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ta, [ta], n.m. Spéc. (flore), (de l'abé). (Samanea Dinklagei [Harms] Keay). Arbre de la fam. des Mimosées qui fournit un bois dur d'une belle couleur jaune avec des veines violettes. Aubreville, 1959, I : 216.

SYN.: kouéré (mandenkan), m'bouékréhia (ébrié).

 

tabac, tabac-congo, n.m. Dispon., oral, écrit, mésolecte. (Cannabis sativa Linn.) Plante herbacée de la fam. des Cannabinacées, dont les feuilles et les fleurs sont fumées sous le nom de "chanvre indien". V. DA*, GUEDJI*. Au cours d'un contrôle à un poste de douane, deux cartons contenant 6 kg de cannabis furent découverts. [.] La vente du tabac-congo rapporte beaucoup d'argent à Abidjan. FM., 08.01.1980. Il a précisé avoir apporté le "tabac" du Ghana en passant par Abengourou. FM., 20.01.1982. Il dirigeait un trafic de cannabis. Le "tabac" était acheté au Ghana et distribué dans certains bars. FM., 10.02.1982.

SYN.: ganja*, guedji*, herbe qui tue*.

 

tabala, [tabala], n.m. Dispon., (tradition), (mandenkan). Grand tambour de guerre. Le tabala d'honneur et de guerre résonna. Kourouma, 1990 : 31.

 

Tabaski, [tabaski], n.f. Usuel (religion), (du mot "Pâques" par le berbère). V. AID EL KEBIR*. Fête musulmane qui commémore le sacrifice d'Abraham. Elle intervient cinquante jours après la fin du ramadan. (: le dizième jour du douzième mois de l'année musulmane). Les chefs de famille égorgent ce jour là un mouton, d'où son autre nom de "fête* du mouton". Le ministre du Travail et de l'Ivoirisation* des cadres fait connaître que le Lundi 20 octobre, fête de la Tabaski, est sur toute l'étendue du territoire national, jour férié et chômé. FM., 16.10.1980. En effet la tabaski est la fête du souvenir, souvenir du geste de soumission d'Abraham envers Dieu le Tout-Puissant. FM., 18/19.10.1980. La fête de la Tabaski communément appelée fête du Mouton revêt un caractère symbolique. FM., 02/03.10.1982. Va voir ces femmes anango un samedi ou la veille des grandes fêtes telles que : Noël, Pâques, Ramadan*, Tabaski, la fête de l'Indépendance,... J. Guénaman Colbert, 1985 : 34. L'enfant est né le 20, le jour de la Tabaski. Deniel, 1985 : 180. Soumaré allait rarement au Bolloda [.] si on exclut les [.] fêtes de Ramadan et de la Tabaski. Kourouma, 1990 : 115. Il n'est pas inutile de rappeler qu'une vilaine superstition a toujours fait croire que lorsque la Tabaski ou le Ramadan est célébré un vendredi, une personnalité (politique ou religieuse) mourra. Notre Monde, 09.03.1995. J'ai accepté de voler le phare pour préparer la fête de la Tabaski qui a été célébrée le 18 avril dernier. Ivoir'Soir, 02/03/04.05.1997. A l'occasion de la fête de la Tabaski [.]. Ivoir'Soir, 25.03.1998. Hier c'était la Tabaski. Nos frères musulmans ont égorgé beaucoup de moutons. Ivoir'Soir, 08.05.1998.

SYN.: Aîd* el Kébir, fête* du Mouton*, fête* des sacrifices.

 

table, n.f. Usuel. Etal d'un vendeur de rue ou de marché. Comme je n'avais pas de place à moi, je louais une table 25 F. par jour à une camarade [.]. Deniel, 1985 : 68. Mon grand frère* m'a dit : "Je vais te faire une table et tu vendras des cigarettes. " Deniel, 1991 : 39.

DER.: tablier* /tablière*.

 

table-banc, tablebanc, n.f. Usuel. Meuble scolaire en bois consistant en un pupitre et un siège à dossier. Ces tables-bancs serviront de lits pour les élèves entre 12 h et 14 h. après un maigre repas. C'est cela les conditions de ceux qui ne peuvent rentrer chez eux les midis. FM., 29.03.1983. Chaque année, il se pose à la rentrée au niveau du cycle primaire, des problèmes de tables-bancs. FM., 18.10.1983. Le Lion's club de Ykro [: Yamoussoukro] a offert plus de 100 tablebancs. FM., 11.02.1993. Cette école ouverte cette année accueille 6 instituteurs. Seulement, les tables-bancs font défaut. Ivoir'Soir, 21.10.1997. [.] les tables-bancs qui sont l'objet de vandalisme chaque année. Ivoir'Soir, 28/29/30.11.1997. [.] il a déjà offert 30 tables-bancs à l'école primaire du village. Ivoir'Soir, 27.01.1998. Le maire de Gbomé a également déploré le manque de tables-bancs et de cantines scolaires dans ces écoles. Ivoir'Soir, 11.05.1998.

 

tablette, n.f. Dispon. Planchette sur laquelle sont inscrits des versets du Coran, utilisée par le maître de l'école coranique ou par les élèves. Je récite les prières inscrites sur ma tablette. (Jeune, Bouaké, 1982).

 

tablettes de chocolat, n.f.pl. Vx. V. TOLE* ONDULEE. Ondulations de la surface du sol. La route en latérite* est pleine de tablettes de chocolat qui cassent les véhicules. (Routier, Abidjan, 1979).

 

tablier, tablière n.m., adj. Usuel.

1- tablier, n.m, adj. Petit commerçant qui transporte ses marchandises dans une caisse plate pouvant servir d'étal ou qui, installé en plein air, présente ses produits sur une table. Il se trouva nez à nez avec Moussa, son ami tablier. FM., 26.12.1974. Yebouè s'était faufilé [.] évitant adroitement, à coups de klaxon, les vendeuses d'oranges, de bananes, d'ananas et les tabliers aux vêtements rapiécés poussant leur chariot sur la chaussée, confondue avec les trottoirs. Oussou-Essui, 1979 : 13. T.P. est fumeur, il achète à un tablier un paquet de Job. FM., 18.01.1980. C'est à un véritable cours de formation professionnelle que le Syndicat National des Commerçants détaillants et Tabliers de Côte-d'Ivoire (SYNACODETACI) a convié ses adhérents. FM., 06/07.02.1982. Notre homme se souvient des tabliers devant le bar à la musique tonitruante [.] des tabliers, toute une file qui encerclent plus ou moins la salle. Tilliette, 1984 : 271. De même, les femmes qui font le commerce de plats préparés, les vendeurs ambulants de boissons, des tabliers investissent les abords des sociétés une partie de la journée. Bonnassieux, 1987 : 57.

SYN.: détaillant-tablier*, marchand de table*, marchand-tablier*, tablier diallo.

2- tablier, n.m. V. TABLE*. Etal sur lequel le marchand en plein air étale ses marchandises. La population se contente des services d'un Mossi qui tient un tablier à moitié vide. FM., 11.02.1982.

3- tablier diallo, n.m. V. DIALLO*. Le tablier diallo* lui, n'exige, pour la même marchandise que 90 ou 100 CFA*. FM. 29.11.1990.

4- tablière, n.f., adj. Va payer trois bâtons* à la tablière devant le portail du Lycée. (Chauffeur, Abidjan, 1984). [.] on assaille les petites marchandes "tablières" installées sous les bambous* géants du Musée . David, 1986 : 77.

 

tabouret sacré, n.m. Fréq., (tradition), oral, écrit, tous milieux. V. BIA*. Siège ancestral, parfois recouvert d'or, que l'on vénère et devant lequel on verse le sang des animaux sacrifiés en offrande. Conservé par l'ethnie, il sert lors de l'intronisation des chefs traditionnels. Là, [: au Musée] plus de rivalité entre la donneuse d'enfant baoulé et le mangeur d'âme* gouro , entre l'homme*-panthère et le calao* géniteur, entre le tabouret sacré abreuvé de vie chaque année, les sonnailles de cuivre des jeunes guerriers et les coiffures de cauris* pour les jeunes excisées*. Du Prey 1979 : 68. Peu après, son épouse qui avait reçu du roi* un complet* de pagne et un tabouret* le rejoint. Le nouveau Président de l'Assemblée nationale venait ainsi de recevoir l'onction du roi de l'Indénié. Ivoir'Soir, 15.09.1997.

SYN.: bia*.

 

tacka-tacka, [takataka], n.m. Dispon., (par harmonie imitative du bruit du moteur), oral, fam. Sorte de motoculteur constitué d'un petit tracteur avec partie aménagée pour le transport à l'arrière. Aux taxis*-brousse, véhicules chargés du ramassage des produits agricoles [.] se sont ajoutés les "tacka-tacka" qui arpentent les rues et les pistes* des 78 villages de la sous-préfecture de Biankouma. Le "tacka-tacka", ce nouveau moyen de transport est un motoculteur avec une charrette à l'arrière. De fabrication brésilienne, ce tracteur en miniature [.] peut transporter une charge d'une tonne.[.]. Baptisée "tacka-tacka" en raison du bruit qu'elle émet pendant son allumage à la manivelle, cette machine a la capacité d'emprunter sans difficultés sentiers et piste qui mènent aux campements* agricoles. Ivoir'Soir, 25.08.1997.

 

tacheté , adj. Dispon., oral, mésolecte, basilecte. Couvert de taches. La maîtresse a dit que pour venir à l'école, ma robe ne doit pas être tachetée. (Elève, Bouaké, 1986).

 

tacler, takler [le coup], v.tr. Dispon., (du lexique du football), oral, argot, des jeunes urbanisés. Rejeter [un soupirant], refuser, déjouer une entreprise de séduction. Si le gaillard n'atteint pas son but [: de séduction] il dira "elle m'a taclé" c'est-à-dire brisé. Krol, 1994 : 216. /J'ai breaké* la go* breaké la go/ elle m'a tacklé tacklé le coup/ c'est-à-dire cassé cassé mon coup. (Chanson "Dezeko", Groupe Les esprits de Yop, corpus T., 1994).

 

tacoula, n.m. V. TAKOULA*.

 

tacot, n.f. Dispon., oral, basilecte, péj. Vieillerie, appellation injurieuse appliquée à à tout ce qui semble vieilli ou démodé, en particulier peut servir à désigner une femme. Je ne sors* pas avec elle. Rien à faire avec des tacots, moi ! (Jardinier, Abidjan, 1973.

 

taffe, n.f. Dispon., argot urbain. Cigarette. Bouffée de tabac. V. BATON*. [.] ces cigarettes ne contiennent que 75%, 50%, ou 25% de tabac. C'est-à-dire que quand tu en fumes une, tu ne sens rien dans la poitrine. Est-ce que c'est cigarette ça ? Nous, on veut ce qui fait couler* les larmes après une "taffe". Ivoir'Soir, 14/15/16.11.1997.

 

tagboussi, n.m. V. DIOULA*.

 

taille, n.m. Usuel, oral, écrit, tous milieux scolaires. Taille-crayon. Il a volé mon taille. Mon taille était trop* beau. (Rédaction 5ème, Abidjan, 1974).

 

taille, n.f. Fréq., oral ,écrit, mésolecte.

1- taille basse, vêtement féminin consistant en un corsage ajusté à la taille et terminé par une basque volantée. Pour le mariage, j'ai fait une taille basse en pagne avec de la dentelle sux manches et sur le décolleté. (Enseignante, Abidjan, 1983).

2- taille haute, vêtement féminin consistant en un corsage ajusté sous les seins et s'évasant ensuite jusqu'à mi cuisse. La taille haute, c'est pratique quand tu es enceinte. (Mère de famille, Abidjan, 1984).

 

tailleur, n.m. Usuel. V. COUTURIER*. Artisan qui fait les mêmes travaux qu'une couturière (réparations, confection de vêtements traditionnels ou occidentaux). Madame, le tailleur est venu te manquer* pour les rideaux du salon. (Boy, Abidjan, 1981).

 

tais-toi, n.m. Fréq., argot urbain. Billet de 10 000 francs, dont il vaut mieux ne pas parler, soit parce qu'il peut susciter des demandes de prêt, soit parce qu'il va être utilisé pour graisser la patte à qqun dont on a besoin. [.] un tais-toi, c'est un billet de 10 000 francs - quand on l'a en poche, on évite de s'en vanter pour ne pas attirer les parasites. Krol, 1994, 209. La corruption est aggravée par le fait qu'en Côte-d'Ivoire, il y a de l'argent : le billet de 10 000 CFA, surnommé "tais-toi", c'est le sésame. Jeune Afrique, 24/30.09.1997.

 

takoula, tacoula, [takula], n.m. Dispon., (tradition), (du mandenkan). Galette faite de semoule de petit-mil ou de riz, d'eau et de sucre, cuite à la vapeur et consommée à l'occasion des fêtes musulmanes. Les takoulas bien faits ont la taille de dés à coudre. (Informatrice, Abidjan, 1984).

 

tali, [tali], n.m. Spéc. (flore), (du mandenkan). V. ALUI*, BOIS ROUGE*, GÔPO*, (Erythrophleum guineense D. Don : tali proprement dit et E. ivorense A. Chev. appelé aussi tali mais que les forestiers préfèrent nommer alui pour le distinguer du précédent). Grand arbre de la fam. des Légumineuses Caesalpiniacées, au bois brun clair, excessivement dur et très lourd. Roberty, 1954 : 198. On tire de son écorce un poison d'épreuve, très utilisé dans les ordalies. Les deux espèces de tali sont bien connues par leur bois excessivement dur, imputrescible, inattaqué par les termites, et par le célèbre poison d'épreuve.[.]. Ceux des plaignants ou des accusés qui pouvaient boire impunément l'eau du "bois rouge" avaient la conscience tranquille tandis que les coupables mourraient après l'absorption du poison. Aubreville, 1959, I : 330.

COM.: tali est le nom pilote de ce bois. CTFT, 1989 : 377.

SYN.: bois rouge*, djirotoué*, gôpô*, alui* (baoulé).

 

talibé, talibet, n.m, adj. Fréq., (de l'arabe).

1- Elève de l'école coranique. Les talibés mendient souvent pour leur nourriture et pour payer le maître. (Informateur, Abidjan, 1980). Abdoulaye était un talibet, un collègue de l'école coranique*. Kourouma, 1990 : 139.

2- Chez les musulmans, disciple d'un marabout*. Des marabouts* venaient, suivis de deux ou trois talibés, restaient quelques jours dans le campement*  Dadié, 1981 : 53. C'est pourquoi les talibés de cette ville [.] vous invitent nombreux à honorer de votre présence les chants religieux commémorant le passage de Bamba. FM., 24.03.1983. C'était le prédicateur, le talibé, l'ambassadeur de la culture dans le monde noir. FM., 08.05.1984. Brusquement de la brousse* surgirent des hautes herbes un marabout suivi d'une vingtaine de disciples talibets. Kourouma, 1998 : 49.

 

tamarin, n.m. Spéc., (tradition). Jus de tamarin utilisé dans la médecine traditionnelle. Le lingué* est rarement utilisé seul. Il est souvent pris avec du tamarin* dans de la bière de mil*. Kerharo /Bouquet, 1950, b : 39.

 

tamarinier, tamarindier, n.m.. Spéc., (flore). (Tamarindus indica Linn.). Plante de la fam. des Caesalpiniacées, protégée ou même plantée près des villages car son fruit est avec sa pulpe sucrée, comestible et médicinal. Roberty, 1954 : 206. [.] le dernier tintamarre de gazouillis lancés par les tisserins* des tamariniers. Kourouma, 1970 : 122. [.] tout se tut, même les gendarmes* bavards des tamariniers* [.]. Kourouma, 1990 : 47.

 

tambour, n.m. Spéc., (tradition).

1-  Instrument de musique portatif constitué d'une caisse de résonance en bois sur laquelle sont tendues une ou deux peaux. V. DRUMMOLOGIE*, TAM*-TAM. Localement, le tambour se distinguerait du tam-tam par le fait que ce dernier serait très rarement portable en raison de sa taille et de son poids. Mais la distinction d'appellation tend à s'effacer. Quelquefois, le lointain roulement du tambour ou le battement du tam-tam* se répercutait à travers cette immensité herbeuse, baignée par la clarté blafarde de la lune. Koné, 1976 : 14.

COMP.: tambour messager, tambour parleur, tambour parlant, tambour tambouriné, tambour attungblan /tambour attoungblan, tambour mâle, tambour femelle, tambour calebasse, tambour d'aisselle, tambour d'entrejambes (V. Composés de TAM*-TAM).

DER.: tambourinaire*, tambourineur*.

SYN.: (part.) attoungblan*, (part.) tam*-tam.

2- tambour parleur, tambour messager, tambour parlant, tambour tambouriné, tambour attougblan, tambour attungblan, il s'agit alors d'un ensemble de deux tambours, l'un émettant un son aigu (tambour mâle), l'autre émettant un son plus grave (tambour femelle). L'alternance des deux hauteurs musicales permet de reproduire les hauteurs tonales des langues Akan et donc de lancer des messages à distance. Quand nous parlons de tambour parleur, de tambour sacré, de tambour symbole de l'Etat et de la nation, notre collègue aurait du comprendre qu'il ne peut s'agir que du tambour institution et non du simple instrument de musique. FM., 18.02.1980. L'on vient même d'y [: dans la publicité] mobiliser le tamtam*, le "tambour tambouriné", ou "tambour parlant", d'ailleurs si remarquablement perfectionné dans les pays de civilisation akan [.]. Il y suffit des deux tambours classiques du vieux procédé, l'un dit tambour mâle, émettant le son le plus aigu, l'autre, évidemment tambour femelle, contribuant selon le ton choisi à faire phrase. Conte, 1981 : 148. Cette petite merveille [: le téléphone] qui a remplacé dans nos pays africains, le tambour-messager. FM., 08.11.1982. Le Sud et le centre sont le fief des grands tambours, fréquemment regroupés en ensembles imposants et parmi lesquels le tambour parleur attungblan occupe un rang particulièrement prestigieux. Oberlé, 1983 : 94. [.] un universitaire ivoirien de l'Institut d'Ethnosociologie qui avait inauguré un cours, sujet à contreverse, de "drummologie*", la science des tambours parleurs. Naipaul, 1984 : 122. Le tambour parleur imitait et conservait les mots mêmes des anciennes mélopées qui étaient des documents sur le passé africain. Ibid, 1984 : 137. [.] les sculpteurs anyis excellent dans la fabrication de sièges cérémoniels et de tambours parlants. Gaudio /Roekeghem, 1984 : 34. Au crépuscule, le tambour parleur appelle toute la communauté autour de l'arbre sacré. Ibid. : 71. Quand au professeur Niangoran Bouah [.] c'est pour ses écrits sur une nouvelle science la drummologie*, traitant des textes battus sur les grands tambours parleurs attié, selon un code évoquant le morse, qu'il est le plus connu. Rémy, 1996 : 44.

3- tambour d'aisselles(s), petit tambour à deux peaux tendues par des cordes. On tient l'instrument sous le bras et on frappe la peau tendue avec une baguette recourbée.

4- tambour-calebasse, petit tambour dont la caisse de résonance est une calebasse ou une poterie.

5- tambour royal, tambour dont le battement annonce le roi. C'est un passage du tambour royal abron communiqué par K. W. de Kékréni, le plus compétent et le plus expérimenté des tambourinaires du Royaume de Bondoukou. FM., 18.02.1980.

 

tambourinaire, tambourineur, n.m. Spéc., (tradition). Joueur de tambour, plus particulièrement celui du tambour-messager. C'est un passage du tambour royal abron communiqué par K. W. de Kékréni, le plus compétent et le plus expérimenté des tambourinaires du Royaume de Bondoukou. FM., 18.02.1980. La peau du tam-tam acquiert sous les mains d'un tambourinaire une plasticité comparable à celle d'une corde sous un archet habile. FM., 04.03.1980. Le tambourinaire avec son instrument joue le rôle du griot* documentaliste à cette différence qu'il n'improvise pas. FM., 18.03.1980. Ce sont ces derniers [: les génies ] qui, ne l'oublions pas, guident les mains du tambourineur et lui récitent le texte qu'il bat. FM., 18.03.1980. On entend successivement les trois tambours dont les tambourinaires tirent des sons tantôt gais, tantôt mélancoliques. Nokan, 2000 : 214.

 

tambouriné, (texte ---- ), n.m. Spéc. (tradition). Texte du message transmis grâce au code des tambours parleurs. Il est donc relativement facile au chercheur dégourdi d'enregistrer des extraits du texte tambouriné. FM., 18.03.1980.

 

tam-tam (1), n.m. Spéc. (tradition).

1- Terme générique désignant des instruments de musique souvent très différents les uns des autres. Le mot "tam-tam" supplante actuellement l'appellation "tambour*", réservée autrefois à l'instrument portable et pouvant avoir des fins guerrières. Généralement, il s'agit d'instruments de percussion, constitués d'une ou de deux peaux tendues sur une caisse de résonance généralement de bois mais pouvant être une calebasse ou une poterie. Le joueur bat le tam-tam avec la main ou avec une baguette, selon les instruments. Et chaque variété de tam-tam porte un nom spécifique. On dit du tam-tam qu'il "parle", qu'il "crépite", qu'il "roule" qu'il "chante". Quelquefois, le lointain roulement du tambour* ou le battement du tam-tam se répercutait à travers cette immensité herbeuse, baignée par la clarté blafarde de la lune. Koné, 1976 : 14. A t'entendre, tam tam / tout Africain se sent fier de son nom / Car pour lui, tu représentes un symbole / Le symbole de sa vie d'Africain. (poème de Mangou Séraphin), in FM., 16.02.1982. Le tam-tam crépite non seulement en guise de bienvenue mais pour relever la cérémonie [.]. Ivoir'Soir, 15.09.1997. Une centaine de tams-tams sont exposés à l'intérieur et à l'extérieur de l'atelier. Il y en a de toutes sortes (des tounbalet*, des djembé*, des doun-doun*, des attoungblan*) et de toutes tailles. Ivoir'Soir, 28.08.1997.

COM.: norme du pluriel incertaine : tam-tams /tams-tams /tamtams.

DER.: tamtameur*, tamtamiste*.

COMP.: tamtam d'aisselles, tamtam-calebasse, tamtam d'entre-jambes, tamtam mâle / tam-tam femelle, tamtam parleur, tamtam sacré, grand tamtam, petit tamtam.

SYN.: tambour, (part.) attoungblan, djembé, doun-doun, goulètounbalet.

2- Groupe de joueurs de tam-tam. Les gens du pays font un tam-tam terrible. Binger, 1881-1890 : 31. Le gouverneur Reste [en 1934] avait fait venir les tamtams. (C'est ainsi à l'époque que l'on appelait les groupes folkloriques. Abidjan 75 : 53. Le tam-tam qui s'était arrêté quelques instants reprend de plus belle... Kerharo /Bouquet, 1950, b : 25. Il y a un concours des groupes folkloriques pour désigner le meilleur tam-tam. (Informateur, Daloa, 1985).

SYN.: danse*.

3- Danse, fête, cérémonie, rythmées par le tam-tam. Le tamtam bat son plein. (Copie de 3ème, 1974). Il y a un tam-tam sur la place et les gens danseront toute la nuit. (Planteur, Vavoua, 1980). Venant de beaucoup plus loin, un tam-tam endiablé rythmait Dieu sait quel hommage dansé aux forces de la nuit, de la brousse* et de la forêt. Krol, 1994 : 19. D'un quartier à l'autre, les tam-tams s'appellent. J. Carlos, 1994 : 7.

4- tam-tam parleur, tamtam messager, V. TAMBOUR*-MESSAGER Grand tam-tam utilisé pour transmettre les messages tambourinés grâce à un code fondé en général sur les distinctions tonales de la langue concernée. Peu de temps après, on entend de la coulisse les tam-tams parleurs et les tam-tams de guerre (Indications scéniques). Amon d'Aby, La couronne aux enchères, 1965 : 36. Qui m'a vu accourir en transe sous le tam-tam parleur de Mansoua. Bolli, 1977 : 85. Il existe d'autres tam-tams parleurs [.] qui sont battus* dans un cadre plus restreint, pendant des cérémonies rituelles spécifiques. FM., 18.03.1980. J'ai exhibé le tam-tam parleur. (poème de Yao Konan Prosper in FM., 06.04. 1982). C'était véritablement fête à Godoumé s'animant des tamtams sacrés, de l'attoungblan*, des grelots, des flûtes et des wolélé des femmes. FM, 30.09.1986. [.] chansons rythmées par le tam-tam parleur FM. 22.08.1990. Le premier jour, les participants auront l'occasion d'assister à la danse guerrière exécutée sous le son du "goulé" ou le tam-tam parleur. Ivoir'Soir, 30.07.1997. Le tam-tam parleur Goulè délivre des messages de circonstance. Ivoir'Soir, 19.08.1997.

5- tamtam d'aisselles, V. TAMBOUR* D'AISSELLES.

6- tamtam-calebasse, V. TAMBOUR*-CALEBASSE.

7- tamtam d'entrejambes, V. TAMBOUR* D'ENTRE-JAMBES.

8- tamtam (grand ---- ), tamtam dont le caisse de résonance est une partie de tronc d'arbre évidé, ayant une membrane de peau de part et d'autre.

9- tamtam, (petit ---- ), V. TAMBOUR*, tamtam aisément transportable et dont la caisse de résonnance est en bois, en calebasse ou en poterie.

 

tam-tam (2), n.m. Spéc., oral, argot urbain. V. KHER*. Pipe artisanale qui permet de fumer le crack. Le kher* la pierre de crack (mélange de chlorhydrate de cocaïne et de bicarbonate de soude que l'on fume dans une pipe artisanale baptisée tam-tam) coûte 5 000 f.cfa*. Jeune Afrique, 16-22.03.1995.

 

tamtameur, tam-tamiste, n.m. Spéc., (tradition). Joueur de tamtam. La tête enrubannée, drapé dans un grand boubou* amidonné, suivi par une foule de griots*, de tam-tamistes* et de balafonistes*, il sortait de son palais. Kourouma, 1990 : 242. Les balafons* résonnaient, les tamtameurs frappaient, des femmes en larmes chantonnaient. Kourouma, 1998 : 120.

SYN.: batteur* de tam-tam, tapeur* de tamtam.

 

tamani, tama, n.m. Spéc., (tradition), (du mandenkan). V. TAMBOUR* D'AISSELLES. La caisse du tamani est resserrée au milieu et il y a des cordes sur le côtés qui relient les deux peaux tendues de chaque côté. (Informateur, Kong, 1980).

 

tantale ibis, tantale, n.m. Spéc., (faune). (Ibis ibis Linn). Sorte de cigogne qui se différencie par sa nuque noire et sa face nue et rouge. Le bec jaune est légèrement courbé vers le bas. Serle /Morel, 1988 : 25. Lorsque le niveau d'eau est bas, les gros oiseaux attrapent plus facilement les poissons [.] comme les tantales ibis. Mülhenberg /Steinhauer, 1984 : 22. Tantale ibis, signalé (Comoé). Bousquet, 1992 : 157.

 

tantie, n.f. Usuel, (fusion du français "tante" et de l'anglais"auntie" pour certains, pour d'autres abrév. de "tantine"), oral, écrit, tous milieux, fam.

1- Appellation affectueuse donnée par les enfants, à leur mère, aux soeurs de sa mère et même à toute amie de ses parents, considérée comme une femme compréhensive et généreuse. La plus jeune fille de M.K. a remis la clé de la chambre de ses parents à Tantie N'G. FM., 01.02.1980. Tanti, Joëlle a demandé le nom africain de tanti Marie. Je le lui ai dit et maintenant j'ai peur qu'elle veuille l'empoisonner. Akissi Kouadio, 1983 : 78. Ma seule joie aujourd'hui, c'est mon fils ! Je n'ai jamais souhaité qu'il m'appelle tanti comme d'autres enfants le font avec leur mère. Ibid. : 102. Mes enfants l'appellent Tantie. Deniel, 1985 : 99. J'ai commencé à chialer [.]. Je veux ma tantie, ma tantie à Niangbo !". Kourouma, 2000 : 62. [.] va chercher Papa et dis lui que Tonton Anka et Tantie Rebecca sont là. R.Yaou, 1999 : 54.

COM.: tantie est l'équivalent féminin de "tonton"*.

2- En bonne part, appellation désignant toute femme mûre d'apparence fortunée. C'est par ce terme que les petits travailleurs de rue les interpellent. Tantie Affoué, elle, accuse déjà la cinquantaine. FM., 05/06.03.1983. Grâce aux milliers de tontons* et de tanties qui sillonnent les rues d'Abidjan, ces petits travailleurs, debout près de leur pèse-personnes encaissent quotidiennement entre 1500 F et 2000 F. C'est pas rien! A. Touré, 1985 : 172.

3- Appellation amoureuse désignant la bien-aimée. A coups de termes affectifs plus touchants les uns que les autres : ma chérie*, ma soeur,* ma tantie personnelle. FM., 10.02.1993.

4- Péj. Femme âgée qui a entretient un gigolo. Tantie : femme âgée qui a pour amant un jeune homme. Première leçon de français de Moussa*. Jeune Afrique, 24/30.07.1996 : 95. Savez-vous ce que signifie l'expression estudiantine "faire en chemise pagne"? Non ? On le dit des étudiants qui aiment se vêtir en chemise pagne. Et selon les étudiants eux-mêmes, ce sont leurs copines (les tanties*) qui leur offrent des chemises de pagne. Ainsi les jeunes étudiants qui affectionnent ce type d'habillement sont considérés comme des gigolos. Ivoir'Soir, 19.02.1998.

5- Péj. Patronne de maison close. Dans ces villes, ces tanties ont recruté des jeunes filles qu'elles livrent à leurs clients. Ivoir'Soir, 10.12.1997.

6- tanti, tantie j'ai faim, tantie, tanty, Mélior. Tenancière d'un maquis* ou d'une gargotte en plein air. Ils sont connus de nombreuses tanti qui volontiers leur versent à boire, même à crédit. FM., 21.01.1980. Il faudrait peut-être aux serveuses user de plus de bonhomie et aux nombreuses tanties procéder à quelque aménagement de bon goût [.] de leur maquis*. FM.. 20/21.06.1981. Dis, tantie, ça fait un moment que j'ai commandé un kedjenou*, lui lance un client. FM., 0301.1983. A l'Escale, Tantie Appolline et ses charmantes hôtesses vous réservent un bon accueil. ID., 30.10.1983. Chaque tantie s'ingéniait à confectionner des plats où éclataient la succulence des mets du terroir. FM., 10.02.1984. Très tôt le matin jusqu'à tard dans la nuit, les tanties j'ai faim proposent une gamme variée de mets africains dont le kédjenou*, le poisson ou le poulet braisés*, le foutou* d'igname et de banane. FM., 25/26.02.1984. Chez Tantie Mo N'Dri [.] le vin* de palme est roi. FM., 25/26.02.1984. L'arrivée massive des femmes baoulé comme tenancières de maquis* ou tanties- car on les a définitivement baptisées du nom de "tanties" [.]. A. Touré, 1985 : 251. Le petit bifsteak [.] le morceau de viande* de brousse, biche* ou agouti* à 350 f chez une tantie ivoirienne, paraissent déjà chers. Bonnassieux, 1987 : 133. [.] ce soir, tout comme nous, il serait venu au maquis* de tantie Akissi danser une dernière fois avec la petite. Tierno Monenembo, 1993 : 13. Au début nous n'étions que des clients parmi d'autres. Nos liens avec la tantie se sont tissés comme un nid de tourterelle, en toute patience et minutie. Ibid., 1993 : 66. Revenue du marché généralement deux heures après, soit aux environs de 9 heures, Tantie Etté intègre sa cuisine. Ivoir'Soir, 02.02.1998.

 

tao, n.m. et fem. Fréq. mais un peu vieilli (du nom d'un antibiotique), oral, fam., péj.

1- n.m. Rare. Coureur de jupons. V. SAO*. Note (11) Sao : prostituée. Il s'agit d'un mot forgé, selon Noel Ebony (journaliste et écrivain) par lui-même pour désigner le féminin de Tao (homme d'une grande légéreté sexuelle) mot également forgé par lui  à partir du nom de l'antibiotique (Triester Acétique de l'Oléndomycine) vendu en pharmacie pour combattre les infections à germes sensibles dont les maladies vénériennes. Le tao et la sao seraient donc de grands consommateurs de l'antibiotique T.A.O. Touré, 1985 : 111.

2- n.f. Prostituée, poule de luxe. V. SAO*. Par rapport à la toutou*, la tao, a une clientèle aisée et exigeante. Marcory poto-poto*. Je vois la ville qui agonise de ses maux. Je vois les concessions*, le maquis*, les bars, les taos, les mauvais types. V. Tadjo, 1992 : 11.

DER.: taotisation*

 

taotisation, n.f. Dispon., argot, oral, fam., péj., plaisant surtout. Action de devenir une ’’poule de luxe’’. Attends, tu vas voir bientôt sa taotisation dès qu'elle aura des tontons*-grottos. (Barman, Abidjan, 1992).

 

tapa, n.m. Spéc., (tradition). Tissu végétal obtenu en battant l'écorce de certains arbres (en zone forestière; Antiaris welwitschii, en savane, Antiaris africana V. AKO*. Le tapa décoré à la pyrogravure est recherché par les touristes. C'est le matériau de base souvent utilisé par les peintres contemporains comme toile. Des couleurs végétales et minérales, lesquelles conservent les nuances de celles utilisées par les ancêtres* sur les tapas.  FM., 03/04.03.1984. [.] pour les [: les thèmes artistiques traditionnels] exprimer sur des matériaux traditionnels comme l'écorce d'arbre (tapa*).[.]. Rémy, 1996 : 44. C'est une pyrogravure sur tapa que cet Ivoirien a présentée au concours. Ivoir'Soir, 04.11.1997.[.] au fur et  à mesure que se dévoile le tapa dans sa texture naturelle dans l'espace blanc de lumière. Ivoir'Soir, 05.11.1997. Tapa, toile de jute serviront de supports [: à la peinture]. Ivoir'Soir, 08.06.1998.

 

tapé, adj. Fréq., oral, mésolecte, basilecte, fam.

1- Frais, frappé, glacé. Envoie* bière ici - ooh-kay bière bien tapée. Jano, 1987 :

2- Corsé s'il s'agit d'un alccool fort. Papa le Bon tomba sur de nombreuses bouteilles de whisky, du Johnny Walker, carton rouge, bien tapé. Kourouma, 2000 : 29.

3- tapé, (être ----), loc.verb. Argot zouglou, oral, jeunes urbanisés. Etre ivre, avoir trop bu. /j'ai commencé à courir / à travers tout Abidjan / je suis rentré le matin / inconscient / inconscient pourquoi / parce que/ j'étais trop tapé/ moi qui n'ai pas l'habitude de boire/. (Chanson "On a débrouillé on a gagné". Groupe les pros du Far, corpus T., 1994).

SYN.: être bigré*, être bloqué*, être dans son verre*, être daye*, être dedans*, être keep*, être pinté*, être tire*-tire.

 

taper, v.tr. Fréq., oral, mésolecte, basilecte. Entre dans un certain nombre de locutions.

1- Battre, frapper. Ils ont attrapé le voleur et ils l'ont tapé malmal*. (Revendeuse, Abidjan, 1982).

2- taper + nom d'instrument à percussion, jouer. Peut s'utiliser parfois pour parler de jouer d'un instrument qui n'est pas à percussion. C'est difficile d'apprendre à taper le tamtam. (jeune, Abidjan, 1982). Elle tape la guitare un peu bien. (Etudiant, Abidjan, 1992).

DER.: tapeur de tamtam.

3- taper la distance, V. GRATTER*. Parcourir une grande distance, faire un long chemin à pied généralement. Il me fallait boire un peu de vin de palme* pour taper la distance. (Assises de Man) FM., 26.06.1980.

4- taper la fille, V. COUILLER*. Il faisait chat* noir quand il venait taper la fille. (Barman, Abidjan, 1992).

5- taper le ballon, jouer au foot. Tous les soirs ils tapent le ballon pour s'entraîner. (Etudiant, Abidjan, 1987).

6- taper les mains, taper dans ses mains, pour marquer la mesure ou pour applaudir. La foule qui chantait avec l'artiste était heureuse de voir le leader du FPI chanter avec elle, tapant les mains. Nouvel horizon n° 138, cité Dagnac, 1996 : 171.

7- taper l'oeil, taperzyeux, V. FERMER* LES YEUX*.

a) Faire semblant de ne pas reconnaître en public une personne qu'on connaît parfaitement, soit en signe de mépris soit par vanité. Tu es partie faire douzaine d'enfants ailleurs et tu es revenue me remarier* mais j'ai refusé.. et j'ai tapé l'oeil sur toi fooort ! (BD Le démocrate, 27.01.1993.

b) Regarder en fronçant les sourcils, d'un air sévère. Mon père a lu mon bulletin puis il a tapé l'oeil sur moi. (Lycéen, Abidjan, 1985).

SYN.: faire zyeux* rouges.

c) soutenir le regard de quelqu'un sans baisser les yeux, lui tenir tête. Fais attention de pas taper zyeux quand tu parles à ta mère, hein ! (Mère de famille, Abidjan, 1992).

SYN.: blazer*.

 

tapette, n.f. V. SAMARA*. A la queue leu leu, les dizaines de passagers de Vridi et du port montent précipitamment [: dans le bus], les uns, les tapettes en main*, les autres, pantalons retroussés [: à cause de la boue]. FM, 26.01.1984. Les clients trouvent encore [.] des tapettes en plastique, des sandales [.]. Bonnassieux, 1987 : 129 / Il n'a qu'à porter Adidas même ou porter Weston-o je préfère mes tapettes /. (Chanson "Chagrin zougloutique" Groupe : Didier et les parents du Campus, corpus T., 1994).

COM.: appellation faisant référence au claquement produit par le talon lors de la marche.

 

tara (1), tarare, [tara] / [tarar], n.m. Spéc., (tradition), (du mandenkan). Lit bas fait de tiges ou de lattes entrecroisées et attachées par des fibres végétales ou du cuir. [.] un seul lit de bambou, un seul tara [.]. Kourouma, 1970 : 158. Alors, comme tombant de sommeil, elle s'allonge sur le tara. Anoma Kanié, 1978 : 113. [.] pendant que lui Adou se faisait dévorer par les moustiques sur des "tarares" de fortune. Du Prey, 1979 : 93. Koma dort profondément, seul, recroquevillé sur son tara. FM., 04.08.1980. Le village de Douédy-Guézon [.] abrite trente cases rondes avec des taras*, et des douches individuelles. FM., 02/03/04.04.1983. Moussokoro était couchée sur le tara [.]. Kourouma, 1990 : 134. Le lit de bambou, le tara à droite [.]. Kourouma, 1990 : 140.

 

tara (2), n.m. Spéc. (industrie). Pâte d'arachide en conserve. L'agro-industrie ivoirienne vient de s'enrichir d'un nouveau produit. Il s'agit de la pâte d'arachide en conserve [.] appelée tara. FM., 29.11.1990.

 

tarare, n.m. V. TARA(1)*.

 

tarente, n.f. Spéc., (faune). Lézard nocturne de la fam. des Gekkonidés, vivant dans les habitations et se nourrissant des insectes capturés autour des lampes. Capable d'un certain mimétisme lui permettant de s'adapter partiellement à la coloration de l'environnement. Les reptiles sont représentés par le crocodile*, des varans* semi-aquatiques, des lézards, caméléons, geckos*(tarentes) des tortues aquatiques (carnivores) ou terrestres (végétariennes) et une cinquantaine d'espèces de serpents. Oberlé, 1983 : 26.

SYN.: gecko/ gekko, salamandre.

NORME.: l'appellation "'gecko" ne se rencontre que dans les manuels."Salamandre" quoiqu'impropre, relève de l'acrolecte des locuteurs instruits.

 

taro, tarot, n.m. Spéc., (flore), mais usuel. (Colocasia esculentum Schott.). Plante de la fam. des Aracées communément cultivée comme plante alimentaire en forêt dense mais aussi parfois comme plante d'ornement pour ses grandes feuilles vertes. Roberty, 1954 : 372. Kacou Ananzè* ne se lassait pas de contempler les ignames*, les gombos*; les taros... Dadié, 1955 : 122. [.] ses champs de maïs, d'ignames*, de tarots, de manioc*[.]. Anoma Kanié, 1978 : 229. Les tarots déployaient leurs feuilles semblables à des oreilles* d'éléphant. Oussou-Essui, 1979 : 40. Il faut retenir également la culture de l'igname*, du manioc*, de la patate*, du taro et du maïs. FM., 27.10.1980. Le taro est un produit cultivé en zone forestière. FM., 19.03.1981. Bonoua produit également du café*, du cacao*, du tarot ainsi que la banane* plantain, base de l'alimentation de l'Abouré. FM., 18.01.1982. A l'heure du repas, la grande famille ivoirienne se réunit autour d'un plat unique de céréales (riz, maïs, mil, sorgho) ou de tubercules (igname*, taro*, patate douce*) arrosé d'une sauce* épicée, différente selon les régions. Oberlé, 1983 : 68. Le Secrétaire d'Etat : "Les Blancs vont-ils vous apprendre à planter le taro ?" A. Touré, 1985 : 281. Son frère et lui-même riaient, amusés par le sac de tarots qui dégringolait du vélo chaque fois qu'il le chargeait. FM., 18.02.1993. Le pachyderme a détruit plusieurs plantations d'ignames*, de manioc* et de tarots [.]. Ivoir'Soir, 05.11.1997.

SYN.: chou* de Chine, chou* caraïbe (impr.), oreille* d'éléphant (feuilles).

 

tarpon, n.m. Spéc., (faune). (Tarpon atlanticus Valenciennes = Megalops atlantica Valenciennes). Poisson pélagique côtier des mers tropicales, de la fam. des Megalopidae dont il est le seul représentant atlantique. Très apprécié pour la pêche sportive car il peut dépasser 200 cm et peser plus de cent kgs. Seret /Opic, 1981 : 82-83.

 

tartine, n.m. Fréq., oral, mésolecte, basilecte. Sorte de beignet aplati qui peut être sucré ou salé. V. ALLER* RETOUR, CRACRO*, GBOFROTO*, TRATRA*. [.] des femmes [.] vendent de multiples gourmandises : tartines, bananes* frites à l'huile* de palme et autres friandises [.] . Anoma Kanié, 1978 : 21.

 

tassaba, [tasaba], adj. Dispon., (du mandenkan), argot nouchi, oral, jeunes urbanisés, mélior. V. BOTCHE*. En parlant d'une femme ou d'une jeune fille, bien fessue, à fessier proéminent, « avec un beau cul ». Ah oui ? Et comment était-elle ? Grande ? Tassaba ? Jolie ? (BD) FM., 16.05.1996. Je n'aime pas trop les bagnon* avec les tassaba comme ça. Ivoir'Soir, 27.05.1998. Si tu vois son bôtchô* [.] un gros tassaba*. Note : Tassaba" : femme au postérieur proéminent.[.]. Ces différents termes empruntés au langage nouchi*, font partie aujourd'hui du lexique zouglou*. Ivoir'Soir, 15.10.1997.

 

tassergal, n.m. V. BLEU*.

 

tata, [tata], n.m. Spéc. vx. (tradition), (du mandenkan). Enceinte fortifiée. On raconte que les guetteurs se promenaient à cheval sur le mur (le tata comme on l'appelle) et que trois chevaux pouvaient se côtoyer dans des courses sur ce rempart. FM., 10.05.1984. Admirez ce tata ! Il entourera la capitale, sauf du côté de la montagne sur laquelle ont été enterrés les sortilèges qui interdisent le passage à tout envahisseur. Kourouma, 1990 : 31.

 

tatali, [tatali], n.f. V. DJANDJOU*. Go*, coucougnousse*, daye*, djandjou*, tatali : fille (plutôt libre de moeurs). Première leçon de français de Moussa*. Jeune Afrique, 24/30.07.1996 : 95.

 

tâtonner, v. tr. Dispon., oral, écrit, mésolecte., péj. Palper, faire des attouchements, tripoter, « peloter ». Il m'a appelée dans la chambre* et il a commencé à me pincer, me tâtonner partout en disant : "Tu es jolie !" et il a dit à ma tante : "Tu vas me donner ta nièce, elle est très mignonne !" Akissi Kouadio, 1983 : 33.

 

tatou, n.m. Spéc., (faune). V. PANGOLIN*. Nom impropre donné aux trois espèces de pangolins représentées dans le pays alors que le tatou est un animal exclusivement américain. Par extension, rustre, péquenaud, sauvage*. Les habitants de ce villages se moquèrent d'eux en les traitant de sales tatous. Ministère du Plan, Etude régionale, 1963 : 63.

 

tatouage, n.m. V. CICATRICE*. Ses tatouages ou scarifications tribales, s'il en a, permettant aux siens de le reconnaître. Anoma Kanié, 1978 : 274.

 

taudis, n.m. Spéc., argot des prisons, péj. Détenu désargenté servant de commissionnaire à un détenu plus fortuné. Dès qu'un prisonnier dispose de quelque revenu, il peut s'offrir les services de "valets*" de jeunes prisonniers qui s'acquittent des tâches ménagères. Ou ceux de "taudis", des détenus qui se chargent de convoyer les colis qu'on apporte ou de transmettre les messages. Jeune Afrique 06/12.07.1995

 

taurin, n.m. Spéc., (faune). Animal appartenant à l'espèce bovine, produit de l'hybridation vache /zébu ou taureau /femelle zébu. Dans la réalité, il n'y a pas que des zébus* qui soient concernés. On trouve des troupeaux métissés, des taurins appartenant à des peulhs. FM.,16.04.1982.

 

taxi, n.m. Usuel, tous milieux. Engendre de nombreuses locutions mésolectales

1- taxi bâché, V.BACHEE*.

2- taxi-bagages, fourgonnette de location qui permet de transporter marchandises, déménagements et bagages de toutes sortes. M.K. ajoute que six taxis-bagages ont été volés au dépôt. FM., 18.01.1982. [.] les gbakas* [.] interdits de circuler depuis le 02 mai 1977 pour céder la place aux taxis-bagages de la SOTRA*[.]. A. Touré, 1985 : 253. Flux et reflux fantastique qu'une flottille de bus et de bateaux-bus*, de taxis-compteurs et de taxis-bagages [.] s'efforce d'assurer. David, 1986 : 80.

3- taxi-brousse, taxi de brousse, taxi sans compteur pouvant couvrir d'assez grandes distances à l'intérieur du pays, s'arrêter à la demande et accepter jusqu'à huit passagers payants, allant à peu près dans la même direction. Loin des 30 km /heure, affichés à plusieurs reprises, poids-lourds, taxis-brousse et voitures particulières, traversent en trombe l'ancienne capitale. FM., 21.03.1980. A l'aéroport, deux taxis-brousse [.] nous attendaient. FM., 18.02.1982. K.A., 40 ans, chauffeur de taxi-brousse, domicilié au quartier Koko. FM., 03.03.1982. Depuis deux ans, il exploitait son taxi-brousse sur la ligne Abengourou-Abidjan. FM., 12/13.11.1983. S'ils me chassent avec mon fils, tu m'aideras à prendre un taxi-brousse. Akissi Kouadio, 1983 : 94. [.] il leva lourdement le bras avant de disparaître dans le "taxi-brousse". Y. Konaté, 1987 : 56. On a quitté Daloa avec un taxi-brousse pour Yamoussoukro et Abidjan. Deniel, 1991 : 67. C'était un soir, au nord de la Côte-d'Ivoire [.] dans un gros taxi de brousse délabré que je venais de prendre. Krol, 1994 : 7. Polyplage est accessible par un taxi de brousse qui part de Sassandra le matin de bonne heure. Rémy, 1996 : 161. Les "taxis-brousse’’ sont en général des breaks à trois banquettes dans lesquels entrent 8 passagers, plus le conducteur. Leur seul inconvénient est la nécessité d'attendre que la voiture soit pleine avant de partir. Rémy, 1996 : 193. C'est alors qu'ils voient arriver un taxi-brousse[.]. Ivoir'Soir, 21/22/23.11.1997. Vous avez [.] attrapé, dans la nuit, le premier taxi-brousse en partance pour la capitale. Kourouma, 1998 : 72. En bon état, ils [: les véhicules d'occasion] deviennent des taxis-compteurs; plus vétustes, ils sont transformés en taxis-brousse, les woro-woro*. Jeune Afrique, 24.02/02.03.1998.

SYN.: woro*-woro.

4- taxi collectif. V. TAXI-BROUSSE. Pour quitter Vridi, il est nécessaire d'emprunter des taxis collectifs. Bonnassieux, 1987 : 29.

5- taxi-compteur, compteur, taxi urbain muni d'un compteur. Les chauffeurs de taxis-compteurs sont ceux là même qui devraient donner un aperçu de notre accueil et de notre hospitalité légendaire. FM., 17.03.1980. Lundi dernier, les travailleurs ont constaté avec amertume, dès le matin, l'absence totale de taxis-compteurs sur l'ensemble des territoires des communes de la capitale. FM., 29.09.1982. Ca bouge énormément dans le monde confus des taxis-compteurs. FM., 15.10.1982. Pourquoi je n'emprunte pas un taxi-compteur ? Parce que je n'en ai pas les moyens. J. Guénaman Colbert, 1985 : 70. Ces deux truands braquaient les chauffeurs de taxi-compteurs. FM., 22.08.1990. [.] à Abidjan, ce sont des taxis-compteurs : s'il y a quelqu'un dans le taxi, il ne s'arrête pas. Deniel, 1991 : 126. On a retrouvé une tête coupée dans le coffre du taxi-compteur [.]. M. Coulibaly, 1992 : 85. [.] pas parce qu'à Bouaké, il n'y a pas de bus de la Sotra* ou des taxis-compteurs. FM., 16.02.1993. Le gang, composé de jeunes dont trois élèves, voulait arracher* le taxi-compteur à son conducteur [.]. FM., 28.04.1997. Peu après 20 heures, un taxi-compteur Peugeot 205 immatriculé [.] piloté par M.S.S. arrive au barrage. Ivoir'Soir, 05.05.1997. Un taxi-compteur circulant dans le sens Treichville-Adjamé, s'est retrouvé les quatre roues en l'air. Ivoir'Soir, 24.03.1998.

6- taxi-ville, taxi collectif privé à tarif unique, qui n'a pas le droit de dépasser les limites de la commune sans une autorisation préalable de son syndicat. Le problème du taxi-ville doit être résolu pour le bonheur de nos ménagères qui vont au marché. FM., 10.01.1980. Le prix des taxi-ville augmente. FM., 15.05.1980. De ce fait  pour que le taxi-ville soit rentable, la moyenne des recettes journalières devrait être de l'ordre de 8 à 10 000 francs. FM., 28.03.1983. Ils les [: les voitures volées] transformaient en taxi-ville. FM., 22.08.1990.

NORME.: pluriel taxi-ville ou taxis-ville.

SYN.: compteur*, taxi-compteur, taxi-ville woro-woro, taxi wôrô-wôrô (part.).

7- taxi sans payer, V. CARGO*. Les raflés* sont partis avec le taxi sans payer. (Aboki*, Abidjan, 1990).

8- taxi trente-trente, taxi 30-30. Vx. Taxi qui acceptait plusieurs clients au tarif de trente francs chacun. Nombreux sont les travailleurs qui empruntent les taxis 30-30, appelés ainsi à cause de leur tarification. Note. les taxis 30-30 ont disparu de la circulation en juillet 1964, laissant les usagers aux soins de la SOTRA (Société des transports abidjanais). Bonnassieux, 1987 : 34.

9- taxi wôrô-wôrô, taxi-ville woro-woro, V. TAXI-VILLE. Taxi collectif privé, à tarif unique et desservant une ligne fixe. Il a le droit de charger des bagages. Compte-tenu de la multiplication des taxis-ville woro-woro dans la commune...FM.: 10.02.1993. Ils rencontrent M. A. E., chauffeur de taxi wôro-wôro de son état, dont ils souhaitent prendre la voiture en location pour leur randonnée. Soir Info, 29.03. 1995. De l'intersection du boulevard de France jusqu'à Angré, les taxis wôrô-wôrô n'observent aucune règle élémentaire du code de la route. Ivoir'Soir, 03.02.1998.

 

taximan, n.m. pl. taximen, usuel, tous milieux. Chauffeur de taxi. Franchement, nous les taximen, nous souffrons énormément pendant la saison pluvieuse. FM., 14.12.1979. M. T.V. (taximan) :"Le nombre de taxis a diminué en raison du problème d'assurance qui reste sans solution". FM., 10.01.1980. Il faut avouer que des derniers [: les habitants de Gagnoa] n'ont jamais fait bon ménage avec les taximen qui ont souvent refusé de les prendre à bord du véhicule. FM., 10.01.1980. "Quelle est votre profession ?"-"Je suis un taximan". FM., 05.05.1980. Quand les taximen ne sont pas contents, presque tout le monde s'en rend compte dans une ville comme Abidjan. ID., 14.11.1982. Aucun taximan bouakéen* ne bénéficie de l'estime de la population. FM., 28.03.1983. Ils n'ont qu'à se droguer au café noir* (d'où leur surnom) pour pouvoir assurer plus de dix-huit heures par jour les fonctions de taximan[.]. Klotchkoff in Tilliette, 1984 : 25. J'ai d'abord pensé prendre une chambre à l'hôtel mais je trouve un taximan et je lui raconte mon histoire. Deniel, 1985 176. Taximan n'est pas gentil. (Titre de chanson populaire constituant le titre d'un chapitre). David, 1986 : 67. J'étais à un feu rouge, un taximan l'a brûlé et m'a ramassé*. Deniel, 1991 : 80. Pauvre taximan de quartier! FM., 07.04.1993. Taximen d'Abidjan, je ne vous ai pas donné cette information pour que vous importuniez vos clients par des bavardages inutiles. Ivoir'Soir, 09/10/11.05.1997. Il m'avait dit que les taximen devaient être prudents. Ivoir'Soir, 17.03.1998. Meurtre du taximan d'Adzopé. (titre d'article) Ivoir'Soir, 18.05.1998.

SYN.: café* noir.

 

tazard, n.m. V. MAQUEREAU*-BONITE.

 

tchamp, n.f. V. DAILLE* (1), GADI*.

 

tchapalo, tchapalot, tchapallo, tchiapalo, tiapalo, tyapalo. [tGapalo] / [tjapalo], n.m. Spéc. tradition, (des l. gour), V. DOLO*. Boisson peu alcoolisée préparée à partir de grains de maïs germé.[.] d'ailleurs grand-père a un penchant pour l'alcool en particulier pour le tchapalo. Kitia Touré, 1979 : 40. Ce qu'on oublie c'est qu'à cette époque, on se contentait de modestes cercueils, de bangui* et de tchapallo qu'on a aujourd'hui remplacés par le coûteux champagne et des cercueils de prestige. FM., 02.06.1980. Offrir beaucoup de tchapalo, beaucoup de bière de maïs aux vieux [.]. A.Koné, 1980 : 19. Ils se désaltèrent au tchiapalo, bière de mil* fermenté dont ils vident des calebasses entières. Gaudio /Roekeghem, 1984 : 244. lI faut réhabiliter toutes nos boissons nationales, du vin* de palme au koutoukou* en passant par le tchappalo. FM., 15.06.1984. [.] une dame de nationalité burkinabè, vendeuse de tchapalo [.] Changement, 18.01.1992. Après leurs achats, les deux compagnons décident d'aller ingurgiter quelques lampées de tchapalo dans un cabaret*. Ivoir'Soir, 27/28/29.06.1997. A tout le moins, C. Bamori a eu chaud et doit être encore en train de maudire le tchapalo. Ivoir'Soir, 03.07.1997. Tout comme Daouda, lui aussi coopérant français, amoureux fou de tchapalo. Ivoir'Soir, 24/25.12.1997.

DER.: tchapalodrome*, tchapalottière.

SYN.: bière de mil, dolo*, vin de mil*.

 

tchapalodrome, tchapalodrôme, [tGapalodrCm] / [tGapalodrom], n.m. Usuel, (alimentation), (l. voltaïques + mandenkan "cinq francs." [V.-DROME*]), oral, écrit. tous milieux,  fam.. Sorte de cabaret où l'on consomme exclusivement de la bière* de mil. Par extension, lieu de rencontre des jeunes défavorisés d'origine nordiste*. Il y a quelques jours, N.D.R., 41 ans et B.K.P., 30 ans, se sont rencontrés dans un tchapalodrome à Abobo. Ivoir'Soir, 08.05.1997. Récemment, Bamori s'est rendu à "Adjamé" le célèbre tchapalodrôme du quartier Hamdalaye. Ivoir'Soir, 03.07.1997. Le lendemain matin, T. restitue à son ami 15 000 F sur les 40 000  F qu'il lui a volés. Et se rend au tchapalodrome. Ivoir'Soir, 16.03.1998.

 

tchapalotière, [tGapalotjDr], n.f. V. DOLOTIERE. Femme qui prépare et vend de la bière* de mil. C'est dans l'aire manden qu'on dit surtout "dolotière", chez les locuteurs de langues voltaïques, on dit "tchapalotière". Mais c'est la même chose. (Enseignant, Abidjan, 1983).

 

tchasse, (être ----), [tGas], loc.verb. Argot nouchi, oral, fam. péj. V. MOISI*.  Etre fauché, ne plus avoir un sou.  Il peut rien payer du tout, il est tchasse ! C'est un rienard*. (Jeune, Abidjan, 1994).

 

tchatche, n.m ou f. Zouglou, oral, fam., jeunes urbanisés. Beau discours, ’’baratin’’. /Grand frère Junior / tes tchatches sont denses*. (Chanson "Amina". Groupe, Zouglou machine, corpus T., 1994). Tout ça, c'est la tchatche. Ivoir'Soir, 21.04.1997.

DER.: tchatcher*, tchatcheur*.

 

tchatcher, v.tr. Zouglou, oral , fam. jeunes urbanisés.

1- Plastronner, se faire valoir, se vanter. Ces derniers [: les Irakiens] comme tous ceux qui n'ont pas de force, tchatchent en disant qu'ils peuvent régler leur compte aux Américains. Ivoir'Soir, 29.12.1997. Ce qui fait qu'actuellement le FMI ne tchatche plus trop. Ivoir'Soir, 18.06.1998.

2- « Baratiner quelqu'un » (en général une femme). /il est parti Abidjan / il a breaké* Amélie [.] / il est remonté à Cocody / il a tchatché /Célestine/. (Chanson "Ze papa zho", Groupe Zouglou net', corpus T., 1994).

 

tchatcheur, n.m. Zouglou, oral, fam., jeunes urbanisés, péj. ’’ baratineur’’, beau parleur. /à la RTI y a des bluffeurs / car y a des sapeurs* y a des frimeurs y a des tchatcheurs / (Chanson "Amina, Groupe Zouglou machine, corpus T., 1994). Mais on dirait que les tchatcheurs ont bu* leur honte et maintenant ils demandent pardon. Ivoir'soir, 29.12.1997. Ce genre de tchatcheurs, on en connaît plein à Abidjan . Ivoir'Soir, 25.03.1998.

SYN.: bluffeur*

 

tchê, [tGD], n.m. V. BRAVE* TCHÉ Dispon., (du mandenkan "homme"), argot urbain., mélior. Mec. Eh! tchê, tu es organisateur de spectacles ou non? Ivoir'Soir, 19/20/21/12.1997.

 

tchêba, tchègba, [tGDba], n.m. Dispon., (du mandenkan) argot urbain, mélior. V. MAN*-2 Pote, gazier. Rencontres : une solide chaîne d'amitié. Mousso*, Tchêba. (Petites annonces = côté femmes, côté hommes, Mousso, 07.03.1995. Tchègba, bloho pas! (: Gazier, fais pas le malin!, Vendeur de journaux, Abidjan, 1993).

 

tchems, [tGDms], n.f. Dispon, (abrév. de chemise), argot des jeunes urbanisés, mélior. Chemise de marque. Ploog, 1999 : 959. Non mais tu as vu sa tchems et ses santiags !!! (Etudiante, Abidjan, 2001).

 

tchéman, [tGeman], n.m. Dispon, argot nouchi, (hybride mandenkan "vendre de la drogue"+ angl. -man), jeunes urbanisés, péj. V. DEP*. Dealer, vendeur de drogue. Y un tchéman près du bar. (Gardien, Abidjan, 1993).

SYN.: dèp*, dilkat*.

 

tchêtchê, [tGDtGD], adv. Argot nouchi, (du baoulé "à parts égales"), oral, fam. jeunes urbanisés. A égalité, en parts égales. Attention, bra* mogo, tu vas gué* le wari* tchêtchê. (Fais gaffe, frangin, tu vas partager le fric en parts égales, Jeune Abidjan, 1994).

 

tchézeur, tchézer, [tGezZr], n.m. V. DROGUEUR*. Je lui ai dit de ne pas sortir avec lui parce que c'est un tchézeur. (Coiffeuse, Abidjan, 1996).

 

tchiapalo, n.m. V. TCHAPALO*. Les femmes travaillent à la préparation du tchiapalo, une bière artisanale à base de maïs et de mil. (Légende sous photo), Conte, 1981 : 33.

 

tchiébouessain, tchiébuéssain, [tGjebwesR], n.m. Spéc., (flore), (de l'attié). (Xylia evansii Hutch.). Assez grand arbre de la fam. des Mimosées. dont le bois est très dur (densité d'environ 1 000) brun rosé veiné. Aubreville, 1959, I : 205.

 

tchikoué, tchikué, [tGikwe] n.m. Spéc., (flore), (de l'attié). (Bridelia micrantha [Hochst] Baill. et B. stenocarpa Muelle. Arg.). Deux espèces d'arbustes sont généralement confondues. Fam. des Euphorbiacées. Aubreville, 1959, II : 46.

SYN.: apakotoubo (agni), diembremihia/ amangbrehia (ébrié).

 

tchikouébi, tchikuébi, [tGikwebi], n.m. Spéc., (flore), (de l'attié). (Bridelia Aubrevillei Pellegr.). Assez grand arbre aux nombreuses racines aériennes et aux branches hérissées de longues épines. Bois brun demi dur de cet arbre employé autrefois pour la fabrication des pirogues. Aubreville, 1959, II : 47.

SYN.: zouguéné-iahoua (gouro).

 

tchoch, [tGCG], n.f. Argot estudiantin, (anglais "shoes" : chaussures), oral, fam., mélior. Paire de chaussures de luxe très chères. Il faut bien vivre, non ? Koffi doit alors se tirer*, chausser sa meilleure tchoch* car la daille* ce jour là devra se défaire des contraintes du groto* si elle en a un. Campus lexique, 1978, 8.

SYN.: tchouze*.

 

tchoco-tchoco, adv. V. TCHOGO*-TCHOGO. Puisque nous sommes en Afrique, les gens trouveront tchoco-tchoco le moyen de dire que c'est un proche parent qui s'est transformé en python* pour faire le coup. Ivoir'Soir, 23.06.1997.

 

tchogo-tchogo, tchoko-tchoko, tchoco-tchoco, tchocotchoco, cogo-cogo, [tGokotGoko], adv. Assez fréq. (du mandenkan "manière-manière"), mésolecte, basilecte, oral, fam. De toute manière, n'importe comment, quoiqu'il en soit, plus rarement, coûte que côute. Qui est fou* dans affaires* de pirogue ? Mon frère* coupe* là ! C'est moi qui va gagner lui tchoko-tchoko. Zazou n°16, mai 1982. Et on nous répond : "Tchocochoco, PDCI va gagner !" Le Changement, 11.01.1993.Mon fétiche dit que tchoko-tchoko tu seras député. (Dessin humoristique), l'oeil du peuple, 27.03.1995. Tchoco-tchoco, je l'aurai. Elle se fatigue pour rien... (BD), Ivoir'Soir, 20/21.05.1998.

 

tchoin, [tGwR],  n.f. Dispon., argot urbain , péj.

1- Putain. Il n'y a pas que chez nous à la Rue Princesse [.] qu'il existe une forte concentration de prostituées. Le centre de Moscou en Russie est un véritable nid de tchoins. Ivoir'Soir, 17.06.1997. Ainsi 60 tchoins ont tablé pendant des jours pour analyser les problèmes et les droits des travailleurs du sexe. Ivoir'Soir, 06.10.1997.

LOC.: aller* au tchoin.

2- tchoin, (aller au ----), aller chez les putes. Patron*, je fais garçon* ici. Faut aller au tchoin dè*! (Jardinier, Abidjan, 1983).

SYN.: aller au sao*

 

tchonon, [tGonT], v. invar. Argot nouchi (du mandenkan), oral, jeures urbanisés, péj. Cafarder, dénoncer. Nous, on tchonon pas les djos*! (: Nous, on dénonce pas les copains!, Jeune, Abidjan, 1995).

 

tchouk, [tGuk], n.m. Spéc., (argot des dealers), péj. Comprimé de drogue. J'avais dit drogue, or il fallait que je dise un autre nom. [.] "La prochaine fois que tu en auras besoin, si tu nous vois dans la rue, tu diras tchouk. Otitro, 1984 : 44. Si tu as besoin de tchouk, j'ai un comprimé sur moi. Otitro, 1984 : 47. Ca te détruira, ça te détruira, ça te détruira, / Klôh*!! djal*, tchouk sien à base. (Chanson d'A. Blondy, "Rasta Poué", 1987.

DER.: tchouker*, tchoukeur*

COMP.: tchouk sien à base (herbe en dessous de tout, de mauvaise qualité).

 

tchouker, [tGuke],  v.intr. Argot nouchi, oral, jeunes urbanisés. Se droguer. Quand les gens veulent "tchouker", ils trouvent toujours un moyen. Ivoir'Soir, 26.06.1998.

 

tchouné, [tGune], n.m. Argot urbain, (de l'anglais parlé au Ghana et au Liberia : "twoner "second", derivé de "two)", péj. Personne inexperte au jeu de cartes ou de dames. Par extension, maladroit, bon à rien. Jetez-le ! C'est un tchouné, pas un djo*. (Petit gardien de voitures, Abidjan, 1982).

 

tchouze, n.f. V. TCHOTCH*.

 

T.D., n.m. Argot estudiantin, oral, fam. Repas au restaurant universitaire. T.D. : le repas. Certains étudiants préfèrent ce terme qui leur paraît plus adapté. Campuslexique., 1978 : 2.

 

technicien, n.m. Spéc., argot du milieu, mélior. Voleur, utilisant des techniques élaborées, comptables, informatiques, électroniques. Voici venir les techniciens. C'est une nouvelle classe de bandits en voie de formation. [.] ceux qui font passer leurs malversations sous le couvert d'erreurs mécaniques. FM., 21.02.1983.

 

teck, n.m. Spéc., (flore) mais fréq. (Tectona grandis L.f.). Arbre moyen de la fam. des Verbenacées, introduit dans la zone des savanes préforestières. Bois brun jaunâtre, mi-dur, mi-lourd, excessivement durable, servant à la construction navale, à la menuiserie de luxe, mais aussi au bois d'oeuvre. Le teck résiste aux feux itinérants après la troisième année mais il faut protéger la plantation de l'incendie car les troncs souvent fendus à la base rendent le bois impropre à de nombreux usages et le déprécient. CTFT, 1989 : 428. Elle [: la place de danse] était située à l'entrée de la plantation de tecks entre le bois sacré* et la cour de l'école. Kourouma, 1998 : 120. [.] tandis qu'à partir de Bouaké, les tecks, en troupeau compact, font une apparition très appréciée. Ces arbres aux feuilles exubérantes, aux fleurs-fruits dorés, au tronc élancé constituent vraiment une des parures du nord. Rémy, 1996 : 12.

DER.: tecker*, teckeraie*

 

tecker, (aller ---- ), loc.verb., V. ALLER AU BESOIN*, CABINER*.On dit aller tecker ici parce que les gens vont cabiner dans la teckeraie*. (Informateur, Katiola, 1990).

 

teckeraie, n.f. Spéc. , (flore), oral, écrit. Plantation industrielle de tecks. La teckeraie au coeur de la ville : une richesse inestimée. (Titre d'article), FM., 21.01.1982.

 

tégué, n.m. V. DANSE*. Danse-nous le tégué, c'est de tradition pour quelqu'un qui s'en va. Tierno Monenembo, 1993 : 88.

 

teille, n.f. Dispon., argot des jeunes urbanisés, mélior. Bouteille. Quoique l'achat d'une "teille" (bouteille) de "Che*" (champagne) ou de liqueur*, en boîte de nuit, est considéré comme le nec plus ultra des "gaz-oil*". Ivoir'Soir, 01.04.1998.

 

teint, n.m. Entre des locutions usuelles.

1- teint clair, n.m. ou f., adj. Personne de race noire dont la peau n'est pas très foncée, éventuellement peut se dire d'un métis. Les femmes avaient le teint clair [.]. Elles étaient ivoiriennes de l'Est. Tilliette, 1984 : 99. L'un des malfaiteurs, accusant la trentaine, au teint clair, sort un couteau. FM., 14.09.1990. [.] Comme j'ai le teint clair, il croyait que j'étais Peul aussi. Deniel, 1991 : 66. Ivoirienne, 40 ans, célibataire, secrétaire de direction, teint clair... Mousso, 07.03.1995.

COMP.: teint clair forcé.

SYN.: teint marron, TV* couleur.

ANTON.: teint noir.

2- teint clair forcé, n.m.ou f.. adj. Personne de race noire et dont la peau a été artificiellement éclaircie, d'après le nom donné au produit éclaicissant. V. AMBI*, KHESSAL*. A plusieurs reprises, des enquêtes ont paru dans la presse africaine [.] pour tenter d'analyser les motivations des femmes utilisant les produits"teint clair forcé" ainsi qu'on les appelle en Côte-d'Ivoire. Gaudio /Roekeghem, 1984 : 190.

ANTON.: teint noir sans produit ghanéen.

3- teint marron, n.m. ou f., adj. V. TEINT CLAIR. Ivoirienne, 24 ans, célibataire [.] de teint marron ... (petite annonce,.Mousso, 07.03.1995).

4- teint noir, n.m ouf . adj. Personne de race noire et à la peau très foncée. La disparition de sa fille K.A., de teint noir, cheveux tressés et sans chaussures. FM., 17.02.1983. [.] la disparition de E.M.L., âgé de 15 ans, de teint noir. FM. 29.11.1990. Fils de militaire, la cinquantaine, court* de taille, et noir de teint, comme on dit en Côte-d'Ivoire des gens à la peau plus foncée que la moyenne [.]. Krol, 1994 : 103. Ivoirienne, 36 ans, 1,63 m, 67 kgs, teint noir .(Petite annonce), Mousso, 07.03.1995. Lors de sa première audition, suite au drame, K.A. a précisé que les deux derniers visiteurs sont des jeunes. "L'un est de teint clair et le second de teint noir". Ivoir'Soir, 04.12.1997. Cette brave femme, à la beauté africaine quasi-parfaite, avec son teint noir et mat [.]. Ivoir'Soir, 02.02.1998.

COMP.: teint noir sans produit ghanéen, TV* noir et blanc.

ANTON.: teint clair, teint marron.

5- teint noir sans produit ghanéen, n.m.ou f., adj. Personne au teint noir très foncé et qui n'a pas tenté de l'éclaircir artificiellement. Cette "teint noir sans produit ghanéen"[.] nous l'apprend elle-même. Ivoir'Soir, 07.01.1998.

ANTON.: teint clair forcé.

 

teinture, n.f. Spéc., (artisanat).

1- teinture à la cire, procédé artisanal usuel pour la teinture des pagnes* et la décoration des tissus. Il consiste à imprégner de cire le tissu à certains endroits avant de le plonger dans le bain colorant afin que les parties enduites n'absorbent pas la teinture. V. PAGNE* A LA CIRE.

2- teinture à la cola, procédé artisanal de teindre les tissus avec une préparation à base de noix* de cola.

 

tekbé, [tDkbe], n.m. Spéc., (flore), (de l'abé). Terme générique désignant deux arbres de la fam. des Rubiacées : le tekbé (Canthium Tekbe Aubr. et Pellgr.), de taille moyenne, et le tekbé à grandes feuilles (C; subcordatum DC.), plus petit. Aubreville, 1959, III : 306.

 

télé-maître, n.m. Vx. Appellation désignant les instituteurs qui pratiquaient l'enseignement télévisuel de 1970 à 1981. L'émission télévisée du mercredi après-midi est destinée aux télé-maîtres. (note de service, Bouaké, 1978).

 

téléphone, n.m.. Spéc., (faune).  Sorte de pie-grièche de la fam. des Laniidae. On distingue surtout localement : le téléphone tchagra (Tchagra senegala Linn.), qui vit surtout au sol, à longue et large queue bordée de blanc ; le petit téléphone (Tchagra minuta Hartlaub) qui diffère du précédent par son chant, sa queue plus courte et son allure plus tassée ; le téléphone à tête brune (Tchagra austalis Smith). Le tchagra à tête brune ressemble beaucoup au téléphone tchagra. Mais chez le téléphone à tête brune, la calotte est brune bordée de noir et chez le petit téléphone, la calotte est entièrement noire. Serle /Morel, 1988 : 162. Téléphone tchagra signalé (Comoé, Marahoué). Bousquet, 1992 : 164.

SYN.: tchagra*.

 

téléphone indigène, n.m. V. RADIO*-TREICHVILLE RADIO*-TROTTOIR. Georges, Michaud, Blaise, Coffi, Marcel, le ministre parleraient autour d'eux : au téléphone indigène, ils ajouteraient le téléphone des Blancs. Du Prey, 1979 : 179.

 

tématé, [temate], n.m. Spéc., (tradition), (du wè-wobé). Fête wobè marquant la fin de la récolte du riz et célèbre danse pratiquée au cours de cette fête. V. DANSE*. Le tématé est une danse wobé qui marque la fin de la récolte du riz. Chaque séquence de la danse évoque les différentes phases de la culture, des semailles à la récolte. Rémy, 1996 : 216.

 

temple du gaby, n.m. Dispon., mésolecte, fam., plaisant. V. GABY*. Surnom donné au marché de Yopougon où se rassemblent un très grand nombre de marchandes de viande de porc. A Yopougon, le temple du gaby * comme on l'appelle, le point de vente situé à gabriel gare abritait hier mardi 14 mai 1996, ce qu'on pourrait appeler un conseil non pas de guerre mais de famille. Soir Info, 15/16.05.1996.

 

temps, n.m. Quelques locutions mésolectales fréq.

1- temps, V. HEURE* DE TEMPS.

2- temps (au ---- de force), loc.adv, vx., péj. Au temps du travail* forcé. V. TRAVAIL* FORCE. D'autres Burkinabè viennent s'installer près du campement* établi lors du recrutement* obligatoire, "au temps de force" comme disent aujourd'hui les vieux. Bonnassieux, 1987 : 23.

3- temps de carême, V. CAREME*.

4- temps des colons, fréq. Epoque coloniale. Il est maçon depuis le temps des colons. Deniel, 1991 : 101.

5- temps, (gâter le ----), loc.verb. V. GATER*. Tu viens toujours gâter mon temps, je travaille, moi ! (Etudiante, Abidjan, 1982).

6- temps, (à mon [/ton/son/notre/votre/leur] ---- ), loc. adv. V. A*. Dispon. oral, écrit, tous milieux. De [mon/ton/son/notre/votre/leur] temps. A notre temps où il n'y avait que trois équipes (Asec, Africa, Bassam), nous vivions bien la rivalité Asec-Africa. Nouvel Horizon, n° 143, cité Dagnac, 1996 : 171. Si c'était comme ça à ton temps, maintenant c'est fini. (Enseignant, Abidjan, 1998).

 

tenir, v.tr. Quelques locutions mésolectales :

1- tenir le bic, dispon. Ecrire, notamment, une lettre, un devoir. Pour un professeur, corriger des copies, noter des devoirs. Ne me dérange pas quand je tiens le bic. (Professeur, Abidjan, 1983).

2- tenir le bic rouge, fréq. V. BIC* ROUGE.

3- tenir sa ceinture, dispon. V. CEINTURE (1)*.

4- tenir la daba, (ne plus pouvoir ----), V. DABA (1)*

 

tenue, n.f. Dispon., oral, écrit, mésolecte.

1- tenue kaki, Uniforme lycéen. J'avais un jean, deux chemises, mon short et mon maillot pour l'éducation physique, et sur moi ma tenue kaki et ma paire*, c'était à peu près tout. Krol, 1994 : 36.

2- tenue Z, argot zouglou, oral, fam. Salopette, tenue réputée pratique et à la mode pour danser le zouglou. Le zouglou* se danse et se mime de façon très virile et peu narcissique - généralement en salopette, la "tenue Z", avec des mouvements de la tête et des mains tendues vers le ciel. Krol, 1994, 213.

 

tergal, n.m. Vieilli., basilecte. Nom donné parfois à la pelote de laine importée. Les fils de laine, appelés à tort "tergal" par les autochtones, ont été introduits très récemment dans la  région de Korogho par la mission catholique. Etienne-Nugue, 1974 : 32.

 

terminalien, n.m. ou f., Fréq., oral, écrit, mésolecte. Elève de terminale. Les terminaliens du Lycée de Gagnoa semblaient satisfaits d'engranger une nouvelle définition à apprendre par coeur pour préparer leur bac. Krol, 1994 :45.

 

terminer, adj. Fréq., oral, basilecte ou pastiches du basilecte., péj.

1- Etre prêt à mourir, à point de mort. Les petits sacrifices étaient insuffisants au moment où tous les habitants terminés par la disette et le manque, travestis en mendiants, accouraient au Bolloda pour se disputer les viandes et les offrandes. Kourouma, 1990 : 164.

2- Tuer. Mon fils, c'est les travaux forcés qui l'ont terminé [.]. Kourouma, 1990 : 239. Drap*, ce que je craignais est arrivé. Le loubard s'est ressaisi. Il veut me terminer ! (BD) Ivoir'soir, 30/31.01 et 01.02.1998.

 

termite, n.f. V. FOURMI* AILEE. Mot souvent employé au féminin même par les locuteurs instruits.

 

termitière, n.f. Fréq., oral, écrit, tous milieux.

1- Nid de termites constituant un énorme monticule de terre durcie, provenant des rejets effectués par les termites. Il peut atteindre six mètres et est percé de galeries. Suivant sa forme, on distingue localement la termitière-cathédrale et la termitière-champignon. Et le sentier courait toujours contournant les gros fromagers*, évitant une termitière, plus large sous le couvert d'un restant de forêt primaire. Du Prey, 1979 : 39. C'est que dans l'imagerie traditionnelle, la termitière qui est une aspérité sur le sol, apparaît comme une infirmité de la terre, le signe d'un désordre. FM., 10.02.1981.

COMP.: termitière-cathédrale, termitière-champignon, champignon de termitière.

2- termitière-cathédrale, nid de termites très haut et découpé en clochetons. Les termites construisent en savane des termitières-cathédrales qui dépassent parfois six mètres de haut. Oberlé, 1983 : 26. Ceux-là  [: les gardes], avec leur habituelle brutalité, arrachèrent les herbes, mutilèrent les arbrisseaux, abattirent les termitières cathédrales, sans rien découvrir. Kourouma, 1990 : 124.

3- termitière-champignon, nid de termites cubitermes, à plusieurs toits arrondis superposés. Ici, le tapis d'herbe disparaît insensiblement tandis qu'apparaissent, comme des éruptions, sur le sol bosselé et craquelé par la sécheresse, les termitières-champignons et les termitières-cathédrales. Kerharo /Bouquet, 1950, b : 9. Au sommet, se trouvent de vastes cuirasses latéritiques, appelées bowal*[.]. Il s'agit de surfaces très planes couvertes d'une végétation herbeuse rase et ponctuées par endroits de nombreuses termitières-champignons (Monts-Boutourou). Bousquet, 1992 : 153.  

4- termitière (champignon de ---- ), V. CHAMPIGNON*.

 

terrain de recasement, n.m. Spéc., (Administration). Terrain mis à la disposition des personnes expulsés d'un habitat* spontané pour qu'elles puissent s'installer. Les indemnisations peuvent aller des versements d'un modeste pécule [.] jusqu'à la mise à disposition des délogés d'un terrain de recasement. Tilliette, 1984 : 56.

 

terre, n.f. V. PASTENAGUE* A PERLE.

 

testo, n.m. pl. Argot urbain, (par abrév.), oral surtout, fam. Testicules. Non . On met ses testo sur un caillou et on frappe ça tous les matin ! (BD), FM., 09.05.1996. Cette question fort embarrassante pour le voleur lui rappelle qu'il a des plombs dans les "testo". Il fronce les sourcils, signe que la douleur l'empêche de répondre au représentant du parquet. Ivoir'Soir, 02.09.1997.

 

tête, n.f. Quelques locutions verbales basilectales.

1- tête, (faire la ---- ), être indiscipliné, faire la mauvaise tête. Je ne travaillais pas bien [.]. Mon père n'était pas content, il m'en voulait, chaque fois* il partait voir les maîtres, mais je faisais un peu la tête, ça ne rentrait pas. Deniel, 1991 : 102.

2- tête, (avoir sa ---- ), être appliqué, faire attention à ce que l'on fait. [.] mais le travail de petit boy* n'est pas toujours facile et si tu n'as pas ta tête, si tu ne fais pas attention, tu vas gâter* des choses dans la maison[.]. Deniel, 1991 : 51.

3- tête dure (avoir la ---- ), V. DURE*.

4- tête, (gâter la ----), V. GATER*.

5- tête, (penser dans sa ----), (réfléchir dans sa ----), réfléchir, profondément et en secret. Je ne sais pas ce qu'elle a. Elle pense toujours dans sa tête et elle dit jamais rien. (Mère de famille, Abidjan, 1992). Regarde-le ! Il pense dans sa tête. Ya un drap*! (Etudiant, Abidjan, 1996).

 

tête de nègre, n.m. V. ANNONE*, ATIER*.

 

tétrodon, n.m. V. LAPIN*, POISSON*-GLOBE.

 

thérapeute traditionnel, n.m. V. TRADIPRATICIEN*. La personnalité d'Albert Atcho, thérapeute traditionnel, sa longue expérience, la réputation du village [Bregbo] sont une garantie de réussite. Arnaut, 1976 : 75.

 

thé, n.m. Spéc. (flore).

1- thé de Gambie, (Lippia adoensis Hochst). Arbrisseau de savane, portant de petites fleurs blanches (lilas*) groupées en boules. Fam. des Verbenacées.Roberty 1954 : 180.

2- thé de savanes, (Lippia rugosa Linn.). Plante de la fam. des Verbanacées dont les feuilles entrent dans la préparation d'une infusion. Citronnelle ou thé des savanes ? (Mère de famille, Abidjan, 1982).

3- thé karak, V. DA*.

4- thé rose, V. DA*.

 

thévétia, n.m. Spéc., (flore). (Thevetia peruviana K. Schum.). Arbuste, originaire du Pérou, aux grandes fleurs jaune vif, utilisé souvent comme clôture bien que toutes ses parties soient vénéneuses. Aubreville, 1959, III : 190.

 

tho, n.m. V. TO*. Si elle [: sa femme] ne sert pas vite le tho, pan...pan...pan, il tape. Ivoir'Soir. 22.09.1997.

 

thon, n.m. Spéc., (faune).

1- thon à nageoires jaunes, (Thunnus albacares Bonnaterre). Gros poisson de la fam. des Scombridae qui peut atteindre 250 cm. de long. Sa coloration bleu métallique foncé sur le dos, s'estompe sur les flancs pour devenir jaune doré. Elle passe au gris argent sur le ventre. Aldrin /Noyer /Bregeat, 1972 : 93. Seret /Opic, 1981 : 340.

SYN.: albacore (appellation normalisée).

2- thon big eye, V. BLEU*.

3- thon blanc, V. MAQUEREAU*-BONITE.

4- thon brochet, (Acanthocybium solandri), nom commercial d'un gros poisson (jusqu'à 200 cm) de la famille des Cybiidae. Il ressemble un peu à un brochet mais sa queue est celle d'un thon. Chair savoureuse. Aldrin /Noyer /Brégéat, 1972 : 89.

SYN.: wahoo* (pêcheurs sportifs.

5- thon obèse, (Thunnus obesus Lowe). Poisson hauturier de la fam. des Scombridae, de grande taille, ventru et trapu, à la chair appréciée. Aldrin /Noyer /Brégéat, 1972 : 94. Le thon obèse a le dos d'un bleu-noir métallique qui s'estompe au niveau des flancs en un bleu violacé iridescent.[.]. Le thon obèse peut atteindre 236 cm de long et un poids de 197 kg. Seret /Opic, 1981 : 342-343.

SYN.: patudo.

 

thonine, n.m. Spéc., (faune) . Poisson de la fam. des Scombridae mais qui n'a pas droit à l'appellation "thon" car sa chair rougeâtre est fragile. Aldrin /Noyer /Brégéat, 1972, 92. Seret /Opic, 1981 : 338.

SYN.: rabil (impropre car rabil en espagnol désigne l'albacore*).

 

tiama, [tjama], n.m. Spéc., (flore), (de l'agni "tiama tiama"), mais assez fréq. (Entandrophragma angolense [Wellw.] CDC.). Grand arbre à contreforts de la fam des Méliacées "géant de la forêt primitive" Aubreville, 1959, II : 172. Bois brun rosé de cet arbre, de très grande qualité, plutôt tendre et léger et voisin du sipo*. Roberty, 1954 : 158. Les bois les plus recherchés pour l'exportation (acajou*, tiama, bété*, aboudikro*, makoré*, sipo*) s'épuisant rapidement, ont vu leur production diminuer. FM., 07/08.06.1980. Le reboisement portera essentiellement sur le teck*, le tiama, le fraké*, le framiré*, le samba*, toutes essences qui pousseront entre 25 et 40 ans. FM.,.20/21.11.1982. Principales essences exportées : samba*, sipo*, acajou*, tiama, makoré*, bété*, iroko*, ilomba*, aninguéri*, framiré*, fromager. Oberlé, 1983 : 16. Sur le plan des essences, on a pu constater que [.] certaines autres essences telles que l'assaméla* [.] ont pratiquement disparu. C'est également le cas de l'acajou* et du tiama. Gaudio /Roekeghem, 1984 : 117. Certaines essences, comme l'assaméla*, l'acajou* et le tiama, ont déjà pratiquement disparu.. C.V. Tuho, 1995 : 18.

COM.: tiama est le nom pilote de ce bois. CTFT, 1989 : 374.

SYN.: gedu-nohor (angl.), koupri (dida), lokou popo (ébrié), ziziézara (bété), zougou bari (gouro).

 

tiapalo, tiap, n.m. V. TCHAPALO*, TYAPALO*. Il y a moins de risques dans les cours* où des petits groupes se retrouvent pour boire du tiapalo, la bière* de mil préparée localement[.]. Bonnassieux, 1987 : 138. Konan, un Baoulé apprécie particulièrement le goût du tiap d'une femme tagwana. Bonnassieux, 1987 : 138.

 

tiécoroba, [tjDkoroba], n.m. Dispon., (tradition) (du mandenkan). V. VIEUX*.[.] car si la connaissance des Vieux*, les Koré ou Tiécoroba qui détiennent le savoir s'avère trop officielle [.] celle des jeunes, les bilakoro* ou blakoro*[.] ne peut être prise en compte. FM., 10.10.1980.

SYN.: koré*.

ANTON.: bilakoro*.

 

tigre, n.m. V. CHAT*-TIGRE, SERVAL*. Nom donné improprement à un félin localement distingué de la panthère. Mon frère a tué un tigre tout noir dans le marais près de la forêt. ( Etudiant, Abidjan, 1984).

 

tilapia, n.m. Spéc. (faune). Poisson d'eau douce à croissance rapide, du genre tilapia. Il peut vivre entre 8 et 10 ans, mesurer 50 cm. et peser de 4 à 5 kilos. Certaines espèces sélectionnées sont élevées pour l'aquaculture. "Nous avons sur le marché un tilapia frais à 400 F le kg. Est-ce logique ?"-"Je reconnais que 400 f. un tilapia est excessivement cher !" FM., 29.10.1980. La carpe de lagune ou tilapia, par exemple, a une reproduction prodigieuse. FM. An 22, Nov.1982. La pêche artisanale [.] verra dans l'avenir son importance décroître au profit de l'aquaculture qui permettra de multiplier les poissons (machoiron*, tilapia) offerts aux consommateurs. Oberlé, 1983 : 50. En dépit des accidents de parcours, le développement du Nord est parvenu à de solides résultats, non seulement pour le riz et le coton, productions majeures, mais encore pour les tomates de Sinématiali ou les tilapias des étangs piscicoles. David, 1986 : 100.

SYN.: carpe de lagune*

 

tilleul d'Afrique, n.m. V. BAHIA*, (signalé comme impropre par Aubreville, 1959, III : 260).

 

timalie [à tête noire], n.f. Spéc., (faune). (Hypergerus atriceps Lesson). Petit passereau insectivore de la fam. des Sylviidae à longue queue, bec noir fin et couleurs remarquables : tête, gorge et haut de la poitrine noirs, plumes bordées de blanc, dessus jaune vert vif, dessous jaune vif. Il vit en savane, au nord de la forêt, notamment dans les peuplements de palmiers à huile ou de bambous. Serle /Morel, 1988 : 207.

 

timéba, n.m.Spéc., (flore). (du mandenkan). V. ARBRE* CORAIL.

 

tine, n.f. Fréq. (de l'anglais), oral, écrit, tous milieux. Grand récipient en fer blanc d'une contenance de vingt litres. C'est souvent l'emballage de divers produits importés. qui connaît localement de multiples usages. Pour rien au monde, il n'aurait pris l'eau dans le puits : il préférait celui du broc, du seau, de la tine apportée par une gracieuse jeune fille. Dadié, 1956 : 119. Nous avons vidé [.] 50 dames-jeannes de vin sans compter les nombreuses tines de bangui*. Amon d'Aby, Entraves, 1965 : 52.[.] Nous apprenons toujours que des gens de la ville ont volé ! Du ciment, des coupons de pagnes*, des tines d'essence, et sont allés en prison!  Anoma Kanié, 1978 : 71. A titre comparatif, une tine d'amandes* de karité coûte 350 F CFA alors que la même quantité de vers* de karité* vaut 4 000 f. CFA. Ivoir'Soir, 08.09.1997. Les femmes restées au foyer avaient aussi leur corvée ; elles devaient leur apporter, au coucher du soleil, une tine de graines de palmier* proprement décortiquées. Oussou-Essui,1999 : 16.

SYN.: barigot*, estagnon*, touque*.

 

tioko, n.m. Spéc., (flore), (du mandenkan). V. SOUCHET* COMESTIBLE.

 

tirer, v.tr. Quelques locutions fréq.,mésolectales ou basilectales, fam.

1- tirer les cauris, (tradition). Prédire l'avenir en consultant les cauris*. Elle se contentait à l'époque de tirer les cauris [.] pour les amis de son service. Gibbal, 1984 : 180.

2- tirer les cours, surtout argot estudiantin. « Sécher ». Fallait-il tirer les cours ou refuser de composer ? (Article sur le Premier séminaire de l'Etudiant). FM., 02.04.1980.

3- tirer, (se ---- ), verb pronom. Argot estudiantin, oral, fam., mélior. « Se fringuer à la mode ». Il faut bien vivre, non ? Koffi doit alors se tirer, chausser sa meilleure tchoch* car la daille* ce jour là devra se défaire des contraintes du groto* si elle en a un. Campus lexique, 1978 : 8.

4- tiré, (être ---- ), argot estudiantin, oral, fam., mélior. Etre tiré à quatre épingles. Moi j'aime les gos* qui sont tirées et les djos* braillés*. (Etudiante, Abidjan, 1984).

5- tire-tire, (être ---- ), V. ETRE BIGRE*. Comme il était tire-tire, c'est moi qui ai pris le volant. (Commerçant, Abidjan, 1990).

 

tireur de panca, n.m. V. PANCA*. Vx., écrit surtout., litt. Domestique chargé d'agiter au moyen d'une corde, un écran de toile ou de papier fixé au plafond, afin de rafraîchir l'air d'une pièce. Nous lui livrâmes tous les droits du Blanc, de la jeune fille peule vierge aux panca et aux tireurs de panca. Kourouma, 1990 : 66.

 

tissé, n.m. Spéc., V. PAGNE*. Tissu artisanal local très apprécié. A l'origine, Woodin était le nom d'une société du groupe Unilever basée au début du siècle à Grand-Bassam en Cöte-d'Ivoire. Les hits de la gamme Woodin- le bogolan*, le kita*, le tissé- sont exportés à 70 % hors de CI où ils sont fabriqués. Jeune Afrique, 20/26.07.1995. Le pagne,* son matériau de prédilection, s'associera au tissé et au bogolan.* Ivoir'Soir, 22.01.1998.

 

tisserand, n.m. V. TISSERIN*. [.] un petit répit que les oiseaux utilisaient pour célébrer à leur tour Allah : les tisserands par leur piaillement, le jabotement et la fête, les hirondelles par de vols rapides et légers[.]. Kourouma, 1990 : 166.

 

tisserin, tisserand, n.m. Spéc., (faune). Importante famille (Ploceidae) d'oiseaux robustes à gros bec conique de granivores. Ils bâtissent des nids tissés très élaborés. Les mâles peuvent avoir de belles couleurs alors que les femelles sont assez ternes. On distingue entre autres localement le tisserin minulle (Ploceus [sitagra] luteolus Liechtenstein), le plus petit, noir, jaune et vert (mâle) ; le tisserin orangé (Ploceus [Xanthophilus] aurantius Vieillot) olive et jaune d'or (mâle), c'est le tisserin social type qui forme des colonies bruyantes près de l'eau ; le tisserin gendarme = gendarme (Ploceus cucullatus Müller), le plus gros ; le tisserin noir de Vieillot (Ploceus nigerrimus castaneofuscus Vieillot), noir et châtain à oeil jaune vif ; le tisserin gros-bec (Ploceus superciliosus Shelley) qui porte, en plumage d'éclipse, un large sourcil fauve caractéristique ; le tisserin à lunettes (Ploceus nigricollis Vieillot) des savanes humides et forêts. Serle /Morel, 1988 : 230-236. [.] le dernier tintamarre de gazouillis lancés par les tisserins* des tamariniers. Kourouma, 1970 : 122. Le débat politique doit trouver un moyen de s'envoler plus haut que des tisserins. FM.,18.09.1990. Autour des villages, les tisserins jaune et noir construisent leurs nids, accrochés par dizaines aux branches des arbres. Oberlé, 1983 : 28. Tisserin à cape jaune (Ploceus dorsomaculatus Reichenow) ; tisserin de Preuss (Ploceus preussei Reichenow) ; tisserin malimbe de Cassin (Malimbus cassini Elliott) ; tisserin noir de Maxwell (Ploceus albinucha Bocage) ; tisserin tricolore (Ploceus tricolor Vieillot) sont signalés à Taï, T. noir de Vieillot (Marahoué), T.-gendarme (Comoé). Bousquet, 1992 : 173. Je me fais coq /pour dire l'aube /tel le tisserin. Nokan, 2000 : 52.

 

tissu, n.m. Quelques composés disponibles.

1- tissu bazin, V. BAZIN*.

2- tissu écharpe, V. ECHARPE*.

3- tissu filtre, morceau de tissu utilisé pour filtrer l'eau de boisson afin d'éradiquer notamment le ver* de Guinée. Les populations ont été invitées à faire un bon usage des tissus filtres distribués à chaque famille grâce à un financement de l'Unicef. Ivoir'Soir, 30.04.1997.

4- tissu pagne, V. PAGNE*. L'exploitation du tissu-pagne à des fins d'ameublement a été particulièrement appréciée. FM., 04.04.1984

 

titulaire, titus, n.f. Argot estudiantin, oral, fam.. Petite amie attitrée, jeune fille à laquelle on a fait plus ou moins des promesses de mariage. Sa titus [.] est loin d'être vos filles* deux à cinq francs. Campuslexique, 1978 : 9. Kady était sa "titulaire" c'est-à-dire son amie attitrée. M. Coulibaly, 1992 : 21. Parti jouer les jolis coeurs chez une nana, le comédien s'est fait surprendre par sa titulaire. Ivoir'Soir, 20/21/22.06.1997.

 

tivi, [tivi], n.m. Spéc., (flore), (de l'abé). (Rothmannia Shispida [K. Schum.] Fagerl. ). Arbuste de la fam. des Rubiacées, des sous-bois des forêts primaires. Le bois est remarquable par la couleur encre bleue qu'il prend lorsqu'il vient d'être fraîchement coupé et exposé à la lumière. Aubreville, 1959, III : 278.

SYN.: bakablé (agni), bakapri (attié).

 

tjogo tjogo, tioko-tioko, tchoko-tchoko, tchogo-tchogo, djoko-djoko, V. TCHOKO-TCHOKO*. loc.adv. Fréq., (du mandenkan "de quelque manière que ce soit"), oral surtout, mésolecte, basilecte. A tout prix, coûte que coûte. Ce qu'Allah vous a destiné tjogo-tjogo, coûte que coûte, vous atteint. Kourouma, 1990 : 73. Ce deuxième vendredi du mois de sorgho*, le Blanc parla et l'interprète euphorique s'exclama -Tjogo-tjogo! Tjogo-tjogo! - Que signifie tjogo-tjogo ? demanda le Blanc.- Cela signifie coûte que coûte dans notre langue. Kourouma, 1990 : 68.

 

to, tô, toh, tôô, tau, thô, [to], n.m. Usuel, (tradition), (du mandenkan "plat en général"), tous milieux, nord. Sorte de bouillie très consistante obtenue en mélangeant avec de l'eau chaude de la farine de céréales (mil*, fonio*, riz ou maïs) mais aussi éventuellement d'autres aliments (ignames*, pois* de terre). Mais aussi des mets de chez nous tels que le tô, le riz à la sauce*, le kedjenou*au poulet. FM., 09.12.1980. Le repas typique de chez nous [.] comprend un seul plat, bien consistant et souvent lourd : riz, foutou*(à base de banane-plantain*, d'igname* ou de manioc), le thô*(pâte de mil ou de maïs), l'attiéké* (couscous de manioc), le placali* (pâte de manioc) et bien d'autres plats encore qui constituent la base du repas servis avec un accompagnement de sauce*. FM., 01.07.1983. Avec le maïs, consommé fréquemment dans le Nord-Est et le Nord, on prépare une pâte très consistante, le to, qu'on divise ne petit tas. Oberlé, 1983 : 68. Prépare moi du to. Y. Konaté, 1987 : 192. Un jour on mangera du tô, un autre du riz. Bonnassieux, 1987 : 174. On a fait une petite fête : il y avait du chiapalo*, des pintades et du tô. Deniel, 1991 : 38. Ce que Maguy aime pourtant par dessus tout, c'est le toh. FM.:11.02.1993. Pour manger local, il faut peut-être se faire inviter par une famille. Là, on peut déguster le bon toh local (plat à base de maïs, mil ou manioc). Ivoir'Soir, 24/25.12.1997. Il se jeta sur le tôô ou gâteau* de maïs. Oussou-Essui : 1999 : 176

 

toclo-toclo, [toklotoklo], loc.adv. Dispon., (par harmonie imitative du bruit de la machine à coudre.), oral, basilecte. Repriseur ambulant, sorte de petit tailleur muni d’une machine à coudre qu’il porte sur la tête lorsqu’il passe de rue en rue pour proposer ses services. Le succès des toclo-toclo, repriseurs ambulants, est démonstratif. Haeringer in Tilliette, 1984 : 201.

 

togo, n.m Argot (par référence aux premières pièces qui portaient la mention AOF-Togo-Institut d'émission), oral, fam., jeunes urbanisés. Pièce de 100 francs CFA*. Doum tend un billet de 5 000F à Vié Père. Ce dernier se lève et prend sous son lit un sachet insignifiant [.]. Puis il déclare. "Pour tes togo, ce sera la prochaine fois". Ivoir'Soir. 29.08.1997. Ce midi même, je cherchais un togo pour manger un garba*. Ivoir'Soir, 16.10.1997.

 

togognini, thôgognini, [tCgCQini], n m, adj. Fréq., (du mandenkan "nom-chercher"), péj. Personne intrigante et arriviste prête à nuire aux autres ou à s'humilier pour se faire un nom, obtenir une place ou se faire bien considérer par ses supérieurs. Monsieur Togognini (nom d'une pièce de B. Dadié). Afin d'éviter les bavardages inutiles des compères thôgôgnini et les commères kpakpato*, je préfère écrire  un parler appauvrissant. Ivoir'Soir, 09.06.1998.

SYN.: kpakpato*.

 

toile de Korhogo, n.f. Spéc. (artisanat). Toile décorative de coton brut sur laquelle les artisans sénoufo peignent des motifs traditionnels, très appréciés des touristes. Pimékah et Fakaha, spécialisés dans la fabrication de tissages blancs en coton brut, peints de motifs géométriques ou figuratifs noirs ou brun foncé, connus sous le nom de "toiles de Korhogo". Conte, 1981 : 89. Ce morceau de toile de Korhogo est une pièce de musée. [.]. La toile de Korhogo est constituée de minces bandes de toile tissée sur lesquelles sont reproduits avec une pâte noire ou brun foncé, personnages humains symboliques et animaux totems. (Légende sous photo). Conte, 1981 : 120. Le village de Fakaha [.] s'est spécialisé dans la production des toiles de Korhogo. A l'origine, les toiles ornées de petits dessins d'animaux servaient à la confection de costumes rituels dans le cadre des cérémonies du Poro*. Du fait de la demande des touristes, la production s'est intensifiée et les dimensions des motifs ont augmenté. Les dessins sont appliqués par l'artisan sur le tissu à l'aide d'une lame trempée dans une teinture naturelle noire ou brun-rouge, issue de plantes, écorces d'arbres ou argiles. Oberlé, 1983 : 74. Des objets de rotin, [.] des poteries en terre brune faites à Katiola, des toiles de Korhogo [.] aux personnages bruns stylisés sur fond beige, des statuettes en bronze. Gaudio /Roekeghem, 1984 : 85. [.] des batiks*, des toiles de Korogho aux silhouettes noires ou brunes d'animaux et de personnages stylisés sur la toile écrue [.] Tilliette, 1984 : 98. Heureusement restent offerts à sa convoitise [: celle du touriste] des statues plus petites, des canaris* de bois et les fameuses toiles de Korhogo, à motifs peints, présentés en plusieurs dimensions. Rémy, 1996 : 143. Et puis, les nombreuses toiles de Korhogo, les batik*, les pièces de bronze, meubles divers sculptés en bois d'ébène*, d'iroko*, exposés au village artisanal qui ouvre la ville de Bassam [.]. Ivoir'Soir, 09.06.1998.

SYN.: korhogo*.

 

tokotoko (faire ----), [tokotoko], loc.verb. Dispon. (du baoulé), oral, basilecte, péj. Se moquer ouvertement de qqun. Les enfants faisaient tokotoko sur l'ivrogne. (Boy, Abidjan, 1984).

 

tôle ondulée, n.f. Usuel, V. ESCALIER*, TABLETTES* DE CHOCOLAT. Ondulations créées par le passage des véhicules sur la surface d'une route non revêtue. Sitôt passée la dernière case* d'Odienné, la camionnette pourtant lourdement chargée se mit à danser sur la "rôle ondulée" d'une route poudreuse qui s'enfonçait jusqu'à l'horizon dans une savane couverte d'herbes neuves, gonflées des dernières pluies. Du Prey, 1979 : 111. Les routes secondaires n'avaient rien perdu de leur aspect de pistes* poudreuses où il était recommandé de rouler au moins à quatre-vingt-dix à l'heure pour atténuer l'effet cahotique des "escaliers" ou des "tôles ondulées". Oussou-Essui, 1979 : 41. Je pris la piste*, sur des kilomètres d'infernale "tôle ondulée"... Conte, 1981 : 24. Mais autant la route goudronnée longeant la côte, entre Abidjan et Grand Bassam, est rectiligne et en bon état, autant la piste* de Bingerville à Eloka représente un échantillonnage varié de "tôle ondulée" ou de sable, de tous ou de bosses dérapantes. Rémy, 1996 : 101. [.] la "tôle ondulée" c'est-à-dire un sol dur où se succèdent de courtes ondulations ou au contraire une certaine épaisseur de sable recouvrant la route rendent la conduite beaucoup plus fatigante que sur goudron*. Rémy, 1996 : 197.

 

tomaté, adj., dispon, mésolecte, basilecte. A la tomate. La pâte s'étire [.], on la trempera tout à l'heure dans la sauce pimentée, tomatée. Anoma Kanié, 1978 : 109.

 

tomate, n.f. Spéc., (flore). Quelques composés.

1- tomate amère V. AUBERGINE* AMERE.

2- tomate-aubergine, V. AUBERGINE* LOCALE.

3- tomate-cerise (Solanum pierraneum). Variété d'aubergine* locale dont le fruit ressemble à une tomate verte.

4- tomate de bouche, tomate ronde et charnue, préférée en CI, lorsqu'il s’agit de manger des tomates crues. Cultivée industriellement ou importée, la tomate ronde ou tomate de bouche. FM. 22.09.1986.

5- tomate de sauce, tomate à côtes, tomate cultivée de façon traditionnelle localement et dont on se sert pour faire la cuisine. Les tomates à côtes ou tomates de sauce qui présentent des rainures plus ou moins profondes déterminant des sortes de tranches. FM. 22.09.1986.

 

tomber, v.tr. Quelques locutions mésolectales ou basilectlales assez fréq.

1- tomber en grossesse, tomber enceinte. Quand elles tombent en grossesse, elles donnent* le ventre* à celui qui est le mieux placé. Bonnassieux, 1987 : 178.

2- tomber fan, argot zouglou , V. FAN*. Et la go*djandjou* est venue, tu es tombé fan. (Chanson "Sida" groupe Espoir Choc).

3- tomber plus bas qu'Ethiopie, être dans la dèche absolue, par référence aux images de famine qu'ont montré tous les média. Mon cher, ce mois-ci, je suis moise*, tu peux pas savoir. Je suis tombé plus bas qu'Ethiopie !! (Enseignant, Abidjan, 1988).

4- tomber, (faire ----), pour une femme enceinte, avorter, faire une fausse couche. J'avais des contractions comme si j'allais avorter. On m'a interdit de faire des travaux brusques et même de conduire, sinon je risquais de faire tomber l'enfant. Akissi Kouadio, 1983 : 89.

 

tombo, [tTbo], n.m. Spéc., (flore), (de l'abé). (Kigelia africana Benth var. elliptica [Sprague] Sillans). Petit arbre de la fam. des Bignoniacées, variété des forêts denses. V. SAUCISSONNIER*. Il porte de grandes grappes de fleurs rouge foncé et des fruits d'environ 25 cm. de long pour un diamètre de 8 cm.

SYN.: saucissonnier*, kigelia, brimau (agni), mia lélé (attié).

 

tombolo, n.m. Spéc., (techn.). Sorte de presqu'île boisée Une fine presqu'île boisée -du genre que les géographes appellent "tombolo", une curiosité en soi- barre presque la moitié de l'estuaire. David, 1986 : 109.

 

ton, [tT], n.m. Spéc., (tradition), (du mandenkan). Association de jeunes permettant de créer une sorte de coopérative pour mettre en commun travail et bénéfices. Quelques années plus tôt, c'est lui qui avait semé l'idée du ton moderne, de la coopérative. A. Koné, 1980 : 27. Le ton, comme chacun sait, est un regroupement de gens de même corporation en vue de travailler de façon collective pour le bien commun. A. Koné, 1980 : 79.

 

tontine, n.f. Usuel. Forme d'épargne volontaire usuelle. Un nombre variable de personnes versent chaque mois une certaine somme. Le tirage au sort désigne mensuellement le bénéficiaire de la totalité des mises. Le mois suivant, celui qui a déjà gagné continue à verser mais ne participe plus au tirage. Jusqu'à ce que tous les participants aient pu bénéficier des sommes collectées. Il s'agit donc de quelque chose d'assez différent de la tontine connue en France. Tous les membres de la tontine, moins un, versent chaque mois une somme préétablie. Celle-ci revient à celui qui n'a rien versé : le bénéficiaire change chaque mois. [.] Les tontines existent assez fréquemment à Abidjan mais se dissolvent en général très vite. Gibbal, 1974 : 36. Mon client a reçu des sommes qu'il devait remettre à la gérante de la tontine. Il a manqué. FM. 29.01.1981. Il détourne l'argent de la tontine. FM., 07.03.1983. Il eut alors l'idée de créer une tontine; collecter quotidiennement des sommes variant entre 500 et 5 000 f en guise d'épargne. La totalité de cette somme est reversée au bénéficiaire à la fin du mois et A. touche alors une commission de 10%. FM. 07.03.1983. Tout a brûlé : vêtements, ustensiles de cuisine, électrophone, 600 disques de variété, des relevés de tontine. FM., 22.03.1984. Je participe à une tontine, nous sommes un groupe, chacune donne 200 F par jour à une dame qui garde l'argent et au bout d'un certain nombre de jours l'une d'entre nous reçoit l'ensemble de l'argent. A. Touré, 1985 : 104. [.] alors qu'elle allait à Angré remettre à une amie la somme de 200.000F représentant le montant d'une tontine. Ivoir'Soir, 03.02.1998.

 

tonton, n.m. Fréq., oral, écrit., mésolectal, basilectal. V. TANTIE*.

1- Appellation affectueuse donnée à tout homme de la génération du père considéré comme susceptible de comprendre, de conseiller ou d'aider. [.] on appelle "tonton" tout homme ayant (à peu près) l'âge du père, lorqu'on ne l'appelle pas franchement "papa". A. Touré, 1985 : 172. L'étudiant devenu fonctionnaire sait qu'il restera toute sa vie le "tonton" de quelques vrais ou faux neveux qui, les uns après les autres, pèseront sur ses propres épaules en plus de sa progéniture. Krol, 1994 : 31. Nous [.] devrons prier pour que ce système[: affichage du numéro d'appel sur le téléphones portables] n'arrive jamais ici...dès que le "tonton" ou la "tantie*" verra sur son écran le numéro du paumé, hop ! il coupera l'appel. Ivoir'Soir, 03.06.1997.

2- tonton, tonton groteau V. GROTTO*. Quadragénaire ou quinquagénaire fortuné qui court la prétentaine. L'idée que le tonton-groteau gère chez lui une famille au sein de laquelle elle n'a aucune chance de figurer [.] ne l'effleure ni ne l'affole. FM., 20.01.1981. Papa m'a dit de doubler le prix pour les tontons qui sont en forme*. (Phylactère d'un dessin représentant un homme âgé et obèse), in A. Touré, 1985 : 171."Doubler le prix pour les tontons qui sont en forme*" pourrait se traduire par "doubler le prix pour les tontons qui sont doubles", tandis que "tonton" au lieu de "monsieur" introduit la note familiale typiquement africaine, ou en tous cas ivoirienne, qui veut que'on appelle "tonton" tout homme ayant (à peu près) l'âge du père, lorqu'on ne l'appelle pas franchement "papa". A. Touré, 1985 : 172. Le piège : les premiers billets à quadruple zéro dispensés d'une main débonnaire par un monsieur que son âge range sans appel dans la catégorie des tontons. Tonton le jour, Chéri la nuit, s'entend. David, 1986 : 158. C'est son tonton-grotto bailleur de fond. (Etudiante, Abidjan, 1999).

SYN.: (équivalent féminin) tantie*. Banquier*, bailleur* de fond, fournisseur*, grotto*, papa*.

 

ton pied mon pied, loc. V. PIED*.

 

tôô, n.m. V. TO*.

 

top (être au ----), être au top niveau, loc.verb. Fréq., argot estudiantin, mélior. Etre formidable, être au mieux de sa valeur, de sa forme, de ses compétences. La jeune fille ferma son cahier de brouillon en lui disant, émerveillée :" Maintenant j'ai tout compris, tu es au top, Evariste ! ". Krol, 1994 : 19. Elle n'a pas besoin de protecteur, c'est une fille indépendante. Elle a son business à elle. Elle est au top, cette fille-là. Krol, 1994 : 67. J'étais président du club d'anglais à l'époque, j'éblouissais tout le monde parce que je suis au top dans cette matière. Krol, 1994 : 94. Nos joueurs n'étaient pas au top pour ce match. (Boutiquier, Abidjan, 1996).

 

toptabs, n.m.pl. Spéc., argot urbain, mélior. Comprimés de médicaments (amphétamine) vendus sous le manteau comme drogue. Une descente à son domicile [.] permet à la police de découvrir une importante quantité de comprimés appelés toptabs. FM., 25.11.1983.

 

torcher, v.tr. Dispon., oral, mésolecte, basilecte. Eclairer à l'aide d'une lampe-torche. Torche-moi jusqu'à la voiture, je n'y vois rien. (Peintre, Abidjan, 1984). Qui va me torcher jusqu'au parking ? Il y a encore une coupure de courant ce soir. (Secrétaire, Abidjan, 1984).

 

torchon, n.m. Fréq., oral, mésolecte, basilecte, sans connot. Serviette de table. Madame, j'ai fait la table mais vous n'avez pas donné les torchons. (Boy, Abidjan, 1984). Chez nous, le mot "torchon" est souvent employé à la place de "serviette de table" qui devient d'un emploi trop précieux. FM., 02.01.1993.

 

tornade, n.f.

1- Usuel. Gros orage, grain bref et violent généralement accompagné de pluies abondantes, plutôt que véritable tornade avec vents violents tourbillonnants. "Notre maison vient de s'écrouler sur nous [.]"-"C'est la dernière tornade qui a fait ça ?" Amon d'Aby, Entraves, 1965 : 28. Des conflits [: ceux de l'alizé austral] avec l'harmattan* provoquent des grains violents appelés tornades. Busson, 1965 : 22. Sais-tu où tu iras dormir / Si, un jour, la tornade / Enlève le toit de ta maison ? Kindo Bouabi, s.d. : 55. La saison* des pluies est annoncée par  des orages isolés, des lignes de grains appelées improprement tornades. Y. Monnier, 1974 : 34. On était en mai et sans sommation les premières pluies s'abattirent en violentes tornades sur les terres défrichées. Koné, 1976 : 53. A Issia, la tornade a emporté la toiture de quatre classes de l'EPP. FM., 29.03.1980. Déjà à l'aube du 26 mai une tornade avait fait trois morts [.] lorsque deux maisons furent envahies par les eaux boueuses. FM., 09.06.1981. Le village du Banco a été le théâtre d'un drame lorsque le 26 mai dernier, les eaux tumultueuses d'une tornade ont envahi deux habitations, faisant trois morts. FM., 11.06.1981. Mais, en brousse*, il y a la pluie qui tape, des tempêtes, des tornades [.]. Deniel, 1991 : 43. Une tornade dans la nuit du 29 au 30 mars dernier a fait de nombreux et importants dégâts au Lycée Classique . FM., 03/04. 04.1993. Presque tous ses magnifiques fromagers* et flamboyants ont été coupés pour des raisons de sécurité, surtout les fromagers* que les tornades déracinent facilement. Rémy, 1996 : 153. Boundiali : un élève emporté par les eaux. Ce jour-là, une violente tornade s'était abattue sur la ville de 14h. à 17h. Ivoir'Soir, 14.05.1997. La tornade, la pluie de déluge et bientôt l'inondation et la désolation ! Adé Adiaffi, 2000 : 134.

COMP.: tornade sèche

2- tornade sèche, dispon. Coup de vent violent non accompagné de pluie. 15% des bananiers ont été déracinés par la tornade sèche. FM., 19.02.1982.

 

torpille, n.f. Spéc., (faune). Poisson de la fam. des Torpedinidae caractérisé par un disque arrondi, charnu et mou et la présence d'organes capables de produire des décharges électriques. Localement les variétés les plus communes sont la torpille ocellée (Torpedo [torpedo] torpedo Linn.) qui porte sur la face dorsale brune, cinq ocelles bleus cerclés de noir et auréolés de blanc, et la torpille marbrée (torpedo [torpedo] marmorata Risso) dont la coloration claire est cachée par une multitude de taches arrondies brun foncé, agrémentées de petites taches blanches. Aldrin /Noyer /Brégéat, 1972 : 7. Seret /Opic, 1981 : 56-59.

SYN.: raie* trembleuse, trembleuse*.

 

toro, [toro], n.m. Spéc., (flore),(du mandenkan). (Ficus capensis Thunb.). Petit arbre de la fam. des Moracées aux feuilles ovales et aux fruits de 2 à 3 cm. de diamètre fixés sur les tiges âgées. Utilisations thérapeutiques. Roberty, 1954 : 34. Adjanohoun /Aké Assi, 1979 : 194.

 

toron, [torT], n.m. (du mandenkan). V. SOUCHET* COMESTIBLE. [.] des petits tubercules inconnus qui s'appellent "toron" en dioula et qui ressemblent à des crosnes, croustillants. David, 1986 : 113.

 

tortue, n.f. Spéc. (faune).

1- Reptile chélonien qui joue parfois le rôle principal dans les contes du Sud. Personnage roué et souvent malhonnête comme l'araignée* mais toujours pondéré et prudent. On dit "être prudent comme la tortue". (Ethnologue, Abidjan, 1982).

2- On distingue localement les tortues de terre, végétariennes, dont une espèce (Testudo sp.) peut atteindre 100 kgs ; les tortues d'eau douce, carnassières (Trionyx sp.) d'une cinquantaine de kgs, les tortues de mer comme par ex. la tortue franche = tortue verte (Chelonia mydas), de très grosse taille et dont la chair est très appréciée, ainsi que la tortue- luth (Sphargis coricea) qui peut dépasser les 400 kgs. Roure, 1966 : 49.

 

totem, n.m. Spéc., (tradition). Nom donné localement à l'interdit* alimentaire qui caractérise le lignage, sans cependant lui donner son nom ni être considéré forcément comme l'ancêtre spécifique du groupe humain considéré. Chaque village a son bois* habité par des statues de bois et d'argile rouge, représentant les totems des familles : buffles*, panthères*, lions, serpents, et peuplé des âmes des défunts qui viennent s'y reposer. Gaudio /Roekeghem, 1984 : 217. [.] il avait engagé le combat pour assurer, quoi qu'il advienne, la pérennité de la dynastie, la dynastie des Keita, les rois de Soba dont le totem est l'hippopotame. Kourouma, 1990 : 16. En général, comme les pièges ne retenaient presque jamais les totems de la famille, représentés par la biche* noire ou zébrée, les produits de ses chasses satisfaisaient les siens. Oussou-Essui, 1999 : 29.

 

toto, [toto], n.m. (du mandenkan). V. RAT*-VOLEUR, RAT*-TOTO, RAT* DE GAMBIE. [.] elle vole comme une toto. Kourouma, 1970 : 134.

 

toubab, toubabou, toubabesse, [tubab] / [tubabu] / [tubabDs], n.m. et f., adj. Usuel (de l'arabe par le mandenkan). Souvent connoté.

1- n.m. ou f. Toute personne à peau blanche, plus particulièrement Français, Européen. Et dans les villages, on ne se prive pas parfois de se moquer des toubabous qui jettent beaucoup d'argent dans le commerce des masques* : ils ne s'en sont procuré que des faux. FM., 04.03.1980. [.] un plateau* où vivaient les toubabous encerclés par les quartiers indigènes. Tilliette, 1984 : 28. Je traduis les paroles d'un Blanc, d'un toubab. Kourouma, 1990 : 54. Il constata que les indigènes savaient effectivement ce qu'était un Toubab. Un homme qui ne pouvait sortir nu-pieds et nu-tête, qui, pour aller d'un village à un autre, se faisait porter dans un hamac* à l'ombre d'un dais de pagne* . Kourouma, 1990 : 72. Il l'avait délaissée, elle, une "Toubabesse" avec ses trois enfants blancs dans cette sauvage et lointaine Afrique. Kourouma, 1990 : 119. Le climat interdisait aux autres Toubabs qui, lorsqu'ils n'étaient pas des imbéciles, étaient des bandits, de s'exténuer sous les tropiques. Kourouma, 1990 : 118. C'était un vrai Toubab toubib ! Kourouma, 1990 : 67. De source bien informée, Gor serait maintenant marié à une toubab*. Ivoir'soir, 15/16/17.05.1998. Mon fils a écrit qu'il voulait marier* une toubabesse. (Mère de famille, Abidjan, 1999).

SYN.: blafoué*, blanc*, cochon* gratté, granin,* peau* gras, peau*-grattée.

2- adj. Blanc, blanche. Des noisettes pour changer, ça fait bien, ça fait toubab, ça fait gros* ! Anoma Kanié, 1978 : 212. Comme tout instituteur toubab [.]. Kourouma, 1990 : 118.

 

toubaouaté, [tubawate], n.m. Spéc. (flore), (du krou). (Toubaouate brevipaniculata [J.Léonard] Aubr. et Pellegr.). Très grand arbre de la fam. des Caesalpiniées, endémique dans la région de Tabou. Aubreville, 1959, I : 298.

 

toucan, n.m. Spéc., (faune). V. CALAO*. Appellation impropre donnée assez souvent au calao. Les toucans s'abattaient bruyamment sur les palmistes* mûrissants et s'en disputaient les graines. Dadié, 1955 : 132. Et les toucans de surgir, aériens dans le ciel éclairci [.]. Anoma Kanié, 1978 : 68. Des toucans traversaient la clairière à grands cris  Du Prey, 1979 : 41. Au brusque battement d'ailes d'un toucan qui s'envolait, il se figea [.]. Oussou-Essui ,1999 : 11.

SYN.: calao*, perroquet* gros-bec.

DER.: toucanneau*/toucannelle.

 

toucanneau, toucannelle, n.m. Spéc., (faune). V. TOUCAN*. Appellation impropre donnée assez souvent en zone forestière aux espèces de calaos de petite taille. Toucans et toucanneaux* s'élèvent dans le ciel comme des souffles aériens, pompant l'air avec des cris stridents. Anoma Kanié, 1978 : 50.

 

tounbalet, n.m. V. TAM-TAM*. Une centaine de tams-tams sont exposés à l'intérieur et à l'extérieur de l'atelier. Il y en a de toutes sortes (des tounbalet*, des djembé*, des doun-doun*, des attoungblan*) et de toutes tailles. Ivoir'Soir, 28.08.1997.

 

toumidio, [tumidjo], n.m. Spéc., (flore), (de l'abron). (Malacantha Heudelotiana Pierre). Arbuste de la fam. des Sapotacées. Aubreville, 1959, III : 134.

SYN.: toutodouodi (baoulé).

 

touque, n.f. Vx. V. BARIGOT*, TINE*. Terme générique désignant divers récipients métalliques d'assez grande taille, de récupération. Les inestimables touques d'essence, propres à tous les usages. Viard, 1934 : 78.

 

touraco, n.m. Spéc., (faune). Famille exclusivement africaine (Musophagidae) de grands oiseaux voyants frugivores, souvent brillamment colorés. On distingue localement : le touraco vert (Tauraco persa Linn.) ailes rouges, tëte, manteau, poitrine et huppe verts, dos, couvertures allaires et queue violets à reflets, forestier ; le touraco à gros bec (Tauraco macrorhynchus Fraser), également vert mais à huppe verte bordée de noir à liseré blanc ; le touraco violet (Musophaga violacea Isert), grand hôte des forêts-galeries de savane, bleu sombre avec des ailes d'un rouge cramoisi ; le touraco gris (Crinifer piscator Boddaert), savanicole, gris, avec une sorte de huppe sur la tête ; le touraco géant = touraco bleu (Corythaeola cristata Vieillot) en grande partie bleu sauf les cuisses et le ventre châtains et la huppe noire. Du reste, écoute, le touraco chante. Dadié, 1956 : 168. Effectivement Adou se sentait étranger à ces grands garçons avec qui il ne pouvait parler sans effort que du passé, des abeilles, des touracos, des pigeons* verts, des fourmis*-magnans qui avaient dévoré son petit singe* vert en une nuit. Du Prey, 1979 : 38. Les forêts abritent aussi des ibis, des râles et le superbe touraco bleu. Oberlé, 1983 : 28. Serle /Morel, 1988 : 100-104. Touraco géant signalé (Comoé, Marahoué, Taï, Azagny). t. à gros bec, t. vert (Comoé, Taï), t. gris, t. violet (Comoé). Bousquet, 1992 : 179. Le touraco ayant chanté à droite, Yacouba s'est levé et a dit que le chant du touraco était une bonne réponse. Une bonne chose qui signifiait que nous avions la protection de l'âme de ma mère. Kourouma, 2000 : 46. Elle se dota d'ailes et devint un touraco qui aussitôt monta au sommet des arbres les plus hauts pour combler l'assistance de ses mélodies en voltigeant d'arbre en arbre. Adé Adiaffi, 2000 : 160.

 

tourisme scolaire, n.m. Dispon., oral surtout, mésolecte, iron. Allusion ironique à l'obligation de voyager à travers le pays, conséquence des affectations arbitraires, à l'échelle nationale, en fonction de leurs notes, données aux élèves reçus à l'entrée en sixième ou à l'entrée en seconde. Puis j'ai été livré à moi-même, d'abord à Odienné, dans le nord, où j'ai commencé mes études secondaires que j'ai poursuivies à Bouaflé, puis à Gagnoa où je les termine. Oui, c'est ça qu'on appelle le "tourisme scolaire" qu'on ne choisit pas. Krol, 1994 : 34. Grâce à ce que les Ivoiriens appellent le "tourisme scolaire" [.] Mathurin connaît assez bien la moitié ouest de son pays. Krol, 1994 : 161.

 

tourner, v.intr. Dispon., mésolecte, fam.

1- tourner, se promener, errer en ville pour visiter, chercher un emploi, un logement. Les professeurs sont tous présents sauf quelques nouveaux qui tournent encore pour trouver à se loger. FM., 15.10.1982. On a fait* deux semaines à Paris et j'ai tourné un peu avec Mme A. Deniel, 1991 : 53. Après le travail, il aime "tourner" en ville, voir des camarades . Bonnassieux, 1987 : 164

2- tourner dans les bars, loc.verb. Sortir, fréquenter les bars ou les boîtes de nuit, faire la noce. Dans le voisinage, une jeune Bissa, qui s'est retrouvée en dehors de sa famille sans ami sérieux pour l'aider, "tourne" souvent le soir dans les bars. Bonnassieux, 1987 : 179.

3- tourner dos, V. DOS*.

4- tourner sa bouche, V. BOUCHE*.

5- tourner son z'yeux, loc.verb. Se tourner vers, se réfugier dans. "Peut-être qu'il n'y a qu'à tourner son z'yeux dans la boisson pour ne plus penser à rien". Avant de rencontrer Alassane, Kouadio s'ennuyait ferme. Bonnassieux, 1987 :184.

 

tourterelle, n.f. Spéc. (faune). Oiseau de la fam. des Columbidae. Localement on distingue : la tourterelle à collier ou tourterelle rieuse (Streptopelia semitorquata Rüppel) d'assez grande taille et de couleur sombre ; la tourterelle vineuse (Streptopelia vinacea Gmelin) grise dessus et rose vineux dessous avec un collier noir (savanes boisées) ; la tourterelle maillée (Streptopelia senegalensis Linn.) au large collier noir sur le devant du cou fait de mouchetures noires et rousses.(savanicole) ; la tourterelle tambourette (Turtur tympanistria Temminck), sédentaire et forestière ; la tourterelle à tête bleue (Turtur brehmeri Hartlaub), forestière, d'un roux cannelle (sauf la tête) avec des taches vert métallique ou cuivré sur les ailes. La tourterelle à collier ou tourterelle rieuse [.] est connue de tous et l'élevage en est des plus faciles. Marche-Marchad, 1969 : 66. Serle /Morel, 1988 : 91-96. Tourterelle tambourette et t. à tête bleue signalées (Taï)., t. à collier et t. vineuse (Comoé). Bousquet, 1992 : 173.

 

tout, pron. ind. Quelques locutions mésolectales assez fréq.

1- tout ça, et ainsi de suite, et coetera. Mais maintenant je comprends qu'on gâte* notre nom ici, on a mauvaise réputation, on nous prend pour des voleurs, coupeurs de tête, tout ça*. A. Touré, 1985 : 66.

2- tout et tout, tout ce qui est possible, absolument tout. La petite case* des cabrins* qui contenait pour tout et tout*, trois bouquetins, deux chèvres et un chevreau .  Kourouma, 1970 : 110. Comme c'est une personne bien, une du "milieu*d'en haut" qui me veut du bien, et qui pourrait m'ouvrir un bon couloir* dans la high society, et tout et tout*. Ekra, 1985 : 48. Asseyez-vous et écoutez-moi. Et écrivez tout et tout. Kourouma, 2000 : 13. Le commandant Tête brûlée était un fabulateur*. Il avait fait tout et tout. Et tout vu. Kourouma, 2000 : 82. [.] ils ont pillé tout et tout avant que les soldats restés fidèles tirent. Kourouma, 2000 : 88.

LOC.: faire tout et tout.

3- tout et tout, (faire ---- ), faire tout ce qu'on veut, faire absolument tout. Le père était gardien et manoeuvre, faisait tout et tout dans le magasin d'un Libanais [.]. Kourouma, 2000 : 124.

4- tout le monde, (dans ---- ), dans le monde entier, partout. Quand y a la corruption quelque part, on cache. Mais quand le chef est terminé*, on sait la vérité dans tout le monde. (Lycéen, Abidjan, 1982).

5- toute, (à ---- ), interj. V. A* TOUTE ! familier et plaisant. chez les lettrés. A bientôt, à tout à l'heure. Si quelqu'un me demande, je reviens tout de suite. A toute !  (Professeur, Abidjan, 1986).

ENCYCL.: formule qui met fin à un entretien en sous-entendant qu'on reverra l'interlocuteur au cours de la journée.

COM.: -t final prononcé avec durème.

 

toutefois que, toutes fois que, conj. sub. Dispon., oral surtout, mésolecte, basilecte. Chaque fois que, toutes les fois que. Toutefois que tu mens, je vois ça. (Mère de famille, Abidjan, 1983). Tantie*, tu es trop* gentille, toutefois que tu viens, tu m'apportes un cadeau. (Lycéenne, Abidjan, 1992).

 

toutou, n.f, adj. Fréq, (de l'anglais du Ghana  "two [shillings], two [pence]"), oral, écrit, fam., péj.

1- n.f. Prostituée, putain. Qu'elle vienne ici et que je l'assomme, tonne Makon. [.] Où est-elle, cette toutou ? Anoma Kanié, 1978 : 105. Des Chevrolets et des Mercédès [.] déversaient de pleines cargaisons de pêcheurs japonais et de matelots hollandais au rendez-vous du plaisir avec les "toutous". Du Prey, 1979 : 71. A ce moment-là, je ne savais même pas que toutou voulait dire prostituée, mais l'abbé savait et ça l'avait choqué d'entendre ça. Note : Le mot serait importé du Ghana et viendrait de l'expression anglaise two shillings two pence, prix demandé par une prostituée en échange de ses services. Akissi Kouadio, 1983 : 15. [.] toutous des rues d'Abidjan et des autres villes. A. Touré, 1985 : 67. On voudrait se consoler en laissant aux "toutous" ghanéennes (les premières venues) [.] le monopole de la profession. David, 1986 : 155. [.] beaucoup de filles ghanéennes n'ont d'autre marchandise à vendre qu'elles-mêmes : on leur attribue parfois encore le nom de "toutou" depuis l'époque où la passe en Gold Coast était à deux shillings. David, 1986 : 166. Nous optons pour les sièges confortables du milieu, dans l'odeur de deux toutous, du gorguidjen*[.]. Tierno Monenembo, 1993 : 62. La toutou (je veux dire celle qui mérite ce titre par l'ampleur de son derrière, la maturité alerte de ses seins et aussi par son visage endurci, un tantinet philosophe)[.]. Tierno Monenembo, 1993 : 62. Me reste au nez l'odeur de brochettes et de pisse, et l'image réconfortante des plantureuses toutous de la rue 12 (sans doute les seules au monde à travailler parfois à crédit). Tierno Monenembo in Jeune Afrique, 24/30.07.1996 : 74.

LOC.: faire toutou*.

DER.: toutouya*.

COMP.: toutou-étage, toutou-rideau

2- adj. En effet, dans certains quartiers, les propriétaires ont souvent modifié leur cour* pour louer, bien plus cher, des pièces aux prostituées "toutous" ghanénnes ou nigérianes. Antoine,/Dubresson / Manou-Savina, 1987 : 106.

3- toutou-étage, n.f. Argot urbain, oral, vulg., péj. Prostituée qui opère dans une chambre, en général au dessus d'un bar. Goly Kouassi, 1982 : 73. Elle a fait d'abord toutou-étage mais maintenant elle est toutou-rideau. (Chauffeur de taxi, Abidjan, 1991).

4- toutou-rideau, n.f. Argot urbain, oral, vulg., péj. Prostituée qui opère dans une petite case fermée par un rideau. Goly Kouassi, 1982 : 73. Elle est toutou-rideau à Marcory Poto-poto. (Maquisarde*, Abidjan, 1991).

5- toutou, (faire ----), loc.verb., oral, écrit, fam., tous milieux. Se prostituer, faire la putain. Mais comme je refusais [: d'être religieuse] on devait me laisser partir et ainsi j'allais faire toutou dans les rues de Treichville et Dieu sait où. Akissi Kouadio, 1983 : 15.

 

toutouya, [tutuja], n.m. Fréq. Argot nouchi, (hybride anglais "two-two"+ mandenkan -ya), oral, fam., jeunes urbanisés. Prostitution de bas étage. Façon* elle roule* maintenant, c'est toutouya ! (Revendeuse, Abidjan, 1992).

 

toux blanche, n.f. Spéc. (santé). Tuberculose pulmonaire. " Toux blanche", nom d'une émission télévisée d'éducation sanitaire ("Télé pour tous" janvier 1975).

 

toxicoman, pl. toxicomen, n.m. Dispon., argot urbain, oral, péj. Toxicomane, « toxico». Les parents de ces toxicomen viennent nous voir afin que nous puissions les aider à placer leurs enfants pour les désintoxiquer. FM., 12.10.1982. C'était un toxicoman mais il a été soigné. Il faut le reprendre aux cours maintenant. (Lettre, Abidjan, 1984).

 

trachynote, n.f. Spéc., (faune). Poisson de la fam. des Carangidae dont il existe deux espèces : la trachynote de Gorée (Trachynotus goreensis Cuvier) qui atteint 60 cm et a des nageoires dorsales et anales falciformes très developpées : la grande trachynote (Trachinotus maxillosus Cuvier) au corps losangique trapu atteignant 80 cm. Seret /Opic, 1981 : 192-195

 

trachyphone pourpré, n.m. Spéc., (faune). (Trachyphonus purpuratus goffini Verreaux). Gros oiseau forestier de la fam. des Capitonidae (V. BARBU*) à bec puissant jaune. Le dessus est bleu sombre, la poitrine noire striée de rose et de gris séparée par une ligne rouge du ventre jaune. Serle /Morel, 1988 : 141. Signalé (Taï). Bousquet, 1992 : 173.

 

tradipraticien, tradi-praticien, n.m.,adj. Usuel., (néologisme formé à partir de "tradition" et de "praticien"), mélior.

1- n.m.  Guérisseur utilisant, pour soigner les malades, les techniques et les savoirs de la tradition africaine. A Blolé vit un tradipraticien dont la renommée a franchi les frontières de son village natal. FM., 03/04.12.1983. Nous avons à coopérer avec nos tradi-praticiens. FM. 22.02.1984. Les femmes analphabètes [.] sont parfois incapables de s'adresser à la structure de soins la plus compétente, ou elles se trouvent face à des tradipraticiens aux méthodes et langues différentes de celles de leurs régions d'origine. Antoine /Dubresson /Manou-Savina, 1987 : 184. Mort de Nanan* Kofi Drobo II [.] l'un des plus grands tradi-praticiens [.] le puissant guérisseur. Ivoir'Soir 26.08.1992. Espérons que ces tradipraticiens qui ne sont pas pris au sérieux par les autorités, ne disparaitront pas. L'Ephémère, 11 01.1993. Les tradipraticiens, des marchands de rêves ? FM, 23.02.1993. Perçus comme les véritables sidologues*, [.] ils ont donné à cette rencontre télévisée, l'impression de mépriser [.] les simples herboristes et tradipraticiens qui se proclament guérisseurs et dont les produits n'auraient pas l'efficacité souhaitée. FM 23.02.1993. [.] les incroyables itinéraires thérapeutiques effectués par les malades dans les grandes villes africaines. Un véritable parcours du combattant qui les conduit d'un CHU à un tradipraticien, d'un féticheur* à un pharmacien* ambulant, d'un infirmier de quartier à un "prophète"* ou un marabout* pour tenter de recouvrer la santé. Jeune Afrique, 06/12.03.1993. Avant son recyclage, il a été chef de service dans une banque, puis professeur de comptabilité à Sassandra sur le littoral, mais il avait déjà des connaissances de tradipraticien. Krol, 1994 : 105. En tant que tradipraticien - activité reconnue aujourd'hui par le corps médical ivoirien- Kpakpo Jean-Pierre a créé successivement deux centres de soins et d'hospitalisation. Krol, 1994 : 106. Guilé Gnakalé Jean, 67 ans, est guérisseur à Daliguépa. Pas exorciste ni féticheur* et encore moins sorcier : guérisseur, autrement dit tradipraticien. Krol, 1994 : 181. Entre-temps, le tradipraticien qu'il est devenu, s'installe à Abidjan [.]. Ivoir'Soir, 13.05.1997. Les paysans [.] sollicitent les services des tradi-praticiens plus souples et plus compréhensifs. Jeune Afrique, 24.02./ 02.03.1998. M. A.Y. [.] a été déféré au parquet de Bouaké pour avoir été reconnu coupable d'assassinat de G.K., son tradi-praticien. Ivoir'Soir, 03.06.1998.

SYN.: charlatan guérisseur*, féticheur*, guérisseur*, komien*, marabout-guérisseur*, tradithérapeute*.

2- adj. Relevant des pratiques des tradipraticiens. Médecine tradipraticienne, quelle problématique ? (titre d'article) FM., 27.04.1993.

 

tradipratiques, n.f.pl. Dispon., (néologisme composé à partir de "tradition" et de "pratique"), acrolecte, rech. Techniques de soins traditionnels.Y a t-il un syncrétisme de ces tradipratiques médicales ? FM., 27.04.1993.

 

tradition n.f. Fréq., tous milieux, mélior.

Croyances, pratiques religieuses ou sociales, savoirs, transmis de génération en génération par la parole et l'exemple. V. COUTUME*.

DER.: traditionnel*, traditionnaliste*, traditionniste*, traditionnellement*.

ANTON.: modernité*, occidentalisation*.

2- tradition orale, ensemble des oeuvres de littérature orale : récits historiques, chansons de geste, contes, récits, devinettes, proverbes, chants etc.) transmettant la culture africaine. Il travaille sur la tradition orale de Kong. (Professeur, Abidjan, 1982). Les griots*, autrefois, ajoute le vieux* de Soba, musiciens professionnels, jouaient pour les grandes fêtes et étaient les gardiens de la tradition orale*. FM., 14/15.04.1984.

 

 

traditionnel, adj. Fréq., tous milieux.

1- Proprement africain, non touché par l'influence occidentale moderne, conforme à la coutume du groupe ethnique. On a fait le mariage traditionnel au village. (Couturière, Abidjan, 1981).

2- Vx. V. RENOVE*. Durant toute la période où l'enseignement télévisuel (ENSEIGNEMENT RENOVE) a existé pour le primaire, on appelait "enseignement traditionnel" l'enseignement non télévisuel.

 

traditionnellement, adv. Fréq., oral, écrit,tous milieux. Suivant la tradition, conformément à la tradition africaine, de façon traditionnelle*. La femme paysanne a plus de technique pour planter un pied d'aubergine ou entretenir un pied de gombo* qu'un homme, traditionnellement parlant. FM., 04.04.1981. [.] le défilé des jeunes filles traditionnellement* habillées, portant sur la tête des paniers pleins de produits du terroir : graines, bananes*, ananas*, etc. FM., 16.02.1982. Le lendemain matin, Djèkè, habillée traditionnellement avec des pagnes* kita* et coiffée avec de l'or dans ses cheveux, fit un malheur. R.Yaou, 1999 : 135.

 

traditionnaliste, n.m.,adj. fréq.

1- n.m. Partisan du maintien de la tradition africaine et du rejet des valeurs européennes. On ne pouvait ni supprimer les traditionnalistes ni les éduquer d'un seul coup. Du Prey, 1979 : 76. Nous n'appartenons pas au clan des traditionalistes irréductibles mais nous croyons qu'il existe en Afrique des valeurs cardinales qu'on ne peut fouler aux pieds. Y. Konaté, 1987 : 20.

2- adj. Se dit d'une personne entièrement imprégnée de tradition africaine et peu favorable à la modernité. Et tels que je les [: mes parents] connais, traditionnalistes jusqu'à la moelle des os [.]. Anoma Kanié, 1978 : 28. Mais au campement* des oncles d'Amangoua, on est traditionnaliste. Ce peuple de paysans n'est près d'abandonner ses coutumes tenaces[.]. Anoma Kanié, 1978 : 58.

 

traditionniste, n.m. Dispon., lettrés, mélior.

1- Dépositaire des traditions historiques. V. GRIOT*. Chez les Sénoufo, en outre, pas de traditionnistes spécialisés comme dans les sociétés mandingues. La structure matrilinéaire*est encore si vivace que les chercheurs ont décidé d'accorder une plus grande attention aux connaissances détenues par les femmes. David, 1986 : 102. On le [: le griot] connaît comme conseiller des rois*, comme précepteur des princes, on le connaît encore comme traditionniste : celui qui conserve la mémoire de peuple. FM., 05.01.1980.

2- Parfois, chercheur qui recueille et étudie la tradition orale. A mon avis, Amadou Hampaté Ba est le plus célèbre des traditionnistes d'Afrique. (Etudiant, Abidjan, 1992).

 

tradithérapeute, n.m. Dispon., (néologisme composé à partir de "tradition" et de "thérapeute"), écrit, lettrés, mélior. V. TRADIPRATICIEN*. Il y a même des Européens qui consultent nos tradithérapeutes! (Professeur, Abidjan, 1986).

 

train, n.m. Quelques locutions fréq., mésolectales ou basilectales.

1- train de grumes, train de billes, n.m. Spéc., (Techn.). Ensemble de troncs d'arbres attachés entre eux et remorqués sur la lagune pour être conduits au port* à bois. "Qu'est ce qu'il y a ?"-"La pirogue a heurté un train de billes". (Badauds, Abidjan, 1978).

2- train, (faire un ----), loc.verb. Argot nouchi. V. FAIRE*.

3- train, (mettre la go* en ----), loc.verb. Argot nouchi. V. METTRE**.

4- train, (prendre la go* en -----), loc.verb. Argot nouchi. V. PRENDRE*.

5- train des Haoussas, (prendre le ---- ), loc.verb., iron. plaisant . Marche à pied. Oh ! rassurez-vous il ne demeurera pas dans le train des Haoussas le long des 103 km. il n'eut à gratter* que pendant le première partie du voyage. Note : En reconnaissance de l'aptitude légendaire et de la grande endurance des Haoussas du Niger à la marche à pieds, prendre le train des haoussas est devenu synonyme de marcher. Y. Konaté, 1987, 43.

 

traitant, n.m. Spéc., (commerce), tous milieux. Commerçant qui achète aux paysans leurs produits agricoles pour les revendre aux établissements industriels. C'est à ce niveau (commercialisation) qu'interviennent les traitants, sous-traitants* et acheteurs de produits qui, depuis octobre dernier, sont à l'assaut de nos villes, villages et campements*. FM., 09/10.01.1982. Le Ministre a fait une sérieuse mise en garde aux deux plus grands traitants [.]. Il devait alors lancer un appel des plus pressants aux traitants et acheteurs de produits. FM,.12.10.1982.

 

traite, n.f.

1- Traite, spéc. (hist.). Ecrit avec majuscule, Traite des esclaves. Pourtant, même après l'arrêt de la Traite, ce commerce des esclaves a continué à être l'un des plus importants de cette zone. Bouteiller, 1968, 528-529.

2- traite, fréq., tous milieux.

a) Commercialisation des produits de plantation : café, cacao. Belle traite : il n'y a plus ni manille*, ni tabac ni ponchons* vides. Brétignères, 1881-1890 : 218. Les commerçants [.] ne se sont pas rendus à Kerké, préférant s'occuper d'abord de la traite du coton. FM., 29.12.1979. Puis les deux vieilles personnes parlèrent de la traite du café qui devait commencer dans deux mois, évoquèrent le Ramadan* qui approchait inexorablement. A. Koné, 1980 : 31. Il faut que je rentre après la traite. Il faut que j'ai suffisamment d'argent pour l'épouser. A.Koné, 1980 : 85.

LOC.: faire la traite.

b) Par glissement métonymique, période durant laquelle s'effectue cette commercialisation. Nous sommes déjà à neuf mois de la traite passée et la prochaine n'est que dans trois mois. Kitia Touré, 1979, 69. Son appréhension était celle du paysan tirant ses seules ressources de la vente de ses produits pendant la traite qui n'avait lieu qu'une fois l'an. Oussou-Essui, 1979 : 118. Au moment de la traite, c'est-à-dire quand il vendait son café et son riz, mon cousin partageait l'argent de la récolte avec son ami de toujours qui était son associé. Deniel, 1991 : 124.

3- traite, (faire la ---- ), loc.verb. Fréq., mésolecte, fam. S'occuper de la traite. J'ai quitté le service. J'ai un Européen qui veut m'aider à faire la traite. Dadié, Min Adja-o, 1965, 98.

 

traiter, v.intr. Dispon, oral, écrit, mésolecte.

1- traiter qqun de n'importe quoi, loc.verb. Péj. Insulter qqun. Armée d'un pistolet, elle se mit à nous traiter de n'importe quoi. FM., 13.03.1980.

2- traiter à l'indigénat, loc.verb. Parfois péj. V. INDIGENAT*. Soigner selon les pratiques de la médecine traditionnelle africaine.  Il était suivi par un médecin et n'était pas traité à l'indigénat. Ivoir'Soir, 29.04.1997.

 

transafricain, adj., oral, écrit, tous milieux. Qui traverse l'Afrique. De Bobo à Ouaga, on a pris un car transafricain. Akissi Kouadio, 1983 : 10.

 

trape nenfant, n.f. Dispon., oral, basilectal, fam. ou plaisant. Bonne d'enfants. V. BOYESSE*. Les boys*, les bonnes et les "trape nenfants" ça court les rues sans se soucier de l'Office de la Main d'Oeuvre. Note : "Trape nenfant" est un mot composé par les bonnes dont la plupart, analphabètes, viennent des villages gagner leur vie en ville. Quand on leur demande ce qu'elles font, quel métier elles exercent, elles répondent souvent :"Je trape nenfant" qui est une déformation de "J'attrape enfant" ce qui signifie : je suis nurse ou bonne d'enfants. A. Touré, 1985 : 204 .

 

traper son coeur, loc.verb. V. COEUR*. Trapé ton coeur dè*, ça fait pas mal ! (BD), Ivoir'Soir, 28.29.01.1998.

 

traquet noir [à front blanc], n.m. Spéc., (faune). (Myrmecocichla albifrons Rüppel). Petit oiseau entièrement noir mat sauf le front blanc chez le mâle. Vit solitaire ou par paires dans les savanes ou éclaircies forestières. Joli chant court. Fam. des Turdidae. Serle /Morel, 1988 : 188.

 

tratra, [tratra], n.m. Dispon., (du baoulé), oral, mésolecte, basilecte. V. TARTINE*. Sorte de beignet frit à l'huile de palme. Aloko*, tratra [.] Banane* chaude, chaud, ici-o*, venez, chéris !* Anoma Kanié, 1978 : 21. Les feux s'allumèrent progressivement pour la grillade ou l'alloco*, le cracro*, le tratra, mille autres beignets. Anoma Kanié, 1978 : 297

 

travail forcé, travaux forcés, travail obligatoire, n.m. Vx., (Hist.). A l'époque coloniale, ce n'était pas une punition pour des condamnés mais une sorte de corvée imposée aux populations par les gouverneurs et parfois rémunérée, à un taux très bas. [.] les gardes-cercles dont la seule apparition de l'uniforme de drap bleu, du fusil passé en bandoulière et de la chéchia rouge semait la terreur parmi les villageois qu'ils allaient recruter pour les travaux forcés. Oussou-Essui, 1979 : 25. Les autres l'avaient battu avec la chicotte*, l'avaient fait travailler comme un forçat sur les routes du travail forcé. A. Koné, 1980 : 37. Au cours de la première moitié du siècle, les excès de la colonisation, en particulier le "travail forcé" pour le défrichement des terres des colons, soulèvent parmi la population beaucoup de rancoeurs à l'encontre de l'autorité coloniale française. Oberlé, 1983 : 38. On institua le travail forcé : à tout colon qui voulait créer une plantation*, on se mit à fournir des hommes qu'il payait plus ou moins -il était le seul juge- et nourrissait encore plus mal. FM., 18.10.1983. J'avais en horreur tout ce qu'on appelait le travail forcé. FM. 28.10.1983. Dieu bénisse l'auteur de la loi abolissant le travail forcé. FM., 14/15. 03.1984. C'était l'époque du travail forcé. On s'emparait des gens comme au temps des prises d'esclaves et on les emmenait travailler dans les plantations des Français. Naipaul, 1984 : 197. Lui a connu le Blanc au travail forcé [.]. L.B. Niamkey, 1985 : 39. Les recrutements massifs de travailleurs et le travail obligatoire, la nécessité de payer l'impôt, donc l'obligation d'en avoir les moyens, conduisent sur les routes et les pistes un nombre de plus en plus important de personnes. A. Touré citant P. Kipré, 1985 : 13. C'est le "travail forcé’’, impôt payé en prestations-travail qui, comme les colonnes punitives de la "manière forte" a laissé bien des traces dans les consciences. David, 1986 : 30. [.] l'interprète expliqua que les triés étaient désignés pour les travaux forcés. Les travaux forcés étaient la deuxième besogne qui permettait aux Noirs d'entrer dans la civilisation. Kourouma, 1990 : 61. [.] c'est lui, Félix Houphouët-Boigny qui avait réclamé et finalement obtenu l'abolition du "travail forcé". Gombeaut et allii, 1990 : 24. Il était fatigué* parce qu'il avait fait les travaux forcés. Il était parmi ceux qui ont creusé le canal de Vridi. Deniel, 1991 : 90. Le travail forcé. C'est par cette expression que nos parents, sous la colonisation française, désignaient le système de gouvernement qui prévalait [.]. Comme sous la colonisation [.] le travail forcé a un nom, travail sans salaire. Avec la dévaluation* du F CFA* suivie de l'inflation galopante, les travailleurs ivoiriens voient leurs revenus fondre à travers de multiples impôts de capitation. Le Changement, 06,08.1995. Les travaux forcés étaient les prestations obligatoires et gratuites que les autres indigènes accomplissaient chaque année pour les colons blancs. Kourouma, 1998 : 12.

DER.: travailleur forcé.

SYN.: recrutement* forcé, main* d'oeuvre forcée.

 

travailler, v.tr. Dispon., oral, écrit, mésolecte, basilecte. Se livrer à des pratiques de sorcellerie. Ses habitants ont sauvegardé au travers des siècles, envers et contre tout, la renommée d'irréductibles vaillants sorciers.[.] D'ailleurs pour bien "travailler" les esprits, les Krou de Guignonglo ont compris l'inutilité de l'eau courante car les sentiers où l'on peut faire des rencontres en allant au marigot* disparaitraient, amputant ainsi les sorciers d'une méthode de travail favorite. Bolli, 1977 : 65. On raconte que les arrivistes coupent ou font couper les têtes humaines afin que les sorciers travaillent là-dessus. I.B. Koulibaly, 1978 : 24. Elle dérégla les instruments divinatoires du saint homme et de la savante sorcière de Toukoro et put également [.] travailler le sort du roi. Kourouma, 1990 : 153.

 

travailleur, n.m. Spéc., (faune). Petit oiseau de la fam. des Ploceidae. On distingue localement le travailleur à bec rouge (Quelea quelea Linn.), facile à identifier par son masque noir et son fort bec conique rouge et le travailleur à tête rouge (Quelea erythrops Harlaub) dont la tête et la gorge sont rouge cramoisi et le bec noir. Serle /Morel, 1988 : 237-238.

 

travailleurs forcés, n.m.pl. Vx. péj. A l'époque coloniale, autochtones engagés par ordre du gouverneur et sous la contrainte, pour accomplir de dures corvées (construction de routes par ex, travaux dans les plantations des colons, etc.) pendant des périodes allant de six mois à un an, pour un salaire très bas. Tous les travailleurs forcés étaient employés tant qu'ils pouvaient servir, en général, durant des périodes allant de 6 mois à 1 an. FM., 18.10.1983. Vous avez deviné que les prestataires, les travailleurs forcés et les tirailleurs seront accompagnés de jeunes femmes solides pour cuire le mil*[.]. Kourouma, 1990 : 63. Les Français [.] une fois maîtres des réservoirs de montagnards, ne se contentèrent pas du prélèvement de l'impôt de capitation*, du recrutement des tirailleurs, des travailleurs forcés, des catéchumènes : ils réclamèrent des écoliers. Kourouma, 1998 : 21.

 

traversée du guerrier, n.f. Dispon., (récent 1995), argot des jeunes urbanisés, mélior. Nom d'un jeu de la mort pratiqué par certains jeunes et consistant à traverser, les yeux bandés, une rue très fréquentée, à une heure où la circulation des véhicules est intense. Certains intellectuels voient dans ce jeu le symbole du désespoir des jeunes face au monde actuel. N'da Tê s'envole donc pour présider ce concours mettant en scène les deux nouveaux jeux macabres de Mambo : le "Bôrô* d'enjaillement " et la "Traversée du guerrier", jeux dangereux, jeux interdits, passion de cette nouvelle jeunesse, la jeunesse du refus absolu, de la révolte absolue, la jeunesse qui refuse la société africaine d'aujourd'hui dont l'unique valeur est l'argent, l'argent acquis par tous les moyens. [.] leur deuxième jeu [.] c'est la '’Traversée du guerrier". Le héros se bande les yeux, choisit les heures et les lieux des grandes affluences, pour traverser les deux rives du néant, du chaos, du gouffre. Adé Afiaffi, 2000 : 33.

 

trembleuse, n.m. V. TORPILLE*.

 

très, adv. Fréq., mésolecte, basilecte.

1- Indique souvent l'excès et non un degré élevé. V. TROP*. [.] ne voulant pas dévoiler leurs batteries très tôt [.]. Ivoir'Soir, 07.01.1998.

2- Parfois utilisé avec un adj. contenant déjà le trait "superlativité" : tout à fait. Tu verras, c'est une sauce* très délicieuse. (Mère de famille, Abidjan, 1982). Comme on dit, personne n'est très indispensable. (Fonctionnaire, Abidjan, 1990).

3- très bien, loc.adv. V. BIEN*. Chez nous, la maman, c'est sacré. On l'aime très bien parce qu'elle fait tout* et tout pour son enfant. (Couturière, Abidjan, 1988).

 

trésor, n.m. Dispon. (tradition), mélior., sud. Richesses appartenant à la famille étendue et qu'on expose lors de certaines cérémonies dans la plupart des ethnies du Sud et du Centre du pays. Autrefois le trésor était constitué de pagnes*, bijoux et poudre d'or. Maintenant de plus en plus le trésor familial est fait de billets de banque qui gardés dans la terre ont tendance à pourrir et à s'abimer. En pays baoulé, le trésor sert au prestige de la famille. ID 13.05.1973.

 

tresser, v.int. Fréq., oral, écrit, tous milieux.

1- tresser les cheveux [de ... ], faire des tresses [à...]. K. 5 ans, tresse sa grand-mère : "Tu es très belle, Mâ, coiffée comme ça Mâ". FM., 23.04.1982. Du matin au soir, à la lumière des éclairages publics, elles tressent très tard dans la nuit. J. Guénaman Colbert, 1985 : 34.

DER.: détresser*.

2- tresser, (se faire ----), se faire faire la coiffure traditionnelle à petites tresses. Un groupe de lycéennes que nous avons surprises en train de se faire tresser. FM., 21.03. 1983. Elle est allée se faire tresser ? Chez qui ? Chez les femmes Anago ? J. Guénaman Colbert, 1985 : 33. [.] d'autres viennent se faire tresser chez nous. Fam, 29.03.1995.

 

tresseuse, n.f. Usuel, mésolecte, basilecte. Coiffeuse spécialisée dans les coiffures féminines à petites tresses. A Abidjan, ce sont généralement des femmes anago* qui exercent cette profession dans des salons spécialisés ou sur les marchés. Désormais, dans nos quartiers, les tresseuses ne sont plus rares. Aujourd'hui les tresseuses professionnelles exercent, bon an mal an, dans nos rues, à l'intérieur et autour des marchés, un art dont les secrets viennnent tout droit de nos traditions. FM., 21.03.1980. Nos jeunes filles, au lieu d'apprendre ce beau métier de tresseuse, veulent travailler uniquement dans des bureaux. J. Guénaman Colbert, 1985 : 33. Et les femmes [: anago*] dans tout cela ? Elles sont généralement tresseuses au marché, vendeuses de produits cosmétiques ou de produits plastiques. Ivoir'Soir, 17.06.1998.

 

tribalisation, n.f. Dispon., oral, écrit, acrolecte, péj. Fait de voir surgir à nouveau dans le débat national, les anciennes rivalités ethniques et un favoritisme privilégiant les liens entre membres de la même tribu ou de la même région. Pour lui [: un administrateur d'ONG] la tribalisation du débat politique constitue une réelle menace pour la paix.[.]. Ivoir'Soir, 08.04.1998. La tribalisation du débat politique chez nous est vraiment un tort parce qu'on ne va quand même pas recommencer le Rwanda chez nous. Ivoir'Soir, 26.05.1998.

ANTON.: détribalisation*.

 

tribalisme, n.f. Dispon., oral, écrit, tous milieux, péj. Etat d'esprit tendant à faire passer son appartenance à une ethnie donnée avant son appartenance à la nation ivoirienne. Attention au tribalisme. Le président Yacé a mis les coopératives en garde contre ce fléau. FM., 05.10.1972. Vous n'avez jamais entendu parler du combat que mènent les dirigeants depuis vingt ans contre le tribalisme, contre le régionalisme, contre le compartimentage des petites sociétés. Du Prey, 1979 : 172. Allons-nous parler du tribalisme ? Pas si vite ! Si nous voyons dans le tribalisme l'exploitation à des fins politiques de l'appartenance et du sentiment ethniques exacerbés depuis la période coloniale [.]. A. Touré, 1985 : 57. [.] quoiqu'il existe encore dans nos contrées passablement de gens qui s'appuient sur les désordres attribués ou non au tribalisme pour juger les Africains globalement inaptes à toute forme de démocratie. Krol, 1994 : 221. Tribalisme là c'est pas bon-o/.(Chanson "Halte au tribalisme". Groupe Les potes de la rue, corpus T., 1994). Combattre l'exclusion, le tribalisme, le fanatisme. FM., 08.03.1995. [.] le président semblait lutter en martelant dans ses discours sa crainte d'un renouveau du "tribalisme, de l'exclusion, du fanatisme religieux". Jeune Afrique, 13/22.03.1995. Il s'agir de préserver l'ivoirité* contre toute force endogène qui pourrait remettre en cause l'unité nationale à savoir le tribalisme, le régionalisme, l'immigration incontrôlée. Soir Info, 08.05.1996. Et le tribalisme croissant [.] porte inévitablement atteinte à l'unité et à l'indivisibilité du pays. Ivoir'Soir, 05.11.1997. Ceux qui s'amusent avec le tribalisme doivent être condamnés. Ivoir'Soir, 22.12.1997. Le tribalisme n'est pas possible parce qu'aucune tribu n'est capable d'imposer éternellement son hégémonie à tout le peuple de la Côte-d'Ivoire. Ivoir'Soir, 26.05.1998. Parce que vous cultivez le tribalisme, vous pensez qu'on ne peut qu'être aux côtés de ses parents, de son groupe ethnique. Nokan, 2000 : 133.

DER.: détribaliser*, tribalisation*, tribaliste*.

 

tribaliste, n.m., adj. Dispon., oral, écrit, péj.

1- n.m. Personne qui fait passer son appartenance ethnique avant son appartenance à la nation ivoirienne. De l'Ouest au Sud, il y a quand même un pas, pas qui n'est d'ailleurs pas si vite franchi par ces tribalistes que sont les ethnies du littoral. R.Yaou, 1999 : 92.

2- adj. Qui favorise ou encourage le séparatisme ethnique. Jusque là il avait bénéficié du soutien de cette région à travers un message tribaliste [.]. Makoun'Zué, 07.03.1995.

 

tribunal coutumier, n.m. Spéc., (tradition). Tribunal qui juge causes et litiges selon le droit qui se dégage de la coutume spécifique ancestrale. Les crimes de sorcellerie peuvent relever non de la justice institutionnelle mais de tribunaux coutumiers. Ils ne siègent cependant que pour juger les cas dénoncés par suffisamment de monde. Krol, 1994 : 85.

 

tricher,v. Dispon., oral, mésolecte, basilecte, fam., péj.  

1- tricher, tromper. Si tu me triches, tu le paieras cher ! (Etudiant, Abidjan, 1990).

2- tricher [avec qqn], tromper [avec qqun], commettre l'adultère [avec qqun]. Avait-il battu sa concubine par jalousie pensant que le canari* provenait d'un soupirant herboriste*qui trichait* avec Z.L ? FM., 05/06.01.1980.

3- tricher sur qqn, en milieu scolaire, copier. C'est lui qui a triché sur moi et le maître nous a punis tous les deux. C'est pas juste. (Elève), Bouaké, 1983).

 

trigle, n.m. V. GRONDIN*.

 

trimbaler ses couilles, loc.verb. Argot urbain, vulg. « Glandouiller », s’agiter pour rien. Ouais ! C'est très fatigant dans la mesure où vous pouvez passer une journée à trimbaler vos couilles par-là sans avoir quelqu'un pour venir faire des papiers. A. Touré, 1985, 163.

 

triticole, n.m. Spéc., (agriculture). Hybride de blé et de seigle. Le triticole qui est un hybride de blé (triticum) et de seigle (sécole) possède sur les variétés de blé à haut rendement, l'avantage de s'adapter à certains sols tropicaux acides. FM., 19.01.1981.

 

trofai, [trCfD], n.m., V. SAUCE*-GRAINE*. Du nouveau pour la ménagère, de la sauce graine* en boîte (trofai). FM., 30.01.1981.

 

trois pièces, n.m. pl. Fréq., oral, écrit, tous milieux, mélior. Tenue masculine de type occidental, composée d'un pantalon, d'un veston et d'un gilet de même tissu, habillement inadapté au climat mais considéré comme le symbole de l'homme qui a réussi. Se disent hommes d'affaires ces messieurs que l'on rencontre chaque jour, étouffant dans leurs trois pièces, grosses serviettes noires à la main. ID. 23.02.1975

 

trois V, n.m.pl. Dispon., argot urbain, plaisant. Expression symbolisant le but des jeunes femmes modernes urbanisées : séduire un vieux (V. GROTTO*) qui leur offrira villa et voiture. Le mythe des trois V. : Vieux, Villa, Voiture guide leur choix. En effet la légende atteste qu'à un certain âge : Vieux, on possède une assise matérielle indiscutable : Villa  et on joint l'agréable à l'utile: Voiture. ID, 27.11.1983.

 

trôler, v.intr. Argot estudiantin, oral, fam. Terme propre au football (: remise en jeu à partir de la touche) et déplacé au contexte du restaurant universitaire. L'étudiant qui passe par-dessus les autres pour pénétrer dans le restaurant universitaire, est tout simplement projeté à l'intérieur...ou à l'extérieur. Pour ces combattants, la seule façon de ne pas se faire trôler, c'est de réussir une bonne intégration* entre deux alliés*. Campuslexique, 1978 : 2.

 

trompe, n.f. Spéc. (tradition). Instrument à vent traditionnel très répandu. Les Sénoufo, ont sept types de trompes dont par ex. la trompe traversière de très grande taille. Certaines sont confectionnées dans des défenses d'éléphant (V. POINTE*) ou des cornes d'antilopes (V. CORNE*). C'est les cas des trompes, qui sont en ivoire dans le Sud et en bois plus au Nord, mais forment dans les deux cas des ensembles jouant selon la technique du" hoquet" : chaque instrument ne pouvant produire qu'un son, le musicien n'intervient qu'au moment où ce son doit être entendu. Oberlé, 1983 : 94.

 

trop, adv. Fréq., oral. écrit, mésolecte, basilecte.

1- Indique le haut degré sans idée d'excès ou d'exagération : très, beaucoup. Tu as trop de chance et tu dois en profiter !" Et l'excroc de prédire à l'infirmier une vie en rose. A une condition, offrir un grand sacrifice à Mamy Water*, le génie* protecteur des eaux. FM., 22.03.1980. Ma joie est trop grande dans la mesure où à Daloa, nous avons voté pour un seul candidat. FM., 02.12.1980. "C'est ce qui m'a trop découragée ! FM., 30/31.01.1982. Dès que le marabout* l'a vu, il lui a dit :"Tu as trop de chance et tu peux être très riche !" FM., 22.02.1983. Eléphants trop fort : l'équipe nationale enlève la coupe CEDEAO*. FM 21.12.1983. [.] superkankankan *dont le dessin est des plus suggestifs "C'est quoi*? Ah ça... C'est trop* vilain... on dit pas ô.*... David, 1986 : 113. J'ai eu un professeur d'histoire qui nous disait que si on n'avait pas été colonisés, l'Afrique serait trop avancée aujourd'hui. Krol, 1994 : 40. [.] je fréquente présentement* l'Assemblée de Dieu, ça me plaît, on lit trop sérieusement la Bible et on se confesse devant tout le monde. Krol, 1994 : 87. Quand nous rentrons [.] nous passons un long temps à parler de l'idole des Ivoiriens à Accra, Jerry John Rawlings."Il est trop beau !" disent les Ivoiriennes."Il est vraiment bien" disent les Ivoiriens. Ivoir'Soir, 02.09.1997. Ah mes amis, c'est trop doux* les chats, nous on les mange. Ivoir'Soir, 03.12.1997. Quand mon bras a braisé*, maman a trop pleuré, a trop gonflé la gorge et la poitrine avec des sanglots. Kourouma, 2000 : 18. [.] par chance Yacouba alias Tiécoura était absent quand les policiers ont fouillé et ont trouvé chez lui trop de valises pleines de billets de banque volés. Kourouma, 2000 : 44.

2- trop fort, traduit un degré d'étonnement très important : tout à fait extraordinaire, absolument surprenant. Il s'est présenté aux policiers comme étant "un maître-chanteur trop fort même". Ivoir'Soir, 13/14/15.03.1998. Mais Bidjan-là-même* c'est trop fort : on lui a mis une machine dans les mains, lui qui ne sait que planter le manioc ! Tierno Monenembo, 1993 : 38.

3- trop même, traduit une valeur superlative avec idée d'exagération : excessivement, vraiment beaucoup trop. 5 f., c'est trop même ! Jano, 1987 : 22. Comme d'habitude, ils ont aussi donné les nouvelles* du village :"Ca va mal. Trop même" a dit Alexis. Gombeaut et alii, 1990 : 97. Un jour un prof a remarqué que mon kaki* était sale, trop même*. Krol, 1994 : 37. [.] elle cherchait* les garçons, trop même. Krol, 1994 : 41. Elle souffrait, trop même*. Krol, 1994 : 61. Il aime cet enfant, trop même et il me respecte parce qu'il voit que je m'en occupe le mieux possible. Krol, 1994 : 75. Donc c'est loin. Trop même, comme disent les Ivoiriens pour "très", "beaucoup" ou "beaucoup trop". Krol, 1994 : 106. Il s'est retrouvé derrière les quatre murs parce qu'il parle trop. Trop même. Ivoir'Soir, 03.06.1998.

4- trop (être ----), loc.verb.. Etre de trop. Mais ceux-ci [: les Wè] ajoutent que pour une femme non excisée, son affaire de garçon [: son clitoris] est trop*. Ivoir'Soir, 23.06.1997.

 

- trottoir, n.m. Fréq., oral, écrit, mésolecte, basilecte. Entre dans la composition d'un certain nombre de noms :

1- librairie-trottoir, V. LIBRAIRIE*-TROTTOIR.

2- pharmacie trottoir, V. PHARMACIE*-TROTTOIR.

3- pharmacienne-trottoir, n.f. V. PHARMACIENNE-TROTTOIR.

4- radio-trottoir, V. RADIO*-TROTTOIR.

 

troué (être ----), loc.verb. Dispon., mésolecte, basilecte, péj. Etre dévalué, avoir perdu beaucoup de sa valeur antérieure. Ces étudiants qui estiment, selon leur propre expression, que leur bac est "troué". FM., 23.02.1993.

 

troutrounon, [trutrunT], n.m. ( du baoulé "fouiller dedans"). V. ADONKAFLE*.

 

truite de mer, n.f. V. CARPE* BLANCHE.

 

trypanosomiase [africaine], n.f. Spéc., (santé). Maladie du sommeil due à la Trypanosoma gambiense, ou T. rhodiense transmise à l'homme par la piqûre de la mouche* tsé-tsé ou glossine. Mis à part deux vieilles maladies endémiques (lèpre et paludisme) il faut également citer d'autres comme la bilharziose*, la trypanosomiase et l'onchocercose* qui se répandent de plus en plus. FM., 23.12.1980. Trypanosomiase : déterminer les facteurs humains de la transmission. FM., 20.01.1982. Le Service des "grandes endémies" est spécialisé dans la lutte contre le paludisme, la tuberculose, la lèpre, la trypanosomiase, la bilharziose*, l'onchocercose. Oberlé, 1983 : 64. Mazer /Sankalé, 1988 : 491

COMP.: trypanotolérant*.

SYN.: maladie du sommeil (hommes), nagana*, maladie de la tsé-tsé*(animaux), trypano.

 

trypanotolérant, adj. Spéc., (santé). Se dit d'un animal qui est résistant à la maladie du sommeil. Les méthodes d'élevage utilisent le pâturage naturel pour la production de géniteurs trypanotolérants de race n'dama*. FM., 24.02.1982.

 

tsé-tsé, tsétsé, tsé tsé, n.f. Spéc., (Santé), (des l. bantou). Mouche du genre glossine transmettant la maladie du sommeil ou trypanosomiase. Dans la forêt d'Agossé où pullulent les magnans*, les tsétsé et les fauves affamés. Coffi Gadeau, Adjo Bla. 1973, : 13. L'agent vecteur est une mouche du genre glossine appelée tsé-tsé en bantou. FM., 05.01.1981. Il n'est guère possible d'accrocher la production agricole dans les régions infestées par la tsé tsé. FM., 17.06.1981.

SYN.: mouche* tsé-tsé, glossine.

 

tuer, v tr. Fréq., oral, écrit, mésolecte, basilecte.

1- Au sens métaphorique : nuire gravement à qqun, perdre. Mais vous savez que nous les femmes, ce sont les garçons qui vont nous tuer. Le garçon qui vient te trouver en te disant : "Ma soeur*, je vais t'épouser, te nourrir et faire tout* pour toi", peut te faire tout laisser tomber. FM., 30/31.01.1982. Ils [: les taximen*] s'organisent pour tuer le touriste avec des tarifs extrêmement élevés. FM., 05.10.1982. Au départ nous avions cru qu'elle intercédait en notre faveur mais au contraire, c'est elle qui nous tuait. Elle appuyait sa mère et l'encourageait à ne pas céder. Akissi Kouadio, 1983 : 88. Affaire de sèque va tuer l'homme dans Codivoire*. (: Les problèmes de chèques vont ruiner les gens en Côte-d'Ivoire, Gaudio /Roekeghem, 1984 : 131). Maintenant que papa a eu son matos*, c'est Anglais qui va nous tuer dans maison là. (: Maintenant que Papa a reçu son matériel, c'est l'anglais qui nous casse les oreilles dans notre maison., Y. Konaté, 1987 : 10). Le monde est gâté*. Les enfants nous ont tués. Ce n'est pas normal que nos traditions se dégradent de cette manière. Ivoir'Soir, 02.09. 1992.

2- tuer des sacrifices, loc.verb. Sacrifier un animal, offrir en sacrifice. [.] tuer immédiatement un sacrifice. Kourouma, 1970 : 71. Il cria au secours, tua des sacrifices [.]. Kourouma, 1990 : 89. Je tuerai les sacrifices expiatoires indispensables. Kourouma, 1990 : 155. Ils tuèrent les sacrifices. Kourouma, 1998 : 272.

4- tuer en sorcellerie, loc.verb. Provoquer le décès d'une personne par des pratiques de sorcellerie. Anseantché est capable, même s'il ne te tue pas publiquement ou en sorcellerie, de te laisser mourir en prison. J. Guénaman Colbert, 1985 : 47. Sauf quand le défunt est un vieillard mais encore faut-il qu'il s'éteigne en douceur et qu'il n'ait pas d'ennemi susceptible de le tuer en sorcellerie selon l'expression consacrée. Krol, 1994 : 85. Ce demi-frère est mort peu après et mon père a été accusé de l'avoir tué en sorcellerie par empoisonnement pour se venger. Krol, 1994 : 86. On a su plus tard que c'est ma tante qui l'a tué en sorcellerie. Krol, 1994 : 87.

5- tué, (être ---- de qqun), loc. verb. Argot estudiantin, oral, fam. Etre amoureux fou de qqun. Nombreux sont les bians* qui sont tués d'elle sur le campus. Campuslexique, 1978 : 9.

6- ça tue l'homme, loc. Dispon., basilecte, péj. Expression populaire signifiant : c'est toxique, c'est mauvais pour la santé ou même c'est trop fatigant. Les examens, ça tue l'homme. (Etudiant, Abidjan, 1984). Pastis, ça tue l'homme. (: le pastis est mauvais pour la santé, Fonctionnaire, Abidjan, 1990).

 

tuibésso, touibésso, [twibeso], n.m. V. BAPHIA*.

 

tulipier [du Gabon], n.m. Spéc., (flore). (Spathodea campanulata Beauv.). Bel arbre forestier de la fam. des Bignoniacées, au bois blanc très tendre et dont l'écorce a des utilisations thérapeutiques. Il est surtout caractérisé comme arbre décoratif en raison de ses grandes fleurs d'un rouge éclatant. [.] le port magnifique de quelque tulipier du Gabon reconnu dans le lointain à ses fleurs écarlates. Kerharo /Bouquet, 1950, b : 9. Roberty, 1954 : 281. Adjanohoun /Aké Assi, 1979 : 53. [.] ou les tulipiers du Gabon, aux éclatantes fleurs rouge vermillon. Conte, 1981 : 19. Un tulipier en floraison, magnifique arbre couvert de corolles rouges. Oberlé, 1983 : 21.

SYN.: arbre-flamme*, biébié (baoulé) boro (abé), gbagbihia (ébrié), tounda (mandenkan).

 

tunga, tounga, [tunga], n.f. V. CHIQUE*, PUCE* CHIQUE.

 

turbanné, adj. Dispon. écrit, oral. Coiffé d'un turban, enturbanné. [.] des marabouts* turbannés [.] Kourouma, 1970 : 146.

 

turbot, n.m. Spéc. (faune).

1- Poisson de mer de la fam. des Bothidae au corps ovale, comprimé et senestre. Les deux espèces les plus communes : Syacium micrurum Ranzani : turbot et Bothus podas africanus ou petit turbot africain n'ont pas d'intérêt commercial. Seret /Opic, 1981 : 360-363.

2- turbot tropical, (Psettodes belcheri Bennett). Poisson de mer de la fam. des Psettodidae au corps ovale et épais, indifféremment dextre ou senestre et dont la face pigmentée est brunâtre avec des taches et marbrures plus foncées. Seret /Opic, 1981 : 356

ENCYCL.: le vrai turbot (Rhombus maximus), très différent, ne vit pas dans les eaux africaines.

SYN.: flétan de Mauritanie.

 

turista, tourista, [turista], n.f. Spéc., (Santé), (de l'espagnol du Mexique) . Diarrhée des voyageurs dont l'origine bactérienne reste discutée. Gentilini /Duflo, 1977 : 544.

 

turnix d'Afrique, n.m. Spéc., (faune). (Turnix sylvatica Desfontaines). Petit oiseau terrestre à trois doigts qui vit dissimulé dans l'herbe de la savane. Par la taille et l'allure générale, il a une certaine ressemblance avec la caille. Serle /Morel, 1988 : 90.

SYN.: caille*.

 

tuteur, n.m. Usuel.

1- Personne chez laquelle réside un élève quand sa famille habite trop loin de l'établissement scolaire. Il n'y a généralement pas de relation de tutelle au sens juridique. Il faut lui trouver une place à l'école de la ville et aussi un bon tuteur, un homme chez qui il ne soit pas converti en boy*. A. Koné, 1980,: 18. On confie donc l'enfant à un tuteur qui, le plus souvent, se trouve n'être qu'un parent très éloigné presqu'un inconnu ou même une vague connaissance. Il y a aussi des tuteurs qui profitent de cette situation des élèves pour s'enrichir. Ils tiennent une sorte de cour* où atterrissent des enfants de divers horizons et perçoivent de l'argent des parents. FM., 20.05.1981. Un foyer d'accueil pour les élèves sans tuteurs à Bingerville. FM., 15/16.05.1982. Les [: les élèves] voilà obligés de rester chez des tuteurs* qui leur demandent un sac de riz par mois. FM., 15.10.1982. Les tuteurs ? Ce n'est pas facile de trouver quelqu'un qui accepte d'héberger un ou plusieurs élèves à la fois. FM., 17.11.1983. Les personnes qui logeaient les filles arrivant de l'intérieur faisaient aussi problème, cars ces tuteurs n'avaient pas toujours de bonnes intentions. Akissi Kouadio, 1983 : 41. Ceux dont les parents ne vivent pas dans la ville où ils étudient - la grande majorité - doivent avoir un tuteur. C'est impératif ; pas de tuteur, pas d'inscription. Les élèves, notamment ceux des petites classes, habitent souvent chez lui, mais pas toujours et quand c'est le cas, le logement n'est pas toujours gratuit, même s'il se réduit à peu de chose, la nourriture non plus car l'hébergeant peut être aussi démuni que l'hébergé. Krol, 1994 : 63. Le tuteur était l'homme au service de qui l'élève, venu de la brousse*, se mettait tacitement pour obtenir en échange sa nourriture. Oussou-Essui, 1999 : 152.

2- Employeur clandestin d'enfant. Toujours est-il qu'un réseau de "tuteurs" ou "locataires"* attendent les enfants à un endroit de la ville connu des deux parties. [.] Chaque enfant valide est cédé à son "tuteur" pour 20 000 francs. Ivoir'Soir, 15/16/17.05.1998.

SYN.: locataire*.

3- Personne qui héberge gratuitement quelqu'un. Pour le moment, il est obligé de vivre chez un tuteur, séparé de son épouse et de ses cinq enfants. FM., 03.04.1984.

 

tutrice, n.m.ou f. Spéc., (administration). Mère d'adoption, femme qui accepte de prendre à sa charge, moyennant quelques petits travaux ménagers, un enfant qui, pour diverses raisons n'a plus de parents (orphelin, fugitif, enfant des rues, etc.). A l'époque, on imposait souvent à la jeune fille un fiancé qui était parfois beaucoup plus vieux qu'elle, alors elle n'en voulait pas et allait se réfugier chez les soeurs. [.] Il y avait donc beaucoup de filles à la mission * et il arrivait que des chrétiens s'adressent aux soeurs pour avoir une fille qui les aide à la maison. La personne qui prenait ainsi une fille à sa charge en devenait la tutrice. Akissi Kouadio, 1983 : 16, note 15. Ils ont décidé, en raison des lois de la famille chez les Malinkés, que ma tante était devenu, après la mort de ma maman ma seconde mère. La seconde mère est appelée aussi tutrice. C'était ma tante, ma tutrice, qui devait me nourrir et m'habiller et avait seule le droit de me frapper, injurier et bien m'éduquer. Kourouma, 2000 : 36.

 

tuyau, n.m. Dispon., argot urbain. Bière à la pression. Quand son Libanais de patron descend au sous-sol [.] le barman nous consent un crédit ou nous offre une tournée de "tuyaux" c'est-à-dire de bière à la pression. Tierno Monenembo, 1993 : 44

 

T.V., n.f. Argot estudiantin, oral, fam.

1- TV noir et blanc, péj. Fille à la peau de couleur noir foncé. V. TEINT* NOIR. Kouadio n'a pas à se lancer dans toute cette bataille en vue de l'obtention soit d'une T.V. noir et blanc, soit d'une T.V. couleur*, sa titulaire* (ou titus*) est là*. Campuslexique, 1978 : 9.

2- T.V. couleur, n.f. mélior. Fille à la peau relativement claire. V. TEINT* CLAIR. Sa titus* est une T.V. couleur. (Etudiant, Abidjan, 1982).

 

tyapalo, n.m. V. TCHAPALO*.

 

tympaniser, v.tr. Dispon., lettrés. Casser les oreilles, assourdir. Comme s'il était dans une maison de sourds, il sonne sans discontinuer contre toutes ses habitudes jusqu'à ce que le gardien tympanisé vienne lui ouvrir la lourde grille. Adé Adiaffi, 2000 : 176.

 

tyologo, [tjologo], n.m. V. PORO*. Ceci dit, la sortie* des Tyolobélé, des grands gaillards de 25 à 30 ans, du troisième cycle "tyologo" constitue une explosion de joie collective qui s'appelle "kafo" et qui est en somme la"quille" des militaires ou la cérémonie de fin d'une promotion. David, 1986 : 103.

 

type, n.m.

1-  V. GRAND* TYPE. Les grands grands types qui connaissent la France disent que c'est comme à Paris. Oussou-Essui, 1979 : 8. Comme tu es un grand type, aide-moi à trouver un job pour constituer mon capital. Ivoir'Soir, 07/08.05.1997.

2- V. FAUX* TYPE. Monsieur le marabout* ne paye pas son loyer. Faux type donc sur tous les bords. Ivoir'Soir, 03.06.1998.

 

typhus de brousse, n.m. Spéc., (Santé). Nom courant du typhus murin, maladie transmise à l'homme par la puce du rat. Elle se traduit par une forte fièvre, des courbatures douloureuses et une éruption cutanée sur tout le corps. Mais le typhus de brousse guérit sans traitement en deux semaines et disparaît en deux jours s'il est traité. Mazer /Sankalé, 1988 : 450.