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Le présent texte rassemble trois extraits de la partie entièrement consacrée à l'homéopathie
dans le livre de Henri Broch "Au Coeur de l'Extra-Ordinaire"
(1ère édition 1991 ; édition actuelle Book-e-book.com 2002)
Pour une version complète, se reporter directement à l'ouvrage ci-dessus.

L'homéopathie
Bref historique et Principes de base
Préparation des produits
Les dilutions délirantes


Henri BROCH
Membre du "Council for Scientific Medicine and Mental Health"*, USA

 

(...)

Bref historique et Principes de base de l'homéopathie

Christian Frédéric Samuel Hahnemann (1755-1843), médecin allemand qui s'était retiré de la pratique médicale pour se consacrer à des traductions d'ouvrages, expérimente sur lui-même, en 1790, les effets de l'écorce de quinquina.
Ressentant des troubles qu'il estima semblables à ceux du paludisme (que le quinquina traite) il en déduisit que ce qui donne le mal guérit aussi le mal et formula la "loi" ou "principe" de similitude:
les semblables sont guéris par les semblables.

Cette fameuse "loi" ne semble pas dater d'Hahnemann puisque, depuis des milliers d'années, tous les sorciers, dans leur démarche, utilisaient la même. Le principe de similitude n'est pas même nouveau du point de vue médical puisqu'il remonte au moins au cinquième siècle avant notre ère (Hippocrate).
Sans dévier d'un seul pouce de l'esprit de cette "loi", vous pouvez ainsi affirmer que les coups de marteau sur la tête causant mal à la tête, vous pouvez à l'avenir soigner vos migraines par un bon martèlement crânien quotidien...

Hahnemann poursuit ses expériences et, pour éviter que ses tests, avec d'autres produits qui sont fortement toxiques, n'aient de fâcheuses conséquences pour les personnes cobayes, il dilue ces produits, puis redilue le remède obtenu et ainsi de suite plusieurs fois.
Il s'aperçoit alors que ses remèdes ainsi dilués n'agissent plus mais découvre alors un deuxième principe car, si, à chaque étape, on secoue le flacon contenant la dilution, cette dernière est "dynamisée", ce qui est censé accroître ses vertus curatives.

Les "succussions" (secousses) des produits deviennent la pierre de base de la nouvelle "discipline" médicale, l'"homéopathie", ainsi baptisée par Hahnemann en 1807.
Le deuxième principe-dogme est donc le suivant:
plus la substance est diluée (avec succussions), plus son action sur l'organisme est forte.

Un autre grand principe de l'homéopathie est l'"individualisation" du malade. Il n'y a pas de maladies, il n'y a que des malades et chaque malade est un cas particulier dont il faut dresser le tableau des caractéristiques.
L'homéopathie ne distingue pas des maladies; elle distingue des types humains.

L'homéopathie prétend ainsi établir une relation entre les types humains et certains de ses "remèdes" et cette relation lui permet de désigner un individu par le remède type qui lui correspond: vous êtes ainsi Nux Vomica, Phosphorus ou autre gracieuse épithète... Le parallélisme de la démarche est plus que flagrant avec "vous êtes Poissons, Scorpion"...

Au passage, et sans vouloir ergoter bêtement, je me permets de faire remarquer que
les types humains distingués doivent être très peu nombreux puisque s'étale en vitrine de certaines pharmacies une publicité vantant les mérites de "Homéo-grippe", produit homéopathique valable... pour tous !
Ou alors...

(...)


Préparation des produits homéopathiques


Les dilutions se font ainsi:

- une quantité q de "remède" R est diluée dans 99 q de solvant S pour obtenir une dilution "au centième" (1 CH: première centésimale hahnémanienne). On applique une série de succussions (on secoue) à cette dilution pour la rendre "active".

- Une part est alors prélevée de ce mélange (prélèvement qui contient donc une quantité 1% de R et 99% de solvant S) pour être, de même, diluée dans 99 parts équivalentes de solvant. On obtient ainsi un mélange qui renferme maintenant 0,01% de produit actif R d'origine et 99,99% de solvant S. On secoue. C'est la deuxième centésimale hahnémanienne (2 CH).

- On effectue une troisième opération identique et l'on obtient alors le produit à 3 CH, c'est-à-dire avec 1 part de produit actif pour 999.999 parts de solvant.

- on peut continuer de la sorte tant que l'on veut et obtenir des produits à 4 CH, 5 CH, ...10 CH, 15 CH, 30 CH,.... (sans limite selon les principes de base). Certains laboratoires préparent des dilutions 1000 CH et plus!

De la même manière on peut faire, pour les produits non solubles, un mélange de la poudre remède avec une poudre excipient (lactose) dans des proportions identiques à celle utilisées pour les liquides et obtenir 1 CH, 2 CH,...
Voici la méthode au globule ou cinquante millésimale: cinq centigrammes de substance sont prélevés d'une troisième trituration que l'on dissout dans 500 gouttes d'eau alcoolisée à 20%; puis une goutte de cette solution est dissoute dans cent gouttes d'alcool. On donne 100 secousses au flacon....

Pour un médicament homéopathique déterminé, il existe, de par le monde, une grande disparité dans la fabrication du médicament: choix de la substance de base, méthode de préparation de la teinture-mère, procédés de dilutions, types d'agitation ou de succussion...
En d'autres termes, il est impossible de comparer dans le temps et dans l'espace des remèdes homéopathiques censés être identiques. Ce stade de non-universalité, c'est-à-dire de localité, est un des stigmates que peuvent porter les pseudo-sciences.

Le point le plus risible, s'il en était dans ce domaine où la santé d'un patient peut être en jeu, est que
les remèdes actuels que les homéopathes prescrivent (en tant que généralistes) sont différents de ceux qui ont été préparés et utilisés pour élaborer les pathogénésies, c'est-à-dire pour savoir pour quels symptômes ils devaient être prescrits !

Comme loi de "similitude", il y a mieux!

(...)

Les dilutions délirantes de l'homéopathie


"Plus le principe actif est dilué, plus forte est son action": telle est une des pierres de base de l'homéopathie.
Un point essentiel qu'il faut souligner est que l'utilisation d'une terminologie du style "Nux Vomica 20 CH", "Rhus tox. 15 X", permet aux homéopathes de laisser supposer qu'un produit est infiniment sécable en parties de matière identique, ce qui bien sûr, n'est pas le cas.

Prenons l'exemple d'un "principe actif" homéopathique dont la masse molaire serait d'environ 60 grammes.

- 1 centigramme de cette substance contient de l'ordre de 10 puissance 20 (c'est-à-dire 1 suivi de 20 zéros) molécules.

- A partir de cela vous faites une dilution 1 CH qui vous permet de préparer 100 flacons contenant chacun environ 10 puissance 18 molécules. Vous prenez un flacon et vous continuez les dilutions...

- Vous obtenez ainsi, par exemple, une dilution 4 CH qui vous offre 10 puissance 12 molécules par flacon. Si ce nombre de molécules est grand, il faut toutefois signaler qu'il correspond ici à une masse inférieure au nanogramme qui semble être l'ordre de grandeur de la limite d'action d'un produit sur un organisme humain.

- Avec beaucoup beaucoup de chance (
probabilité inférieure à 1 chance sur 10 puissance 42 !!), vous arrivez à une dilution 10 CH qui vous permettra de faire 100 flacons avec chacun 1 molécule de produit "actif".

- A partir de là, la molécule n'étant pas divisible en entités équivalentes, en diluant encore vous obtenez une dilution à 11 CH où un flacon contient une seule molécule de produit "actif" et 99 flacons ne contiennent... RIEN, à part le solvant !

- En poursuivant ainsi, vous arrivez, pour 15 CH de ce produit, à 10 milliards de flacons, nombre sur lequel un flacon contient une molécule et 9.999.999.999 flacons ne contiennent strictement RIEN.


Dessin de Paul Lebrun
"Tu te rends compte ! Pas plus d'une molécule active pour dix milliards de flacons,
et je suis sûr que c'est moi qui l'ai eue"

Vous imaginez ce que cela signifie pour les dilutions encore plus hautes...

En termes clairs, pour les dilutions les plus "classiques", ce que les tenants de l'homéopathie vous vendent, contre monnaie sonnante et trébuchante (la monnaie papier est tout de même acceptée), et contrairement au nom du produit que l'emballage porte, c'est un produit qui se nomme... RIEN !
En d'autres temps, on aurait pu appeler cela de l'escroquerie.

Ce rien se vend d'ailleurs très bien et rapporte gros, d'autant plus gros que l'on ne peut pas dire que la masse présente (zéro) de produit actif soit très coûteuse!

(...)

H. Broch

Texte et dessin extraits de la partie entièrement consacrée à l'Homéopathie
in "Au Coeur de l'Extra-Ordinaire" Book-e-book 2002

 

* Le "Council for Scientific Medicine and Mental Health" est le conseil garant des deux revues internationales "The Scientific Review of Alternative Medicine" et "The Scientific Review of Mental-Health

© H. Broch, book-e-book.com 2002
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