© E. Maillot, Laboratoire de Zététique, septembre 1999/janvier 2004
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Analyse clinique de cas de méprises ovnis avec la Lune

Eric MAILLOT

 


I/ AVERTISSEMENT

Toute étude globale du phénomène ovni visant à lui trouver une explication unique est vouée à l'échec. C'est un phénomène pluraliste qui amalgame des objets très divers - qui n'ont souvent rien d'inexpliqué - avec d'autres, rarissimes et noyés dans la masse, plus intéressants, mal ou non expliqués (ex. foudre globulaire, sprites...). C'est essentiellement la description testimoniale qui mérite une étude afin de comprendre comment un objet connu peut devenir un objet mystérieux appelé ovni.
L'approche clinique des cas de méprises avec la Lune permet de mieux comprendre les mécanismes qui sont à l'origine du "mystère" ovni.

Une approche statistique complémentaire sur 200 cas, majoritairement identifiés par l'auteur au fil des ans, a été menée en 1993. Elle confirme et complète les scénarii et détails typiques qui seront développés ci-dessous. Ce travail complété de quelques réflexions, commentaires et d'un catalogue de cas a été publié en 1994, dans le dossier collectif de la SERPAN "Les influences de la Lune sur la casuistique et l'ufologie". Il a fait ensuite l'objet d'une étude collective approfondie sur les cas de l'année 1976, cités par l'auteur, au sein du Comité Nord Est des Groupes Ufologiques (CNEGU), notamment grâce aux compétences de Gilles Munsch.
Les résultats édifiants de cette étude ont été publiés dans "Opération SAROS : des ovnis reproductibles ? Une hypothèse vérifiée" (cf. http://perso.club-internet.fr/francine.juncosa/pages/pagepublicationscnegu.htm), document dont l'intérêt à été reconnu par l'Association Française d'Astronomie (AFA).


Enfin, les cas présentés ici ne sont pas forcément les plus étranges ou les mieux renseignés de la base de donnée. Ce choix est volontaire afin de montrer la variété et l'hétérogénéité des données de base disponibles en « ufologie ».


II/ INCULTURE ASTRONOMIQUE

L'observation et la connaissance des astres est vieille comme l'humanité.
Pourtant il semble que les temps modernes nous aient fait quelque peu oublier cette culture ancestrale. La voûte céleste n'est, hélas, plus connue que de quelques passionnés. Et il y a encore, malheureusement, parmi les astronomes amateurs ou débutants, trop vite convaincus de maîtriser leur sujet, des témoignages qui relèvent de méprises avec des objets célestes.

Dès la tombée de la nuit, les hommes ont désormais le regard accaparé par d'autres luminaires tels phares et feux des véhicules, lampadaires et enseignes quand ils n'ont pas les yeux rivés sur le petit écran. Notre mode de vie moderne fait qu'il existe même des citadins (heureusement exceptionnels) qui n'ont jamais vu la Lune dans le ciel.
Impensable mais vrai. Alors que dire de Capella, Arcturus, Vénus, Jupiter et autres astres.

Il n'est donc pas surprenant que cette méconnaissance du ciel nocturne implique un nombre important de méprises d'origine astronomique.
La Lune est l'ovni multiforme le plus fréquent. Elle hante bien des ouvrages ufologiques depuis la naissance de ces derniers jusqu'à nos jours.
Et elle risque de les alimenter longtemps si l'ensemble des ufologues n'y prend garde.


III/ INCULTURE DU MILIEU UFOLOGIQUE

En 1995, une majorité d'ufologues, présumés experts des étranges phénomènes nocturnes et lumineux que sont les ovnis, n'étaient pas encore capables de reconnaître dans un témoignage les caractéristiques de manifestations astronomiques courantes.
A croire que seuls les ovnis sont présents dans nos cieux et que tous les témoins sont des astronomes ! Paradoxe, cette même communauté ufologique ne manque pourtant pas de membres capables de trouver dans un témoignage l'indice d'une manifestation exotique inconnue ou extraterrestre.
O coïncidence, ce sont souvent ceux qui ne savent même pas y reconnaître les méprises lunaires...
Certains de ceux-ci, refusant l'évidence, tentent de faire croire au public que, si ressemblance avec la Lune (ou tout autre objet connu) il y a, c'est à cause du "mimétisme machiavélique" utilisé par les extraterrestres. "ON nous manipule", "ILS nous font du cinéma". A ces mots le lecteur frisonne et en redemande. Les manipulateurs et scénaristes sont malheureusement bien terrestres : ce sont les auteurs même de ces idées qui sont machiavéliques. Voilà vraiment de quoi frémir...

Une confusion existerait-elle dans l'esprit des ufologues sur leur rôle ? Sont-ils là pour faire croire à un phénomène ou pour le comprendre ? Inutile donc d'ajouter du sensationnel à ce qui l'est assez. Contentons nous d'être des
observateurs avertis capable d'identifier le maximum de phénomènes connus (physiques, psychiques, physiologiques, astronomiques, sociologiques,...). Méthode qui, jusqu'à présent, a toujours permis de mieux cerner l'inconnu.

Bien évidemment la démarche est longue, peu lucrative mais combien enrichissante.
Heureusement, il subsiste encore de rares personnes ayant opté pour cette voie. Qu'ils trouvent donc ici une aide dans leur travail ou leurs réflexions.


IV/ FICHIER "DES-ASTRES"

Les cas présentés ci-dessous font partie du fichier informatisé "Des-astres" qui contient d'autres méprises astronomiques. Ce fichier est un sous-ensemble d'un fichier d'ovnis identifiés (OVIs) français qui est constitué parallèlement à un fichier "OVNI avec effets physiques et physiologiques allégués" en vue d'en comparer les contenus. Il est actuellement géré sous forme d'une base de données par l'auteur.

Cette base de donnée augmente désormais lentement.
Souvent à cause du manque d'information dont souffrent beaucoup trop de comptes-rendus d'observations d'ovnis mais aussi à cause du peu de personnes qui s'investissent dans l'identification des "ovnis". Toutefois, grâce à ce travail encore parcellaire, il est déjà possible de tirer quelques leçons des divers types de cas existant dans la catégorie "ovni = Lune".
Les détails caractéristiques ou les points communs de ces observations seront soulignés ci-dessous.
Il est possible que vous pensiez qu'il est impossible de se méprendre à ce point avec la Lune, que les témoins devaient être fous ou c... Détrompez-vous, ce sont très souvent des gens comme vous et moi qui, dans certaines circonstances, ont été victimes d'une erreur d'interprétation. L'imprégnation culturelle de l'ovni (pub, film, livres, revues,...) les fait alors basculer momentanément (parfois durablement aussi !) dans une autre réalité perceptive ou interprétative.

Tous les effets associés à ces méprises "Lune" se retrouvent avec d'autres types de méprises (météores, avions, hélicoptères, planètes,...). Ils correspondent parfaitement aux effets que l'on prête aux ovnis pour prétendre qu'ils sont des engins matériels inconnus, voire d'origine extraterrestre, qu'ils ont un comportement intelligent et des effets sur notre environnement ou les témoins.
Ceci n'est, vous le constaterez, souvent qu'une erreur grossière de raisonnement propagée par des adeptes crédules ou des auteurs en mal de croyance. L'ufologie ne mérite pas son suffixe (logie de logos = étude) qui lui donne l'allure d'une science. Elle devrait s'appeler ufophilie ou ufomanie.


V/ LES RENCONTRES PLUS OU MOINS RAPPROCHEES AVEC LA LUNE

A/ Mouvements insolites

17.08.1975 00.30HL (38) GRENOBLE
Source : Ces ovnis qui nous observent, Ouranos, p. 31-33
Un témoin insomniaque voit une lueur éblouissante, située au sud-ouest au dessus de l'arête du Gerbier (2109 m). C'est un ovale vertical rouge entouré de pointes jaune d'or scintillantes vu au travers des branches d'un arbre proche. La boule (sic!) descend verticalement, éclairant violemment la montagne comme la lueur d'un incendie. Finalement la boule disparaît derrière la montagne. La taille estimée est de trois à quatre fois la pleine Lune. L'enquêteur consciencieux indique que la Lune est couchée depuis longtemps.

* Sur un calendrier PTT, pour Paris la Lune est couchée. Mais pas pour le lieu de l'observation ! La Lune, entre PQ et PL 9jours, est au coucher. Sur le site, pour 00.00HL, la Lune occupe la position h° (hauteur angulaire, en degrés) = 6.3 et Az°(Azimut, en degrés) = 230 ; pour 00.30HL, h°= 2 .3 et Az°= 235.
Après vérification sur carte, la méprise est évidente. Mais que de temps perdu en recherches fastidieuses simplement pour trouver l'azimut et la hauteur qui ne sont pas indiqués dans l'enquête. Les repères ne manquent heureusement pas dans ce témoignage. L'acuité de ce témoin ne devait pas être de 10/10 à chaque il et bien entendu nous ne savons rien à ce sujet.
La Lune épuisée par sa longue course céleste, se laisse choir verticalement, sûrement pressée de se coucher. Ce mouvement insolite sera décrit par bien d'autres témoins victimes de telles méprises. Dans un autre cas, le témoin appelle la gendarmerie parce qu'un ovni (la Lune) s'est crashée derrière la montagne. Un hélicoptère décolle et ne trouve aucune trace. Pas étonnant. Une affaire mystérieuse au yeux des "ufologues"...
La large surestimation de la taille de la Lune (ou du Soleil), lorsque celle-ci se situe près de l'horizon (proche de repères visuels éloignés), est une chose bien connue de tous les observateurs du ciel, pourtant son diamètre angulaire est (quasi) invariable. C'est une illusion perceptive connue mais encore mal expliquée ou discutée qui n'a rien à voir avec la réfraction atmosphérique. On a constaté que les femmes surestimaient statistiquement plus, en moyenne, le diamètre angulaire de la Lune que les hommes, qui eux surestiment plus celui du Soleil.

26.05.1975 22.45HL (38) BOURGOIN-->VOREPPE Nationale 85.
Source : Ces ovnis qui nous observent, Ouranos, p. 71-74.
Par un temps de crachin et de ciel couvert, deux témoins véhiculés voient, en arrivant au col du Blanchet, un énorme disque orange avec quatre taches noires en carré et trois plus petites au centre. L'ovni surgit sur leur gauche et va vers la droite. Madame pense à la Lune mais Monsieur l'en dissuade vu la taille angulaire estimée à deux fois la pleine Lune.
Au sommet du col, le phénomène est perdu de vue. Il réapparaît en sortie de La Frette, à gauche de la route, et, à une altitude supérieure, repasse à droite. L'ovni les précède au sud-est vers Grenoble, toujours à droite, diminuant de taille et prenant un peu d'altitude pour éviter des lignes THT . Monsieur s'arrête, l'ovni l'imite. Le conducteur repart, l'ovni suit alors sur 14 km ! En fin d'observation le disque s'élève, bascule pour changer de forme en prenant l'aspect d'un casque anglais et accélère pour disparaître dans les nuages. Il est 23.56 HL.


* La Lune est pleine, au lever. A 22.45HL : h°= 0.36 et Az°= 122 .
Les boules noires sur la Lune pourraient être les boules anti-collision des lignes THT éloignées se superposant sur le disque lunaire. Image fugitive mais mémorisée comme définitive par le témoin. Voire simplement les mers lunaires, réarrangées par la mémoire humaine qui aime bien l'ordre, la symétrie, les liens « logiques »,...
Le basculement et changement de forme sont des illusions visuelles causées par les nuages. La comparaison avec un projecteur qui pivote sur son axe est parfois utilisée dans les récits. Illusion due à la diminution de taille angulaire en largeur ou en hauteur.
On notera une interprétation du mouvement en fin d'observation ; l'accélération finale vient du fait que la Lune est rapidement cachée par les nuages et que la forme diminue. Ce qui, par reconstruction dans l'esprit des témoins, donne les illusions perceptives suivantes :
- Diminution angulaire => éloignement. Rapidité de variation du diamètre angulaire => accélération fulgurante.
- L'illusion d'être poursuivi par l'ovni est fréquente, nous la rencontrerons ailleurs. Quel enfant ne s'est pas étonné, comme nos témoins, d'être suivi par la Lune lors d'un trajet en voiture.
Enfin, quel bel exemple d'influence « dominant dominé » et de suggestion quand la femme pense à la Lune. Ceci est courant dans les observations ayant plusieurs témoins. Beaucoup de ces derniers identifient dans un premier temps le phénomène observé, mais finissent par récuser cette identification au fil de l'observation ou de la discussion avec les autres personnes présentes.

B/ Les diverses influences de la Lune

1/ Des effets physiologiques et psychologiques :

27.08.1974 02.00HL (32) GARBIC-i>GIMONT Départementale 253
Source : LDLN n° 177 p. 19
Une dame au volant de son automobile voit une immense clarté dans le ciel qui provient d'un rond ou "coquille d'escargot" jaune orangé, au dessus blanc. L'ovni descend au niveau de la cime des arbres et la suit sur 4km. Arrivée dans un virage, elle se retrouve dans "le sillage de la lueur", ressent un choc électrique dans les bras et les mains, son moteur a des ratés. La lueur disparaît soudainement en montant.

* La Lune entre PQ et PL est au coucher à 01.56HL .
Sur une carte on voit aisément que, lorsque cette dame entame son virage, la Lune "se place" juste en face d'elle. C'est ce qui va déclencher chez elle une violente panique et des effets physiologiques (psychosomatiques) associés bien connus des médecins (ex : paresthésie, acouphène, phosphène). Les ratés du moteur sont souvent une simple conséquence d'un sous régime provoqué par un ralentissement instinctif, sans rétrograder. Cela va parfois jusqu'à l'arrêt moteur. Cet effet, qui n'a jamais été considéré comme indépendant du conducteur par les moniteurs d'auto-école, est considéré par trop d'ufologues (ayant le permis !) comme provoqué par un champ électromagnétique lié au mode de propulsion des ovnis...

La cataracte dont ce témoin est atteint (déjà avant l'observation !) explique que la luminosité du phénomène soit perçue aussi forte et que la Lune ne soit pas rapidement reconnue. Avoir des informations sur l'acuité visuelle des témoins est indispensable surtout quand l'âge dépasse la quarantaine.

Cette dame est, semble-t-il, imprégnée par une ufologie de bas étage, celle qui se fait le plus connaître malheureusement. Elle parle d' "instant crucial", de "téléguidage,... Elle exclut l'éventualité d'une confusion avec la Lune. Admettre que l'on s'est trompé est très, très difficile (pour un témoin comme pour un ufologue qui tous deux sont, a priori, des exemples de perfection). Le mouvement montant final est ici incohérent et relève peut-être du mouvement du véhicule sur un relief ou de la simple fabulation. Eh oui, cela existe aussi volontairement ou pas.

12.04.1981 03.30HL (22) CORSEUL
Source : LDLN n° 213 p. 32
Un témoin de retour d'un bal de mariage voit une masse ayant l'aspect du Soleil levant, immobile et éblouissante, qui semble grossir jusqu'à doubler de taille. L'ovni est sur le bord de la route, au dessus d'un talus. Le conducteur fait marche arrière et, pris de panique, au bord de la crise de nerf, va chercher à pied du secours dans une maison proche. Quand le propriétaire se décide à venir voir, il n'y a dans le ciel que la pleine Lune et rien sur le site d'après ses dires.

* La Lune au PQ se couche. A 03.30HL : h° = 7 et Az° = 90 ; à 04.00HL : h° = 3 et Az° = 295.
Le conducteur dit être resté sobre. Admettons qu'il était simplement très fatigué, ce qui suffit à provoquer bien des confusions. Petit détail : le propriétaire réveillé voit la Lune pleine, ce qui est faux. La mémoire testimoniale n'est donc pas à prendre au pied de la lettre.
Dans nombre de cas, des témoins confondant la Lune avec un ovni manifestent des comportements de panique complète. En première lecture ceci invite à penser qu'ils ont vu quelque chose de franchement insolite qui ne peut être aussi commun que la Lune. Attention à ce piège des sentiments induits par la subjectivité d'un récit ayant des accents de sincérité !


2/ Effets sur véhicule, thermiques et physio-psychologiques :

09.04.1977 02.00HL (30) MARGUERITTES
Source : Midi Libre du 02/05/77
Deux témoins, forant un puits cette nuit là, voient une grosse étoile qui grossit et vient sur eux à une distance de 400 m puis s'immobilise au dessus d'une haie de cyprès. Elle a maintenant la forme d'un rond orange d'une luminosité intense. Il n'y a aucun bruit, si ce n'est celui du vent.
Les deux personnes s'enfuient en courant vers leur véhicule. En se retournant, ils ont juste le temps de voir l'ovni tourner sur lui même et prendre la forme d'une raie manta avant de partir à une vitesse fulgurante. Lorsque les jeunes gens reviennent vingt minutes après sur les lieux, seule la Lune "énorme confetti orange" est présente.
Un seul des témoins aura des picotements aux yeux durant quelques jours et sera sujet à des somnolences.
Au même moment dans le village un autre témoin indépendant n'arrive pas à démarrer son cyclomoteur quand il perçoit dans son dos une vive lueur. A 600 m de lui, presque posée au sol, il voit une forme oblongue et bombée, blanc vif. Malgré la distance et la température ambiante de 5° C, il ressent une légère chaleur. Il démarre son cyclomoteur et file à son travail.

*Ce cas, étudié par le GEPAN, sera, une fois n'est pas coutume, identifié par cet organisme comme étant une méprise avec la Lune. Les effets ici décrits méritent d'être commentés. Picotements des yeux, photophobie, somnolence sont souvent associés aux ovnis. Ici , il est évident qu'il s'agit des conséquences d'un choc nerveux. Un seul témoin en est atteint ce qui montre bien l'origine psychosomatique et non physique de l'effet.
Notons que, comme bien souvent, la victime n'a pas cru bon de consulter un médecin. Seul l'ufologue en quête de sensationnel trouve ces symptômes peu bénins...

Pour ce qui est de la deuxième observation, elle montre comment un incident banal de démarrage peut devenir, par un lien hâtif, l'effet d'un ovni sur un véhicule à moteur. Quant à l'effet thermique, s'il avait une réalité physique, la zone située sous l'ovni eut dû être totalement grillée ainsi que les arbres proches pour que la chaleur puisse être sentie à 600 m. Encore un des nombreux effets de la peur : la bouffée de chaleur.
Avant de parler d'effets physiques, et il en existe probablement des biens réels dans les phénomènes ovnis, il faut tout d'abord exclure ceux pouvant être issus d'une peur et vérifier si les autres ne peuvent être indépendants du phénomène. L'ufologie n'a malheureusement que peu de discernement ou de méthode à ce sujet.


3/ Effets parasites sur la radio

06.03.1979 01.30HL (13) AIX EN PROVENCE -> ARLES
Source : presse de la Manche du 08/03/79 ; enquête MAGONIA "Trait d'union"
Une conductrice observe à basse altitude, au dessus des arbres, un croissant ou boule orange qui se transforme en cône. Simultanément, elle entend des parasites sur son autoradio. Le phénomène s'éloigne à grande vitesse.

* Ce cas identifié à la Lune restera considéré comme un ovni notamment par l'association Magonia après une "contre-enquête approfondie"... qui prouve quand on la lit attentivement que la Lune était bien là où était l'ovni. Plus têtu, tu meurs C'est d'ailleurs ce qui arriva à cette association tant elle se ridiculisa (en insistant grossièrement) avec son refus d'admettre une autre méprise Lune certaine, filmée en vidéo à St Firmin.

Passer dans une zone de mauvaise réception ou avoir des émissions parasitées en passant sous une ligne électrique arrive parfois. Pour peu que le témoin observe à ce moment précis la Lune au PQ se couchant (Az° = 288, h° = 5), nous avons un ovni produisant des interférences radio... Méfions-nous des coïncidences trompeuses, des faux liens de cause à effet et constatons que trop d'associations ufologiques, prétendument sérieuses, abritent des farfelus très bornés.


28.10.1979 23.30HL SURVILLE Départementale 133
Source : LDLN n° 263 p. 39
Un couple circule sur la D133. Ils aperçoivent une clarté, vers le sud, derrière le bois. Puis une boule couleur feu (ou ovale rouge orange), d'une taille angulaire de 1°30, monte verticalement et lentement pour venir s'approcher à 100 m du véhicule et le suivre en produisant des effets induits : le transistor grésille, les phares baissent d'intensité, le moteur ralentit et l'auto passe de 120 km/h à 50 km/h. La boule cesse sa poursuite et disparaît en montant. Le véhicule fonctionne à nouveau correctement.

* Lune au PQ, Az° = 240 et h° = 3 au coucher. Voilà l'origine du récit. Le relief local de la route aidant, la Lune monte au lieu de descendre par simple illusion visuelle. Ce n'est pas le moteur qui ralentit mais le pied du chauffeur qui se lève de l'accélérateur par réflexe. L'éclairage des phares ne baisse peut-être pas mais paraît moins puissant à cause du clair de Lune en sortie du bois ; ou peut-être baisse-t-il vraiment mais à cause de la forte baisse du régime moteur (et d'une batterie faible ne prenant que peu le relai de l'alternateur).
Il n'est bien évidemment pas précisé dans le récit si la Lune fut observée par le couple "suivi".


4/ Des effets sur les animaux

On dit souvent que les chiens aboient à la Lune mais il semble que ce ne soit pas au lever ou au coucher de l'astre, périodes les plus favorables aux ovnis-Lune. Rares sont les cas de coïncidence entre des réactions animales et une méprise avec la Lune.

Toutefois, qu'un chien aboie lorsqu'un véhicule s'arrête à proximité de son domaine n'a rien de surprenant. Ensuite la contagion fait que tous les chiens et animaux du quartier capables de crier s'y mettent de concert.
Si l'animal accompagne les témoins, il suffit que ces derniers soient inquiets pour que leur compagnon quadrupède le soit aussi et se manifeste. Les informations sur ces cas étant très succinctes, il m'est difficile de les considérer comme des méprises Lunes certaines. Bien des ovnis survivent grâce à ces lacunes d'enquête et restent à jamais non-identifiables pour le plus grand bonheur des ufomanes.


15.05.1963 00.30HL (33) YVRAC ,BORDEAUX->CARIGNAN Départementale 936
Source : Catalogue J. Vallée, n° 570; LDLN n° 71; Premier Dossier des Rencontres Rapprochées en France, M. Figuet, p. 250.
De retour du cinéma, le couple véhiculé aperçoit dans un champ une soucoupe volante. Le conducteur s'arrête, entend les cris de volailles et les aboiements de chiens. L'ovni est silencieux. Madame prend peur et le couple repart. L'ovni s'élève et suit sur plusieurs kilomètres avant de s'éloigner définitivement.

* Lune au PQ le 16, se lève à 01.30 Heure Légale. Une heure imprécise ou une date erronée, cela arrive parfois (erreur du témoin parti la nuit du..., erreur de l'enquêteur dans son compte rendu, erreur dans la presse,...) et ce pourrait bien ici être le cas . Il serait instructif de savoir quel film ont vu les témoins. Etait-ce sur un thème de science-fiction? Qui saura?


14.06.1976 23.30HL (88) REHAINCOURT, PORTIEUX-> CHARMES
Source : Liberté de l'Est du 20/06/76
Un ovni clignotant suit à basse altitude deux demoiselles véhiculées. L'ovni s'arrête en même temps qu'elles. Elles vont réveiller d'autres témoins qui voient l'ovni disparaître. Il réapparaît trente minutes après au dessus du village et y reste fixe. Les chiens du village ont aboyé durant la présence de l'ovni.

* Lune au PL, lever 23.30 HL : 1 < h° < 7 et 116 <Az°< 125. La Lune ne clignote pas, c'est vrai. Les nuages peuvent pourtant faire varier sa taille et sa luminosité ce qui peut être traduit par le témoin comme un clignotement ou une pulsation. Dans quelques récits, il est fait mention de flashs ou d'éclairs rapides et irréguliers qui eux sont provoqués par un effet stroboscopique dû au mouvement du véhicule impliquant un défilement des arbres devant la Lune...


5/ Effets sonores

21.02.1978 20.50HL (17) STE SOULLE "LE GROLLEAU" Nationale 11
Source : LDLN n° 205 p. 16
Le témoin est dans son auto à l'arrêt. Il observe un cigare horizontal qui monte lentement. D'un coté, il a l'aspect d'une boule de fumée lumineuse. L'ovni pivote et éclaire le paysage en blanc comme en plein jour.
Un coup de canon retentit détournant l'attention du témoin qui lorsqu'il regarde de nouveau vers le phénomène constate que l'ovni a disparu. Seul un trait rouge file dans le ciel.

* La Lune, au PL, située exactement à l'azimut et hauteur du phénomène h° = 33 et Az° = 112, est cachée par l'extrémité oblongue d'un nuage. L'astre est ici vu sous son aspect le plus commun : un magnifique clair de Lune.
La détonation peut provenir d'un pot d'échappement de véhicule (route proche), d'un pétard d'alerte sur une voie ferrée (proche),... La fin d'observation peut être une météorite qui passait par là ou un avion qui passait le mur du son, la Lune se trouvant, elle, totalement masquée par les nuages dans un secteur restreint.
L'ensemble des événements, certes de faible probabilité, étant amalgamé en seul et même phénomène devenu ainsi étrange : l'ovni.

09.10.1989 23.30HL (22)
DAHOUET ,PLENEUF VAL ANDRE
Source : Télégramme de Brest du 14/10/89. Bulletin du CUB.
Un couple entend une petite explosion. Il se précipitent à la fenêtre et observent une boule orange au centre sombre durant une demi-heure. Une enquête de gendarmerie est ouverte et le SEPRA prévenu, des traces de petits foyers ayant été découverts dans la direction d'observation.

* Lune entre PQ et PL au coucher à 23.58HL, plus quelques nuages là encore.
Ici la presse explique les traces par des foyers allumés par des braconniers traquant le lapin. Ceci explique aussi la détonation.

Dans les deux cas suscités, le bruit peut venir d'un pot d'échappement, d'un météore détonant, de gosses jouant avec des pétards dans le village,... Les sources de bruits indépendants possibles ne manquent pas ; la diversité des bruits non plus.

La majorité des cas ovnis = Lune se déroulent logiquement dans le silence. Silence pesant, étrange, associé à une obscurité "plus profonde que d'habitude". Tout ce qu'il faut pour créer l'angoisse ! A moins que ce ne soit l'inverse... Il est normal qu'un témoin sortant d'un véhicule qui roulait en phares trouve l'environnement plus calme et plus obscur lorsque le véhicule est arrêté, tous feux éteints (réflexe fréquent des témoins qui pensent ainsi ne pas être vu de l'ovni !). La vision d'un globe rouge sur le fond sombre d'une nuit noire vu par des yeux n'ayant pas eu le temps de s'accommoder de la faible luminosité ambiante, interprétée par un cerveau qui "perd les pédales" laisse forcément dans la mémoire une impression très désagréable. Surtout pour celui qui a une peur viscérale du noir.
Joël Mesnard de "Lumières Dans la Nuit" voit dans ce détail fréquemment relaté une manifestation typique du vrai-ovni, un effet d'une quelconque force toute aussi obscure et se sert de ce "noir" subterfuge pour transformer le cas de méprise Lune certaine à Blandas/Le Vigan en ovni. Tous les moyens sont bons pour remplir les colonnes d'une revue ufologique.


VI/ QUAND LA LUNE LAISSE DES TRACES DURABLES

A/ Lumières Nocturnes ou Rencontres Rapprochées du 2ème type avec photographies

18.07.1978 04.00HL (21) BIERRE LES SEMUR "LUCENAY"
Source : LDLN n° 178 p. 34 C.P. Le Progrès de Saône et Loire du 20/07/78.
Un campeur sort de sa tente et voit une assiette rouge feu renversée stationnant à 3 ou 4 km de lui, à une altitude de 100 à 200 m. Il prend trois photos avant que l'objet ne disparaisse vers le sud-ouest.

* Pas d'enquête, juste l'article de presse. Sur les photos (dont nous ne savons rien !) devrait apparaître la belle Sélène, prête à se coucher à cette heure, pour peu que ce campeur soit bon photographe. Les revues et catalogues ufologiques fourmillent de tels cas anecdotiques.


22.10.1977 23.00HL-->00.30HL (56) LARMOR PLAGE
Source : LDLN n° 229 p. 40
Une dame de 50 ans, voit une sphère rouge ardent, fixe, de huit fois la taille de la P.L et basse sur l'horizon. Elle appelle ses voisins qui voient le phénomène se dissoudre progressivement . Deux photos sont prises qui resteront vierges. Dix minutes après, le phénomène réapparaît plus à droite et incliné différemment en s'allumant par le bas. Une zone d'ombre suit cette lumière. L'ovni s'éteint ensuite définitivement. La Lune, très brillante, était visible à gauche de l'ovni, au dessus du phare de Groix. Les voisins ne sont pas interrogés.

* Ce récit publié pose divers problèmes :
- La sphère n'est en réalité qu'un demi-disque horizontal sur le dessin que le témoin fait de la première phase d'observation.
- En dernière phase, l'ovni a le même aspect et est dans la même secteur que la Lune au PQ située entre 35 > h° > 33 et 199 <Az° < 207. A cette hauteur, elle est habituellement blanche.
- La Lune, en réalité, n'est pas du tout dans l'azimut du phare et pas non plus à gauche du témoin !
- Sur la photo publiée, la dame indique une direction et une hauteur qui est celle de la Lune mais est différente de celle indiquée sur le plan et dans l'enquête. Effet de parallaxe ? Imprécision ? On nage dans le flou le plus complet. Erreur d'heure, erreur de localisation, erreur de plan, fabulation ? Et les autres témoins, pourquoi ne les a-t-on pas interrogés ? Il est pratique et de tradition chez le chasseur d'ovni de se contenter d'un témoignage "phare" et d'oublier les autres qui peuvent être gênants, divergents ou contradictoires.

Les photographies d'ovni-Lune et d'ovni sont en général vierges. Ce n'est sûrement pas à cause d'un quelconque effet X ou rayonnement Z émis par l'ovni mais plus prosaïquement suite à une sous exposition et une méconnaissance de la photographie de nuit. Lorsque par chance, l'ovni est visible sur la photo développée, il est de taille nettement plus petite que ce que le témoin décrivait ou attendait puisqu'il surestime très souvent la taille angulaire de la Lune. Effet et déception connue de tout photographe amateur de Soleil couchant. Paraissant énorme à l'oeil, il s'avère minuscule sur la photo.
Sa taille réelle apparente est de 30 minutes d'arc, soit un demi degré. Notre ongle de petit doigt vu à bout de bras, tendu vers la Lune dans le ciel, suffit à la cacher.

B/ Lumière Nocturne ou R.R.2 avec trace au sol

13.06.1970 23.40HL (16) FORET DU BOIS BLANC, ANGOULEME
Source : LDLN Contact Lecteurs n° 1 série 5 ; "Dossier des rencontres rapprochées en France" M. Figuet p. 344
Un jeune couple d'amoureux observe un pentagone irrégulier rouge orangé de deux fois la P.L. L'ovni se tient fixe en avant (sic !) des arbres, à moins de cent mètres du véhicule arrêté, entre le sol et la cime des arbres. La surface de l'objet est parcourue d'un réseau de lignes noires ou bleu foncé donnant un aspect de vitrail.
Le jeune homme panique, ressent des picotements dans la tête et reste aphone. Sa fiancée tremble de peur. Le silence ajoute à leur angoisse. Le conducteur démarre et fuit, roulant tous feux éteints pour ne pas attirer l'ovni.
Une trace carrée de deux mètres de côté d'herbe aplatie et jaunie est retrouvée le lendemain. Aucune trace d'accès n'est relevée par les témoins dans l'herbe haute. Il s'avérera lors de l'enquête que la fiancée aurait vu deux phénomènes similaires successivement cette nuit là.


*La Lune est au PQ le 12 et se couche à 01.24HL A 23.40HL : h° = 18 et Az° = 236.
L'effet de vitrail, dû aux branches se superposant sur la surface de l'astre situé en arrière plan, révèle la méprise de manière flagrante. La Lune à 100m, n'est pas la plus proche distance répertoriée dans les cas examinés : cela va jusqu'à la rencontre rapprochée avec la Lune... à 10 m ! Ceci indique à quel point les estimations de distance peuvent être grossières ou fausses dans les témoignages. La classification ufologique actuelle des cas (celle de Hynek) basée sur la distance est d'évidence caduque. Pourtant elle est toujours utilisée !
Autre remarque à ce sujet : l'immense majorité des "enquêtes" sur les ovnis, vrais ou faux, ne fait pas mention ni par écrit ni par dessin (puisqu'il n'y en a souvent qu'un, et "à plat", quand il existe !) de l'existence d'une profondeur pour cet objet, même lorsqu'il y a survol ou mouvement important du témoin. Ce critère est pourtant important lorsqu'il s'agit d'identifier un objet inconnu. A quand des enquêtes en trois dimensions et des enquêteurs tenant compte des perspectives ?
L'ovni, vu la deuxième fois subrepticement dans une direction différente, s'explique probablement par un reflet vu sur une vitre du véhicule.
La trace est très probablement la conséquence de l'installation d'une tente carrée ou d'un pique-nique prolongé, longtemps avant l'observation. L'on voit ici comment avec une Lune au départ l'on finit après enquête trop rapide avec deux ovnis jumeaux plus une trace ! Et l'enquêteur ufologue rentre heureux de sa journée avec l'impression d'avoir fait une bonne affaire, comme dans la pub pour la lessive...
L'attitude du conducteur qui roule sans feux montre à quel point les témoins prêtent une intelligence à un phénomène pourtant fixe. La peur rend animiste.
Ceux qui penseraient que ce genre de cas avec trace est exceptionnel se trompent. Entre autres exemples, je leur conseille la lecture du N° 300 de LDLN sur le cas de Mansigné. Le rédacteur de la revue y fait en page dix-huit et dix-neuf, un commentaire de ce témoignage qui devrait rester dans une anthologie du gag ufologique... Si vous faites ce détour allez en page vingt et un et savourez le récit, sur l'ovni vu entre Nay et Bourdettes. En fait, c'est la pleine Lune au lever à l'est/sud-est qui déclenche une crise peur de panique chez un couple !
Ensuite revenez à ces lignes...


VII/ LES SELENITES EXISTENT, ILS LES ONT RENCONTRES...

A/ Des sélénites dans l'ovni

26.08.1974 21.00HL (59) FEIGNIES
Source : LDLN n° 151 p. 10
Les témoins observent à 200 mètres d'eux un ovni immobile qui, ensuite, descend très lentement. Il est rond et noir entouré d'un fin liseré blanc. Il finit par se stabiliser à 20 mètres du sol, s'ouvre en deux demi-Lunes verticales qui s'écartent lentement. L'une reste fixe, l'autre s'éloigne vers le S.SE en rapetissant puis s'estompant. Sur l'ovni resté fixe, un voile sombre se tire de la partie arrondie à gauche vers la partie verticale à droite. Et apparaissent alors, sur ce fond sombre, deux êtres vêtus de combinaisons gris métal blanc qui se dandinent sur la surface de l'ovni durant quarante minutes.
Lassés par la monotonie de la scène, les témoins s'occupent d'autres choses sans chercher à savoir si le
phénomène persiste ou pas...

* La Lune au PQ se couche à 23.25HL. A 21.00HL : h° = 13 et Az° = 203 . Pile dans la direction de l'ovni. La Lune n'est pas vue mais pourtant quelques étoiles sont aperçues dans la nuit sombre. Tout ceci laisse à penser que l'imagination des témoins, peut-être aidée par une acuité visuelle affaiblie, a construit l'image des êtres à partir des nuages qui passaient devant la Lune et donnaient vie à ces créatures imaginaires. Spectacle d'ombres chinoises inversées qui finit par lasser les témoins. Cette attitude situe la faible étrangeté du phénomène.
Dans un autre cas, à Tellecey (21), une silhouette avec un chapeau sera vue dans l'ovni qui était en l'occurrence et sans le moindre doute la pleine Lune (même site au degré près). Comme quoi il n'y a pas que les enfants qui voient des formes connues dans les nuages...


B/ Des sélénites hors de l'ovni

18.10.1954 22.45HL (25) MALBUISSON "LE VEZENAY" N437 X D204
Source : Cat. Vallée n° 284. LDLN n° 97 p. 10. M. Figuet p. 188.
Le témoin, une femme, voit une vive lueur rouge éclairant le paysage puis la lueur s'éteint lorsqu'elle approche le hameau. En sortie de cette localité elle voit sur le bord de la route un être de taille moyenne, chapeauté, et deux autres de petite taille qui traversent devant elle. Prise de peur, elle accélère l'allure puis 3 km plus loin se retourne et voit un objet ovale rouge s'élever verticalement au dessus du hameau.

*Lune au lever et scouts en ballade, voilà un des ingrédients d'une recette probable pour cette RR3 de la célèbre vague (médiatique) d'observations d'ovnis en 1954. Des soldats en manoeuvre, des vaches aux yeux glauques et réfléchissant la lumière, la silhouette d'un panneau stop ou d'un bosquet, peuvent servir d'ingrédients pour faire un extraterrestre au clair de Lune, même de nos jours...


VIII/ ENLEVES PAR LA LUNE ?

De par mon métier d'enseignant, je peux témoigner de fréquents cas d'enfants "partis dans la Lune" et présentant des symptômes d'amnésie totale du cours.
Il en est tout autrement dans la casuistique ufologique française.
Exceptionnels sont les cas d'abduction (enlèvement par des E.T) ou RR4 présents dans ce fichier de cas français. Ceci restreint donc forcément la possibilité d'y trouver un cas ovni = Lune. Penser que la Lune ne peut donner des RR4 serait une erreur. Même dans ces cas extrêmes, le stimulus de départ a souvent une réalité physique, banale ou pas, trop souvent ignorée de ceux ayant une approche socio-psychologique ou folkloriste tout autant que par leurs adversaires pro-extraterrestres.
Elle joue probablement un rôle dans l'affaire d'enlèvement d'Hélène Guiliana (interrogée sous hypnose) mais ceci serait trop long à exposer ici et barberait les néophytes.


IX/ COMMENT NE PLUS PRENDRE LA LUNE POUR UN OVNI

- 1/ Tout d'abord, il faut en avoir envie...
- 2/ Ceci étant, il suffit de posséder un maximum d'informations précises sur la localisation du témoin et du phénomène dans l'espace et dans le temps. C'est à dire d'enquêter avec rigueur.
- 3/ Avec ces données, c'est ensuite facile, grâce à l'ordinateur et aux calculs éphémérides, de vérifier si méprise possible il y a.

S'il y a tant d'ovnis = Lune c'est qu'encore trop d'ufologues n'ont pas franchi le cap du 1/ ou du 2/ et ne doit rien au fait qu'ils n'ont pas d'éphémérides. J'en veux pour simple preuve une annonce d'offre de calculs éphémérides gratuits passée dans le N° 299 de LDLN qui n'a donné, qu'une seule personne intéressée. Cette même proposition a été faite à la rédaction de LDLN mais n'a eu aucune réponse. Pourtant s'il y a une revue qui mériterait une "Lune d'or" et sans laquelle je n'aurais pu trouver matière suffisante pour cette étude, c'est bien la revue LDLN.

Avec la date, l'heure, le lieu et la ville la plus proche (l'idéal étant la latitude et longitude du lieu en degrés), l'azimut par rapport au nord et la hauteur angulaire estimés, un résumé clair de l'observation, vous pouvez vous aussi me demander de vérifier votre observation (même s'il vous paraît évident qu'elle est insolite !).
----> Email :
erick.maillot@wanadoo.fr

Vous nous aiderez ainsi à la constitution de notre fichier comparatif "OVNI / OVI / Effets physiques".


X/ LA LUNE COMME INDICATEUR UFOLOGIQUE

Il serait dommage de ne pas profiter de l'occasion pour faire un panorama éducatif et formateur des informations que la Lune apporte à celui qui sait ne pas l'oublier.

A/ La datation

Bien des témoignages sont mal datés et l'on pourrait croire que l'on ne peut rien y faire ou que toute recherche ou test des méprises astronomiques est exclu. C'est faux dans certaines conditions.

Si le cas est daté ainsi : "Entre fin août et début septembre 1978 à 23.30HL" ou "Un samedi de février 1968 ou 1969 dans la nuit.", tout n'est pas perdu.
Si le témoin a vu la Lune et peut la situer en site (entre est et sud, en dessous de 40°) et/ou en phase (PQ, DQ, PL) alors il est possible de dater précisément le cas ! Si, bien sûr, les informations ne sont pas erronées...

J'ai pratiqué la datation de confusions manifestes ovni = Lune ainsi avec succès grâce à un logiciel créé pour ce travail. Il faudrait aussi avoir systématiquement le nom du jour (ou des jours) possible(s) de l'observation. Et faire préciser lorsque l'observation se fait de nuit (vers minuit) : dans la nuit DU ...AU .... Trop de cas restent inclassables et/ou invérifiables à cause de cette omission !

B/ Les estimations angulaires

1/ La taille angulaire

Toute enquête devrait obligatoirement contenir une estimation de la taille angulaire de la Lune. Ce test devant se pratiquer en deux étapes :
- Demander " Quel objet courant tenu à bout de bras suffit à cacher la Lune ? Ex: Un panneau Stop, une assiette, une pièce de monnaie"
- Affiner l'estimation avec un double décimètre ou un mètre à bout de bras en posant la question: "Quel doit être la dimension de cet objet ?".
L'utilisation d'un comparateur (très utilisé par les ufologues !) est à éviter. Elle restreint le choix des témoins et leur suggère une faible taille angulaire. Quand on sait que certaines estimations de la Lune vont jusqu'à la taille d'un panneau Stop, c'est donc risquer de déformer le témoignage. Beaucoup ne s'en privent pas.

Cette information obtenue est alors à comparer à la taille angulaire estimée (pas la taille estimée réelle en mètres, cela n'a aucun intérêt !) de l'ovni grâce aux mêmes questions. Une correction de la taille de l'ovni peut s'avérer nécessaire si le témoin grossit la Lune de dix ou cinquante fois sa taille réelle (5 mm à bout de bras ou 0,5°).
Ex : Lune estimée à 5 cm à bout de bras => soit 5 mm (taille réelle apparente) multiplié par 10 donc surestimée de 10 fois => Réduire de 10 fois la taille estimée de l'ovni donnée par le témoin.

2/ L'Azimut et la hauteur angulaire

Si le témoin a vu la Lune (ou reconnu une planète ou une étoile...), il est aussi indispensable de la lui faire situer le plus précisément possible en azimut et en hauteur angulaire. Sans omettre de situer l'ovni par rapport à la Lune (ou un autre astre).
- Si le cas est correctement daté, il est possible de vérifier ainsi la qualité des estimations d'azimut et de hauteur grâce aux éphémérides astronomiques. L'ovni n'en sera que mieux positionné pour une phase donnée de l'observation. Il ne faudrait pas non plus oublier de noter le lieu où se trouve le témoin, les sites de l'ovni en début et en fin d'observation sur un plan lisible et orienté par rapport au Nord.
On peut aussi orienter les photos des lieux en précisant l'azimut de visée au centre de la photo. Ceci vaut plus que de longs discours et reste encore trop rare dans les "enquêtes" publiées.
- Si le cas est mal daté, nous l'avons vu, la Lune est une chance à ne pas rater.

C/ La mémoire visuelle

Si le témoin est capable de dessiner la Lune vue dans sa phase, son inclinaison et sa position réelle, vous avez l'assurance d'une mémoire visuelle excellente. Ce qui est un élément de poids.
Le dessin de la Lune à côté du dessin de l'ovni fait par le témoin (jamais par quelqu'un d'autre !) est aussi instructif et donne une échelle au dessin. L'utilisation de la photographie des lieux pour que le témoin y situe et dessine l'ovni et son déplacement "à l'échelle" est aussi une méthode à pratiquer.

D/ La bonne foi du témoin

Il est de bon ton, chez l'ufologue comme chez bien des personnes, d'éviter de remettre en cause la bonne foi d'un témoignage que l'on recueille. Le témoin a toujours toutes les qualités de la création et ses défauts, s'ils sont connus ou cités, sont souvent minimisés voire inexistants. Les alcooliques, les myopes, les daltoniens, les paranoïaques, les malades chroniques divers, les consommateurs de tranquillisants ou de cannabis, les farceurs, n'existent pas en France. En tout cas, pas parmi les observateurs d'ovnis... C'est à peine caricatural. Et quand on sait que le témoin n'est pas crédible, on ne le dit pas car cela ne se fait pas de dire certaines vérités. Mais on publie son récit, sans commentaire.

Voici un exemple, il y en a d'autres, où la Lune indique la crédibilité (ici nulle !) du récit :

23.09.1977/ 23.15HL->23.30HL (72)CHAMPAGNE
Source: LDLN n° 176 p.13
Trois témoins voient une lueur orange vif, ovale au contour net, basse sur l'horizon vers le nord-est. Elle reste fixe durant 15 mn. Cinq rectangles gris argent apparaissent alignés durant deux secondes puis disparaissent. L'ovni diminue et disparaît aussi. Des photos sont prises et restent vierges. Le témoin dit avoir vu la Lune presque à sa verticale, blanche et sans halo. Le récit des autres témoins est absent (comme d'habitude...)

* La Lune en DQ se levait au nord/Est. Le témoin ment donc ici, très probablement délibérément, pour cacher sa méprise (avec la Lune) à l'enquêteur qui devait commencer à se douter de quelque chose en demandant au témoin où était la Lune. Que ne ferait-on pas par peur du ridicule... Quelques hublots sur une Lune feront l'affaire. Ce type de "maquillage d'urgence" est courant lorsque l'on recueille un témoignage et que l'on propose d'emblée au témoin des explications plausibles. Mieux vaut donc, au début, ne rien dire au témoin si l'on pense à une explication.

Il est aussi possible dans le cas ci-dessus que l'heure ou la date soit fausse mais n'ayant pas la position précise ni la phase de la Lune ceci reste invérifiable. Et il y aura toujours au moins un ufologue pour dire que l'ovni était la Lune et vice versa. Elémentaire !
Pour ceux qui désireraient un autre exemple similaire voir Ovni Présence n°26 page 4-6. Edifiant.

Je pourrais aussi citer des récits d'ovni où le témoin déclare avoir vu la Lune alors qu'elle est physiquement invisible. L'un d'entre eux est bien connu « Joe le Taxi » à Nort-sur-Erdre (enquête GEPAN) : la Lune était de l'autre côté de la maison à l'heure où l'enfant observait et enregistrait le bruit d'un ovni. Le cas s'avérera être un canular avec enregistrement d'un message morse provenant d'une station onde courte (radar transhorizon).

Des cas de ce type se retrouvent dans des études statistiques sur les ovnis ou des ouvrages ufologiques sans que personne, à de très rares exceptions près, ne songe à en vérifier le contenu, faisant une confiance totale au témoin, au nombre de sources ou à l'auteur précédent. C'est moins fatigant.

Voilà pourquoi chaque type de vérification doit être explicitée avec le témoignage. A quand un indice de vérification ou de niveau d'enquête ? Tant que cela n'existera pas, la majorité des cas ovnis accumulés depuis quarante ans ne vaudra pas tripette... L'ufologie a le grand tort d'être quantitative et non qualitative, à l'image de ses indices d'information. Espérer attirer des scientifiques (sérieux et non crédules !) avec cela est vain.


XI/ CONCLUSIONS

A/ Un petit pas pour l'ufologue, un grand pas pour l'ufologie

Un peu de méthode dans l'ufologie et particulièrement dans les enquêtes suffirait à faire avancer grandement notre connaissance des ovnis, des O.V.Is et des témoignages. Faire l'effort de se former pour informer précisément ceux qui ne savent rien d'un cas, c'est aussi cela faire des enquêtes. Il est difficile de ne pas oublier d'éléments lors de l'investigation d'un cas ovni mais il y a un minimum exigible surtout lorsqu'un rapport doit être publié.
A quand ce rapport minimum garanti exploitable auquel tant d'ufologues se refusent (on comprend vite pourquoi) ?

B/ La qualité des témoignages

Si des méprises existent dans les témoignages c'est bien la preuve que la grande majorité des témoins :
- est de bonne foi. Ce qui n'enlève pas les menteurs...
- relate une réalité physique incontestable. Ce qui n'élimine pas les cas pathologiques ou psychologiques...
- déforme les faits avec plus ou moins d'ampleur suivant l'état psychologique et physiologique lors de l'observation. Ce qui n'enlève pas les faits...
- méconnaît bon nombre de phénomènes banals constamment présents dans l'environnement. Ce qui n'élimine pas la présence possibles de phénomènes rares noyés dans la masse.

La lecture "biblique", mot à mot, d'un témoignage est un non sens. Elle est pourtant couramment pratiquée. J'ai, par expérience, trouvé un moyen assez performant pour filtrer les informations venant du témoin ou d'une enquête. Il consiste à résumer l'observation en un minimum de mots utiles et objectifs pour en conserver les caractéristiques essentielles et utilisables. Ceci fait, il faut reconstituer au mieux l'environnement, possible ou certain, du témoin. Bien des cas deviennent ainsi probablement ou certainement explicables. "Pratique de réductionniste !" diront péjorativement certains bons croyants.

Voyons cela sur un petit résumé d'une observation réelle :
Datée du 15 ou 18.12.1965 23.30HL EPISY Départementale 148, Seine et Marne
Source : LDLN n° 301 p. 37
Résumé : 1 témoin véhiculé, 1 boule = lueur couleur chalumeau avec halo violet, proche du sol ou au sol, semble fixe ?, peur & fuite du témoin, parasites TV localisés (fait vérifié). Durée inférieure à une minute.

Sur la carte du lieu une voie de chemin de fer est proche du témoin. C'est l'hiver. Un arc sur des caténaires givrées peut être à l'origine d'une méprise. Ceci semble se confirmer par la présence de parasites localisés sur les émissions TV. Les conditions météorologiques précises, les horaires de passage des trains et le plan des lieux avec azimut de l'ovni n'étant pas dans l' "enquête", il est difficile de le prouver ou d'infirmer cette thèse. Ce réductionnisme là (cas réduits à une anecdote donc sous-informés), fréquemment cultivé est, lui, rarement dénoncé puisqu'il permet d'avoir beaucoup d'ovnis à publier ...

C/ La base de données

Les constantes mises à jour peuvent être subjectives ou objectives. Par conséquent seule une approche comparative OVI/OVNI peut permettre de savoir si ce scénario de poursuite est une illusion animiste ou une manifestation d'un phénomène intelligent. Nous savons désormais qu'il n'est qu'illusion.
La méthode d'analyse clinique couplée à une analyse statistique permet bien de faire avancer la connaissance d'un phénomène et ce n'est pas pour rien qu'on utilise ces méthodes en sciences humaines ou de la vie.
Les spécialistes de tous les secteurs utilisent désormais des systèmes experts pour les guider dans leur diagnostic ou leurs projets. Le temps est arrivé de mettre au point et d'utiliser cet outil. Le tri des cas probablement identifiables et des non identifiables étant fait, nous pourrons enfin étudier et interpréter ces témoignages d'ovnis plausibles, s'il en reste et quels qu'ils soient.

D/ La Lune, révélateur des travers humains

Chaque nouveau témoignage ou nouvelle enquête ovni apporte, lorsque le stimulus observé est identifié, son lot de révélations sur l'homme. En vous plongeant dans les observations de Mansigné 05/09/1981, St Firmin 16/08/1991,..., vous pourrez voir comment de prétendus spécialistes (rédacteurs de revues ou enquêteur en chef formant ou conseillant des enquêteurs) au sein d'associations ou sociétés (telles que Lumières Dans La Nuit, Magonia, Centre d'Etude Ovni France,...) s'acharnent à faire croire l'incroyable à leurs lecteurs, niant l'évidence au profit de l'improbable et transformant ainsi leurs publications en catalogues de méprises hétéroclites.

Les cas de Vaux 11/07/1967, Meyrieux 03/10/1954, Durtal 06/1/1969, Neuville St Vaast 17/01/1976, etc... démontrent que
l'origine sociale, le niveau d'étude ou la profession d'un témoin ne sont en aucun cas une garantie d'objectivité et de non méprise. Des agriculteurs se font parfois prendre au piège par la Lune tout comme des pilotes à celui de Vénus, d'un ballon sonde ou d'une rentrée atmosphérique. Nul homme n'est infaillible et les arguments d'autorité, visant à faire croire le contraire, cachent toujours la faiblesse de l'argumentation.

L'observation de Luçon (cas du 09/02/1976) fut la première enquête scientifique officielle d'un ovni, diffusée par le CNES/GEPAN à titre de modèle méthodologique (le comble du gag) lors d'une conférence publique destinée aux amateurs ufologues de l'époque. Ce fut aussi la preuve éclatante que des chercheurs de diverses spécialités, le conseil scientifique du GEPAN, payés par l'état, se laissèrent abuser dans leur étude et leur conclusion (comme de simples témoins) sur un phénomène incontestablement identifié par quelques uns de ces ufologues amateurs (auxquels le GEPAN voulait donner une leçon de science) comme étant ... la Lune !
Le GEPAN, un peu confus, admit son erreur mais ne remit pas totalement en cause sa méthodologie inadaptée de traitement des témoignages ovnis. Les méprises continuèrent de polluer ses fichiers ovnis (actuellement encore utilisés par le SEPRA).

L'étrange cas de vision dédoublée de la Lune par le 'Docteur X', qui ne manquera pas d'intéresser les amateurs de stigmates (ici abdominal et triangulaire), nous apprend que les faits les plus fantastiques ou "paranormaux" trouvent souvent leur départ dans la réalité triviale et un prolongement dans les profondeurs de l'esprit humain à travers la psychologie, la neurologie ou la psychiatrie (cf. le dossier en ligne sur le site du Cercle Zetetique : http://www.zetetique.ldh.org/drx.html).

Les astres ont guidé les navigateurs à la découverte de nouveaux horizons. Ils peuvent aussi nous aider à avancer dans la compréhension des témoignages ovnis et de la psychologie des perceptions humaines.
Ne les négligeons surtout pas, ce serait risquer de se perdre dans le labyrinthe des délires ufologiques.


Eric Maillot
(S'adresser à l'auteur pour les références)

© E. Maillot, Laboratoire de Zététique, septembre 1999/janvier 2004
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