Auteur : Damon MAYAFFRE

Editeur : Champion

Collection : Lettres numériques

Date de parution : 2000

Description : 801 pages, annexes, index, tables

 

Le poids des mots

Le discours de gauche et de droite dans l'entre-deux-guerres

Maurice Thorez, Léon Blum, Pierre-Etienne Flandin et André Tardieu (1928-1939)

 

4ème de couverture

 

            La France des années 30 est un pays en guerre : républicains et ligueurs, partisans et adversaires du Front populaire, anti-Munichois et Munichois s'affrontent dans des combats inexpiables. Certes, ces affrontements font couler peu de sang, mais une logomachie sans merci déchire le pays et éclaire l'impossible union sacrée au moment de l'entrée en guerre et les divisions de la France collaborationniste et résistante.

            Au fil des années 30, l'identité lexicale et idéologique des grandes forces politiques se modifie. L'étude comparée du discours communiste (M. Thorez), socialiste (L. Blum) orléaniste (P.-É. Flandin) et bonapartiste (A. Tardieu) nous renseigne sur les grands enjeux d'une période charnière durant laquelle se recompose notre paysage politique. Plus généralement, c'est l'identité permanente de la gauche et la droite dans ce qu'elles ont de plus intime -leurs mots qui mettent en ordre le monde- qui est mis à jour.

            La méthode d'analyse utilisée dans cette thèse d'Histoire est scientifique. La lexicométrie permet une description objective des discours et interroge l'historien sans a priori et sans tabou. Pourquoi le mot le plus employé par la droite est-il "France" lorsque le mot le plus employé par la gauche est "parti" ? Pourquoi la gauche sur-utilise-t-elle les termes en -isme lorsque la droite sur-utilise l'auxiliaire avoir ? À quelle date "travail", "famille" "patrie" envahissent-ils le discours du parti de l'Ordre ? Pourquoi Blum martèle-t-il "je" dans ses discours ? A quel moment intervient le « grand tournant » du P.C.F. ? Quand Thorez invente-t-il le Front populaire ? Ces questions et bien d'autres trouvent réponses dans le plus important corpus de discours politiques (1.600.000 mots) traité jusqu'ici par la méthode lexicométrique en Histoire.

 

 

Résumé

 

            Cette thèse d'Histoire étudie le discours et le vocabulaire politiques français dans l'entre-deux-guerres (1928-1939), car ceux-ci paraissent des acteurs pertinents de la crise que connaissent la France et la République à la veille de la guerre. La guerre civile verbale que se livrent les Français est étudiée d'abord à grands traits grâce à une comparaison gauche / droite, puis plus finement par l'étude du discours communiste (M. Thorez), socialiste (L. Blum), orléaniste (P.-É. Flandin) et bonapartiste (A. Tardieu).

            Grâce à un traitement lexicométrique rigoureux, imposé au plus important corpus de discours politiques traité en Histoire (1.600.000 mots), il a été possible de déterminer l'identité lexicale et idéologique de quatre familles politiques majeures; puis de montrer comment le débat et le consensus républicains éclatent au fil du temps, en isolant les pratiques lexicales de Thorez, Blum, Flandin et Tardieu, pour rendre inexpiable une logomachie funeste au pays.