LE FRANÇAIS EN AFRIQUE
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du Français Contemporain en Afrique Noire

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N°31 - 2017
Les « francophonies » africaines : bilans et perspectives
Sous la direction de Valentin Feussi
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Introduction

Articles


Valentin FEUSSI et Didier de ROBILLARD, « La francophonie » : prolégomènes à une perspective de la réception

L’histoire actuelle de la francophonie est écrite selon un point de vue majoritairement européen et diffusionniste, privilégiant ainsi le point de vue de puissances colonisatrices et / ou dominantes. Cette réflexion vise à proposer un autre angle de présentation, celui de tous les acteurs de la francophonie, en diversifiant les points de vue. Dès lors, on considérera la diversité (couramment décrite en francophonie sous la forme d’une multiplicité quantitative de langues et de cultures) sous un angle qualitatif en ce sens qu’elle est constitutive de l’humain et se décline à partir de relations, d’enjeux. Notre propos visera à proposer une perspective de réception de la francophonie. Il s’agira de privilégier une centration sur le comprendre selon des perspectives phénoménologiques et herméneutiques pour problématiser pertinemment différentes hétérogénéités en francophonie, mais surtout de réfléchir à des schémas, plus éclatés que les typologisations habituelles, qui la pluralisent : le dynamisme de la francophonie dépendra alors de notre capacité à la percevoir comme un cadre prioritairement pluriel, humain, fait de contradictions et de tensions.
Mots clés : francophonie, typologies, histoire, réception, diversité.


Venant ELOUNDOU ELOUNDOU, Les recherches sur le français au Cameroun : bilan critique et perspectives analytiques

Cette réflexion interroge les approches méthodologiques et les différents axes d’études adoptés pour l’analyse du français au Cameroun. Sur la base d’une exploration documentaire, nous avons esquissé l’origine du français camerounais, les matrices analytiques différentielles (lexicologie, lexicographie et morphosyntaxe), les phénomènes de contact de langues ainsi que les orientations glottopolitiques et didactiques souvent privilégiés par des chercheurs. Ce bilan critique nous a conduit à postuler que l’on pourrait analyser le français au Cameroun autrement, au regard des mutations multiformes et des défis de l’heure. à cet égard, les approches écologisantes (la linguistique de discours) et interventionnistes (politiques linguistiques et éducatives) et la mutualisation des chercheurs constituent les points essentiels sur lesquels devraient reposer l’étude du français, pour une gestion et un fonctionnement efficaces des langues au Cameroun.
Mots clés : contextualisation, interventionnisme, sociolinguistique, système, technolinguistique.


Rada TIRVASSEN, Les français régionaux et les World Englishes : comment éviter une sociolinguistique du locuteur natif

Cet article n’aborde pas directement la question de la recherche sur les francophonies en contexte africain. S’appuyant sur une mise en parallèle des grands traits concernant les travaux consacrés aux FR et aux WE, il veut identifier une des pistes qui pourraient alimenter la réflexion sur la posture que les chercheurs impliqués dans les études sur les francophonies africaines pourraient adopter. Une première lecture de ces études a mis en évidence le poids des outils conceptuels issus des courants théoriques dominants des sciences du langage : dialectologie, linguistique historique et comparée, structuralisme et sociolinguistique. Toutefois, une étude de quelques interprétations innovantes offertes par certains linguistes francophones a montré l’importance d’un changement de paradigme épistémologique ainsi que celle de la vision ontologique adoptée par le chercheur. Si suivant Lyotard on considère que le chercheur soucieux du respect des principes éthiques doit commencer par offrir une agentivité au locuteur plutôt que de le placer dans un système ou une structure sociale, il faut alors dire que la recherche sur les francophonies comme toutes celles qui s’inscrivent dans les sciences dites humaines devraient interroger la vision idéologique qui guide le chercheur dans la manière dont il interprète les phénomènes sociaux. Il s’agit là d’un questionnement qui pourrait constituer le préalable à des recherches sur les francophonies en contexte africain.
Mots clés : francophonies, français régionaux, World Englishes, fondements épistémologiques, principes éthiques.


Ali BECETTI, Hétérogénéités linguistiques et expériences de francophonies en Algérie : faut-il (encore) continuer de « croire » à l’alternance codique ? (pour) un point de vue phénoménologique-éthique

Depuis l’essor de la théorie de l’alternance codique, soit approximativement depuis les années 1980, la situation sociolinguistique algérienne ambiante est souvent décrite en termes de conceptualisations codiques. En revisitant brièvement cette période, l’auteur montre que derrière les usages scientifiques faits de l’alternance codique, il y a tout un schème métaphorique reposant sur l’idée de « code », qui aurait vraisemblablement conduit à des associations mécanistes et causalistes entre variété/fonction discursive. Il argumente ensuite, à partir de quelques travaux algériens visibles sur la question, le fait que l’approche généralement adoptée est basée sur un arrière-plan épistémologique sémiotiste et empiriste non explicité, qui érige les observables sociolinguistiques en signes, et en fait le seul régime de production de sens.

L’auteur propose, par contraste, de réfléchir sur la diversité linguistique en partant des démarches phénoménologiques et herméneutiques (PH). Il en arrive à conclure que la compréhension des autres ne passe pas prioritairement par des signes mais aussi à travers des expériences, des ancrages historiques, socio-biographiques, des projections, etc. Cela a sans doute des conséquences épistémologiques, politiques et éthiques fondamentales quant au statut du sens en sociolinguistique en général, à la façon de voir et concevoir les langues et, en définitive, à la manière de penser la francophonie en Algérie et en Afrique.
Mots clés : alternance codique, hétérogénéité linguistique, expérience, sens, francophonie.


Marie-Laure TENDING, « Je ne suis pas francophone ! Je suis sénégalais ». De quoi « francophone » est-il donc le nom et « francophonie » le dénominateur commun ?

Cette réflexion s’inscrit dans une perspective qualitative herméneutique accordant une place primordiale aux expériences des personnes et à l’historicité des processus et des phénomènes sociaux innervant ces expériences. Elle repose sur une recherche interrogeant la construction des identités linguistiques dans les trajectoires migratoires et le processus d’intégration de migrants africains plurilingues, dont les parcours de vie s’inscrivent dans les espaces francophones pluriels et diversitaires que constituent l’Afrique subsaharienne, la France hexagonale et l’Acadie du Nouveau-Brunswick. Elle donne ainsi à voir des environnements sociolinguistiques différents, au regard du statut divergeant que le français revêt dans chacun de ces espaces, fruit d’histoires (coloniales) diverses. Est ici questionné le sentiment d’identité francophone, non donné d’avance, et apparaissant comme résolument contingent, au regard des divers positionnements adoptés par les personnes, en fonction des enjeux perçus dans chaque situation.
Mots clés : francophonies, Acadie du Nouveau-Brunswick, Afrique noire francophone, historicité, histoires langagières, parcours migratoires, positionne- ments identitaires, altérités.


Téclaire Félicité EPONGO, Plurilinguisme et enseignement du francais : réflexions sur la place du pidgin-english dans la zone anglophone du Cameroun

Le Cameroun est un pays plurilingue, dans les usages et les pratiques. L’école camerounaise, néanmoins, comme le reste de l’administration publique, pratique une politique de bilinguisme quasi-exclusif. Malgré les réformes éducatives de 1998 qui préconisent l’introduction des langues locales à l’école, celles-ci ont du mal à s’y faire une place. Leur multiplicité a très souvent été désignée comme la principale responsable de cette stagnation. Dans la partie dite anglophone du Cameroun, l’univers sociolinguistique est dominé majoritairement par le pidgin- english, principal vecteur de la communication, avec diverses fonctions dans le quotidien des populations. Parler identitaire pour certains de ses locuteurs, ce parler n’a pourtant aucun statut officiel, du fait des représentations négatives à son sujet.

Cet article vise à réfléchir, sur la base des observables et des réflexions sur la didactique des langues en contexte plurilingue, à la possibilité de didactiser le pidgin-english pour un éventuel rôle de langue d’appui à l’appropriation du français par les anglophones camerounais ; ce qui favoriserait une prise en compte de l’apprenant dans toute sa globalité.
Mots clés : langue, pidgin-english, Cameroun, didactique du plurilinguisme, représentations, fonctions des langues.


Cristina SCHIAVONE, Les mots du patrimoine au Sénégal. Une perspective lexiculturelle pour une francophonie africaine diversitaire de facto et de jure

L’analyse d’un échantillon de lexèmes tirés du répertoire Les Mots du patrimoine : le Sénégal (2006), selon une perspective lexiculturelle, a révélé la richesse et la vitalité de la culture plurielle de l’expérience quotidienne des locuteurs sénégalais ; richesse que souvent les institutions ne prennent pas en compte dans les politiques d’aménagement linguistique. Les résultats de cette analyse mettent en perspective des expériences langagières qui, si elles étaient reconnues par les insti- tutions, réduirait l’écart entre pratiques langagières et politiques linguistiques.
Mots clés : plurilinguisme, lexiculture, francophonie diversitaire, politique linguistique, patrimoine.


Camille Roger ABOLOU, Les marqueurs discursifs en français populaires africains : complexité syntaxique, complicité situationnelle et cognition

Les marqueurs discursifs des français populaires africains (allant des français parlés aux argots) sont divers et variés. Ils ont fait l’objet de plusieurs recherches diverses et variées, tant à l’écrit qu’à l’oral, au Burkina Faso (Drescher, 2012), au Cameroun (Drescher, 2013), en Côte d’Ivoire (Abolou, 2010, 2008 ; Ploog, 2001), au Congo-Brazzaville (Ngamoutsika, 2013), etc. pour montrer leur complexité lin- guistique et dévoiler en dernière instance leur complicité sociolinguistique. Certains auteurs comme Manessy (1995) ont même indiqué de les étudier dans le cadre de la sémantaxe, synthèse intelligente de la sémantique, de la pragmatique et de la syntaxe qui est morte d’elle-même par manque d’outils théoriques et méthodo- logiques adéquats. Ces marqueurs sont des résistants de la linéarité qui expriment à la fois la vivacité et la dynamique du français en Afrique, dénotent une référentialité situationnelle « excessive » qui entrave leur saisie objective. Appelés diversement grammèmes, pragmèmes, onomatopèmes, etc., ils se constituent comme des opéra- teurs cognitifs, incarnés ou situés, pour donner à voir des territoires aléthiques partagés démesurément par les locuteurs. Dès lors, ils convoquent la linguistique générale de type cognitif qui mêle la pragmatique, l’énonciation, la sociosémiotique, l’analyse conversationnelle, etc., plus précisément dans une théorie empiriste de la connaissance où le cognitif est réduit à des processus inférentiels. Les marqueurs du FPA fonctionnent ainsi comme des heuristiques, structures de connaissance apprises et enregistrées dans la mémoire des usagers.
Mots clés : marqueur, situation, linéarité, cognition, inférence.


Valentin FEUSSI, Penser autrement les francophonies : articuler histoires et expériences dans la compréhension des langues

Les différentes approches de présentation de s situations de francophonies africaines, telles qu’elles apparaissent dans ce volume, comprennent deux tendances globales : les approches analytiques et les approches fondées sur la diversité et l’histoire que sont les perspectives phénoménologiques et herméneutiques (PH). Ces dernières paraissent avantageuses en tant que piste à explorer pour comprendre les francophonies sans se limiter aux approches analytiques et institutionnelles habi- tuelles. Non seulement les perspectives PH les englobent, mais elles s’ouvrent à d’autres phénomènes qui donnent l’occasion de proposer une compréhension (des langues) de la francophonie située(s), en rapport avec des projets de personnes morales ou physiques. Ces francophonies, désormais historicisées – expériencées, apparaîtraient dès lors comme des cadres où les sens seraient désormais explicites car portés par des interprètes qui en assument la responsabilité et qui permettent des confrontations / comparaisons avec d’autres interprétations. En ce sens, la diversité en francophonie cesserait d’être une simple déclaration d’intention.
Mots clés : francophonies, diversité, histoire, institutionnel, langues.


Résumés de Thèses
Résumés des Articles
N°31 - 2017