Mes recherches se situent dans le champ de la stylistique. Je travaille principalement sur des textes littéraires des XX et XXIe siècles (Claude Simon, Beckett, Céline, Aragon, Giono, Ernaux, Bon, NDiaye).
Axes de recherches :
1. Développement d’une stylistique cognitive de la phrase. Recours aux concepts de la psycholinguistique cognitive pour rendre compte des « états de lecture » suscités successivement par la forme des phrases, et plus ou moins informés par la mémorisation, la réanalyse et la projection.
2. Histoire de la phrase française au XX et XXIe siècles : travail sur les évolutions syntaxiques et leurs contextes d’apparition, dans les discours littéraires mais aussi les correspondances privées, les textes publicitaires...
3. Étude des figures de discours
selon une approche énonciative (notamment de la réduplication, dont j’ai proposé une modélisation énonciative, en la reliant à des fréquences dans l’histoire de la langue littéraire)
selon une approche psycholinguistique, notamment des figures de construction (tmèse, apokoinou...)
4. Etude énonciative des textes littéraires : notamment, façon dont le jeu dialogique des points de vue sert des représentations contradictoires ou ambiguës (Simon, Aragon).
La liste de mes publications est consultable dans le menu de droite ("documents").
Loxias, 2023, Autour des programmes d'agrégation 2023, 79
annee_publi
2023
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Ce commentaire stylistique porte sur la dernière des « épiphanies » que vit le narrateur dans Le Temps retrouvé. La réminiscence qui permet de ressusciter le temps perdu est cette fois déclenchée par un livre, François le Champi, livre idéal du temps de l’enfance. La théorie de la réminiscence se développe dans un texte qui emprunte ses caractéristiques génériques à la fois au récit et à l’essai, et qui met ainsi la pensée en mouvement dans le temps. Par la récurrence des structures binaires, le texte décline les deux aspects inconciliables des êtres et des choses, redéfinis selon le point de vue dont on les regarde. La réminiscence permet toutefois de les réconcilier, et l’éblouissante densité figurale donne corps à cette opération magique : elle ressuscite l’enfant sous l’égide d’un narrateur éclairé, capable de ressaisir avec humour la totalité des points de vue. La libération du lyrisme est alors le signe du temps retrouvé.
Linguistique de la définition : formes, textes, discours, Nov 2021, Nice, France
annee_publi
2021
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Au cours des décennies 1920-1940, un débat oppose les tenants de la valeur absolue du langage logique, rationnel, aux défenseurs du langage affectif. Ces derniers font de la littérature une « misologie » (pour reprendre le terme de Paulhan 1941) dont la mission est de contrer la tendance supposée du français à la clarté intellectuelle et sa prétendue inaptitude à l’expression de la sensation et du flou (Philippe 2010). Les pamphlets de Benda (La Trahison des clercs en 1927 ou La France byzantine en 1945) réagissent à la fois à une « trahison » sociale de l’intellectuel détourné de la recherche du vrai et du bien, et aux formes stylistiques qui la révèlent, notamment dans la poétisation de l’essai à partir des années 1920 (Macé 2006). Or, l’exercice de la définition, sa valeur et son sens occupent une place de choix dans ce débat. Pour Benda, le « style d’idée » a précisément pour forme représentative la définition : « Et d’abord, l’objet de ce style étant d’exprimer des idées, il est tenu de présenter l’idée avec les caractères dont tout le monde reconnaît qu’ils lui sont organiques, à savoir comme claire et distincte. Or, le souci du clair et distinct commande une forme verbale particulière : la définition, c’est-à-dire la forme qui consiste à écrire : « Par tel mot, je désigne telle chose » » (1947 : 267). Or, dit-il, chez les « byzantins » la définition est dénaturée, par exemple dans cette phrase de Gide : « La mélancolie est une ferveur retombée ». Celle-ci – par le est – emprunte abusivement la forme logique de la définition et ne vise qu’à nous « faire éprouver un état affectif ». Cette contribution vise à : - préciser ce qui peut être appréhendé comme une « vraie définition », une non-définition et une pseudo-définition. Pour cela on propose de mettre au jour deux « gradients », un gradient formel qui va des formes les plus indubitables de définition (« par Y je désigne Y ») à des formes beaucoup plus interprétatives (X, un Y ou X est Y) ; et un gradient logico-pragmatiques qui va des effets définitionnels complets (l’énoncé répond à la question qu’est-ce qu’un X ?, l’énoncé borne l’extension de X) à leur absence (l’énoncé se contente, par exemple, de caractériser X). Le croisement de ces deux gradients permet de positionner les notions de définition, non-définition, pseudo-définition. - Montrer comment fonctionnent certaines pseudo-définition polémiques dans le Traité du style d’Aragon (qui aurait sans doute été pour Benda une meilleure cible que Gide). Les pseudo-définitions s’apprécient notamment en termes figuraux (déplacements métonymiques, métaleptiques et métonymiques), lexicaux (relations holo- et hypéronymiques) et logiques (définition négative) et textuels.