quai, n.m. Dispon., oral, mésolecte. Quelques
locutions spécifiques :
1- quai aux
pinasses, n.m. V.
PINASSE*. Quai où les voyageurs désireux de traverser la lagune,
pouvaient, avant la création des gares et des bus lagunaires, emprunter des
petits chalands de transport, les pinasses*. De ce quai aux pinasses partent et arrivent quotidiennement, le jour
comme la nuit, des centaines de voyageurs. FM., 30.01.1984.
2- quai
bananier, V. BANANIER (2). Quai spécifique de chargement des bananiers. Le navire en détresse a été remorqué
jusqu'au quai bananier du Port Autonome d'Abidjan [.]. Ivoir'Soir,
05.01.1998.
qualifié, adj. Dispon., oral, écrit, mélior. Reconnu,
dont la compétence est indiscutable. La
nombreuse assistance [.] pleurant, chantant de concert avec les pleureuses
qualifiées [.]. Kanié, 1978 : 275. Toi
qui es un matheux qualifié, explique-moi le problème. (Lycéen, Abidjan,
1989).
quarantième
jour, n.m. Usuel.
1- V.
CEREMONIE* DU QUARANTIEME JOUR, FÊTE* DU QUARANTIÈME JOUR. Pour les funérailles de ma mère, septième et
quarantième jours [.], ma tante Mahan est venue du Liberia. Kourouma,
2000 : 34.
LOC.: faire* le
quarantième jour.
2-
quarantième jour, (faire le ---- ), loc.verb. Célébrer, le quarantième jour qui suit un décès, la
cérémonie (commune à toutes les confessions), en mémoire d'un défunt qui marque
la fin du grand deuil et le retour de la famille vers ses activités
habituelles. Patron, je viens demander la
permission* pour aller au village faire le quarantième jour. (Chauffeur,
Abidjan, 1985).
quartier, n.m. Fréq., oral, écrit, tous milieux.
1- V.
CARRE*. Utilisé seul, sans être suivi d'une dénomination, quartier
périphérique d'habitat populaire par opposition aux quartiers résidentiels ou
au centre ville. En tout cas, c'est ce
qu'on dit au quartier. (Jeune, Abidjan, 1990).
COMP.: quartier
général, quartier en baraques, quartier spontané, quartier village, bas
quartiers, chef* de quartier.
ANTON.: plateau*.
1- quartier
général, nom donné au quartier chaud, fréquenté par les prostituées. Pour assouvir son appétit sexuel, T. se rend
très tôt au Quartier Général qui n'est autre que le quartier des prostituées,
basé non loin du marché municipal. FM., 5/06.03.1983.
2- quartier
en baraques, V. QUARTIER* SPONTANE, MATITI*. On entendait rarement parler des quartiers en baraques. Les uns, par
exemple Koumassi-Poto-Poto ou Marcory-Sans Fil, étaient enclavés derrière
d'autres secteurs urbains et se trouvaient à l'écart des voies de
communication. Les autres étaient relégués à la périphérie.[.]. Pour les
pouvoirs publics, il s'agissait d'un prolongement illégal et insalubre de la
cité, palliatif provisoire destiné à des immigrés en surnombre. Bonnassieux,
1987 : 6. On lui avait dit que les
quartiers en baraques étaient presqu'exclusivement habités par des étrangers.
Bonnassieux, 1987 : 189.
3- quartier
spontané, V. HABITAT* SPONTANE. Sorte de bidonville en dehors
de tout périmètre urbain légal d'occupation des sols, où s'installent de façon
précaire des populations défavorisées. Avocatier
est un quartier dit spontané dont la génèse et l'extension ne suivent pas le
processus normal d'accès à la terre urbaine fixé par l'administration, il est
en marge de la légalité et, dans cette logique, peut donc être détruit. Antoine
/Dubresson /Manou Savina, 1987 : 93. Mais
si Sawadogo ne pouvait déménager dans un autre quartier spontané, il ne lui
resterait plus qu'à céder son petit élevage [.]. Bonnassieux, 1987 : 203. Mais les nouveaux maires, fraîchement élus,
ont aussi décrété que la "propreté" d'Abidjan passait également par
le passage des bulldozers dans les quartiers spontanés et l'envoi de commandos
musclés aux trousses des vendeurs de rue. Jeune Afrique,
24/30.07.1996 : 71.
SYN.: bas quartier, campement*,
sicobois*, habitat* sauvage, habitat* spontané, poto-poto*, quartier en
baraques, quartier spontané, matiti*.
4- quartier
village, nom donné à une subdivision d'un quartier constituant une
communauté d'habitat ayant ses commodités et ses limites urbaines. Prenons le cas de Cocody : la commune -qui
est la plus riche des dix- ne regroupe pas moins de vingt
"quartiers", six"quartiers-villages" et quatre
"habitats spontanés"*. David, 1986 : 82.
5-
quartier, (bas ---- ), quartier populaire. Plusieurs témoignages montrent que les rapports entre aînés et cadets
et entre hommes et femmes évoluent sous la pression des modèles de
comportements qu'on retrouve dans d'autres "bas quartiers".
Bonnassieux, 1987 : 210.
6-
quartier, (chef de ---- ), V. CHEF*.
quatorze, n.m. Dispon., argot urbain, oral, péj. Nom donné à une amphétamine
utilisée comme drogue permettant d'accroître l'effort et de résister au sommeil
et à la fatigue. On nous interdit [:
de vendre] certains produits. Comme le
"14", une amphétamine, explique Adèle. Si tu en prends trois, tu
marches jusqu'à Treichville sans t'en rendre compte. Jeune Afrique,
27 avril, 3 mai 1995 : 36-37.
quatre V, n.m. pl. Dispon., oral, mésolecte, plaisant.
Appellation ironique décrivant les moyens (tous commençant par la lettre V :
vacances, virements, villa, voiture) qu'ont certains hommes fortunés pour
séduire les belles jeunes filles. [.] les
petits jeunes pleins d'ardeur mais sans le sou, n'ayant à offrir qu'amour et
eau fraîche, n'ont pas facilement ...l'oreille des belles quand tant de
quinqua- et sexagénaires "friqués" sont là pour leur faire miroiter
les quatre V (vacances, virements, villa, voiture). David, 1986, 158.
quatre-vingt
et un, adj. numéral
cardinal, V. ET*. C'était en
quatre vingt et un que j'ai été affecté*. (Enseignant, Man, 1992).
quê !, [kD], interj. V. KE*. A toi
pardi ! à toi quê ! Anoma Kanié, 1978 : 132.
que, conj. sub. Fréq., oral, écrit, mésolecte, basilecte. En disant
que. Introduit toute proposition subordonnée complétive suivant un verbe
principal qui implique une idée de parole.
Une jeune fille qui, pour épouser son fiancé, lui ment qu'elle attend un enfant
de lui. FM., 25.06.1980. [.]
et je mentais à mes copines qu'elle n'était pas ma vraie mère. Ivoir'Soir,
24.06.1997.
quelqu'un, n.m. V. UN QUELQU'UN*. Elle est fière parce que son mari est un quelqu'un.
(Institutrice, Abidjan, 1985).
questionner
le cadavre, questionner le mort. loc.verb. V.
INTERROGER* LE MORT. Des femmes
dirent que cette mort n'était pas juste et qu'on devait tout de même
questionner Adou avant de questionner le cadavre comme on le faisait avant pour
désigner son meurtrier. Du Prey, 1979 : 58.
queue, n.f. Spéc.,
1- queue
d'éléphant, (tradition). Marque de
dignité constituée par une véritable queue (d'éléphant, de vache, de
cheval,...) fixée sur un manche de cuir et tenue à la main droite par le chef,
le féticheur, le danseur, etc. De temps en temps, pour ne pas dormir et
aussi pour ne pas être dévoré par les moustiques, ça* se levait, agitait la
queue d'éléphant. Parce que les femmes avaient des queues d'éléphant et
dansaient de façon scabreuse. Kourouma, 2000 : 65.
2- queue de
rat, (flore). (Acalypha wilkesiana Muell. Arg.).
Plante ornementale à longue fleur rouge et duveteuse évoquant un peu la queue
d'un muridé. Roberty, 1954 : 65.
3- queue de
renard, (flore). (Amaranthus
caudatus Linn.). Plante ornementale de la fam. des Amaranthacées. Roberty, 1954
: 322.
4- queue de
vache, (tradition). V. QUEUE
D'ELEPHANT. R.P.,
trépidante conservatrice, elle, ne ratera pas l'occasion d'exhiber sa queue de
vache. FM., 08.05.1980.
6-
queue-de-vinaigre, (faune). (Estrilda
[lagonosticta] caerulescens Vieillot). Sorte de petit oiseau de la fam. des
Estrildidae, gris à croupion et queue d'un rouge cramoisi. Savanicole. Serle
/Morel, 1988 : 251.
SYN.: senegali* queue-de-vinaigre.
qui est fou
? loc.interr. ou exclam. Fréq., oral,
tous milieux, péj. Expression courante populaire prenant autrui à
témoin : Qui serait assez idiot pour [faire /ne pas faire cela ] ? Elle peut dire ce qu'elle veut mais jamais
je n'irais de sang-froid me jeter dans une confrérie de sorciers ! Qui est fou
? Bolli, 1977 : 90. A croire qu'il va
falloir changer le sens habituel de l'expression courante populaire "Qui
est fou ?" Eh quoi, tu ne te veux pas fou pour l'argent, mais tu l'es pour
ton foyer ? FM., 03.02.1982. Qui
est fou ? Il se trouve pourtant des gens pour mettre ce prix dans du chocolat
creux [: les oeufs de Pâques]. FM., 10/11/12.04.1982. [.] la démission généralisée caractérisée
par une absence de conscience nationale, humoristiquement résumée dans
l'expression : Qui est fou ? FM., 29.06.1984. Allo ! Je dis que Madame est partie se remarier. Qui est fou ! Elle ne
peut pas attendre quelqu'un qui va faire dix ans en prison ! J. Guenaman
Colbert, 1985 : 11. Elle n'a pas voulu
perdre son temps et son argent à une auto-école. Qui est fou en ce temps de
conjoncture*? Ibid, 1985 : 37. Qui
est fou pour se fatiguer davantage dans une société ignorant le profit ?
dirait-on en Côte-d'Ivoire. A. Touré, 1985 : 12. Mais la plus belle mosquée a été construite dans son [: celui de
Saddam Hussein] village Tikrit [.]. Qui
est fou ? Ivoir'Soir, 30.04.1997. Qui est fou ? Qui veut mettre du sable dans son attiéké et non du sel
immaculé au goût de gigembre ? Adé Adiaffi, 2000 : 27.
qui me
connaît, qui m'connaît, qui-me-connaît, n.m. Dispon., oral, mésolecte, basilecte, plaisant. Nom donné
à un banc dont l'occupant tourne le dos aux passants, et qui est placé à côté
de l'étal de vente d'une restauratrice en plein vent. On appelle ces maquis* du pauvre des Qui m'connaît parce qu'on y mange
le dos tourné aux passants pour ne pas être reconnu et classé parmi ceux qui
n'ont pas de quoi s'offrir un cadre plus convenable. Krol, 1994 : 76. [.] le prix de notre frugal repas
représentait vingt-cinq fois l'unique plat quotidien [.] qu'il prenait le soir
à un qui m'connaït de Dioulabougou le long du goudron*. Ibid., 1994 : 76. On a dépensé 2000 f en tout pour manger aux qui m'connaît. Ibid, 1994 : 136. Mais le "Qui-me-connaît" c'est
aussi un monde à part où les hommes et les mouches se partagent le plat. [.] Au
"Qui -me-connaît" trouver un morceau de viande dans une sauce* relève
du luxe... Ivoir'Soir, 08.06.1998. Vous n'allez pas manger à un qui me connaît, tout de même !!
(Chauffeur, Abidjan, 1995).
qui même, pr.interr. V. MEME*. C'est qui même qui a dit ça ?
(Etudiante, Abidjan, 1986).
qui gagné
gagné, n.m. Dispon., (de la phrase rituelle du meneur de
jeu lorsqu'il mélange les cartes après les avoir retournées), mésolecte, basilecte. Bonneteau, jeu
d'argent pratiqué sur les marchés. Le meneur de jeu mélange trois cartes après
les avoir retournées en disant "Qui gagné gagné, qui perdu perdu!".
Le joueur doit deviner où se trouve la carte choisie ou perdre sa mise. On a confié mille francs à cette femme; elle
est partie* jouer à "qui gagné gagné" Eh! elle a perdu perdu. ID,
12.01.1975.
COM.:
"bonneteau" est inconnu.
quinine, n.f. Vieilli, (du nom d'un ancien
médicament antipaludéen se présentant sous la forme d'un petit comprimé blanc).
Tout médicament antipaludéen s'il se présente sous la forme d'un comprimé ou
d'une pilule. Tu as pris ta quinine ?
Méfie- toi du coup de palu*. (Infirmière, Abidjan, 1983).
DER.: quininisme*.
quininisme, n.m. Spéc., (santé). Intoxication par un traitement à la quinine dont les
symptômes les plus typiques sont des vertiges et des bourdonnements d'oreille.
Gentilini /Duflo, 1977 : 43.
quinconce, n.m. Spéc., argot estudiantin. Méthode de
fraude à un examen qui joue sur le placement en alternance droite /gauche des
candidats lorsqu'ils s'installent à leur place dans la salle d'examen. Mon voisin de devant s'assied sur le côté
gauche de sa table. Le cadran de la calculatrice étant lumineux, dès qu'il a
terminé sa démonstration, il pose sa machine à droite. Aussi moi qui suis
derrière, je n'ai aucune peine à recopier le résultat de l'autre que je compare
au mien.[.]. C'est ce qu'on appelle la méthode quinconce. FM.,
05.02.1982.
COMP.: méthode quinconce*.
quinquiliba, n.m. V. KINKELIBA*. Donne à ta soeur un lavement chaud bien
pimenté. Fais lui boire une tisane de quinquiliba. Du Prey, 1979 : 54.
quinquina, n.m. Spéc., (flore). (Cinchona Linn.). Arbre de la fam. des Rubiacées
introduit dans les zones montagneuses de l'Ouest. Ce genre d'arbres producteurs de quinine a été introduit en A.O.F. dans
les régions subéquatoriales [.]. (Toukouy près de Man). Il semble végéter
normalement au-dessus de 1 000 m. Roberty, 1954 : 141.
quitter, v. Fréq., oral, écrit, mésolecte, basilecte.
1- v.intr. S'emploie souvent avec le sens de
"partir","s'en aller". Petit
Baragnini*, faut quitter là ! (B.D. in FM.,
10.02.1981). On quitte
ici ? Ah ! C'est bon. Jano, 1987 : 6.
Mes parents ne me retiennent pas quand je quitte, pourtant ça leur fait de la
peine. Krol, 1994 : 101. Elle était
chef secrétaire du nouveau sous-préfet là-bas, c'était son mari qui l'avait
mise là avant de quitter pour prendre sa retraite. Ibid., 1994 : 120.
2- quitte
là ! loc. exclam. Péj.
« Fiche-moi le camp! », laisse-moi tranquille ! Quitte là ! : va t'en ! Première leçon de français de Moussa*.
Jeune Afrique, 24/30.07.1996 : 95. MD
m'oriente vers un jeune homme qui se trouvait à quelque 30 mètres, vers le feu
tricolore de ma gare. Je cours à sa rencontre "Sideci, Sideci,
Sidéci" [: nom de la destination du gbaka]. Pour toute réponse, il me dit "Quitte là, voleur !". Je le
lâche. Ivoir'Soir, 26.05.1998.
3- quitter
matin, loc.verb. Partir
de bonne heure. [.] on quittait matin à 6
heures pour arriver* au lycée qui était à une bonne demi-heure de marche.
Krol, 1994 : 37.
4-
quitte[z] devant ! loc.exclam.
Dégage[z] de par là !, file[z] !, ôtez-vous / ôte toi de là ! Quitté devant ! : Filez, laissez la place
libre devant (devant une voiture). Première leçon de français de Moussa*. Jeune
Afrique, 24/30.07.1996 : 95. .
5- quittez
mes yeux !, quitté mon zyeux ! loc.exclam.
Basilectal. Ordre très brutal. Que je ne te vois plus ! Hors
d'ici ! « Fiche-moi le camp ! » Quitté
mon zyeux! : Hors de ma vue! Jeune Afrique, 24/30.07.1996 : 95
6- quitter
les bancs, loc.verb. V.
BANC*. J'ai quitté le banc parce que
tout le monde a dit que l'école ne vaut plus rien, même pas le pet d'une
vieille grand-mère. Kourouma, 2000 : 9.
7- quitter
les boeufs, loc.verb.
Spéc. Abandonner le métier d'agriculteur-éleveur. A seize ans, j'ai quitté les boeufs.
Deniel, 1991 : 44.
ANT.: mettre* derrière les boeufs.
quoi ?, pr interr. Fréq., oral surtout, mésolecte, basilecte.
1- quoi,
(c'est ---- ?),
loc.interr. V. C'EST* QUOI ? Ton
pétard*, c'est quoi ? (Etudiant, Abidjan, 1989).
2- quoi,
(c'est ---- même ?), loc.interr.
V. C'EST QUOI MÊME ? * [.] à cause de l'Ecole tu veux te tuer ? L'Ecole c'est quoi même ?
L'Ecole ça sert tout juste à compter rapidement son argent. Konaté,
1987 : 46.
3- quoi, (Y
a ---- ?), loc.interr. Qu'est
qu'il y a ? Qu'est ce qui se passe ? Y a
quoi à la fac ce matin ? (Etudiant,
Abidjan, 1992).
SYN.: kèssiah* ?.