Laboratoire de Zététique
Université de Nice-Sophia Antipolis
Faculté des Sciences, Parc Valrose, 06108 Nice cedex 2. France

Nice, le 12 novembre 2003

Lettre ouverte
à

Mme Geneviève CAMPAN
Sous-Directrice Exploitation des Systèmes Opérationnels
CNES
18 avenue Edouard Belin 31401 TOULOUSE Cedex 4

 

Le 20 novembre 2002, avec en-tête du laboratoire de Zététique de l'Université de Nice-Sophia Antipolis, une lettre du Professeur Henri BROCH, physicien, est adressée nominativement à M. Jean-Jacques VELASCO en tant que Directeur du SEPRA :

 Monsieur le Directeur et Cher Collègue,

Ayant appris que vous invitiez les zététiciens à venir consulter les archives du SEPRA, je ne peux que me réjouir de cette idée.
Plusieurs collaborateurs du laboratoire et moi-même sommes potentiellement intéressés par une telle initiative et c'est pourquoi je me permets de vous demander si, dans un premier temps, afin d'organiser une première visite au SEPRA dans le but de sélectionner quelques dossiers à étudier, vous pourriez nous fournir la liste anonymée des cas P.A.N. classés D (si possible avec date, heure, lieu, département, résumé du cas, et toutes autres rubriques disponibles du dossier) pour lesquels vous disposez dans vos archives d'éléments méritant véritablement une étude ?

Dans l'attente, je vous prie de recevoir, Monsieur le Directeur, l'expression de mes sentiments les plus sincères

Aucune réponse ni même un simple accusé de réception !

Le 29 janvier 2003, une nouvelle lettre (cette fois-ci en recommandé avec accusé de réception) est adressée toujours explicitement à M. Jean-Jacques VELASCO Directeur du SEPRA.

Recommandé, AR
Monsieur le Directeur et Cher Collègue,

N'ayant pas obtenu de réponse à mon courrier du 20 novembre 2002, j'ai songé que, peut-être, celui-ci ne vous était pas parvenu.
Aussi ai-je jugé préférable de vous transmettre en recommandé la copie ci-dessous de mon courrier :
"Ayant appris que vous invitiez les zététiciens à venir consulter les archives du SEPRA, je ne peux que me réjouir de cette idée.
Plusieurs collaborateurs du laboratoire et moi-même sommes potentiellement intéressés par une telle initiative et c'est pourquoi je me permets de vous demander si, dans un premier temps, afin d'organiser une première visite au SEPRA dans le but de sélectionner quelques dossiers à étudier, vous pourriez nous fournir la liste anonymée des cas P.A.N. classés D (si possible avec date, heure, lieu, département, résumé du cas, et toutes autres rubriques disponibles du dossier) pour lesquels vous disposez dans vos archives d'éléments méritant véritablement une étude ?"

Dans l'attente, je vous prie de recevoir, Monsieur le Directeur, l'expression de mes sentiments les plus sincères.

Le laboratoire reçoit alors, à l'attention du Pr. H. Broch, une réponse datée du 10 février 2003 expliquant que la lettre du 20 novembre avait été bien reçue et s'excusant d'avoir attendu la relance pour répondre... mais cette lettre, à en-tête SEPRA, n'est pas signée de la personne à qui notre courrier était adressé !
Cette lettre est signée de Mme Geneviève CAMPAN (sous-Directrice, Exploitation des Systèmes Opérationnels) et nous déclare :

Vous avez exprimé une demande concernant la consultation des archives du SEPRA, essentiellement sur les données concernant les témoignages de phénomènes aérospatiaux non identifiés.

Afin de vous permettre l'accès à ces informations dans le cadre d'une étude, nous souhaiterions prendre connaissance de votre projet d'étude. Ce projet sera examiné par le comité de pilotage du SEPRA qui décidera de la suite à donner à votre demande.

Ce comité de pilotage est en cours de constitution et doit être l'entité qui donne l'orientation et les directives concernant les actions et les orientations du SEPRA. Pour cette raison, il ne nous paraît pas possible actuellement de donner une suite immédiatement favorable à votre demande.

Cette réponse nous a laissé dubitatifs.
Comment en effet quelqu'un peut-il 1) nous poser un préalable et 2) demander un projet d'étude alors que :
..........1) c'est M. VELASCO en personne, Directeur du SEPRA, qui a lancé l'invitation publiquement, sans restriction aucune. Nous, nous n'avions rien demandé !
..........2) on ne peut manifestement pas savoir ce qui mérite d'être étudié - et donc présenter un projet d'étude - puisque l'on ne connaît pas le contenu exact desdites archives.
La logique du SEPRA nous échappe un peu.

Pour être rigoureux, voici à l'intention des personnes qui aiment la précision ce que M. Jean-Jacques VELASCO, technicien au CNES et directeur du SEPRA a déclaré publiquement lors du Café des Sciences de Chambéry le 15 mai 2002 (enregistrement audio disponible) :

"J'ai invité d'ailleurs le responsable de la Zététique qui vient d'ailleurs récemment d'écrire un nouveau livre avec un grand professeur académicien, M. CHARPAK, j'invite ces grands scientifiques à venir consulter les dossiers ; ils sont à leur disposition mais figurez-vous que ça fait 25 ans que j'attends que ces scientifiques viennent chez nous. Et ils ne viennent pas. Ils ne viennent pas"

Je suis heureux d'apprendre que ces dossiers sont à la disposition des scientifiques qui désireraient les consulter mais je suis au regret d'être obligé de constater que M. VELASCO ment purement et simplement. Le "responsable de la Zététique" est en effet ici clairement identifié via le livre en co-auteur avec Georges CHARPAK ; il s'agit en l'occurrence de moi-même. Et je peux témoigner ici que je n'ai jamais reçu la moindre invitation de M. Jean-Jacques VELASCO !
Et que ce soit il y a 25 ans ou la semaine dernière
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Suite donc à ce courrier du 10 février 2003, après avoir téléphoné plusieurs fois au CNES, il m'a toujours été impossible de joindre Mme CAMPAN et le 12 mars 2003 j'obtiens enfin un correspondant (M. VALLAT) à qui j'explique le ridicule de la demande qui nous est faite, en signalant que ce "renvoi" n'arrangeait pas particulièrement l'étiquette du CNES.

Suite à cette conversation téléphonique et malgré la curieuse missive reçue, je fais en date du 26 mars 2003 un nouveau courrier répondant à la demande de mon interlocutrice :

Madame,

Suite à la discussion que j'ai eue avec votre collègue M. Vallat concernant notre demande du 20 novembre 2002 de consultation des archives du SEPRA - suite à l'«invitation» médiatique de M. J.-J. Velasco - et votre réponse du 10 février 2003, je vous confirme notre souhait de nous rendre ainsi compte directement du contenu desdites archives de ce service.

Bien qu'il soit évidemment difficile de proposer, comme vous le demandez, une étude - comment savoir ce que l'on peut étudier dans ces archives sans pouvoir en apprécier le contenu ? - et que l'invitation lancée par M. Velasco ne présentait aucune condition au libre examen de ces archives, nous vous proposons le projet suivant :
"Comparaison et analyse statistique des caractéristiques OVI/OVNI dans les cas avec effets (physiques, physiologiques,...) allégués".

Il semble bien que le GEPAN/SEPRA n'ait mené aucune étude sur ce point précis.

Dans l'attente d'une réponse favorable, je vous prie de recevoir, Madame, l'expression de mes plus sincères sentiments.

La réponse arrive le 23 avril 2003, toujours sous la signature de Mme Geneviève CAMPAN (de M. Jean-Jacques VELASCO, le directeur, à qui mes courriers initiaux étaient nommément adressés, toujours aucune réponse ni aucune apparition...) :

En réponse à votre lettre du 26 mars 2003 dans laquelle vous reprécisez le contenu de votre demande d'accès aux archives du CNES sur l'étude des phénomènes aérospatiaux non identifiés, nous vous confirmons notre accord de principe.

Cependant, comme nous vous l'indiquions dans notre précédent courrier, la réorganisation en cours de cette activité au CNES ne nous permet pas d'accéder actuellement à votre demande.

Nous attendons que le comité de pilotage, où seront représentés les organismes publics, institutionnels, civils et militaires avec lesquels le SEPRA travaille, soit mis en place afin qu'il établisse les choix et priorités dans les domaines d'études et de recherche à entreprendre sur ce thème.

Encore une fois, Monsieur le Professeur, veuillez nous excuser du report d'accès à votre demande, mais sachez que celle-ci sera examinée avec la plus grande attention lorsque les conditions le permettront.

Nous avons donc encore attendu...
Attendu...
Une année entière...

Et voici qu'il y a quelques jours, un collaborateur du laboratoire découvre en kiosque le magazine VSD intitulé "Hors-série Ovnis" daté de novembre 2003, qui présente tout un reportage sur "GEPAN/SEPRA Ces scientifiques français qui traquent les ovnis" et qui explique que :

"Le service d'expertise des phénomènes rares aérospatiaux est établi à Toulouse depuis 1977. Nous avons pu rencontrer son responsable, Jean-Jacques VELASCO et visionner en exclusivité la première banque de données informatiques officielles des témoignages d'observations d'ovnis en France".

Avec de larges photos à l'appui montrant le journaliste de VSD dans le local des archives du GEPAN/SEPRA visionnant ce qu'il désire, sortant avec M. VELASCO "du congélateur les feuilles et les graines du cas dit de l'amarante de l'ovni observé à Nancy...", etc

De qui se moque-t-on ?
Je serais vraiment curieux de voir l'extraordinaire "projet d'étude" que le magazine VSD a certainement dû soumettre au CNES pour avoir accès à ces archives du GEPAN/SEPRA dont l'accès est curieusement toujours refusé pour l'instant à des scientifiques...

En effet, je ne doute pas qu'il y ait un seul poids et une seule mesure et que vous ayez donc, afin de (je vous cite) "permettre l'accès à ces informations", expliqué au(x) journaliste(s) de VSD qu'il fallait montrer patte blanche et que vous "souhaitiez prendre connaissance de leur projet d'étude qui serait examiné par le comité de pilotage du SEPRA qui décidera de la suite à donner à leur demande" (je ne fais que reprendre vos propres termes dans le courrier que vous m'avez adressé).

Il semble que M. VELASCO ou d'autres prennent de larges libertés avec la rigueur qui semblait obligatoire pour la consultation du saint des saints.

Comment peut-on autoriser un tel étalage médiatique et, simultanément, s'opposer (car telle est bien la tonalité des deux courriers reçus au laboratoire) à ce que des scientifiques jettent un oeil sur les archives ?
Une erreur de "pilotage" sans doute ?

Erreur de pilotage que vous aurez à coeur de réparer en autorisant des collaborateurs du laboratoire à pouvoir venir très rapidement consulter les archives du SEPRA.
Vous comprendrez que l'argument de la constitution du comité de pilotage que vous nous opposiez il y a maintenant une année soit plus que contestable, attendu que des journalistes peuvent consulter lesdites archives sans aucune difficulté.

Je vous prie de recevoir, Madame la Sous-Directrice, l'expression de mes plus sincères salutations

Pr. Henri BROCH

CC. M. Yannick d'ESCATHA, Président du CNES

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Pour connaître la suite (et fin) de cette "affaire" ----> cliquez ici <----

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