cafopien, cafopienne, n.m. ou f. Usuel, oral, écrit, tous milieux. Elève d'un Cafop. Tous les Cafopiens suivaient jusqu'en 1981 des cours les préparant à l'enseignement télévisuel. (Inspecteur, Abidjan, 1986). Je l'ai connu quand il était cafopien à Dabou. (Instituteur, Abidjan, 1992).

 

cafouillage, n.m. Dispon., argot estudiantin, péj. Trouble, agitation, bagarre. [.] j'évite de me promener dans les quartiers où les gens ne me connaissent pas ou de sortir tard dans les bars où il peut y avoir du cafouillage. Bonnassieux, 1987 : 154. Tu crois qu'il y aura du cafouillage sur le campus après ça ? (Etudiant, Abidjan, 1996).

 

cafouilleur, n.m. Argot estudiantin, oral, péj. Agitateur, fauteur de trouble. Cette bousculade est souvent causée par les cafouilleurs, étudiants qui prennent plaisir au cafouillage, au désordre. Campuslexique, 1978 : 3. Pas de cafouilleur à la manifestation. C'est le mot d'ordre ! (Etudiant, Abidjan, 1996).

COM.: pas d'attestation rencontrée au féminin.

 

cafre, n.m. ou f., adj. Rare, (de l'arabe.), écrit, surtout musulmans, nord, péj

1- n.m.ou f. Personne de race noire non musulmane, païen, infidèle. Un cafre dont le front ne frôle jamais le sol. Kourouma, 1970 : 118. C'étaient des cafres, ils mangeaient le cochon, le chien, l'agame* et la viande des bêtes non-égorgées par des musulmans. Kourouma, 1990 : 261. C'était un cafre, c'est comme ça on appelle un homme qui refuse la religion musulmane et qui est plein de fétiches* [.]. Kourouma, 2000 : 16.

SYN.: (part.) animiste*, fétichiste*.

2- adj. Propre à un noir non-musulman, animiste. Il avait à profiter de l'absence de Balla pour placer près de son maître les appels à l'Islam, les conseils contre les pratiques cafres des féticheurs* et les menteries. Kourouma, 1970 : 122.

COM.: plus spécialement appliqué à des pratiques animistes.

SYN.: animiste*, fétichiste*.

 

cahimitier, n.m. Spéc., (flore). (Chrysophyllum caïnato Linn.). Bel arbre d'ombrage introduit, au feuillage roux et aux fruits comestibles. Aubreville, 1959, III : 106.

 

cahot, adj. V. CHAOS*, K.O*. Cette histoire m'a laissé cahot. (Lettre, étudiant, Abidjan, 1984).

 

caïlcédrat, caicedra, cailcédra, cailcedrat, kailcedra, kailcedrat, n.m. Spéc., (flore) mais usuel, (hybride wolof-espagnol [Schmidt, ROFCAN 5, 1984], oral, écrit, tous milieux scolarisés. V. ACAJOU* DU SENEGAL. (Khaya senegalensis [Desv.] A. Juss.). Bel arbre de savanes de la fam. des Méliacées, à bois rouge et dur. Il est exploité pour son bois et sert également à l'ornementation des rues et avenues. Bois de cet arbre. Les pirogues étaient toutes en caïcedra (acajou* indigène). Binger, 1892, I : 12. Le bois du caïlcédrat est très dur, très coloré  [.] et forme un magnifique bois d'ébénisterie. Aubreville, 1959, II : 152. La savane dite "soudanaise" elle même, la plus sèche, au nord du huitième parallèle, soit vers Bondoukou, soit vers Korhogo, nourrit des peuplements d'arbres de huit à quinze mètres, à commencer par les acacias* et les caïlcédrats*, parmi lesquels peuvent se glisser jusqu'à des karités* et des nérés*, quoique pygmées par rapport à leurs frères colossaux du sud. Conte, 1981 : 25. Sous le bienveillant ombrage d'un caïcédrat ou d'un baobab*, se déroulent toujours les palabres*. FM., 14.12.1983. On y trouve également des variétés locales : le karité*, le néré* et le caïcedra. FM., 08.11.1985. [.] souffler un peu à l'ombre des manguiers et des caïlcédrats... David, 1986 : 10.

COM.: caïlcédrat est le nom-pilote. Pluriel : caïlcédrats. Cette graphie est la plus utilisée.

SYN.: (part.), acajou du Sénégal*, acajou indigène*.

 

caillasse, cayas, [kajas], n.f. Dispon., argot urbain, oral, fam. péj. V. PIERRE*. Fric, parfois menue monnaie. T'as pas de  caillasse pour me dépanner?  (Etudiant, Abidjan, 1991). Il fumait le cigare. Pourquoi? Parce que la cayas était tombée grâce au monde fou qu'il y avait au Palais. Ivoir'Soir, 19/20/21.12.1997.

SYN.: balle, bagou*, gainz*, gnon*, jeton*, pierre/ piair*, ro*.

 

caille (1), n.f. Spéc., (faune), mais assez fréq., oral, écrit, tous scolarisés..

1- Terme générique appliqué à de petits oiseaux terrestres soit cailles véritables soit (Turnix sp.) ou fausses* cailles d'Afrique, cailles combattantes. Serle /Morel, 1988 : 90.

2- caille-arlequin, (Coturnix delegorgeui Delegorgue). Petit oiseau savanicole de la famille des Phasianidae, au vol vif et bruyant. Serle /Morel, 1988 : 56.

3- caille bleue, (Coturnix chinensis Linn. = Excalfactoria adansi Verreaux). Minuscule oiseau savanicole de la famille des Phasianidae. Serle /Morel, 1988 : 56.

4- caille combattante, V. FAUSSE* CAILLE D'AFRIQUE.

5- caille de Barbarie, V. GANGA*.

 

caille (2), n.f. Fréq., argot urbain, oral., vulg. Rapport sexuel. La gadi* là*, elle veut la caille avec les grottos* seulement. Campuslexique, 1979, 4.

ENCYCL.: dans certaines ethnies, notamment chez les Manden, les femmes donnent du yaourt ou du lait caillé à leurs maris car elles considèrent ces mets comme aphrodisiaques. D'où peut-être l'origine du mot.

DER.: cailler*, cailleuse*.

 

cailler, v.tr. ou intr. Assez fréq., argot urbain et estudiantin, oral , vulg.

1- v.tr. Avoir des rapports sexuels avec qqn. Ne va pas la cailler. Elle est malade. (Etudiant, Abidjan, 1979).

SYN.: caler*, couiller*, couper*, cuyer*, fendre*, frotter*, pomper*.

DER.: cailleuse*.

2- v.intr. Pour un homme, éjaculer. "Il l'a enceintée.*"- "Il a caillé dans une chaussette* trouée ?" (Etudiants, Abidjan, 1989).

 

cailleuse, n.f. Dispon., argot urbain, oral, fam. vulg. V. CAILLE (2)*.

1- "Baiseuse", femme expérimentée en amour et portée sur l'acte sexuel. C'est une cailleuse, l'amour, elle connaît faire*! (Etudiant, Abidjan, 1984). Avec cette cailleuse là, on peut l'allumer plusieurs fois. (Cité in Caummaueth, 1988 : 82).

2- Femme qui se drogue. Une go* qui caille, qui prend le truc, qui prend la drogue, bon on dit la cailleuse. Cité in Caummaueth, 1988 : 82.

 

caillou, n.m. Spéc., (drogue), argot urbain. Nom donné à l'unité de vente de crack.

Le caillou vaut de 300 à 400 F. Ivoir'Soir, 29.08.1997.

SYN.: dan*.

 

caillou, (être ---- ), loc.verb. Usuel, oral surtout, mésolecte, basilecte, argot urbain, zouglou, pastiches.

1- Etre dur, difficile, grave, compliqué, malaisé à faire ou à comprendre. Affaire de pétrole*, c'est caillou. (: C'est dur d'obtenir un tuyau pour l'examen., Zazou n° 12, 1981). L'examen était caillou. J'ai vu brouillard*. (Etudiant, Abidjan, 1983). Les temps sont devenus trop caillou à Abidjan pour les petits chanteurs. Ivoir'Soir, 06/07/08.03.1998. 600 millions, ça ne doit pas être caillou pour vous. Ivoir'Soir, 17/08/09.04.1998. Mais qu'il sache que quand on est seul sur terre, la vie est très dure. Je dirais même plus, la vie est très caillou. Ivoir'Soir, 22/23/24.05.1998.

COM.:"caillou" reste invariable, même en position d'attribut d'un sujet pluriel.

SYN.: (part.) être chaud*, être katanga*.

2- Par translation, pour un être humain, être prêt à tout, se préparer à commettre des actes de vandalisme (en jetant des cailloux par exemple). En ville, y en a qui sont caillou dès qu'il y a une manifestation. (Etudiant, Abidjan, 1993).

 

caïman, n.m. Usuel, oral, écrit, tous milieux.

1- (Faune). Crocodile. Je me suis amusé à tirer sur des caïmans. Binger, 1892, II : 337. Un caïman, à la faveur de l'ombre, dérive lentement. Dadié, 1954 : 32. Sache seulement que lorsqu'on s'asseoit sur la dent d'un caïman on se garde bien de lui dire que sa bouche sent mauvais. Kitia Touré, 1979 : 24. Qu'en revanche réapparaisse un caïman à l'air libre, à deux pas de l'échangeur de l'Indénié, on s'en amuse. David, 1986 : 81.

ENCYCL.: désigne improprement mais de façon courante diverses espèces de crocodiles africains (Osteolamus tetrapsis) V CROCODILE* NOIR, (Crocodilus niloticus), V. CROCODILE* VERT. Selon les spécialistes, "caïman" ne s'applique qu'au reptile crocodilien américain.

LOC.: être caïman pareil.

COMP.: caïman sacré.

2- n.m. Fréq., argot estudiantin banalisé, oral, écrit, souvent péj. Bûcheur, étudiant travailleur. A l'inverse des caïmans, les bréqueurs* qui, par la force des événements, sont devenus cabris* morts pensent qu'ils n'ont aucune raison d'avoir peur du couteau*. Campuslexique, 1979, 4.

ENCYCL.: par allusion au comportement du crocodile qui attend le départ des chasseurs pour revenir à la surface et reprendre ses activités, le bûcheur se lève la nuit pour réviser dans le dortoir, après le passage du surveillant.

LOC.: faire [le] caïman.

DER.: caïmantage*, caïmanter*, caïmanteur*.

SYN.: bossard*.

ANTON.: bréqueur*, cabri* mort.

3- caïman sacré, n.m. Fréq., (tradition), oral, écrit,  sud, centre, mélior. Le crocodile, symbole de puissance, est souvent l'objet d'une vénération particulière pour certaines ethnies (Baoulé par exemple). Sa chasse est interdite et la population le nourrit. Un caïman sacré n'attaque que lorsqu'il est dépêché par les mânes pour tuer un transgresseur. Kourouma, 1970 : 203. Ville souvenir avec son lac aux caïmans sacrés. Oberlé 1983 : 42. On nous a vite massés le long de son passage devant le palais du Vieux* là-bas, autour du lac des caïmans sacrés. Krol, 1994 : 126.

4- caïman, (être ---- pareil), loc.verb. Fréq., oral, mésolecte, basilecte, plaisant chez les lettrés, fam. Etre en tous points identiques (à), exactement semblable (à). Lui et son frère, c'est caïman pareil! (Professeur, Abidjan, 1980). Entre Abi (matchette* de fabrication ivoirienne) et Martindale (matchette* de fabrication anglaise), la qualité était caïman pareille = même acier européen pour les lames, même qualité du manche en bois. FM., 24.03.1983.

ENCYCL.: expression née, selon les informateurs, de l'impossibilité de distinguer un crocodile de ses semblables autrement que par la taille.

SYN.: être même* chose.

5- caïman, (faire [le] ----- ), loc.verb. Fréq., argot estudiantin., oral, plaisant. Se relever la nuit pour aller travailler, après l'extinction des feux et le passage du surveillant d'internat. C'est pas lui qui ferait caïman tous les soirs, crois-moi ! (Etudiante, Bingerville, 1977).

SYN.: caïmanter*.

 

caïmantage, n.m. Fréq., argot estudiantin, oral, pas toujours mélior. Bûchage intensif avant un examen. Le caïmantage a son côté avantageux en ce sens qu'on arrive à couper* haut. Campus-Lexique, 1979 : 4.

SYN.: bosse*.

 

caimanter, v.intr. Fréq., argot estudiantin. oral, pas toujours mélior. Bûcher, réviser, travailler intensément avant un examen. Pas question d'aller en boîte maintenant ! Faut caïmanter. (Etudiant, Abidjan, 1977). L'étudiant est pour ainsi dire condamné à faire le caïman* ou caïmanter afin d'éviter de tomber dans la foule des cartouchards*. Campuslexique, 1979 : 2.

SYN.: boucler le circuit*, faire six* sur six, faire caïman*.

 

caïmanteur, n.m. Usuel, argot estudiantin., souvent péj. Bûcheur. C'était une question de cours. Les caïmanteurs sont contents ! (Lycéen, Bingerville, 1981).

COM.: pas de féminin attesté.

SYN.: bossard*, caïman*.

 

caisse de stabilisation, Caistab, n.f. Usuel, (administration), oral, écrit, tous scolarisés. Organisme d'état chargé de protéger les producteurs de matières premières agricoles contre les fluctuations des marchés internationaux. C'est la caistab qui supporte notre pays. (Informateur, Abidjan, 1983). Une caisse de stabilisation protège les producteurs contre les fluctuations des cours mondiaux et ses bénéfices alimentent un Budjet spécial d'investissement et d'Equipement (BSIE) qui finance les principales infrastructures du pays. Oberlé 1983 : 50. Selon les négociateurs, la Caistab, monopole d'état chargé de la commercialisation du café et du cacao, demeure la caisse noire de certains spéculateurs et responsables de ladite structure. L'oeil du peuple, 13.03.1996.

 

caisse-popote, n.f. Vx mais encore dispon., (du vocab. milit.), oral, fam. Coffre de bois ou de métal contenant tous les ustensiles de cuisine et la vaisselle nécessaires pour un déplacement en brousse*. Il s'agit de ma caisse-popote avec tout son matériel de cuisine que j'avais dû abandonner aux Akoués en 1909. Simon, 1905-1918 : 39. Inutile de prendre la caisse-popote, il y a un campement* où on s'arrêtera pour manger. (Forestier, Man, 1983).

 

caistab, n.f. V. CAISSE* DE STABILISATION. C'est lui qui s'occupe des ventes de cacao pour le compte de la Caistab. Gombeaut /Moutout /Smith, 1990 : 17.

 

cajan, n.m. Spéc., (agriculture), vx., manuels. V. AMBREVADE*. (Cajanus cajan [Linn] Millsp.). Plante de la famille des Fabacées. Les haricots [.] sont constitués par une série de plantes très différentes des nôtres = doliques*, cajans. Binger, 1892, II : 364. Le cajan ou ambrevade [.] est une plante à plusieurs fins utiles: fourragère, améliorante, alimentaire [.]. Roberty, 1954 : 230.

ENCYCL.: utilisée pour l'alimentation des hommes (haricots* cajan) et du bétail (fourrage).

SYN.: ambrevade*, pois* d'Angol, pois*-pigeon.

 

cajou, n.m. V. ANACARDE*.

 

cajoutier, n.m. V. ANACARDE*, ANACARDIER*.

 

cakori, n.m. V. PERLE* D'AIGRIS. Cakori n'est plus guère usité. C'est le nom ancien des perles* d'aigri. (Historien, Abidjan, 1983).

 

calao, n.m. Spéc., (faune), (du malais), oral, écrit, manuels, scolarisés. V. TOUCAN*. Terme générique désignant diverses espèces d'oiseaux à très gros bec (fam. des Bucerotidae), en général noirs et blancs, à la voix très forte et au vol bruyant. Localement on distingue le petit calao à bec noir (Tockus nasutus Linn) ; le petit calao à bec rouge (Trochus erythrorynchus Temminck) ; le grand calao à casque jaune (Ceratogyma elata Temminck) ; le calao à joues grises (Bycanistes subcylindricus Silater) ; le grand calao d'Abyssinie (Bucorvus abyssinicus Boddaert), de la taille d'un dindon, tous savanicoles. En forêt : le calao pygmée (Tockus camurus Cassin) ; le calao longibande (Tockus fasciatus semi-fasciatus Harlaub) ; le calao à huppe blanche (Tropicranus albocristatus Cassin) ; le calao siffleur (Bycanistes cylindricus Temminck). [.] les glapissements énormes des calaos [.]. Conte, 1983 : 19. Le grand calao d'Abyssinie, gros comme un dindon, qui marche plus qu'il ne vole, ne se rencontre plus que dans le parc de la Comoé. Oberlé 1983 : 28. Serle /Morel, 1988 : 135. Le Parc de la Marahoué présente l'originalité d'abriter deux grands groupes d'oiseaux presque au complet : les calaos et les touracos*; oiseaux spectaculaires par  leur taille, leur forme et leurs couleurs. Bousquet, 1992 : 163.

REM.: le grand calao d'Abyssinie est l'oiseau sacré des Sénoufo, souvent représenté dans l'art statuaire.

SYN.: perroquet* gros-bec, toucan*.

 

cale, n.f. Fréq., argot estudiantin, péj. Nourriture. Ils ont grévé* parce que la cale était immangeable. (Lycéen, Adzopé, 1986). La cale est tellement mauvaise qu'ils disent : "Only for dogs!  (Lycéen, Gagnoa, 1991)

SYN. : bouffement*, djafe*.

DER.: caler*.

 

calebasse, n.f. Usuel, (espagnol. 1e attest. 1562 Du Pinet).

1- Spéc., (flore). (Lagenaria siceraria [Molina] Szandl = Cucurbita siceriaria Molina = Lagenaria vulgaris Ser.). Plante cultivée pour ses gros fruits qui servent d'instruments de cuisine, et pour ses feuilles comestibles.

SYN.: calebassier*.

2- Spéc., (flore). V. ARBRE* A CALEBASSE, CALEBASSIER*. Fruit du Lagenaria ou d'un arbuste, (Crescentia cujete Linn.), qui sert d'instrument de cuisine ou de musique. [.] de grandes calebasses dans lesquelles on fait infuser dans de l'eau chaude, de l'écorce, des feuilles et des fruits de sounsoun*. Binger, 1892, I : 69. Roberty, 1954 : 280. Un matin, elle rinçait les calebasses. Kourouma, 1970 : 52. D'ailleurs, vous savez bien que lorsqu'on vous sert une ration d'eau dans une calebasse, vous la saisissez sans hésiter. Kitia Touré, 1979 : 8. S'ajoutera une vaste circulation de noix de cola* avec des calebasses de lait. FM., 01/02/03.05.1981. Elle n'était pas mal malgré des seins comme des calebasses. Bréal /Karul, 1983 : 55. Ils chantent avec une fervente monotonie des litanies accompagnées par le tintamarre des calebasses. Gaudio, 1984, 56. Chez nous, on cultive le mil*, les arachides*, le maïs, le haricot*, la calebasse, le coton. Deniel, 1991 : 62. La base rythmique est soutenue souvent par des calebasses recouvertes d'une résille de perles ou de cauris*. Rémy, 1996 : 36. La Place des Sacrifices située en pleine forêt du Banco. Tout autour, des débris de calebasse et des canaris* ceinturés de cauris*. (Légende sous photo). Ivoir'Soir, 03.06.1998.

ENCYCL.: évidés et séchés, ces énormes fruits sphériques constituent des récipients de formes et tailles diverses (V. GOURDE*), ou des instruments de musique.

DER.: calebassée*, calebassier*.

COMP.: arbre* à calebasse, calebasse à lavement.

3- Contenu d'une calebasse de taille moyenne. Le sel se vend par calebasses. Binger, 1892, I : 142. La maman* nous donnait une calebasse de tô*. Deniel, 1991 : 37.

ENCYCL.: unité de mesure pour la vente des liquides, des farines et des graines.

SYN.: calebassée*.

4- calebasse à lavement, n.f. Vx., (tradition), écrit. Fruit évidé et séché, en forme de poire et percé aux deux extrémités. Quelques vieux restent fidèles à la calebasse à lavement malgré l'acrobatie nécessitée par son emploi. Monnier, 1969 : 22.

ENCYCL.: la partie effilée est introduite dans le rectum et on souffle dans l'autre extrémité.

SYN.: gourde*, gourde du calebassier (vx), pompe*.

 

calebassée, n.f. Usuel, oral, écrit, tous milieux. Contenu d'une calebasse. Ils s'accordent une ou deux calebassées de bangui*. ID, 04.06.1972. On lui tendit une calebassée d'eau. FM., 25/26.04.1981. La femme dont l'office était d'accueillir les hôtes de marque, s'était, avec sa calebassée d'eau, agenouillée à quelques pas. Kourouma, 1990 : 30. Aussi pressa-t-il le messager d'accepter la calebassée d'eau de l'hospitalité. Kourouma, 1990 : 31. Le Blanc prit la calebassée de vin* de palme en votre compagnie [.]. Kourouma, 1998 : 126.I

ENCYCL.: sert d'unité de mesure pour la vente des liquides, des farines et des graines, sur le marché.

SYN.: calebasse*.

 

calebassier, n.m. Spéc., (flore), (dérivé de calebasse. 1e attest. 1637. St Lo.), mais fréq., oral, écrit, tous scolarisés. (Crescentia cujete Linn.). Arbuste de la famille des Bignonacées dont les gros fruits, évidés et séchés, sont utilisés comme ustensiles de cuisine ou de musique. On sait que les noirs, grands voyageurs, n'hésitent pas à entreprendre à pied des randonnées de plusieurs centaines de kilomètres avec, souvent, pour tout bagage, la gourde de calebassier et quelques gris-gris*. Kerharo /Bouquet, 1950 b : 89. Elle jette sa calebasse* de viande d'araignée dans un accès de colère et c'est la raison pour laquelle les graines de calebassier sont si amères. Anoma Kanié, 1978 : 52.

SYN.: arbre* à calebasse.

 

caleçon, n.m. Usuel, oral, mésolecte, basilecte. Tout cache-sexe masculin ou féminin, quelque soit sa forme : culotte, slip, boxer-short, etc. A Monogaga, tu peux te baigner sans caleçon et sans soutien*. (Informatrice, San Pedro, 1979).

COM.: "slip" est pratiquement inusité.

SYN.: djakoto*.

2- caleçon, (chercher ---- ), loc.verb. Fréq., oral, mésolecte, basilecte, vulg. Pour une fille, courir après les garçons, avoir des moeurs légères, se prostituer. Elle connaît seulement chercher caleçon. Une toutou* quoi ! (Boy, Abidjan, 1978).

 

caler (1), v.tr. Assez fréq., (du frcs "se caler l'estomac"), argot universitaire, oral. Manger. Avec quoi on va caler ce soir ? L'attiéké*, c'est fini ! (Etudiant, Abidjan, 1982).

SYN.: bouffer, djaffer*.

 

caler (2), v.tr. Assez fréq., argot urbain, vulg. Faire l'amour (en parlant d'un homme). Il est parti caler son pneu* de secours. (Etudiant, Abidjan, 1977).

SYN.: cailler*, couiller*, couper*, cuyer*, fendre*, fendre*, pomper*.

 

caler (3), v. ntr. Assez fréq., oral, fam. Loger, s'installer. A l'arrivée là-bas on ne savait pas où caler. (Etudiante, Abidjan, 1992). Vingt-heures trente-o / à la SIDECI un coin de Yop / la go* était calée. Cité Tschiggfrey, 1995-2 : 76 note 8. Grégoire "calé" chez Nayanka. Il n'habitera plus Yopougon. Il aménagera dans l'ancienne maison de Nayanka. Top Visages, 30.03./05.04.1995.

 

califa, n.m. V. ACALYPHA*. Pourquoi tu ne planterais pas des califas contre le mur de la terrasse ? (Mère de famille, Abidjan, 1990).

 

calligraphe, n.m. Peu fréq., écrit, recherché., mélior., spécialement utilisé sur les enseignes. Ecrivain public. Car il s'agit peut-être d'un calligraphe professionnel, frappé par la conjoncture* et qui a dû fermer boutique. ID, n° 664, 30.10.1983. Ici, meilleur calligraphe. (Enseigne sur une échoppe, 1990).

 

callitriche, n.m. Spéc., (faune). (Cercopithecus aethiops salacus Linn.). Singe de la famille des Cercopithèques à pelage verdâtre. Il nous est arrivé à plusieurs reprises, au moment de capturer des callitriches dans une vaste rotonde, de les voir brusquement s'immerger dans le baquet d'eau leur servant d'abreuvoir. Dekeyser, 1955 : 143. Signalé dans le parc de la Comoé. Bousquet, 1992 : 155.

SYN.: singe* des palétuviers, singe* vert (part.)

 

calme, (avoir l'air ---- ), loc.verb. Dispon., oral, mésolecte, basilecte. Avoir l'air triste et abattu. Il fait une dépression, je te dis. Regarde comme il a l'air calme ! (Etudiante, Abidjan, 1982)."Mais Emmanuel, tu as l'air calme aujourd'hui, qu'est-ce que* se passe ?". Je lui ai répondu que j'avais problème* mais que ça regardait moi seul. Krol, 1994 : 129.

 

calmer son coeur, loc.verb. Fréq., (calque de l. locales), oral, écrit, mésolecte, basilecte. Se calmer, apaiser sa colère, ses émotions, son ressentiment. Si tu n'as pas calmé ton coeur, tu vas faire du mal. Deniel, 1991 : 159.

SYN.: froidir* son coeur, refroidir son coeur*.

 

calot, n.m. Dispon., (du français régional ouest XIXe siècle "grosse bille"), oral, enfants. Bille. Aux calots, personne ne me gagne*. (Ecolier, Bouaké, 1974).

 

calotropis, n.m. V ARBRE A SOIE*.

 

camarade, (faire ----- avec), loc.verb. Vx., oral, basilecte. Nouer des relations amicales avec qqn. L'envoyé de Samory vient toujours pour leur demander de faire camarade avec Samory. Bailly, lettre du 17.07.1894, (in Niamkey Kodjo, 1991 : 34.)

 

camaroptère, n.f. Spéc., (faune). Terme générique désignant de très petites fauvettes forestières (fam. des Sylvidae), notamment (Camaroptera superciliaris Fraser) ou camaroptère à sourcils, de couleur verte, blanche et jaune, à sourcils et oreillons jaune vif ; (Camaroptera brachyura Vieillot) ou camaroptère à dos gris, dessus gris, ailes olive. Serle /Morel, 1988 : 207. Signalées (Comoé, Taï). Bousquet, 1992 : 156.

 

cambodgien, n.m. ou adj., Fréq., argot estudiantin, zouglou, oral, écrit, fam.

1- n.m. Etudiant peu fortuné qui vient partager la chambre d'un boursier logé à la Cité Universitaire. Le Vice recteur a été formel : "Il n'y aura pas de cambodgien dans nos cités." Les cambodgiens, ce sont les étudiants sans bourse, sans chambre, qui bénéficient à trois ou quatre, voire plus, dit-on, du gîte d'un camarade plus fortuné. FM., 14.01.1993. Pas de Cambodgiens à Bouaké. FM., 08.02.1993. Qui a dit qu'il n'y aurait pas de cambodgiens dans les résidences U ? FM., 29.04.1993. Dans la chambre / y a des cambodgiens / mais est-ce que vous savez ce qu'on appelle cambodgien / les cambodgiens / ce sont les étudiants qui n'ont pas droit à la chambre / on ne sait pas trop pourquoi. (Chanson "Gboglo Koffi", groupe Les parents* du campus, corpus T, 1994). Le nombre de Cambodgiens, ces étudiants qui squattent les chambres des chanceux qui ont obtenu une place en cité U, se multiplie. Jeune Afrique, 23/29.03.1995 : p. 26. Chez nos "parents*" étudiants, les "Cambodgiens" sont si gentils. Ivoir'Soir, 11.06.1998.

DER.: cambodgisme*.

SYN.: palestinien*.

2- adj. Qualifie le fait pour un étudiant peu fortuné de partager la chambre d'un boursier, "squatteur". La superposition des lits vaudrait largement mieux que le système cambodgien. Tribune du centre, 14.01.1993.

 

cambodgisme, n.m. Dispon., argot estudiantin, oral, péj. Fait de partager la même chambre à plusieurs, en Cité universitaire alors que celle-ci a été accordée à un seul étudiant boursier. D'autres préfèrent vivre à plusieurs dans une chambre : le système de cambodgisme comme disent les étudiants. Ivoir'Soir, 27.08.1997.

 

camelotier, n.m. Dispon., oral, écrit, mésolecte, péj. Camelot, colporteur, marchand de camelote. Cet autre Guinéen [.] du quartier St Michel à Adjamé, était camelotier au Plateau. FM., 04.02.1980.

COM.: camelot est inusité localement. Par contre, "camelote" est bien connu.

 

Cames, [kamDs], n.m., Spéc., (université). Sigle pour Conseil Africain et Mauricien pour l'Enseignement Supérieur, créé en 1968 afin d'établir les équivalences entre diplômes nationaux et étrangers des états membres, promouvoir les recherches et les carrières universitaires. Le projet qui était assigné au départ au Cames, c'était l'équivalence des diplômes délivrés ici et là dans les universités américaines, canadiennes, allemandes [.]. FM., 18.11.1983. Je fais un dossier au Cames pour passer professeur. (Universitaire, Abidjan, 1982).

 

camion, n.m. Fréq., oral, mésolecte, basilecte.

1- Surtout peu ou non scolarisés.Terme générique désignant tout véhicule à moteur et à quatre roues. Son camion là, y a pas dessus. (: Il a une voiture décapotable., Boy, Abidjan, 1977). Entre chauffeurs, balanceurs* et coxers*, on ne dit pas "véhicule". On dit "camion". Ivoir'Soir, 26.05.1998.

SYN.: camion gbaka*, camion grumier*.

2- camion gbaka, V. GBAKA*. Il a fait le trajet Adjamé-Anyama et retour en camion gbaka. FM., 15.04.1983.

COM.: pas de trait d'union. Pluriel : camions gbaka.

3- camion grumier, V GRUMIER*.  Des arbres étaient abattus par centaines de milliers puis transportés par une noria de camions grumiers. Oberlé, 1983 : 16. Une grave collision entre un camion grumier et un taxi*-brousse [.] a fait dix morts. FM., 09.11.1983. [.] goudron* neuf mais... gare aux camion-grumiers ! David, 1986 : 110.

COM.: orthographié avec ou sans trait d'union. Pluriel : camions-grumiers.

4- camion mille kilos, V. MILLE KILOS*.

 

camisole, n.f. Usuel, oral, écrit, tous milieux. V. ENSEMBLE-PAGNE*, COMPLET*

1- Vêtement féminin avec ou sans manches couvrant le haut du corps.Elle porte une camisole courte, en tissu imprimé et le pagne* ceint à la taille, lui couvre la jambe jusqu'à mi-mollet. Timité Bassori, 1974 : 26. J'ai jeté ma camisole et j'ai gardé mon petit* pagne*. Bolli, 1977 : 47. Tchéé*! J'ai déchiré ma camisole. (Secrétaire, Abidjan, 1984). Ses yeux se portèrent [.] sur la petite médaille incrustée d'émeraudes qui scintillait dans le creux de sa poitrine et que laissait entrevoir le corsage de sa camisole. Bandaman, 1986 : 21. Revêtue de ses bijoux, camisoles* et pagnes* de la nuit nuptiale [.]. Kourouma, 1990 : 149. Une porte s'ouvre.[.] une manche de camisole, un bras, des doigts vernis. Une femme en lunettes apparaît [.]. Ivoir'Soir, 16.12.1997. -"J'espère que c'est la bonne maladie*" , continua Wahon. Ce disant, la tante d'Anka regarda bien Djèkè et vit le ventre rond sous la camisole*. R.Yaou, 1999 : 147.

ENCYCL.: généralement confectionné dans le même pagne que la jupe qui l'accompagne. Avec le mouchoir* de tête assorti.

COMP.: camisole-pagne.

2- camisole-pagne, ensemble traditionnel féminin, usuel surtout dans le sud et composé d'une camisole et d'un pagne assorti. En tant que femme moderne, pour se vêtir correctement [.] on porte un impeccable ensemble wax* camisole-pagne. FM., 01/02.12.1990.

SYN.: complet*, complet*-pagne, ensemble* wax.

 

camp, n.m. Fréq., (du vocab. militaire), oral, écrit, tous milieux. Locutions spécifiques :

1- camp commis, Vx. V. COMIKRO*. Mon père habitait le camp commis. (Informateur, Bouaké, 1986).

2- camp d'initiation, V. INITIATION*.

3- camp de jeunesse, (enseignement). Centre d'apprentissage des techniques culturales modernes où viennent en stage de formation de jeunes agriculteurs. Les camps de jeunesse répartis sur le territoire national ont pour rôle d'apprendre aux jeunes, recrutés dans leurs villages, les techniques modernes des cultures vivrières. FM., 06.10.1982.

4- camp militaire, lieu clôturé où sont rassemblés les casernements et les logements des militaires, soldats et officiers. Mon père est brigadier et j'habite le camp militaire. (Lycéen, Abidjan, 1997). Sanniquellie comprenait trois quartiers. Le quartier des natives, celui des étrangers [.]. A l'autre bout, au pied de la colline, le quartier des réfugiés, et sur la colline, le camp militaire où nous vivions. Kourouma, 2000 : 115.

5- camp pénal, ensemble de locaux disposés sur un vaste terrain clôturé et gardé, servant de prison. Deux détenus du camp pénal de Bouaké ont assommé [.] deux de leurs camarades à l'aide d'un gourdin. FM., 05.05.1982.

 

campagne, n.f.

1- campagne, V. BATTRE* LA CAMPAGNE. Et vous battez la campagne pour quel candidat ? (Avocat, Abidjan, 1986).

2- campagne [de traite], n.f. Spéc., (agriculture, commerce); fréq., oral, écrit, tous milieux. Période de récolte et de commercialisation d'une culture industrielle : cacao, café, coton. Le Président de la République [.] a autorisé le Ministre de l'Agriculture à clôturer la campagne cacao 1982-1983, le 27 octobre 1983. FM., 18.10.1983. Les paysans ont l'impression d'avoir amorcé depuis les trois dernières campagnes, un cycle de déséquilibre sans fin. FM., 02 02 1993.

COM.: dans le parler ordinaire, le mot "campagne" n'est pas utilisé par opposition à "ville" au sens standard.

COMP.: campagne cacao, campagne café, campagne coton.

 

campement, n.m. Usuel, (du vocab. militaire), oral, écrit, tous milieux.

1- campement, campement de culture, lieu de résidence secondaire, situé près des champs éloignés du village et habité seulement pendant la durée des travaux agricoles ou de cérémonies religieuses comme l'initiation. Que faire sinon la sieste en attendant que les femmes rentrent des campements, chargées de bananes? Du Prey, 1979 : 86. Ils sont tous deux à la plantation*. Après quelques heures de besogne, ils reviennent au campement . FM., 27.12.1979. Le vieux chef* [.] revenait de son campement, un morceau de bois de chauffe* sur l'épaule. J. Guenaman Colbert, 1985 : 43. Il obtient une portion de forêt [.]. Il y construit un campement. [.]. D'autres familles viennent s'installer dans le campement qui deviendra par la suite un véritable village. FM., 04.12.1990. [.] campement [.] C'est ainsi qu'on appelle les installations aménagées sur les lieux de culture éloignés des villages, même quand on y vit en permanence comme les parents de Jonathan. Quand il va les retrouver , il dit : "Je vais au campement." Krol, 1994 : 109. On nous a logés dans un campement, dans un bois touffu à l'entrée du village où nous avons vécu ensemble pendant deux mois. Kourouma, 2000 : 37.

SYN.: campement de culture.

2- campement, campement-village, hameau habité de façon permanente parallèlement au village, par une ou plusieurs familles, souvent allogènes. Par campement, nous entendons toute entité de résidence permanente qui se crée, parallèlement au village, en un endroit donné du terroir. Une telle unité ne doit pas être confondue avec le campement de culture. Celui-ci n'est qu'un abri pour le temps d'une saison agricole. Il change de place chaque année avec le champ de vivrier sur lequel il est installé. Schwartz, 1975 : 44. J'ai laissé mes enfants tout seuls au campement. Kitia Touré, 1979 : 74. [.] j'arrive à 5h30 à un campement. Bailly, 25 mars 1895 in Niamkey Kodjo, 1991 : 117. [.] car les ramasseurs ne viennent pas les chercher dans les campements où l'on ne peut accéder qu'à pied. Krol, 1994 : 109.

3- Par extension, en zone urbaine, quartier d'installation précaire spontanée, bidonville. Le terme campement, employé pour désigner des hameaux dans le monde rural, est fréquemment utilisé par les citadins à propos de quartiers précaires en bois. Bonnassieux 1987 : 28.

SYN.: habitat*sauvage, habitat* spontané, matiti*, poto*-poto, quartier* spontané, sicobois*.

4- campement, campement-hôtel, vieilli. Dans un petit centre urbain dépourvu d'hôtel, sorte d'établissement public au confort sommaire, offrant chambres et, parfois, restaurant. Tous les jours, c'était des arrêts dans les campements pour la restauration et pour passer la nuit. FM., 14.04.1982.

COMP.: campement administratif, campement touristique.

5- campement administratif, V CHAMBRE* DE PASSAGE. Sorte de bungalow servant d'hôtel-restaurant à confort sommaire, réservé aux fonctionnaires en mission, dans les petits centres urbains. Notre ville ne disposant d'aucune chambre d'hôtel [.] il est vraiment difficile de recevoir les agents de service qui se déplacent chez nous au campement administratif qui ne compte que deux chambres. FM., 24.01.1980. Le campement administratif rénové a rouvert ses portes. FM., 08.04.1980. [.] il y a le campement administratif, un modeste complexe qui date du passage des premiers colons de la région. FM., 10.02.1981. Et lorsque effectivement, le samedi suivant cette répartition des rôles, il se représenta au campement administratif [.]. Y. Konaté, 1987 : 48. Les campements administratifs ne peuvent être considérés que comme un service public de dépannage. Il ne faut donc pas attendre d'eux un confort comparable à celui d'un établissement payant. Rémy, 1996 : 221.

6- campement de culture, V. CAMPEMENT 1.

7- campement-hôtel, V. CAMPEMENT 4. Il serait également souhaitable qu'un campement-hôtel, même modeste, soit construit. Rémy, 1996 : 121. En partant du campement-hôtel par la plage précédent celle des pêcheurs Krumen [.]. Rémy, 1996 : 163. Les campements-hôtels, composés de cases* traditionnelles, sont parfois dépourvus de climatisation. Rémy, 1996 : 221.

8- campement touristique, ensemble de cases de type traditionnel, aménagées confortablement pour héberger des touristes dans un village. Le campement touristique est en train de faire peau neuve  [.]. Son restaurant-bar est en service et d'ici décembre, les noctambules pourront découvrir [.] un sympathique night-club. FM., 02.11.1982.

SYN.: (part.) auberge* villageoise.

9- campement-village, V. CAMPEMENT 2. Longtemps, ces campements-villages sont restés repliés sur eux-mêmes. FM., 03/04.05.1980.

 

canalisateur, n.m. Spéc., argot du milieu. oral. V. AGREGE*, BRAQUEUR*, GAWA*, HOMME* PASSE-PARTOUT, OEIL* DU MAITRE, VIGILANT*. Bandit armé chargé, dans une attaque à main armée, de tenir en respect les victimes. Il y a également les canalisateurs qui tiennent en respect les victimes pendant que les dévalisateurs* fouillent et mettent à sac la maison. FM., 21.01.1981.

 

canard, n.m. Spéc. (faune).

1- Oiseau de la famille des Anatidae dont les espèces locales les plus remarquables sont le canard à dos blanc (Thalassornis leuconotus Eyton) ; le canard armé ainsi nommé à cause de l'éperon qu'il porte en avant du pli de l'aile ; oie* de Gambie (Sarkidiornis melanota Pennant) ; le canard de Hartlaub, forestier et sédentaire (Pteronetta hartlaubii Cassin).Serle /Morel, 1988 : 28-31. Canard de Harlaub signalé (Taï). Bousquet, 1992 : 170.

2- canard siffleur, V. DENDROCYGNE*.

 

canari, n.m. Usuel. (tradition), oral, écrit, tous milieux. Récipient en terre cuite (plus rarement en bois), de fabrication artisanale, servant à transporter et à conserver liquides et graines. [.] les canaris traditionnels en bois de couleur noire sont de moins en moins utilisés. Girard, 1967 : 34. Il y avait toujours de l'eau dans le grand canari. Koné, 1976 : 38. Elles avancent sereines et résignées, vers l'eau qu'on doit boire ce soir et demain si tous les canaris sont pleins. Anoma Kanié, 1978 : 55. Mets le canari sur le genou et Dieu te donnera la force nécessaire de l'élever jusque sur la tête. Kitia Touré, 1979 : 14. Ils arrivaient avec une bouteille de bière, un litre de vin, un canari de vin* de palme, un poulet ou un mouton qu'ils offraient à leur "étranger*". Oussou-Essui, 1979 : 53. Le kedjenou* de pintade que l'on a servi ensuite avait cuit à l'étouffée dans son canari de terre comme le veut la recette la plus authentique. FM., 26/27.01.1980. Chaque canari cassé / Est un muet témoin / D'une vie antérieure  Assoi-Adiko, (poème) in FM., 17.01.1984. Ne casse pas encore ton canari. L. B. Niamkey, 1985 : 13. Il faisait aussi des canaris. J'ai donc appris à travailler la céramique. Krol, 1994 : 172. En pays sénoufo, les canaris, récipients destinés à contenir de vulgaires aliments ou des substances pouvant servir au culte, sont fréquemment en bois et leur couvercle est surmonté d'un sujet animalier. Rémy, 1996 : 33. Les patrouilles [.] ont fouillé dans leurs canaris, leurs calebasses*[.]. Kourouma, 1998 : 298. Des munitions dans le canari. (titre d'article). Ivoir'Soir, 09.12.1997.[.] plus de 4 millions de francs que les paysans thésaurisaient dans des canaris. Ivoir'Soir, 27/28.02/01.03.1998. Aya Konan est allée puiser dans les vieux canaris et paniers de nos grand-mères Akan pour faire vivre, de nouveau, ces bijoux méconnus et abandonnés. Ivoir'Soir, 19/20/27.12.1997. La Place des sacrifices située en pleine forêt du Banco. Tout autour, des débris de calebasse* et des canaris ceinturés de cauris*. (Légende sous photo). Ivoir'Soir, 03.06.1998. Autour du foyer, des canaris. [.]. Encore des canaris, toujours des canaris pleins de décoctions [.]. Au fond de la case*, des canaris s'alignaient encore contre le mur. Kourouma, 2000 : 15. Les seins claquent au vent, les fesses pétillent pareilles à des canaris de bangui*, ce vin de palme fermenté prêt à faire exploser l'amphore qui tient sa mousse prisonnière. Adé Adiaffi, 2000 : 79.

 

cancan, kankan, kankankan, [kSkS], n.m. Fréq. (du mandenkan "aphrodisiaque" ), oral, fam., tous milieux. V ACCELERATEUR*. Ce sont les hommes qui vont acheter le cancan. Les femmes ne s'adresseraient pas à un homme pour acheter ce médicament*. Guido n° 68, 27.04/3.05.1983. Il est devenu courant d'acheter des réserves de cancan et la clientèle se montre satisfaite. Gaudio, 1984 : 178.

DER.: superkankankan*.

COMP.: poudre* cancan.

SYN.: accélérateur*, chargeur* de batterie, coup* de démarreur*, démarreur*, kankankan*, poudre* de démarreur.

 

candidature, (poser sa ----- ), loc.verb. Argot estudiantin, oral, plaisant.. Faire une déclaration d'amour à une jeune fille, lui déclarer sa flamme. "Et alors, tu as posé ta candidature ?" - "Non ! mon frère*, elle a un djo.*" Campuslexique, 1979 : 6.

SYN.: mettre* les brèques.

 

cane-juice, [kSdFujs],n.m. Fréq., (du pidgin-english libérien), oral, surtout, ouest. Rhum vert local de fabrication artisanale et à teneur élevée d'alcool. Il faut citer également un produit de fabrication locale, le cane-juice ou rhum des Libériens* atteignant 60" et très apprécié des populations Krous et Néyaux de la Côte-d'Ivoire. Kerharo /Bouquet, 1950b : 97. [.] mise à part la canne à sucre dont on extrait clandestinement un rhum de qualité inférieure appelé cane-juice. Holas, 1980 : 72. [.] ils [: les Grébo] savent extraire, dans de sombres distilleries clandestines, un rhum de feu que les Libériens, qui en sont les plus friands, ont fait baptiser finalement du nom inoffensif de "cane juice". Conte, 1981 : 36.

SYN.: rhum* des Libériens.

 

cango, cangô, cangoh, kangoh, kanghoh, [kSgo] / [kSgC], n.m. Dispon., (tradition), (des langues akan), oral, sud. Coupe faite d'une noix de coco évidée et qui sert à boire le vin de palme. Par exemple, il avait refusé de boire le vin de palme* commandé en son honneur dans le même kanghoh que papa. Kitia Touré, 1979 : 59. Quand tu as un cango de bangui* devant toi, n'importe qui devient ton frère. Koné, 1980 : 10. Il payait son cango de bangui*, le buvait lentement [.]. A.Koné, 1980 : 62. Soudain, il reconnaît sa mère qui lui tend une énorme calebasse*, un cangô d'eau glacée. Adé Adiaffi, 2000 : 324.

 

canne, n.f. Spéc., (agriculture), oral, écrit, tous milieux. (Saccharum officinarum Linn.). Tige de canne à sucre. Les cannes ont été particulièrement pauvres en teneur de sucre. FM., 17.04.1980. Elle mâche de la canne pendant les cours. (Elève 3e, Korhogo, 1983). Je ramassais la canne coupée. Deniel, 1991 : 144.

ENCYCL.: souvent consommée comme friandise et vendue débitée sur les marchés, parallèlement à sa culture industrielle.

 

canne de chef, n.f. Usuel, (tradition), oral, écrit, tous milieux, mélior. Sorte de sceptre ou de canne décorée de motifs symboliques identifiant un roi ou un chef traditionnel, emblème du pouvoir de celui-ci. Le prince [.] allait ensuite être promu chef coutumier* sénoufo par le chef de canton* et cela avec les attributs qui se rapportent à cette distinction : une canne de chef symbolisant la chefferie*, un boubou*, un bonnet pour être à l'écoute de son peuple et un tabouret*. FM., 20/21.03.1982. [.] cannes de chef surmontées de sculptures plaquées de feuilles d'or . Oberlé, 1983 : 72.

ENCYCL.: certaines cannes de chef sont de véritables objets d'art, plaquées d'or et incrustées d'ivoire.

COM.: le terme "récade" semble seulement utilisé par les universitaires.

SYN.: bâton -messager (part.), récade .

 

cantatrice, n.f. Dispon., rech., mésol., mélior. Chanteuse. Toute femme capable de bien chanter, quel que soit le genre de chant qu'elle pratique (folklore, chanson moderne, etc. ). Je compte sur toi Salkoun puisque tu as le meilleur batteur et sur toi aussi, Djévoh, qui possède la meilleure cantatrice. Kitia Touré, 1979 : 8. Quinze mille [: francs] étaient allés dans la caisse de la danse*; trois mille pour faire boire les danseurs à satiété mais il y avait tout juste un peu de koundjadjo*; les deux autres mille avaient été donnés à la cantatrice. Kitia Touré, 1979 : 15. Ma grand-mère a été une très célèbre cantatrice baoulé. (Etudiante, Abidjan, 1985).

 

cantine itinérante, n.f. Fréq., oral, écrit, tous milieux. Installation provisoire servant de restaurant pour les ouvriers, près des chantiers. Au bout d'un mois, d'un an ou plus, les cantines itinérantes se volatilisent pour d'autres lieux. Gaudio /Roekeghem, 1984 : 48. Nous mangeons à la cantine itinérante. (Contremaître, Bouaké, 1984).

ENCYCL.: elle est constituée de tables et de bancs rudimentaires sous un apatam*.

 

caoutchouc, caoutchouc sylvestre, n.m. Vieilli. écrit, manuels, textes hist..

1-  Latex de certaines lianes ou de certains arbres de la famille des Apocynées. Produit de cueillette qui fut l'objet d'un commerce florissant au début de l'époque coloniale. Ce caoutchouc qui n'était que le latex de certaines lianes ou arbres* à gomme était très chèrement payé. Du Prey, 1962 : 31.

ENCYCL.: localement il s'agit surtout d'une liane Landolphia heudelotti A. DC ou liane* gohine, et d'un arbre (Funtumia elastica [Preuss] Stapf) ou caoutchouc d'Afrique, caoutchouc de l'Ireh, caoutchoutier*.

DER.: caoutchoutier*.

COMP.: arbre* à caoutchouc, caoutchouc d'Afrique, caoutchouc de l'Ireh, caoutchouc-liane*gohine.

SYN.: caoutchouc sylvestre.

ANTON.: caoutchouc de Grand-Bassam, caoutchouc de plantation.

2- caoutchouc d'Afrique, V. CAOUTCHOUTIER*.

3- caoutchouc de Jéquié, (Manihot dichotoma Ule.). Arbre à caoutchouc qui ressemble à un manioc géant. Roberty, 1954 : 71.

4- caoutchouc de Ceara, (Manihot glaziovii Muell. Arg.). Arbre à caoutchouc devenu souvent arbre d'ornement dans les villes et les parcs. Roberty, 1954 : 71.

5- caoutchouc de l'Ireh, V. CAOUTCHOUTIER*.

6- caoutchouc-liane, latex de la liane Landolphia heudoletti. La baisse des rendements à la fin du XIXe siècle a découragé beaucoup d'exploitants qui se sont alors tournés vers le caoutchouc-liane dont l'âge d'or se situe entre 1900 et 1914. David, 1986 : 137.

 

caoutchoutier, n.m. Spéc., (flore, commerce), vx. (Funtumia elastica [Preuss] Stapf.). Arbre forestier de la famille des Apocynées dont le latex fut exploité comme produit de cueillette, au début de l'époque coloniale. La végétation est ici la même que partout ailleurs : le palmier*, l'acajou* d'Afrique, le caoutchoutier, le fromager*, abondent. Verdier, 1870-1890 : 27.

SYN.: arbre* à caoutchouc, arbre* à gomme, caoutchouc d'Afrique, caoutchouc de l'Ireh.

 

capable, adj. Fréq., oral, fam. mésolecte, basilecte, mélior. V MARI* CAPABLE. Se dit d'un homme fortuné, qui a des moyens. Regarde moi bien de haut en bas. Qui est plus "capable" aujourd'hui ? Ekra, 1984, 43.

COMP.: mon mari* est capable.

 

capitaine, n.m. Spéc., (faune), mais fréq., oral, écrit, tous milieux. Nom donné à plusieurs espèces de poissons à la chair très appréciée, de mer, de lagune, ou de rivière. [.] les Awlans peuvent inonder villes et villages [.] de merlans, de mérous, de capitaines et de barracudas*. Anoma Kanié, 1978 : 46. En revanche, vous apprendrez [.] qu'en Afrique le capitaine est poisson, le gendarme, un oiseau. De Baleine 1982 : 18. Les Serranidae ont un représentant très populaire, le capitaine, qui, dans les grands fleuves africains donne lieu à une pêche sportive et dont la chair est excellente. Le capitaine arrive à peser plus de quarante kilogs et dépasse 1, 20 m. Franklin, 1968 : 38.

ENCYCL.: comme espèces, on distingue localement le [vrai] capitaine de mer ou gros* capitaine (Polydactylus quadrifilis Cuvier) qui peut atteindre 8 kgs ; le petit* capitaine ou capitaine plexiglas (Galeoides decadactylus Bloch), plus ou moins hyalin, d'où son nom ; le capitaine-moustache (Pentanemus quinquarius Linn.) de petite taille, portant de longs filaments dépassant la longueur du corps, V. FRITURE*-MOUSTACHE. Il y a aussi le capitaine de rivière (Lates niloticus Linn.). Aldrin /Noyer /Brégeat, 1972 : 38, Seret /Opic, 1981 : 294-299)

SYN.: assan (de l'ébrié), éhouadjo (du nzéma), ébokro (de l'alladian) = gros capitaine, obo (de l'alladian), abogné (du nzéma) = petit capitaine.

 

capitale, n.f. Fréq., oral, écrit, tous milieux.

1- capitale économique, Abidjan qui fut, après Bassam et Bingerville, la capitale de la Côte d'Ivoire, n'est plus, officiellement, depuis 1983, que la plus grande et la plus prospère des villes du pays. C'est ainsi que Yamoussoukro est devenue officiellement la quatrième capitale de la Côte d'Ivoire après Grand-Bassam, Bingerville et Abidjan, cette dernière ville demeurant cependant la capitale économique. Gaudio /Roekeghem, 1984 : 73.

2- capitale politique, Yamoussoukro. Yamoussoukro, le "village" natal du président Houphouet métamorphosé en "capitale politique"[.]. Krol, 1994 : 56.

ENCYCL.: la C.I. a eu successivement comme capitales : de 1893 à 1901 : Grand Bassam ; de 1901 à 1934 : Bingerville ; de 1934 à 1983 : Abidjan. Depuis 1983, c'est Yamoussoukro, "village*" natal de l'ancien Président Félix Houphouet-Boigny, qui est la capitale officielle.

 

capoc, n.m. V. KAPOCK*.

 

capote (prendre ---- ), loc.verb., V. PRENDRE*. Si tu prends pas capote, attention au sida!  (Etudiant, Abidjan, 1991).

 

capsides, n.m.pl. Spéc., (agriculture). Micro-organismes, responsables de la pourriture des cabosses du cacaoyer. Ce mal [.] est causé par des virus appelés capsides. INADES, 1984 : 35.

COMP.: anticapsides*.

 

captif, n.m. Vx., (histoire, tradition), oral, écrit, péj. Nom porté par les esclaves de la société traditionnelle, travaillant comme serviteurs au sein d'une famille et relativement bien traités. A la mort de Konin Kassi, [.] un captif fut désigné pour accompagner* le noble défunt dans le royaume de ses ancêtres. Amon d'Aby, La couronne aux enchères, 1965 : 41. Les descendants de captifs ou de serviteurs ont, quant à l'alliance matrimoniale, les mêmes droits que les descendants d'hommes libres. Aucune interdiction ou restriction ne s'opposera donc à leurs fiançailles ou mariage avec les seconds. (Jugement du tribunal coutumier de Man, 20.04.1962, cité in Girard, 1967 : 122). Les captifs de couronne se retrouvent dans la plupart des sociétés à différenciation sociale marquée [.]. Dans le principe, le captif de couronne ne possède rien [.] . L'emploi élevé qu'il détient, il le doit tout entier à son maître, roi, chef. Bouteiller, 1968 : 520. Ton père est-il un homme libre ou un fils de captif ? Du Prey, 1979 : 83. Dans le  système de la captivité, tel qu'il a existé dans plusieurs régions de Côte-d'Ivoire, il n'y avait pas de violence exercée sur le captif, mais il n'empêche que le mode d'acquisition des captifs (achat, mise en gage) réléguait ceux-ci au rang d'objets. Affou Yapi, 1986, 45.

ENCYCL.: on distinguait le captif de traite, acheté comme esclave à la suite d'une guerre, le captif de case né de captifs de traite, ou de leurs descendants dans la famille des maîtres de ses parents, le captif de couronne, esclave d'un roi traditionnel, qui pouvait occuper auprès de celui-ci un emploi relativement élevé.

COMP.: captif de case, captif de couronne, captif de traite.

 

capucin, n.m. Spéc., (faune). (Cercopithecus diana Linn.). Nom donné improprement à plusieurs espèces de Cercopithèques, plus particulièrement au diane*. Et, depuis, lorsqu'au moindre bruit, le capucin lance son alarme : Kna-koum, la brousse*, aussitôt, redevient silencieuse. Dadié, 1955 : 28.

ENCYCL.: selon les spécialistes, l'appellation "capucin" s'applique au "saï", singe d'Amérique tropicale.

SYN.: (part.) diane*.

 

car, n.m. Fréq., oral, écrit, tous milieux.

1- car gbaka, V. GBAKA*. Les chauffeurs de car gbaka entreprirent alors de récupérer quelques litres du précieux carburant. FM., 17.03.1983.

2- car rapide, V. RAPIDE*. Avec les bénéfices, il s'est enrichi, a acheté une grande concession* à Yopougon Port-Bouët, des femmes, des turbans, des boubous* amidonnés et des cars rapides pour transporter les passagers pressés. Kourouma, 2000 : 42.

 

caracal, n.m., Spéc., (faune), (du turc "oreille noire" par l'espagnol, Buffon, 1750). (Felis caracal Schreber). Sorte de lynx de savane, nocturne, à oreilles triangulaires se terminant par un pinceau de poils noirs ou blancs, et à la robe de couleur variable allant du jaune au roux voire au gris roussâtre. Le caracal est un lynx africain. Dekeyser, 1955 : 281. Haltenorth /Diller, 1985, 214. Mais j'ai une ceinture et elle est bien plus noire que ta petite gueule de caracal. Tierno Monenembo. 1993 : 38.

SYN.: lynx* africain, lynx* d'Afrique.

 

caracasse, n.f. Vx., (par déformation du mot français "carcasse"), oral, mésolecte, basilecte. péj. V. CARCASSE*. Insulte adressée à une femme : vieille fille laissée pour compte (avec sous-entendue l'idée que ses moeurs dissolues ont écarté tout mari éventuel). Personne ne te mariera*, caracasse ! (Dispute dans la rue, Abidjan, 1976).

COM.: chez les peu ou non scolarisés, prononcé [karakas].

 

carambole, n.f. Spéc., (flore), oral, lettrés, littoral. Fruit comestible du carambolier, d'introduction récente. C'est seulement au marché du Plateau qu'on trouve des caramboles. (Secrétaire, Abidjan, 1980).

DER.: carambolier*.

 

carambolier, n.m. Spéc., (flore). (Averrhoa carambola Linn.). Arbre de la famille des Geraniacées, aux fruits juteux et parfumés, d'introduction récente. A la plantation, j'ai mis des caramboliers et maintenant, je produis un peu  de caramboles* pour la vente. (Fonctionnaire, Abidjan, 1983).

 

carangue, n.f. Spéc., (faune). Poisson grégaire pélagique des mers tropicales. Il en existe plusieurs espèces : la carangue commune (Caranx crysos Mitchill) V. JAPON* NOIR : la carangue du Sénégal (Caranx senagalus Valenciennes) V. PETIT* JAPON ; la carangue-médaille (Chloroscombrus chrysurus Linn.) V. PLAT*-PLAT ; la grande carangue (Caranx hippos Linn.) V. JAPON*. [.] des sportifs [y] capturaient en abondance barracudas*, tarpons*, carangues, carpes* rouges [.]. Rémy, 1996 :133.

 

caravansérail [mossi], n.m. Vx. (histoire). A l'époque coloniale, type de construction destinée à accueillir en zone urbaine des populations migrantes (appartenant majoritairement à l'ethnie mossi). Désigne parfois actuellement en milieu urbain un foyer prévu pour loger sommairement des travailleurs immigrés célibataires. [.] le "caravansérail"; certains articles de presse parlent de caravansérails mossis, suite de chambres individuelles accolées avec sanitaires et cuisines collectifs situés dans des bâtiments annexes. Ce type de logement est en location simple. Il est essentiellement destiné aux manoeuvres et travailleurs saisonniers instables appelés aussi population flottante. Antoine /Debresson/ Manou-Savina 1987, 75.

COMP.: célibatorium, cour-caravansérail*.

SYN.: célibatorium, cour commune*.

 

carcasse, n.f. V CARACASSE*. C'est une carcasse qui a traîné partout ! (Planteur, Adzopé, 1984).

 

carda, n.m. V. BARTANAN*.

 

cardinal, n.m. Spéc., (faune), dispon., oral, écrit, lettrés. (Euplectes orix Linn.). Petit oiseau de la famille des Ploceidae à beau plumage rouge et noir. [.] cardinaux à la poitrine d'un beau noir velouté. Dadié, 1954, 34. Un cardinal, dans sa robe rouge, volette de touffes en touffes . Karim et Aissata (livre de lecture), 1974 : 18.

ENCYCL.: appellation impropre, selon les spécialistes, le cardinal étant un passereau d'Amérique Tropicale.

 

carême, carême musulman, n.m. Usuel, (religion) oral, écrit, tous milieux., mélior. V RAMADAN*.

1- Jeûne observé par les musulmans durant le mois de Ramadan. Le carême avait devancé la récolte du café et les gens essayaient de jeûner convenablement avant les grands travaux. Koné, 1980 : 73. Ah ! tu es endormi, Brahima. Le carême peut-être? Koné, 1980, a : 8. Ces commerçants attendaient le mois du carême musulman pour écouler leurs marchandises au prix fort. FM., 22.06.1981. C'est le carême et c'est dur de ne pas boire avec la chaleur ! (Chauffeur, Abidjan, 1983). Et à l'époque du Ramadan*, souvent appelé le Carême en Côte d'Ivoire [.]. Rémy, 1996 : 25.

LOC.: casser* le carême, faire le carême.

COMP:. carême musulman, mois de carême, temps de carême.

SYN.: ramadan*.

2- carême, (mois de ---- ), (temps de ---- ), mois de Ramadan, période durant laquelle tout musulman doit jeûner entre le lever et le coucher du soleil. Le mois de carême, le ramadan* était le mois le plus important de l'année : trente jours de jeûne et l'espoir de s'être lavé de beaucoup de péchés [.]. A. Koné, 1980 : 56. Mais il était dit que cette année-là, le mois de carême commencerait mal. Koné, 1980 : 73. Une pluie bienveillante a retardé notre tournée, arrosant Boundiali assoiffée en ce mois de carême. FM., 02.07.1982. Les gens du nord prennent les comprimés [d'amphétamines] pour couper leur faim en temps de carême. FM., 19.10.1983. Nous étions au mois de Carême. Le Changement, 06.05.1993.

3- carême, (casser le ---- ), (couper le ---- ), loc.verb. Interrompre le jeûne prescrit pour les Musulmans, durant le mois de Ramadan et obligatoire sauf raisons impératives et exceptionnelles. On rentrait à la maison avec le coucher du soleil. Et aussitôt on coupait le carême, on apaisait sa faim et on se reposait. Koné, 1980 : 83. Le Coran dit clairement quand et dans quelles circonstances on peut s'abstenir de jeûner. Ceux qui cassent le carême , en cachette, par gourmandise ou lâcheté, ne sont pas de vrais musulmans. (Radio, 03.07 1982 14H45). [.] des croyants qui n'avaient pas accompli la quatrième prière et n'avaient pas coupé le carême à l'heure prescrite. Kourouma, 1990 : 126.

SYN.: casser le ramadan*, couper le ramadan*.

4- carême), (faire le ---- ), loc.verb. Pour un musulman, pratiquer le jeûne du mois de Ramadan. "Tu fais le carême, toi aussi?" -"Je m'y suis mis. Enfin j'essaie."  Koné, 1980 : 61. Le plus dur quand on fait le carême, c'est la soif ! (Secrétaire, Abidjan, 1983). Il ne fait pas le carême parce qu'il est malade mais il rendra le jeûne quand il sera guéri. (Infirmière, Abidjan, 1990).

SYN.: faire le ramadan*.

 

carent, adj. Usuel, oral, écrit, mésolecte, péj. Incompétent, présentant des carences ou des faiblesses. Ce que je demande, c'est que l'instituteur carent aide la formation permanente en faisant des efforts personnels. FM., 08.04.1983. Il faut des recyclages pour les fonctionnaires carents sinon le pays ne se développera pas. (Syndicaliste, Abidjan, 1982).

 

caresse, n.f. V. NOM* DE CARESSE.

 

cargo, n.m. Fréq., argot urbain, oral surtout, fam. péj. Panier à salade, fourgon de police. Mais patron*, carburant pour le cargo, c'est fini*. (Policier, Abidjan, 1995). Il arrive même quelquefois que la personne agressée s'entende dire d'aller chercher elle-même ses agresseurs. parce que le "cargo" (le panier à salade version ivoirienne) est en panne. Jeune Afrique, 24/30.07.1996 : 83.

SYN.: taxi* sans payer.

 

carnaval des masques, n.m. V. POPO*-CARNAVAL. A Bonoua [.] une fois par an, aux environs de Pâques, le Popo* Carnaval, ou carnaval des masques suscite un défilé tout à fait burlesque de masques modernes. David, 1986 : 92.

 

carnavalier, n.m. Fréq., oral, écrit, tous milieux. Personne qui participe ou assiste aux fêtes du Carnaval de Bonoua. V. POPO*-CARNAVAL. Le concours de "Miss Carnaval" est un moment très attendu par les carnavaliers. Mousso, 28. 03.1995. Cette année, les carnavaliers étaient plus nombreux que l'an dernier. (Etudiant, Abidjan, 1995).

 

carpe, n.f. Spéc., (faune), mais fréq., oral, écrit, tous milieux. Terme générique rassemblant différentes sortes de poissons comestibles.

COM.: l'appellation "carpe", selon les spécialistes, ne s'appliquerait qu'à un gros poisson de la famille des Cyprinidae.

1- carpe blanche, (Pomadasys jubelini Cuvier, P. peroteti Cuvier). Poisson de mer à chair très appréciée, de la famille des Pomadasyidae. Les carpes blanches sont des poissons côtiers très abondants sur les côtes ouest-africaines. Seret /Opic, 1981 : 214. Il [.] poursuit ses activités de recherche en microscopie électronique sur la physiologie de la reproduction de poissons de notre pays et plus particulièrement du gondro* et de la carpe blanche. FM., 17.10.1983.

ENCYCL.: son dos est parsemé de taches sombres irrégulières, ce qui lui vaut le nom, sur les marchés, de TRUITE* DE MER.

SYN.: truite* de mer, assiman (de l'ébrié), kprékpré (de l'alladian), saboué (du nzéma).

2- carpe brune, (Plectorhinchus mediterraneus Guichenot). Poisson de mer de la famille des Pomadasyidae à la coloration d'un gris violet. Ce poisson [.] est rarement débarqué à Abidjan où il est parfois baptisé du nom de vieille*. L'appellation carpe brune serait bien préférable. Aldrin /Noyer /Brégeat, 1972 : 42.

SYN.: dorade* grise, vieille*.

3- carpe de lagune, terme générique s'appliquant à tout poisson d'eau saumâtre de la famille des Tilapia. L'espèce de poisson cultivé dans cette ferme est le Tilapia nilotica : la carpe de lagune. FM., 17.03.1980. La carpe de lagune est un autre poisson sur lequel la Côte-d'Ivoire fonde de grands espoirs en matière d'aquaculture. FM., 31.07.1980.

ENCYCL.: ces poissons sont l'objet d'élevage en fermes* aquacoles.

4- carpe grise, (Lethrinus atlanticus). Poisson de mer de la famille des Sparidae. Il mesure environ 30 cm et est coloré de rose, de vert et de brun. Aldrin /Noyer /Brégeat, 1972 : 73.

5- carpe métis, (Pomadasys incisus Bowdish = P. Bennetti Lave). Poisson de mer de la famille des Pomadasyidae, de couleur argentée avec des nageoires jaunâtres. Aldrin /Noyer /Brégeat, 1972 : 46. Seret /Opic, 1981 : 212.

ENCYCL.: comme tous ceux de sa famille, ce poisson "grogne" ou "ronfle" quand on le sort de l'eau. Ces grondements viennent de la vessie natatoire.

SYN.: crocro*, grondeur*, perche*, ronfleur*.

6- carpe noire, (Pseudotolithus epipercus Valenciennes). Poisson côtier et lagunaire de la famille des Sciaenidae à lignes obliques foncées sur les flancs et taches noires à la base des nageoires dorsales. Aldrin /Noyer /Brégeat, 1972 : 53.

7- carpe rouge, terme générique désignant des poissons de mer de la famille des Lutjanidae : Lutjanus fulgens Valenciennes de couleur rouge vif ; L. goreensis Valenciennes, rouge vermillon ou rose vif ; L. agennis Bleeker, brun rougeâtre. Sur les côtes occidentales d'Afrique, il n'existe que quelques espèces de Lutjans qui sont regroupées sous l'appellation commerciale de carpe rouge. Seret /Opic, 1981 : 205. Les poissons sont nombreux en particulier les carpes rouges qui peuvent atteindre 100 kg. Rémy, 1996 : 215.

SYN.: aidjoin, lutjan, kessan, taumakpan.

 

carré, n.m. Usuel, oral, écrit, tous milieux. Pâté de maisons délimité par quatre intersections et qui correspond à une unité d'habitation urbaine d'un quartier populaire. Le carré a à sa tête un chef* de carré, responsable devant l'administration de la communauté qui vit autour de lui.. Les nouvelles de tous maintenant. Le carré est vide sans toi. Arnaut, 1976 : 279. Il habite un carré à Blokosso. (Coiffeuse, Abidjan, 1982). Tu vois le carré qui est là-bas, tu vas aller là-bas? Deniel, 1991 : 63.

COMP.: chef* de carré.

SYN.: concession*, cour*.

 

carré, (au ---- ), adj. V. AU* CARRE.

 

carreau (1), n.m. Usuel., oral, écrit, tous milieux. Morceau de sucre. Les premiers carreaux de sucre sortis de Ferké 1[.] en novembre 1974 . FM., 17.04.1980. Quand on fait un camp, on te donne une louche de riz, deux ou trois carreaux de sucre, deux brins* d'allumettes. Deniel, 1991 : 104. Tu sais combien de carreaux elle met dans son bol de café ? (Etudiante, Abidjan, 1996).

 

carreau (2), n.m. Usuel, (par allusion à l'uniforme scolaire des petites filles), oral, écrit, tous milieux. V. KAKI*.

1- Tissu de cotonnade à carreaux bleus et blancs, utilisé pour l'uniforme des fillettes fréquentant l'école primaire. Le spectacle de bus bondés d'élèves en kaki*, robes de carreau bleu et blanc, atteste que la rentrée scolaire a eu lieu effectivement ce lundi 11 octobre. FM., 12.10.1982. Il me faut 6 yards* de carreau pour les uniformes de mes filles. (Marché de Cocody, 1993).

COMP.: carreau-carreau.

2- carreau, n.m. ou f. Dispon., argot des jeunes, oral. Petite amie, "pépée", "tendron". Mais pourquoi il ne t'a pas dit que c'est son carreau ? Tu aurais cherché une autre fille. (Lycéen, Bouaké, 1991). Sa carreau lui a donné un faux* rendez-vous ! (Lycéenne, Abidjan, 1994).

SYN.: bouille*, daille*, gadi*, gnin*, go*, gomon*, mama*, produit*, sao*, soupe*, stéki*, tchamp*.

3- carreau-carreau, carreau, n.f. Usuel, oral, mésolecte, basilecte, fam. Ecolière, fillette ou jeune fille fréquentant l'école primaire. Pour illustrer ma pensée, la prostitution dite des bleu-blanc* ou des corbeaux* (lycéennes et collégiennes), des carreaux-carreaux (écolières) fait plus de tort aux parents, voire au pays entier. FM., 13.05.1983. Quand même! Enceinter* des carreaux-carreaux ! C'est bien fait si on l'a affecté*. (Institutrice, Abidjan, 1990)

SYN.: (part.) bleu-blanc*, corbeau*, petit* modèle*.

 

carrelé, adj. Usuel, oral, écrit, mésolecte, basilecte. En parlant d'un tissu : à carreaux. Je n'aime pas les tissus carrelés parce que c'est comme les uniformes de l'école primaire. (Coiffeuse, Abidjan, 1980). Pour Noël, je voudrais une chemise carrelée comme un cow-boy. (Lycéen, Bingerville, 1981). Elle a quitté le domicile familial, vêtue d'une robe d'école carrelée bleu et blanc. Ivoir'Soir, 23.03.1998. Ce jour là, elle était habillée de sa tenue d'école carrelée. Ivoir'Soir, 04.05.1998.

 

carte-photo, n.f. Dispon., mésolecte, basilecte, oral. Photographie. Il faudra m'envoyer la carte-photo de tous les séminaristes*. (Enseignant, Abidjan, 1984).

 

cartel, n.m. Dispon., argot estudinatin, oral, fam, péj. V. PIVOT*. Groupe d'étudiants organisé en vue de tricher à un examen. Le cartel : un groupe d'étudiants qui se mettent ensemble pour tricher à l'examen. Ivoir'Soir, 17/18/19.03. 1995. Celle-ci [: une étudiante] avoue à son tour qu'elle n'a pas réussi non plus à étudier tous les chapitres du cours. Mais elle n'est pas troublée. "Il n'y a rien à craindre, on va intégrer "un cartel." lance-t-elle. Ivoir'Soir, 07.05.1998. En se regroupant à cinq et en occupant les places du fond, ils forment ce que les étudiants appellent eux-mêmes un "cartel" ou une"défense en ligne". Ainsi, ils peuvent échapper à la vigilance des examinateurs et donc tricher sans se faire épingler. Ibid.

SYN.: défense* en ligne.

 

cartonner, v.intr.

1- Spéc., (sport). Au football, mener à la marque. L'ASEC cartonne. Ce sera bientôt la victoire. Martinet, 1980 : 17.

2- Assez fréq., argot estudiantin, oral, fam, plaisant. Réussir brillamment un devoir ou un examen. Il fait faraud* parce qu'il a cartonné. (Lycéen, Bingerville, 1979).

 

cartouchard, n.m. Argot estudiantin, (de l'expression : "brûler ses dernières cartouches"), oral, péj. Redoublant (celui qui sera exclu s'il ne passe pas dans la classe supérieure ou s'il est collé à l'examen). L'étudiant est, pour ainsi dire, condamné à caïmanter* afin d'éviter de tomber dans la foule des cartouchards*. Campus-lexique, 1979 : 6. L'idée de saisir l'équipe décanale sur la négociation d'une dérogation pour les cartouchards, victimes [.] des perturbations qui ont émaillé les examens, a été approuvée. FM. 6/7.02.1993. [.] la négociation d'une dérogation pour les cartouchards, victimes des perturbations qui ont émaillé les examens[.]. FM., 07/08.02.1993. Cartouchard : celui qui en est à sa dernière chance. C'est-à dire qui reprend son année et est en deuxième session. On peut dire qu'il est en septembre* noir. Ivoir'soir, 17/18/19.03.1995.

SYN.: ancien* combattu, bréqueur*, cabri*-mort, doublant*.

 

cartoucherie, n.f. Peu fréq, oral, écrit, acrolecte, mésolecte.. Magasin vendant du matériel de chasse, armurerie. Le ministre des Eaux et Forêts est chargé de l'application de cette loi (contre le braconnage) alors que les cartoucheries continuent d'avoir pignon sur rue dans tous les quartiers d'Abidjan et des villes de l'intérieur. FM., 19/20.03.1983. La chasse est fermée dans le pays depuis 1974 [.]. Paradoxalement, les cartoucheries sont autorisées en Côte-d'Ivoire [.]. Bousquet, 1992 : 151.

 

cas, n.m.

1- cas, (faire ---- de), loc.verb. Dispon., oral, écrit, mésolecte. Faire état de, parler de. La fille de Zomblé connaît son domicile. [.]. Ainsi le soir venu, elle en fait cas à son père. Ivoir'Soir, 26.11.1997. Tu l'as vu? Est-ce qu'il a fait cas de moi ? (Enseignante, Abidjan, 2000).

2- cas, (en ---- de ---- ), loc.adv. Dispon., surtout oral, mésolecte, peu ou non scolarisés. Au cas où [cela tournerait mal], à supposer qu'[il y ait des ennuis], au cas où. Patron, il faut garder un peu l'argent pour moi en cas de cas. (Boy, Abidjan, 1984). Je suis resté un mois à l'hôpital, on ne savait pas ce que j'avais. Le médecin m'avait installé à côté de la morgue , en cas de cas. Krol, 1994 : 120. Je lui ai expliqué que c'était pour éviter une grossesse car, en cas de cas, ça lui coûterait l'expulsion de la cour* de son père, un musulman pur et dur. Krol, 1994 : 179.

 

case, n.f. Usuel, oral, écrit, tous milieux.

1- a) Habitation traditionnelle, ronde dans le nord, rectangulaire dans le sud, en général. Elle peut, parfois, en zone soudanienne, avoir une toiture en terrasse (V. ARGAMASSE*). Les cases [: des Abouré] étaient solides et coquettes, rectangulaires, construites en pisé, crépies d'argile blanche, percées de fenêtres et couvertes de feuilles de palmiers*-bans. Du Prey, 1962 : 49. De loin en loin une ou deux cases penchées, vieillottes, cuites par le soleil. Kourouma, 1970 : 105. Si je réussis bien, je reconstruirai ta case et même tout le village. Kitia Touré, 1979 : 23. Vous voyez cette case, la case de mon père[.]. A. Koné, 1980 : 60. Le village de Douédy--Guézon [.] abrite trente cases rondes avec des taras*, et des douches individuelles. FM., 02/03/04.04.1983.

COMP.: case à fétiches, case à masques, case à palabres, case à provisions, case à secrets, case-cuisine, case de célibataire, case de passage, case d'initiation, case d'isolement, case-établi, case-paillotte, case sacrée, captif* de case, jardin* de case, mouton* de case.

b) Européens particulièrement, plaisant.. Par extension, toute habitation, quelle que soit son apparence, son matériau de construction, sa modernité, son luxe : villa, maison, et même appartement. Expatrié cherche grande case 5/6 chambres avec jardin et boyerie*, tout confort. (Petite annonce, Abidjan, 1984). Il a une belle case avec piscine aux Deux Plateaux. (Ingénieur, Abidjan, 1997).

2- case à fétiches, (tradition). Petit local d'une habitation traditionnelle, réservé au culte des ancêtres et des fétiches du clan. Je n'ai pourtant vu, tant dans ma marche sur Bondoukou que sur celle de Kong, des cases à fétiches qu'à deux reprises. Binger,, 1892, t. II : 189. Les cases à fétiches [: de Niofouin] où l'on vient exposer les morts, ont une extraordinaire couverture qui mesure bien un mètre. Rémy, 1986 : 168.

3- case à étages, plaisant chez les lettrés. Building, immeuble. [.] l'électricité, la télévision, l'automobile et les cases à étages (buildings). Tilliette, 1984 : 25.

4- case à masques, (tradition). Case dans laquelle sont entreposés les masques* traditionnels. La case à masques est interdite aux non-initiés. (Ethnologue, Abidjan, 1980). Biankouma, jeune préfecture [.] avec ses quinze cases à masques [.]. David, 1986 : 117.

SYN.: case à secrets, case sacrée.

5- case à palabres, (tradition). Local qui abrite les réunions des hommes du village. L'accès de la case à palabres est réservé aux seuls hommes circoncis. Girard, 1976 : 27. L'équipe déjeuna [.] sous la véranda d'une vaste case à palabres. Du Prey, 1979 : 116.

ENCYCL.: cela peut être une case ou simplement un apatam*.

6- case à provisions, pièce servant de réserve pour les aliments, garde-manger. Range ce qui reste dans la case à provisions. (Ménagère, Abidjan, 1989). Antonine, va voir dans la case à provisions [.]. Tierno Monenembo, 1993 : 73.

7- case à secrets, V. CASE A MASQUES. Les femmes et les enfants ne vont pas dans la case à secrets. (Informateur, Toulepleu, 1980).

8- case de santé, local servant de dispensaire. Bakoubly, l'un des plus gros villages du département de Toulepleu vient de se doter d'une case de santé avec le soutien de la Croix Rouge internationale. Une structure bien modeste qui comprend une salle de pansements, une salle d'accouchement et une autre pour la consultation et pour l'accueil. Ivoir'Soir, 04.12.1997.

9- case d'initiation, (tradition). Local situé en général dans le bois sacré*, où se rassemblent les jeunes pour les rites d'initiation. Le féticheur*, gardien des fétiches* et des cases d'initiation du bois sacré* de Sinématiali. (légende de photographie) Kerharo /Bouquet, 1950 b : 68. La case d'initiation est souvent à l'écart du village. (Ethnologue, Abidjan, 1980).

10- case d'isolement, (tradition). Habitation située à l'écart du village et réservée aux malades jugés contagieux ou moribonds ainsi qu'éventuellement aux femmes lors de leurs relevailles ou de leurs menstrues. C'était, il y a longtemps. On a apporté le malade à la case d'isolement. C'est là que le blanc est mort. Après, quand le docteur est venu, il a dit que c'était la fièvre* jaune. (Retraité, Bonoua, 1975).

11- case de célibataire, case où se logent provisoirement, dans un village, des jeunes hommes jusqu'à leur mariage. [.] l'apparition récente de cases de célibataires [.] abritant deux ou plusieurs jeunes gens ayant pris l'initiative de se construire un logement indépendant. Schwartz, 1975 : 48.

ENCYCL.: c'est une innovation relativement récente.

SYN.: (milieu urbain) célibatorium*.

12- case de passage, case, dans un village, réservée aux visiteurs, mais aussi dans un petit centre urbain, maison ou petit appartement destiné au même usage. J'ai une case de passage. Tu t'y installeras ce soir. Du Prey 1974 : 144. Quand nous arrivons, toutes les cases de passage sont occupées. Arnaut, 1976 : 32. Tu pourras t'installer dans la case de passage pour la durée de ton séjour. (Cadre commercial, Abidjan, 1979).

SYN.: (part.) : campement* administratif, chambre* de passage.

13- case des fétiches, (tradition). Case, situé près du bois sacré* où sont entreposés masques et fétiches. Mais [.] le haut du rocher est presque rejoint par une ondulation du sol, sur laquelle s'étend le bois sacré* avec, sur sa lisière, la case des fétiches. Rémy, 1996 : 151.

14- case sacrée, V. CASE A SECRETS. Aux environs de minuit, lorsque l'obscurité sera totale, ces masques* anciens [.] feront leur apparition et entreront dans la case sacrée où ne doivent être présents que les initiés. FM., 10/11/12.04.1982. L'une des trois cases sacrées du village. (Légende sous une photographie). FM., 19.04.1982.

15- case-cuisine, petite case qui sert à la préparation des aliments dans une concession* traditionnelle. [.] case-cuisine enfin, petit local abritant un foyer et destiné à la seule préparation des aliments. Schwartz, 1975 : 48.

16- case-étable, vx , (tradition). Local indépendant de l'habitation et dans lequel, la nuit, on enferme le bétail. La case-étable, avant, c'était pour protéger des bêtes féroces mais maintenant, c'est pour protéger des voleurs! (Informateur, Katiola, 1980).

17- case-habitation, vx., (tradition). Par opposition à case-étable, case à fétiches, local servant d'habitation. [.] les cases-habitations à plan circulaire, au toit conique en paille* ou en feuilles de palmier (le papo*). Holas, 1980 : 44.

18- case-paillotte, case ronde à toit de paille, construite en dur*, sur le modèle de la case traditionnelle en banco*. Treize cases-paillottes servent de logement aux 23 animatrices stagiaires. FM., 02.11.1982. La case-paillotte est beaucoup plus fraîche et aérée. (Entrepreneur, Abidjan, 1990).

SYN.: paillotte.

19- case, (captif de ---- ), n.m. V. CAPTIF*.

20- case, (fraternité de ---- ), n.f. V. FRATERNITE* DE CASE.

21- case, (jardin de ---- ), n.m. V. JARDIN*.

22- case, (mouton de ---- ), n.m. V. MOUTON*.

 

case (de ---- ), loc.adj. Fréq. oral, écrit, tous milieux. Qui est lié à la concession, donc à la vie de la famille. V. CAPTIF DE CASE*, JARDIN DE CASE*, MOUTON DE CASE*.

 

caser, v.tr. Dispon., oral surtout, mésolecte ou basilecte. Fournir une maison. Il est revenu à Abidjan pour marier* plusieurs femmes. Pour caser les nombreuses femmes, il a acheté plusieurs concessions*(plusieurs cours*) à Anyama [.]. Kourouma, 2000 : 41.

 

cassant, adj. Fréq., (Sport). Se dit d'un circuit, d'une route ou d'une piste susceptible d'endommager un véhicule par les difficultés présentées. "Avez-vous fait des reconnaissances [: pour le grand rallye de Côte-d'Ivoire] ? On dit que le circuit sera très cassant." - "C'est vrai ! [.] je pense que ce rallye occupera particulièrement les mécaniciens." FM., 06/07.12.1980. Méfiez-vous ! cette piste est très cassante!  (Chauffeur, Biankouma, 1981).

 

cassave, n.f. V. MANIOC*.

 

casse, n.f. Fréq., argot urbain,  oral, écrit, tous milieux. Destruction, déprédation volontaire commise envers des biens publics ou privés (par exemple lors d'une manifestation). [.] un procès-verbal qui pourrait engager leur responsabilité dans la casse intervenue lundi dernier. FM., 12.06.1981. Attendue ici avec beaucoup d'appréhension en raison des nombreuses casses enregistrées lors des évènements de mars-avril, la reprise des cours[.]. FM., 10.09.1990. Je ne pouvais admettre la casse dans mon pays. FM., 04.12.1990. Le FPI [.] vient de démontrer qu'il n'entend pas respecter le jeu démocratique en organisant les casses qui ont ravagé le Plateau*, le quartier des affaires d'Abidjan. Ivoir'Soir, 24.02.1992. L'abbé A. aux étudiants : "Non à la casse et à la tuerie !". FM., 09.05.1997.

 

casse ailée, n.f. V. DARTRIER*.

 

casse café, n.f. V BANTAMARE*.

 

casse puante, n.f. V. BANTAMARE*.

 

casse-caillou, n.m. Argot urbain, oral, mésolecte, péj. Pauvre bougre, personne défavorisée. Plus de barons au-dessus des lois. Plus de casse-cailloux au-dessous. Jeune Afrique. 22/28.04.1993.

SYN.: cacaba*, en bas d'en bas*.

 

casser, v.tr. Usuel. oral, écrit, tous milieux.

1- Remplace la plupart des verbes impliquant une idée de dégradation, de destruction, au sens propre comme au sens figuré. L'auto avançait sur la piste pleine de crevasses, s'y précipitait, s'y cassait. Kourouma, 1970 a : 94. J'ai donc traduit  le malinké en cassant le français pour trouver et restituer le rythme africain. Kourouma, 1970 b. Je suis venu parce que trop de mauvaises choses se préparaient à Guignonglo. Elles sont toutes "cassées" maintenant. Chacun sait, dorénavant, de qui se méfier. Bolli, 1977. : 25. On dit qu'il a cassé une élève. (Institutrice, Daloa, 1977, : déflorer). Voici le gin, [.] pour la réconciliation. Nous allons le "casser" ensemble [: vider], le boire pour que l'affaire demeure entre nous seuls, sous la toiture. Anoma Kanié, 1978 : 285. Les enfants sont partis* casser des mangues. (Mère de famille, Bouaké, 1982, 104, : cueillir). J'ai décidé de casser [: démolir] les habitations qui étaient sur le marché. FM., 01.06.1983. Maisons cassées, mentalité changée, titrait cyniquement Fraternité-Matin, le quotidien national en août 1973 [.]. On casse beaucoup à Abidjan. David, 1986 : 70. [.] Si on casse sa cour*, Sawadogo aura bien de la peine à quitter le quartier, pense Moussa. Bonnassieux, 1987 : 200. [.] le jeune ouvrier avait l'impression d'être cassé [: épuisé], la fatigue des longs trajets s'ajoutant au poids de la journée de travail. Bonnassieux, 1987, : 67. Car la vérité [.] elle rougit* les yeux mais ne les casse pas. Kourouma, 1990 : 283. Je leur ai dit carrément [.] que s'ils veulent Samory, vous allez venir les casser. Bailly, 25.02.1985, in Niamkey-Kodjo, 1991 : 107. Tous les villages qui n'ont pas fait camarades* avec Samory, ont été cassés brûlés. Bailly, 09.02.1895 in Niamkey-Kodjo, 1992 : 104. Quelqu'un est venu casser ma porte et est entré. Je me suis dit : "Ca y est, je suis mort !". Ivoir Soir, 30.08.1992. Je sais que ma pharmacie a été cassée le 2 octobre 1995 [.]. Ivoir'Soir, 30.04.1997.

LOC.: casser furoncle, casser l'affaire, casser la bouche, casser la fille, casser le carême, casser le drap, casser le français.

2- casser, (se ----), v. pronom. Rare, écrit, oral, recherché. Se détruire, perdre sa jeunesse et sa beauté (pour une femme). Un vaurien comme une natte, vide la nuit comme le jour, pour lequel elle se cassait . Kourouma, 1970, a : 35. Tu vas te casser avec ces bâtons* de cigarette. (Enseignant, Abidjan, 1983).

3- casser, v.tr. fréq., surtout sous la forme passive "être cassé de qqn" : être amoureux* fou de qqn.", mésolecte, basilecte, parfois familier. Rendre amoureux, séduire. Il a suffi de rouler deux fois les fesses, de papilloter des yeux, de décocher un sourire [.] pour casser le formidable marabout*. Kourouma, 1970 : 67. Cette mouche est cassée de lui ! ID, 07.20.1973 (: La mouche ne cesse pas de tourner autour de lui). Yao est cassé d'elle   (Lycéen, Cocody, 1997).

4- casser furoncle, loc.verb. Argot estudiantin, oral, vulg. Pour un garçon, profiter de la promiscuité des transports publics pour satisfaire sa libido. Casser furoncle : lorsque dans le bus un garçon se frotte à une nana pour avoir des sensations ou pour satisfaire sa libido. Ivoir'Soir, 17/18/19.3.1995. On a vu des gens qui cassent furoncle sur les jeunes filles dans les bus bondés . Ivoir'Soir, 18.11.1997.

4- casser la bouche, loc.verb. V. BOUCHE*.

6- casser le carême, couper* le carême, loc.verb. V. CAREME*.

7- casser le drap, loc.verb. V. DRAP*.

8- casser son coup, casser son cou, loc.verb. Argot zouglou, oral, fam. Essuyer un échec auprès d'une femme. /J'ai breaké* la go* breaké la go/ elle m'a tacklé tacklé le coup/ c'est-à-dire cassé cassé mon coup. (Chanson "Dezeko", Groupe Les esprits de Yop, corpus T., 1994). Tu breakes* la go*, casser ton cou. (Corpus T. 1995). Peut-être que sa petite go* avait cassé son coup la veille du drame. Ivoir'Soir, 03.04.05.10.1997.

9- cassé, (être ---- complet), loc.verb. Dispon., oral, mesolecte, basilecte. Etre moulu de partout, être éreinté. Avec gbaka*, quand tu arrives Abidjan, tu es cassé complet. Zazou n°10.

 

cassia, n.m. Spéc., (flore).

1- Terme générique s'appliquant à diverses espèces de la famille des Caesalpiniacées, souvent utilisées dans la pharmacopée locale : Cassia alata Linn. ou dartrier* ou casse ailée ; C. occidentalis Linn. ou faux* kinkéliba ; C. tora Linn ou bantamaré. Aubreville, 1959, I : 260-262. Voici les cassias avec toute leur pluie d'or [.]. Conte, 1983 : 19. [.] les cierges jaunes du cassia, abondants le long des routes du sud-ouest [.]. Oberlé, 1983 : 20.

COM.: orthographié casse*, cacia*.

2- (Cassia siamea Lam.). Arbre originaire d'Asie, de la fam. des Caesalpiniacées, de taille moyenne, à houppier de feuillage dense, de croissance assez rapide. Bois de cet arbre très apprécié comme bois de feu, bois de service (poteaux, piquets), beau bois de coeur en ébénisterie et marqueterie, bois d'ombrage et d'ornement. Le cassia ne subsiste que là où l'humidité du sol reste importante. CTFT, 1989 : 410.

 

cassipoure, n.m. Spéc., (flore).. Terme générique s'appliquant à plusieurs espèces d'arbres ou arbustes de la famille des Rhizophoracées : un grand arbre, le nialatou* (du krou ) Cassipourea nialatou Aubr. et Pellegr ; un arbuste du littoral, C. barteri N.E. Br. ; un arbuste ripicole, le n'guessou* (de l'attié ) C. congoensis E. Er, et un petit arbre le hiotou*. (du krou ), C. hiotou Aubrev. et Pellegr. Roberty, 1954, : 162. Aubreville, 1959 II : 54.

 

casté, adj. Rare, (tradition), oral, écrit, scolarisés. Divisé en castes. C'était une société castée et esclavagiste dans laquelle chacun avait, de la naissance à la mort, son rang, sa place, son occupation, et tout le monde était content de son sort. Kourouma, 1990 : 20.

 

caste, (de ----), loc.adj. Assez fréq., (tradition), oral, écrit, tous milieux, péj. De basse caste, qui n'appartient pas à la caste noble. Si ses grands-parents étaient de caste, les miens étaient de famille royale ! (Lycéen, Bingerville, 1979). Le roi ne pouvait accepter de la part du griot*, un homme de caste, une certaine attitude à son endroit  Kourouma, 1990 : 32.

SYN.: casté*.

 

catégorie, n.f.

1- V. CLASSE* D'AGE. Traditionnellement*, il est de la même catégorie que moi. (Planteur, Adzopé, 1980).

2- catégorie, (adj. ordinal + ---- ), n.f. Usuel. oral, écrit, tous milieux. Echelon de la carrière d'un boy cuisinier. Plus tard, en 81, un copain m'a dit :"Des Blancs cherchent un boy cuisinier quatrième catégorie." Deniel, 1991 : 45. Cherche cuisinier sixième catégorie, sachant faire la patisserie. (Petite annonce dans magasin, Abidjan, 1995).

ENCYCL.: la première catégorie correspond à boy*-marmiton, la septième à maître-d'hôtel.

3- catégorie, (être + adj. ord.+ ---- ), loc.verb. Usuel, oral, écrit, tous milieux. Pour un boy cuisinier*, appartenir à tel ou tel échelon de sa carrière entraînant un salaire défini. Mon cuisinier est quatrième catégorie. (Maîtresse de maison, Abidjan, 1980). J'étais cinquième catégorie et pendant tout ce temps, elle n'a pas changé. Deniel, 1991 : 41.

 

caterpillar, n.m. Argot urbain, oral. Amphétamine utilisée sous forme de comprimés comme drogue, particulièrement pour résister à la fatigue et au sommeil durant le Ramadan. Ces comprimés [ : amphétamines] ont diverses appellations. On les appelle tantôt caterpillars, comprimés* sans dormir ou kounou. FM., 19.10.1983. Caterpillar là c'est trop* fort. Deux jours même tu peux rester tu ne dors pas ! (Etudiant, Abidjan, 1984)

SYN.: comprimé* sans dormir, kounou*.

 

cauri, caurie, cauris, cori, n.m. Usuel. (tradition, art), (du tamoul [1615 Pytard 1er att.] ), oral, écrit, tous milieux. (Cyprea sp.). Petit coquillage de l'océan Indien, utilisé dans l'Afrique trad. comme monnaie (au siècle dernier, 300 cauris valaient 0,50 f actuels) et employé actuellement comme support de pratiques divinatoires ou de décoration (symbole de sexe féminin). [.] les propriétaires du puits vendent le canari* de huit litres, cent à cent cinquante cauries. Binger, 1892, t. 2 : 366. Les cauris offrent un moyen de divination assez employé. Ils sont jetés sur un appareil spécial, composé de carreaux de fils de coton. Les positions respectives des cauris [.] dictent les réponses. Kerharo /Bouquet, 1950 b : 31. Le guérisseur rangea ses affaires : plumes blanches , cauris, onguents. Du Prey, 1979 : 54. Les cauris* l'avaient précisé : la vérité devait être dite devant tout le monde. Koné, 1980 : 48. [.] Connus et appréciés en Afrique depuis des siècles, les cauris ont longtemps constitué un produit de troc particulièrement apprécié et une unité monétaire couramment admise par certaines peuplades, avant de devenir de nos jours l'équivalent de la boule de cristal ou du marc de café des voyantes ou voyants africains. Les cauris sont de petits coquillages de couleur blanche, beige ou brune qui, curieusement ont la forme d'un grain de café, mais d'une dimension double ou triple. Leur nom est d'origine indienne : importés par milliers aux XVIe et XVIIe siècles sur le continent africain, ils étaient troqués au même titre que les cotonnades par les Hollandais de la Compagnie des Indes contre des produits locaux et parfois même contre des esclaves. Gaudio /Roekeghem, 1984 : 229. [.] là, des jeunes filles, les seins nus, les cheveux tressés et perlés de cauris, se trémoussant possédées par des transes. Bandaman, 1986 : 107. Il te la donne sans exiger de toi un seul cauri de dot. Kourouma, 1990 : 227. La femme de Moumougué nous rapporte 3680 cauries de son marché de Fougoula. Bailly, 04.07.1894, in Niamkey-Kodjo, 1991 : 29. Il prit ses cauris, me les remit pour que je dise exactement ce que je voulais. L'oeil du peuple, 27.03.1995. Au cours du XVIIIème siècle, des marchands dioula introduisirent en Côte d'Ivoire un petit coquillage blanc, le cauri  qui venait de l'Océan Indien. La fortune de ce coquillage fut considérable ou plutôt la fortune de ceux qui en possédaient beaucoup, puisqu'à la veille de la Seconde Guerre mondiale, le cauri, dans certaines régions de Côte-d'Ivoire comme Bouna était la seule monnaie employée. Rémy, 1996 : 60. La Place des Sacrifices située en pleine forêt du Banco. Tout autour, des débris de calebasse* et des canaris* ceinturés de cauris* . (Légende sous photo). Ivoir'Soir, 03.06.1998. Elle ne voulait pas de l'argent, du bétail, de la cola*, du mil*, du vin, des habits* ou des cauris [.] parce qu'elle trouvait que ma maman était trop* belle; elle voulait la marier à son fils. Kourouma, 2000 : 24.

LOC.: jeter* [en l'air] les cauris, lire* dans les cauris, tirer* les cauris.

SYN.: akori*.

 

causer, v.tr .

1- Fréq., oral, fam. mésolecte, péj. Graisser la patte à quelqu'un pour obtenir un service, donner un pot-de-vin. Par exemple, vous avez besoin d'un extrait de naissance, pour l'obtenir dans un délai normal, l'agent vous parle en termes voilés : pas d'argent, pas de service, c'est-à-dire il faut causer pour obtenir le service. Caummaueth, 1988, 127.

SYN.: pisser*, se voir*.

2- causer, (Kouadio cause), loc.verb. Argot estudiantin, vieilli. Expression signifiant que la bourse d'un étudiant a été payée. Kouadio cause. C'est le moment le plus agréable. On a les balles*!! Campuslexique. 1978, 5. Kouadio cause toujours en retard. (Etudiant, Abidjan, 1980).

ENCYCL.: le comptable de l'université portait le nom de Kouadio. L'expression a survécu à son départ.

 

causerie, n.f. Fréq. oral, écrit, mésolecte, mélior. Conversation, entretien. On voudrait une causerie avec vous pour choisir le sujet du mémoire. (Etudiante, Abidjan, 1984). Un soir après le dernier cours de la journée, quelques élèves de terminale me proposent une causerie sur la situation des filles. Krol, 1994 : 60.

 

causus, n.m. Spéc., (faune). (Causus rhombeatus). Serpent venimeux d'environ 60 à 90 cm, au corps cylindrique gris foncé et à queue relativement courte. Il se distingue particulièrement par un chevron plus foncé sur la tête, tourné vers l'avant entre les deux yeux. Son venin est hématotoxique. Mazer /Sankalé, 1988 : 387.

 

caver, v.intr. Hapax chez Kourouma, écrit. Creuser des trous. Les hommes coupèrent avec les machettes*, débroussaillèrent avec des daba*, abattirent avec des haches, cavèrent et fouirent avec des pioches. Kourouma, 1990 : 68.

 

caviar des savanes, n.m. V. CHITOUMOU*. Les prix s'envolent et le chitoumou* mérite plus que jamais son surnom de caviar des savanes. Ivoir'Soir, 08.09.1997.

 

cayas, n.f. V. CAILLASSE*. Ah ! les gars, la cayas (l'argent) est doux*, dè*! Ivoir'Soir, 19/20921.12.1997.

 

, [tGe], n.m. Vx. V. KARITIER*. On rencontre abondamment le cé (arbre* à beurre). Binger, 1892, t II : 125.

 

CEAO, n.f. Usuel. oral, écrit, scolarisés. Sigle désignant la Communauté Economique de l'Afrique de l'Ouest qui regroupe 6 états francophones : Bénin, Burkina-Faso, Côte-d'Ivoire, Mali, Mauritanie, Niger et Sénégal, ayant signé le 3 juin 1972 à Bamako et le 27 avril 1973 à Abidjan un traité pour créer une zone harmonisée d'échanges commerciaux et d'intégration économique. En 1994, les attributions de la CEAO ont été reprises par l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA*). Mais le siège est resté à Ouagadougou. Au lendemain des Indépendances, ces Etats avaient d'abord établi en 1959 une convention douanière qui a conduit en 1966 à une autre convention (V CONSEIL* DE L'ENTENTE) de libre échange dont les résultats insuffisants sont à la base de la création de la CEAO. Télé-miroir, 12.12.1982.

ENCYCL.: la CEAO est entrée en application en 1974. V. CEDEAO*.

 

cébette, sébette, n.f. Spéc., (faune), (du wolof). (Donax rygosus). Petit mollusque lamellibranche, de 2 ou 3 cm de long, oblong, blanc, brun ou violet, consommé cru ou cuit. J'ai fait cuire des cébettes pour te faire goûter. Moi je ne les mange pas crues. Ce n'est pas propre. (Infirmière, Abidjan, 1982).

 

cécité des rivières, cécité de rivière, n.f. Fréq., (santé), oral, écrit, scolarisés. Filariose provoquée par un diptère hématophage, la simulie femelle. Les vers adultes parasitent le tissu conjonctif sous-cutané. Endémique le long des fleuves et rivières à eau courante et rapide où les simulies trouvent leurs gîtes de reproduction, cette parasitose est grave par les complications oculaires qu'elle provoque. Il existe aussi des causes parasitaires de la cécité dont le plus connue est l'onchocercose* appelée aussi cécité des rivières. FM., 07.11.1982. Mazer /Sankalé, 1988 : 401. Environ 80 000 personnes [.] ont perdu la vue après avoir été atteintes de la maladie de cécité des rivières. FM., 22.12.1997.

SYN.: onchocercose*.

 

CEDEAO, n.f. Fréq., (politique), oral, écrit. V. CEAO*, CONSEIL* DE L'ENTENTE. Sigle désignant la communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest réunissant 16 états francophones et anglophones : Bénin, Burkina-Faso, Cap-vert, Côte d'Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, Sénégal, Sierra Leone et Togo. Son siège est à lagos. Dans un environnement international aussi troublé  [.]  la CEDEAO offre aux Africains un cadre idéal. FM., 28/29.05.1983. [.] l'intégration économique et politique tant prônée de l'Afrique de demain, notamment par le biais des programmes -non utopiques- de la CEAO* et de la CEDEAO. David, 1986 : 171. Togo : 20ème sommet de la CEDEAO. Ce 20ème sommet aura permis également de discuter de la question de l'ECOMOG*(= force d'interposition et de maintien de la paix.) FM., 22.12.1997. Les autres Etats de la CEDEAO réussiront-ils à convaincre le Nigéria de se retirer du Liberia? Ivoir'Soir, 16.02.1998.

ENCYCL.: sa création a été proposée à Lomé le 14.11.1973 et instituée à Lagos le 28.05.1975.

 

cédi, [sedi], n.f. Disponible, oral, écrit, tous milieux. Unité monétaire ghanéenne. La banque du Ghana va mettre en circulation à partir de Lundi, de nouveaux billets de 50, 100, et 200 cédis. FM., 10.11.1983. Au Ghana, il a fallu changer nos francs en cédis. Deniel, 1991 : 81.

 

cédrala, n.m. Spéc., (flore). V. CEDRE* ACAJOU, CEDRELA* Pour le reboisement, on utilise des essences à croissance rapide, exploitables après 25 à 30 ans, fraké*, cédrala, samba*. Oberlé, 1983 16.

 

cèdre, Spéc., (flore).

1- cèdre acajou, n.m.  (Cedrela odorata Linn.). V. ACAJOU*. Arbre originaire d'Amérique, de la famille des Méliacées, à bois léger et odorant. Il est exploité en raison de sa croissance très rapide. Bois de cet arbre léger, assez tendre, d'odeur agréable, facile à travailler et protégé des insectes par un alcaloïde amer. Il sert à la fabrication de boîtes à cigare mais aussi à l'ébénisterie. On a tenté d'acclimater quelques essences intéressantes pour leurs bois, telles que le Cedrela odorata Linn. ou cèdre acajou femelle*. Le bois [.] est employé pour la fabrication de boites de cigares. Aubreville, 1959, II : 145.

ENCYCL.: une autre essence, plus rarement importée, vient de Sumatra et porte localement le même nom : Cedrela serrulata Mig.

COM.: nom pilote : cédro*. CTFT, 1989 : 410.

SYN.: acajou* femelle, cedrela*.

2- cèdre d'Afrique, n.m. V. BOSSE*.

3- cèdre rouge, n.m. V. NIANGON*. Le niangon de Côte-d'Ivoire, cèdre rouge ou acajou* résineux est un grand arbre de forêt dense caractérisé par ses contreforts.  Marché-Marchad, 1965 : 62.

 

cédrela, cédrala, n.m. V. CEDRE* ACAJOU. La nouvelle orientation donnée aux opérations de reboisement accorde aux essences à forte croissance telles que le fraké*, le cédrela*, le samba*, et le framiré* une place de choix. FM., 20.01.1982.

COM.: "cedrela" écrit avec ou sans accent tend à être plus courant que "cèdre acajou" ou "acajou femelle". Cédrala est rare. Le nom pilote est actuellement cedro*. CTFT, 1989 : 411.

 

cedro, n.m., V. CEDRELA*.

 

cégotter, ségotter, v.intr. Argot scolaire, dispon., oral, fam. Projeter une bille qu'on tient entre le pouce et l'index de la main gauche, en la frappant avec une bille lancée de la main droite. Tu ne sais pas cégotter ? Attends, je te montre. (Elève, Adjamé, 1975).

 

ceintrer, cintrer, v. intr. Argot scolaire et estudiantin, oral, fam., péj.

1- En parlant d'un enseignant, se montrer avare de bonnes notes. Dis donc, le nouveau prof, il ceintre ! (Collégien, Cocody, 1977).

LOC.: ceintrer /cintrer les notes.

2- ceintrer les notes, cintrer les notes, loc.verb. En parlant d'un enseignant, ne donner que des notes au dessous de la moyenne. Le prof de maths a ceintré les notes : le premier a eu 09/20. (Lycéen, Bingerville, 1981).

 

ceinture, (1) n.f. Dispon., (tradition), oral, mélior. Cordon que l'on porte autour de la taille et qui, selon les gris-gris qui l'ornent, remplit des fonctions diverses.

1- ceinture attrape-âmes, n.f. Ceinture magique destinée à protéger la personne qui la porte de tout maléfice ou envoûtement. [.] entre autres, ceinture attrape-âmes ou de protection*, à Mamy-Wata*. FM., 30.01.1980.

2- ceinture de grossesse, n.f. Cordon orné de gris-gris, destiné à protéger la future mère et à lui assurer un heureux accouchement. Tu dois porter la ceinture de grossesse autour de la taille jusqu'à tes relevailles. (Sage-femme, Adjamé, 1982).

3- ceinture de protection, n.f. V. CEINTURE ATTRAPE-AMES.

4- ceinture de veuve, n.f. (ouest.). Bande d'étoffe (entourant les reins et retenant le cache-sexe) qu'une veuve doit porter jusqu'à son éventuel remariage. [.] le mari pressenti débarrasse lui-même la femme de sa ceinture de veuve, bande d'étoffe qui retient son cache-sexe, la libérant ainsi définitivement du précédent mariage et entourant ses reins d'un linge nouveau. Schwartz, 1975 : 100.

5- ceinture-fétiche, n.f. Cordon orné de gris-gris* assurant à un homme une force exceptionnelle et le pouvoir de devenir éventuellement invisible. Il affirmait que c'est ce dernier qui l'avait poussé au crime en lui donnant une ceinture-fétiche destinée à lui donner la force et la puissance nécessaire pour accomplir son acte. FM., 09.01.1980.

6- ceinture, (sa ---- lui échappe), loc.verb. Assez rare, (calque du mandenkan), oral surtout ou litt. En parlant d'un homme : ne pas être capable de dominer ses appétits sexuels. Pubère, il apparut que sa ceinture lui échappait, il voulait coucher avec toutes les femmes. Kourouma, 1990 : 213.

SYN.: ne pas tenir sa ceinture.

7- ceinture, (ne pas tenir sa ---- ), loc.verb. Assez rare, (calque du mandenkan), oral surtout ou litt. Ne pas être maître de ses appétits sexuels. Elle [.] colla le travers irrachetable de ne pouvoir tenir sa ceinture au cinquième [: fils]. Kourouma, 1990, 155.

 

ceinture (2), n.f. Spéc., (faune), fréq., oral, fam., mésolecte, basilecte. (Trichiurus lepturus Linn.). Poisson de fond côtier, de la famille des Trichiuridae, au corps enrubanné terminé en pointe. La ceinture abîme souvent les filets tournants des sardiniers avec ses dents courbes et tranchantes. Aldrin /Noyer /Brégeat, 1972 : 99. Seret /Opic, 1981 : 325-326.

ENCYCL.: ce poisson ressemble à la lame d'un sabre.

SYN.: poisson*-ceinture, poisson*-sabre, sabre*.

 

cel, [sDl], n.m. V. CELLULAIRE*. Didier, arrête de nous embrouiller* avec ton cel gros comme un poste*-radio. Ivoir'Soir, 06/07. 04.1998.

 

céleste, n.m., adj. Dispon., oral, écrit, tous milieux. V. CHRISTIANISTE* CELESTE. Membres du Christianisme céleste. Abobo derrière-rails, les Célestes célèbrent la fête des Moissons. Ivoir'Soir, 05/06/07.09.1997.

SYN.: chrétien* céleste, christianiste* céleste.

 

célibatorium, n.m. V. CARAVANSERAIL*, CASE* DE CÉLIBATAIRE. C'est moins cher si tu habites dans un célibatorium. (Manoeuvre, Abidjan, 1990).

 

célosie argentée, n.f. V CRETE* DE COQ.

 

cellulaire, cel, n.m. Usuel, oral, écrit, tous milieux. Téléphone portable. A Abidjan, on voit des cellulaires partout maintenant. Il paraît que ça fait branché. Ivoir'Soir, 06/07.04.1997. Elle était donc obligée de parler dans son cellulaire mercredi dernier à la nuit des Flambeaux d'or à l'Ivoire. Ivoir'Soir, 01/03/04/05.1997 Cette habitude qu'ont les Ivoiriens de râler après le cellulaire "parce qu'il nous empêche d'avoir un moment à nous". Ivoir'Soir, 07.10.1997. Surtout ne le dites à personne. Le doyen* Amédée Pierre va s'acheter un cellulaire. [.] Doyen, il faut te mettre en guei* (réception simple) sinon les côcôs* vont vouloir t'appeler sur ton cellulaire. Ivoir'Soir, 22/23/24. 05.1998.

 

censure le film!, interj. Argot zouglou, (apparu vers 1990), oral, jeunes urbanisés. Tais-toi ! Elle va t'entendre, censure le film! (Etudiant, Abidjan, 1992).

SYN.: ferme ta bouche* !

 

centaure, n.m. Spéc., (faune). (Angosoma centaurus). Gros coléoptère d'environ 7 cm de long à mandibules en forme de pinces. Certains scarabées sont saprophages : parmi eux les oryctes ou rhinocéros* et le centaure, fréquent en région forestière. Marché-Marchad, 1969 : 59.

 

central, n.m. Usuel, (Abidjan), tous milieux. Commissariat central d'Abidjan. Celui qui n'a pas de pièces* [.] risque de rester plusieurs jours au central. Bonnassieux, 1988 : 120.

 

centre de santé, n.m. Usuel., (santé), tous milieux. Sorte de petit dispensaire-maternité de village. [.] le centre de santé de Komborokoura [.] fait en même temps office de dispensaire et de maternité. FM., 24/25.12.1983. Ce centre de santé constitué d'une salle de consultation, d'une salle d'hospitalisation, d'une salle d'attente et d'une pharmacie [.]. FM., 30.03.1988. Il est doté d'un Centre de santé et d'un logement pour l'infirmier. FM., 22.08.1990.

 

centre islamique, n.m. Usuel, tous milieux, mélior. Etablissement de formation supérieure en études islamiques. Kong, le premier centre islamique de l'Afrique de l'ouest a été ouvert. FM., 30/31.01.1982.

 

centrophore granuleux, n.m. Spéc., (faune). (Centrophorus granulosus). Variété de requin dont la peau granuleuse est utilisée en maroquinerie de luxe. Le centrophore granuleux est couramment pêché à la ligne par les piroguiers. Aldrin /Noyer /Brégeat, 1972 : 5.

ENCYCL.: il peut atteindre 1,5 m.

SYN.: akamba, requin*.

 

céphalophe, n.m. Spéc., (faune), mais fréq. manuels, scolarisés. V. BICHE-COCHON*. Antilope cavicorne, de petite taille à queue courte et cornage chez les deux sexes. Généralement forestière. Plusieurs espèces.

1- céphalophe à dos jaune, V. CEPHALOPHE DE FORET*

2- céphalophe à dos noir, (Cephalophus dorsalis dorsalis Gray). Petite antilope forestière à robe châtain portant une bande noire sur la ligne médiane du dos. Dekeyser, 1955, 355. Haltenorth /Diller, 1985 : 22. Signalé dans les parcs de la Comoé, de Taï et d'Azagny. Bousquet, 1992 : 155.

3- céphalophe à flancs roux, (Cephalophus rufilatus Gray). Petite antilope forestière rousse portant une rayure et une ligne médio-dorsale gris bleu. Haltenorth /Diller 1985 : 21. Signalé dans les parcs de la Comoé, de la Marahoué. Bousquet, 1992 : 155.

SYN.: céphalophe à bande dorsale noire, céphalophe bai*.

4- céphalophe bai, V. CEPHALOPHE A DOS NOIR.

5- céphalophe bleu, V. CEPHALOPHE DE MAXWELL.

6- céphalophe couronné, V. SILVICAPRE*.

7- céphalophe de forêt, (Cephalophus sylvicultor Afzelius). Grand céphalophe portant une tache jaune triangulaire sur le dos. Le céphalophe de forêt, céphalophe à dos jaune ou grand céphalophe est aisé à reconnaître. Dekeyser, 1955 : 397. Signalé dans les parcs de la Comoé, de la Marahoué, de Taî, d'Azagny. Bousquet, 1992, : 155.

SYN.: céphalophe à dos jaune, grand céphalophe (rare).

8- céphalophe de Grimm, céphalophe Grimm, V. SILVICAPRE*. Tous ces gibiers : 319 aucalodes*, 1 porc-épic, 5 céphalophes  de Grimm, et 10 cobs de Buffon* ont été distribués aux services publics. FM., 09.04.1982. Signalé dans le parc de la Comoé. Bousquet, 1992 : 155.

SYN.: céphalophe couronné, céphalophe de savane, sylvicapre*.

9- céphalophe de Jentink, (Cephalophus jentinki Thomas). Céphalophe d'assez grande taille, à tête brune, collier gris clair et robe gris foncé. L'emblème de l'association Côte-d'Ivoire / nature : le céphalophe de Jentink. FM., 23/25.12.1980. Le céphalophe de Jentink fait partie des espèces rares de Taï. FM., 13.10.1984. Haltenorth /Diller, 1985 : 26. Signalé dans le parc de Taï. Bousquet, 1992 : 169.

COM.: souvent écrit improprement "céphalophe de Jentick". [.] le céphalophe de Jentick*, une des antilopes les plus rares du monde [.] et le céphalophe zébré. FM., 30.03.1983.

10- céphalophe de Maxwell, (Cephalophus monticola Thunberg.). Petit céphalophe forestier à robe gris ardoisé. On rencontre le plus communément en captivité le sylvicapre*, le céphalophe de Maxwell*. Dekeyser, 1955 : 364. Haltenorth /Diller, 1985 : 21. Signalé dans les parcs de la Comoé, de la Marahoué, de Taï et d'Azagny. Bousquet, 1992 : 155.

SYN.: biche* grise, céphalophe bleu.

11- céphalophe de savane, V. CEPHALOPHE DE GRIMM, SYLVICAPRE*.

12- céphalophe d'Ogilby, (Cephalophus ogilbyi Waterhouse). Ce n'est peut-être qu'une sous-espèce du céphalophe bai. Haltenorth /Diller, 1985 : 23. Signalé dans le parc de Taï. Bousquet, 1992 : 169.

SYN.: céphalophe du Fernando Po.

13- céphalophe noir, (Cephalophus niger Gray). Petit céphalophe à cou et tête rousse, robe brun noirâtre. Ainsi, tour à tour, deux genettes*, une antilope royale*, trois céphalophes noirs et même un bongo* s'empétrèrent dans les pièges du jeune paysan. FM., 30.03.1983. Haltenorth /Diller, 1985 : 25. Signalé dans les parcs de la Comoé, de la Marahoué, de Taï, d'Azagny. Bousquet, 1992 : 155.

14- céphalophe zébré, (Cephalophus zebra Gray). Petit céphalophe à robe rousse zébrée de noir. Sauver ce massif forestier [: Taï] de 350.000 ha renfermant des espèces animales rares : le céphalophe de Jentick*, une des antilopes les plus rares du monde [.] et le céphalophe zébré. FM., 30.03.1983. Haltenorth /Diller, 1985 : 22. Signalé dans le parc de Taï. Bousquet, 1992 : 169.

cerceau, n.m. V. CERCLE (2).* Ici les enfants apprennent très tôt à grimper aux cocotiers avec un cerceau. (Informateur, Abidjan, 1983).

 

cercle (1), n.m. Vx. mais encore dispon.. (histoire), Manuels. V. SUBDIVISION*.

1- A l'époque coloniale, division administrative d'un territoire, dirigée par un commandant de cercle*. Votre pays est pacifié et cesse d'être une région militaire pour devenir un cercle qui sera placé sous l'autorité d'un commandant* toubab* civil. Kourouma, 1970 : 70. Population de l'ancien cercle : 100.000 habitants musulmans et animistes*. Du Prey, 1979 : 98. La Côte-d'Ivoire, depuis 1912, est découpée en seize cercles confiés progressivement aux administrateurs* quand s'achève la tâche des militaires. David, 1986 : 27. Le cercle groupe plusieurs subdivisions* et équivaut au chef-lieu du département. Oussou-Essui, 1999 : 15. [.] comme la plaie continuait à pourrir, on a transporté maman à l'hôpital du cercle. C'était avant l'indépendance. Kourouma, 2000 : 25.

ENCYCL.: cela correspond plus ou moins à un département actuel.

COMP.: commandant de cercle*, garde-cercle*.

2- Locaux abritant les services administratifs du cercle. Mon père ne parlait pas français. Alors j'allais avec lui au cercle pour les papiers. (Médecin, Korogho, 1977).

 

cercle (2), n.m. Assez fréq., (tradition). Sorte de cerceau que le coupeur de noix de palme* fait passer autour du tronc du palmier et dans lequel il se cale pour grimper au sommet à l'aide des mains et des pieds. J'ai appris à grimper avec le cercle quand j'étais petit. (Etudiant, Abidjan, 1984).

SYN.: cerceau*.

 

cercocèbe, n.m. Spéc., (faune). Terme générique s'appliquant localement à deux espèces de singes : Cercocerbus torquatus atys Audebert ou cercocèbe à collier blanc et C. torquatus lunulatus Temminck. ou cercocèbe lunule. Les cercocèbes sont des singes aux formes robustes, au pelage souple, de taille moyenne, à très longue queue. Dekeyser, 1955 : 138. [.] des singes : chimpanzé, colobes*, pétauriste*, cercocèbe [.]. Oberlé, 1983 : 22. Haltenorth /Diller, 1985 : 259. Signalés: le cercocèbe lunule (Taï), le cercocèbe à collier blanc (Marahoué, Taï, Azagny). Bousquet, 1992 : 163.

SYN.: mangabey*.

 

cercopithèque, n.m. Spéc., (faune). V. SINGE* VERT. Terme générique regroupant plusieurs espèces de singes forestiers à longue queue = Cercopithecus aethiops Linn. V. CALLITRICHE*, SINGE* VERT ; C. mona campbelli Waterhouse V. MONE* ; C. nictitans petaurista Linn. V. HOCHEUR*, PETAURISTE* ; C. diana Linn. V. DIANE*, Cercopithèque à ventre rouge (C. erythrogaster Gray). Dekeyser, 1955 ; 140. Haltenorth /Diller, 1985 : 266-269. Signalés: le Cercopithèque diane (Comoé, Marahoué, Taï, Azagny), le C. hocheur (Comoé, Taî et Azagny), le C. mone (Comoé, Marahoué et Taî), le C. pétauriste (Comoé, Taï et Azagny). Bousquet, 1992 : 178.

ENCYCL.: les PATAS* (V. SINGE* ROUGE, SINGE* PLEUREUR) peuvent être, selon Dekeyser, 1955 : 141, décrits comme des cercopithèques adaptés à la vie de savane.

SYN.: guenon*.

 

cercueil, n.m. V. FAIRE DANSER* LE CERCUEIL.

 

cérémonie, n.f. Usuel., oral, écrit, tous milieux.

1- cérémonie d'accueil, V. ACCUEIL*. Festivités marquant l'arrivée d'un visiteur illustre à l'aéroport ou le retour de voyage officiel du Président. Celle-ci [: la télévision] retransmet en direct la chaleureuse cérémonie d'accueil que la population a réservée au Président. Gombeaut /Moutout / Smith, 1990 : 168.

SYN.: accueil*.

2- cérémonie de génération, (tradition), mélior. V. CLASSE* D'AGE, GENERATION*. Fête au cours de laquelle la génération* des plus âgés qui détient le pouvoir, transmet celui-ci à la classe d'âge qui la suit dans la hiérarchie sociale. Nous revenons d'une cérémonie de génération. FM., 18.11.1979.

SYN.: fête de génération.

3- cérémonie de levée de deuil, V. CÉRÉMONIE DU QUARANTIEME* JOUR. Ils les informent par la même occasion que les cérémonies de levée de deuil auront lieu le 17 janvier, précédées d'une veillée funèbre à partir de 21 heures au domicile du défunt. (nécrologie) FM., 11.01.1982.

4- cérémonie du quarantième jour, (musulmans ), mélior. Rites religieux célébrés environ quarante jours après un décès et marquant la sortie de deuil. Cheick Y. S. informe par la même occasion qu'il n'y aura pas de cérémonie du septième jour* et du quarantième jour. (nécrologie). FM., 12.04.1983. [.] pour te rendre un dernier hommage au cours de la cérémonie du quarantième jour. FM., 23/24.04.1983. Ils les informent que les cérémonies des 7 ème et 40 ème jours se dérouleront... (Faire-part), FM., 14.09.1990.

SYN.: cérémonie de levée de deuil, fête du quarantième* jour, levée* de deuil, quarantième* jour, sacrifice du quarantième* jour, sortie* de deuil.

5- cérémonie du septième jour, (musulmans), mélior. Rites religieux célébrés sept jours après un décès et correspondant à la fin du grand deuil. Or à ce quarantième jour* de la mort du Peul, tout se passait comme au sacrifice du septième jour, comme si l'on essayait de se débarrasser le plus vite possible de la cérémonie. A. Koné, 1980 : 44. Ils les informent que les cérémonies du septième jour se dérouleront le dimanche 6 juin au domicile de la défunte à Bouaké. (nécrologie). FM., 05/06.06.1982. Les cérémonies du 7ème jour de leur regretté I.K.D. auront lieu [.]. (Faire part), FM., 29.11.1990. Les cérémonies du septième jour auront lieu le dimanche 11 avril 1993, à partir de 10 h. dans la cour* familiale à Adjamé. Le Démocrate.08.04.1993. lI a attendu la fin des cérémonies du 7ème jour pour converser avec elle avec la complicité d'un frère*. Krol, 1994 : 177.

SYN.: fête du septième* jour, sacrifice du septième* jour*, septième* jour.

 

cerise, n.f.  Usuel, (agriculture), oral, écrit, tous milieux. On distingue localement :

1- cerise, cerise de café, V. CAFE*-CERISE. Baie du caféier qui, à maturité, évoque effectivement une grosse cerise. Les petites cerises créent deux problèmes de décorticage. FM., 16.06.1981. [.] les cerises de café que l'on attrape à pleines brassées et que l'on fait couler entre les doigts écartés. FM., 10.02.1982. Vous voyez ici [.] l'arrivée du café en vrac, en cerises comme on dit, c'est à dire, en grains non décortiqués. De Baleine, 1982 : 36. Des branches de caféiers* aux cerises mûres [.]. FM., 08.03.1996.

COMP.: kilo-cerise*.

SYN.: café*-cerise, café* en cerise, cerise de café.

2- cerise bord de mer, spéc., (flore), rare. (Scaevola plumieri [Linn.] Vahl). Arbrisseau du littoral, de la famille des Campulacées, à fruit évoquant la cerise. Aubreville, 1959, III : 78.

3- cerise de Cayenne, dispon., (flore). V. CERISIER* DE CAYENNE. Petit fruit comestible rouge, ayant l'aspect d'une cerise. C'est plein de vitamines la cerise de Cayenne. (Médecin, Abidjan, 1980).

DER.: cerisier* de Cayenne.

SYN.: cerise-côte.

4- cerise du Cayor, spéc., (flore), dispon. V. CERISIER* DU CAYOR. Fruit composé de deux petites baies rouges ellipsoïdes soudées à la base, à saveur agréable. On n'en trouve pas sur le marché. Pour avoir des cerises du Cayor, il faut aller dans une plantation où on a essayé d'introduire l'arbre. (Ingénieur agronome, Abidjan, 1979).

DER.: cerisier du Cayor*.

5- cerise-côte, V. CERISE DU CAYOR. Les cerises-côte sont comestibles et très parfumées. (Ingénieur agronome, Abidjan, 1980).

 

cerisier, n.m. Spéc. (flore).

1- cerisier de Cayenne, (Eugenia uniflora Linn. = michelii Lam.). Arbuste de la famille des Myrtacées, originaire d'Amérique équatoriale. Il donne de petits fruits comestibles très parfumés, rappelant la cerise. Le cerisier de Cayenne est un arbuste ou un petit arbre [.] communément répandu en Afrique Tropicale. Aubreville, 1959, II : 77.

2- cerisier du Cayor, (Aphania senegalensis Radk et A. silvatica A. Chev.). Arbre de la famille des Sapindacées qui croît sur le littoral forestier et porte des fruits comestibles à saveur agréable, évoquant la cerise. Roberty, 1954 : 167. Au Sénégal croit l'aphania [.] appelé cerisier du Cayor [.] présent dans la forêt dense de Côte-d'Ivoire. Aubreville, 1959, II : 226. Le cerisier du Cayor [.] porte des grappes de cerises rouges à pulpe sucrée comestible. Bouquet /Debray, 1974, 136

SYN.: aphania (manuels).

 

certificat d'inaptitude provisoire, loc.nom. Dispon., (administration), oral, écrit, lettrés. Certificat médical permettant à une jeune fille, enceinte pendant sa scolarité, de reprendre ses études après son accouchement. lI est bien difficile de concilier liberté toute neuve et vertu. Il a été institué un certificat d’<inaptitudeprovisoire> qui permet à la jeune mère, après son accouchement, de reprendre ses études. Rémy, 1996 : 28.

 

certifié, n.m. ou f. Usuel, oral, écrit, tous milieux.

1- Personne titulaire du Certificat d'Etudes Primaires. Il est un peu instruit; je le crois certifié. Il parle assez bien le français. Arnaut, 1976 : 159. Institution Thérèse Houphouet-Boigny : des centaines de certifiées, des dizaines de brevetées. FM., 28.01.1983. Avant, quand tu étais certifié, tu étais un grand* type. Maintenant, ça  compte plus !  (Retraité, Abidjan, 1990).

ENCYCL.: pour désigner un professeur titulaire du CAPES (certificat d'aptitude pédagogique à l'enseignement secondaire), on dit "professeur certifié", jamais "certifié" qui prêterait à confusion.

2- certifié, adj. Se dit généralement pour : qui est titulaire du Certificat d'Etudes Primaires. Ma femme parle français : elle est certifiée. (Chauffeur, Abidjan, 1980). Mes enfants ont fréquenté* jusqu'à ce qu'ils soient certifiés, tous!  (Planteur, Daloa, 1978).

 

cerveau, (boire son ---- ), loc.verb. V. BOIRE*.

 

cervicapre, n.f. V. COB* DES ROSEAUX.

 

c'est-à-dire, loc. Assez fréq., basilecte, oral.  Préambule à un énoncé, sans que cela implique une précision ou une explication. C'est-à-dire, y a pas le gnon* pour payer occasion* pour transport. ID, 12.01.1975. C'est-à-dire, bonjour madame ! (Gardien, Abidjan, 1977).

SYN.: enfin*, en tout cas*.

 

c'est pas la mort ? loc.verb. V MORT*. Voir les riches devenir plus riches et les pauvres plus pauvres, c'est pas la mort ça ? (Etudiant, Abidjan, 1993).

 

c'est pas la peine!, loc.verb. V. PEINE*. Un petit bandit comme ça. Vraiment* les enfants de maintenant, c'est pas la peine ! Ivoir'Soir, 19.08.1997.

 

c'est pourquoi, loc. Assez fréq., basilecte, peu ou non scolarisés. Sert de conclusion à un énoncé exprimant une cause : telle est la raison. Elle n'a pas d'enfants. Sa coépouse l'a enfermée dans un cadenas,* c'est pourquoi*. (Couturière, Bonoua, 1977). "Qu'avez-vous déclaré à la police ? " - "On m'a trop frappé. C'est pourquoi." (: [j'ai raconté n'importe quoi] parce qu'on m'a frappé violemment. FM., 26.11.1980, Assises). Il fait garçon*. Sa femme est partie au village, c'est pourquoi. (Boy, Abidjan, 1985)

 

c'est quoi ? c'est quoi même ? loc.interrog. Usuel, oral, fam., tous milieux.

1- c'est quoi?, Qu'est-ce que c'est ? Qu'est- ce qu'il y a ? Qu'est-ce qui se passe ? L'ASSISTANCE : "N'zouo, c'est quoi ?" - L'ESCLAVE : "Nanan* Yao est mort !"  Coffi Gadeau, 1965 : 78. [.] superkankankan* dont le dessin est des plus suggestifs "C'est quoi ? Ah ça... C'est trop* vilain... on dit pas ô*. David, 1986 : 113. C'est quoi ça ? Vraiment* ces gens là! Gombeaut /Moutout /Smith, 1990 : 82. La grève, c'est quoi ça, encore ?! Ivoir'Soir, 29.04.1997. C'est quoi même, tu veux encore faire l'amour ? Toi, alors! Adé Adiaffi, 2000 : 10.

REM.: dénote curiosité, surprise, voire indignation.

SYN.: (part.) : c'est quoi même*.

2- c'est quoi même? Intensificateur de la question c'est quoi?. Mais enfin qu'est-ce que c'est ? que se passe-t-il en définitive? La beauté, l'élégance d'une femme, c'est quoi même ? C'est assurément la simplicité. FM., 07.02.1975. Tourisme, c'est quoi même ? (TV., titre d'émission, 26.02.1975). La vaccination, c'est quoi même? (titre d'émission), Télé pour tous, 10.03.1982, 20h.30. C'est quoi même ? (titre d'une pièce de théâtre de Sidiki Bakaba). L'école, c'est quoi même ?  Konaté, 1987 : 46. Le prétexte de cette rupture [: avec l'école] est tout entier du côté des problèmes de discipline. Mais "c'est quoi même" la discipline? Y. Konaté, 1987 : 53. La promotion de la femme, c'est quoi même ? FM., 11.02.1993.

 

CFA, cfa, n.m. Usuel, tous milieux.. V. FRANC* CFA.

1- Sigle correspondant à "Comptoir Français d'Afrique", devenu "Côte française d'Afrique" puis "Coopération Financière Africaine". Unité monétaire en usage depuis 1945, dans tous les pays appartenant à l'Union Monétaire de l'Afrique de l'Ouest. Le kilo de riz*-paddy, dit-on, coûtera entre 70f et 80 f cfa contre 30 à 40 actuellement. FM. 23. 02. 1993. [.] constant depuis sa création en 1948, le Franc CFA a été dévalué de 50% en janvier 1994, il vaut depuis lors 0,01FF (1 centime) soit 100 francs = 1FF, 10 000 = 100 FF, un million = 10 000 FF. Krol, 1994 : 11. Elles ont calculé qu'à moins de 20 000 CFA, elles ne pouvaient pas vivre. Jeune Afrique, 23/29.03.1995.

ENCYCL.: pendant très longtemps, 1 franc CFA valait en principe 0, 02 FF. Depuis la dévaluation de janvier 1994, l franc CFA = 0,01 franc français. Depuis le 01.01.2002, 1 euro = 655,96 FCFA.

2- n.m.pl. Monnaie en cours en Côte-d'Ivoire, par extension : argent. Crois-moi, il en gagne des CFA ! (Planton, Bouaké, 1981).

LOC.: faire du CFA.

COMP.: âge CFA, blanc CFA, heure CFA.

SYN.: franc CFA. franc* métro.

3- CFA, (âge ---- ), loc.nom. Vieilli, surtout Européens, oral, fam. ironique. Par allusion à l'ancienne parité entre le franc français et le franc CFA, âge incertain, soit parce que la personne cherche visiblement à se rajeunir, soit parce qu'elle ne dispose que d'un jugement supplétif indiquant une date de naissance approximative. Dire à quelqu'un qu'il a l'âge CFA, c'est insinuer qu'il ignore sa date de naissance. Le terme CFA fait allusion au franc CFA. Niangoran Bouah, 1964 : 26. Ce grand dadais, seulement 12 ans ? C'est un âge CFA ! (Instituteur Abidjan, 1981). Le Président, soixante dix huit ans ? C'est l'âge CFA? (Enseignant, Abidjan, 1985).

4- CFA, (heure ----), loc.nom. Vieilli, surtout Européens, oral, fam., plaisant. Heure approximative, impliquant un retard important. "Elle sera prête dans 5 minutes !" -" Alors partons ! Avec elle, c'est l'heure CFA". (Convers., enseignants, Daloa., 1979). Le spectacle qui devait commencer à 21 heures n'a débuté qu'à 22 heures : l'heure CFA !!  (Lettre d'étudiante, Abidjan, 1992).

5- CFA, (faire du ---- ), loc.verb. Vieilli, depuis la dévaluation du franc CFA, péj. A propos d'expatriés*, chercher à faire des économies rapides en limitant les dépenses locales au minimum. Qu'est ce que vous êtes venu foutre [.] ? Gagner du pognon ? Faire du CFA ? Arnaut, 1976 : 225. Ils n'ont pas de boy*, ne reçoivent personne : ils font du CFA ! (Enseignante, Abidjan, 1982). Avant, les Français venaient parce qu'ils faisaient du CFA : leurs économies valaient le double en France. (Couturier*, Adjamé, 1995).

 

chacal [à flancs rayés], n.m. Spéc., (faune), nord. (Canis adustus Sundeval). Chacal savanicole, haut sur pattes, à la queue longue et touffue, d'un gris brun, portant sur les flancs une bande noire liserée de clair, allant de la patte avant au bassin, souvent également une rayure noire verticale sur la cuisse. Haltenorth /Diller, 1985 : 157.

 

chaîne, (donner ---- ), loc. verb. Vx., disparu vers 1975 avec diffusion des montres automatiques. (En parlant d'une montre), remonter le ressort. Quelle heure est-il ? j'ai oublié de donner chaîne. (dernière attest. rencontrée, Retraité, Abidjan, 1973).

 

chaîne-avion, n.f. Usuel, (du nom d'une chaîne de libres services dont l'emblème est un avion. Le magasin est présent dans la plupart des quartiers des centres urbains). Libre-service dans lequel on trouve de l'alimentation et des produits de première nécessité (toilette, lessive, entretien, etc.). Tu trouves tout ça à la chaîne-avion de Cocody. (Ménagère, Abidjan, 1976). On dormait chez un frère* du village qui travaillait à la chaîne-avion*. Deniel, 1991 : 92.

COM.: en principe, appellation réservée aux magasins de la même chaîne mais parfois étendue à tout libre-service de même type.

 

chaise, chaise coutumière, chaise royale, chaise de chef, n.f. Usuel, (tradition), oral, écrit, (sud-est particulièrement), mélior. V. TABOURET*.

1- Siège sacré symbolisant l'âme d'un roi ou d'un chef traditionnel et lui servant de trône. Le crépitement des tam-tams* [.] et l'exposition des attributs cérémoniels sacrés, surtout les chaises coutumières, ont conféré à cette cérémonie sa grande dimension culturelle. FM., 01/02.05.1982. Dans la cour* royale, il a été procédé à la deuxième phase des rites [: d'initiation*] : sacrifices de poulets, de moutons, dont le sang est versé sur les chaises et offrande de poudre d'igname* sur les sièges tout en invoquant les noms des prédécesseurs royaux. FM., 06/07.11.1982. Chacun de ces objets [.] a naturellement une fonction, un sens, qu'il s'agisse [.] d'une chaise de chef.[.]. Gaudio /Roekeghem, 1984 : 31. Nous avons installé la chaise royale au milieu de la classe. Kourouma, 1990 : 231. On lui [: au roi] présente les chaises royales (symbole du pouvoir royal), recouvertes d'un linceul. Rémy, 1996 : 73. Puis une chaise royale, l'un des symboles qui magnifient la chefferie* en pays agni, lui [: au Président de l'Assemblée nationale] est offerte par le roi de l'Indénié, Nanan* Boa Kouassi III. Ivoir'Soir, 15.09.1997. Marquant la fin de la fête traditionnelle des ignames*, l'adoration des chaises sacrées constitue le moment le plus important. [.] Les chaises sacrées servent de transition entre les vivants et les morts. Et en les adorant devant la forêt* sacrée où vivent les ancêtres*, les ministres officiants entendent les implorer pour qu'ils apportent le bonheur, la prospérité et la paix au peuple. Ivoir'Soir, 17.12.1997. Ce n'est pas un hasard si les Akan représentent le pouvoir par une chaise bien plantée, bien enfoncée dans les racines de la terre. Adé Adiaffi, 2000 : 40.

ENCYCL.: il s'agit d'un tabouret sculpté de motifs symboliques, parfois recouverts de feuilles d'or.

LOC.: sortir les chaises.

COMP.: maison des chaises, sortie des chaises.

SYN.: chaise coutumière, chaise de chef, chaise royale, tabouret*, tabouret* sacré.

2- chaise, par métonymie, trône, pouvoir royal. La chaise [: du Sanwi] reste vacante jusqu'au 30 novembre 1911 où Kodiaré Kouamé devient nouveau chef* de Krinjabo. Du Prey, 1962 : 64. Compatriotes, je vois que nous sommes tous d'accord avec la reine pour confier la chaise de Bouadi Aka à Mian Aoussi. Il ne reste plus qu'à convoquer le peuple et à procéder au sacre. Amon d'Aby, La couronne aux enchères, 1965 : 35. La chaise est vide ! Un nouveau roi doit être choisi. (Informateur, Abidjan, 1975)

LOC.: usurper la chaise.

3- chaises (maison des ---- ), rare, mélior. Case dans laquelle sont conservés les trônes des rois défunts. La maison des chaises est à la fois un sanctuaire où a lieu le culte des ancêtres* et un musée privé où sont conservées les précieuses reliques du clan. Amon d'Aby, 1973 : 30.

4- chaise, (sortie des ---- / sortie de la ---- ), cérémonie traditionnelle annuelle akan au cours de laquelle, lors de la Fête des Ignames, les chaises sacrées sont présentées au peuple. Nanan* Kollan Kouamé [.] a procédé à une organisation impeccable de cette sortie des chaises. FM., 01/02.05.1982. Les tams-tams* sacrés crépitent une fois de plus, suivis de la sortie de la chaise sacrée : ce sont les signes qu'un roi* vient d'être trouvé. FM., 28.11.1983.

ENCYCL.: l'expression "sortie de la chaise" correspond à une cérémonie particulière : le choix d'un nouveau roi dont le symbole est présenté alors à la foule.

DER.: sortir les chaises, sortir la chaise.

5- chaise, (sortir les ---- / sortir la ---- ), loc.verb.

a) (au pluriel). Célébrer l'histoire du groupe, lors de la Fête des ignames*, en présentant au peuple les chaises des différents rois qui se sont succédé. On sort les chaises : à chaque chef qui se succède à la tête du lignage*, correspond un trône assez frustement sculpté sur lequel il s'assied au cours des fêtes et cérémonies qui se déroulent pendant son règne. L'ensemble des chaises ayant appartenu à tous ceux qui se sont succédé à la chefferie* est l'objet d'une grande vénération et de sacrifices. Boutillier, 1960 : 106.

b) (au singulier). Célébrer l'intronisation d'un roi ou d'un chef* dont le trône symbolique est présenté à la foule. Dès que le roi est choisi, on sort la chaise. Ca veut dire qu'on va savoir qui est le nouveau roi. (Informateur, Abidjan, 1977).

ENCYCL.: chaque roi ou chef possède son propre trône.

6- chaise, (usurper la ---- ), loc.verb. particulièrement péj. Usurper le trône. La tradition* rapporte que [.] le roi Toto connut la bonne fortune de vaincre son propre maître dont il usurpa ainsi la chaise. Cheynier, 1978 : 5.

 

chaise-hamac, n.f. Assez rare, Vx, (tradition, histoire),, oral, écrit, mélior. V. HAMAC*. Sorte de palanquin ou de litière servant de mode de transport pour les chefs coutumiers ou les personnages importants. Sa dernière sortie, transporté dans une chaise-hamac, il [: le roi] l'a faite en 1957 [.]. Depuis cette ultime marche triomphale, la chaise-hamac est reléguée au plafond d'une boutique. ID, 16.02.1975.

DER.: hamacaire*.

SYN.: hamac*.

 

chaloupe, n.f. V. BOAT*. La chaloupe pouvait transporter jusqu'au bateau environ 300 personnes. (Informateur, Basssam, 1975).

 

chambre, n.f. Usuel, oral, écrit, tous milieux sauf universitaires.

1-  Pièce d'habitation, quelle que soit son utilisation. Une case* composée de deux chambres et d'une véranda, sert d'abri à ce ménage à trois. FM., 03.01.1980. Vivant dans la même chambre, [: Il s'agit d'une cellule de prison] [.] nos gawas* écoutent les causeries* des agrégés*, habitués des lieux. FM., 18.01.1980. La petite Traoré Sita [.] s'était introduite dans la chambre pour y déposer un poulet. FM., 12.02.1993. Ma maison en dur* aura trois chambres, une pour manger et recevoir, une pour dormir, une pour mes enfants. (Copie 3e, Abidjan, 1995.)

COMP.: chambre de passage, chambre-salon, chambre-séjour.

2- chambre de passage, loc.nom. Petit logement (en général chambre à coucher et salle de bain, avec entrée indépendante) permettant d'accueillir des visiteurs, notamment dans une bourgade dépourvue d'hôtel. La cité [: Hiré-Watta] n'a pas d'hôtel, seulement des chambres de passage. FM., 02.05.1984. Des responsables de bar ont construit derrière leur établissement des chambres de passage. Bonnassieux, 1987 : 139. Le proviseur a mis la chambre de passage du Lycée à ma disposition. (Rapport de mission, 1988).

ENCYCL.: cette appellation peut s'appliquer aussi bien à un logement administratif provisoire qu'à une chambre louée à la journée.

SYN.: (part.) case* de passage.

3- chambre entrer-coucher, V. ENTRER*COUCHER. loc.nom. Argot urbain, oral, fam, péj. Logement constitué d'une seule pièce. Il peut s'agir soit de logements d'une pièce appelés entrées-couchers* [.] soit plus souvent de logements de deux pièces, chambres-salons. Antoine /Dubresson /Manou-Savina 1987 : 145. Paraît-il que* la vie au Sicobois* est très dure / pour une chambre entrer-coucher y a au moins neuf personnes. (Chanson Sicobois, groupe Zouglou machine, corpus T., 1994).

SYN.: entrer*-coucher, porte*.

4- chambre-salon, V CHAMBRE-SEJOUR. Demba a préféré prendre une chambre-salon à Vridi. Bonnassieux, 1987 : 73.C'est l'heure du repas - riz, sauce* arachide, poulet - pris en tête à tête avec Philippe sous la brûlante tôle ondulée de la chambre-salon. Krol, 1994 : 100.

5- chambre-séjour, tous milieux urbanisés, mélior. Appellation usuelle d'un appartement de type F 2 (une chambre + un séjour), dans une cour*, avec cuisine et toilettes collectives. D'abord locataire d'un entrée-coucher* quand il était boy*-débutant, il peut prendre, une fois marié et grâce à la progression de son salaire, une chambre-séjour. Bonnassieux, 1987 : 46. Son groto* lui paie une chambre-séjour à Marcory. (Etudiante, 1992, Abidjan).

SYN.: chambre-salon.

 

champagne, n.m., Assez fréq. (1e attest. 1984), oral, écrit, mésolecte.

1- champagne d'ananas, V. CHAMPAGNE SANS ALCOOL.

2- champagne sans alcool, champagne d'ananas, boisson gazeuse élaborée à partir de jus d'ananas et présentée dans des bouteilles semblables à celles de champagne. Ici, il [: le chef de l'état centrafricain] a pu apprécier le champagne sans alcool produit à partir de l'ananas. FM., 10.5.1984. C'est du champagne d'ananas. Vous pouvez en boire, c'est une sucrerie*. (Maîtresse de maison, Abidjan, 1992).

ENCYCL.: boisson proposée aux musulmans et exportée.

 

champignon, n.m. Spéc., (flore).

1- champignon de palmier, (Volcaria volvacea). Champignon comestible et estimé, qui pousse sur le tronc des palmiers abattus. C'est un plat particulièrement savoureux. Il consiste en poulet cuit au riz additionné de champignons de palmier et de feuilles d'une petite légumineuse rampante qui produit un suc gluant apprécié comme soutien de la sauce à l'huile rouge*. Holas, 1982 : 72. On a ramassé des champignons de palmier au village, tu viens les manger ? (Planteur, Bassam, 1989).

2- champignon de termitière, (Termitomyces sp.). Champignon à lamelles dont le chapeau peut atteindre dix centimètres de diamètre. Tu ne trouves pas le champignon de termitière en savane. (Informateur, Soubré, 1982).

ENCYCL.: comestible, très recherché, il pousse sur les grandes termitières de la zone forestière.

4- champignons, (avoir des ---- ), loc.verb. Fréq., oral, mésolecte. Etre atteint d'une forme quelconque de mycose cutanée. On a souvent des champignons dans ce climat humide. (Infirmière, Abidjan, 1982).

 

chance, (avoir la ---- ), loc.verb. Fréq. sauf intellectuels, oral, écrit. Avoir de la chance. Je n'ai pas la chance. J'ai été compressé*. (Comptable, Bouaké, 1990. Entrez. Vous avez la chance. Car habituellement à cette heure-ci je me prépare à entrer en contact avec les génies.* L'oeil du peuple. 27.03.1995. C'est quand leurs sacrifices sont exaucés qu'ils ont la chance. Kourouma, 2000 : 104.

 

changer sa bouche, loc.verb. V. BOUCHE*.

 

chanson téré, n.f. Rare, (tradition), (hybride français / mandenkan), oral, écrit, nord, mélior. Chanson par laquelle, en pays manden, le griot annonce le beau temps pour une fête traditionnelle. C'est ce qu'exprime la chanson-téré" je suis le fils du soleil."  ID, 801, 1988.

 

chansonnier, chansonnière, n.m. ou f. Usuel, (tradition), oral, écrit, tous milieux, mélior. Chanteur-compositeur traditionnel (sans aucune référence à des intentions satiriques ou humoristiques). Les artistes traditionnels, appelés, dans de nombreux milieux, des chansonniers. ID, 28.10.1973. Quand le tambour rituel entonna* et que le choeur des grands chansonniers, dressé au chevet du lit funèbre [.]. FM., 21/22.01.1984. Je compose. [.] Parfois ma mère qui est chansonnière, m'aide à le faire. Jeune Démocrate Magazine, 18.02.1993. Petit-fils de chansonniers de la région Gagnoa-Lakota, il est très tôt un virtuose de l'Alloukou*. Ivoir'Soir, 10.02.1998.

 

chanvre, n.m. V. GOMBO*-CHANVRE.

 

chanvre de Guinée, n.m. Spéc., (flore), mais fréq. V. DA*. (Hibiscus cannabinus Linn.). Plante annuelle de la famille des Malvacées à tiges géantes. Elle est cultivée pour ses fibres qui servent à faire des cordes. Le chanvre de Guinée ou Kénaf, cultivé dans la moitié nord du pays, n'est utilisé actuellement que pour la fabrication des cordes et des liens à bestiaux. Etienne-Nugue, 1974 : 72.

SYN.: da* /dah, gombo*-chanvre, kénaf*.

 

chaos, adj. V. K.O*.

 

chapalo, chapalot, n.m. V. TCHAPALO*.

 

chapalotière, n.f. V. TCHAPALOTIERE*.

 

chapeau de Napoléon, n.m. V. AHOUIA* DES ANTILLES.

 

chapelet, n.m. Dispon., (religion), surtout musulmans.

1- chapelet [à onze grains], chapelet spécifique des musulmans hamallistes. Partout les Français traquaient les porteurs de chapelets à onze grains comme les chiens rouges pourchassent les singes* rouges [.]. Kourouma, 1990 : 161. Les marabouts hamallistes égrenant des chapelets à onze grains [.]. Kourouma, 1990 : 205.

ANTON.: chapelet à treize grains*, chapelet*.

2- chapelet [à treize grains], chapelet musulman traditionnel. Un marabout* est venu. Il soignait au nom d'Allah. Toute la journée il disait son chapelet à treize grains et il priait avec quatre salams*. Du Prey, 1979 : 44.

4- chapelet, (faire ---- ), loc.verb. Vx., (religion), oral, écrit, mélior. Prier. Se disait surtout en parlant des musulmans. Les marabouts* font force chapelets afin d'empêcher Samory d'entrer. Bailly, 18.08.1894, Niamkey-Kodjo, 1991 : 54.

 

chaque + adj. (card.) + nom, adj indéfini sing. Assez fréq., oral, écrit, mésolecte. Equivalent de «  tous les + adj.(cardinal) + nom ». Les grandes funérailles* ont lieu chaque cinq ans. (Informateur, Abidjan, 1980). Les sous-officiers de l'armée de l'air [.] peuvent faire acte de candidature à ce concours organisé chaque deux ans. La Voie, 24/25.04.1993.

 

charbon, n.m. Usuel, oral, écrit, tous milieux. Exclusivement charbon de bois. Ici, quand tu dis charbon, c'est forcément du charbon de bois qu'on comprend. Il n'y en a pas d'autre. (Informateur, Abidjan, 1980). Si tu veux viande braisée*, il faut payer charbon chez le bougouni*.(Boy, Abidjan, 1992).

DER.: charbonnerie*, charbonnier*.

 

charbonnerie, n.f. Fréq., oral, écrit, tous milieux lettrés. Métier de fabricant-vendeur de charbon de bois. Ces commerçants et artisans s'affirment dans plusieurs spécialités et la multiplicité des visages que présente leurs affaires : ferronnerie, menuiserie, maquis*, charbonnerie, maison de beauté*. FM., 06.10.1982. Mon frère est un bougouni*. il fait charbonnerie à Treichville. (Planton, Abidjan, 1990).

LOC.: faire* [la] charbonnerie.

 

charbonnier, n.m. Fréq., oral, écrit, tous milieux lettrés. V. BOUGOUNI*. Artisan fabriquant et vendant du charbon de bois. A. B., né vers* 1943, [.] de nationalité nigérienne, charbonnier, demeurant à Marcory.[.].  FM., 06.07.1982.

SYN.: bougouni*.

 

chargé, (être ---- ), loc.verb. Fréq., oral, mésolecte, Avoir de lourdes charges, familiales ou professionnelles. Avoir trop de travail Je ne pars pas tous les ans au village parce que je suis chargé, avec tous mes enfants. cité dans Gibbal, 1969 : 53. Tu sais, Maraka, combien le patron* est chargé. Cela m'étonnerait beaucoup qu'il puisse recevoir le Monsieur ce matin. Oussou-Essui, 1979 : 64. Je suis trop chargé, l'argent ne suffit pas*. (Boy, Abidjan, 1984). Monsieur le Directeur ne peut pas vous recevoir aujourd'hui : il est chargé. (Secrétaire, Abidjan, 1987). Actuellement, je suis chargé, on fera la réunion la semaine prochaine. (Chef de service, Abidjan, 1992).

 

charger, v.tr.

1- Argot zouglou, oral, fam. Fatiguer, épuiser. Mais tu saisis quoi, les côcôs comme ça là* ca me charge. (Corpus T., 1995), Si je me charge, c'est pour nous deux. (Corpus T., 1995).

2- charger la batterie, loc.verb. V. BATTERIE*-2. Il faut toujours acheter accélérateur* parce que mon Vieux* a besoin de charger sa batterie. (Etudiant, Abidjan, 1992).

 

chargeur de batterie, n.m. V. BATTERIE*. Elle lui a dit pour le blaguer*:"Si tu veux la superbe*, va au marché de Treichville. C'est là qu'on trouve le chargeur de batterie". (Jeune, Abidjan, 1990).

 

charlatan, charlatant, fém. charlatante, n.m. Usuel, oral, écrit, tous milieux, rarement péj.

1- Devin-guérisseur, personne qui confectionne des amulettes, peut envoûter ou désenvoûter les hommes, dompter les esprits. Ses pouvoirs supra-naturels ou traditionnels peuvent être utilisés à des fins bénéfiques ou maléfiques contrairement au sorcier* toujours maléfique et au guérisseur, toujours bénéfique. Si l'on en croit les charlatans, les semaines et les mois qui suivent, pourraient nous réserver encore mieux. FM., 22/23.11.1980. Celle-ci suggéra d'aller trouver Samofé, le plus grand charlatan de la région qui excelle dans l'art de dénouer les problèmes conjugaux. FM., 26.12.1980. Mme L... et son époux, charlatant de son état . FM., 13/14.11.1982. La famille A.. n'a pas voulu réintégrer la demeure commune, malgré les propos rassurants des charlatants. FM., 20/21.11.1982. Les charlatans les plus célèbres de la région accoururent.... Carlos, 1994 : 17. Mon père est allé trouver un charlatan qui lui a demandé un mouton pour faire un sacrifice. Krol, 1994 : 90. Il met en exergue, la supercherie des soi-disants charlatans. Top Visages, 30.03./05.04.1995. Incapable de payer la somme de 5 000 FCFA* et un litre d'alcool de traite* (communément appelé koutoukou*), requis par le charlatan*, il lui donne rendez-vous le lendemain de bonne heure. Ivoir'Soir, 03.06.1998.

DER.: charlatanesque*, charlatanisme*, charlater*

SYN.: charlatan[t]-guérisseur*, marabout-guérisseur*.

2- charlatan-guérisseur, charlatant-guérisseur, n.m. Fréq. Guérisseur traditionnel, utilisant autant les pratiques magiques que les plantes à des fins bénéfiques. Inquiet, il s'est confié à un voisin qui lui a indiqué le domicile d'un charlatan-guérisseur. FM., 20.12.1982. C'est un charlatant-guérisseur qui vit au Ghana et qui a trouvé un remède contre le sida. (Lettre, Abidjan, 1994).

SYN.: (part.), clairvoyant*, guérisseur* marabout, tradipraticien*.

 

charlatanesque, adj. Rare, écrit, recherché. Propre à un charlatan*. Les pratiques charlatanesques que leur proposent leurs marabouts*. FM., 29.11.1990.

 

charlatanisme, charlatantisme, n.m. Usuel, oral, écrit, tous milieux, longtemps mélior., devenu  depuis peu péj. Art du charlatan, sorcellerie, envoûtement, divination, soins par les plantes ou la magie. Cette oeuvre sur les méfaits du charlatanisme est originale à plus d'un titre. FM., 26.05.1981. Là-bas, il marquait ses actions par le charlatanisme qu'il pratiquait avec une adresse telle qu'il connut vite une réputation de marabout* au pouvoir inégalable [.]. FM., 13.01.1983. Chaque société secrète le mal. La nôtre est malade du charlatanisme. ID., 30.10.1983. [.]le médecin blanc fut fier de les accueillir comme des Nègres intelligents ayant de leur propre initiative abjuré le sauvage et mensonger charlatanisme africain des sorciers pour venir se confier à la science des Blancs. Kourouma, 1990 : 101. Le dangereux personnage prêche contre le charlatanisme et les pouvoirs des Toubabs* et des chefs [.]. Kourouma, 1990 : 163. A défaut d'arguments convaincants, le patron [.] fait dans le charlatantisme. Makoun'Zué, 07.03.1995. Est puni d'un emprisonnement d'un à cinq ans et d'une amende de 100.000 et 1.000.000 F, quiconque se livre à des pratiques de charlatanisme, sorcellerie ou magie susceptible de troubler l'ordre public ou de porter atteinte aux personnes et aux biens. (article 205 du nouveau code pénal).

SYN.:  (part.), maraboutage*.

 

charlatantisme, n.m. V. CHARLATANISME*, Y a des gens qui sont soignés et guéris par le charlatantisme, quand même!  (Secrétaire administratif, Abidjan, 1990).

 

charlater, v. intr. Vx, oral, fam., mésolecte, basilecte. Aller consulter un charlatan. Souvent les gens, même s'ils sont soignés par un médecin, vont charlater au village. (Etudiant, Abidjan, 1982). Pourquoi tu n'irais pas charlater? Je peux t'amener chez un célèbre guérisseur. (Coiffeuse, Abidjan, 1984).

SYN.: djiboter,* djibser*, faire fétiche*, faire gris-gris*, féticher*, gbasser*, gbétiser*, grigriter*, marabouter*.

 

charognard, n.m. Spéc., (faune) mais fréq., oral, écrit, tous milieux. Terme générique désignant des vautours, communs en savane, peu craintifs, fréquentant les marchés des villes où ils se nourrissent de détritus : Gyps bengalensis Gmelin ou gyps* africain ; Necrocyrtes monachus Temminck ou percnoptère* brun V. VAUTOUR*. [.] tous les enfants de l'harmattan* : les tourbillons, les lointains feux de brousse*, le ciel profond et bleu, le vol des charognards, la soif, évidemment la chaleur. Kourouma, 1970 : 125. [.] les charognards décrivent de grands cercles. Timité Bassori 1974 : 31. Quand tu vois les charognards en nombre dans le ciel, c'est qu'il y a une bête en train de mourir. (Informateur, Bouaké, 1979). Les charognards et les éperviers tournoyaient dans la masse dense de fumée,[.]. Oussou-Essui, 1979 : 33. Déjà [.] les charognards dessinaient des arabesques [.]. Kourouma, 1990 : 13. Ah ! la belle pièce à conviction! Le papillon a des ailes et c'est la faute au charognard ! Tierno Monenembo, 1993 : 127. .

SYN.: gyps* africain, percnoptère* brun, vautour*-moine.

 

charrette pousse-pousse, n.f. V. POUSSE-POUSSE*. La quantité de viande ainsi obtenue est acheminée sur le marché dans des charrettes pousse-pousse pas toujours propres. FM., 06.09.1990.

DER.: charretier* pousse-pousse.

 

charretier pousse-pousse, n.m. V. POUSSE-POUSSE*. Les charretiers pousse-pousse de Sinfra à qui la mairie proposait de nouvelles conditions de paiement de taxes, ont observé lundi et mardi un arrêt de travail créant des désagréments à leurs clients. Ivoir'Soir, 16.02.1998.

 

chartérisation, n.f. Spéc. (tourisme). Développement de l'utilisation des avions-charters pour abaisser le coût du tourisme, fait d'ouvrir les aéroports d'un pays aux avions-charters. Grâce à une politique de chartérisation dynamique [.]. FM., 07.0 5.1993

 

chas chas, n.m. V. CHIRURGIEN*.

 

chasseur de sorcier, n.m. Rare, (tradition), oral, écrit, lettrés. Ancien sorcier repenti, spécialisé dans la magie blanche et la détection de ceux qui font de la magie noire. Chasseur de sorcier : ancien sorcier qui a fait amende honorable et a décidé de mettre son savoir au service de la société. Communément - et improprement - appelé également féticheur*. Schwartz, 1975 : 11. Il faut un chasseur de sorcier pour la maison hantée. (Chauffeur, Abidjan, 1983).

SYN.: féticheur*.

 

chat, n.m. Spéc., (faune). Terme qui engendre un certain nombre de composés ne se rapportant pas forcément à des félidés (V. CHAT-VOLANT).

COMP.: chat d'eau, chat de Cafrerie, chat d'eau, chat de Libye, chat doré, chat forestier, chat ganté, chat sauvage d'Afrique, chat-tigre, chat volant.

1- chat d'eau, V. CHAT GANTE*. Chat sauvage forestier à pelage fin et lustré d'un gris roux, parsemé de taches brunes sur le dos. C'est également près des cours d'eau que l'on a des chances d'apercevoir [.], le chat d'eau, la mangouste* des marais [.], la loutre* au cou tacheté. FM., 13.10.1983.

ENCYCL:. signalé par Dekeyser, 1954 : 280 mais non décrit. Ce serait peut-être une variété de chat doré*.

2- chat de Libye, V. CHAT FORESTIER*. (Felis sylvestris lowei Pocok). Petit carnivore félidé qui ressemble, en plus gros, à un chat domestique à robe rougeâtre. Le chat de Lybie est essentiellement nocturne et se nourrit de petits animaux. Dekeyser, 1955 : 279. Signalé (Comoé). Bousquet, 1992 : 155.

SYN.: chat de Cafrerie (rare), chat forestier, chat ganté*[d'Egypte], chat sauvage d'Afrique.

3- chat doré, (Profelis aurata amata Temminck). Chat forestier de grande taille à robe châtain et ventre blanc tacheté de brun, nocturne, arboricole. Le chat doré est un chat de grande taille. Il peut atteindre [.] une hauteur au garrot de 0,50 m. Dekeyser, 1955 : 279, Haltenorth /Diller, 1985 : 214. Signalé : Comoé, Marahoué, Taï. Bousquet, 1992 : 155. Buffles*, antilopes* (12 variétés), lions, chats dorés, panthères*, mangoustes*, [.] tels sont entre autres les animaux que l'on rencontre dans le parc national de la Comoé. FM., 11/12.06.1993.

SYN.: chat doré occidental, chat sauvage.

4- chat forestier, V. CHAT DE LIBYE*. Haltenorth /Diller, 1985 : 219.

5- chat ganté, V. CHAT DE LIBYE*.

6- chat-tigre, V. SERVAL*. (Felis serval Schreber = Leptaïlurus serval Schreber). Assez grand carnivore félidé à pelage fauve marqué de taches noires rondes. Les panthères* et les chats-tigres qui font retentir la forêt de leurs cris et de leurs miaulements. Verdier, 1887 : 72. Le serval, vulgairement appelé chat-tigre est un chat relativement haut sur pattes, à queue assez courte. Dekeyser, 1953 : 280. Haltenorth /Diller, 1985 : 214.

SYN.: serval*, (manuels), tigre*.

7- chat volant, V. ANOMALURE*.

 

chat noir, (faire ----), loc.verb. Dispon., familier, oral, écrit, plaisant, tous milieux. Filer à l'anglaise, s'éclipser en passant inaperçu. Comment tu es sorti? Tu as fait chat noir ou bien*? (Lycéen, Abidjan, 1996). Il dort! C'est le moment de faire chat noir pour aller trouver l'étrangère* dans sa chambre. B.D. in Ivoir'Soir, 28/29/30.11.1997.

 

châtaigne, n.f. Spéc., (flore, alimentation). Graine comestible du fruit de la variété fertile d'arbre à pain*. (Artocarpus sp.). Ce fruit de l'arbre à pain* est quelquefois appelé châtaigne. Davesne, 1954 : 61. On mange les châtaignes de l'arbre à pain* bouillies. (Informateur, Abidjan, 1990).

DER.: châtaignier*, châtaignier* de Guyane.

 

châtaignier, châtaignier de Guyane, n.m. Spéc. (flore). V. ARBRE* A PAIN. Variété d'arbre à pain (Artocarpus incisa var. Seminifera Thuab.) dont le fruit fertile contient environ une centaine de graines comestibles de la taille d'une châtaigne. C'est un châtaignier  l'arbre à pain de ton jardin. (Ingénieur agronome, Abidjan, 1979).

ENCYCL.: dans les variétés sélectionnées, les graines avortent et la pulpe du fruit seule est consommée.

SYN.: arbre* à pain, bread-nut (rare). bread-fruit (variété stérile).

 

chatouiller, v.tr. Dispon., oral, fam., mésolecte, péj. En parlant d'un homme et d'une femme, euphémisme : tripoter, faire des attouchements sexuels. Il m'a mise derrière avec le Blanc qui n'arrêtait pas de me chatouiller, j'étais très gênée. Akissi Kouadio, 1983 : 26. Je ne prends plus le bus parce qu'il y a des types qui toujours sont là à chatouiller les filles. (Secrétaire, Abidjan, 1984).

 

chaud, adj. Usuel, oral, écrit, tous milieux, péj.

1- (En parlant d'un devoir, d'un tâche, d'un examen, d'un travail, etc.), difficile, dur, pénible, désagréable. Il est très difficile pour une femme de diriger un orchestre, il y a trop de discussions chaudes. FM., 05/06.11.1983. Les examens seront chauds à cause de l'année blanche*. (Lettre d'étudiant, Abidjan, 1991).

2- (En parlant d'un individu), être intraitable, cruel, dur, méchant. Ils formaient un virulent trio de sorciers. Ils mangeaient* sans pitié leurs compatriotes. Toun Manou Hélène est particulièrement chaude. Elle n'a pas hésité à livrer son propre fils. Ivoir'Soir, 26.04.1994. Les étudiants sont chauds en ce moment! (Universitaire, Abidjan, 1994).

3- chaud (être ---- ), loc.verb. Argot estudiantin. En parlant d'une épreuve, d'un devoir : être difficile. En physique, ça allait mais en maths, c'était chaud. (Lycéen, Abidjan, 1977).

SYN.: être caillou*.

4- chaud (être ---- ), loc.verb. En parlant d'une situation, d'une atmosphère, être orageux, tendu, lourd, difficile à supporter, plein de menaces, de bruit et de fureur. S'il vient un étranger, c'est chaud pour lui. Bonnassieux, 1987 : 147. Vers les PTT de ce quartier, une ruelle où l'ambiance est chaude... FM., 03.04.1983. Aujourd'hui, la vie c'est chaud. (titre de poésie) FM., 04.12.1990.

LOC.: ça va être chaud : ça va mal tourner.

SYN.: être katanga.

5- chaud, (être ---- ), être chaud-chaud, loc.verb. Fréq., fam., mésolecte, basilecte. En parlant d'un être humain, excité, méchant, en colère, emporté. A. B.. n'est pas un inconnu dans ce quartier. Il n'est pas plus chaud que les autres. Konaté, 1987 : 67. Tu es chaud, il faut te refroidir*. Sors, on va causer. Krol, 1994 : 122. [.] des choses que beaucoup de jeunes ne respectent pas parce qu'ils sont dans la rancoeur et qu'ils sont chauds-chauds. Deniel, 1991 : 116. Tu les vois dans les maquis*, les gars sont chauds-chauds en train de danser. (Chanson Les côcôs". Groupe Les côcôs, Corpus T., 1994). Cette année, mon tuteur* est trop* chaud ! (Lycénne, Divo, 1979).

COMP.: chaud-chaud : très excité.

5- chaud, (mon [ton/son...] coeur est ---- [de qqun]), loc.verb. Fréq., fam. mésolecte, basilecte. Eprouver des sentiments intenses (amour, colère, haine) envers qqnn. Mon coeur a été chaud de toi [.], j'ai eu soif de toi, de ton amour. Anoma Kanié, 1978 : 96. Comme mon coeur était chaud à cause du patron*, elle me faisait des cadeaux pour me refroidir*: de l'argent, des habits, des chaussures. Deniel, 1991 : 156. Il est tellement chaud de lui qu'il veut le battre. (Planton, Abidjan, 1993). [: Il] est très chaud en ce moment du côté des Touleupleuniens [: habitants de Touleupleu] et cherche à filer le parfait amour avec eux. Bôl Kotch, 28.03.1995.

6- chaud, (avoir ---- ), loc.verb. Passer un mauvais quart d'heure, être rudoyé, être en proie à la violence. Je te jure que lorsque les gens attrapent un voleur dans mon quartier, il a chaud !! (Secrétaire, Abidjan, 1982). Quand elle va avouer à son père qu'elle attend*, elle va avoir chaud!  (Etudiante, Abidjan, 1990). Jean était au bord de la panique [.]. "Mon frère*, tu as chaud", lui jeta Claude, le fiancé de Tété, venu à la rescousse. M.Coulibaly, 1992 : 27. Abidjan a chaud à son campus. (Titre) Jeune Afrique, 04/10.06.1992.

7- chaud (avoir le corps ---- ), loc. verb. Avoir de la fièvre. Patron*, mon enfant ça ne va pas. Il a le corps chaud! (Boy, Abidjan, 1979). Vous êtes malade. Vous avez le corps chaud. C'est peut-être le palu*. ID, 14.05.1989.

 

chaudronnier-marmitier, n.m. Rare, oral, mésolecte, mélior. Artisan qui fabrique des marmites ou les répare. Dans les ateliers des chaudronniers-marmitiers maliens du km* 14 sur la route d'Anyama [.]. David, 1986 : 83.

 

chauffer, v.tr. Usuel., oral, tous milieux, fam..

1- Fâcher, irriter. La guerre du Golfe nous a beaucoup chauffés. Je n'étais pas un partisan de Saddam [.] mais j'étais contre la guerre que les Américains ont menée. Krol, 1994 : 146.

2- Taquiner, faire "marcher". Il n'est pas malin, il ne vaut rien avec les filles, je lui dis ça souvent, j'aime bien le chauffer avec ça, il s'énerve, mais vrai* de vrai, c'est un mou. Krol, 1994 : 132.

3- ça va chauffer, loc.verb. Ca va mal tourner, ça va barder (se dit d'une situation qui peut dégénérer en conflit, en catastrophe.). Ca va chauffer pour toi si tu me prends pour un cacaba*! (Artisan, Bassam, 1975). Cette année, ça va chauffer bien bon* pour les examens. (Etudiant, Abidjan, 1982).

SYN.: ca va être chaud*.

4- chauffez le coin!, interj. Argot estudiantin., Allez-y ! Metttez de l'ambiance! (souvent incitation à la bousculade et la bagarre). Des guerilleros* se mettent alors à craser* lorsque le chef lance le cri de guerre : "C'est mou là, chauffez le coin ! " Campuslexique, 1979 : 2. /Hue les copines* allez, on chauffe le coin, allez-y allez-y /. (Chanson "Ambiance". Groupe Les copines, corpus T., 1994).

5- chauffez le coin aller-retour, loc.verb. Argot urbain, péj. Faire les quatre cents coups, semer le désordre. [.] parce que, de toute façon, il n'a jamais été qu'un bandit*, une tête brûlée, un numéro, un original qui, avec ses copains, chauffait le coin aller-retour. Konaté, 1987 : 52.

 

chaussette, n.f. Argot urbain, fréq., oral, plaisant. Euphémisme : préservatif. On te dit : " Si tu vas avec les toutous*, faut mettre chaussette. Oui mais qui va payer* chaussette ?" (Etudiant, Abidjan, 1990). [.] le gars [.] il va dans une boutique / il achète des chaussettes / maintenant il va au tchoin*. (Corpus Z., 1992, 96). La dulcinée ne voulait pas livrer le match* avec la chaussette. Jeune Démocrate, 21.01.1993.

 

chauve-souris, n.f. Dispon., argot urbain, péj. Femme sans domicile fixe. "Chauve-souris" : fille sans domicile fixe, qui se fait draguer pour avoir un toit.. [.] Ces différents termes empruntés au langage nouchi*, font partie aujourd'hui du lexique zouglou*. Ivoir'Soir, 15.10.1997.

 

chawarma, chawarman, n.m. Usuel, (du turc par l'arabe libanais), (1e attest. 1980), oral, écrit, tous milieux.

1- Gros sandwich à la viande avec tomate, oignons, concombres, cornichons et piment. L'invasion des chawarmans, ces sandwiches qui font courir les Abidjanais. FM., 22.12.1980. [.] le chawarma, vous savez, le sandwich libanais que je mange tous les midis. Samba Koné (nouvelle "Les appréhensions de Gaston"). FM., 11.01.1982. Je m'étais arrêté pour acheter un chawarma. FM., 10.04.1982. Que proposeront-ils à la cliente? Portion poulet pané avec frites, [.] poisson frit, hamburger, chawarma, mouton braisé* [.], le tout à des prix conjoncture*. A. Touré, 1985 : 254.

2- (1ère attest. 1990). Par extension, point de vente de chawarmas. Ainsi donc le lendemain à 8 heures, le géomètre rencontre le journaliste dans un chawarma à Adjamé 220 logements. Ivoir'Soir, 20.08.1997.

 

chayotte, n.f. V CHRISTOPHINE*.

 

che, n.m. Dispon., argot des jeunes urbanisés, mélior. Bouteille de champagne. Quoique l'achat d'une "teille*" (bouteille) de "Che" (champagne) ou de liqueur* en boîte de nuit est considéré comme le nec plus ultra des gaz*-oil". Ivoir'Soir, 01.04.1998.

 

ché !, (ma ---- !), [Ge], interj., Fréq., oral, fam., mésolecte, basilecte, mélior. V. CHERIE-COCO*. Terme d'adresse par lequel une marchande, sur le marché interpelle une cliente éventuelle. Ma ché, tu achètes un peu mon attiéké. C'est trop doux* même. Il faut goûter ! (Marché d'Adjamé, cité in Caummaueth, 1988 : 69).

 

chef, n.m. Usuel, oral, écrit, tous milieux. Entre dans la composition de très nombreuses lexies.

1- V. ROI*. Sud-est. Titre porté, par le dirigeant d'un groupe social. Utilisé usuellement comme terme d'adresse envers un chef coutumier. Chef, je te charge de dire la nouvelle aux villageois. A. Koné, 1980 : 26. Eh quoi, chef, phacochère* c'est bon pour manger ! (légende sous photo) FM., 14.10.1983.

SYN.: roi*.

2- V. PATRON*.  Utilisé usuellement comme terme d'adresse d'un inférieur envers un supérieur. "Ousmane, tu vas laver la voiture." -" Oui chef!" (Chef de service à son chauffeur, Bouaké, 1982).

SYN.: patron*.

3- Utilisé aussi, par bonhomie, de la part d'un supérieur envers un inférieur. Alors, chef, tu as fini de nettoyer ? (Directeur à chauffeur, Abidjan, 1982). Chef, peux-tu m'apporter une petite cuiller? ((Client à garçon, dans un restaurant, Abidjan, 1984). Aujourd'hui en Côte-d'Ivoire, surtout en ville on dit souvent "chef" ou "patron" en lieu et place de "Monsieur", mais avec la différence que "chef" ou "patron" exprime plus la cordialité et la sympathie. Ces mots s'emploient aussi bien entre amis qu'entre inconnus. On dira par exemple "bonjour chef" avant de demander un renseignement à un inconnu. Cela traduit la décontraction. A. Touré, 1985 : 156.

4- chef coutumier, terme générique désignant un responsable dirigeant traditionnel d'un groupe social plus ou moins étendu : clan, tribu, ethnie, village, canton. Chef coutumier avec les insignes de son rang. (légende sous une photo). Oberlé, 1983 35. Des élus et de nombreux cadres ainsi que des chefs coutumiers se sont associés à cette cérémonie de passation des charges. FM. 08.09.1986. Selon le chef coutumier, le défunt est né il y a 33 ans à l'hôpital de Toumoudi. ID, 05.02.1989. B.G. fut désigné comme chef coutumier avant de recevoir la distinction de chef de canton*, en 1957. FM., 29.11.1990. Des élus et de nombreux cadres ainsi que des chefs coutumiers se sont associés à cette cérémonie de passation des charges. FM. 08.09.1986.

SYN.: chef traditionnel*.

5- chef de canton, chef canton, responsable traditionnel d'un canton, servant d'intermédiaire entre les autorités administratives et les populations locales. Il faut noter que fût créé pendant la période coloniale, un échelon administratif et territorial nouveau : le canton, se situant au-dessous du niveau des cercles*. Les chefs de canton étaient désignés par l'administration coloniale [.]. C'est un échelon administratif qui n'a plus d'existence juridique. Schéma directeur, 1978, t I, 124. En donnant les conseils traditionnels au nouveau roi, le chef canton a dit que celui-ci est désormais un auxiliaire de l'administration. FM., 12. 03.1982. Sa Majesté le Roi Bonzon II, chef supérieur* de l'Indénié, Mamie* Adon Noufan, reine-mère de l'Indénié [.], Nanan* Ehoué Aka, chef de canton de Feyané, remercient ceux qui ont compati à leur douleur [.]. FM., 15/16.05.1982. Lorsque tes parents ont voulu te mettre à l'école et que le directeur a refusé de t'inscrire, prétextant que tu étais trop jeune, alors chef de canton, j'intervins. Nolan, 2000 : 119.

ENCYCL.: à l'époque coloniale, il s'agissait d'un responsable désigné par l'autorité.

SYN.: roi * de canton.

6- chef de carré, Fréq., pop. V. CARRE*. En milieu urbain, responsable d'une cour* commune. C'est le chef de carré qui devra régler ce problème d'ordures. (Employé de mairie, Abidjan, 1977).

ENCYCL.: à l'époque du parti unique PDCI-RDA, le quartier constituait une sous-section du parti, chaque carré avait pour délégué son responsable.

7- chef de case, Vx. Propriétaire de la case mise à la disposition de qqun. Ce matin, notre chef de case qui était parti au Djimini, le jour de notre installation ici [.]. Bailly, 09.08.1894 in Niamkey Kodjo, 1991 : 49.

8- chef de chasse, (Tradition). Responsable d'une chasse collective. Le chef de chasse annonce dans les villages d'à côté le jour et le lieu du rassemblement. Deniel, 1991 : 21.

9- chef de cour, (tradition). V. CHEF DE FAMILLE. Responsable d'un segment de lignage vivant dans la même concession. En milieu urbain, responsable d'un ensemble de locataires co-existant dans un immeuble bas, de type semi-traditionnel ouvrant sur une cour collective. (V. COUR*). Chacun des segments de lignage a pour responsable un de ses membres que l'on appelle chef de cour. Boutillier, 1960 : 31. Le chef de cour régit tout un petit monde de locataires qui retrouvent ainsi une ambiance toute villageoise. Oberlé, 1985 : 62. Elle put entrer dans la première cour* en vue et se confier à son chef. M. et A. sont interpellés par le chef de cour en question. FM., 19.01.1993.

10- chef de collectivité, V. CHEF DE FAMILLE.

11- chef de famille, V. CHEF DE [LA] GRANDE FAMILLE, Chef d'une communauté familiale, doyen, en général, des descendants directs du fondateur de la communauté. La base de l'organisation des Bétés était la famille, composée du chef de famille, le plus vieux représentant du nom. Du Prey, 1962 : 48. Chaque chef de famille est le dépositaire de l'or et des attributs de chef de la lignée. Ivoir'Soir, 08.10.1997.

ENCYCL.: Cette communauté ou famille étendue, famille élargie, peut comprendre un nombre important d'individus.

REM.: en milieu urbain, "chef de famille" peut, cependant, désigner le père de famille, au sens de la juridiction occidentale. L'ambiguité est levée par "chef de famille étendue " , "chef de la grande famille " réservé au sens traditionnel.

SYN.: chef de collectivité, chef de lignage.

ANTON.: chef de ménage.

12- chef de génération, V. GENERATION*. Fréq. (tradition). En milieu traditionnel, responsable d'un groupe d'individus dont la différence d'âge n'excède pas un nombre précis d'années. Le tam-tam [.] est placé sous la responsabilité de tout le village et plus spécifiquement des chefs de génération. FM., 18.03.1980.

ENCYCL.: certaines sociétés traditionnelles, (ouest par exemple), sont divisées en générations*.

13- chef de la grande famille, V. CHEF DE FAMILLE.

14- chef de lignage, V. CHEF DE FAMILLE Au niveau des structures lignagères [.] maintien du rôle des chefs de lignage dans le cadre du Conseil des notables*  Schéma-directeur, 1978, I : 130.

15- chef de ménage, Fréq., (administration). V. CHEF DE FAMILLE. Responsable de la cellule familiale, au sens occidental restreint du terme : père, mère, enfants et ascendants éventuels. [.] au dire des quinze salariés dénombrés parmi les dix-neuf chefs de ménage [.]. Bonnassieux, 1987 : 63.

ENCYCL.: cette notion de type occidental, est surtout existante en milieu urbain. Sous cet angle, "chef de ménage " s'oppose à "chef de collectivité, chef de lignage". "Chef de famille "  étant employé soit dans le sens traditionnel, soit dans le sens moderne, reste souvent ambigu, d'où la nécessité de préciser parfois "chef de la famille étendue ", "chef de la grande famille + désignation du nom de la famille"  si l'on veut véritablement désigner l'ensemble de la collectivité des parents.

16- chef de mission, (relations extérieures). V. COOPERANT*, M.A.C.*. Titre porté par un fonctionnaire français, responsable de la mission d'aide et de coopération et de la gestion du personnel français en coopération culturelle et technique, dans un pays africain francophone. Le chef de Mission recevra les représentants des différentes associations de coopérants, vendredi matin à 10 heures. (Note de service, Abidjan, 1977).

17- chef de prière. Fréq., (religion), Musulmans. Chez les musulmans, titre porté par celui qui conduit les prières à la mosquée, iman*. C'est un Sénégalais, chef de prière dans son pays qui fait la tournée pour envoyer les croyants au pélerinage. Du Prey, 1979 : 167.

SYN.: iman*.

18- chef de province, fréq., (tradition, administration), mélior. V. CHEF SUPERIEUR. Notable placé à la tête d'un ensemble de chefs coutumiers relevant d'un même groupe ethnique. Le chef de province Nanan* Koffi fut le premier à prendre la parole. Au nom des chefs coutumiers*, il a remercié la population. FM., 25.06.1981. Les chefs, ceux des provinces comme ceux des cantons*, sont les relais de l'autorité, le parti-Etat PDCI et non les représentants des revendications de leurs peuples. Le Changement, 08.03.1995.

SYN.: chef des chefs, chef supérieur.

19- chef de quartier, V. CHEF DE CARRE. M.K.G. [.] convoque les membres du bureau et du comité des Sages, les présidents et les délégués* des comités et sous-comités du PDCI-RDA d'Abobo, les chefs de quartier [.] à une réunion de travail. FM., 15.01.1982. La stratégie des occupants, souvent sous la conduite d'un chef de quartier essentiellement orientée vers la reconnaissance du campement par l'Etat, est à rapprocher de celle des candidats aux terrains à bâtir. Antoine /Dubresson /Manou-Savina, 1987 : 239.

20- chef de subdivision, vx., disparu en 1960, à l'Indépendance. V. COMMANDANT* DE CERCLE. A l'époque coloniale, responsable administratif d'une subdivision territoriale constituant une partie d'un cercle*. Combien de chefs de subdivision, de commandants de cercle* avaient sauté, perdu leur poste pour avoir tenté de les [: les exploitants forestiers] contenir. Dadié, 1980 b : 48. Note (1): La subdivision* qui groupe plusieurs villages sous sa [: celle du commandant*] domination est subordonnée au cercle* et équivaut au chef-lieu de l'arrondissement. Le chef* de subdivision est le commandant. Oussou-Essui, 1999 : 15.

ENCYCL.: le chef de subdivision était approximativement l'équivalent du sous-préfet actuel.

21- chef de terre, chef de la terre, (tradition), mélior. Chef coutumier du village, symbole du groupe social et, à ce titre, investi d'un pouvoir territorial et religieux car il est l'intermédiaire entre les ancêtres et la communauté vivante. La cérémonie fut officiellement ouverte par le chef de terre qui fit une libation, en guise d'offrande aux ancêtres. FM., 15.01.1980. Les pentes et le sommet sont occupés par de vastes concessions*. Ce mot vient de ce qu'en Afrique tradtionnelle, on n'achète pas un terrain puisque celui-ci appartient aux ancêtres et que les vivants ne s'en voient que concéder la jouissance par le chef de la terre. Rémy, 1986 : 122. Il y eut le Chef de Terre de Divo pour une invocation. FM., 26.10.1990.

ENCYCL.: dans la société traditionnelle, les sols occupés par le groupe constituaient une propriété collective dont la gestion était confiée au chef.

COM.: "chef de la terre " est la forme la plus recherchée.

22- chef de village, (tradition, administration). Autorité suprême du village. Un chef de village ne se laisse pas imposer par un docteur. Du Prey, 1979 : 84. Depuis hier, les chefs de village ont été convoqués chez le sous-préfet et le secrétaire général du parti. Kitia Touré, 1979 : 7. L'affaire devait être jugée une première fois chez le chef de village. FM., 15.01.1980. Le chef de village, supposé être le sujet du chef de canton* a maintenant une position clé dans le système administratif actuel alors que les indemnités allouées au chef de canton* par arrêté du 10 octobre 1934 portant constitution de l'administration des chefs coutumiers* en Côte-d'Ivoire, tendent à disparaître. FM., 30.11.1983. Bien entendu, on lui a tout de suite rapporté l'affaire et lui, en tant que chef de village, a fait son enquête. Naipaul, 1984 : 149. C'est qu'en fait, à travers les âges, chaque village ébrié a toujours eu à sa tête un chef, assisté d'un conseil* de notables qui a pour rôle de rendre la justice au sein de la communauté et de défendre les intérêts du village. Les notables, eux, veillant à renseigner le chef du village et à le conseiller dans les prises de position. Ivoir'Soir, 08.10.1997. Le chef de village a rappelé, non sans émotion, les difficultés liées à l'absence de dispensaire à Bakoubly [.]. Ivoir'Soir, 04.12.1997.

ENCYCL.: choisi par le Conseil* des notables, il est confirmé dans ses fonctions par l'administration. Il est le gardien de la tradition, le maître symbolique des terres occupées par la communauté, le juge des affaires locales et le porte-parole des villageois.

23- chef des chefs, (tradition, administration). Titre honorifique porté par le responsable de l'association des chefs coutumiers de Côte-d'Ivoire. L'honorable G.W., chef des chefs traditionnels a, pour sa part, pris le ferme engagement d'aider l'administration à promouvoir les cultures vivrières. FM., 11.02.1982. C'est le chef des chefs qui a présenté les voeux au Président. (Informateur, Abidjan, 1982).

24- chef des jeunes, (tradition). Adulte responsable de la génération des adolescents ayant atteint l'âge de l'initiation*. Nanan* Kouadio Yoboua, nouveau chef des jeunes de Koum-Abrousso, a été officiellement installé dans ses nouvelles fonctions par le chef de canton*. Nanan* Kouassi Amerol. FM., 28.01.1980.

25- chef l'impôt, (histoire), pop., péj. Terme de dérision appliqué, à l'époque coloniale, par les populations locales, à des chefs coutumiers désignés par l'administration française et considérés comme les valets de celle-ci, uniquement soucieux de lever les impôts. Une autre partie des véritables chefs* préféra s'effacer, laisser aux chefs l'impôt tout dévoués à l'administration, le soin de garder le devant de la scène. Du Prey, 1962 : 53.

25- chef supérieur, (sud-est, tradition), mélior. V. ROI*. Chef d'une ethnie. Il a le pas sur tous les autres chefs coutumiers de la région. [.] lorsqu'un nouveau chef supérieur est intronisé à la cour de Kumassi [.]. Chénier, 1978, 6 : note (1).Sa Majesté, le Roi Bonzon II, chef supérieur de l'Indénié [.]. FM., 15/16.03.1982. La qualité de la vie villageoise augmente encore d'un degré lorsque se déroule une fête majeure exceptionnelle [.] par exemple, pour l'intronisation* d'un chef de village*, d'un chef supérieur* ou d'un roi*[.]. David, 1986 : 135.

ENCYCL.: il est choisi par le Conseil des notables parmi les descendants directs d'un lignage particulier, selon la coutume spécifique du groupe. Il est alors investi d'un pouvoir territorial et religieux.

SYN.: chef de province, roi*.

26- chef traditionnel, V. CHEF COUTUMIER.

27- chef-apôtre, (religion). V. HARRISTE*. Responsable d'une communauté religieuse harriste. A.N.M., chef apôtre des Harris* d'Akwé-Adjamé convoque les fidèles Harris* de son village, le 2 mai à 13h30. FM., 01/02.05.1982.

28- chef-barreur. Vx. V. BARREUR*. Chef de l'équipage d'une embarcation de haute mer, contrainte de "passer la barre*. [.] le chef-barreur allait donner le signal du départ quand trois énormes rouleaux s'approchent successivement.[.]. Bouys, 1933 : 25.

29- chef-boy, Vx. Responsable du personnel domestique, lorsque celui-ci est important. Toi, le chef-boy, trouve moi une fille pour la nuit. Du Prey, 1979 : 111.

30- chef-canton, fam., pop. V. CHEF DE CANTON. Mon père est chef-canton. (Etudiant, Abidjan, 1981).

31- chef-manoeuvre, chef des manoeuvres, (agriculture). Sorte de contremaître qui dirige une équipe d'ouvriers agricoles. Le chef des manoeuvres est encore là pour en témoigner. Amon d'Aby, 1973 : 28. Engagé comme chef-manoeuvre par un planteur* de bananes [.]. Koné, 1980 : 33.

COM :"chef manoeuvre" est plus familier et plus fréquent à l'oral.

32- chef, (femme ---- ), (tradition, Ouest.). Nom donné, dans certaines ethnies (Wé par exemple) à une femme d'âge mûr, investie de certains pouvoirs et de prérogatives quasi-masculines en tant que responsable de la société des excisées*. Autres étrangetés du pays guéré, les femmes-chefs et les excisées* [.]. Du Prey, 1962 : 54. [.] ce sont des femmes-chefs, escortées de suivantes dotées d'armes de parade et d'uniformes masculins, en quelque sorte Amazones noires qui ont régné dans cette province là (Guéré). Conte, 1981 : 37.

SYN.: cheftaine*.

 

chefferie, chefferie coutumière, chefferie supérieure, chefferie traditionnelle n.f. Usuel. , (tradition, administration), oral, écrit, tous milieux.

1- Type d'organisation politique qui donne un certain pouvoir à des chefs traditionnels. Les Indépendances avaient supprimé la chefferie. Kourouma, 1970 : 12. La population autochtone de la sous-préfecture est essentiellement répartie entre deux ethnies obéissant [.] à deux chefferies supérieures Akoué et Nanafoué. Chénier, 1978 : 145. La chefferie, chez les Ebrié, repose sur des structures démocratiques. Elle n'est ni l'apanage d'un seul homme ni de ses descendants, fussent-ils riches, puissants et forts. FM. 10.04.1983. Le phénomène de la décadence de la chefferie traditionnelle n'est pas uniquement le fait du centre-ouest. FM., 01.12.1983. Mon père est entré au RDA* (: Rassemblemenr Démocratique Africain) ce qui n'a pas plu à ma famille maternelle parce que c'était une famille de chefs, qu'on parlait de l'abolition de la chefferie et qu'elle avait donc opté pour le parti des notables. Deniel, 1985 : 134. L'état a décrété [.] après l'Indépendance la suppression des chefferies de canton. David, 1986 : 135. [.] des chefferies encore vivaces dévolues parfois aux femmes puisque le matriarcat* demeure puissant [: en pays baoulé]. David, 1986 : 123. Déjà la chefferie est reconnue puisqu'on lui fait appel* lorsqu'il y a une manifestation. Ivoir'Soir, 14.05.1997.

COMP.: chefferie coutumière, chefferie de canton, chefferie supérieure, chefferie traditionnelle.

2- Territoire régi par un chef coutumier. Les chefs* de canton [.] ont gardé ou non un pouvoir réel ou non selon qu'ils correspondaient ou non à des chefferies traditionnelles. Schéma directeur, 1978, I : 126. Sur toute l'étendue de la chefferie, le pouvoir du chef n'est pas partout le même. (Informateur, Bouaké, 1980). [.] du fait du multipartisme, l'autorité de la chefferie peut se trouver entourée voire dangereusement menacée. Ivoir'Soir, 08.10.1997.

3- Charge de chef traditionnel. Voyons, c'est bien vous qui contestez à Mian Aoussi ses droits à la chefferie? Amon d'Aby; La couronne aux enchères, 1965 : 38. Son oncle l'ayant désigné comme son successeur, c'est lui-même qui l'éduquait afin de l'initier à la chefferie. A. Kouadio, 1983 : 60. La chefferie appartient à la famille Totokra, de père en fils. FM., 25.04.1983. L'Etat a décrété en revanche après l'indépendance la suppression des chefferies de canton créées artificiellement par la colonisation pour disposer d'interlocuteurs responsables [.]. David, 1986 : 135. Puis une chaise* royale, l'un des symboles qui magnifient la chefferie* en pays agni, lui [: au Président de l'Assemblée nationale] est offerte par le roi de l'Indénié, Nanan* Boa Kouassi III. Ivoir'Soir, 15.09.1997.

4- Rare. Ensemble des chefs traditionnels. Des gens comme lui, des gens instruits, appartenant à la chefferie, avaient été arrêtés [.]. Naipaul, 1984 : 178. La chefferie était représentée aux fêtes de l'Indépendance. (Radio, 08.12.1979, 13 h30.). Le commandant* avait convoqué la chefferie de la région. (Retraité Man, 1980). Il se fait présenter ici la chefferie traditionnelle par le maire. FM., 01.09.1986.

 

cheftaine, n.f. Dispon., (tradition), oral, mélior., ouest. V. FEMME-CHEF*. Femme responsable de la classe des excisées. Lors des cérémonies en honneur de la mort de la cheftaine des excisées.[.]. (Sociologue, Abidjan, 1982). En apercevant le masque*, la cheftaine des femmes [.] s'enfuit. David, 1985 : 118.

 

cheik, n.m. Rare, (de l'arabe) ,oral, écrit, nord. Titre porté par un notable religieux musulman. Par la grâce de Dieu, Cheik Y.S., chef de la communauté hamalliste* de Gagnoa, fait part du décès de son frère bien religieux A.S. FM., 12.04.1983.

 

chemin, n.m. V. ROUTE*, Dispon., (calque de  langues loc.), oral, écrit, tous milieux, recherché.

1- chemin, (donner le ---- ), loc.verb. V. DONNER LA ROUTE*. Ce chef* me dit qu'il ne veut pas me donner le chemin avant que la lune ait quinze jours. Bailly, 09.09.1894, in Niamkey Kodjo, 1991 : 64.

2- chemin, (refuser le ---- ), loc.verb. V. REFUSER LA ROUTE*, Je casse* la bouche à Bakary Oulé par un énorme cadeau- impossible de refuser le chemin. Bailly, 22.03.1895, in Niamkey Kodjo, 1991 : 116.

 

chemise-pagne, chemise tissu pagne, n.f. Usuel., oral, fam, tous milieux. V. PAGNE*. Chemise de coupe européenne, confectionnée dans un pagne. Les chemises-pagnes ne sont plus tellement à la mode, on dirait. (Etudiant, Abidjan, 1986). Contrairement à ses prédécesseurs, le nouveau président, du haut de son 1,80 m., est aussi à l'aise en costume européen et en tee -shirt ou en chemise tissu pagne, parfois griffée Pathé O, le célèbre styliste ivoirien. J.A L'Intelligent, 28/11-04/12 2000.

LOC.: faire en chemise-pagne.

2- chemise-pagne (faire en ---- ), loc.verb. Argot des jeunes urbanisés, péj. (Pour un jeune homme), être un gigolo., se faire entretenir. Savez-vous ce que signifie l'expression estudiantine "faire en chemise pagne"? Non ? On le dit des étudiants qui aiment se vêtir en chemise pagne. Et selon les étudiants eux-mêmes, ce sont leurs copines (les tanties*) qui leur offrent des chemises de pagne. Ainsi les jeunes étudiants qui affectionnent ce type d'habillement sont considérés comme des gigolos. Ivoir'Soir, 19.02.1998.

 

chêne rouge, n.m. V. AZOBE*.

 

chenille [de karité], n.f. V. CHITOUMOU*.

 

cherchelit, adj. Dispon., oral, fam., argot zouglou des années 1990. Coureur, volage. Ou les Zouglounettes qui dans leur tube le plus connu fustigent les époux cherchelits sur un rythme de gnakpa*-gnakpa, une danse bété. Krol, 1994, 215.

 

chercher, v. r. Fréq., oral, mésolecte, basilecte, fam.

1- chercher, chercher la femme, loc.verb. Chercher à séduire (une femme, une jeune fille), tenter d'avoir des relations sexuelles avec elle. Pourquoi cette amende ?" - "Parce qu'il avait cherché la femme et que le mari l'a su. (Instituteur, Lakota, 1978). Il a peur que s'il dit que son neveu n'a pas cherché leur femme, le commandant* envoye ses hommes l'interroger au village. Oussou-Essui, 1979 : 28. Les gens disent qu'il cherche toujours la femme et on ne l'invite plus. (Etudiante, Abidjan, 1980). Vous deux, vous cherchiez Yvonne. FM. 20.06.1980. Un jour, le maître l'a fait appeler [.] "Je suis partie*. Il a ensuite ajouté qu'il m'aime, qu'il veut me ...chercher"- "Vous chercher ?" - " Il veut coucher avec moi." FM., 29.05.1981.

2- chercher caleçon, loc.verb. V. CALECON*.

3- chercher la bouche, loc.verb. V. BOUCHE*.

4- chercher le cou / chercher le coup, loc.verb. Chercher une mauvaise querelle à qqnn. Le maître ne m'a pas puni parce qu'il a vu que Yao cherchait mon cou. (Copie 5e, Bouaké, 1975). Je lui ai demandé pourquoi il cherchait le coup* puisque je ne l'avais pas bousculé par exprès*. (Lettre d'élève, Bouaké, 1978).

5- chercher [les] garçon[s], loc.verb. En parlant d'une jeune fille, ne pas être sérieuse, avoir des aventures, draguer. Je n'ai pas duré* avec elle parce qu'elle me trompait, elle cherchait les garçons, trop même*. Krol, 1994 : 41. Les trois premières filles éclatent d'un gros rire:" Même si on dit on cherche garçon, ce n'est pas comme ça." Ivoir'Soir, 17.16.1997.

6- chercher médicament, loc.verb. Pratiquer une fouille sur un individu soupçonné de transporter de la drogue. Tous les policiers, les CRS, même ceux qui contrôlent les cartes de séjour, ils nous tâtent les seins, sous les bras, et ailleurs pour chercher médicament. Jeune Afrique, 27.04 /03.05.1995

7- chercher métier, loc.verb. Chercher du travail. Où tu veux chercher métier à chez nous pays*?Y a rien ! (Jeune déscolarisé, Abidjan, 1984). Je suis venu en ville chercher métier. Deniel, 1991 : 63.

8- chercher palabre, loc.verb. V. PALABRE*.

 

cherching, n.m. Argot zouglou. Fait de courir après l'argent. On s'imbouate* de nos cherchings. (: nous sommes préoccupés par la quête du fric, Etudiant, Abidjan, 1990).

 

chéri, n.m. Fréq., oral, fam., jeunes. Petit ami, amoureux attitré. Et il a été le chéri de ma chérie* pendant deux ans. Krol, 1994 : 82. Maman tu n'ignores pas que mon ami Allou désire m'épouser et que papa refuse de nous donner son accord parce que mon chéri n'est pas chrétien. Nokan, 2000 : 89

 

chérie, n.f. Fréq., oral, écrit, tous milieux. Usité entre jeunes filles ou femmes, amie intime, personne pour laquelle on a une grande affection. Allo ! Ah ! Bonjour mon ami. Comment vas-tu ? Et ma chérie ? Comment ? Elle est allée se faire tresser*? J. Guenaman Colbert, 1985 : 33. Si tu ne me crois pas, demande à Antoinette. C'est pas vrai ma chérie ? (Etudiante, Abidjan, 1993). Elles s'appellent toujours "ma chérie", au début c'est drôle puis on s'y habitue. Krol, 1994 : 78. Il y avait un autre prof qu'on aimait bien, ma chérie et moi. Ibid : 79. Je ne veux pas que les gens crachent sur notre "chérie". [: L'épouse de F. Houphouët-Boigny]. L'essentiel, 01.03.1995.

 

chéri(e)-coco, n.m. ou f. Fréq., (allusion à une chanson sénégalaise à succès), oral,  tous milieux, fam.

1- Amoureux, petit ami /petite amie. Ton chéri-coco, c'est un faux*-type! (Lycéenne, Abidjan, 1976). Draguer un homme [.] est une activité qui requiert un maximum d'humour, d'énergie, de savoir-faire et de patience[.] car si la drague se révèle être d'une simplicité qui ne défrise plus le commun des mortels, garder son chéri coco pour soi toute seule est un autre business. Afrique Elite, 09.12.1986, cité in Caummaueth, 1988, 69.

2- Par extension, toute personne pour laquelle on éprouve beaucoup de tendresse: bien-aimé(e). A sa grand-mère, il rendait bien des honneurs : elle sera et restera sa chérie-coco. Konaté, 1987 : 39.

4- Terme d'adresse entre amoureux ou personnes (amies, par exemple qui se témoignent de la tendresse). Mais chéri-coco, ne te fâche pas ! je vais tout t'expliquer. (TV.,"Comment ça va ?" de L. Groguhet, 17.05.1980, 20h30).

SYN.: tonton*(masc.).

5- Terme d'adresse permettant, sur le marché, à une revendeuse, d'interpeller une cliente de façon avenante. V. CHE*

 

chérimolier, chérimoyer n.m. Spéc., (flore). V. ANONE*, COROSSOLIER* BATARD. (Annona cherimolia Mill.). Arbre de la famille des Annonacées, originaire des Antilles et cultivé pour ses fruits comestibles. Citons des arbres bien connus : le corossolier*, la pomme*-cannelle, le coeur* de boeuf et d'autres moins répandus l'attier* ou tête* de nègre, le corossolier* bâtard, le chérimoyer. Aubreville, 1959, I : 119.

 

chevalier de onze heures, n.m. Spéc. (flore). (Portulaca grandiflora Hook.). Plante de la famille des Mesembryanthemales, cultivée pour l'ornementation des jardins. Roberty, 1954 : 227.

 

chevêchette, n.f. Spéc., 'faune). Terme générique désignant des petits oiseaux de proie nocturnes de la fam. des Strigidae : (Glaucidium capense Smith) ou chevêchette du Cap, (Glaucidium tephronotum Sharpe) ou chevêchette à pieds jaunes. Serle /Morel, 1986 : 116. Signalées à Taï. Bousquet, 1992 : 170.

 

chevelure de Vénus, n.f. Spéc., (flore). (Quamoclit pennata [Desr.] Boj.). Plante cultivée ou subspontanée de la famille des Conculvacées, à petites fleurs et jolies feuilles. Roberty, 1954 : 313.

 

cheveux, n.m. pl.

1- cheveux, (ne pas atteindre les ---- de qq'un), loc.verb. Rare, (calque de langue locale), mésolecte. En général, usité sous la forme négative : ne pas égaler qq'un, ne pas arriver à la cheville de qq'un. Même si vos concitoyens pensent que vous ne pouvez pas atteindre les cheveux de votre prédécesseur, atteignez au moins son nombril! FM., 18.01.1993.

2- cheveux, (faire les ---- ), loc.verb. Fréq., oral, mésolecte, basilecte, fam. Pour une femme, faire (ou se faire faire) les petites tresses de la coiffure traditionnelle. Moi, je vais au marché pour faire les cheveux, c'est moins cher. (Couturière, Abobo, 1978). Je viendrai demain matin te faire les cheveux, c'est promis. (Etudiante, Abidjan, 1980).

3- cheveux, (se défaire les ---- ), loc.verb. Fréq., oral, mésolecte, fam. Pour une femme, défaire la coiffure en petites tresses, soit pour se recoiffer, soit, plus rarement, en signe de deuil. Ca prend presqu'autant de temps de se défaire les cheveux que de les faire. (Secrétaire, Abidjan, 1982).

 

chevillère, n.f. Rare, vx., (tradition). Bracelet de cheville qui peut être confectionné avec de la paille, du raphia, des cauris. Il en existe aussi en bronze, argent ou or. Elles ne portent qu'une vague ceinture en feuilles de raphia* autour des reins et des chevillères hâtivement confectionnées dans la même matière végétale. Holas, 1980 : 67. L'or scintille sur [.] les bracelets, les chevillères épaisses, les symboles animaux qui surmontent les sceptres de commandement. David, 1986 : 135.

SYN.: bracelet* de cheville.

 

chèvre des lagunes, chèvre guinéenne, chèvre naine d'Afrique, n.f. V. CABRI*. On a failli se tuer. Une chèvre des lagunes a traversé la route ! (Coopérant, Abidjan, 1980). Les animaux sont de petite taille, de races rustiques : mouton djallonké*, chèvre guinéenne, bien adaptés au milieu tropical humide. FM., 27.05.1981. La mère reçoit pour sa part une chèvre (de la race des chèvres naines d'Afrique). Holas, 1980 : 83.

 

chevreuil, n.m. Vx . V. CHEVROTAIN* AQUATIQUE. Le sanglier*, le chevreuil, l'antilope* et surtout le singe s'y rencontrent fréquemment. Verdier, 1870-1890 : 54.

 

chevrotain, chevrotain aquatique, n.m. Spéc., (faune). (Hyemoschus aquaticus Ogilby). Petit mammifère forestier de l'espèce des Tragulidés de la taille d'un lièvre. Il a l'aspect d'un petit cervidé qui serait dépourvu de bois. Le chevrotain est supposé très rare. Toujours est-il qu'on ne le rencontre pas souvent. Dekeyser, 1955 : 335. [.] le grain de crottin du chevrotain aquatique [.]. Kourouma, 1970 : 130. Tous les céphalophes* rarissimes que recèle Taï tels que le guib harnaché*, le bongo*, le chevrotain aquatique, le céphalophe* zébré, le céphalophe* de Jentink*, etc. FM., 13.10.1983. Haltenorth /Diller, 1985 : 15. Signalé ((Marahoué, Taï, Azagny). Bousquet, 1992 : 163.

ENCYCL.: il a l'allure d'un cervidé dépourvu de bois et un pelage acajou semé de taches blanches. Forestier et nocturne, il vit près des cours d'eau.

SYN.: chevreuil*, chevrotain aquatique, chevrotain africain.

 

chez, prép.

1- chez + nom de personne (ou pronom), Fréq., oral, mésolecte, basilecte. Mon (ton, son, etc.) domicile. Je ne sais pas comment vous avez trouvé chez moi. (Tailleur, Abidjan, 1977). Je ne connais pas chez vous. (Chauffeur, Abidjan, 1982).

LOC.: à chez moi (toi, nous..) maison*, à chez nous pays*.

2- chez, (à ---- moi [toi, lui, etc.] maison), loc.adv. Fréq. oral, basilecte, fam. ou plaisant chez les lettrés. Chez moi (toi, lui,...). Omar ? Il a parti à chez lui maison. (Gardien, Abidjan, 1980).

3- chez, (à ---- nous pays), loc.adv. Fréq., oral, basilecte, fam., plaisant chez les lettrés. Ici, en Côte d'Ivoire. Dans notre pays. Or à chez nous pays y a pas voleurs ! (Chauffeur, Ferké, 1978). Il vient à chez nous pays chercher métier* (Menuisier, Abidjan, 1982).

COM.: parfois prononcé "à cheu nous pays."

4- chez, (ça y est ---- + nom de personne ou pron.), loc.verb. Fréq., oral, mésolecte, basilecte.  Etre en la possession de (avec sujet généralement non animé). "Où ça y est la scie ?" -"Ca y est chez le jardinier." (Boys, Abidjan, 1977)

SYN.: être avec*.

 

chiapalo, [Gjapalo], n.m. V. DOLO*, TCHAPALO*. On allait à l'ombre et on buvait du chiapalo. Deniel, 1991 : 21.

 

chicotte, chicote, chicot, n.m. ou f. Usuel, (du portugais du Brésil), oral, écrit, tous milieux, péj., (image de l'esclavage ou de la période coloniale). Sorte de fouet en nerf de boeuf ou d'hippopotame. Par extension, bâton, ou tout autre instrument contondant. Les surveillants allaient et venaient, la chicote haute et sifflante. Dadié, 1956 a : 38. Cette méthode [: d'éducation] avait l'avantage d'être efficiente même si par moments, elle devenait rigoureuse, notamment par le canal de la chicotte. FM., 02.06.1980. Au premier rang, deux masques*-gendarmes et policiers, chicote à la main, devancent cinquante masques* et le groupe des accompagnateurs. (légende sous photo), FM., 19.04.1982. La plupart des colons, craignant que cette abolition [du travail forcé], alliée à un relèvement des salaires, ne ruine leur intérêt, se mirent à envoyer des délégations au gouvernement général* en affirmant : "Le noir ne peut pas travailler volontairement sans chicot." FM., 08.04.1983. Je n'avais pas compris pourquoi mon frère m'avait ce jour-là donné la chicotte. Otitro, 1984 : 65. La police sort la chicote. Tilliette, 1984 : 305. La chicote, le mépris, les insultes et la prison, même dix ans, même cinq ans, même une seule fois, c'est trop. David, 1986 : 141. Au rythme de la musique, les tirailleurs et les sicaires levèrent les chicottes et les abattirent sur le dos nus des habitants qui s'effarèrent. Kourouma, 1990 : 68. Si on pouvait leur envoyer nos anciens instituteurs avec leurs grosses chicottes, ces ordinateurs allaient* devenir forts en dictée. Ivoir'Soir, 27.11.1997. [.] les trente coups de chicote réglementaires qui punissaient les fugues des écoliers indigènes. Kourouma, 1998 : 23. La mère Bessongo l'avait vu donner la "chicote" à celles qui avaient négligé de porter leur tine* pleine à ras-bord. Oussou-Essui, 1999 :18.

COM.: "chicot" masc. est très rare et vx. Chicote /chicotte sont également attestés. La chicotte ou 1000 f. Le fouet ou l'argent. FM. 20.01.1993.

LOC.: coup de chicotte, donner la chicotte, prendre chicotte.

DER.: chicotter*.

 

chicotter, chicoter v.tr. Usuel, oral, écrit, tous milieux, péj.. Fouetter, par extension, frapper, infliger un châtiment corporel. Vous pouvez me faire chicoter à sang, je n'inventerai pas des mensonges pour vous faire plaisir. G. D. Sery, 1975 : 31. Heureusement , chère belle-soeur, que tu as chicotté cette jeune personne car si elle était tombée dans les cordes de mon chapelet, elle ne s'en serait jamais relevée. Bolli, 1977 : 59. Un service d'ordre trop envahissant et trop brutal [.] des enfants de moins de dix ans chicottés sauvagement avec des bâtons. FM., 30.05.1981. Tu pouvais le chicotter. On t'y aurait aidé. Mais la prison ? Tilliette, 1984 : 106. Je vais te chicotter, grand couillon!  Bréal /Karul, 1985 : 6. Hier encore, sous les yeux de vos femmes,[.] ils vous chicotaient... L. B. Niamkey, 1985 : 66. L'essentiel de leur travail consistait à chicotter les travailleurs* forcés. Kourouma, 1990 : 64. Il faut nous chicotter au rythme des tam-tams* pour nous faire bien travailler. Kourouma, 1990 : 66. La police va me chicoter et me mettre en prison, car elle dira que je suis le voleur. Deniel, 1991 : 94. L'instituteur qui savait que ses élèves étaient des cancres, a dit à l'élève qu'il venait d'obtenir le droit d'être chicoté. Ivoir'Soir, 29.09.1997. Ces enfants, il faut les chicoter. Ivoir'Soir, 14/15/16.11.1997. Ca, si c'était ici, on allait leur passer à ces enfants le goût de la récréation en les chicottant. Ivoir'Soir, 29.04.1998. Elle la chicota fort, l'enferma et la priva de souper. Kourouma, 2000 : 94.

COM.: la graphie "chicotter " semble s'imposer.

SYN.: donner la chicotte*.

 

chien [1], n.m. Spéc., (flore), (du yakouba), spéc. (Afroserlisia Chevalieri [Engl.] Aubr.). Grand arbre sans contreforts des montagnes de la région de Man. Fam. des Sapotacées. Aubreville, 1959, III : 152.

 

chien [2], n.m. Spéc,. (faune).

1- chien de brousse, V. LYCAON*. Les chiens de brousse sont ramassés en meutes. Roure, 1962 : 46.

2- chien de lagune,

a) Assez fréq., oral, mésolecte, basilecte, parfois péj. ou plaisant. Chien local à poil roux, très commun. Par extension, chien bâtard, corniaud. "On m'a donné un petit chien. " -" De quelle race ?" -"Oh ! un chien des lagunes." (Professeur, Bassam, 1976).

ENCYCL.: Ce chien jaune serait apparenté à la race dite africaine des Bassenje du Congo.

SYN.: coker des lagunes* (Européens, par antiphrase car le chien des lagunes a les oreilles dressées et le poil court et dur).

b) Rare, oral, très péj. Terme d'insulte : bâtard. Ce cacaba*, ce chien de lagune, ce margouillat*, je l'écraserai ! (Etudiant, Abidjan, 1982).

3- chien de mer roux, (Leptacharias smithii Müller et Herle). Petit requin (80 cm de long) à valcules nasales en forme de barbillons. Seret / Opic, 1981 : 26.

4- chien sauvage africain, chien sauvage d'Afrique, V. LYCAON*.

 

chiendent, n.m. Spéc., (flore).

1- chiendent [africain], (Imperata cylindrica [Linn.] P. Beauv.). Graminée sauvage très vivace (d'où son nom de chiendent), à rhizomes souterrains. Des binages répétés sont nécessaires pour éliminer les mauvaises herbes telles le chiendent pantropical menaçant toutes les terres cultivées. Busson, 1965, 71-72. La brise du soir berçait le chiendent qui tapissait partout le sol. Koné, 1976 : 13.

SYN.: herbe* à paillottes, imperata*.

2- chiendent des Bermudes, (Cynodon dactylon [Linn.] Pers.). Graminée tropicale ubiquiste de la famille des Poacées. Roberty, 1954 : 389.

ENCYCL.: elle pousse sur des terrains frais de culture ou de pacage au point de former souvent des gazons continus.

 

chiffonner, v.tr. Argot urbain, oral, fam. Engueuler. J'en ai assez d'être chiffonné. Je quitte*. ID., 23.03.1986. Il faut que je rentre. Mon père va me chiffonner si je rentre trop tard. (Lycéenne, Abidjan, 1990).

 

chiffonnerie, n.f. Peu fréq., oral , lettrés. Entrepôt ou lieu de vente de vêtements d'occasion. C'est de nouveau l'occupation du site entre Williamsville et le quartier ébrié mais cette fois par des hangars comme ici et des baraques comme cette chiffonnerie. FM., 08.09.1983.

SYN.: adonkaflé*.

 

child-soldier, n.m. V. ENFANT*-SOLDAT. J'ai commencé à chialer: "Je veux être soldat-enfant, small*-soldier, child-soldier". Kourouma, 2000 : 32.

 

children-soldiers, n.m.pl. V. ENFANT*-SOLDAT.

 

chimpanzé, chimpanzé vrai, n.m. spéc., (faune). (Pan troglodytes Blumenbach, var. verus Schwartz). Chimpanzé à tête haute et étroite, museau peu proéminent, grandes oreilles écartées. Les vieux mâles ont une barbe blanche. Mâle et femelle deviennent chauves avec l'âge. Haltenorth /Diller, 1985 : 294. Signalé (Comoé, Marahoué, Taï, Azagny). Bousquet, 1992 : 155. Les chimpanzés, inféodés à la forêt primaire, ont des effectifs exceptionnellement élevés à Taï. [.] Leur comportement est différent des chimpanzés d'Afrique centrale : ils cassent des noix à l'aide de cailloux ou de gros morceaux de bois qu'ils transportent avec eux. Bousquet, 1992 : 169. On notera qu'un lâcher de chimpanzés (en provenance du zoo d'Abidjan) a été effectué il y a quelques années sur une petite île du fleuve Bandama (île aux chimpanzés) dans l'espoir d'un retour à la vie sauvage. Certains de ces animaux font l'objet d'un suivi grâce à un collier émetteur. Ibid : 178.

 

chinchard, n.m. Spéc., (faune). Nom de plusieurs espèces de poissons de la famille des Carangidae dont une espèce est spécifiquement ouest-africaine (Decapturus sanctaehelenae Cuvier), à dos bleu-vert, flancs argentés portant une bande longitudinale médiane vert bronze. Les chalutiers pêchent surtout les chinchards au large du Ghana et de la Sierra Leone. Aldrin /Noyer /Brégeat, 1972 : 61 bis.

ENCYCL.: le sardineau* (Paracubiceps ledanoisi) est souvent confondu avec le décapturus et appelé aussi "petit chinchard".

SYN.: petit chinchard.

 

chinipelé, adj. Rare, oral, basilecte , péj. Se dit d'une coupe de cheveux masculine ratée, inégale, avec même des écorchures. Regarde moi ce crâne chinipelé ! Quel saboteur* ! (Etudiant, Abidjan, 1986).

DER.: chinipeleter*.

 

chinipeleter, [GinipDlte] v.tr. Rare, oral, basilecte, péj. Pour un coiffeur, faire une très mauvaise coupe, avec des trous laissant voir la peau du crâne. Ce faux type* m'a chinipeleté, maintenant il faut que je fasse coco-taillé*. (Planton, Abidjan, 1982).

 

chique, puce chique, n.f. Spéc., (faune, santé) mais assez fréq. (Dermatophilus penetrans, Sarcopsylla penetrans ou Tunga penetrans). Petit aphaniptère des régions tropicales dont la femelle fécondée s'enfonce dans la peau (surtout au niveau des pieds) y grossit, pouvant provoquer des phénomènes de surinfection. L'assaut des chiques qui se tapissent sous la peau comme des taupes et vous rongent la chair jusqu'à en crever. Timité Bassori, 1974 : 66. Gentilini / Duflo, 1977 : 540. Les chiques pénètrent entre les orteils et sous les ongles. Kourouma, 1990 : 79.

ENCYCL.: la chique proviendrait d'Amérique et aurait été introduite en Afrique vers 1872.

SYN.: puce* chique, tunga*.

 

chirurgien, n.m. Spéc., (faune). (Acanthurus monroviae Steindachner). Poisson de mer qui porte une forte épine érectile et tranchante comme un bistouri, de part et d'autre du pédoncule candal. Aldrin /Noyer /Brégeat, 1972 : 84. Seret / Opic, 1981 : 322.

SYN.: chas* chas, docteur*, poisson* chirurgien, poisson* docteur.

 

chitoumou, [Gitumu], n.m. Spéc., (faune, alimentation), (mandenkan : "chenille de karité"). Chenille du karité, comestible, vendue sur les marchés. Fort appréciée, elle est consommée frite ou en potage. Réduite en poudre, elle entre dans la préparation de la bouillie de mil de l'alimentation des nourrissons. En effet, elle passe pour contenir beaucoup de protéines, notamment le premier choix quand les chenilles sont au stade de pré-nymphe. Qui veut acheter mes chitoumous : voyez comme ils sont gras! La femme qui hèle ainsi les passants est une vendeuse de chenilles. Ivoir'Soir, 08.09.1997. A Bobo-Dioulasso, la mesure de chitoumou peut coûter jusqu'à 1 500 FCFA* Ibid.

SYN.: chenille* de karité, ver* de karité.

 

chôcô, [GCkC], n.m. V. CHOCOBI*. Leur chôcô est tellement tendu que pour dire "je vais à la maison", ils disent "j'vais à la m'son". Ivoir'Soir,02/03/04/.01.1998.

 

chocobi, chocobit, chokobi, chôcobi-chôcobi, chôcô, [GCkCbit] / [GCkCbi], n.m. Usuel, mésolecte, basilecte, oral, péj.

1- n.m. Manière affectée de parler, tendant à imiter l'accent parisien et à effacer toute trace de prononciation ivoirienne en français. M. K. T. A. qui disait que certaines étudiantes parlaient chôcobi-chôcobi en imitant l'accent des Français.[.]. ID, 07.12.1975. Certains de ces comportements (utilisation du maquillage, adoption systématique de la mode vestimentaire occidentale, langage précieux et affecté appelé chokobi) [.] pourraient faire croire à une rupture au sein de la famille, notamment entre la jeune fille et sa mère. FM., 11.05.1984.

LOC.: faire* [son] chocobi.

COMP.: chôcobi-chôcobi.

DER.: chocobiteux*

2- chocobi, (faire [son] ---- ), loc.verb. Parler de façon affectée et snob, en imitant l'accent parisien. Pas la peine de faire chocobi, on ne te voit pas blanc ! (Etudiante, Abidjan, 1977). On se moque volontiers au contraire de celui qui affecte de bien grasseyer les R à la française au lieu de les laisser rouler à l'africaine. On dit qu'il fait son chocobi. David, 1986 : 176.

3- choko, choco, v. inv. Affecter d'avoir l'accent parisien. A force de parler, il y a quelque chose qui fait qu'ils parlent comme vous. Ils choko quoi ! (corpus oral in Corbineau, 2000, t 2 : 5).

 

chôcôbiteux, [GCkCbitV], n.m. Dispon., mésolecte, basilecte, oral, péj. Personne parlanr français avec un accent parisien. Il [: un promoteur de disque] est piloté par Franck About, le seul chôcôbiteux qui nous reste. Ivoir'Soir, 21/22/23.11. 1997.

 

chômer, v. intr. Usuel. oral, écrit, tous milieux.

1- Etre au chômage. Ils ont été licenciés et ils chômaient. FM., 14.03.1983. Depuis quatre mois, je chôme comme ça et je n'ai plus rien dans la poche. M. Ekra, 1985 : 7. Le père chôme depuis près d'un an. Bonnassieux, 1987 : 123. J'ai chomé à peu près un mois. Deniel, 1991 : 114.

2- péj. Pour un élève, être contraint d'interrompre ses études, généralement faute de place dans un établissement scolaire. Ce groupe scolaire [.] vient relayer le lycée à caser le surplus d'élèves qui chôment, faute de place. FM., 15.11.1982. "Et ton petit frère?" -"Il chôme en attendant qu'on lui trouve une place en sixième." (Etudiants, Abidjan, 1984).

 

chose, n.f.

1- chose, chose là, n.f. Usuel, oral, mésolecte, basilecte, Mot outil utilisé à la place d'un autre mot que le locuteur ne connaît pas ou dont il ne se souvient pas. Il a pris... chose là... c'est à dire*... le marteau. (Boy, Abidjan, 1977).

DER.: choser*.

2- chose, (faire la ---- ), Euphémisme, oral, mésolecte, basilecte. Faire l'amour. L'antilaleca* elle a jamais fait* la chose, c'est pourquoi*! (Etudiant, Abidjan, 1994).

 

choser, choser là ,v. intr. Usuel, oral, mésolecte, basilecte. Verbe outil utilisé à la place de tout verbe que le locuteur ne connaît pas ou dont il ne se souvient pas. [.] Puis tu vas choser avec la cuillère. (Ménagère, Abidjan, 1985 : tu vas remuer).

 

chosifier, Dispon., écrit, lettrés, péj. Traiter en objet, faire de quelqu'un sa chose. [.] la même oligarchie qui a chosifié le peuple et abusé de ses prérogatives. L'oeil du peuple. 08.03.1995. Les hommes ne doivent plus nous chosifier. (Lettre enseignante, Abidjan, 1995).

 

chou, n.m. Spéc.(flore).

1- chou de Chine, V. TARO*. Les premiers explorateurs qui, au début du XVIe siècle s'aventurèrent à l'intérieur des terres, découvrirent que les noirs cultivaient des choux de Chine ou taro*, du riz, des ignames*, des aubergines* et des oignons, toutes plantes venues de l'Asie ou de la Méditerranée. Du Prey, 1972 : 53.

SYN.: taro*.

2- chou yapouba, vx. (Brassica integrifollia [West.] O. Schultze.). Plante de la famille des Capparidales qui fut un certain temps cultivée comme légume vert. Roberty, 1954 : 274. Busson, 1965 : 406.

3- chou-caraïbe, V. TARO*. (Xanthosoma sagittifolium [Linn.] Schott). Plante de la famille des Aracées dont les feuilles sont consommées comme légumes. Originaire des Caraïbes. Roberty, 1954 : 360.

SYN.: macabo (Cameroun), taro (impropre), taye, tayore (Guyane).

4- chou-palmiste, Fréq., tous milieux. V. PALMISTE*, V. COEUR* DE PALMIER. Le bourgeon du rônier* donne un chou-palmiste de première qualité mais il n'est qu'exceptionnellement consommé. Busson, 1965 : 503.

 

chouette, n.f. Spéc., (faune). Oiseau de la famille des Strigidae. On distingue localement la chouette africaine (Coccaba [Strix] woodfordi Smith) V. HULOTTE* AFRICAINE et deux espèces de chouettes pêcheuses (Scotopelia peli Bonaparte) ou chouette pêcheuse de Pel et (Scotopelia Bouvieri Sharpe) ou chouette pêcheuse de Bouvie, nocturnes, sans aigrettes et liées aux forêts-galeries. Serle /Morel, 1988 : 115. Signalées (Taï). Bousquet, 1992 : 170.

 

choukouya, soukouya, [Gukuja] /[sukuja], n.m. Fréq., oral, fam. mésolecte, basilecte. Viande grillée vendue sur le marché ou par les restaurants sur le bord du trottoir. Ce ne sont pas les vendeurs de viande communément appelée choukouya qui nous diront le contraire. FM., 11.02.1993. Devant le rez-de-chaussée, Ibrahim vend du soukouya. Ivoir'Soir, 17/18/19.03.1995. L'innovation qui apporte un plus à l'Hôtel Président, c'est l'alloco* et le soukouya servis tous les samedis et dimanches de 17 à 18 heures à la terrasse du restaurant. FM., 13.05.1998.

 

chrétien céleste, n.m. V. CHRISTIANISTE* CELESTE. Au village de mon père, pendant les grandes vacances passées, un chrétien céleste de l'ouest du pays, un Yacouba, est venu sur la tombe de la mère d'un ami. Krol, 1994 : 91.

 

Christianisme céleste, n.m. Usuel, (religion), oral, écrit, tous milieux. Religion syncrétique africaine très répandue en Côte d'Ivoire, fondée au Nigéria par un Yorouba mi-dahoméen mi-nigérian, Samuel Biléou Josey Oschuffa, décédé en octobre 1985 à Lagos. [.] le christianisme céleste n'est pas du paganisme mais une religion fondée par N.S. Jésus Christ par le biais de notre prophète*-paster Samuel Joseph Oschoffa. FM., 22/23.11.1980. Le Christianisme céleste a été fondée au Dahomey en 1956 par un Yoruba, Samuel Bilèou Joseph Oschoffa [.] Les fidèles, tous vêtus de blanc recherchent une pureté semblable à celle des anges célestes. Oberlé, 1983 : 84. [le mystère] avait été [éclairci] par un pêcheur de la secte du christianisme céleste. Naipaul, 1984, 110. Catholiques, témoins de Jéhovah, assemblée de Dien, christianisme céleste, toutes ces religions avec lesquelles j'ai prié, je me suis rendu compte qu'elles assurent toutes être seule à détenir la vérité. Otitro, 1984 : 42. Un prédicateur* itinérant [.] réussit à capter l'attention d'un cercle de curieux [.] en leur offrant l'accès à la vie éternelle par la voie [.] du Christianisme céleste. David, 1986 : 76. Je suis pasteur du Christianisme celeste. Le Changement, 15.02.1993. Très recherché, le Christianisme Céleste est apprécié des jeunes pour son "efficacité", notamment en raison des transes. Elles occupent une place primordiale dans ses offices, interminables - plus de trois heures- dirigés par des diacres et des pasteurs pointilleux et strictement réservés aux fidèles vêtus de l'aube règlementaire de coton blanc. Krol, 1994 : 14. C'est ce dimanche que les chrétiens célestes autonomes de Oschoffa, le père fondateur du Christianisme céleste célèbreront la 15ème fête des moissons en leur paroisse située à Abobo-Gare [.]. Ivoir'Soir, 05/06/07.09.1997.

DER.: christianiste* céleste, céleste*.

 

christianiste céleste, n.m. ou f. Usuel, oral, écrit, tous milieux. Adepte du christianisme céleste. Partie ce jour là, vers 17h15, acheter des noix* de coco près de l'église des christianistes célestes, Mme T. a été poussée hors de sa voiture par quatre énergumènes armés de pistolets. FM., 20/21.11.1982. Les christianistes célestes, en raison de leurs dons particuliers, avaient repéré l'incendiaire. Naipaul, 1984 : 110.  

SYN.: chrétien céleste*, céleste*.

 

christophine, n.f. Dispon., (flore, alimentation). (Sechium edule Schwartz). Plante originaire d'Amérique centrale à racine tubérisée et à tige grimpante. Ses jeunes feuilles sont consommées comme des asperges, ses tubercules (V. CHAYOTE*) sont également comestibles. Elle est surtout cultivée pour son fruit vert ou blanchâtre à maturité, côtelé, très apprécié comme légume. Roberty, 1954 : 223.

SYN.: chayote*, chou-chou (Réunion).

 

cicatrice, cicatrice raciale, cicatrice tribale, n.f. Fréq. mais vieilli, oral, écrit, mésolecte, basilecte. Scarification ethnique, pratiquée autrefois dans certaines communautés, chez le jeune enfant pour marquer son appartenance au groupe social et à des fins ornementales. Les hommes [: Gban], portaient fréquemment une cicatrice tribale, de la naissance des cheveux au milieu des sourcils. Du Prey, 1962 : 41. En passant les doigts sur le nez, sur la joue qu'illumine une fameuse cicatrice [.]. Anoma Kanié, 1978 : 28. Les scarifications sont appelés cicatrices dans le langage populaire. Bonnassieux, 1987 : 93, note 1. A la police, F.A. a indiqué aux policiers que les bandits ont un accent burkinabè. L'un d'eux porte une cicatrice raciale. Ivoir'Soir, 27.08.1997. D.T doit être en colère contre ses parents qui lui ont balafré le visage à sa naissance. C'est grâce à ses deux profondes cicatrices sur les joues qu'il a été reconnu par sa victime. Ivoir'Soir, 05.03.1998.

ENCYCL.: les scarifications ne sont plus pratiquées actuellement.

SYN.: balafre*, marque, tatouage*.

 

cigare, n.m. Spéc., (faune). (Auxis thasard). Poisson de mer de la famille des Thunnidae. Il a l'aspect d'un petit thon mais, mis en conserve, n'a pas le droit à l'appellation "thon". Aldrin /Noyer /Brégeat, 1972 : 90.

SYN.: auxide*, bonite*, bonite-auxide (spéc.).

 

cigarette, n.f. Usuel, oral, écrit, tous milieux sauf univ.

1- V. BATON* DE CIGARETTE, TIGE*. Utilisé comme non-comptable. La cigarette est vendue généralement, non en paquet mais au détail. "Vous fumez de la cigarette ?" - "Oui ! un paquet par jour."  FM., 10.07.1981. Ce n'est plus de la cigarette qu'ils [: les voleurs] veulent mais tout ce que Mr. A. possède sur lui. FM., 28.02.1983. Après avoir absorbé une forte dose d'alcool, les deux amis éprouvent le besoin de fumer de la cigarette. Ivoir'Soir, 11/12/13.07.1997. Si un individu* vous demande de la cigarette dans la pénombre à Abobo, détalez immédiatement. Ivoir'Soir, 10.09.1997. Au retour, ils m'ont remis de l'argent pour acheter de la cigarette. Ivoir'Soir, 27.11.1997. Ce jour là, Etienne demande à Blandine, sa compagne, de lui donner 250 F pour qu'il s'achète de la cigarette. Ivoir'Soir, 05.05.1998.

COMP.: cigarette filtrée, cigarette trafic.

2- cigarette filtrée, cigarette à bout filtre. De la cigarette filtrée, y a pas !  (Vendeur, Abidjan, 1984.)

SYN.: filtrée*.

3- cigarette trafic, cigarette de contrebande. Il m'a montré les gens qui apportent des cigarettes trafic. Deniel, 1991 : 157.

 

cigogne, n.f. Spéc. (faune). Terme générique désignant localement trois espèces d'oiseaux migrateurs de la fam. des Ciconidae : (Ciconia [Sphenorynchus] abdimii Licht.) ou cigogne d'Abdim, de taille moyenne, dessus noir, dessous blanc mais cou et jabot noirs ; (Ciconia ciconia Linn.) ou cigogne blanche, entièrement blanche, bec et pattes rouges vif, la plus grande ; (Ciconia [Dissoura] episcopus Boddaert) ou cigogne épiscopale, dont le cou blanc "laineux" contraste avec le corps noir brillant. Serle /Morel, 1988 : 23-24. Toutes espèces signalées (Comoé), la cigogne épiscopale à Azagny. Bousquet, 1992 : 156.

 

cimetière, (aller au ---- ), loc.verb. Argot urbain, vieilli, oral, pop., bandes de jeunes d'Abidjan.). Aller se battre, aller à la bagarre. Plus souvent allons au cimetière!, cri de provocation ( : Sors si tu es un homme!). Si tu veux, allons au cimetière, c'est l'invitation à la bagarre, le cri de guerre que vous entendez à plusieurs reprises pour peu que vous restiez quelque temps soit devant le cinéma Roxy, soit à la gare routière. FM., 03/04.06.1978.

ENCYCL.: l'ancien cimetière d'Adjamé, à Abidjan, est devenu un repaire de malfaiteurs où des bandes rivales règlent leurs comptes de façon sanglante.

 

cinéma, n.m. Fréq., oral, mésolecte. V. FILM*. Confusion entre "film" et "cinéma". Ma femme, quand le cinéma est triste, elle pleure ! (Fonctionnaire, Abidjan, 1980).

 

cinq cinq, (être ---- ), loc.verb. Argot urbain, oral, fam., jeunes.

1- Se sentir bien. Ambiancez-vous* , je vous prie"--" Je suis cinq cinq. je vais bacro." (: "Mettez-vous à l'aise, je vous prie"-"Je me sens bien Je vais dormir.", ID., 23.03.1986.).

2- sapé cinq cinq (être ---- ), loc.verb. Mélior. Etre tiré à quatre épingles, être comme une gravure de mode. Les gens me rencontraient souvent sapé* cinq-cinq. Bonnassieux, 1987 : 161. Notre prof, elle est toujours sapé cinq cinq, griffée* et tout. (Lycéenne, Abidjan, 1996).

 

cinq prières, (faire les ---- ), loc.verb. Assez fréq., oral, mésolecte, basilecte,. mélior.  Pratiquer fidèlement la religion musulmane, par extension, être musulman pratiquant, être bon musulman. Ces coutumes qui consistent à [.] quitter le travail pour faire les cinq prières [.]. Arnaut, 1976 : 164. C'est un homme de bonne réputation. Il fait les cinq prières. (Planteur, Adzopé, 1982). Je me suis débrouillé pour connaître* comment faire les cinq prières. Deniel, 1992 50. Tout le monde a crié et aboyé comme des chiens enragés, tout le monde était contre parce que Balla était un Bambara féticheur* qui ne faisait pas les cinq prières par jour, ne jeûnait pas. Donc il ne pouvait pas marier* une musulmane pieuse comme ma mère qui tous les jours fait à l'heure ses cinq prières. Kourouma, 2000 : 331.

SYN.: faire salam*.

 

cintré, adj. Vieilli, argot des jeunes, oral, fam., ironique. Qui a la taille trop serrée.  Au yéyé* trop cintré : [.] Tu es djinglin* comme une guêpe cintrée. F. Bolli, 1977 : 14.

 

cintrer les notes, ceintrer loc.verb. Argot scolaire et surtout estudiantin, oral, fam., plaisant. Pour un enseignant, être sévère dans sa notation. Ne cintrez pas les notes. Le devoir était chaud*, trop* même. Campuslexique, 1979 : 6.

 

circaète cendré, n.m. Spéc. (faune).  (Circaetus cinerascens Müller). Oiseau de la famille des Accipitridae qui chasse les reptiles des savanes boisées. Serle /Morel, 1988 : 40.

 

circonciseur, n.m. Usuel, oral, écrit, tous milieux, mélior. V. EXCISEUSE*. Homme âgé (souvent un forgeron*) qui, en milieu trad., est chargé de pratiquer la circoncision*. Très souvent, le forgeron* exerce en outre le rôle de circonciseur. Holas, 1968 602. A.M., circonciseur de son état [.]. Touré, 1985 : 117.C'était aussi vrai que l'eustache du circonciseur [.]. Kourouma, 1990, 63. Le circonciseur est sorti de la forêt avec autant de citrons verts que de garçons à circoncire. Kourouma, 2000 : 37.

SYN.: wanzam*.

 

circoncision, n.f.

1- Usuel, oral, écrit, tous milieux, très mélior. (V. INCIRCONCIS*). Ablation du prépuce, liée en milieu trad. à l'initiation, marquant le passage à l'âge adulte. Les types font la fête [.] c'est la circoncision. Du Prey, 1979 : 115. Enfin on avait fini de travailler et c'était la période des fêtes, des réjouissances, des circoncisions, des mariages. A. Koné, 1980 : 13. La vingt et unième année, de surcroît celle de la circoncision rituelle  [ : chez les Sénoufo] marque un seuil capital : désormais, surtout, l'initié a plein droit de participer aux cérémonies des dieux. Conte, 1981 : 98. Le point de départ, c'est la circoncision et l'initiation* qui est un ensemble d'actes par lequel un adolescent devient adulte et est considéré comme homme à part entière [.] c'est l'âge de la majorité dans la terminologie moderne. FM., 10.02.1983. J'ai grandi avec lui, jusqu'à ma circoncision. Deniel, 1991 : 61.

2- n.f. basilecte, peu ou non scolarisés, (ouest et nord), [V. EXCISION*). Pour une jeune fille, excision. Ici, nous ne faisons pas la circoncision des filles. (Aide soignante, Adzopé, 1978).

 

circuit-lèpre, n.m. Spéc. (santé). V. AM*. Tournée dans les villages, à intervalles de temps réguliers, d'une équipe médicale chargée du dépistage de la lèpre. Ce secteur organise plusieurs circuits-lèpre avec onze équipes [.] couvrant les départements de Dabakala, Katiola et Bouaké. FM, 30/31.01.1982.

 

cire perdue, n.f. Spéc. (art trad.). Technique artisanale utilisée pour la fabrication de nombreux objets traditionnels en bronze. [.] et faisait exécuter, à la cire perdue, par ses artisans, des poids aux formes parfaites pour mesurer l'or. Conte, 1983 : 44.

 

cireur, cireuse, n.m. ou f. Usuel., oral, écrit, tous milieux. Cireur de chaussures, petit garçon ou fillette installé(e) sur le trottoir, avec ses instruments, dans une rue fréquentée. Depuis déjà quelques mois, certains marchés et places d'affaires fleurissent de cireuses. FM., 22.10.1982. (1e attest. au féminin). Alors, les vendeurs ambulants et les petits cireurs proposent leurs produits. FM., 22.04.1983.  

 

ciseau-palmiste, n.m. V. PALMISTE*. Le ciseau-palmiste peut être très tranchant et cependant le bas du régime pourrit. (traduction d'un proverbe yakouba), Bearth, Ween-meebo kaan Pianbo, 1972.

 

cisticole, n.f. Spéc. (faune). Terme générique désignant plusieurs espèces de petits oiseaux de la fam. des Sylvidae, notamment la cisticole chanteuse, (Cisticola cantans Heuglin) ; la cisticole à face rousse, (Cisticola erythrops Hartlaub) ; la cisticole siffleuse (C. lateralis Fraser) ; la cisticole striée (C. natalensis Smith). Serle /Morel, 1988 : 202-204. Signalées (Comoé, Marahoué). Bousquet, 1992 : 163.

 

citron, n.m.

1- citron de mer, Spéc. (flore). V. SENE*. (Ximenia americana Linn.). Petit arbre épîneux de la famille des Olacacées, à fruits comestibles très parfumés. Fruits de cet arbre. Busson, 1965 : 161.

SYN.: assoukrou (baoulé), séné (mandenkan), mirabelle de Californie.

2- citron-balle, Vx., (tradition). Jeu de football pratiqué par les enfants, avec un gros citron en guise de balle. Les écoliers s'attardaient après la classe et jouaient au citron-balle. Anoma Kanié, 1978 : 11.

 

citronnelle, n.f. Spéc., (flore), mais usuel. (Andropogon nardus Linn = Cymbopogon citratus Spreng.). Graminée cultivée de la famille des Poacées, utilisée en infusion comme boisson digestive à cause de sa saveur citronnée. Nom donné aussi à (Raphis zizanioides [Linn.] G. Rob.) une variété de vétiver différenciée par ses épillets, aborigène, souvent cultivée en bordures dans les jardins et dont les feuilles donnent une infusion dite de citronnelle. La citronnelle se reproduit par division de touffe. Davesne, 1954 : 54. : Roberty, 1954 : 404. Entre le rituel apéritif et le rite de la citronnelle qui parachève la soirée coloniale [.]. Tirefort, 1974, I : 27. A les voir arroser avec tant de foi ces jeunes pousses de citronnier, d'oranger ou de citronnelle [.]. Anoma Kanié, 1978 : 243.

ENCYCL.: selon les spécialistes, la véritable citronnelle est une sorte d'armoise.

 

citronnier [vert], n.m. Spéc. (flore). V. LIMETTIER* Spéc. (flore). Appellation impropre donnée au Citrus aurantifolia ou limettier*. Variété locale de citronnier à petits fruits verts très parfumés. La création de vergers de pamplemoussiers, citronniers verts, orangers, mandariniers [.]. Rémy, 1986 : 17.

 

civette, n.f. Spéc., (faune). (Viverra civetta Schreber). Carnivore viverriné à poche à musc, de la taille d'un chien de dimensions moyennes, avec une crinière érectile de la nuque au bout de la queue, une robe grisâtre ornée de taches et de rayures noires, assez variables d'un individu à un autre. On entendait dans les broussailles au loin le cri particulier de la civette. Anoma Kanié, 1978 : 44. Il se dit plutôt guérisseur. C'est ce qui explique la présence dans sa maison d'une peau de civette, considérée pourtant comme redoutable par les adeptes de la sorcellerie. FM., 10/11.12.1983. Haltenorth /Diller, 1985 : 178 Signalée (Comoé, Marahoué, Taï , Azagny). Bousquet, 1992 : 155.

ENCYCL.: la civette a un rôle important dans la symbolique magique en raison de sa glande à musc.

 

civil, n.m. ou f., adj. Vieilli, oral, fam., mésolecte. Se dit d'une personne qui exerce une profession ne relevant pas de la fonction publique. Non, moi, je suis un civil, c'est mon grand frère* qui est au Ministère. (Commis, Abidjan, 1978).

 

civilisé, (être ---- ), loc.verb. Dispon., oral, fam., mésolecte, basilecte.  Etre bien éduqué, savoir se conduire en société. Tu as mal fait! Qu'est-ce qui te prend de te comporter comme Konan ? Si lui n'est pas civilisé, toi, tu devrais te maîtriser. Pourquoi tu tires Akissi comme ça ? Puis regarde comme vous vous injuriez devant elle. A. Kouadio, 1983 : 68.

 

claclô, [klakC], n.m. V. CRACRO, Si nos voleurs ne les bradent pas aux vendeurs de claclôs [.]. Ivoir'Soir, 02.12.1997.

 

clair, n.m., f., adj. Fréq., oral, écrit, tous milieux. V. TEINT* CLAIR.

1- n.m. Métis ou africain à peau relativement claire. Etait-il noir ou clair ? Je ne sais pas puisque je ne l'ai pas vu. Deniel, 1991 : 51.

2- adj. Métis, métissé. Ton enfant clair là* / où est son papa ? (Chanson "Nathalie", Groupe Les côcôs, corpus T., 1994).

 

clairvoyant, n.m. ou f. Usuel., oral, écrit, tous milieux, mélior. Devin, guérisseur, personne dotée de pouvoirs de magie blanche. Les clairvoyants se placent au premier rang des devins. Ils sont très nombreux parmi les populations de la forêt. Kerharo /Bouquet, 1950, b : 28. Le gozeno est un clairvoyant et il a la science des plantes et de leurs vertus : lorsqu'une maladie ou un malheur surviennent, il connaît à la fois l'identité du sorcier qui a fait le coup et le remède approprié. Terray, 1970 : 61. [.] La femme est devenue clairvoyante. Arnaut, 1976 : 83.

SYN.: chasseur* de sorciers, féticheur*, guérisseur*, voyant*.

 

clandestinité, (sortir de la ---- ), loc.verb. Dispon., surtout écrit, mésolecte. Sortir de l'anonymat. [.] ce chercheur hors pair, qui avait sorti son village, N'Woase, de la clandestinité, grâce à son pouvoir presque magnétique de guérir les malades. Ivoir'Soir, 26.08.1992. Ce brésilien savait que par le football, il sortirait de la clandestinité. Et maintenant, Renato est célèbre dans le monde entier. (Lycéen, Abidjan, 1996).

 

clando, n.m. ou f. Argot urbain, oral, mésolecte, basilecte, péj.

1- Malfaiteur, escroc. A côté d'un clando, un fonctionnaire était ridicule. ID, n° 942, 23. Les clandos sont à craindre parce qu'ils sont généralement armés et qu'ils ont la gachette facile. FM., 09.12.1997.

2- Travailleur clandestin, en particulier dans le domaine de la recherche des diamants, "sans papiers". Découvrez toutes les magouilles à Séguela : les clandos, les meurtres et les sacrifices au nom du diamant. Ivoir'Soir, 03.12.1997. Dans les milieux diamantifères de Séguéla, les clandos sont les plus célèbres. Tout le monde parle d'eux. Tout le monde les craint. Ivoir'Soir, 09.12.1997.

3- n.f. Maîtresse cachée d'un homme marié, par opposition à la maîtresse quasi officielle qu'il affiche. Elle était sa clando. Il n'a pas voulu reconnaître l'enfant. (Etudiante, Abidjan, 1983). Elle ne veut pas être une clando. Surtout pas après avoir été la titulaire*. ID, 07.05.1989.

ANTON.: titulaire*.

4- Paysan installé clandestinement pour cultiver la terre dans une forêt classée. Menace. Forêts classées: l'ultimatum de Ouassénan aux clandos. Le général G. Ouassénan Koné, président du conseil d'administration de la Sodefor s'est déclaré prêt en cas de résistance, à participer personnellement à des opérations de déguerpissement*, manu militari, des paysans clandestins. Ivoir'Soir, 22.05.1997.

 

clanisme, n.m. Fréq., oral, écrit, lettrés, péj. Esprit de clan qui tend à protéger, défendre et favoriser inconditionnellement et préférentiellement tout membre du groupe d'appartenance. Moi, je préfère honnêtement être un sous-grade que de passer par le népotisme, le clanisme. FM., 14.01.1993. Il faut en passer avec le clanisme maintenant pour pouvoir réussir. (Fonctionnaire, Abidjan, 1995).

 

claquer la main, loc.verb., V. MAIN*.

 

classe d'âge, n.f. Usuel, (tradition), oral, écrit, tous milieux. V. GENERATION*. Ensemble des personnes dont la différence d'âge n'excède pas un nombre précis d'années.(4 ou 5 en général). 4 ou 5 classes d'âge qui se suivent, constituent une génération*. Il [: Allah] n'est [.] de la classe d'âge ni le frère de plaisanterie* de personne d'ici-bas. Kourouma, 1990 : 48. A Soba, tout se comptait et se pratiquait par classe d'âge. Kourouma, 1990 : 61. On avait mis à contribution [.] toutes les forces vives de la sous-préfecture mobilisées en fonction des classes d'âge traditionnelles. David, 1986 : 92. Il faut décrire ce système des "classes d'âge" lui aussi caractéristique des groupes akan et dont la persistance en Côte d'Ivoire en fait un élément fondamental de la dynamique socio-économique traditionnelle. David, 1986 : 135. Le village d'Abobo-Té [.] a connu récemment une grande animation : Djougoh Djehon, l'un des quatre classes d'âge [.] célébrait la fête. FM., 12/13.01.1990. Le doyen d'âge de la génération* suivante convoque en assemblée générale toutes les quatre classes d'âge de sa génération*. En quelques jours ou en quelques semaines, voire en quelques mois, après délibération, apparaît le nom du nouveau chef. Ivoir'Soir, 08.10.1997. Et ainsi, comme une longue chaîne, qui jamais ne se rompt, l'on vantera encore et encore les us et coutumes, afin que résiste dans chaque village, dans chaque génération* et dans chaque classe d'âge, ces rituels qui font la force d'un peuple, d'une nation, d'un pays. Ivoir'Soir, 08.10.1997.

ENCYCL.: ces classes d'âge sont constituées à partir de l'initiation*, au cours de cérémonies rituelles et sont hiérarchisées selon le principe de seniorité.

SYN.: catégorie*, groupe* d'âge.

ANTON.: génération*

 

classe, n.f. oral, écrit, tous milieux.

1- classe-boutique, fréq., péj. Salle de classe installée à titre provisoire dans un local (généralement une boutique) qui n'a pas été conçu pour l'enseignement. Les classes-boutiques prolifèrent à Abidjan et sont situées dans des endroits peu propices à un bon travail scolaire. FM., 11.01.1982. Par classes-boutiques, il faut entendre à Odienné, des maisons louées par les parents d'élèves pour permettre aux enfants de trouver une place hors des écoles déjà bondées. FM., 22/23.10.1983. Grâce à la LOMACI [: loterie nationale de Côted'Ivoire], les enfants de Petit Pedro et des villages environnants reçoivent leur éducation dans un cadre adéquat, loin de la double* vacation et des classes boutiques. Ivoir'Soir, 13.01.1998.

2- classe-critique, classe modèle à laquelle assiste un groupe d'enseignants du primaire, et qui est suivie d'une réflexion didactique critique de la part des participants sous la direction du conseiller pédagogique ou de l'inspecteur. Durant plusieurs jours, différentes disciplines ont été présentées aux enseignants de plusieurs cantons du secteur pédagogique n °3, sous forme de classes critiques dans le but de donner à chacun des enseignants un complément de savoir-faire. FM., 15.01.1982.

3- classe télévisuelle, V. TELEMAITRE*. De 1971 à 1982, classe de l'enseignement primaire dans laquelle la pratique pédagogique avait pour support la télévision scolaire. Sur les 2751 instituteurs en fonction ici, il y en a 484 soit 18 % dans les classes télévisuelles. FM., 10.10.1979.

ENCYCL.: largement utilisé dans tout le pays durant environ une dizaine d'années, l'enseignement télévisuel a été supprimé à la rentrée scolaire 1982-1983. Le terme tend donc à devenir obsolète.

 

classificatoire, adj. V. FRERE* CLASSIFICATOIRE .

 

claustra, claustrat, clostrat, n.m. Usuel., oral, écrit, tous milieux. Elément creux en ciment moulé utilisé pour construire des murs ajourés, facilitant la ventilation des pièces. Les nombreuses ouvertures constituées par des claustras qui occupent les deux côtés de la maison des jeunes, dans le sens de la longueur, sont autant de bouches d'aération que de pôles de perdition du son. FM., 22.04.1981. [.] les murs en claustra étaient ajourés, suscitant ainsi un courant d'air permanent [.]. Tilliette, 1984 : 30. Des temples harristes*, il faut admirer l'architecture parfois exubérante [.] avec colonnes torsadées, anges trompettistes, claustra* à étoiles [.]. David, 1986 : 144. Les murs des classes sont constellés de petites ouvertures, les clostrats, par où passent l'air et la lumière du jour et en même temps le bruit. Krol, 1994 : 47. [.] les maisons [.] s'entourent de larges vérandas à arcades, tandis que les murs sont fréquemment composés de claustras favorisant les courants d'air à l'intérieur des pièces. Rémy, 1996 : 76.

ENCYCL.: suivant la forme de la partie creuse, on parle de claustra à étoile, de claustra boîte à lettres.

COM.: le plus courant : claustra, pl. claustras. On peut trouver néanmoins la graphie : claustrat, pl. claustrats, ou claustras invariable, voire claustra au pluriel. La graphie clostrat est très rare.

 

clèome visqueuse, n.f. Spéc., (flore). (Cleome viscosa Linn.). Plante à fleurs jaunes de la famille des Capparidacées. Roberty, 1954 : 175

 

clérodendron écarlate, n.m. Spéc., (flore). (Clerodendron splendens G. Don.). Plante ornementale de la fam. des Verbenacées, cultivée pour ses fleurs d'un rouge éclatant. Roberty, 1954 : 179.

 

clim, [klim], n.f. ou m. Usuel, oral, tous milieux, fam.

1- n.f. Abréviation de "climatisation". J'ai fait mettre la clim dans le séjour. C'est plus agréable pour recevoir. (Pharmacien, Abidjan, 1980). En juin, avec la clim, il fait froid dans les amphis. (Etudiant, Abidjan, 1984). Commissaire, si vous branchiez la clim ? On étouffe ici ! Bréal /Karul, 1985 : 49.

2- n.m. Abréviation usuelle de "climatiseur". Les ouvriers avaient pris le clim pour le réparer. Les voleurs sont entrés par le trou du clim. (Enseignant, Abidjan, 1984).

 

climatisé, (en ---- ), loc.adv. Usuel, oral, tous milieux, fam., mélior.

1- Dans une pièce pourvue de climatisation. Ne te plains pas d'être enrhumé, tu es toujours en climatisé à la Fac ! (Enseignant, Abidjan, 1981). Ce n'est pas bon de vivre toujours en climatisé. (Infirmière, Bouaké, 1982). Tu travailles mieux en climatisé qu'en transpirant !! (Fonctionnaire, Abidjan, 1984).

LOC.: dormir en climatisé, être en climatisé, travailler en climatisé, vivre en climatisé.

2- climatisé, (être en ---- ), loc.verb. Fréq. oral, fam. Européens surtout, plaisant. Porter des vêtements légers et aérés, bien adaptés à la chaleur. Excusez ma tenue. Le dimanche, je suis en climatisé, short ou boubou. (Ingénieur, Abidjan, 1975).

 

clô, [klC], n.m. Argot urbain, (du mandenkan "dur, résistant"), assez fréq., Amphétamine vendue clandestinement et utilisée comme drogue excitante. Il a pris du clô avant la soirée !! (Etudiant, Abidjan, 1990).

 

clostrat, n.m. V. CLAUSTRA*. Une variante [ de tricherie] consiste à se placer en classe dans une rangée longeant le mur ajouré de clostrats* [.] ce qui facilite la transmission. Krol, 1994 : 195.

 

CNI, n.m., V. CONSEIL NATIONAL ISLAMIQUE*. Pour une raison mal élucidée, le représentant du CNI s'y opposera. Détective, 16.03.1995.

 

cô cô cô ! côcôcô, ko ko ko! kô kô kô!, kokoko, [kCkCkC], interj. Fréq., (tradition), (emprunt aux langues côtières), oral, tous milieux. Cri, (parfois accompagné d'un fort claquement de mains) destiné à avertir de sa présence quelqu'un à qui l'on vient rendre visite. "Cô cô cô cô !" Fait-il imitant le bruit que fait une porte qu'on frappe avant d'entrer." Cô cô cô ! Il est là au moins ?," demande-t-il. Anoma Kanié, 1978 : 93. S'approchant d'une porte, il frappe [.]: côcôcô ! Anoma Kanié, 1978 : 279. Ko Ko Ko! C'est le boy de madame O. (Boy, Abidjan, 1984). Ko ko ko ! Y a le couturier*, patron*. (Tailleur, Abidjan, 1982). Kô Kô Kô! Ouvrez ! Ouvrez là*! Ivoir'Soir, 11.02.1998. Kokoko, fit Anka, y a-t-il quelqu'un ? R. Yaou, 1999 : 70.

ENCYCL.: en raison de la chaleur, les portes sont généralement ouvertes. Le cri est donc une marque de politesse évitant une arrivée inopinée chez qqn. C'est l'équivalent de frapper à la porte.

 

coagulat, n.m. Spéc. (industrie). Latex coagulé fournissant un caoutchouc de second choix. A Bongo, la capacité de traitement sera portée de 20 à 35 tonnes de latex, de 9 à 18 tonnes de coagulat par jour. FM., 15.10.1982.

COM.: s'oppose à "latex" réservé à un matériau fournissant un caoutchouc de premier choix.

 

cob, cobe, kob, n.m. Spéc. (faune), mais fréq.

1- Terme générique appliqué à plusieurs espèces d'antilopes de la famille des Hippotraginés. Les cobes sont dans leur ensemble des animaux solidement construits au pelage épais, parfois huileux [.]. Dekeyser, 1955 : 365. [.] des antilopes de tailles variées [.] bubales*, kobs, céphalophes* [.]. Oberlé, 1983 : 22. L'indigène serait dans son canton comme un cob* dans une brousse* cernée par les archers et les chiens. Kourouma, 1990 : 63.

COM.: la graphie "cobe" est la plus ancienne. Actuellement "cob" est l'orthographe usuelle.

COMP.: cob de Buffon*, cob defassa, cob des roseaux, cob onctueux.

2- cob de Buffon, cobe de Buffon, kob de Buffon, (Adenota kob Erxleben). Elégante antilope de la taille d'un chevreuil, à la robe rousse et au superbe cornage. Le cobe de Buffon est, comme le cobe onctueux un animal savanicole, étroitement inféodé à l'eau. Dekeyser, 1955 : 368. Haltenorth /Diller, 1985 : 55. 7000 cobs de Buffon (parc de la Comoé)[.]. David, 1986 : 99. Les kobs de Buffon sont les antilopes les plus représentées et les plus fréquemment rencontrées [: dans le parc de la Comoé]. Bousquet, 1992 : 154.

SYN.: antilope son (hybride français /mandenkan), cobe de Thomas.

3- cob[-]defassa, cobe defassa, kob defassa, (Kobus defassa Rüppel). Antilope de la taille d'un cerf mais à allure plus lourde et à cornage annelé. Environ 1, 25 cm de hauteur au garrot, poids pouvant s'élever à 250 kgs. On voit un troupeau de femelles de cobs-defassa dans la savane bordant une forêt-galerie. Muhlenberg /Steinhauer, s.d. : 26. Haltenorth /Diller, 1985 : 54. Cob defassa femelle en savane boisée. (Légende sous photo), Bousquet, 1992 : 154. Cet itinéraire relie les deux régions renommées comme contenant le plus d'hippopotames*, d'éléphants*, de buffles*, de lions, de cobs de Buffon, de cobs Defassa, etc. Rémy, 1996 : 113.

COM.: généralement écrit avec un trait-d'union. pluriel, cobs-defassa.

SYN.: cob à croissant, cob onctueux, defassa*, sing-sing* (du mandenkan), waterbuck* (de l'anglais).

4- cob des roseaux, cob de roseaux, cobe des roseaux, kob des roseaux, Redunca redunca Pallas). Petite antilope à robe rousse et cornage dont le poids peut atteindre 55 kgs. La redunca* est encore appelée : antilope cervicapre d'Afrique*, nagor*, reedbuck*, cobe des roseaux, voire biche de pailles*. Dekeyser, 1955 : 369. Haltenorth /Diller, 1985 : 60. Signalé (cob de roseaux) dans le parc de la Comoé). Bousquet, 1992 : 155.

COM.: selon Haltenorth /Diller, 1985 : 61, c'est l'éléotrague (Redunca arundinum Boddaert) d'Afrique du Sud-Est qui porte le nom de "cobe des roseaux".

SYN.: antilope* cervicapre (d'Afrique), biche* de pailles, cervicapre*, nagor*, redunca*, reedbuck (de l'anglais).

5- cob onctueux, cobe onctueux, kob onctueux, V. COB-DEFASSA. Le cob onctueux, encore appelé waterbuck* par les chasseurs, est un animal de port lourd mais altier. Dekeyser, 1955 : 365.

 

coba, n.f. V. ANTILOPE*-CHEVAL, KOBA*, HIPPOTRAGUE*.

 

cobe, n.m. V. COB*.

 

cobra, n.m. Spéc., (faune). V. CRACHEUR*. Appellation impropre donnée au serpent-cracheur*. Les serpents, cobras*, vipères*, boas*, najas*, toute la gent ophidienne surgissait de partout. Dadié, 1954 : 56. Le jardinier a tué un cobra!  (Mère de famille, Abidjan, 1980).

 

cochlospermum à teinture, n.m. Spéc. (flore). (Cochlospermum tinctorius A. Rich.). Plante de la famille des Cistales à grandes fleurs jaunes qui fournit une teinture indigène. Roberty, 1954 : 261.

 

cochon, n.m. Spéc. (faune).

1- cochon de terre, V. FOURMILIER*, ORYCTEROPE*. L'ordre des Tubulidentés n'est actuellement représenté qu'en Afrique et par une seule espèce : l'oryctérope* encore appelé cochon de terre et localement fourmilier*. Dekeyser, 1955 : 291.

2- cochon des marais, V. POTAMOCHERE.

3- cochon sauvage, V. HYLOCHERE*, PHACOCHERE*.

4- cochon gratté, argot urbain, oral, fam., péj. Blanc, Français. Entre temps il voit y avait un cochon gratté à côté qui était en train de manger son poulet. (Corpus Z., 1992, p. 106)

SYN.: blafoué*, blanco*, granin*, peau gras*, peau grattée*, toubab*.

 

cocker des lagunes, n.m. V. CHIEN* DES LAGUNES*. Nous avons des chiens locaux que l'on appelle les cockers des lagunes qui descendent du Basenje, le chien terrier du Congo. F.M., 09.03.1975.

 

cockseur, cockser, coxeur, coxer, [koksZr], n.m. Fréq., (de l'anglais), oral, tous milieux, fam., péj. Rabatteur chargé d'attirer des clients pour les cars, les taxis, les prostituées etc. Cockseurs : les petits métiers d'Abidjan. (titre d'article), Guido, 03.11.1982. [.] les fameux coxers s'agrippent à tout taxi occupé [.] pour guider le client vers la destination de son choix. FM., 22.04.1993. J'ai décidé de prendre le gbaka* à la gare d'Adjamé. "Où vous allez Madame ?"s'est écrié un cockser. Afrique matrimoniale, 22.03.1995. Il se prénommerait Arsène alias Rougeot bien connu dans le milieu des coxers de la gare routière. Ivoir'Soir, 29.04.1997. Profession apprenti-gbaka*. Fonction "balanceur*". Je ne savais pas que l'expression apprenti*-gbaka avait deux significations. Je ne l'ai su que lorsque j'ai demandé à exercer comme apprenti*-gbaka pour une journée. M.D, le chauffeur du car pris en location, a demandé ce que je voulais exactement."Tu veux être balanceur ou coxer*? Balanceur, c'est rester dans le gbaka avec moi et encaisser. Coxer*, c'est rester à la gare pour charger le véhicule." Ivoir'Soir, 26.05.1998.

COM.: graphie très fluctuante qui tendrait à se stabiliser en "coxer".

SYN.: vautour (1)*.

 

côcô, [kCkC], n.m. et v. inv. Argot nouchi, (selon Kouadio, 1990, désignerait des parasites du bois dans une l. loc., mais désigne aussi les hémorroides dans plusieurs langues Kwa), oral, fam., jeunes urbanisés, péj.

1- n.m. Type, mec qui vit en parasite "Eh! djo*, peux-tu me prêter ton slip pour demain ?"-" Mon ami, toi, tu n'es plus un côcô sapeur* mais tu es un mendiant." (BD.), FM., 27.01.1993.Les côcôs, dispersez-vous! (titre), Jeune démocrate, 11.02.1993. Suite à ces révélations, il est clair que F. L. n'est ni  côcô sculpteur ni imposteur. Détective, 22.02.1993. Il s'agit donc d'une chanson sur les parasites, les profiteurs, les pique-assiette. Pourquoi les côcôs ? Personne n'a jamais pu m'expliquer l'origine de ce mot. Krol, 1994 : 210. Les côcôs c'est les gens ils sont pas gentils / savez-vous ce qu'on appelle un côcô / les côcôs c'est les gens qui vivent dans la poche* de leur camarades [.]. (Chanson "Les côcôs" Groupe "Les côcôs", corpus T., 1994). Vraiment*, les gens n'ont pas honte quoi ! C'est quelle affaire de camaraderie forcée ça ? Côcô stratégique wa ! Ivoir'Soir, 30.10.1997. Les côcô sont ce qu'ils sont !!. Ivoir'Soir, 15.12.1997. Au tribunal de Gagnoa. Le côcô vole l'argent de la carte de séjour. (titre d'article) Ivoir'Soir, 29/30/31.05/01.06.1998. La reine mère [.] fêtera ses 98 ans le 4 août prochain. Hélas pour les côcô, elle n'invite personne. Ivoir'Soir, 15.06.1998. Ca, c'est un côcô amical. Une camaraderie forcée. Ivoir'Soir, 18.06.1998.

COM.: parfois invariable au pluriel.

DER.: côcôtiquement*.

SYN.: négociant*.

2- v.tr. Argot nouchi, zouglou, oral. fam.

a) Vivre en parasite aux dépens de qqu'un. Yodé, qu'est-ce qu'on fait / je moyen* côcô dans ton dos ce soir non? (Chanson "Les côcôs", Groupe Les côcôs, corpus T., 1992). Faut pas apprendre à trop côcô comme ça hein! (Corpus T. 1995)

b) Vider (un plat), le nettoyer, le finir jusqu'à la dernière miette. Ah ! je suis bien tombé. Je vais côcô son plat à mort. FM., 04.05.1993.

 

coco (1), [koko], n.m. ou f. Assez fréq., oral., basilecte, fam. Petit(e) ami(e) passager(e). Qui c'était ton coco à ce moment là ? (Lycéenne, Abidjan, 1976).

COMP.: chéri-coco*.

SYN.: chéri(e).

 

coco (2), n.m. Dispon., (des langues kwa) oral, fam., basilecte. V. KOKO*. Hémorroïdes. Y a encore médicament de coco. Touré, 1985 : 111. Il a coco. Il peut pas s'asseoir. (Secrétaire, Abidjan, 1981).

 

coco (3), n.m. Usuel, oral, écrit, tous milieux. (Rem.: appellation attestée avec le même sens dès le début du XVIe siècle).

1- V. NOIX* DE COCO. Noix de coco. Ce coco, planté dans les ordures, a poussé sans soins. Binger, 1892, t II : 138. J'achète très souvent le coco parce que l'eau qu'il contient est très rafraîchissante. FM., 22.04.1982. D'autres s'allongent sous les cocotiers, près des marchands de planches ou de coco. Bonnassieux, 1987 : 88. Les collégiens se mettent en quatre pour aller [.] manger une glace au cocoÿÿ la terrasse du Calao. Tierno Monenembo, 1993 : 40. "

DER.: cocota*, cocoteraie*, cocotier*.

COMP.: coco dur, coco râpé, coco taillé, coco vert, bourre* de coco, eau* de coco, huile* de coco, lait* de coco.

SYN.: noix* de coco (emploi rare localement).

2- coco dur, n.m. Fréq., (agriculture), oral, fam. mésolecte, basilecte. Nom usuel de la noix* de palmier*-rônier. Maîtresse, il m'a jeté dessus des cocos-durs pour me blesser. (Elève, Abidjan, 1975).

3- coco râpé, n.m. Fréq., (industrie, alimentation), oral, écrit, tous milieux. Albumen râpé de l'amande de la noix de coco. Seuls quelques projets liés à la noix de coco* sont susceptibles de s'installer en région sud : usine de coco râpé [.] et éventuellement de lait* de coco. Schéma directeur, 1972, t I : 35. Avant la visite de la Société ivoirienne de coco rapé [.]. FM., 10/11/12.04.1982. Coco râpé : 4000 tonnes exportées chaque année. FM., 21.05.1984. [ le touriste] peut aller voir l'usine de coco rapé qui se trouve à la sortie de Jacqueville. Rémy, 1996 : 139.

4- coco-taillé, coco taillé n.m.

a) n.m., adj. Usuel, basilecte, plaisant, ironique. Par allusion à la coque lisse de la noix de coco, "boule à zéro", crâne tondu à ras (en signe de deuil). Par extension, chauve. Parce qu'on l'appelait coco-taillé, A. blesse mortellement son patron : dix ans de travaux forcés. FM., 09.01.1975. Un homme est venu vous absenter*, Patron*. Un coco taillé. (Boy, Abidjan, 1984). Walaï,* le monde est gâté/ Coiffure genre rape ou coco taillé/ démarche spéciale, les loubards ça cogne (poésie), FM., 04.12.1990. Les hommes chauves n'auront plus à se plaindre de leurs têtes "coco taillé"[.]. Ivoir'Soir, 06.11.1997. Perdre ma "puissance" pour avoir des cheveux sur la tête. Okpô*! Je préfère rester coco taillé. Ivoir'Soir, 06.11.1997. Abdoulaye Wade. Le sémillant éminent opposant "coco taillé". Ivoir'Soir, 19.03.1998.

COMP.: aller au coco-taillé, faire coco-taillé.

b) coco taillé, (aller au ---- ) loc.verb., argot estudiantin, oral, plaisant. Pour des raisons d'argent, être contraint à une grande sobriété alimentaire, littéralement "faire son deuil" des divers agréments d'un repas. Aller au coco taillé : manger un repas sans apéritif, sans viande, sans poisson. Ivoir'Soir, 17/18/19.03.1995.

c) coco taillé, (faire ---- ), loc.verb. Fréq., oral, basilecte, plaisant. Pour un homme, se faire raser la tête, mettre la boule à zéro. Qu'est ce qu'il t'arrive ? Tu as fait coco-taillé. Tu es en deuil ou bien* ? (Etudiant, Abidjan, 1978). Pour un deuil, ici, les hommes doivent faire coco taillé et les femmes défaire les cheveux. (Informatrice, Bassam, 1982).

5- coco vert, n.m. Usuel, (agriculture, alimentation), oral, écrit, tous milieux. Fruit frais du cocotier dont on consomme l'amande à l'état de gelée et dont on boit le jus. On a acheté des cocos verts pour se désaltérer. (Secrétaire, Abidjan, 1981). Je t'ai apporté des cocos verts de la plantation. (Fonctionnaire, Abidjan, 1987).

 

cocota, côcôta, [kCkCta], n.m. Assez fréq., oral, fam., basilecte. Coup donné sur la tête, avec le poing fermé, le majeur dépassant les autres doigts. Il m'a insulté et je lui ai donné un bon cocota. (Copie 5ème Abidjan, 1977). Quand il entre en courroux, Khadafi donne des côcôtas. Ivoir'Soir, 05.01.1998. Ces "nazis" [: des policiers allemands] méritent des côcôtas en supplément. Ivoir'Soir, 27.04.1998.

 

cocoteraie, n.f. Usuel, oral, écrit, tous milieux.

1- Forêt constituée exclusivement de cocotiers. Ils sont allés faire l'omelette de Pâques dans la cocoteraie. (Convers., Abidjan, 1974). Y vivent les familles de tous les employés des deux clubs, en paillotes construites dans le style du pays, abritées par la cocoteraie. Rémy, 1996 : 96.

2- V. ANANERAIE*, BANANERAIE*. Plantation industrielle de cocotiers. 50% des plantations de cocotiers soit 10% des paysans de la zone lagunaire où est concentrée la cocoteraie [.]. Ministère du Plan, 1978, II : 35. 30 000 ha de cocoteraies fournissaient en 1982 345 000 tonnes de coprah *. David, 1986 : 54. Parce qu'il a su, avec son modeste traitement de fonctionnaire, construire cette concession*, créer cette cocoteraie de plusieurs hectares et notre plantation* de cultures vivrières. R.Yaou, 1999 : 19.

 

cocoti, [kokoti], n.m. Spéc. (flore), (du krou), spéc. (Sapium Aubrevillei Leandr.). Arbre de la famille des Euphorbiacées à écorce donnant du latex. Roberty, 1954 : 57.

ENCYCL.: ses feuilles caduques deviennent rouges avant de tomber à la saison sèche. Il porte des fruits non comestibles ressemblant à la mirabelle.

SYN.: grégré (krou).

 

cocotier, n.m. Spéc. (flore), mais usuel, oral, écrit, tous milieux. V. COCO (3)*.

1- (Cocos nucifera Linn.). Grand palmier qui produit la noix de coco. Salimata passa la porte de la cour sous les cocotiers. Kourouma, 1970 : 65. C'était un vaste parc décati [.] avec çà et là des cocotiers, des acacias, des pelouses non entretenues. Krol, 1994 : 15.

COMP.: cocotier de chine, cocotier nain.

2- cocotier de Chine, vx. V. COCOTIER NAIN.

3- cocotier nain, variété de cocotier à tronc très court. A la tombée du jour, il se mettait sur une chaise longue derrière la maison, sous un cocotier nain. Aké Loba, 1960 : 36. Sur toute la Côte, nous mettons surtout des cocotiers nains qui sont plus résistants. (Agronome, Abidjan: 1980).

ENCYCL.: à la fois résistant à la maladie* de Kaïnkopé et aisément exploitable, le cocotier nain tend à remplacer le cocotier dans les plantations du littoral.

SYN.: cocotier de Chine.

 

côcôtiquement, [kCkCtikmS], adv., Argot zouglou, (dérivé de côcô*), oral, fam., péj. A la manière d'un côcô*, suivant les façons d'un parasite. Evitez beaucoup de danser dans les maquis* / car / côcôtiquement parlant on vous traitera de côcô/. (Chanson "Les côcôs" Groupe Les côcôs, Corpus T., 1994).

 

Codivoire, [kCdivwa:], n.f. Fréq., oral, basilecte peu ou non-scolarisés mais fam. et plaisant chez les lettrés. Prononciation et écriture familière pour Côte-d'Ivoire. Notre chère Codivoire [.] est-elle si mal en poin.? Nouvelle Presse, 29.04.1993. Codivoire même, y a pas chose on fait épis y a pas couloir* dedans. ( : En Codivoire, on ne fait rien sans magouille., ID, n° 646, 48, BD.).

 

codjo, [kodFo], n.m. V. KODJO*. Filmer en bas des femmes! Si cela s'était passé au marché d'Anono ou de Konankro, que de codjos on allait voir dans les films !  Ivoir'Soir, 28.08.1997.

 

coépouse, co-épouse, n.f. Usuel, oral, écrit, tous milieux. Chacune des épouses d'un polygame par rapport aux autres épouses. La vieille épouse veillant aux biens du mari tandis que la jeune co-épouse travaille [.]. Deluz, 1978 : 222. Le couple vivait en bons termes jusqu'au jour où en 1972, A. se prend de querelle avec sa coépouse. FM., 31.12.1980. Elle voulait sans doute lui dire quelque chose mais elle semblait avoir peur. Peur de ses co-épouses, de son mari. Koné, 1980 : 49. A présent, il me faut laisser la place à une autre co-épouse. Kourouma, 1990 : 154. S'il vous arrivait de vous marier, accepteriez-vous une co-épouse ? Mousso, 07.03.1995. J'accepterais d'être une co-épouse [.] si la première ne s'oppose pas. Mousso, 10.03.1995. Et tout se passait dans le dos de la concubine qui, sans le savoir, avait comme co-épouse sa propre fille. Ivoir'Soir, 19.06.1997.

COM.: graphie courante co-épouse.

SYN.: rivale*.

 

coeur, n.m. Fréq., oral surtout, (calques de langues locales), fam., mésolecte, basilecte.  Siège des émotions, selon la symbolique locale du corps humain.

1- coeur, (attraper son ---- ), loc.verb., V. TRAPER* SON COEUR, Se montrer maître de soi, garder le contrôle de soi. Ne pleure pas, sois forte, attrape ton coeur. Anoma Kanié, 1978 : 77. Attrape ton cœur ! c'est ton fils quand même! (Mère de famille, Abidjan, 1979). Ne sais-tu donc pas attraper ton cœur ? Le refroidir*? Y. Konaté, 1987 : 39.

2- coeur, (avoir le ---- doux), loc.verb., Avoir un tempérament calme et indulgent. Mais c'est difficile d'élever les enfants, surtout en ville : il faut avoir de la patience et un coeur doux parce qu'ils suivent des camarades qui sont des voyous et qui ne veulent pas fréquenter les bancs*. Deniel, 1985 : 219.

3- coeur, (avoir le ---- au vert), loc.verb. Etre paisible et détendu. Un dimanche qu'il se détendait en chevauchant, le coeur au vert [.]. Du Prey, 1979 : 38. Le dimanche, sous l'apatam*, on a le coeur au vert ! (Fonctionnaire, Abidjan, 1990).

SYN.: être à l'aise*.

4- coeur, (calmer son ---- ), loc.verb. Plutôt recherché. Se calmer, apaiser sa colère ou son émotion. Si tu crois que c'est facile de calmer son coeur et d'oublier ce qu'il a fait! (Infirmière, Abidjan, 1989). Si tu n'as pas calmé ton coeur, tu vas te faire du mal. Deniel, 1991 : 159.

SYN.: froidir* son coeur, refroidir son coeur, poser son coeur froid.

5- coeur, (mon [ton, son, etc] ---- est chaud de quelqu'un), loc. verb  Désirer qq'un charnellement. Mon coeur a été chaud de toi, j'ai eu soif de toi, de ton amour. Anoma Kanié, 1978 : 96.

6- coeur (mon [ton, son, etc] ---- est coupé), V. COUPER* loc.verb. Etre sous le coup d'une grande émotion, avoir le coeur qui bat trop fort ou semble s'arrêter de battre (terreur, fureur, jalousie, etc). J'ai dit :"J'ai vu mais j'ai le coeur coupé." Arnaut, 1976 : 94. Quand je les ai vus, tout de suite, j'ai compris et j'ai eu le coeur coupé. A. Kouadio, 1983 : 8. "Mon coeur est coupé" est pour traduire un effet de grande surprise ou un état de frayeur avec la sensation physique de coeur détraqué. Cela ne peut s'expliquer par un coeur brisé c'est-à dire défait, éprouvé par une immense déception ou un profond chagrin. FM., 03.01.1984.

7- coeur, (mon [ton, son...] n ---- est propre), loc.verb. Surtout employé à la forme négative. Etre droit, loyal, honnête. C'était un musulman comme moi mais son coeur n'était pas propre. Deniel, 1987 : 42. Moi je vous dis que son coeur n'est pas propre et qu'il ne veut pas la marier*. (Coiffeuse, Bouaké, 1990).

8- coeur, (être le gros ---- ), loc. verb. Etre prompt à la colère, être soupe au lait. [.] mais Seydou, ce n'était pas seulement le gros cœur ! Konaté, 1987 : 42. C'est le gros coeur mais il n'est pas méchant dans le fond. (Institutrice, Bouaké, 1979).

9- coeur, (détourner le ----), loc.verb. Modifier les sentiments d'une personne par l'utilisation de certaines drogues. J'ai dit à mon frère :"Faut pas manger, ils ont mis des choses dedans pour détourner notre coeur". On refusait toute nourriture car je savais qu'on pouvait utiliser certains médicaments* pour nous faire oublier notre père. Akissi Kouadio, 1983 : 9.

10- coeur, (froidir son ---- ), loc.verb. Se calmer (si l'on s'emporte), garder son calme (si l'on a des raisons de se fâcher). Madame, faut froidi ton coeur ! Ton camion là n'a rien même ! Zazou, n° 16, mai 1982. (B.D. : Calmez vous, Madame, votre voiture n'a pas une égratignure!)

SYN.: calmer son coeur, refroidir son coeur, poser son coeur froid.

11- coeur (poser son ---- froid), loc.verb. Rester maître de soi, garder son calme. Faut poser vos coeurs froids! On va gagner. Zazou n°13, 1981.

12- coeur, (refroidir son ---- ), (froidir son ----), loc.verb. Plutôt lettrés et scolarisés moyens. V FROIDIR SON COEUR*. Je refroidirai mon coeur si je veux!  (Enseignante, Abidjan, 1979). Calmez vous, intervint quelqu'un, refroidissez vos coeurs. A. Koné, 1980 : 81. Crois-moi, il m'a fallu du temps pour refroidir mon coeur devant ce faux-type* ! (Secrétaire, Abidjan, 1982). Donc je dis à mes chers frères* ivoiriens, ceux qui sont contents et ceux qui sont fâchés, de refroidir leur coeur, je reviens sur la scène. FM., 30/31.01.1982. A son retour, le vieux* a mis du temps à refroidir son coeur, raconte Moussa. Bonnassieux, 1987 : 180. Ne sais-tu donc pas attraper ton cœur ? le refroidir ?* Y. Konaté 1987 : 39. [.] trop peiné pour que le coeur immédiatement se refroidisse, il priait son père de parler [.]. Kourouma, 1990 : 206. Comme mon coeur était chaud* à cause du patron*, elle me faisait des cadeaux pour me refroidir : de l'argent, des habits, des chaussures. Deniel, 1991, 156. Tu es chaud*, il faut te refroidir. Krol, 1994 : 122. lls m'ont essuyé les larmes, ils m'ont demandé de refroidir le coeur (refroidir le coeur veut dire apaiser mon sentiment de colère, de peine) et on dit que maman n'était pas, ne pouvait pas être une sorcière. Kourouma, 2000 : 28.

13- coeur (se salir le ---- ), loc.verb. Dispon., écrit, péj. s'angoisser, s'encombrer l'esprit. Le commandant se salissait le coeur avec des inquiétudes qui ne résistaient pas à un revers de main. Kourouma, 1990 : 74.

14- coeur, (traper son ---- ), loc.verb. Dispon., oral surtout, basilecte. V. ATTRAPER SON COEUR. Garder le contrôle de soi, ne pas se faire de souci. Trapé ton coeur, y a pas match* (: Te fais pas de mouron, c'est gagné d'avance., Supporter, match de football, Abidjan, 1979).

SYN.: attraper son coeur.

15- cœur, (venir avec un ---- noir), loc. verb. Venir avec de mauvaises intentions. Celui qui est venu avec un coeur noir, pour faire le mal, que ce mal revienne sur lui . Deniel, 1991 : 148.

16- coeur, (y faut pas debout ton ---- !), loc.verb. V. FROIDIR SON COEUR*. Y faut pas debout ton coeur : il faut te calmer. Première leçon de français de Moussa*. Jeune Afrique, 24/30.07.1996 : 95.

 

coeur de boeuf, n.m. Spéc., (flore), (du brésilien "corazâo de boï"). V. ANONE*, ATIER*, COROSSOLIER*, CHERIMOLIER*, POMME-CANNELLE*. (Annona reticulata Linn.). Arbre fruitier importé des Antilles et cultivé pour ses fruits délicieux jaune brun ou rouge. Fruit de cet arbre. Roberty, 1954 : 25. Aubreville, 1959, I : 119

 

coeur de palmier, n.m. V. CHOU*-PALMISTE. Les paysans proposent les coeurs de palmier bien tendres. Gaudio, 1984 : 17.

 

coffre, n.m. Spéc. (faune). (Acanthostracion guineensis Bleeker). Curieux poisson de la famille des Ostraciontidae, à carapace rigide polyédrique formant une sorte de coffre indéformable. Seret /Opic, 1981 : 378. Les coffres ne sont pas consommés mais naturalisés, puis vendus comme curiosités sur les marchés. (Professeur, Abidjan, 1983).

SYN.: poisson*-coffre.

 

cogo-cogo, adv. V. TCHOGO*-TCHOGO.

 

cogniper, n.m. Vx, obsolète depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Mélange de cognac et de perrier, boisson alcoolisée préférée à l'époque coloniale. [.] les employés et les ouvriers s'adonnaient au jeu de boules et buvaient le cogniper. Amondji, 1984 : 175.

 

cohabitant, co-habitant, n.m. Usuel, (ville), oral, écrit, tous milieux. Locataire d'un logement par rapport aux autres locataires occupant des logements autour d'une même cour*. Le plaignant et lui-même sont des co-habitants. En fait, ils seraient au nombre de quatre personnes dans la même cour*. FM., 17.02.1982. T. G. toujours amoureux et par conséquent brûlant de jalousie, s'est emparé de sa machette* et s'est approché de son cohabitant. FM., 20/21.02.1982. Apparemment il venait de souper l'herbe sous les pieds de ses cohabitants [.]. Ivoir'Soir, 03.02.1998.

COM.: les deux graphies semblent également utilisées. Pluriel : cohabitants, co-habitants, féminin (rare) : cohabitante, co-habitante.

 

coiffure afro, n.f. Fréq., vieilli. oral, fam. surtout, jeunes.

1- Coiffure masculine (surtout) ou féminine formant une très importante toison autour de la tête. Beaucoup de peignes aussi, aux dents très écartées, pour les coiffures afro. Gaudio, 1984 39.

SYN.: afro*.

2- Rare. Se dit aussi de la coiffure masculine à longues nattes de style jamaïcain rastaman. [.] un brin de fantaisie et d'audace qui le distinguait autant que sa célèbre coiffure afro. Konaté, 1987 : 49.

 

coir, n.m. Spéc., (flore, industrie). Couche de fibres ligneuses qui entoure la coque de la noix de coco. Les fibres de son mésocarpe [: celui de la noix de coco] constituent le coir du commerce. Busson, 1965 : 505. Sous le coir, se trouve une coque dure renfermant une amande et un germe. IPAM, 1962 : 25.

SYN.: bourre* de coco.

 

cokseur, n.m. V. COCKSEUR*. Pour le taxi*-brousse, je connais un frère*, cokseur à la gare routière. (Lettre, informateur, Abidjan, 1992).

 

cola, kola n.f. ou m. Usuel, oral, écrit, tous milieux.

1- Terme générique désignant de nombreuses espèces de petits arbres de la famille des Sterculiacées, principalement Cola attiensis Aubr. et Pellegr. ou aoussou* (de l'attié) ; C. laurifolia Mast, ou Kolombélo* (de l'attié) ; C. reticulata A. Chev. ou Gro* (du yakouba) ; C. cordifolia [Cav] R. Brou ou Ntaba* (du bambara) ; C. gigantea A. Chev ou Grand Oouara* (de l'abé, de l'attié) ; C. lateritia Schum. var. Maclaudii [A. Chev] Brenan et Keay ou Petit Oouara* ; C. Caricaefolia [G.Don] K. Schum ou Kakoua* ; C. heterophylla [P. Beauv.] Schott et Endl. ou Akéato* ; C. digitata mast. ; C. chramydantha K. Schum. ou Doloko* (de l'abé) ; C. Buntingii Bak.f. ou Gaouo*. Les essences cultivées ou exploitées sont : Cola nitida [Vent.] Schott. Endl. V. Kolatier* et C. acuminata [P. beauv.] Schott. Endl. ou Faux* Colatier.

DER.: colatier*.

COMP.: faux* colatier.

2- Fruit du Cola nitida [Ventl.] Schott et Endl. ou noix* de cola. [.] quelques musulmans mâchent prosaiquement de la cola. Dadié, 1954 : 27. Vers 1890, le cours des colas était de 2010 soumbas* ou un poisson sec du Niger pour 110 noix. Du Prey, 1962 : 71. La cola, dans la civilisation mandingue joue le même rôle que le cauris* ou même le boeuf ailleurs. elle est, là-bas, indispensable aux cérémonies de mariage, de fêtes et autres manifestations  FM., 21.10.1982. Ils jetèrent cauris* et colas. Carlos, 1994 : 16.

ENCYCL.: il s'agit en fait de graines contenues dans une cabosse*. La cola est un excitant nerveux et cardiaque très prisé chez les populations de savane. Elle sert de cadeau traditionnel et est l'objet d'un commerce très ancien avec les populations forestières qui s'occupent de la cueillette. Elle sert également à la divination.

LOC.: croquer la cola, donner le prix de la cola, offrir la cola.

DER.: colatier*.

COMP.: cola blanche, cola rouge, cola rose, feuille à cola, petit* cola.

SYN.: noix de cola*.

3- cola blanche, cola blanc, kola blanc, noix du Cola nitida var. alba ou var. mixta, la plus cultivée dont les graines mélangées sont rouges, blanches ou roses. [.] le sacrifice de deux colas blancs [.]. Kourouma, 1970 : 151. Il [.] absorbe deux colas blancs. Kerharo /Bouquet, 1950 b : 20. Le guérisseur mache avec violence le produit de la mastication [.] d'une araignée* de case et d'un kola blanc. Ibid. : 34. Il empocha deux pièces de 100 F pour nous informer que notre étoile attirait vers nous une grande fortune qui ne nous échappera pas si nous sacrifions trois colas blanches à n'importe quel passant un vendredi. A. Touré, 1985 : 143.

4- cola rouge, noix du cola nitida var. rubra ou mixta cultivée à graines mélangées rouges, blanches ou roses. Je vous donne ce coq rouge, ces colas rouges pour tuer un tel. Kerharo /Bouquet, 1950 b : 43. Ce féticheur, tout en mâchant un kola rouge[. Ibid. : 57. Que la cola rouge réconcilie le fleuve et la mer à l'embouchure. Carlos, 1994 : 88.

5- cola rose, noix de cola nitida var. pallida, de petite taille et de couleur rose. La cola rose n'est pas cultivée, c'est un produit de cueillette. (Agronome, Abidjan, 1978).

6- cola, (petit ---- ), n.m. V. PETIT* KOLA.

7- cola, (croquer la ---- ), loc.verb. fréq. surtout, nord musulman. Consommer de la cola. Ils croquent la cola pour couper la faim et avoir de la force. (Informateur, Dabakala, 1979). Tellement ils croquaient la cola que deux avaient les mâchoires nues , complètement, comme les séants d'un chimpanzé*. Kourouma, 2000 : 27.

8- cola, (donner le prix de la ---- ), loc.verb. Donner un pourboire ou un pot de vin, graisser la patte à un fonctionnaire. Il me fallait à tout prix obtenir une licence. Et j'ai pensé qu'en donnant le prix de la cola au fonctionnaire, il allait me satisfaire*. FM., 17.03.1982.

SYN.: faire* le geste français, mouiller* la barbe.

9- cola (offrir la/le ---- , offrir les ---- ), loc.verb. Demander une femme en mariage. Un garçon [.] offrait des colas pour la retenir comme femme du groupe* d'âge. Il était ennuyeux, les colas furent refusés. Kourouma, 1990 : 130.

ENCYCL.: traditionnellement, une demande en mariage débute par l'offre de cola. Si cette dernière est refusée, il est inutile d'exprimer la demande. Il en est de même aussi, dans le groupe manden, pour une demande de femme de groupe d'âge (: compagnonnage sexuel sans pénétration et provisoire, entre jeunes gens du même âge, préliminaire au mariage de la jeune fille).

NORME : la graphie la plus fréquente reste cola, pl. colas. le genre tend à se stabiliser sur le féminin.

 

colatier, kolatier, n.m., adj. Spéc. (flore), mais usuel. (Exclusivement Cola nitida [Vent.] Schott, Endl. = C. vera K. Schum.).

1- n.m. Petit arbre forestier de la famille des Sterculiacées qui fournit la noix* de cola. [.] la forêt de colatiers qui en faisait partie est devenue charbon de bois. FM., 29.11.1979. [.] le vieux T. [.] était un homme riche au temps* colonial il possédait des colatiers. Gaudio, 1984 : 131. [.] les colatiers, les caïlcédrats*, les badamiers* [.] donnent à Abidjan et à ses rues, la plus belle parure qui soit. Rémy, 1986 : 14. C'est en 1971-72 que [.] l'Etat [.] transforma les plantations* familiales de cacoyers*, de caféiers* et de kolatiers ceinturant le village akyé d'Andokoi en une zone industrielle de 500 hectares. Yapi Diahou, 1986 : 54. Puis on a commencé à [.] grimper aux kolatiers pour cueillir leurs noix. Deniel, 1991 : 92.

ENCYCL.: on distingue quatre variétés. C. rubra à grosse noix rouge (V. COLA* ROUGE), C. alba à grosse noix blanche (V. COLA* BLANC), C. mixta à mélange rouge, blanc et rose, la plus répandue à l'état cultivé et C. pallida à noix rosées, forme sauvage. (V. COLA* ROSE).

COM.: de plus en plus souvent orthographié colatier.

COMP.: faux* colatier.

SYN.: arbre* à cola, apôhia (ébrié), éhouéssé (agni), ouro/gouro (mandenkan),

2- adj. Lettrés, écrit, spéc. De la cola, liée à la cola. La récolte colatière était surtout liée à la cueillette. (Professeur, Abidjan, 1982.)

 

colibri, n.m. Spéc. (faune), dispon., lettrés. V. SOUIMANGA*. Nom donné à plusieurs souimangas de la famille des Nectarinidae, aux couleurs éclatantes, métallisées, notamment Anthseptes longuemareri Lesson, Nectarinia senegalensis Linné, Nectarinia batese Ogilvie-Grant. [.] ma Côte-d'Ivoire [.] des colibris à la robe diaprée /Et des perroquets couleur de feu. Dadié, 1950 : 78. Les colibris babillards ne /Boiront plus de leurs eaux. Kotchy, 1982 : 3. [.] j'étais dans le vent et dans le ramage des colibris. M. Bandaman, 1993 : 126.

ENCYCL.: bien qu'il y ait une ressemblance superficielle avec les colibris, espèce exclusivement américaine, l'appellation est impropre pour l'oiseau africain. Serle /Morel, 1988 : 221.

 

coliou barré, n.m. Spéc. (faune). (Colius striatus Gmelin). Oiseau grimpeur mince, huppé, aux très longues ailes, à la queue et aux pattes corail. Famille des Coliidae. Il vit dans les savanes humides, lisières forestières. Serle /Morel, 1988 : 121.

 

collecteur de marché, n.m. Usuel. (administration), oral, écrit, tous milieux. Agent administratif de la mairie ou de la préfecture chargé d'encaisser les patentes des commerçants du marché. Deux (faux) collecteurs de marché rançonnaient les commerçants. FM., 21.12.1982.

 

collectivité, n.m. V. CHEF* DE COLLECTIVITE.

 

coller la paix, loc.verb. Dispon., oral, écrit, tous milieux. Euphémisme pour "ficher la paix". Ca te regarde ? Colle-moi la paix ! (B.D.) Ivoir'Soir, 18.01.1998.

 

colobe, n.m. Spéc. (faune). Terme générique appliqué à plusieurs espèces de singes d'aspect assez différent. C'est à ces endroits que l'on a le plus de chances de voir des animaux comme les colobes, les hylochères*, les potachères*. FM., 13.10.1983.

1- colobe noir et blanc d'Afrique occidentale (colobus polykomos Zimmermann). Sous-espèces locales : c. polykomos ou colobe-magistrat (jusqu'à la Sassandra). Poils entourant le visage assez longs et lâches, gris comme l'avant des épaules, cuisses noires, queue blanche sans touffe, c.. dollmani Schwartz (de la Sassandra au Bandama) : poils entourant le visage, longs, épais et blancs, manteau petit et blanc, cuisses et queue blanches, c. wellerosus Geoffroy St Hilaire (centre du pays et est) comme le précédent mais cuisses partiellement blanches. On peut citer l'opération [: contre le braconnage] du 7.10.1979 au cours de laquelle 107 colobes-magistrats, 22 céphalophes*, un varan* ont été saisis à bord de deux véhicules. FM., 05.10.1982. Haltenorth /Diller, 1985 : 285. C'est avant tout le royaume enchevêtré, touffu des antilopes [.] et des singes (chimpanzés, patas*, colobes magistrats). David, 1986 : 99. Signalé (Comoé, Marahoué, Taî, Azagny). Bousquet, 1992 : 155.

SYN.: singe* noir.

2- colobe bai, (Colobus badius badius Kerr.). Assez grand singe à front et cuisses roux foncé, dos et queue noir. De très nombreuses espèces de colobes-bais ont été décrites. Dekeyser, 1955 : 132. Haltenorth /Diller, 1985 : 288. Signalé (Marahoué, Taï), Bousquet, 1992, 163.

3- colobe de Van Beneden, (Colobus verus Van Beneden). Singe de taille moyenne à pelage vert olive Le colobe de Van Beneden est de taille un peu plus faible que celle des colobes bais* : il porte sur la tête une touffe de poils formant un petit cimier. Deketser, 1955 : 133. Le colobe de van Beneden est menacé. Haltenorth /Diller, 1985 : 289. Signalé (Taï), Bousquet, 1992 170.

SYN.: colobe vrai.

 

colocase, n.f. V. OREILLE* D'ELEPHANT.

 

colon, n.m. V. EPOUX* DE L'AU-DELA, SONDJA*, STATUETTE* COLON. Les statuettes dites colon [.] ce sont des sculptures de bois de 10 à 50 cm de hauteur environ, représentant des personnages caricaturés, souvent européens [.], outrancièrement peinturlurés. Gaudio, 1984 : 183.

 

colonat, n.m. Vx., péj. Ensemble constitué par les colons européens, à l'époque coloniale. Les quelques riches planteurs africains n'étaient ni assez riches ni assez entreprenants [.] par rapport au colonat européen. Suret-Canale, 1968 : 61.

 

coloniser, v.tr. Assez fréq., oral, fam., tous milieux, péj. S'emparer abusivement de qqch. Eh là ! Faut pas coloniser mon bic ! (Etudiant, Abidjan, 1982). Pour donner confiance dans la médecine et les pouvoirs surnaturels des guérisseurs africains convertis au christianisme et empêcher que les Blancs colonisent aussi les traditions et le savoir secret des autochtones [.]. Gaudio, 1984 : 57.

 

combassou [du Nigéria], n.m., Spéc., (faune), (du wolof). V. OISEAU*-INDIGO. (Vidua funerea nigeriae Alexander). Oiseau savanicole de la famille des Ploceidae. Serle /Morel, 1988 : 244.

ENCYCL.: le mâle en plumage nuptial est bleu nuit à vifs reflets verts.

 

combattu, n.m. V. ANCIEN* COMBATTU.

 

combien-combien?, loc. interr. Usuel, (calque du distributif dans les langues locales), oral, basilecte. Combien chacun ? Taxi-compteur* là pour Adjamé, nous trois, ça fait combien-combien ? (Etudiante, Abidjan, 1978).

 

come, [kCm], n.m. Dispon., argot, urbain. Unité de mesure de vente de la marijuana. Le come est vendu 100F la boule. Ivoir'Soir, 29.07.1997.

SYN.: wasso*.

 

comikro, commikro, camp* commis, [komikro], n.m. Vx., (hybride du français "commis" et du baoulé -kro "village"). Quartier, en zone urbaine, où résidaient les Africains "cols-blancs", à l'époque coloniale. Le comikro avait un esprit à lui. Les chefs de famille* pouvaient être considérés comme des privilégiés parce qu'ils parlaient français, parce qu'ils travaillaient dans les bureaux du Plateau*. Tirefort, 1974, t I : 300. On l'appelle Camp Commis à cause peut-être de son uniformité presque militaire, mais surtout, parce que c'est là que sont groupés tous les noirs évolués* susceptibles d'aider au développement et à la pacification. Anoma Kanié, 1978 : 213.

COM.: plus souvent écrit "comikro ".

SYN.: camp* commis.

 

comité d'auto-défense, n.m. Assez fréq., récent (1982)., oral, écrit, milieu urbain. Association constituée par les habitants d'un quartier, destinée à la formation d'équipes d'hommes armés qui patrouillent pour assurer la protection nocturne des habitations. Dans certains quartiers, des comités d'auto-défense sont attaqués à main armée. FM., 09.12.1982. (1e attest. locale rencontrée).

 

commandant [de cercle], n.m. Vx. (histoire), dispon. V. CHEF* DE SUBDIVISION.

1- A l'époque coloniale, administrateur civil placé à la tête d'un cercle*. Actuellement, parfois, désigne le préfet. Les rapports du commandant de cercle d'Odienné en 1933 soulignent l'absence de colons. Tirefort, 1974, t. II : 101. Je me rappelle qu'à plusieurs reprises nous sommes allés chez le commandant. Akissi Kouadio, 1983 : 7. Le commandant m'a déféré en disant que* (sic) pourquoi je suis allé faire des palabres* chez les gens, là-bas, dans le garage. FM., 20.01.1983. Le commandant de cercle voyait ces rapports d'un mauvais oeil. FM., 18.10.1983. Cet honorable chef* a passé une semaine dans la prison illégale de la sous-préfecture [.]. Pour n'avoir pas répondu à temps à la convocation du commandant noir. J. Guenaman Colbert, 1985 : 43. Dès qu'il eut le grade de commandant de cercle [.]. Kourouma, 1990 : 119. Je filerai sur Djenné, chez le commandant de cercle. Bailly 04.03.1895, in Niamkey-Kodjo, 1991 : 109. Monsieur le sous-préfet roule en ... badjan*[.]. Aussi réclame-t-il un véhicule de fonction. Qu'on fasse vite! Le "commandant" de Bassawa en a marre de se déplacer comme un vulgaire citoyen. Ivoir'Soir, 21.04.1998.

ENCYCL.: si "commandant de cercle" renvoie à l'époque coloniale, "commandant" peut désigner un préfet ou un sous-préfet, actuellement.

SYN.: commandant civil (rare et obsolète).

2- Terme d'adresse respectueux, utilisé, à l'époque coloniale, pour parler au commandant de cercle ou au chef de subdivision. Par extension, terme d'adresse actuel pour parler au préfet ou au sous-préfet. Les sous-préfets se faisaient appeler commandant comme autrefois. Du Prey, 1979 : 63. Commandant (appellation familière des sous-préfets dans les villages) quel sens revêt cette manifestation pour le responsable administratif que vous êtes ? FM., 19/20.05.1980.

 

comme, adv. Locutions :

1- comme ca, loc.adv. Fréq., oral, peu ou non scolarisés. Accompagne une indication d'action ou de temps précis`pour marquer qu'il s'agit, en fait, d'une approximation. Lorsqu'on le rappelle pour reprendre le travail, il dit comme ça :"Ohô! ça là ? Je connais* déjà." Y. Konaté, 1987 : 10. C'était plus de minuit comme ça tard. Krol, 1994 : 122. Le papa et la maman de la dame de fer sont revenus matin comme ça vers 6 heures, toujours avec le mouton. Krol, 1994 : 123.

2- comme de coutume, loc.adv. Assez fréq., oral, mésolecte. Conformément à la tradition du groupe ethnique. Pourtant, il avait doté* la fille comme de coutume. (Juge, Guiglo, 1978).

SYN.: coutumièrement*.

ANTON.: contre la coutume*.

 

commencer l'amitié, loc.verb. Dispon., oral, fam. mésolecte, basilecte, mélior. Euphémisme pour entamer une relation amoureuse, pour le bon motif, commencer à sortir ensemble (en parlant d'un garçon et d'une fille). On a commencé l'amitié petit à petit. Deniel, 1991 : 88.

 

commerce, n.m. Usuel, ville, oral, écrit, tous milieux.

1- Rue commerçante, quartier où se rassemblent de nombreux magasins. Le commerce se trouve à peu de distance du quartier administratif (plateau*). Selon l'importance des villes, il s'agit d'une rue ou d'un quartier. Monnier, 1974 : 34.

LOC.: aller au commerce.

2- commerce, (aller au ---- ), loc.verb. Fréq., ville, oral, écrit, tous milieux. Aller faire des courses dans le centre ville. Le samedi on va toujours au commerce, comme tout le monde. (Enseignant, Abidjan, 1990).

SYN.: acheter*, aller au Plateau*, commissionner*.

 

commikro, n.m.,V. COMIKRO*.

 

commis, n.m. Vieilli., oral, écrit, mélior.

1- Employé de bureau du secteur privé. Les Abréba* ou les commis ou les lettrés sont presque tous fonctionnaires. A. Kanié, 1978, 213. Ils ne roulaient pas en carrosse, ces fils de fonctionnaires ou de commis. Konaté, 1987 : 160. Après le BEPC, j'ai pris une place de commis dans une société de la ville. (Aide-comptable, Bouaké, 1987). Les autres, des infirmiers à l'hôpital, des secrétaires de boutiques qu'on appelait encore "petits commis"[.]. Oussou-Essui, 1999 : 59.

COMP.: camp* commis, commikro*, commis-vendeur.

SYN.: abréba*, lettré*.

2- commis-vendeur, n.m. Vendeur, employé de magasin. Je suis commis-vendeur dans une société privée. FM., 07.03.1983.

 

commission (envoyer la ---- ), loc.verb. V. ENVOYER*.

 

commissionner, v.tr.

1- Assez fréq., oral, fam. mésolecte, basilecte  Mandater qqn pour une démarche, une mission, une intervention. Il [: l'oncle maternel] m'a commissionné pour ses affaires de famille. Gibbal, 1974 : 35. Le gérant m'a commissionné pour faire l'état des lieux. (Employé, Abidjan, 1984).

2- v. intr. basilecte. Aller faire des courses. Pas le samedi. Nous allons commissionner au Plateau*. (Couturière, Abidjan, 1980).

SYN.: acheter*, aller au commerce*.

 

commune, n.f. Vx, Spéc., (administration)  Structure administrative dont, jusqu'au 15.10.1980, date d'adoption de la loi de modification, il existait trois types : commune mixte, commune de moyen exercice, commune de plein exercice. En effet, avant 1978, il existait en Côte-d'Ivoire, trois classifications de communes, classifications héritées de la colonisation devenues communes de plein exercice. FM., 10.10.1980.

COMP.: commune de moyen exercice, commune de plein exercice, commune mixte.

DER.: communalisation*.

 

communalisation, n.f. Spéc. (administration). Opération visant à transformer chaque bourg de Côte d'Ivoire en commune de plein exercice. En 1980, au début de la communalisation*, ,j'ai été approché par une délégation mixte composée d'autochtones et d'allogènes. Ivoir'Soir, 29.04.1997.

 

compagnon de bouteille, n.m. Dispon., oral, fam. Personne avec laquelle on a l'habitude de partager des boissons alcoolisées dans un bar. Non ce n'est pas mon bras* droit, juste un compagnon de bouteille. (Fonctionnaire, Abidjan, 1990). Combien de bières offrons-nous à nos visiteurs ou autres "compagnons de bouteille" chaque mois ? FM., 08.03.1996.

 

compensation matrimoniale, n.f. Spéc. (tradition), manuels. V DOT*. Terme spécifique de l'ethnographie qui semble plus approprié que celui de dot*. Ce qu'on a coutume d'appeler en Afrique, tout-à-fait improprement dot* et qu'il serait plus exact de qualifier de compensation matrimoniale ou de prix de la fiancée. Schwartz, 1975 : 89.

SYN.: dot*, prix* de la fiancée.

 

compétir, v. intr. Usuel, oral, écrit, tous milieux sauf universitaires. Concourir, participer à une compétition. Nous sommes contraints à compétir dans une langue non-maternelle. (TV., 28.02.1982, 21 h). J'ai été amené à compétir au niveau de mon arrondissement. FM., 02/03/04.04.1983. Comment voyez-vous vos Miss Abidjan, par rapport aux autres qui viendront compétir pour Miss C.I.? Jeune Démocrate Magazine, 11.02.1993. Après la coupe pour laquelle avaient compéti les écoles de natation [.]. FM., 20/21/20.02 1993. En débarquant le 28 août dernier [.] Lakimado n'était pas sûr de compétir. Ivoir'Soir, 17.03.1997. J'adore compétir. Ivoir'Soir, 13.01.1998.

SYN.: concurrencer qqn.

 

complet (1), adv. Fréq., oral, écrit, mésolecte, basilecte, plaisant. pour les autres. Complètement, entièrement, tout à fait. Tailleur là, il a gâté complet mon bazin*. (TV, émission de L. Groguhet, "Comment ça va ?" 31.03.1984, 20h30).

 

complet (2), complet de pagne, complet-pagne, n.m. Usue., oral, écrit, tous milieux.

1- Ensemble féminin composé d'une camisole*, d'une jupe longue, d'une pièce de tissu qui s'enroule autour de la taille (servant éventuellement à porter un bébé au dos*), d'un mouchoir* de tête, tous confectionnés dans un même tissu. Ahou (elle fait l'inventaire de ses effets) :"Six complets de pagnes de sortie et six mouchoirs*, quatre complets de pagne de travail, une chaînette et deux paires de boucles d'oreille en or [.], trois kodjo* [.]. Amon d'Aby, (Kwao Adjoba), 1973 : 27. [La disparue] est habillée d'un complet pagne bleuâtre [.] et porte un panier de voyage en rônier*. FM, 05.06.1982. Pour faire un complet, les femmes achètent trois pagnes : le premier pagne est pour la camisole*, le second pour la jupe longue, le troisième est noué à la taille ou sert aux mères pour accrocher leur enfant. Guido n° 33, 16/22.06.1982. Les malfrats se sont contentés du poste téléviseur, de 105 complets de pagne, de 4 pagnes kita* [.]. Ivoir'Soir, 29.08.1997. Peu après, son épouse qui avait reçu du roi* un complet de pagne et un tabouret* le rejoint. Le nouveau président de l'Assemblée nationale venait ainsi de recevoir l'onction du roi de l'Indénié. Ivoir'Soir, 15.09.1997. [.] sa garde-robe se résumait à un "maxi" délavé et quelque deux complets de pagne. Ivoir'Soir, 13.01.1998. Sa mère avait pris une douche et, abondamment poudrée, portait un complet de pagne neuf. R. Yaou, 1999 : 14.

SYN.: ensemble* pagne.

2- Par extension : pièce de pagne* de neuf yards*, permettant de confectionner l'ensemble féminin décrit ci-dessus. Lorsque je suis arrivée au village, la femme qui m'a trompée [: une entremetteuse] m'a acheté trois complets-pagne. ID, 15.04.1973.

ENCYCL.:" complet "désignant le costume masculin occidental est également usité.

3- complet kaki, n.m. Fréq., oral, écrit, tous milieux. V. KAKI*. Uniforme (culotte courte et chemise-veste) des garçonnets de l'école primaire. Dans quinze jours, un joli complet kaki, des chaussures neuves et partir à la découverte des merveilles de la vie scolaire. Koné, 1980 : 18.

SYN.: kaki*.

4- complet-samba, n.m. Dispon., oral, écrit, mésolecte, mélior. Ensemble masculin composé d'un pantalon et d'une veste assortie, à manches courtes, sans doublure, portant trois poches plaquées. Soudain, à 11h, trois hommes habillés de complet-samba (couleur sombre), saluèrent le gardien et se firent conduire dans le bureau du Directeur. FM., 10.04.1983.

SYN.: samba* trois-poches (part.).

 

complexe sucrier, n.m. Fréq. (industrie), (1ère attest. 1971), oral, écrit, tous milieux. Vaste ensemble agro-industriel allant des champs de canne à sucre aux usines de traitement et de production de sucre raffiné, prêt pour la vente. Naguère modeste bourgade, Zuénoula est aujourd'hui, grâce à la naissance du complexe sucrier, une ville très impressionnante d'activités. FM., 19.10.1979.[.] les deux complexes sucriers de Côte-d'Ivoire, Ferké 1 (1974) et Ferké II (1979), ont totalement défiguré le paysage originel, mis en place un impressionnant système d'irrigation et provoqué -phénomène unique- des migrations de main-d'oeuvre du sud du pays vers le nord. David, 1986 : 100. Les milliards de la Caistab* ont été détournés. Les complexes sucriers surfacturés. L'oeil du peuple. 08.03.1995. Ils ont accusé le président de la République d'avoir surfacturé les complexes sucriers [.]. Téré, 07.03.1996.

 

comprador, adj. Rare, (de l'espagnol), péj. Riche, nanti, privilégié qui exploite le peuple. Voilà une analyse à travers laquelle il n'est pas difficile de reconnaître les termes et la nature d'un schéma devenu classique aujourd'hui, la grande bourgeoisie, la bourgeoisie compradore et les masses laborieuses. FM., 19.02.1980.

 

compressé, n.m., adj. Dispon., oral, écrit. fam.

1- Personne licenciée à la suite d'une compression de personnel dans son entreprise. Par exemple, quand, en tant que député, il admet que ses indemnités augmentent, il choque le compressé. Nouveaux horizons, n°144. Aujourd'hui [.] le mot compressé, c'est-à-dire licencié, a disparu des conversations. Jeune Afrique, 24/30.07.1996. Qu'est ce que tu veux qu'il fasse, le compressé? Il se désespère et il cherche vite du travail. (Maçon, Abidjan, 1996). Agents compressés : Cette situation est douloureuse pour des milliers de journaliers de la Fonction publique qui se retrouvent sans emploi. Ivoir'Soir, 09.03.1998.

2- adj. Licencié. C'est le cas de plusieurs employés de maison compressés qui s'étaient reconvertis comme blanchisseurs [.]. Bonnassieux, 1987 : 205.

 

compresser, v.tr. Usuel, oral, écrit, fam., mésolecte, basilecte, (1ère attest. 1980) péj. Licencier du personnel pour alléger les charges d'une entreprise. Je suis menuisier de profession, actuellement compressé depuis trois mois. FM., 19.01.1981. Les temps sont durs pour tout le monde : on est compressé, on est conjoncturé*. Télé-miroir n° 7, mars 1982. Maintenant le travail ne marche pas, on nous a compressés. A. Touré, 1985 : 108. Lamentation générale des salariés qu'on liquide après compression d'effectifs : " Wooï ! on nous a compressés !"  David, 1986 : 61. Trop de Burkinabè ont été compressés, à cause de l'ivoirisation*, les entrepreneurs ont peur d'avoir des problèmes s'ils prennent des étrangers. Bonnassieux, 1987 : 148. [.] conflit de génération parce que le père est compressé et le fils chômeur. FM., 13/14.02.1993. [.] plus le nombre d'employés compressés est important, plus longs sont les arrêts de travail des survivants. Ivoir'Soir, 28.10.1997.

COM.: surtout employé au passif.

2- v.tr. Usuel, récent (1982), mésolecte, basilecte, péj. Par extension, mettre à la porte, renvoyer. Mes enfants ont été compressés de l'école. Que vais-je faire ?  FM., 29.10.1982. (1e attest. écrite). Dans l'histoire de la République, aucun remaniement n'avait auparavant compressé autant de ministres en même temps. ID, n° 668, 27.11.1983. Vous êtes compressé! Pas la peine de discuter ! Comment ça va ? (TV., émission de L. Groguhet, 11.02.1984., 20h30). Mon patron m'a "compressé" soit-disant par mesure d'économie [.]. Ekra, 1985 : 14. Arsène était sur la liste des joueurs compressés. FM., 23.02.1993. Il est parti* pour Bonoua comme contractuel dans une plantation d'ananas. Après deux ans, il a été compressé, il est revenu au village. Krol, 1994 : 128. J'ai été compressé aux Etablissements Robert Gonfreville où j'avais un bon salaire et d'excellents avantages. Ivoir'Soir, 25.05.1998.

 

compresseur d'emploi, n.m. Dispon., oral, écrit, lettrés, péj. Système économique réducteur qui engendre des licenciements. Or, à tort ou à raison, la privatisation [.] est considérée comme un compresseur d'emploi. FM., 15.10.1990.

 

compression, n.m. Dispon., oral, écrit, tous milieux, péj. Licenciement pour raison économique. L'étude ne nous dit pas comment les employés se portaient avant les différentes compressions [.]. Ivoir'Soir, 28.10.1997.

 

comprimé sans dormir, n.m. V. CATERPILLAR*.

 

comprimerie, n.f. Argot estudiantin, oral, fam., iron. Infirmerie dans un établissement scolaire ou universitaire. [.] en pénétrant dans l'infirmerie "Bienvenue dans la comprimerie". Il en comprit le sens et l'humour en faisant l'inventaire du contenu dérisoire du placard : trois boites de comprimés d'aspirine et de nivaquine et quelques flacons vides aux étiquettes fanées. Krol, 1994 : 16.

 

compter, v.tr. Assez fréq., mésolecte, basilecte, fam.

1- Recenser, répertorier, comptabiliser. Son absence  [: celle d'un bus] a-t-elle été remarquée à la Sotra* ? Si oui, pourquoi ne pas le récupérer ! Si non, on peut se demander si là-bas les bus sont comptés ! FM., 03/04.06.1978.

2- compté, (être ---- ), loc.verb. Vx. Assez fréq.(administration), oral, peu ou non scolarisés ou plaisant chez les autres. Etre enregistré à l'Etat civil ou par l’administration. Parce que les Blancs sont comptés et que ça ferait des histoires. Arnaut, 1976, 228. Avant avant*, quand enfant va né, i n'est pas compté. Y a pas carte d'entité*. (: Autrefois, quand un enfant naissait, il n'était pas enregistré, Il n'y avait pas de carte d'identité. Gardien, Abidjan, 1980).

 

compteur, n.m. V. TAXI*-COMPTEUR. Quand il pleut, tu ne trouves pas facilement un compteur. (Enseignant, Abidjan, 1976).

 

comptoir, n.m. Vx. (histoire). Etablissement commercial installé dans un petit centre urbain, à l'époque coloniale. La semaine prochaine, un Blanc tiendra un comptoir à Soba. Kourouma, 1990 : 58. Les bureaux de M. B. ont été installés dans un comptoir bassamois. Gaudio, 1984 : 135.

ENCYCL.: on y vendait des produits occidentaux : vins, alcools, tissus, outils, ustensiles divers. On y achetait des produits locaux : coton, fruits, ivoire, caoutchouc.

 

concession, n.f. Usuel, oral, écrit, tous milieux.

1- V. CHEF* DE LA TERRE. (tradition). A l'origine, parcelle de terrain concédée à un particulier ou une société.

2- Par extension, propriété foncière, terrain construit ou non, d'un seul tenant, en milieu urbain ou traditionnel, quel qu'en soit le mode d'acquisition. Roger habitait le fond de Treichville dans une concession plantée de manguiers* et de cocotiers*. Du Prey, 1979 : 26. La grosse voiture apparaîtra à l'entrée de la concession, amenant avec elle les parfums de la ville. V. Tadjo, 1992 : 34.

3- Ensemble de maisons ou de cases* regroupées sur un terrain généralement clôturé. Le terme de concession doit être pris ici au sens de groupe de cases* disposés d'une manière telle qu'elles délimitent une cour rectangulaire et dans laquelle vivent les membres d'une famille. Dian Boni, 1970 : 45. Les soukalas* (ainsi se nommaient les concessions) étaient assez distantes les unes des autres. Koné, 1976 : 19. Sa mère, ses frères et soeurs mineurs demeuraient dans la concession que lui a léguée son père défunt. FM., 22.05.1980. Ces grandes concessions où l'on peut compter vingt locataires et au delà avec leurs suites se présentent sous la forme de rectangles entourés de tous côtés par des murs imprenables. FM., 12/13.01.1980. En début de matinée, les patrouilles de tirailleurs, en tirant en l'air, descendirent dans les quartiers, les ratissèrent concession par concession. Kourouma, 1990 : 61. La fumée montait des concessions. La cité renaissait pour quelques heures. V. Tadjo, 1992 : 25. La case* de ma maman s'ouvrait par deux portes : la grande porte sur la concession de la famille et la petite porte sur l'enclos. Kourouma, 2000 : 17. C'est seulement le lendemain matin, quand il n'y eut plus de bruit que les enfants s'aventurèrent vers leur concession familiale. Kourouma, 2000 : 100.

ENCYCL.: la concession peut être occupée soit par les divers membres d’une famille étendue (V. COUR* FAMILIALE), soit, en milieu urbain, par plusieurs locataires (V. COUR* COMMUNE).

SYN.: carré*, cour*, soukala*.

4- habitation elle-même. Je suis le maître de ma concession. J'y fais la loi. Du Prey, 1979 : 132. J'ai bâti une concession de treize chambres*. FM., 01.03.1980. Je tiens à préciser que je n'avais pas de baraque* mais une concession en dur*. FM., 06.01.1981. La nuit, on est souvent sur le qui-vive et on prend garde de verrouiller la porte de sa concession. Bonnassieux, 1987 : 210. Je ne veux plus habiter cette concession. Il y a trop de bruit. V. Tadjo, 1992 : 16. Cette concession respire la pauvreté. Ivoir'Soir, 02.12.1997.

5- ensemble des habitants de la concession. Mais la concession ne  tarda pas à connaître mon infortune. I.B. Koulibaly, 1978 : 29.

 

concurrencer avec, v.tr.ind. Fréq., oral, écrit, mésolecte. Concurrencer qqn ou qqch, faire concurrence à qqn, rivaliser avec qqn. Je me rends compte que les chauffeurs de taxi-ville* concurrencent avec ceux de taxi-brousse*. FM., 21.04.1980. Sans vouloir concurrencer avec les spécialistes, je m'y connais en informatique. (Universitaire, Abidjan, 1981).

SYN.: (part.) compétir*.

 

condamner, v.tr. Fréq., oral, écrit, mésolecte. Fermer à clé, verrouiller provisoirement. Il avait vu M. K. garer sa voiture [.]. Les portières étaient condamnées. FM., 14.03.1983. Condamnez votre portière. parce qu'aux feux rouges, on ne sait jamais ! (Chauffeur, Abidjan, 1984).

 

condos, [kTdo], n.f.pl. Dispon., oral, écrit, jeunes, fam. Condoléances. J'étais dans un logologo* et puis Papitou m'a dit que le vieux a dja*. Donc je suis venu présenter mes condos, quoi ! Ivoir'Soir, 24.06.1997.

 

conférencier, n.m. Fréq., oral, écrit, tous milieux. Personne assistant à une conférence. Certains des conférenciers, après ce brillant exposé, sont intervenus pour questionner l'orateur. (Radio : 18.03.1977, 11h30). Les conférenciers ont estimé samedi que le SYNARES est dans son bon droit pour aller en grève* demain. FM., 13.02.1993.

 

confiancer, v.tr. Assez fréq., oral, basilecte. Faire confiance à qqn. Confiance-moi !! Ton pantalon, c'est fini demain. (Tailleur, Abidjan, 1978.)

 

congolo, [kongolo] / [kungolo], n.m. Assez fréq., (du mandenkan), oral, fam., basilecte, argot urbain, fam. ou plaisant. Tête. Où tu as ton congolo, man* ? (Etudiant, Abidjan, 1980). Un pas de plus et je fais sauter ton congolo. Bréal /Karul, 1985 : 71.

 

congre-brochet, n.m. Spéc., (faune). (Cynoponticus ferox Costa). Poisson anguilliforme de grande taille, sans valeur commerciale. Aldrin /Noyer /Brégeat, 1972 : 30. Le congre-brochet est un prédateur vorace. Seret /Opic 1981 : 90.

 

conjoncture, n.f. ou adj. Usuel, assez récent (années 1980), oral, écrit, tous milieux, péj.

1- n.f. Période de recession, de restriction budgétaire, de manque d'argent. Je ne sais pas grand chose de la conjoncture sinon que l'argent est en congé. FM., 08.04.1982. (1e attest. écrite). On a beau gémir, pleurer que c'est la conjoncture (l'expression étant désormais consacrée) [.]. FM., 10/11/12.04.1982. En difficulté, toi ?? Et pourquoi donc ? La "conjoncture"? Ekra, 1984 : 48. Notre souffrance est indescriptible. [.] elle n'est pas due à la "conjoncture": elle est psychologique. J. Guenaman Colbert, 1985 : 7. Qui dit "économie" aujourd'hui, dit "conjoncture". Ce mot venu avec la crise économique internationale a d'abord été utilisé dans les discours politiques qui l'accompagnaient de l'adjectif "mauvaise". Puisqu'elle était toujours mauvaise, autant faire l'économie du qualificatif qui l'assombrit inutilement : la conjoncture est mauvaise, c'est entendu. A. Touré, 1985 : 129. Si certaines fortunes commencent vers cette époque à vaciller, ce nouveau mot de conjoncture en vaut une à lui tout seul. Tout en quelques mois fut jugé à l'aune de la conjoncture considérée comme indiscutablement maléfique mais aussi rassurante puisqu'elle expliquait tout à chaque instant. David, 1986 : 61. Affaire de conzonktir là, eske ça va finir mêm ? ( : Cette histoire de manque d'argent, est-ce que ça va finir quand même ?, David, 1986 : 61).

DER.: conjoncturé*.

SYN.: basse conjoncture. (lettrés).

2- adj. Adapté au manque d'argent, donc bon marché. Que proposeront-ils à la cliente ? Portion poulet pané avec frites, [.] poisson frit, hamburger, chawarma*, mouton braisé*[.], le tout à des prix conjoncture*. A. Touré, 1985 : 254. Son vélo là* méfie-toi. le prix est conjoncture, trop même*! (Boy, Abidjan: 1987).

 

conjoncturé, n.m. et adj.Usuel, assez récent (1982), oral, écrit, tous milieux mais plaisant chez les lettrés.

1- n.m. Personne ayant de grosses difficultés financières. Ah mes petits ! Y a pas oeufs [: de Pâques] pour les conjoncturés. B.D. dans FM., 31.03.1983. Cet état d'esprit se reflète jusque dans le vocabulaire utilisé par les "laissés pour compte" pour évoquer leur tragique situation : de conjoncturés qu'ils aimaient à se qualifier (non sans un brin d'humour), ils en étaient progressivement venus à dénoncer les en haut* d'en haut ou encore les grotos*. Jeune Afrique, 20.05.1990, p. 7. [.] les trottoirs grouillaient de malheureux "conjoncturés". Jeune Afrique, 24/30.07.1996.

2- adj. Qui a de grosses difficultés financières. De leur côté, les hommes de science ont tenté d'ausculter la Côte-d'Ivoire "conjoncturée"[.] . A. Touré, 1985 : 39

3- conjoncturé, (être ---- ), loc.verb. Usuel, oral, écrit, tous milieux mais plaisant chez les lettrés. Etre victime de la récession, être dans la gêne, avoir des soucis financiers. Que se passe-t-il ? Eh bien ! tout simplement la France est conjoncturée. FM., 14.04.1983. Les Ivoiriens ont été conjoncturés dans le temps. ID, 20.05.1984. Si le développement du pays avançait au seul rythme de leur travail, il y a longtemps que nous aurions été "conjoncturés". (Le ministre de la Fonction Publique, in ID., 07.10.1984). "Je suis conjoncturé ! " s'écrie le petit entrepreneur secoué par la crise. David, 1986 : 61. Aujourd'hui, tout le monde est "conjoncturé", comme on dit à Abidjan (c'est-à-dire : touché par la crise). C.V. Tuho, 1995 : 25.

SYN.: tomber* plus bas qu'Ethiopie.

 

conjuguer ensemble, loc.verb. Argot urbain, disponible, oral. vulg. Faire la fête, passer du bon temps, voire faire l'amour. Jusqu'à tard dans la nuit, nous avons conjugué ensemble. FM., 03.01.1984.

 

connaître, v.tr. Usuel., oral, écrit, tous milieux.

1- Mésolecte. Savoir. Si le terme d' "erreur de gestion" n'existait pas à l'époque, en tout cas, L.B., lui, connaissait ce que cela veut dire. FM., 01.12.1983. Lorsqu'on le rappelle pour reprendre le travail il dit comme ça *: Ohô ça là ? je connais déjà. Konaté, 1987 : 10. J'ai dit aussi que [.] je connais mieux comment il faut vendre. Bailly, 1er août 1884, Niamkey-Kodjo, 1991 : 45. Comme je connais lire et écrire, j'avais reçu un cahier avec le nom des manoeuvres [.]. Deniel, 1991 : 27. Comment vas-tu travailler à la maison si tu ne connais même pas le boy*? (: Si tu ne sais pas faire un travail de boy, Deniel, 1991 : 69). Il va guérir vite, je connais. Jeune Afrique, 27. 4/3.05 1995. Mais fréquenter jusqu'à cours élémentaire deux n'est pas forcément autonome et mirifique. On connaît un peu mais pas assez. Kourouma, 2000 : 10. C'est dommage qu'on connaît pas ce qu'a été le monde avant la naissance. Kourouma, 2000 : 19.

LOC.: connaître chez, connaître façon, connaître faire, connaître garçon, connaître manière, connaître moyen, connaître papier.

2- connaître bras long, loc.verb. Mésolecte, basilecte, oral, V. BRAS*-LONG. Avoir des amis bien placés. Etre pistonné. Bon ! Première question, tu connais bras long ou pas ? (Enseignant, Daloa, 1991). Et puis un riche, il connaît papiers* et en plus il connait bras long, ah ! mais oui il connaît ça très bien. Krol, 1994 : 38.

3- connaître [chez qqn], loc.verb. Mésolecte, basilecte. Connaître le domicile de qqn, savoir où qqn habite. Le maçon connaît ici, c'est lui qui a construit la maison !  Koné, 1980 : 35. Il [: le prévenu] demanda si ce dernier [: le policier] ne voulait pas connaître chez lui. FM., 20.02.1980. Un soir, mon ancien ami m'a vue et m'a proposé d'aller connaître chez lui. FM., 06.04.1981. Je ne connais pas chez Kouamé sinon je l'aurais suivi à la maison... Ekra, 1985 : 9. "Comment s'appelle ton village ?" - "Atitindin." -"Je connais là-bas". Bandaman, 1986 : 69.

4- connaître façon, loc.verb. oral, basilecte ou plaisant chez les lettrés. Savoir y faire, s'y connaître, être compétent dans un domaine déterminé. Il réparera ton poste-radio*, il connaît façon. (Boy, Abidjan, 1980). Façon i connaît, on dit pas* ! ( : Incroyable comme il s'y connaît, Etudiant, Abidjan, 1982)

SYN.: connaître manière.

5- connaître faire, loc.verb. Basilecte, plaisant chez les lettrés. Savoir faire (qq chose). "Je vais t'expliquer." - "Laisse ! Je connais faire". (Boy, Abidjan, 1980). Votre chauffeur, vous croyez qu'il connaît faire ? Je peux lui laisser le pneu ? (Universitaire, Abidjan, 1990).

6- connaître garçon, loc.verb. Basilecte, plaisant ou péj. Pour une jeune fille, ne plus être vierge, avoir eu des expériences amoureuses. Mais la petite ne connaît pas garçon [.] Il faut faire doucement. Du Prey, 1979, 122. Ta copine, y a longtemps qu'elle connaît garcon !! (Etudiante, Abidjan, 1982).

7- connaître le boy, loc.verb. V. BOY*.

8- connaître manière, loc.verb. Basilecte ou plaisant. Savoir se débrouiller, être astucieux, dégourdi, savoir y faire. L'interprète n'en dit pas plus mais les chefs* connaissent manière. Tirefort, 1974, t II : 27. Une de ces grandes filles qui descendent de Sikassi ou du Fouta-Djalon, des filles qui connaissent manière d'après les on-dit . Du Prey, 1979 ; 103. [.] mais ceux qui connaissent manière, ils ont donné un casier de Beaufort, la bière de l'homme fort. Bréal /Karul, 1985 : 4.  

SYN.: connaître façon (part.).

9- connaître moyen, loc.verb. V. MOYEN*. Connaître un moyen de, être capable de. Donne ça, je connais moyen réparer. (Chauffeur, Abidjan, 1977). Tu connais moyen pour arranger mon affaire ? (Employé, Bouaké, 1984).

10- connaître papier, loc.verb. peu ou non scolarisés ou plaisant pour les lettrés. Savoir lire et écrire, par extension, être instruit. Connaître papier : voilà le genre d'expression en droite ligne du terroir. FM., 26/27.01.1980 Mais le papier qu'il connaît, le savoir qu'il a en tête ! A. Koné, 1980 : 41. Si tu connais pas papier, à Abidjan, tu peux rien faire ! (Planton, Abidjan, 1984). Les jeunes de maintenant n'écoutent plus ce que disent les vieux. Ils viennent parler leur gros* français parce qu'ils connaissent* un peu papier ! Bonnassieux, 1987 : 194. L'heure du défi intellectuel a sonné. Ceux qui connaissent papier sauront-ils le relever ? FM., 18.09.1990. Je vais tout faire pour qu'ils aillent tous à l'école pour qu'ils connaissent papier. Deniel, 1991 : 77. Et puis un riche, il connaît papiers. Krol, 1994 : 38.

 

consciencisme, n.m. Spéc. (philosophie), (récent 1995) ,écrit, intellectuels. Théorie philosophique récente prônée par Jean-Marie Adiaffi. [.] le consciencisme est l'ensemble, en termes intellectuels, de l'organisation ds forces qui permettront à la société africaine d'assimiler les éléments occidentaux, musulmans et euro-chrétiens présents en Afrique et de les transformer de façon qu'ils s'insèrent dans la personnalité africaine. Celle-ci se définit elle-même par l'ensemble des principes humanistes sur quoi repose la société africaine traditionnelle. La philosophie appelée "consciencisme" est celle qui, partant de l'état actuel de la concience africaine, indique par quelle voie le progrès sera tiré du conflit qui agite actuellement cette conscience. Adé Adiaffi, 2000 : 143.

 

conscientisation, n.f. Fréq., oral, écrit, lettrés, politique, mélior. Eveil de la prise de conscience des réalités et des problèmes. Une mission délicate qui requiert la formation et la conscientisation. FM., 06.04.1993.

 

conscientiser, v.tr. Fréq., oral, écrit, lettrés, politique, mélior. Faire prendre conscience des réalités et des problèmes. Ceci pour à la fois conscientiser, organiser les femmes, les convaincre et informer les hommes. FM., 10.02.1993.

 

conseil, n.m.

1- conseil des anciens, n.m. V. ANCIENS*, CONSEIL DES NOTABLES. Tu vois, le conseil des Anciens vient de se réunir. A. Koné, 1980 : 17.

2- conseil des notables, n.m. Fréq. (tradition), oral, écrit, mélior. Structure traditionnelle rassemblant, autour du chef de village*, les hommes âgés les plus respectés de la communauté. Sa mère, le secrétaire de la sous-section du PDCI* qui l'avait accompagné devant le conseil des notables, le chef du village* lui-même, expliquent que leur fils* avait reconnu les faits. FM., 10.07.1981. C'est qu'en fait, à travers les âges, chaque village ébrié a toujours eu à sa tête un chef, assisté d'un conseil* de notables qui a pour rôle de rendre la justice au sein de la communauté et de défendre les intérêts du village. Les notables, eux, veillant à renseigner le chef du village et à le conseiller dans les prises de position. Ivoir'Soir, 08.10.1997.

2- Conseil National Islamique, CNI, n.m. Fréq., (administration), oral, écrit, tous milieux, Organisme créé en 1993 pour étudier, coordonner et résoudre en accord avec les autres communautés ivoiriennes, les problèmes spécifiques des musulmans. On peut penser que la naissance du Conseil National Islamique, augure des lendemains meilleurs. Téré, 21.01.1993. C'est après l'homélie de l'imam* qu'interviendra A. T., le représentant du Conseil National Islamique pour demander au Seigneur de protéger notre pays. Détective, 16.03.1995.

SYN.: CNI.

3- Conseil Supérieur Islamique, CSI, n.m. Fréq. (administration), oral, écrit, tous milieux. Organisme créé vers 1993 dans le cadre du PDCI, pour coordonner et résoudre les problèmes spécifiques des musulmans. V. CONSEIL NATIONAL ISLAMIQUE. Aussi tandis que le Conseil National Islamique prône sa neutralité vis-à-vis du pouvoir, le Conseil Supérieur islamique est quant à lui un mouvement islamique de soutien au PDCI. Notre Monde, 09.03.1995. Je n'ai rien à voir avec le Conseil Supérieur islamique. Je suis le Président du Conseil National islamique* et c'est tout. Détective, 06.03.1995.

SYN.: CSI.

4- Conseil de l'Entente, n.m. Fréq. (politique), spéc. Structure politique et administrative de coopération et d’intégration économique, créée en 1959 (accord d’Abidjan) et dont les membres sont certains états voisins de l'Afrique de l'ouest francophone : Bénin, Burkina, Côte-d'Ivoire, Niger, Togo. Siège à Abidjan. Complémentarité, facteur d'intégration pour les Etats du Conseil de l'Entente [.]. FM., 09.12.1982. Je crois qu'on aurait eu beaucoup d'avantages à asseoir convenablement, totalement, le Conseil de l'Entente, à consolider ses structures pour ensuite le fondre dans le CEAO*. FM., 09.12.1982.

 

conseiller, v.tr. Assez fréq., oral, écrit, mésolecte .

1- Expliquer. Et c'est un ami qui m'a conseillé que, sans parents dans cette ville, on ne peut se débrouiller tout seul. FM., 24.11.1980. Le professeur m'a conseillé que l'entrée en seconde c'est difficile et que je dois travailler davantage. (Lycéen, Ferké, 1980).

COM.: construit avec une conjonctive complétive, comme le sont localement les verbes impliquant l'idée de parole : expliquer [en disant que].

2- v.tr. basilecte, oral, peu ou non scolarisés. Donner de bons conseils par opposition à DECONSEILLER* : donner de mauvais conseils. Quand je vais au village, mon père me conseille. (Lycéen, Abidjan, 1976). Ma mère m'a conseillée et je ne cherche pas les garçons. (Lycéenne, Bingerville, 1981).

ANTON.: déconseiller*.

 

constation, n.f. Assez fréq., oral, mésolecte. Constatation. [.] en partant de la constation que l'une des causes essentielles des inégalités scolaires est d'ordre linguistique. (Copie Etudiant licence, Abidjan, 1980). Nous en sommes arrivés à la constation suivante. (Radio, 16.06.1981, 16h. 30).

 

consulter, v.intr. Dispon., (tradition), oral, mésolecte. Aller rendre visite à un féticheur ou à un devin, interroger un fétiche*. Revenu au campement*, il a brûlé ses fétiches* et détruit leur case*, il nous a ordonné de ne plus porter de gris-gris* et de ne pas "consulter". Deniel, 1985 : 122. Tu sais, il y a des Blancs qui vont consulter. J'en connais ! (Institutrice, 1991, Abidjan).

 

conte du soir, n.m. Dispon., (: calque de langues locales), oral, écrit, tous milieux, mélior. Conte de la tradition orale qui, selon la coutume, ne peut être raconté publiquement que le soir. Les cousins ont raison, [.] allons écouter les contes du soir pour nous meubler l'esprit. Anoma Kanié, 1978 : 63.

SYN.: mensonges* du soir.

 

content, v.

1- content (être ---- ), loc.verb. Fréq., oral, basilecte., plaisant pour lettrés. Aimer, apprécier. Elle m'a dit : moi content toi! Et ça voulait dire que je lui plaisais. (Etudiant, Abidjan, 1980). Je ne l'aimais [: l'école] pas tellement mais j'étais content avec les camarades. (: j'appréciais les camarades), Deniel, 1991 : 18. Je suis allé, elle était contente et on s'est marié. Deniel, 1991 : 51.

2- content, v.inv. Fréq., oral, basilecte. Aimer, apprécier. Mais, au nom de Dieu*, je content* pas femme qui met magres, bas, culotte, maillot et pis elle joue ballon. ID., 22.04.1974. On content toi bien ! (: on t'apprécie beaucoup, Informateur., Gagnoa, 1980). Femme bété content manger saka* / femme adioukrou content manger attiéké* / [.] femme attié content manger escargot [.] (Chanson "Ambiance zougloutique" groupe Les parents* du campus, corpus T., 1994) / parce que Marceline qu'est là / elle content trop* sortir /. (Chanson "Anango plan" Groupe Didier et Les parents du campus, corpus T., 1994). Vieux* là, on content trop. (: nous aimons beaucoup le Président, TV, "Au village ce soir", 28.01.1984, 21h30).

LOC.: papier content pas mon affaire*.

3- content, (papier ---- pas mon [ton, son, etc] affaire], loc.verb. Argot estudiantin., oral, plaisant. Les études ne [m', t', l',...] aiment pas, expression signifiant qu'on ne réussit pas dans ses études. J'aime papier* mais papier content pas mon affaire*. Campuslexique, 1979, 5.

 

contexte, (je suis dans le ---- ), loc.verb. V. FAIS* NOUS FAIS. Ce sont des expressions que les Ivoiriens utilisent très souvent dans leurs conversations [.] "il faut parler français*", "je suis dans le contexte*", "c'est un gombo*","fais nous fait*", "fais moi manger", "donne pour moi", "se fon*" Toutes ces expressions ont une singularité, celle de dire la même chose [.] c'est la corruption. Ivoir'Soir, 13/14/15.06.1997.

 

contrat, (faire ---- ), loc.verb. Spéc. (agriculture). Travailler comme métayer sur la plantation d'autrui moyennant salaire et non en partageant la récolte à mi-fruit, (V. ABOUGNON*) ou au tiers (V. ABOUSSA*). Faire contrat, ce n'est pas bien comme faire abougnon*, parce qu'avec abougnon, les gens travaillent plus. (Moniteur d'agriculture, Toumodi, 1975). Jusqu'à présent, de nombreux Mossi s'en sortaient en faisant contrat dans les sociétés. Bonnassieux, 1987 : 147.

ANTON.: faire aboussa*, faire abougnon*.

 

contre, (jouer ---- ), loc.verb., V. JOUER*.

 

contre la coutume, loc.adv., Dispon., (tradition), oral, mésolecte. V. COUTUME*. A l'encontre de la tradition du groupe ethnique. Les filles, maintenant, se marient contre la coutume. Elles veulent épouser qui leur plait et refusent le mari choisi par les parents. (Enseignante, Bouaké, 1979).

ANTON.: comme de coutume*.

 

contre-corté, n.m., adj. Dispon., (tradition), (hybride français/mandenkan.), mésolecte, mélior.

1- n.m. V. CORTE*. Amulette destinée à contre-carrer les effets d'un corté*. La première moitié [: du gris gris] placée à côté de l'opérateur sert pour le corté*, l'autre moitié sert de contre-corté et doit être jalousement séparée. Kerharo /Bouquet, 1950 b : 44.

COMP.: fétiche* contre-corté.

SYN.: antipoison*, fétiche antisorcier*.

2- adj. Qui permet de vaincre les effets d'un corté*. Je porte un  fétiche contre-cortè parce que y a des gens qui me veulent du mal. (Lycéen, Bingerville, 1982).

 

contre-sorcier, n.m. Dispon., (tradition), oral, fam. Sorte de guérisseur traditionnel qui, par ses pratiques magico-religieuses, peut détruire les effets d'envoûtement faits par un sorcier et nuisibles pour une personne déterminée. Les malades se tournent vers les guérisseurs, les pharmaciens*ambulants, les marabouts* et les "contre-sorciers" qui animent des sectes, parce qu'ils se sentent moralement et culturellement plus proches d'eux, constate l'anthropologue Mariatou Koné. Jeune Afrique, 06/12.03.1996, 39.

 

contrebander, v.tr. Rare, Litt. (Kourouma). Faire la contrebande de... [.] et contrebandait les marchandises. Kourouma, 1970 : 88.

 

contrôler sa bouche, loc.verb. V. BOUCHE*. Ca m'a échappé. J'ai pas pu contrôler ma bouche! (Etudiante, Abidjan, 1984).

 

contrôleur-lèpre, n.m. Spéc., (santé). Agent du service de santé, chargé de contrôler le traitement et l'évolution du mal chez les lépreux. Parallèlement, tous les six mois, les contrôleurs-lèpre font les même déplacements à travers tout le secteur [.] pour se rendre compte de l'évolution du traitement de maladie. FM., 23.12.1980.

 

convertir à la daba, (se ---- à la daba), loc.verb. Iron. V. DABA*. Il a été compressé*. Il est parti* au village pour se convertir à la daba. (Maçon, Abidjan, 1984).

 

coopérateur, coopérateur de GVC, n.m. Dispon., (agriculture). V. GVC*. Paysan participant à un groupement à vocation coopérative. 720 coopérateurs de GVC* de l'est de la Comoé, pourront, pour leur récolte 1983, vendre à la SALCI près de 60000 tonnes d'ananas. FM., 25.11.1982. Mon frère est un coopérateur comme tous les tisserands du village. (Informateur, Korhogo, 1992).

 

coopérative sanitaire, n.f. Spéc.,(santé). Petit dispensaire pouvant donner les soins de base au niveau d'un village. Coopérative sanitaire ; telle est la dénomination de la structure de base pour promouvoir les activités de soins de santé. La coopérative sanitaire est un centre de santé* à l'échelon d'un hameau ou d'un village de moyenne importance. FM., 20.12.1982.

SYN.: (part.) centre* de santé.

 

cop (1), [kop], n.m. Vx., ( de l'anglais "cup") , basilecte. V. COPE*.

1- Gobelet servant d'unité de mesure pour la vente des graines ou des liquides. Avec un cop ou deux de riz par personne, ça suffisait. (Retraité, Daloa, 1981).

2- n.m. Fréq., basilecte. Bouteille de bière de 66 centilitres. Un cop est vendu deux fois moins cher qu'une bière bock* moyenne. Bonnassieux, 1987 : 138.

 

cop (2), [kCp], n.m. Dispon., (abrév. de "copain"), oral, argot urbain. Pote, copain. Imaginez-le un peu, le fusil à l'épaule, mettant en joue un bandit des grands chemins, un de ses anciens "cop" qui voulait s'emparer de la caisse de l'Etat. Bôl Kotch, 28.03.1995.

 

copal, gomme copal, n.m. Spéc. (flore). Sorte de gomme végétale très parfumée provenant de la saignée de plusieurs arbres du genre Guibourtia (famille des Caesalpiniées). La nature de ces copals de Côte d'Ivoire a été étudiée sur les espèces voisines africaines de l'Angola et du Congo. Bouquet /Debray, 1964, 67. La Guinée exporte une centaine de tonnes de gomme copal. Autrefois elle exportait un millier de tonnes par an. Aubreville, 1959, I : 310 note 1.

ENCYCL.: utilisée en pharmacopée trad. ou exportée.

DER.: copalier*

COMP.: gomme copal.

 

copalier, copallier, n.m. Spéc., (flore), vx.

1- V. AMAZAKOUE*. Terme générique désignant tout arbre d'Amérique ou d'Afrique produisant du copal. Deux copaliers existent en Côte d'Ivoire : guibourtia copallifera, arbuste existant au nord[.] et guibourtia ehie, grand arbre de forêt dense humide. Roberty, 1954 : 201. Bouquet /Debray, 1974 : 39.

COM.: graphie vieillies : copaïer, copayer, copallier.

DER.: copalier de Guinée.

SYN.: (part.) amazakoué*, copalier de Guinée

2- copalier de Guinée, (Guibourtia copallifera J.J. Benn.). Arbre de la famille des Caesalpiniées, le plus exploité des copaliers. Le type du genre est le copalier de Guinée [.] espèce rustique d'anciennes formations forestières à feuilles persistantes très vulnérables aux feux* de brousse. Aubreville, 1959, I : 318.

3- copallier, V. COPALIER*.

 

cope, cup, n.f. V. GUEDJI*, HERBE* QUI TUE, YAMBA*. Argot du milieu, (de l'anglais), oral, fam. Unité de vente au détail de la drogue, particulièrement du cannabis. Je devais vendre les trois copes que voici à 3000 CFA*. FM., 06/07.12.1980. La perquisition [.] s'est traduite par la découverte de 41 copes de guedji*. FM., 14.10.1982.

SYN.: cup (rare).

 

coppe, n.f. Vx, (de l'anglais) . Autrefois, unité de mesure correspondant à une ration de bananes-plantains*. La coppe : mesure équivalente à une ration de grosses bananes dites foutou*. Tirefort, 1974, t II : 102, note 1.

 

coq, n.m.

1- coq, (au premier ---- ), loc.adv. Dispon., (calque des l. loc.), (tradition), oral, écrit. A la première heure, au point du jour. Demain matin, au premier coq, je me ferai vacciner. Du Prey, 1979 : 85. Debout au premier coq! (Universitaire, San Pedro, 1984).

2- coq de mariage, n.m. Dispon., (calque des l. loc.), (tradition), nord, Senoufo particulièrement. Coq et poule, choisis avec soin, qui doivent être offerts par les parents du futur époux, à la famille de la mariée. Il porta deux beaux coqs de mariage au commissaire pour lui témoigner sa gratitude. Kitia Touré, 1979 : 19.

3- coq de pagode, n.m. Spéc., (faune), dispon. V. COUCAL*. (Centropus leucogaster Leach, C. monachus Rüppel, C. senegalensis Linn.). Terme générique désignant plusieurs espèces d'oiseaux de la famille des Cuculidae, à reflets verts ou bleus. Un coq de pagode, dans l'invisible, annonçait comme des oracles pour la nuit. Anoma Kanié, 1978 : 262. Au petit matin, quand chanta le coq de pagode pour avertir la nuit de la fin de son règne [.]. Adé Adiaffi, 2000 : 161.

ENCYCL.: selon les spécialistes, le vrai coq de pagode serait asiatique.

SYN.: coucal*, faux* coq de pagode.

 

coqueret, n.m. Spéc. (flore).

1- (Physalis edulis Sims). Plante cultivée de la famille des Solanacées à fruits comestibles. Roberty, 1954 : 306.

2- (Physalis peruviana Linn.). Plante cultivée ornementale de la famille des Solanacées, à calice rouge orangé. Roberty, 1954 : 306.

3- (Physalis angulata Linn.). Plante ornementale. Roberty, 1954 : 306.

SYN.: coqueret anguleux.

 

coquillage cauri, n.m. V. CAURI*. [.] des casques décorés de coquillages cauris pour les célèbres ballets des jeunes filles aux seins nus de Boundiali ou Sinematiali. David, 1986 : 103.

 

cora, kora, n.f. Usuel, (tradition, musique),,(mandenkan. "instrument de musique à cordes"), oral, écrit tous milieux. Instrument de musique traditionnel à cordes, composé de deux groupes de huit, seize ou vingt et une cordes fixées sur un long manche et d'une caisse de résonance hémisphérique. A. C., griot* depuis sa tendre enfance, connu de tout le public abidjanais pour jouer de la cora dans une émission qui porte le nom du magnifique instrument de vingt et une cordes. ID, 09.12.1973. Composé de talentueux spécialistes d'instruments africains (balafons*, kora*, dounou*, tambour...) ce groupe propose un concert inspiré des grandes veillées mandingues. FM., 21.04.1982. Connaissez-vous la légende de ce vieil aveugle malien, exceptionnel virtuose de la cora [.]. Konaté, 1987 : 34. Cé Né Gon, mets nous un disque de cora, crie-t-elle, tout enjouée. Tierno Monenembo, 1993, 88. Mais la cora ne rompt pas le silence, elle le creuse, elle l'amplifie. Ibid : 94. Que la kora recompose les airs oubliés, les grandes gestes des temps anciens. Carlos, 1994 : 88. Il a une kora sans corde. Magique est la musique qui sort de ses doigts d'or et de son mystérieux instrument. Adé Adiaffi, 2000 : 137.

COM.: graphie kora relativement rare.

LOC.: pincer* la cora.

DER:.coraïste*, coriste*.

 

corail, n.m. Spéc. (flore). (Jatropha multifida Linn.). Euphorbiacée à fleurs rouge vif, d'origine américaine. Aubreville 1954, II : 14.

 

coraïste, coriste, n.m. Assez fréq., (musique). Joueur de cora*. Mory Kanté, le coraïste à la cora* d'or [.]. Télé-miroir, n° 17, 1-31.01.1983. Notre prisonnier est un grand panégyriste*, un savant historien, un talentueux coraïste. Kourouma, 1990 : 41.

COM.: pas de graphie "koraïste" attestée localement.

 

corassol, n.m. Vx., V. COROSSOL*. Je fais planter le verger avec des orangers, corassols, mangos* et trois arbres* à kola. Brétignère, 1889 : 45.

 

corbeau, n.m.

1- corbeau africain, corbeau à plastron blanc, corbeau-pie, n.m. Spéc. (faune), dispon. (Corvus albus Müller). Corbeau noir à jabot blanc d'où son nom de corbeau-pie ou de corbeau à plastron blanc. De nombreux oiseaux sont plus ou moins familiers. Le corbeau à plastron blanc, le milan* et le charognard* sont les plus gros et contribuent à l'assainissement des lieux habités. Marché-Marchad, 1969 : 63. En novembre, un milan défendait vaillamment les abords du nid menacé par un corbeau-pie un peu trop hardi. Champroux /Ducret, 1979 : 43. Le corbeau africain est blanc et noir. (Informateur, Abidjan, 1983).

2- corbeau, n.m. Argot urbain, oral, fam. V. BLEU*-BLANC, CARREAU*. Par référence au plumage du corbeau africain, appellation donnée à une lycéenne ou une collégienne dont l'uniforme scolaire consiste en une jupe bleu-marine et un chemisier blanc. Il sort avec un corbeau. Elle est en seconde au lycée de Yopougon. (Lycéen, Abidjan, 1980)

SYN.: betty*, bleu*-blanc.

 

cordon bleu, n.m. Spéc. (faune). V. BENGALI*. (Estrilda [uraeginthus] bengali Linn.). Bel oiseau de la famille des Estrildidae, au magnifique plumage brun et bleu ciel, à bec rose, queue longue et étagée. Serle /Morel, 1988 : 251-252. Signalé (Comoé). Bousquet, 1992 : 156.

 

cordoua, n.m. V. REPONDEUR*. Un cordoua est un initié de bois sacré en phase cathartique, un fou de village. Kourouma, 1998 : 62.

 

corète potagère, n.m. Spéc. (flore). (Corchurus olitorius Linn.). Plante annuelle cultivée qui produit des fibres textiles (: le jute). Cette corète potagère, introduite de l'Inde [.] produit des fibres textiles qui avec celles du Corchurus capsularis constituent le jute utilisé industriellement. Busson, 1965 : 309.

 

coris (1), [kori], n.m. V. PERLE* D'AIGRIS 1*. Les coris sont ces mystérieuses perles bleues, verdâtres en transparence, tubulaires, qui ne fondent pas au feu, non encore identifiées, appelées encore akori* ou aigris* que les Portugais et à leur suite les Hollandais et autres venaient acheter sur la Côte du Bénin. Il ne faut pas les confondre avec les cauris* bien que ce mot soit souvent orthographié coris en portugais. Mauny, 1967 : 919.

 

coris (2), n.m.,  V. CAURIS*.

 

cormoran africain, n.m. Spéc. (faune). (Phalacrocorax africanus Gmelin). Gros oiseau aquatique nageur à bec crochu. Serle /Morel, 1988 : 18. Signalé (Azagny). Bousquet, 1992 : 178.

 

corne, n.f.

1- corne, spéc. (tradition, musique), mais fréq. Instrument de musique traditionnel confectionné dans une défense d'éléphant ou une corne d'antilope. Les Sénoufos possédaient une grande variété instrumentale : tambour, cornes*, trompe, maracas*, flûtes et surtout des xylophones (balafons*). Du Prey 1962 : 85. Les huit coups de corne, avant et après la prière consécratoire, répartis en un nombre égal (4, le nombre du mâle) annoncent un grand événement joyeux. FM., 03.07.1980.

DER.: corniste*.

SYN.: cor, trompe.

2- corne d'élan, spéc. (flore). (Platyurium stemaria [Beauv.] Desv.). Epiphyte qui prospère sur les hautes branches des arbres de la forêt et dont certaines feuilles sont ramifiées comme des bois de cerf ou d'élan. Roberty, 1954 : 131.

ENCYCL.: parfois considérées comme un fétiche.

3- corne de cerf, spéc. (flore). (Platyurium angolense Wellw.). Variété de fougère qui a deux sortes de feuilles : les unes sont sèches, les autres vertes, épaisses et ramifiées comme des bois de cerf. Roberty, 1954 : 131.

 

corniste, n.m. Spéc. (tradition, musique). Musicien traditionnel qui joue de la corne*. Derrière la tribune, les griots* et griottes*, les tam-tams*, les balafons*, les cornistes et les danseurs constituaient une foule compacte et bigarrée. Kourouma, 1970 : 179.

 

corossol, corossol épineux, corrossol, corassol, n.m. Vx., (altération du portugais brésilien "coracâo de boï", "coeur de boeuf" qui désigne une grosse mangue). V. ANONE*.

1- (Annona muricata Linn.). Arbre de la famille des Annonacées. Roberty, 1954 : 28. Adjanohoun /Aké Assi, 1979 : 23.

COM.: graphie ancienne "corassol". Hésitations entre "corossol" et "corrossol".

2- Usuel. Fruit de cet arbre, d'aspect épineux et rappelant la forme d'un coeur de bovin. Le corrossol épluché et passé par le moulin à légumes, est sucré et parfumé au citron. FM., 23.01.1981. Ainsi les oranges, les mandarines, les goyaves*, les ananas*, les papayes*, les corossols, les tomates, les bananes*, les cerises* de café, en général, tous les fruits succulents, sont piqués pendant la nuit [.] par toutes ces noctuelles. FM., 19.04.1982.

ENCYCL.: sa chair très parfumée est un peu cotonneuse. Il sert à la confection de sorbets appréciés.

COM.: le corossol (graphie la plus usuelle) est souvent confondu avec le coeur de boeuf*, fruit de l'Annona reticulata Linn.

DER.: corossolier*.

SYN.: anone*, corossol épineux, amlon (baoulé), sounzoun (mandenkan).

 

corossolier, corrossolier, n.m. V. ANONE* Spéc. (flore), mais usuel, oral, écrit, tous milieux.

1- (Annona muricata Linn.). Arbre de la famille des Annonacées à gros fruit succulent très apprécié. [A Dabou] partout ce sont des haies de goyaviers*, de corrossoliers, des avocatiers*, des pommiers*-cannelle et des citronniers splendides. Binger, 1892, II : 330. Originaire d'Amérique Centrale et des Antilles, le corossolier a été introduit en Afrique depuis longtemps. Aké Assi, 1963, 23. La route est bordée d'herbes hautes d'où cà et là, s'élançaient des avocatiers, des corossoliers, des orangers, étonnés d'être là. Anoma Kanié, 1978 : 54.

COM.: très souvent on appelle aussi corossolier l'annona reticulata Linn. V. COEUR* DE BOEUF.

SYN.: corossol (1)* (vx.).

2- corossolier bâtard, V. CHERIMOLIER*.

 

Corps de la Paix, n.m. Fréq., (calque de l'anglais). oral, écrit, tous milieux.

1- Organisme américain d'aide aux pays du Tiers-Monde. Il était célibataire et je crois qu'il appartenait au Corps de la Paix. Deniel, 1991 : 94. Le Corps de la Paix souhaite recevoir des photos de femme en milieu rural et urbain. FM., 08.03.1996. Le Corps de la paix -Peace Corp en anglais- a été créé en 1961 par le président John F. Kennedy. Il est aujourd'hui présent dans 90 pays et a envoyé plus de 140 000 volontaires dans différents pays. Ivoir'Soir, 23/24/25/25/6.01.1998.

2- Personne appartenant au Corps de la Paix américain. C'est un corps de la Paix qui fait les cours d'anglais. (Lycéen, Abengourou, 1991).

SYN.: peace* corp.

 

corps habillés, n.m. pl. Usuel, tous milieux, oral, écrit. Appellation englobant tous les personnels de l'Etat portant un uniforme : militaires et policiers. Le trafic n'a fait que changer de mains car le civisme n'est pas toujours ce qui motive le zèle des fonctionnaires, des "corps habillés" expression typiquement ivoirienne qui désigne les douaniers, les policiers, les gendarmes et les militaires. Krol, 1995 : 2. K.N., le plus bavard du groupe explique qu'autant les forces de l'ordre les traquent, autant eux-mêmes traquent les corps habillés. Ivoir'Soir, 30.06.1997. J'ai participé à une émission-radio avec un responsable des corps habillés qui a reconnu que 42 jeunes gens qui voulaient devenir des sous-officiers, des commissaires etc., ont été refusés [.]. Ivoir'Soir, 18/19/20.07.1997. Le second [: car] [.] arrive quelques trois minutes plus tard avec des corps habillés, apparemment des commandos berêts rouges. Ivoir'Soir, 18.11.1997. Ils [: les officiers]en ont profité pour prôner l'entente entre les différents corps habillés pour combattre l'ennemi commun, le banditisme [.]. Ivoir'Soir, 26/27/28.12.1997. Il organise son fameux banquet auquel il convie des officiers, des corps habillés et choisit comme invité d'honneur un Conseiller de la Cour d'Appel. Ivoir'Soir, 11.02.1998. Les Sud-Africains ont battu le record des sommes volées dans les services des corps habillés. Ivoir'Soir, 30.03.1998. Dans tous les établissements où je suis passée, j'ai toujours réglé les problèmes avec les élèves. Je n'ai jamais sollicité l'aide des corps habillés. Ivoir'Soir, 27.05.1998.

SYN.: potes* de la rue.

 

corté, korté, koroté, [korte] /[korote], n.m., Assez fréq., (du mandenkan "poison lancé à distance"), oral, écrit, nord surtout, péj. Mauvais sort, poison, action maléfique s'exerçant à distance sur autrui. Certains de nos fonctionnaires indigènes ont besoin parfois d'un congé de longue durée pour suivre un traitement contre le corté [.]. Le corté supprime la distance et se passe le plus souvent de contact. Certains cortés tuent, d'autres rendent longuement malade. Kerharo /Bouquet, 1950 b : 43. Il est certain que, parmi les noirs, le corté n'a jamais causé les ravages qu'on lui prête mais il n'est pas moins vrai que certaines maladies sont inexplicables et que, en définitive, par une action psychique plus ou moins profonde, la crainte du corté fait vivre des milliers d'êtres dans une peur irraisonnée et les livre pieds et poings liés aux marchands de gris*-gris. Ibid : 45.

COMP.: contre-corté*, corté-tigui*.

 

corté-tigui, cortétigui, [kortetigi], n.m. Vx., (du mandenkan "sorcier"), surtout nord, péj. Envoûteur, sorcier. En fait, voulant se venger d'une réprimande ou d'un affront, il était allé trouver le corté-tigui et avait fait jeter un corté* à son maître. Kerharo /Bouquet, 1950 b : 45.

 

corvinelle, n.f. Spéc. (faune). (Corvinella corvina Shaw). Oiseau de la famille des Laniidae, à bec jaune et longue queue. Savanes arbustives et arborées. Serle /Morel, 1988 : 167.

 

coryphène, n.m. Spéc. (faune). V. DORADE*. Terme générique désignant deux espèces de poissons de mer de la famille des Coryphaenidae, dont une espèce : le coryphène commun (Coryphaena hippurus Linn.) ou poisson*-machette, peut atteindre 200 cm de long ; l'autre, le coryphène dauphin, (C. equiselis Linn.) est beaucoup plus petit. Le coryphène fait une chasse active aux poissons-volants* et aux sardinelles*. Aldrin /Noyer /Brégeat, n° 53, 1972 : 42. Seret /Opic, 1981 : 204.

ENCYCL.: les deux espèces ont une belle coloration bleu vert dorée et ont une chair délicieuse.

SYN.: dorade* (impropre), poisson*-machette (C. hippurus Linn. seulement).

 

cossette, n.f. Spéc. (industrie). Nom donné aux déchets du traitement industriel du manioc. Un marché potentiel est réservé aux cossettes de manioc pour l'alimentation du bétail. FM., 03.01.1980.

 

cossyphe, n.f. Spéc. (faune). Terme générique désignant plusieurs espèces de petits oiseaux forestiers chanteurs et imitateurs, de la famille des Turdidae. On distingue localement le cossyphe à ailes bleues (Cossypha cyanocampter Bonaparte) aux belles couleurs ; le grand cossyphe à tëte blanche (C. albicapilla Vieillot), noir et orangé, à couronne blanche ; le petit cossyphe à tête blanche (C. niveicapilla Lafresnaye) au chant admirable. Serle /Morel, 1988 : 191-193. Signalés (Marahoué, Taï). Bousquet, 1992 : 156.

 

costume cravaté, n.m. V. CRAVATE*. Tu vas chez le ministre avec ton costume cravaté? (Universitaire, Abidjan, 1990).

 

Côte, (Basse ---- ), n.f. V. BASSE* COTE.

 

côté à côté, loc. adj. ou loc. adv. Fréq., oral, peu ou non scolarisés ou plaisant chez les lettrés.

1- loc. adj. Tout proche, voisin. "Manioc là*, ça vient d'où ?" -" Ca quitte village côté à côté." ID n° 958, 30.04.1989 : 26.

2- côté à côté, (à ----), loc.adv. V. A*. Dans le voisinage immédiat, tout à côté [de]. C'est à côté à côté Monoprix. (Chauffeur, Abidjan, 1982). Ca [: une marchande] reste à côté à côté. (Boy, Abidjan, 1980). Tu habites loin ?"-"Non ! à côté à côté". (Lycéen, Bouaké, 1990).

 

côtier, n.m. Dispon., oral, parfois péj. Nom donné par les populations du nord à celles du sud. Les côtiers ne mangent pas comme nous. (Institutrice, Ferké, 1980). Les côtiers, comme un seul homme, ont voté pour leurs frères. Kourouma, 1990 : 224.

 

côtière, n.f. Fréq., oral, écrit, tous milieux.. Route désservant l'ensemble du littoral ivoirien. De l'autre côté d'Abidjan, la côtière va maintenant jusqu'à la frontière ghanéenne. En tout elle représente 640 km. Rémy, 1996 : 197. L'ouverture de la côtière a permis de corriger cette situation [: d'isolement]. Ivoir'Soir, 27.11.1997.

 

cotocoli, n.m. V. KOTOKOLI*. Une mère cotocoli apprend le code de l'air à ses petits. L'éphémère, 11.01.1993.

 

coton, n.m. Spéc. (agriculture).

1- Filament soyeux qui entoure les graines du cotonnier*.

DER.: cotonnier*.

COMP.: coton fibre, coton graine.

2- coton fibre, coton récolté et traité.

ENCYCL.: les graines ont été séparées des filaments soyeux (: fibres) qui les entourent).

3- coton graine, V. COTON FIBRE. Fibres de coton récolté mais non encore traité. Acheté sur la base minimum de 70 F le kilo de coton-graines, l'ensemble de la campagne 1978-79 aura rapporté aux 90000 planteurs un revenu brut d'environ 9 milliards de francs. FM., 28.12.1979. Aujourd'hui, des GVC* de commercialisation de coton-graines, achètent et revendent du riz paddy*, de l'anacarde*, du karité*. FM., 29/30.11.1980.

 

cotonnier, n.m. Spéc. (agriculture). (Gossypium spp.). Nombreuses variétés d'arbustes importés et cultivés, dont les fruits à maturité laissent échapper le coton fourni par les filaments soyeux fixés sur la graine. Pour le G. arboreum Linn., on distingue trois sous-groupes : les cotonniers du Sahel, les cotonniers rudi, introduits mais en voie de disparition, les cotonniers du Togo. S'il revoyait [.] les champs pailletés de fleurs jaunes de cotonnier. Dadié 1950 : 71. Roberty, 1954 : 55. Adjanohoun /Aké Assi, 1979 : 199.

SYN.: korondi (mandenkan), n'guiessè(attié).

 

cou, n.m. V. CHERCHER* LE COU, MALADIE* DU GROS COU.

 

coucal, n.m. Spéc. (faune). V. COQ* DE PAGODE. Terme générique désignant plusieurs espèces d'oiseaux de la famille des Cuculidae. On distingue localement le coucal à bec jaune (Ceuthpochares aereus Vieillot), bel oiseau forestier à longue queue, d'un bleu foncé à reflets pourpres et verts ; le coucal à ventre blanc (Centropus leucogaster Leach), coucal forestier lourdaud à longue et large queue ; le coucal du Sénégal (Centropus senegalensis Linn.), oiseau surtout terrestre, roux et noir. Serle /Morel, 1988 : 107-110. Le coucal du Sénégal est signalé (Comoé, Marahoué, Azagny). Plusieurs autres espèces à Taï. Bousquet, 1992 : 156.

SYN.: coq* de pagode, faux* coq de pagode.

 

coucher, v.

1- v.tr. Dispon., oral, mésolecte, basilecte, péj. Coucher avec (une femme ou une jeune fille). Avec cet argent, les Dahoméens couchèrent nos filles. Kourouma, 1970 : 89.

SYN.: amourer*, caler*, couiller*, cuyer*, frotter*, grailler*, pomper*, rosser*, taper*.

2- coucher (se ---- avec) v. pronom. Dispon., oral surtout, mésolecte. Coucher. Il s'estime déshonoré, se le reproche publiquement, quand il se couche plusieurs semaines avec une femme sans parvenir à l'engrosser. Kourouma, 1998 : 282.

 

couché, adj. V. FOUTOU* COUCHE, PAIN* COUCHE. Digbeu, lui [.] a battu sa femme qui a versé dans la poubelle son foutou couché. Ivoir'Soir, 09.09.1997.

 

coucou, n.m. Spéc. (faune).. Terme générique désignant plusieurs espèces d'oiseaux de la famille des Cuculidae : le coucou criard (Cuculus clamosus gabonensis Lathal) ; le coucou de Levaillant (Clamator levaillantii Swainson) noir et blanc, à huppe noire ; le coucouc didric (Chrysococcyx [Lampromorpha] caprius Boddaert), à dos vert brillant à reflets cuivrés, au chant remarquable ; le coucou-geai, (Clamator glandarius Linn.) savanicole ; le coucou solitaire, (Cuculus). Serle /Morel, 1988 : 104-106. Signalés Comoé. Bousquet, 1992 : 163

 

coucougnousse, n.f. V. DJANDJOU*.

 

couiller, v.tr. Fréq. basilecte, vulg. En parlant d'un homme, baiser. Y a palabre. Il a couillé la femme du voisin. (Etudiant, Abidjan, 1976).

SYN.: (part.) amourer*, caler*, coucher*, cuyer*, frotter*, grailler*, pomper*, rosser*, taper*.

 

couillon au carré, n.m. Dispon., oral, mésolecte, basilecte, péj. Triple con, crétin. Et nous sommes restés tous les trois, au bas-côté de la route, comme des couillons au carré. Kourouma, 2000 : 61.

 

couler, v. tr.

1- couler des larmes, loc.verb. Fréq., oral, mésolecte, basilecte. Gémir, pleurer. J'avais mal et je coulais des larmes. (Copie 5e, Bouaké). Y a pas de quoi couler des larmes!  (Etudiante, Abidjan, 1979.) Il s'y [: en Inde] passe des choses à vous faire couler des larmes. Ivoir'Soir, 09.09.1997.

2- couler du jus, loc.verb. Argot urbain, oral, vulg. Jouir (pour un homme), éjaculer. Il l'emmène à la Cité pour couler du jus, expression qui se passe de traduction. Krol. 1994 : 218.

3- couler du sang, loc.verb. Fréq., oral , écrit, mésolecte, basilecte. Saigner. Il avait coulé trop de sang et il est mort avant d'arriver à l'hôpital. (Infirmier, Dabakala, 1977). Son oeil droit coula du sang. FM., 10.04.1984.

4- couler (le ventre qui coule), loc.verb. V. VENTRE*.

 

couleur, (quelle est la ---- du soleil ?), loc.interrog. Argot zouglou, récent, oral. Quelle heure est-il ? (1e attest). Intégration n °4, janvier 1993. "Vocabulaire zougloutique". p. 19).

 

couleuvre sifflante, n.f. Spéc., (faune), (Psammophilis sibilans). Couleuvre d'environ 1,70 m de long, à sifflement caractéristique. Très rapide et très agressive, la couleuvre sifflante se nourrit de rongeurs et de lézards. Marché-Marchad, 1969 : 48.

 

Coulibaly, n.m. Argot estudiantin vieilli. (du nom de l'ex-caissier principal de l'ENS). Bourse des étudiants de l'Ecole normale supérieure. Coulibaly est le grand frère de Kouadio* parce que la bourse des étudiants de l'ENS est plus élevée que celle des étudiants de faculté. Campuslexique, 1979, 7. Il est temps que Coulibaly cause*. J'ai pas le ro*. (Etudiant ENS, Abidjan, 1980).

LOC.: Coulibaly cause : la bourse est payée.

ANTON.: kouadio*.

 

couloir, n.m.

1- Usuel, oral, écrit, tous milieux, ironique, fam., péj. Piston, appui, faveur, passe-droit. A qui profite le couloir ? (titre d'article) ID, 28.01.1973. Je suis fort surpris et touché, comme beaucoup d'autres personnes, de ce que, même à l'hôpital, le couloir existe. ID, 03.01.1980. Comme c'est une personne bien, une du "milieu d'en haut", qui me veut du bien, et qui pourrait m'ouvrir un bon "couloir" dans la high-society, et tout et tout*. Ekra 1985 : 48. Un aphorisme de Moussa :"Cimetière y a pas couloir" (pas de passe-droit devant la mort, pas de resquille)... David, 1986 : 198. Nombre de salariés espèrent parvenir à leurs fins en utilisant les armes du couloir, c'est-à-dire en procédant à un arrangement financier avec les cadres des sociétés immobilières concernés. Bonnassieux, 1987 : 80.

ENCYCL.: par référence à l'attente dans le couloir menant au bureau d'une personnalité influente, susceptible d'accorder la faveur sollicitée.

LOC.: faire couloir, jouer des couloirs.

COMP.: élève-couloir.

SYN.: inscription* parallèle, recrutement* parallèle.

2- couloir, élève-couloir, Fréq., oral, fam., tous milieux, péj. Elève pistonné, admis dans un établissement scolaire public, sur recommandation d'une personnalité, malgré un échec à l'examen d'entrée (V. INSCRIPTION* PARALLÈLE, RECRUTEMENT* PARALLELE ) ou des notes insuffisantes. Par extension, élève faible, cancre. Jusqu'à la fin octobre, on voit arriver des élèves-couloir ! (Professeur, Abidjan, 1980). Où en sommes nous avec les couloirs ? Télé-Miroir, 08.05.1982.

3- couloir, (faire le ---- ), loc.verb. Usuel, oral., écrit, fam., péj. Intriguer pour obtenir un passe-droit, faire jouer le piston, magouiller. Faire le couloir n'est pas une activité de tout repos, la courbette, la souplesse de l'échine et des articulations ne garantissent pas toujours le succès. ID, 28.01.1973. Pour être servi par sa propre banque, il faut, dira l'Ivoirien moyen, faire couloir. FM., 02.06.1983. Faire couloir : négocier (en coulisses) pour un passe-droit. David, 1986 : 219. Pour franchir le barrage [ : de l'entrée en 6e] il faut faire couloir auprès du responsable d'un CEG afin de bénéficier d'un recrutement* parallèle. (note 2)."Les responsables d'établissement et les services compétents des ministères E.N. étaient autorisés à procéder à des recrutements limités d'élèves qui n'avaient pas été reçus et orientés officiellement en 6ème mais avaient un total proche du minimum requis. Cette mesure a été abrogée en 1981. Ibid.

 

coup de démarreur, n.m. Assez fréq., oral, fam., mésolecte, basilecte, plaisant. V. ACCELERATEUR*, KANKANKAN*. Prise d'aphrodisiaque. Eh ben, il va avoir besoin d'un coup de démarreur si, à son âge, il veut marier* encore. (Secrétaire, Abidjan, 1977).

SYN.: accélérateur*, cancan*, chargeur* de batterie, kankankan*.

 

coupe cafard, n.m. Spéc. (mode), oral, plaisant. Coupe de cheveux masculine. Les amusantes enseignes locales [.] où le coiffeur propose la coupe cafard. David, 1984 : 10.

 

coupe de la vierge, n.f. Spéc. (flore). Pancratium trianthum Herb.). Plante de la famille des Amaryllidacées à fleur blanche en forme de calice. Roberty, 1954 : 128-5.

 

coupe-coupe, n.m. V. MATCHETTE*. En règle générale, ils sont tous Voltaïques, Mossis*, fiers adeptes du dolo* et armés pour l'allure d'une longue lame de coupe-coupe. Tierno Monenembo, 1993 : 25.

 

couper, v.tr. A un sens extrêmement plus vaste. Engendre de nombreuses locutions.

1- Fréq., oral, écrit, fam. mésolecte, mélior. Circoncire (pour un garçon), exciser (pour une fille). C'est le forgeron qui coupe les garçons. (Villageois, Katiola, 1978.) Chez les Lobi, les filles sont coupées. (Sage-femme, Abidjan, 1978). On a fait cent bornes sur la tôle* ondulée pour donner la civilisation à ces types-là! Et rien! [.] couper leurs garçons, couper leurs filles, couper, couper [.]. Du Prey, 1979 : 116.

2- Assez fréq., oral, fam., mésolecte. Rompre, arrêter de fréquenter [.] le juge coupa le silence [.]. Kourouma, 1970 27. Si la famille ne nous permet pas de voir notre père, eh bien je couperai avec elle. Je préfère reconnaître mon père que vous fréquenter. A. Kouadio, 1983 : 28. Mes parents m'ont obligée à couper avec mon copain. (Etudiante, Abidjan, 1986). Mon école n'est pas arrivée très loin. J'ai coupé cours élémentaire deux. Kourouma, 2000 : 9.

3- couper [l'argent], loc.verb. Usuel, oral, mésolecte, basilecte, fam. péj. Retenir une somme d'argent, faire une retenue sur un salaire, prélever une somme d'argent par artifice, escroquer. La maison qui lui a donné l'automobile coupe 60000 CFA* sur son paiement. ID, 14.01.1973. La Mutuelle [.] n'arrange pas du tout les fonctionnaires. En effet, ce n'est pas tous les mois qu'on tombe malade mais c'est tous les mois qu'on nous coupe l'argent. FM., 15.06.1981. Le patron a payé et il a coupé sur son salaire jusqu'à ce que le remboursement soit fini. Deniel, 1991 : 83. Il faut faire croire aux gens qu'ils ont affaire à une bonne fille, à une bonne maîtresse. Comme ça on peut les "couper". "Couper" un homme : c'est d'abord le mettre dans des conditions telles que moralement il pense être redevable. C'est ce que nous faisons en nous déshabillant devant eux. Ensuite il faut inventer un problème qui impose un besoin urgent d'argent. Ivoir'Soir, 10.12.1997. Les go*, il faut qu'on coupe* tous les gaous* qui vont nous draguer mais je vous préviens, l'argent que nous aurons doit servir à quelque chose d'utile. FM., B.D. 22.12.1997. Moi, aucune fille ne peut me couper. Même toi qui me fatigues* là*, tant qu'on est pas sorti ensemble, je ne te donnerai rien. (BD) Ivoir'Soir, 15.04.1998. Si tu dis: moi, mon papa je vais le couper, ça veut dire que par exemple, le livre là à l'école, il coûte 1500 f. Tu dis à ton papa qu'il coûte 5000 f., tu l'as coupé : ton papa t'a donné les 5000, tu payes les 1500 à l'école, tu prends le reste .C'est ça couper. (in Corbineau, 2000. t.2: 13)

4- couper le pain [à qqun], loc.verb. Fréq., oral surtout, mésolecte, basilecte. Acculer [quelqu'un] à la misère, réduire à la famine. En vérité, que sommes-nous actuellement entre les mains des pays blancs? Il faut leur demander la permission* de cracher, de pisser. Sinon ils nous coupent le pain. A. Koné, 1980 : 35. J'ai été compressé*, ça me coupe le pain. (Chômeur, Abidjan, 1993).

5- couper, v.tr. Assez fréq. (calque du mandenkan), fam. mais non vulg. Pour un homme, parlant d'une fille ou d'une femme, séduire, posséder sexuellement. Lui, il se contenterait d'une ou deux des gos* que j'ai coupées !!  (Etudiant, Abidjan, 1984).

6- couper, v.tr. Argot estudiantin, péj. En parlant des correcteurs, coller [un étudiant] à un examen. IIl n'est pas rare d'entendre dire dans les couloirs que tel ou tel prof a mis* un étudiant ou l'a coupé . Campuslexique, 1979 : 4. Ils ont tout fait pour couper les gens. Zazou n° 12, 1981.

LOC.: couper bas*, couper haut*.

SYN.: mettre qqn.

7- couper bas, loc.verb. Argot estudiantin, péj. Donner de mauvaises notes (en parlant d'un enseignant). Avoir de mauvaises notes (en parlant d'un étudiant). On dit que, cette année, les profs vont couper bas. Campuslexique, 1979, 5. Couper bas, c'est l'image du challenger mis K.O. par son adversaire, le prof. Campuslexique, 1979 : 5.

DER.: coupure*.

SYN.: blesser*, cintrer les notes (prof.).

ANTON.: couper haut*.

8- couper haut, loc.verb. Argot estudiantin, mélior. Mettre de bonnes notes (pour un professeur), avoir de bonnes notes (pour un étudiant). Fort heureusement les choses ne vont pas toujours mal [.] en ce sens qu'on arrive à couper haut. Campuslexique, 1979 : 6. En math, je coupe bas* mais heureusement notre prof d'anglais coupe haut. (Lycéen, Bingerville, 1979).

9- couper le bangui, loc.verb. Fréq. oral, écrit, tous milieux. V. BANGUI*. Récolter le vin de palme. J'étais parti avec mon père couper le bangui. (Lycéen, Adzopé, 1981).

ENCYCL.: le palmier*-raphia et le palmier* à huile doivent être abattus pour cette extraction.

DER.: coupeur de bangui*.

10- couper le beurre, V. BEURRE*.

11- couper le carême, couper le jeûne. loc.verb. V. CAREME*. Des croyants qui n'avaient pas accompli la quatrième prière et n'avaient pas coupé le carême à l'heure prescrite. Kourouma, 1990 : 126. Toutes les calebassées* de bouillie de mil* préparées pour couper le carême ont été disputées, enlevées, avalées par une multitude de paysans affamés, travestis en mendiants. Kourouma,, 1990 : 126.

SYN.: casser* le carême.

11- couper le coeur, loc.verb. Dispon., (calque des langues locales.), oral, basilecte. V. COEUR*. Briser le coeur (sous le coup d'une action violente, d'une émotion), bouleverser. La nouvelle de cette mort subite coupa le coeur à tous, parents et amis. Dadié, 1980 : 38. Quand je les ai vus, tout de suite j'ai compris et j'ai eu le coeur coupé. Akissi Kouadio, 1983 : 9. Quand les gens sont venus m'apprendre, le soir, que ma fille était morte, ça m'a bouleversée, ça m'a coupé le coeur. Deniel, 1985 : 71. Et ce qu'il a vu lui a coupé le coeur. Ivoir'Soir, 15.07.1997. Ah ! Faut pas couper notre coeur ce matin ! On croyait que c'était des visiteurs armés. Ivoir'Soir, 03.02.1998.

12- couper le jeûne, loc.verb. V. CAREME*. D'ailleurs, une recommandation du prophète enseigne de "couper" le jeûne avec cet aliment [: des dattes]. Ivoir'Soir, 08.01.1998.

13- couper le kouadio, couper le coulibaly, loc.verb. V. KOUADIO*, V. COULIBALY*. Vieilli, argot estudiantin, oral, péj. Supprimer la bourse d'un étudiant à l'Université. Couper le kouadio* à qqn [: c'est] lorsque le service des bourses supprime la bourse à un étudiant. Campuslexique, 1979 : 5. Si l'examen est chaud*, si les profs cintrent* les notes* je suis fichu. On va me couper le kouadio. (Etudiant, Abidjan, 1980).

ENCYCL.: pour un étudiant de l'ENS, l'expression équivalente serait "couper le Coulibaly * (rare).

14- couper le sein, loc.verb. Dispon., (calque des langues locales), oral, fam., mésolecte, basilecte. Sevrer (en parlant d'un bébé). Il faur couper le sein au bébé, au plus tard à un an, quand il commence à marcher. (Sage-femme, Toumodi, 1977). Depuis que j'ai coupé le sein à mon bébé, il est malade. (Consultation, Katiola, 1982).

15- couper les lèvres, loc.verb. Dispon. , vieilli, (calque des langues locales), oral, fam., mésolecte, basilecte. Acheter le silence de qqn. Avec cinq mille francs, tu lui coupes les lèvres. Pas de PV. (Chauffeur, Abidjan, 1984).

 

coupeur, n.m. Dispon., argot urbain, oral, fam., jeunes. Escroc, voleur. Sale coupeur! Il a momo* mon pia*! (: Sale voleur! Il a barboté mon fric., ID., 23.03.1986).

 

coupeur, n.m.

1- coupeur de bangui, dispon., oral, tous milieux. Personne ayant pour profession l'abattage (interdit) des palmiers-raphia* et des palmiers à huile* pour la récolte du vin de palme. Tantôt il est coupeur de bangui, tantôt braconnier. (Animateur rural, Adzopé, 1980).

2- coupeur de bois, vieilli, oral, écrit, tous milieux, mélior. Exploitant forestier. Beaucoup  [: d'entreprises familiales] sont nées pendant la première moitié du siècle avec les premiers coupeurs de bois, pionniers de l'exploitation de la forêt tropicale. FM., 08.11.1978. Les coupeurs de bois [.] écumaient la forêt ivoirienne jusqu'à la dépeupler de toute essence de valeur. Amondji, 1984 : 183.

3- coupeur de route, fréq., oral surtout, péj. Bandit opérant sur les routes de l'intérieur du pays où, par des barrages, ils arrêtent les véhicules et pillent les voyageurs. La presse locale est émaillée de ce genre d'histoires tout aussi insolites que violentes qui, avec les faits d'armes des "coupeurs de route" (les fameux brigands qui rançonnent les voyageurs se rendant à l'intérieur du pays), nourrissent les conversations à Abidjan. Jeune Afrique. 24/30.07.1996 : 83. Un passager abattu par des coupeurs de route. Ivoir'Soir, 06/07.04.1998. La moto chargée de notre protection circulait devant, n'a pas pu stopper net au signal du bout d'homme. Les gars qui étaient sur la moto avaient cru que c'étaient des coupeurs de route. Ils ont tiré. Kourouma, 2000 : 55. Souvent habillés d'uniformes de la police, munis d'armes volées à celle-ci, les coupeurs de route font merveille : témérité, audace, rapidité. Adé, Adiaffi, 2000 : 282.

 

couple, n.m.

1- couple domino, vieilli, oral, mésolecte, plaisant. Couple dans lequel un des conjoints est noir et l'autre blanc. Tu as suivi l'émission sur les couples dominos à la télé ? (Enseignant, Abidjan, 1978). Eh bien ça fera un couple domino de plus ! (Ingénieur, Abidjan, 1979).

SYN.: couple mixte* (part.).

2- couple mixte, usuel. oral, écrit, tous milieux, neutre. Couple dans lequel un des conjoints appartient à un groupe ethnique et l'autre à un autre. L'appellation peut également désigner un couple dont chaque conjoint relève d'une couleur de peau différente. Depuis l'Indépendance, les couples mixtes se sont multipliés. (Sociologue, Abidjan, 1974). Il y a davantage de couples mixtes noir-blanche que l'inverse. Et pourquoi d'après toi ? (Enseignante, Bouaké, 1985). A l'intérieur des problèmes du couple, celui du couple mixte. Y. Konaté, 1987 : 58. Là-bas [.] vivait entre quatre murs un couple mixte*. L'homme est guéré, la femme était bété, car elle est décédée et voilà les Guéré et les Bété dans "un" même funérailles*. Nouvel Horizon n° 144. cité Dagnac, 1996 : 148.

SYN.: couple domino* (part.).

 

coupure, n.f. Dispon., argot estudiantin, oral., péj. Mauvaise note. On se retrouve alors dans une situation où les coupures (les mauvaises notes) n'inquiètent plus. Cabri mort* ne craint pas le couteau. Campuslexique,1979 : 4. Ce coup-ci, j'ai droit à la coupure : j'ai complètement faussé* l'interro. (Etudiant, Abidjan, 1984).

 

cour, n.f. Usuel., oral, écrit, tous milieux.

1- cour, concession* comportant des bâtiments d'habitation, délimitant un espace central dégagé qui sert de lieu de réunion. On distingue localement cour familiale,  plutôt en milieu villageois traditionnel et cour commune, dans les quartiers urbains populaires. La cour, c'est l'ensemble formé par les bâtiments qui enferment plus ou moins un espace central dégagé, souvent ombragé par un arbre et où l'on se réunit le soir. Monnier, 1969 : 36. C'est la cour telle qu'elle existe par exemple dans le quartier de Treichville : plusieurs habitations entourent une cour dont l'entrée est commune. Bonnassieux, 1987 : 38. Un Mossi qui avait plusieurs cours à Vridi a installé les siens à l'intérieur d'une grande concession*. Bonnassieux, 1987 : 199.

ENCYCL.: ce terme a donc à la fois une signification spatiale et un sens social.

SYN.: concession*, carré*, parcelle*.

2- cour, cour familiale, habitat traditionnel constitué d’un grand terrain clos sur lequel s’élèvent des maisons ou des cases* occupées par des membres de la même famille étendue : (par exemple, maison du père, maisons de chacune des co-épouses, etc.). Le terme désigne à la fois les bâtiments servant d'habitation et le groupe social qui y réside. Le terme de concession* doit être pris ici au sens de groupe de cases* disposées d’une manière telle qu’elles délimitent une cour rectangulaire et dans laquelle vivent les membres d’une famille. Dian Boni, 1970 : 45. Il se laissa conduire par un même passage jusqu'à la cour familiale. Du Prey, 1979 : 34. B. habitait à la fois le quartier des Indépendances où se trouvait la cour* familiale et le quartier Dallas où il avait un entrer-coucher. FM., 26-27.03.1983.

SYN.: case*, concession, soukala*.

3- cour, cour commune, concession* urbaine d’un quartier populaire, formant un quadrilatère plus ou moins grand, (V. CARRE*) bordé de petites chambres carrées, indépendantes, donnant toutes sur une cour intérieure où se trouve un puits ou un robinet d’arrivée d’eau et où on fait la cuisine. Ces chambres (V. PORTE*, ENTREE*-COUCHER, CHAMBRE*-SALON) sont occupées par des locataires différents. Le même mot "cour "se rapporte d'une part à un ensemble concret de bâtiments et d'installations nettement inscrit dans l'espace, d'autre part à une unité sociale plus ou moins instable et mouvante dont la cohésion reste très variable. Enquête régionale, 1963 : 38. El Hadj* B.T., propriétaire d'une cour* où vivent au moins 40 personnes. FM., 30.11.1982. J'habite la même cour que la fille que j'aime. Télé-miroir, n° 17, 1983, 13. D'abord il y a beaucoup de monde, on peut facilement compter cinquante personnes dans une même cour. A. Kouadio, 1983 : 30. Mes passages fréquents dans certaines cours m'ont permis de clarifier les situations familiales. Bonnassieux, 1987 : 9. A trop s'attarder sur le "petit Manhattan" d'ailleurs trompeur des tours et des immeubles surgissant du Plateau*, on finit par occulter une réalité : en 1987 comme en 1963, plus de 7 citadins sur 10 résident dans un habitat dénommé cour commune dans le langage usuel. Antoine /Dubresson /Manou-Savina, 1987 : 6. Un crocodile* dans une chambre* d'une cour commune au quartier Dar es salaam. (Titre d'article), FM., 10.02.1993. J'habitais une cour commune. FM., 11. 2.1993. J'ai un grand frère à ma maman qui a une cour à Afribougou. Krol, 1994 : 118. Habitant la même cour commune à Cocody dans le bidonville Washington avec M. K.K., la prévenue vit en concubinage avec K. Ivoir'Soir, 23/24/25.05.1997. Le drame s'est produit dans un studio d'une grande cour de plusieurs appartements situés à Abobo Derrière Rails à quelques mètres du rond-point "gendarmerie". Ivoir'Soir, 18.08.1997. Mme E. C. louait une partie de sa cour. Une cour de 4 appartements de 3 pièces. Ivoir'Soir, 24.03.1998. Autrefois, ils habitaient une cour commune à Adjamé. R.Yaou, 1999 : 56.

COMP.: cour-caravansérail, habitat* de cour.

3- cour-caravansérail, V. CARAVANSERAIL*. La cour-caravansérail ne fut-elle pas adoptée par l'administration coloniale pour loger les "indigènes de passage" en 1916 à Abidjan et reprise comme solution au problème de l'habitat africain par la SIHCI, vers 1950 ? Antoine /Dubresson /Manou-Savina, 1987 : 258.

 

courant, n.m. Fréq., oral, écrit, tous milieux. Electricité. Je ne peux plus travailler. On m'a coupé le courant parce que j'ai pas pu payer. (Couturière, Abidjan, 1980). Quand on prend le courant chez un voisin, il y a souvent des palabres* au sujet de la note à payer [.]. Bonnassieux, 1987 : 111. On vivait dans une minuscule entrée-coucher*, comme celle où j'habite à Gagnoa mais sans meubles et sans courant. Krol, 1994 : 34. Depuis la rentrée [.] je loue une chambre pour moi tout seul avec un lit, une table basse et une chaise, pour 3000 francs, avec courant, oui, c'est compris dans le prix mais il faut éteindre avant dix heures. Ibid : 41.

COMP.: poisson*-courant.

 

courber, v.

1- courber, (se ----), verbe pronom. Dispon., Litt. (Kourouma). Etre musulman, faire les prières musulmanes. On chuchote que Balla [.] se convertira et se courbera. Kourouma, 1990 : 115.

2- courber la /une prière, loc.verb. Rare, littéraire. (Kourouma). Prier (pour un musulman). Le troisième jour, il se réveilla, courba les nombreuses prières qu'il devait. Kourouma, 1990 : 14. Ensemble, nous courbâmes la première prière du matin [.]. Kourouma, 1990 : 127. Yacouba, blessé, hospitalisé, a été guéri par Allah parce qu'il courbait tous les jours ses cinq prières et égorgeait très souvent plein de sacrifices. Kourouma, 2000 : 42.

 

courbine, n.f. Spéc., (faune). (Argyrosomus hololepidatus Lacépède). Poisson de mer de la famille des Scianidae pouvant atteindre 2 m de long et dépasser 60 kgs. La chair de la courbine, assez appréciée, ressemble, en moins fine, à celle du "loup" ou du "bar" des eaux tempérées. Aldrin /Noyer /Brégeat n° 53, 1972 : 57. Seret /Opic, 1981 : 266

SYN.: aigle*-bar, bar* (impropre), maigre*.

 

courbon, n.m. Vx. , oral, mésolecte. Virage. La voiture s'était renversée dans un courbon. (Ancien combattant, récit, 1973).

 

coureur-arc-en-ciel, n.m. V. POISSON*-BANANE.

 

courge torchon, n.f. Spéc. (flore). (Luffa aegyptica Mill. = L. cylindrica [Linn] Roem). Plante de la famille des Cucurbitacées dont les fruits à parties fibreuses servent d'éponge. Roberty, 1954 : 272.

SYN.: éponge* végétale, liane* éponge, liane*-torchon, loofa*, pipangaye*.

 

couronne [de palmier], n.m. Spéc. (agriculture). Partie terminale du palmier* où sont rassemblés palmes et fruits. Les couronnes de palmier sont trop hautes. Nous ne pouvons pas les récolter. FM., 09.01.1980. [.] des couronnes bien chargées malgré le manque d'entretien. FM., 30.01.1980.

 

couroucou [à joues vertes], n.m. Spéc. (faune). (Apaloderma narina Stephens). Bel oiseau de la famille des Trogonidae, au cri de tourterelle. D'un vert iridescent, il a le ventre rouge et les rectrices blanches. Serle /Morel, 1988 : 122. Signalé (Marahoué, Taï). Bousquet, 1992 : 170.

 

courrier sofa, n.m. Vx., (histoire). V. SOFA*. Guerrier servant d'émissaire. Nous apprenons ce matin qu'un courrier sofa de Samory est venu chercher Badioula. Bailly 16.07.1894 in Niamkey-Kodjo, 1991 : 33.

 

cours normal, n.m. Vx. mais encore dispon. V. CAFOP*. Sorte d'école normale qui formait des instituteurs et instituteurs adjoints. Il  [: le ministre] a appris à ses cadets que le cours Normal de 1953 était un assemblage de paillotes* dépourvues d'eau courante. FM., 28.05.1984. Je vois que tu n'as pas encore oublié les théorèmes que tu as appris en classe de 3ème au Cours Normal. J. Guenaman Colbert, 1985 : 43. Il était cuisinier chez l'économe du cours normal. Deniel, 1991 : 93.

 

court, court de taille, adj. Usuel, oral, écrit, tous milieux. De petite taille. Celui qui a demandé d'après* vous, était court et teint* clair. (Secrétaire, Abidjan, 1980). Mon fiancé est court de taille mais bien bâti. (Lettre d'étudiante, Abidjan, 1990). Devant cet homme qui n'hésite pas à dire à M.R.G. qu'elle est laide et G. qu'il est court, comment ne pas défaillir? Nouvelle Presse, 06.05.1993. Fils de militaire, la cinquantaine, court de taille et noir de teint*, comme on dit en Côte d'Ivoire des gens à la peau plus foncée que la moyenne. Krol, 1994 : 103. Apparemment bien dans sa peau, court de taille mais bien bâti, le visage doux et serein, il n'a pas l'air malade. Krol, 1994 : 184. .

ENCYCL.: "petit" semble plutôt qualifier un jeune âge ou une position sociale défavorisée.

ANTON.: géant*, haut*, long*.

 

courte maladie, n.f. Euphémisme fréq., oral, écrit, tous milieux. Se dit d'une maladie à l'issue rapide et fatale, ce qui est souvent interprété localement comme ayant une cause suspecte : empoisonnement, fausse-couche provoquée, etc. Eh oui, elle est morte de ce qu'on appelle pudiquement une courte maladie! (Sage-femme, Abidjan, 1980). "Les gens parlent d'une courte maladie."- "Mais pourquoi l'aurait-on empoisonné ?". (Etudiant, Abidjan, 1982). Il y avait dans cette rubrique [nécrologique] une manière codée de se référer à un certain genre de mort. La mort par empoisonnement était arrivée, disait-on, "après une courte maladie". Naipaul, 1984 : 185. Alors passe encore la courte maladie parce qu'elle laisse des doutes [.]. FM., 01.10.1990. John, qui n'a passé qu'une semaine d'incarcération, serait mort de "courte maladie". Ivoir'Soir, 12.05.1998.

ANTON.: longue maladie*.

 

courvite, courvite africain n.m. Spéc. (faune). Terme générique s'appliquant localement surtout au courvite de Temminck (Cursorius temminckii Swainson), petit oiseau haut sur pattes et vivant au sol, ainsi qu'au courvite à ailes bronzées (Cursorius [Rhinoleptus] chalcopterus Temminck) savanicole, discret et crépusculaire. Serle /Morel, 1988 : 85. Signalés (Comoé). Bousquet, 1992 : 156.

 

couscous de manioc, n.m. Fréq.,  oral, écrit, lettrés. V. ATTIEKE*. Produit de base de l'alimentation du sud, fabriqué à partir du manioc. L'attiéké, c'est du couscous de manioc. (Etudiante, Abidjan, 1983). La fabrication du couscous de manioc prend, selon la finesse du produit final, deux ou trois jours pour l'agbodiama* grossier, trois ou quatre pour l'attiéké* de qualité moyenne (le plus connu) et cinq pour l'ayité* extra-fin qu'on ne consomme qu'en famille. David, 1986 : 65.

SYN.: agbodiama*, attiéké*, ayité*.

 

cousin, n.m. ou f.

1- Rare, oral, écrit, seulement lettrés. V. FRERE*, SOEUR*. Terme de parenté, très rarement employé dans le sens d'étroite parenté. [.] mais le mot cousin n'existe pas en baoulé, c'est un frère*. Cheynier, 1972 : 10.

SYN.: cousin propre, cousin vrai-vrai.

2- Fréq., oral, fam., tous milieux sauf intellectuels. Personne relevant du même village, de la même région, du même groupe linguistique, de la même race, voire du même continent. La "cousine" Bella Bellow était inscrite à l'affiche de l'Institut National des Arts [.]. ID. 19. 11.1972, (: Bella Bellow était d'origine togolaise, cité in Caummaueth, 1988 : 56).

SYN.: frère*, soeur*, cousin du village.

3- Fréq., oral, fam. tous milieux. Personne avec laquelle on n'a pas d'autre lien que des relations de sympathie. Mais je considère comme parent tous ceux qui remplissent les mêmes exigences qu'un parent aurait pu faire. [.]. Moi je peux les appeler cousin . (Informateur cité in Caummaueth, 1988 : 56).

4- Fréq., oral, fam., milieux populaires. Terme d'adresse impliquant connivence et camaraderie. Cousin, où tu vas ce matin bonne heure? Si y a quelque chose, il faut dire, on va te donner coup de la main. (Chauffeur cité in Caummaueth, 1988 : 56).

5- Rare, fam., plaisant, intellectuels surtout. Appellation familière appliquée aux Maghrébins, du fait de leur appartenance à la zone géographique africaine. Nos cousins ont en ce moment de sérieux problèmes en France. On les ramène au Maghreb même après quinze ans de séjour. (Cité in Caummaueth, 1988 : 56).

6- cousin du village, n.m. ou f. V. COUSIN.

7- cousin vrai-vrai, n.m. ou f. V. COUSIN. Alphonse, je te dis que y a rien entre la fille là* et moi. C'est ma cousine vrai-vrai là même. (Cité in Caummaueth, 1988 59).

 

coussin de tête, n.m.

1- V. COUSSINET*. Vieilli, oral, écrit. Je l'ai dit* de m'aider à poser le canari sur mon coussin de tête. (Copie 4e, Adzopé, 1982).

SYN.: coussinet*.

2- n.m. Peu fréq., oral, mésolecte, basilecte  Oreiller. Madame, il faut donner draps pour le lit et le coussin de tête. (Boy, Abidjan, 1979).

 

coussinet, n.m. Usuel, oral, écrit, tous milieux. Petit coussin fait d'étoffe enroulée ou d'une sorte de couronne en raphia, utilisé pour le transport sur la tête d'une charge, assez large afin d'équilibrer l'objet transporté. Eux répondent par des génuflexions en jetant leur coussinet pour aller s'asseoir près de lui. Anoma Kanié, 1978 : 73. [.] le seau sur la tête rempli à ras-bord, amorti par un coussinet de tissu. Bonnassieux, 1987 : 110.

SYN.: coussin* de tête.

 

coutcha, n.m. V. KOUTCHA*. n.m. Moussa pourra donc prendre le chemin de la lutte contre les coutchas qui volent et pillent les villages isolés. FM., 29.03.1982.

 

couteau, (ne pas avoir peur du ----- ), loc.verb. Fréq. (du proverbe ivoirien : "cabri-mort ne craint pas le couteau"), argot estudiantin, oral, fam. péj. ou plaisant. V. CABRI-MORT*. Ne plus rien avoir à perdre. A l'inverse du caïman*, les bréqueurs* qui, par la force des événements sont devenus cabri morts*, pensent qu'ils n'ont aucune raison d'avoir peur du couteau. Campuslexique, 1979 : 4. Tu sais, maintenant, avec sa moyenne, il n'a plus peur du couteau !! (Universitaire, Abidjan, 1982).

ENCYCL.: se dit spécialement des élèves ou des étudiants certains d'être renvoyés à cause de leurs faibles résultats et qui, n'ayant plus rien à craindre, en profitent pour se dissiper et troubler les cours.

 

coutume, n.f.

1- Vx , (histoire), spéc. Cadeau. Il n'a pas voulu de la coutume. Bailly, 26.11.1894 in Niamkey-Kodjo, 1991 : 88, note 149 En refusant la coutume, (cadeau annuel, en vertu du traité du 10.01.1889, la France accordait au roi de Kong un cadeau [coutume] annuel de trois mille francs), Dakara souhaitait officiellement demeurer à l'écart de la crise ouverte à Kong.

2- Usuel, oral, écrit, tous milieux, mélior. V. DROIT COUTUMIER, TRADITION*. Loi non écrite, héritée des traditions et croyances ancestrales. Elle règle la conduite des membres d'un groupe ethnique. Il n'est pas de notre pays mais il a accepté le mariage selon nos coutumes. Du Prey, 1979, 47. L'abrogation des coutumes se justifiait car elles étaient trop locales ou trop particulières alors que le droit d'un Etat jeune doit être général pour être national. FM., 24.01.1980.

DER.: coutumier*, coutumièrement*.

COMP.: comme de coutume, contre la coutume, sans coutume.

LOC.: faire les coutumes*.

3- Rare, vx. Par extension : groupe ethnique. Lui et moi, nous sommes de même coutume. Gibbal, 1974 : 86.

4- coutume, (sans ---- ), adj., n.m ou f. Rare, oral, fam., mésolecte basilecte, péj. Appellation très péjorative s'appliquant à un Africain qui a coupé tous les liens avec ses origines, volontairement ou non : déraciné, déclassé. C'est un sans-coutume venu de je ne sais où. Qui sait pourquoi il a quitté* chez lui !  (Revendeuse, Abidjan, 1977).

ENCYCL.: l'individu sans appartenance sociale précise est alors considéré comme sans foi ni loi.

5- coutume, (comme de ---- ), loc.adv. Peu fréq., oral, écrit, tous milieux. Conformément à la tradition du groupe ethnique. Pourtant, il avait doté la fille comme de coutume. (Juge, Guiglo, 1978). Comme de coutume, c'est le fils de sa soeur qui prendra sa succession. (Sociologue, Dimbokro, 1982).

SYN.: coutumièrement*.

ANTON.: contre la coutume.

6- coutume, (contre la ---- ), loc.adv. Assez fréq., oral, écrit, tous milieux, péj. A l'encontre de la tradition du groupe ethnique. Les filles, maintenant, se marient contre la coutume. Elles veulent épouser qui leur plaît et refusent le mari choisi par les parents. (Institutrice, Bouaké, 1979).

ANTON.: comme de coutume*, coutumièrement*.

7- coutume, (faire les ---- ), loc.verb. Usuel, oral, écrit, tous milieux, mélior. Célébrer les rites ou les fêtes traditionnelles, en particulier*, pour un décès, un mariage, une naissance, une initiation*. Il est parti* au village faire les coutumes parce que sa maman est morte. (Chauffeur, Abidjan, 1984). On a loué une bâchée* pour aller au village, là on a fait les coutumes. Deniel, 1991 : 57.

 

coutumier, adj. Usuel, oral, écrit, tous milieux. Conforme à la coutume, à la loi non-écrite du groupe ethnique, par opposition à ce qui relève de textes juridiques modernes concernant l'ensemble de la nation. [.] puisque c'est ma fiancée coutumière, qu'on se connait [.]. Anoma Kanié, 1978 : 27. [.] content d'avoir fait ses libations selon le rituel coutumier. Du Prey, 1979 : 31. En effet, j'ai eu cinq enfants d'un mariage coutumier et me suis remarié officiellement avec une autre femme avec laquelle j'ai eu quatre autres enfants et il se trouve que les cinq premiers enfants ne peuvent bénéficier des allocations familiales. FM., 17/18.04.1982.

ENCYCL.: le sens de coutumier : "habituel" est, localement, rare sauf chez les universitaires.

COMP.: chef coutumier, droit coutumier, fête coutumière, mariage coutumier, rituel coutumier.

 

coutumièrement, adv. Usuel, oral, écrit, tous milieux. Selon la tradition. C'est Bomo qui m'a été réservée coutumièrement. Mon père m'avait fiancé* Bomo depuis qu'elle était dans le sein de sa mère. Anoma Kanié, 1978 : 27. Coutumièrement j'étais donc maintenant la femme de Kouassi. Toutefois nous ne vivions pas encore ensemble. Akissi Kouadio, 1983 : 81. Elle avait été marié coutumièrement. Deniel, 1991 : 88. J'ai été amoureuse d'un homme qui vivait avec une femme qu'il a épousée coutumièrement. FM., 25/26.06.1983.

ENCYCL.: s'oppose généralement à "légalement" dans la mesure où la tradition n'a pas valeur légale moderne.

SYN.: comme de coutume*, traditionnellement* (part.).

 

couture, (faire la ---- ), loc.verb. Usuel. oral, écrit, fam, mésolecte. Etre tailleur ou couturière. Tandis que ma grande soeur* faisait la couture, je m'occupais de la vente. FM., 16/17.01.1982.

 

couturier, n.m. Usuel, oral, écrit, tous milieux. Petit tailleur (et non véritable couturier créateur de modèles). Dans le village d'Apoisso-Apouéla, on peut compter plus de vingt couturiers pour hommes. FM., 17.03.1980. Est couturier qui veut, serait-on tenté de dire. Il suffit d'avoir une machine à coudre, un coin et le tour est joué. FM., 14.02.1984. Cette spécialité est quasi ignorée des couturiers de chez nous et pourtant ils sont nombreux. FM, 31.12.1990. Le couturier ? [.] c'est par pure ignorance qu'on attribue ce titre à toute personne sachant simplement tailler. Réformateur, Janvier 1993.

COMP.: couturier-bordel*.

2- couturier-bordel, n.m. Fréq., oral, basilecte, péj.. Tailleur incompétent et malhonnête. Couturier-bordel là, il a gâté* mon wax*. (Coiffeuse, Abidjan, 1983).

SYN.: tailleur-bricoleur*.

 

couverture indigène, n.f. Vx, euphémisme, oral, fam. Compagne locale pour la nuit. Tu auras même la couverture indigène. Tu la veux jeunette ou mûre ? Du Prey, 1979 : 145.

 

covillageois, co-villageois, n.m. Dispon., écrit, lettrés. Personne issue du même village. Ils [: les Abidjanais] subissent avec une anxiété résignée la survenue de cette catastrophe financière à répétition : le décès d'un parent, d'un covillageois, d'un originaire de leur région, d'une relation. Vidal, 1986 : 10.

 

coxer, n.m. V. COCKSEUR, Ah ! ce chauffeur ! Et dire que, pour lui, pendant quelques instants, j'ai fait le coxer, cet homme qui, dans les autogares* vous interpelle, vous demande votre destination et vous installe dans le taxi en attendant de faire le plein et de faire signe au chauffeur. FM., 15.05.1984. Il se prénommerait Arsène alias Rougeot bien connu dans le milieu des "coxers" de la gare routière. Ivoir'Soir, 29.04.1997. Lui aussi est devenu riche en une seule vente de diamant.[.]. Aujourd'hui il est ... coxer. Ivoir'Soir, 09.12.1997. "Tu veux être balanceur* ou coxer ? Balanceur*, c'est rester dans le gbaka* avec moi et encaisser. Coxer, c'est rester à la gare pour charger le véhicule". Ivoir'Soir, 26.05.1998.

 

crabe, n.m. Spéc. (faune). mais usuel.

1- crabe de lagune, (Callinectes latimanus). Crabe nageur à chair très estimée. [.] une grande variété d'ingrédients : viande de brousse*, boeuf, poisson [.] crabes de lagunes bien frais. Oberlé 1983 : 68. Madame ! Y a bons crabes de lagunes bien frais! (Vendeuse, marché de Treichville, 1984).

ENCYCL.: il vit dans les eaux saumâtres des lagunes.

2- crabe de terre, (Cardisoma armatum). Gros crabe nocturne que l'on peut rencontrer dans les cocoteraies, près des villages, assez loin de la plage. Les crabes de terre vivent le jour dans des terriers creusés dans la berge des lagunes et sortent la nuit, parcourant de longues distances pour se rendre dans les villages et y dévorer les immondices. Marche-Marchad, 1969 : 58. Ses jambes, couleur de latérite*, étaient poilues comme celles d'un crabe de terre voleur. Bolli, 1977 : 28. L'on peut déguster crevettes, crabes de terre ou de mer, coquillages et autres, accompagnés d'attiéké*. Ivoir'Soir, 18.03.1998.

SYN.: crabe des cocotiers.

 

crac, n.m. Fréq., argot urbain, péj. Mégot. Car Alpha ne peut nous dire que du temps où il fumait les cracs (restes des cigarettes d'autrui), il était en contact avec ceux qu'il vénère aujourd'hui. Ivoir'Soir, 12.12.1994.

 

cracher la vérité, loc.verb. Rare, oral, fam., mésolecte, péj. Reconnaître la vérité, l'avouer, après de nombreuses réticences. Cinq heures* d'horloge pour qu'il crache enfin la vérité. (Enseignant, Abidjan, 1980). Tu vas te décider à cracher la vérité ?  (Policier, Abidjan, 1983).

 

cracheur, n.m. Spéc. (faune) mais usuel, oral, écrit, tous milieux. V. SERPENT* CRACHEUR. (Naja nigricollis). Serpent venimeux noir qui a la particularité de cracher son venin à près de trois mètres sur tout ce qui brille. Très rapide et très agressif [.] il est capable de projeter à distance une salive mêlée de venin, visant les yeux de son adversaire et provoquant de graves lésions. C'est cette particularité qui lui a fait donner le nom commun de cracheur. Marché-Marchad, 1969 : 104.

SYN.: cracheur noir*.

 

cracro, karakoro, claclo, [krakro] / [karakoro] / [klaklo], n.m. Fréq., (alimentation), (du mandenkan karakoro ou du baoulé klâklo), oral, fam., tous milieux. Sorte de beignet à base de banane plantain* et de farine, frit à l'huile de palme. Vendu sur les marchés. Les feux s'allumèrent progressivement pour la grillade ou l'alloco*, le cracro, le tratra*, mille autres beignets. Anoma Kanié, 1978 : 297. Viens, on va acheter des cracros pour manger avec le café. (Universitaire, Abidjan, 1984).

 

craie, n.m. Pris comme symbole de la fonction enseignante. D'où les locutions verbales : REPRENDRE* LA CRAIE.

1- abandonner la craie, Fréq, oral, écrit. tous milieux. Quitter le métier d'enseignant pour embrasser une autre activité. Il est vrai que des enseignants ont abandonné la craie pour d'autres carrières. FM., 18.02.1983. Vous avez abandonné la craie pour le journalisme. Jeune Démocrate, 11.2.1993. Elle a abandonné la craie pour entrer au cabinet du ministre. (Enseignant, Abidjan, 1994).

ANTON.: reprendre* la craie.

2- reprendre la craie, dispon., oral, écrit, mésolecte, iron. Reprendre le métier d'enseignant après avoir exercé une autre activité, le plus souvent politique et plus honorifique. Il faudra bien qu'il reprenne la craie maintenant qu'il n'est plus député! (Convers. Abidjan, 1995).

ANTON.: abandonner la craie*.

 

craindre la bouche, loc.verb. V. BOUCHE*.

 

cram-cram, [kramkram], n.m. Spéc. (flore), mais usuel, (du wolof.), oral, écrit, tous milieux. Terme générique s'appliquant à plusieurs plantes présentant la caractéristique de s'accrocher aux vêtements.

1- (Cenchrus echinatus Linn.). Plante de la famille des Poacées à soies fortement retrobarbelées.

ENCYCL.: c'est le vrai cram-cram. Il infeste le Sahel, est plus rare au Soudan.

2- (Cenchrus biflorus Roxb. = C. barbatus Schum = C. catharicus Del.). Plante de savanes à épis épineux, infestante. Roberty, 1954 : 400.

3- (Acanthospernum hispidum D.C.). Mauvaise herbe de la fam. des Astéracées, à involucres épineux, introduite d'Amérique depuis environ un siècle et de plus en plus envahissante. Cette mauvaise herbe connue sous le nom de cram-cram est malheureusement trop répandue. Kerharo /Bouquet, 1950 b : 52. A l'état frais et jusqu'à l'épiaison, le cram-cram est très recherché par les bovins. Busson, 1965, 449. Attends, j'enlève les cram-crams de dessus mon pantalon! (Lycéen, Bingerville, 1984).

 

crâner, v.intr. Fréq., argot urbain, oral, à la fois mélior. et critique. En parlant de jeunes, jouer au dandy, sortir beaucoup dans les boites de nuit et se vouloir très sophistiqué. Dis donc, tu crânes ! Terrior*, ces bottes texanes ! (Etudiant, Abidjan, 1980).

DER.: crâneur*.

SYN.: saper*.

 

crâneur, n.m. Fréq., argot urbain, oral, fam., plutôt mélior. Jeune dandy. Pour être crâneur, il faut le ro*. La sape, c'est trop* cher. (Etudiant, Abidjan, 1979).

SYN.: sapeur*.

 

crapaud, n.m. Spéc. (faune) mais fréq.

1- crapaud, nom qui désigne des poissons de mer de la famille des Antennaridae à corps trapu et peau généralement rugueuse. Le plus commun est l'Antennarius senegalensis Cadenat. Aldrin /Noyer /Bregeat, 1972 : 110. Serle /Morel, 1981 : 106. Le crapaud n'est pas consommé. Il intéresse seulement les aquariophiles tant il est bizarre. (Prof de sciences, Abidjan, 1984).

ENCYCL.: le premier rayon de la nageoire dorsale, à l'avant de la bouche, porte une touffe de filaments.

SYN.: (rare) poule* de mer.

2- crapaud-buffle, (Bufo regularis). Gros crapaud très commun à voix tonitruante. Il peut atteindre 20 cm. Les grillons chantaient, les crapauds-buffles beuglaient, l'atmosphère du campement* devenait de plus en plus intime. Anoma Kanié, 1978 : 62. Rainettes ou crapauds-buffles coassent déjà dans les marais. Anoma Kanié, 1978 : 265. Les coassements du crapaud-buffle s'entendent jusque dans les jardins d'Abidjan. Oberlé, 1983 : 26.

 

crapule, n.m. ou f. Fréq., oral, écrit, fam., mésolecte, basilecte.

1- Individu peu sérieux, entêté ou de mauvaise foi. Je leur conseille de ne pas devenir crapules car ils ne sont pas mariés et ils font les garçons*. Gibbal, 1978 : 63. Mon troisième [: fils ] est un peu crapule mais gentil. (Mère de famille, Abidjan, 1984).

ENCYCL.: sens très atténué par rapport au français standard. Plutôt indulgence affectueuse que péjoration.

COM.: exclusivement usité au masculin, sauf (très rarement) pour faire référence à une femme. Ma fille est vraiment crapule avec son chéri-coco*. (Mère de famille, Abidjan, 1984).

LOC.: être crapule, faire le crapule.

2- n.m. Spéc., (faune), (calque de langues kru), oral., pop. (ouest forestier.). V. SINGE*-CRAPULE*. Nom donné à un cercocèbe, trop petit pour offrir un grand intérêt alimentaire. Il est interdit de faire entrer dans le village la tête du cercocèbe, un petit singe que les Guéré qualifient de crapule. Il s'agit en effet d'un tout petit animal sans grand intérêt alimentaire. Schwartz, 1975 : 122.

SYN.: singe*-crapule.

2- crapule, (être ---- ), loc.verb. Assez fréq., fam., oral, mésolecte, basilecte, plutôt péj. Se comporter en individu irresponsable, prêt à céder à n'importe quelle tentation. Il est trop* crapule pour qu'on le confiance*. Il racontera tout. (Etudiant, Abidjan, 1979).

3- crapule, (faire le ---- ), loc.verb. Assez fréq., oral, fam., mésolecte, basilecte, ton de l'indulgence affectueuse. En parlant d'un enfant, être dissipé, insupportable, étourdi, paresseux. Il ne travaille pas assez. Le maître dit qu'il fait toujours le crapule. (Secrétaire, Bouaké, 1976). Cesse de faire le crapule et d'ennuyer tes camarades et tu auras de meilleures notes ! (Institutrice, Abidjan, 1984).

SYN.: faire le bandit*, faire le voyou*.

 

craser, v.intr. Dispon., argot estudiantin, oral, fam. Bousculer les gens afin de passer le premier. Les guérilleros* se mettent aussitôt à craser lorsque le chef lance le cri de guerre : "C'est mou* là*, chauffez le coin* !’’ (Campuslexique, 1979, 6. Craser, c'est pousser parce que tout le monde est pressé de djaffer*. (Etudiant, Abidjan, 1982.)

 

cratérope, n.m. Spéc. (faune). Terme générique désignant des oiseaux de la famille des Timaliidae, dont deux espèces sont assez communes, le cratérope brun ou cratérope capucin (Turdoides plebejus Cretzschmar) des savanes boisées, au plumage terne et au bavardage incessant ; et le cratérope pélerin (Phyllanthus atripennis Swainson), des forêts secondaires, très bruyant lui aussi, gris, brun et roux à bec vert. Serle /Morel, 1988 : 198. Cratérope brun signalé Taï. Bousquet, 1992 : 156.

 

cravaté, adj. Usuel, oral surtout, mésolecte, mélior. ou iron. En parlant d'un homme, portant une cravate, avec une cravate. Au fringué* qui va danser : [.] on dirait Bouki* mal cravaté qui va pour la première fois au bal. Bolli, 1977 : 14. C'est aussi clair que l'homme cravaté constituait une industrie florissante pour les taximen qui s'arrêtaient instinctivement à son niveau sans qu'il ait besoin de leur faire signe. Oussou-Essui, 1979 : 121. Où tu vas comme ça, cravaté et tout et tout* ?  (Etudiant, Abidjan, 1980). Un numéro de Jeune Afrique arborant une effigie cravatée de M. H.K.B. La voie, 07.01.1993. Je ne suis qu'un élève, je ne suis pas un fonctionnaire cravaté dans son bureau climatisé. Krol, 1994 : 130. Je dis pas comme les nègres noirs africains indigènes bien cravatés : merde !putain !salaud ! Kourouma, 2000 : 10.

COMP.: costume cravaté*.

2- cravaté, (costume ---- ), n.m. Usuel, oral, écrit, tous milieux sauf universitaires. Costume masculin occidental par opposition à une tenue plus décontractée (chemise-veste, abacost*, samba-trois pièces*) ou traditionnelle africaine. Comme tenue? Costume cravaté ou tenue traditionnelle pour les hommes, robe de cocktail pour les femmes. (Maîtresse de maison, Abidjan, 1980). Au bureau, j'ai toujours un costume cravaté parce que c'est climatisé. (Directeur administratif, Abidjan, 1984).

 

craw-craw, n.m. V. CRO-CRO*.

 

crayon dans cheveux, loc.adj. Dispon., argot zouglou, oral, fam. Se dit d'un maquillage féminin où les sourcils sont allongés au crayon noir jusque sur les tempes. Arrivé au City si tu vois les gos* sapées / rouge à lèvres / crayon dans cheveux / pied sur pied / bras dans bras / sans oublier le sac . (Chanson, T., 1994).

 

crécré, krékré, kérékéré, [krekre] / [kerekere], n.m. Fréq., (du mandenkan ), oral, mésolecte, basilecte, fam. Beignet de farine de blé en forme d'anneau. Vous voulez des crécrés ? Des cracros* ? Des tratras* ? Tout bien frit. (Marchande, Treichville, 1980).

 

créer situation, loc.verb. Dispon., argot zouglou, jeunes. Faire son possible pour mettre qq'un à l'aise. Tu crées situation pour la go* avec musique, apéritif, et une filtrée*. (Etudiant, Abidjan, 1990).

 

crême ambi, n.f. V. AMBI*.

 

crèpes, n.m.pl. Usuel, oral, fam., milieu urbain., mésolecte, basilecte. Chaussures de tennis ou de basket. Les jeunes, ce qu'ils veulent , c'est jeans, crêpes et casquette. (Lycéen, Bingerville, 1980). Chaussures que j'aime, c'est [.] comme crèpes. Touré, 1985 : 67.

 

crête de coq, n.m. Spéc., (flore). (Celosia argentea Linn.). Plante d'ornement de la famille des Amaranthacées, à grosses inflorescences rouges ou blanches. Roberty 1954 : 321. Au long des clôtures blanches, fleurissaient les pervenches de Madagascar*, la bougainvillée*, le laurier-rose, le canna, l'orgueil de Chine, la crête de coq. Dadié, 1956 a : 76.

SYN.: amarante*.

 

creuseur de diamants, n.m. Assez fréq., oral surtout, tous milieux. Chercheur de diamant clandestin. Les creuseurs de diamants ne viennent pas en Côte-d'Ivoire sans envoyer* la drogue. FM., 04/05.04.198. Depuis quelques années il y a beaucoup de creuseurs de diamants étrangers dans le pays. (Informateur, Abidjan, 1993).

 

crevette, n.f. Spéc., (faune).

1- crevette rose des lagunes, (Penaeus duorarum). Grosse crevette rose qui peut atteindre 21 cm de long. Marché-Marchad, 1969 : 48.

SYN.: gambas* (usuel).

2- crevette-fantôme, (Callianasse sp.). Petit crustacé blanchâtre qui vit dans des terriers de basse-mer. On les appelle crevettes-fantômes à cause de leur dépigmentation et de leur besoin de ténèbres. Marché-Marchad, 1969 : 46.

3- crevette-pistolet, (Alpheide sp.). Crustacé à énorme pince antérieure. Les crevettes-pistolets doivent leur nom à leur énorme pince antérieure qui fonctionne comme un bouton-pression. Marché-Marchad, 1969 : 47.

 

crew, [kru], n.m. Fréq., (de l'anglais du Libéria), oral, écrit, tous milieux, ouest surtout. Equipage d'un bateau de haute mer. Comment, au fait, fonctionne l'institution des crews? Holas, 1980 : 123.

ENCYCL.: particulièrement appliqué aux membres masculins de l'ethnie Krou (famille linguistique kru), spécialisés dans la profession de marins.

COMP.: crewman/crewmen*.

 

crewman, kroo, krou, pl.: crewmen, kroumen, [kruman], n.m. Usuel, (de l'anglais du Libéria). oral, écrit, tous milieux, surtout  ouest, littoral, mélior. Marin hauturier par opposition à pêcheur côtier ou lagunaire. Mon père est crewman. Il est parti au Gabon. (Lycéen, Tabou, 1980). D'après les estimations officielle, le chiffre moyen des Crewmen, enregistré au cours des deux dernières dizaines d'années à Tabou était de 5500. FM., 21.05.1984. [.] Les Anglais s'attardent un peu plus, commencent à recruter des équipages chez les Krou, (devenus crewmen) qui en feront vite leur spécialité. David, 1986 : 23. Retraités des sept océans, les Kroo*- ou crewmen. au terme d'une vie de chien [.]. David, 1986 : 110. Que sont-ils allés faire sur ces galères les premiers Krou trop curieux ou peut-être un peu aventureux quand même au fond de leur cœur ? Toujours est-il qu'avant la fin du siècle, l'habitude était solidement établie par les capitaines étrangers d'embarquer des équipages indigènes originaires de cette partie du littoral. David, 1986 : 110.

ENCYCL.: particulièrement appliqué aux marins de l'ethnie krou, ce qui, selon une étymologie contestée, serait à l'origine du nom de l'ethnie.

SYN.: crouman/croumen (rare), kroo*, navigateur*.

 

criard, adj. Fréq., oral, écrit, mésolecte, scolarisés moyens, péj. Criant, choquant, susceptible d'éveiller des réactions violentes d'indignation. C'est d'une injustice criarde!! (Etudiant, Abidjan, 1992). [.] des réalités pas trop criardes. FM., 15.02.1993. On note aussi un manque criard de matériel de restauration au campus. FM., 06.04.1993. Là il y a de quoi transpirer tellement l'ingratitude est criarde. Détective, 16.03.1995.

 

cric, n.m. V. CRIKA*.

 

crier derrière qqn, loc.verb. Dispon., oral, écrit, mésolecte, fam. Etre toujours sur le dos de quelqu'un pour le harceler ou le morigéner. Mon patron criait toujours derrière moi. Alors j'ai quitté*. (Mécanicien, Abidjan, 1982). Je n'aime pas qu'on crie derrière moi. (Boy, cité par Deniel, 1991 : 32.).

 

crika, cric, crick, cricka, crikat, cris, [krika] /krik] / [kris], n.m. Fréq., argot urbain. (du mandenkan  "dernier prix"). oral, fam. Billet de banque de 1 000 F cfa, "sac". Je peux donner 5 cris, le reste au retour. Jano, 1987 : 5. Vous saurez que des termes comme le bella*, le gbon*, le togo*, la grosse*, le crikat, etc. désignent l'argent dans ses divisions unitaires. Cité in Caummaueth, 1988 : 126. /la go* est d'accord pour le week-end / du matin au soir j'ai racketé-o / j'ai gagné deux crika* pour le week-end. (Chanson "Dezeko". Groupe Les esprits de Yop, corpus T., 1994). Voilà le ticket-o* c'est déjà payé / car si tu refuses-o* le crika à l'eau. (Ibid. Corpus T., 1994).

 

criquet puant, n.m. Spéc. (faune). (Zonocerus variegatus Linn.). Variété de criquet-pélerin à odeur nauséabonde. Le criquet puant ravage les cultures mais la beauté de ses couleurs est incomparable. Oberlé, 1983 : 26. Depuis 1975, la sécheresse, les feux* de brousse et les criquets puants dévastateurs ont freiné la progression des rendements. FM., 30.03.1983. Les criquets puants sont à l'heure actuelle [.] devenus des espèces résistant à certains produits phytosanitaires. FM., 17.10.1983.

ENCYCL.: les criquets puants ont fait leur apparition en Basse Côte-d'Ivoire vers 1975.

 

cris, n.m. pl.. V. CRIKA*.

 

croc de chien, n.m. Spéc., (flore). (Drepanocarpus lunatus [L.f.] G.f.W. Mey). Plante de mangrove de la famille des Fabacées. Roberty, 1954 : 214.

 

croco, n.m., adj. Spéc. (faune) mais usuel, fam.

1- n.m. Crocodile. Eleveur de crocos à Abidjan. (titre d'article), Guido, 12/18.02.1986.

2- adj. De crocodile, en crocodile. Elle porte un sac croco et des boucles d'oreilles de Kano. Tierno Monenembo, 1993 : 103.

 

crocodile, n.m. V. ALLIGATOR*, CAIMAN*, GAVIAL*. Spéc., (faune). Appellation usitée surtout par les lettrés, la dénomination courante étant "caïman".

1- crocodile à front large, V. CROCODILE DE FORET*. Le crocodile à front large, le plus petit (1,80 m) est également le moins aquatique. Guido, 12/18.02.1986

2- crocodile à nuque cuirassée, V. CROCODILE FAUX-GAVIAL. Le crocodile à nuque cuirassée atteint quatre mètres et fréquente les cours d'eau ombrageux. Guido, 12/18.02.1986.

3- crocodile de forêt, (Osteolamus tetrapis). Crocodile de taille moyenne (1,80 m environ) à peau sombre. Lent et pacifique, il vit dans les cours d'eau et les marais. On en rencontre trois espèces dans le parc (de la Comoé), le crocodile du Nil atteignant plus de trois mètres, le crocodile à nuque cuirassée et le crocodile de forêt. Mülhenberg /Steinhauer, s.d. : 20

SYN.: alligator* (rare), caïman* noir, crocodile à front large, crocodile noir.

4- crocodile du Nil, (Crocodilus niloticus). Crocodile pouvant dépasser 3 m de long, à peau verdâtre, très redouté. Le crocodile du Nil, redoutable seulement à l'état adulte [.] . Oberlé, 1983 : 22. Le crocodile du Nil atteint six mètres et fréquente les eaux calmes et les bords de lagunes sous le vent. [.] Le crocodile du Nil est le plus recherché pour sa peau. Guido, 12/18.02.1986.

SYN.: caïman* vert, crocodile mangeur d'hommes, crocodile vert.

5- crocodile faux gavial, (Crocodilus cataphractus). Crocodile forestier à très long museau étroit. Il peut être dangereux.

SYN.: alligator*, caïman*, faux* gavial, gavial*.

6- crocodile mangeur d'hommes, V. CROCODILE DU NIL. Nous avons vu le crocodile mangeur d'hommes, un reptile qui peut compter entre 4 et 5 mètres et qui compte parmi les trois variétés existant en Afrique. FM., 19/20.11.1983.

7- crocodile noir, V. CROCODILE DE FORET.

8- crocodile vert, V. CROCODILE DU NIL.

 

crocro (1), n.m. V. CARPE* METIS.

 

cro-cro (2), crocro, krokro, craw craw, [krokro], n.m. Spéc., (santé) mais assez fréq. Sorte d'ulcération de la peau, d'origine filarienne, fréquente en milieu chaud et humide, très difficile à guérir : gale filarienne. Le jus de cette plante a la réputation d'activer la cicatrisation des cros-cros. Kerharo /Bouquet, 1950 b : 56. La gale filarienne ou "craw-craw" très prurigineuse se caractérise par des papules, variable en taille et en nombre, parfois surmontées d'un vésicule ou d'une pustule. Gentilini /Duflo, 1977 : 526. [.] ça sur la jambe, ce sont des traces d'un crocro. (Infirmier, Dimbokro, 1984).

COM.: graphie correcte "craw-craw" seulement dans les manuels.

 

crocro [à gros yeux], n.m. Spéc. (faune). (Parakuhlia macrophtalmus Osario). Petit poisson littoral de la famille des Kuhliidae, caractérisé par de gros yeux et des nageoires d'un jaune orangé. Le crocro à gros yeux est une petite espèce : 15 cm. Seret /Opic, 1981 : 162.

SYN.: poisson*-pavillon.

 

croiser, v.tr. Dispon., oral, mésolecte, basilecte. Rencontrer (pour un entretien). Elle est tombée enceinte. Le père était furieux contre moi [.]. Il voulait croiser mes parents. Krol, 1994 : 133. Ma tante [.] m'a fait croiser deux jeunes fidèles qui ont versé des larmes de pitié sur moi. Krol, 1994 : 150. Avant qu'il me raconte ça, je ne l'avais jamais croisé. (Etudiante, Abidjan, 1995).

 

croissant bété, n.m. Dispon., argot estudiantin, oral, fam., plaisant. Banane grillée. Le blissi tébil ou croissant bété : banane braisée. Ivoir'Soir, 17/18/19.30.1995.

SYN.: banane braisée, blissi tébil.

 

croix, n.f.

1- croix d'Agadès, usuel, oral, écrit, tous milieux. Pendentif d'or ou d'argent, d'origine présumée touareg, consistant en une sorte de croix surmontée d'un anneau. Le patron martèle une superbe croix d'Agadès.[.] Cette croix, appelée à tort croix du sud reste un symbole mystérieux. Est ce le symbole chrétien de la croix ? Est-ce une simple parure ? On y a vu aussi un symbole sexuel, l'anneau représentant le sexe de la femme et le losange le phallus. Est-ce un signe de fécondité ? Arnaut, 1976 : 138. Les voleurs m'ont pris ma montre, mes bagues et ma croix d'Agadès en or avec sa chaîne. (Institutrice, Abidjan, 1983).

SYN.: croix du sud.

2- croix de Malte, spéc. (flore). (Tribulus terrestris Linn.) Plante de la famille des Geraniales, ainsi appelée par référence à la disposition des épines de son fruit. Roberty, 1954 : 161.

3- croix de Niamey, fréq., oral, écrit, tous milieux. Pendentif à pampilles d'or ou d'argent. La croix de Niamey ? J'en ai en or ou en argent. Le prix, ça dépend du poids. (Bijoutier, Abidjan, 1980).

ENCYCL.: le bijou n'évoque nullement une croix mais doit son appellation au besoin de le distinguer de la croix d'Agadès* qui est également un bijou présumé touareg.

4- croix du sud, V. CROIX D'AGADES.

 

croquer, v.tr.

1- croquer [de] la cola, loc.verb. Fréq., oral, écrit, tous milieux. V. COLA*. Consommer de la cola. Ce sont les Nordistes* surtout qui croquent la cola. (Informateur, Danané, 1977). Ils croquent la cola pour couper la faim et avoir la force. (Informateur, Dabakala, 1979). Et puis ils croquent la cola comme des cochons, ils crachent partout. Bolli, 1977 : 25. Alors que les deux amis croquaient la cola, Bakary demanda les nouvelles*. Koné, 1980 : 40. Ils [: les Dan] font croquer de la cola par toute l'Afrique. Conte, 1983 : 37.

2- croquer de l'herbe, loc.verb. Dispon., oral, jeune, péj. Consommer de la drogue. Sarah était unique et belle comme quatre et fumait du hasch* et croquait de l'herbe comme dix. Kourouma, 2000 : 92.

 

crossarche brune, n.f. V. MANGOUSTE* BRUNE.

 

croton, n.m. Spéc. (flore).

1- Nom impropre du Codiaeum variegatum Rumph, plante euphorbiacée originaire d'Océanie. On attribue communément en Afrique au genre croton de magnifiques arbustes plantés autour des résidences ou dans les jardins. La richesse du coloris des feuilles, tachetées vert, rouge et jaune en font les plus belles plantes d'ornement qu'on puisse voir sous ces climats. Il ne s'agit pas d'un croton mais de variétés de l'espèce Codiaeum variegatum Rumph originaires des îles Moluques. Aubreville, 1959 II : 86

2- Scientifiquement, en Afrique, désigne plusieurs espèces d'arbustes et quelques arbres peu communs : Croton zambericus muell. Arg., arbuste décoratif aux feuilles argentées dessous ; C. macrostachyus Hoscht., arbre de taille moyenne ; C. Aubreville J. Léonard, un petit arbre appelé aussi apété. Aubreville, 1954, II : 14.

 

crouman, pl. croumen, n.m. Vx.  V. CREWMAN /CREWMEN*. Le 16 février 1887, cette mission partit pour l'intérieur. Ces messieurs étaient accompagnés de vingt Croumen porteurs*. Brétignère, 1881-90 : 60.

 

crou, [kru], v.inv. Dispon., argot nouchi, (du mandenkan "replier, mettre en boule)", jeunes urbanisés, péj. Cacher (de l'argent), dissimuler (pour voler), camoufler. Il sait partager. Voilà pourquoi il n'a pas "crou" les 30 millions. Bôl Kotch, 28.03.1995. Et dire qu'il beuglait [.] qu'il était ivoirien [.]. On sait maintenant [.] qu'il voulait "crou" ses origines. Bôl Kotch., 28.03.1995. Tu veux faire affaire avec un crousseur*, Il te crou le bénéfice / Il cache vite / On lui donne deux mille francs / Il dit non y a pas crouli */ C'est mille francs / Il avait déjà crou les crika* / Il va les décrou* maintenant. (Corpus T. Abidjan, 1995).

DER.: crouli*, crousseur*, décrou*.

 

crouli, [kruli], n.m. Dispon., argot nouchi, (du  mandenkan crou + suffixe), péj.. Vol, dissimulation, fraude. Il dit non y a pas crouli. C'est mille francs. (Corpus T., Abidjan, 1995).

 

crousseur, [krusZr], n.m. Dispon., argot nouchi, (hybride français / mandenkan de crou + suffixe -eur), péj. Voleur, magouilleur, dissimulateur, fraudeur. Tu veux faire affaire à un crousseur? (Corpus T, 1995).

 

crue, adj. fem. Dispon., (calque  du mandenkan), litt. En parlant d'une jeune fille, vierge pubère. Ne voulait-il pas de jeunes filles crues? Kourouma, 1970 : 189. Djigui Keïta, roi du Soba, vous offre ces jeunes filles crues, ces chevaux et ces richesses . Kourouma, 1990 : 43.

 

CSI, n.m. V. CONSEIL SUPÉRIEUR ISLAMIQUE*.

 

cube maggi, n.m. Fréq., oral, rous milieux. Cube d'assaisonnement (de la marque Maggi ou non), ingrédient indispensable à l'élaboration d'une sauce*. Elles proposent en petite quantité des fruits, des assaisonnements pour la sauce* (gombo*, cubes maggi, piments rouges et verts). Bonnassieux, 1987 : 129. Ce n'est pas vraiment mon secret puisque c'est le secret de toutes les cuisinières en Côte-d'Ivoire, enfin presque toutes. C'est le cube maggi. Ivoir'Soir, 02.02.1998.

 

cuillère, n.f.

1- cuillère, (faire ---- ), loc.verb. Assez fréq., oral, fam. Au football, dribler en faisant passer le ballon par dessus la tête de l'adversaire. Tu as vu comment il a fait cuillère à Konaté ? (Spectateur, match à Abidjan, 1978).

2- cuillère, (se vendre à la grande ---- ), loc.verb. Assez fréq., oral, mésolecte, marchés. Pour les poudres thérapeutiques traditionnelles, verbe exprimant une unité de vente correspondant au contenu de la grosse cuillère africaine de bois (d'une dimension intermédiaire entre la cuillère à soupe et la louche). Celle-ci [: la poudre de démarreur*] se vend à la grande cuillère : 500 f CFA* soit 10 FF. Gaudio, 1984 : 187.

 

cuiné, n.m. Vx, fam., oral, mésolecte, péj.

1- Personne peu douée dans un jeu de société : awalé, ludo, etc. A l'awalé*, tu es mon cuiné. je moyen* toi. (Gardien, Abidjan, 1971).

LOC.: mettre cuiné.

2- cuiné, (mettre ---- ), loc.verb. Vieilli, fam. Battre qqn à plate couture dans un jeu de société. C'est pas toi qui me mettras cuiné au ludo. (Lycéen, Bingerville, 1977).

 

cuir, n.m. Usuel, oral, fam., tous milieux. Ballon de football, par extension le football. Mon fils, il n'y a que le cuir qui l'intéresse. (Pharmacien, Bouaké, 1982). Le ballon rond, le cuir, ne doit pas être la cause de notre division, de nos querelles, de la zizanie. Guenaman Colbert, 1985 : 97.

 

cuisinier, n.m.

1- cuisinier, V. BOY* CUISINIER.

2- cuisinier-boy, Rare. V. BOY* CUISINIER*. A l'époque de la colonisation, les métiers de l'hôtellerie tels que cuisinier-boy étaient relégués au dernier rang. FM., 16.01.1980.

 

cuisinière, n.f. Usuel. fam., oral, mésolecte urbain. Restauratrice, installée en plein air, près d'une gare routière, d'un chantier, d'un marché. Chaque ligne  [: de transport routier] aura sa cuisinière et son kiosque à café*. FM., 11.02.1982.

ENCYCL.: elle ne prépare et ne vend que des plats traditionnels africains. Le métier de cuisinier, spécialiste de la cuisine européenne, est strictement masculin.

 

cuit, (être ---- ), loc.verb.

1- Spéc. (sport). Etre dur, résistant à la douleur et à la fatigue (par allusion à la technique consistant à faire passer par le feu un bois tendre pour le durcir). Séa est cuit. Il gagnera le championnat [de boxe]. (Journaliste sportif, Abidjan, 1974). Ne t'en fais pas pour les Elephants! ils sont cuits, ils gagneront!! (Etudiant, Abidjan, 1984).

ENCYCL.: cette résistance est souvent due, dans la croyance locale, à une protection magico-religieuse.

COM.: être cuit dans le parler fam. local ne semble jamais avoir le sens : "être perdu", "n'avoir aucune chance de se sortir d'une difficulté, d'une maladie,etc."

2- Etre ivre mort. A Noël 1989, dans la nuit, ils attendirent que tous les gardes-frontières du poste de Boutoro (ville frontalière) soient ivres morts, tous cuits, pour les attaquer. Kourouma, 2000 : 108.

 

cul-blanc, n.m. Fréq., oral, fam., milieu urbain. péj. Coopérant (par référence à la plaque d'immatriculation de son véhicule, en hors-taxe, plaque blanche avec immatriculation en rouge). Regarde ce cul-blanc où il s'est garé ! (Infirmière, Abidjan, 1976).

 

culotte, n.f. Usuel, oral, écrit, tous milieux. Tout vêtement masculin ou féminin couvrant le bas du tronc avec deux ouvertures pour les jambes, qu'il s'agisse d'un pantalon, d'un short, etc. [.] la tenue préférée de S.K. est un boubou* nago une culotte et une paire de bottes en caoutchouc. FM., 01.01.1974. Madame, on ne vient pas au conseil des professeurs en culotte. (Proviseur, Abidjan, 1976).

 

culte, n.m

1- culte de génération, assez fréq., (tradition), ouest surtout, lettrés. V. GENERATION*. Dans les sociétés à classe d'âge, rites traditionnels liés à cette organisation sociale. Les chefs des cultes de génération ont ainsi coutume de réunir périodiquement leurs fidèles au bord de la rivière sacrée. Holas, 1968 : 590.

2- culte des ancêtres, fréq., (tradition), plus particul. nord, mélior. V. ANCETRES*. Offrandes, libations et sacrifices, exécutés rituellement par le chef de famille* en hommage aux ancêtres du groupe. Ici on fait toujours le culte des ancêtres. (Informateur, Ferké, 1983).

 

cultiver, v. intr. Usuel, oral, écrit, tous milieux.

1- Travailler la terre. Tous ceux qui étaient partis à la recherche de la nourriture revinrent cultiver. Koulibaly, 1978 : 11. Les villageois l'appellent [: le ver de Guinée*] maladie de la faim* parce qu'elle empêche d'aller cultiver. FM., 29/30.11.1980. Il laisse au village sa femme pour cultiver. Tilliette, 1984 : 105. J'irai cultiver jusqu'à ce que de nouveaux exploits de ceux que mes aïeux ont loués des siècles durant m'appellent des lougans*. Kourouma, 1990 : 42. Je cultivais un peu le matin mais un enfant n'a pas beaucoup de force. Deniel, 1991 : 17. Toi, tu es assez fort pour cultiver. Deniel, 1991 : 62.

2- Par extension, être paysan, cultivateur. Comme tout le monde cultivait en ce temps là [.]. Lacour /Grandmaison, 1978 : 12. 1991, 62. "Et ton père ? Quel métier ?" - "Il cultive." (Lycéen, Bongouanou, 1975).

SYN.: faire* l'agriculture.

 

culture attelée, n.f. Assez fréq., (agriculture), récent, mésolecte, mélior. Mode de labourage exercé par traction animale. Trois méthodes de culture ont été tenues dans le cadre de l'exploitation des 1200 ha : la petite motorisation, la culture attelée et le riz des bas-fonds. FM., 07.01.1980. Baisse inquiétante de la culture attelée. FM., 03.02.1983.

ENCYCL.: d'introduction relativement récente, dans le nord du pays.

 

cup, n.m. V. COPE*. Quand j'ai un besoin d'argent, je vends quelques cups à d'autres consommateurs. FM., 19/20.07.1980.

 

cure-dents, n.m. Usuel., oral, écrit, tous milieux. Bâtonnet de bois tendre et fibreux (Garcinia kola, garcinia afzelii) utilisé traditionnellement pour mâcher, frotter dents et gencives, et non pour curer les dents. Les racines du garcinia afzelli [.] coupées à la taille d'un gros crayon, sont vendues sur tous les marchés comme cure-dents. Elles fortifieraient les gencives et préviendraient les caries. Bouquet /Debray, 1974 : 44. Tiens ce cure-dent, mets le dans ta bouche, mords le. Koné, 1976 : 66. Le pilote [.] mâchonnait un long cure-dent en bois en scrutant le brouillard léger [.]. Du Prey, 1979 : 83. Enfin s'amène le commandant de la pinasse*, frottant ses dents avec un long cure-dents. FM., 30.01.1984. Il a pensé à s'installer dans un coin de rue, sur le trottoir, pour vendre des cure-dents faits de racines, d'écorces ou de branchettes d'arbre soigneusement découpées et exposées sur une table. Touré, 1985 : 107. Les clients trouvent encore des bâtonnets en bois servant de cure-dents. Bonnassieux, 1987 : 129. [.] son cure-dents flotta entre ses lèvres et tomba. M. Bandaman, 1993 : 58.

COM.: écrit cure-dent ou cure-dents au singulier.

SYN.: bâtonnet dentaire, bâtonnet frotte-dents, frotte*-dents.

 

cuyer, v.tr. V. COUILLER*. Variante phonétique assez courante dans le sud.

 

cyclops, n.m. Spéc., (santé). Minuscule crustacé d'eau douce, vecteur de transmission du ver de Guinée*. Un villageois est infecté lorsqu'il a bu de l'eau contenant des cyclops, de minuscules puces d'eau qui sont nourries du ver de Guinée*. FM., 01.03.1982. Mazer /Sankalé, 1988 : 275.

 

cynhyène, n.m. V. CHIEN* DE BROUSSE, LOUP*, LYCAON*.

 

cyno, n.m. V. CYNOCEPHALE*, fam. La morsure du cyno est dangereuse. (Forestier, Dabou, 1977).

 

cynocéphale, cyno, n.m. Spéc., (faune), mais fréq., oral, surtout chasseurs et Européens. (Papio doguera Pucheron, Schimper). Grand singe au museau allongé et tronqué rappelant le mufle d'un dogue. Une bande de cynocéphales [.] hurlent en fuyant dans les lianes. Binger, 1892, t I : 133. Ainsi l'imprudent chasseur qui n'a qu'effleuré le cynocéphale se laisse prendre au piège de l'animal qui le renverse, le griffe, le mord et le tue. FM., 10.02.1982. Les singes cynocéphales (babouins*) se déplacent à terre en troupe tandis que dans les arbres vivent cercopithèques* et colobes*. Oberlé, 1983 : 22. Et ce vieux portail de fer qu'il nous arrivait de secouer en imitant les cynocéphales. Tierno Monenembo, 1993 : 58.

ENCYCL.: il est plus grand que le papio Desmarets ou Babouin commun, du Soudan.

SYN.: babouin* (rare), cyno, mandrill*, singe* cynocéphale.

 

cynodon, n.m. V. PETIT* CHIENDENT.

 

cynoglosse, n.f. V. SOLE* LANGUE DE CHIEN.