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Gaël DURRIEU (CP)

 UNSA 1999-2000

 © Laboratoire de Zététique UNSA 2000 & G. DURRIEU
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La vie après
la mort


Sommaire

 

 


1 Présentation et but

 

J'ai choisi d'étudier le chapitre concernant les expériences de mort imminente (EMI) dans le livre "la Vie après la mort" de D.S. Rogo. Dans ce livre, l'auteur étudie divers phénomènes susceptibles d'apporter des preuves de survie. Pour ma part, je me suis intéressé, à partir de la lecture de ce livre, au fait que certaines personnes ayant eu une EMI ont pu rapporter des descriptions réelles de ce qui s'est passé durant leur expérience.

Voici quelques renseignements concernant les auteurs sur lesquels je me suis appuyé :

Raymond Moody :

Il est docteur en philosophie et médecin et c'est le premier à avoir mené une investigation sur les EMI. Dans son livre (1) il décrit les étapes des EMI ( grand bruit, sensation de paix, sortie hors du corps, voyage dans un tunnel, présence de lumière et d'un être de lumière, revue de vie et hésitation du retour), grâce à la collecte de témoignages.

D.S. Rogo :

Susan Blackmore (3) le décrit comme un parapsychologue. Il a écrit de nombreux ouvrages dans ce domaine (voir analyse du paratexte).

Kenneth Ring :

C'est un professeur (aujourd'hui à la retraite) de psychologie de l'Université du Connecticut. Il a commencé à étudier les EMI après la lecture du livre de Moody (1), en en faisant une étude plus scientifique (2). Il a aussi été le cofondateur et ancien président de IANDS ( International Association for Near-Death Studies) (13). Il a écrit plusieurs ouvrages sur les EMI et le plus récent sur des expériences de personnes aveugles.

Michael Sabom :

C'est un cardiologue qui, au départ, pensait que le livre de Moody (1) n'était qu'une fiction, mais l'étude qu'il fit auprès de survivants à des arrêts cardiaques allait dans le sens des résultats de Moody. Il continua alors ses recherches sur les EMI.

Susan Blackmore :

Enseignant-chercheur en psychologie à l'University of the West of England, elle a d'abord étudié les EMI et d'autres phénomènes paranormaux en tant que parapsychologue mais est devenue de plus en plus sceptique au fur et à mesure de ses recherches. Ces conclusions concernant les EMI se trouvent dans le livre (3).

 

Le but de ce rapport:

Mon but est d' analyser, à la lumière des différents livres, la revendication selon laquelle lors des EMI, il y a manifestation de la conscience hors du corps et que les EMI ne peuvent se ramener à des hallucinations dues à la sous-oxygénation, à une activité mal connue du cerveau ou à un trouble psychologique.

 

Note : les numéros entre parenthèses renvoient aux références.

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2 Analyse du paratexte

 

Le livre (4) est une traduction mais le traducteur n'étant pas nommé, j'ai voulu le contacter par l'intermédiaire de l'éditeur, les éditions de Bressac.

Or l'adresse et le numéro de téléphone ne correspondent pas, et les renseignements téléphoniques (numéro : 12) n'ont pas trouvé ces éditions dans toute la région parisienne.

La consultation du catalogue de la bibliothèque municipale de Nice (8) permet d'obtenir une liste d'une partie des livres publiés par les éditions de Bressac dans la collection " Lumières " :

La Chiromancie : l'art de lire dans les lignes de la main.

L'Hypnose par la pratique : utilisez pleinement votre potentiel.

La Réincarnation de A à Z.

Le Secret des nombres.

Votre thème astral : guide pratique d'analyse et d'interprétation.

Le Yi-king : maîtrisez votre destin par la sagesse de l'oracle chinois.

On peut ainsi avoir une idée du contexte éditorial du livre (4) puisqu'il fait aussi partie de cette collection.

De même, voici une partie des livres écrits par D.S. Rogo tels qu'indiqués sur le site web (7) :

Leaving the body : a complete guide of astral projection.

ESP and Your Pet.

An experience of phantoms.

The Return from silence : a study of near-death experiences.

Man does survive death.

Minds and Motion : the riddle of psychokinesis.

D.S. Rogo a donc abordé des sujets aussi controversés que la psychokinèse, la perception extrasensorielle, etc.

 

Ceci nous permet donc de prendre un peu de recul par rapport au livre " La Vie après la mort ", car nous savons dans quelle direction va nous mener l'auteur.

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3 Analyse du texte

 

Dans cette partie, je vais suivre la chronologie du chapitre consacré aux EMI dans le livre (4), en comparant le propos tenu à celui d'autres livres.

 

Introduction :

Pour présenter le chapitre, l'auteur revient sur le livre de Moody (1), car c'est suite à sa publication que les témoignages sur les EMI se sont développés. En effet, depuis la parution de ce livre, beaucoup de personnes ont témoigné avoir vécu la même expérience car ils avaient moins peur d'en parler. Mais on peut aussi supposer que des gens ont inventé ou amélioré leur récit après avoir pris connaissance d'autres témoignages, d'autant plus que de nombreux récits ont été rapportés dans des journaux.

Ensuite Rogo fait référence à plusieurs colloques d'associations qui ne sont pas des centres de recherche officiels. Par exemple, Iands-France (11) est une association type loi 1901.

Après avoir rapporté 2 cas d'EMI, l'auteur laisse la parole au Dr Kastenbaum qui indique que ces expériences restent rares. Mais pour répondre à cette critique, Rogo ajoute alors que des études objectives ont été réalisées.

 

Témoignages relatifs à la mort imminente :

L'auteur évoque l'étude de Michael Sabom qui précise que 61% des patients interrogés ont vécu une EMI. Dans son étude, Ring (2) en obtient 60% mais avec une diminution au fil des étapes décrites par Moody.

En conclusion, Sabom dit que les EMI sont bien réelles et qu'elles sont différentes des hallucinations.

 

Cas véridiques :

 

L'auteur nous décrit ensuite la démarche de Michael Sabom. Ce dernier s'est intéressé aux récits dans lesquels l'opération ou la réanimation sont décrites de façon précise.

Dans tous ces récits, les gens disent avoir vu leur corps alors qu'ils étaient en train de flotter au-dessus de celui-ci. L'un se trouvait à " une cinquantaine de centimètres de son corps ", un autre " flottant au plafond ", un autre encore " à côté de son corps ". Dans le livre (1), on trouve aussi des expressions du type " flottant à environ 1m50 du sol " ou " sur un piédestal ".

Tous ces cas, hormis celui du plafond, correspondent à la vision d'une personne debout. Susan Blackmore (3) explique cela par le fait que lorsque nous nous remémorons un fait, nous adoptons une " bird's eye view " : nous nous voyons mais c'est en fait une construction de notre cerveau.

Rogo décrit ensuite plusieurs cas issus des travaux de Sabom où les patients ont donné de nombreux détails pour lesquels il se demande comment ils ont pu les connaître.

Concernant les cas de réanimation après arrêt cardiaque (6 sur 32 dans l'étude de Sabom puisqu'il est cardiologue), J. M. Bader (6) explique que l'envoi de gaz oxygène peut faire affleurer les malades à la conscience pendant de brefs instants, et leur permettre ainsi de voir ce qui se passe autour d'eux.

Sabom a été aussi impressionné par le fait que les hôpitaux puissent confirmer les dires des malades, mais certains éléments restent invérifiables car n'étant pas mentionnés dans les rapports hospitaliers.

 

Expériences sur la mort imminente :

 

Pour évaluer la possibilité que les patients aient pu, par la TV ou d'autres moyens, connaître les techniques de réanimation, Sabom compara les récits de personnes ayant vécu une EMI à ceux de patients "sensibilisés". Les récits des premiers étaient bien plus précis que ceux des seconds. Il en conclut que ce n'est pas la connaissance préalable des techniques de réanimation qui est à l'origine des descriptions précises. Mais comme le dit Susan Blackmore (3), ce n'est pour autant que l'explication relève du paranormal. En effet, selon elle, les patients ont très bien pu entendre ce qui se passait car l'ouïe est le sens qui perdure le plus longtemps. Ceci m'a été confirmé par une anesthésiste (car l'ouïe est un sens primitif). On peut ainsi comprendre le fait, qui paraît à première vue extraordinaire, que les patients ont entendu leurs médecins affirmer qu'ils étaient morts ! De plus, à partir des paroles des médecins et infirmières, les malades ont pu, comme nous le faisons à l'écoute d'une histoire racontée, élaborer des faits tout à fait plausibles.

Rogo décrit un dernier cas étudié par Sabom, mais également analysé par Susan Blackmore (3). Il s'agit d'un cas d'arrêt cardiaque dans lequel le patient décrit le mouvement des aiguilles de l'appareil de réanimation avec une grande précision.

Le patient déclara qu'il ne connaissait pas l'appareil employé et que son expérience était bien réelle, Michael Sabom en conclut que les patients restent conscients de ce qui leur arrive et de ce qui est dit et donc que les faits racontés attestent " la libération de la conscience hors du corps lorsque l'on voit la mort de très près ". Concernant ce même cas, Susan Blackmore explique que le mouvement des aiguilles décrit est plausible mais non vérifiable car de tels détails ne sont pas conservés par l'hôpital. De plus, bien que le patient le nie, il a pu recueillir des informations de façon inconsciente, d'autant plus que le témoignage a été livré 5 ans après la réanimation.

Dans sa conclusion, Sabom rejette " les hypothèses selon lesquelles la mort imminente relève des bizarreries du cerveau, des hallucinations dues à la sous-oxygénation ou d'une quelconque anomalie psychologique ", car les expériences vécus sont bien réelles. Mais en fait, sa conclusion ne vaut que pour les cas de descriptions précises et non pour les autres éléments des EMI.

Susan Blackmore (3,5) propose une explication à la réalité des expériences :

En effet, ce qui constitue pour nous la réalité est le reflet de ce que nous percevons par nos sens, mais elle est établie par notre cerveau. Ce dernier construit plusieurs modèles du monde qui nous entoure et ensuite choisit comme réel le plus stable des modèles. Ainsi, à l'approche de la mort, le modèle sensoriel n'est plus le plus stable et c'est alors le modèle " bird's eye view " qui incarne la réalité.

Ceci permet d'expliquer la sensation de réalité, et si l'on prend en compte la possibilité de perceptions sonores et les connaissances préalables des malades, les descriptions d'événements réels s'étant déroulés pendant l'opération ou la réanimation ne sont plus si paranormales.

 

Nouvelles perspectives :

Rogo fait allusion à l'étude de Kenneth Ring dont les résultats rejoignent ceux de Sabom avec cependant une diminution du nombre de personnes au fil des étapes. Ring a également découvert que la " mort " brutale donne plus de chance de vivre une EMI et qu'il n'y pas de différences entre les patients croyants et ceux athées.

Rogo présente deux points qui vont à l'encontre de la théorie de l'après vie :

Tout d'abord la définition même de la mort n'est pas stricte. Et puis si les patients sont encore là pour raconter leur aventure, c'est qu'ils n'étaient pas véritablement morts. J. M. Bader (6) rappelle que la mort est un état et non un voyage.

Le phénomène d'anoxie qui entraîne des hallucinations pourrait expliquer les EMI.

Mais Rogo présente alors le Dr Fred Schoonmaker qui a recueilli des récits de personnes dont on est certain qu'elles ne souffraient pas d'anoxie et d'autres pour lesquelles on dispose d'un relevé d'électroencéphalogramme plat.

Dans les cas d'absence d'anoxie, on peut penser que d'autres facteurs peuvent au même titre que l'anoxie déclencher les EMI (Susan Blackmore (3), p.51).

 

Expériences négatives :

A l'inverse de Moody, Sabom et Ring, Rawlings et Garfield ont recueilli des expériences négatives, expériences qui peuvent peut-être s'expliquer par leur inhibition, surtout lorsque les récits sont livrés longtemps après. Rogo n'hésite pas à présenter ces cas car ils ne prouvent pas la non-survie.

Finalement, Rogo parvient à la conclusion que beaucoup de chercheurs en sont arrivés à envisager la possibilité d'une vie après la mort (sauf Ö Garfield et Susan Blackmore qu'il ne cite même pas. Forcément !)

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4 Expériences avec des aveugles

 

Ce type d'expérience pourrait en effet se révéler déterminant dans la compréhension des descriptions réelles en contexte d'EMI.

En effet, pour juger de l'importance des informations obtenues par l'un des sens, il serait utile d'interroger les personnes qui n'en disposent pas.

Susan Blackmore (3) affirme que de tels récits remettraient en cause sa théorie. En effet, comment pourrait-on alors expliquer qu'une personne n'ayant jamais joui du sens de la vue soit en mesure de produire un récit visuel ?

Mais pour l'instant, Harvey Irwin n'a pas découvert de cas d'EMI chez une personne aveugle de naissance.

Le cas de Sarah décrit dans un livre du Dr Dossey est une composition et donc en réalité une invention.

Fred Schoonmaker dit posséder plusieurs cas mais n'a pas voulu les publier.

Pour savoir si elle avait trouvé d'autres cas depuis 1993, j'ai contacté Susan Blackmore (voir annexe). Elle m'a alors dit que Ring avait écrit un livre sur les EMI chez des aveugles (Mindsight (10)). Ce dernier a recueilli et analysé 31 cas de personnes aveugles ou ayant une vision détériorée. Il en arrive à la conclusion qu'il existe une forme de vision (mindsight) autre que la vision physique.

Sur le site (7), l'un des commentaires nous apprend qu'un des cas cités dans le livre est maintenant reconnu comme faux, mais que le reste est analysé rigoureusement. Je ne peux donc conclure sur la validité de ce livre.

Nous ne pouvons donc pas conclure sur ce genre de témoignages.

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5 Idée de protocole pour analyser les EMI

 

Pour conclure sur la validité des descriptions de ce qui se passe autour des patients durant leurs EMI, il faut pouvoir vérifier les détails racontés.

Pour cela, il faudrait :

S'il décrit une EMI, on pourra alors comparer ce qu'il a entendu avec la bande enregistrée, et voir s'il est capable de reconnaître des photos de l'intervention qu'il a subie parmi d'autres.

Ainsi l'on pourra se rendre compte si les témoignages correspondent à des événements réellement vécus après séparation du corps ou s'ils ne sont qu'une élaboration, à partir de différentes sources, d'événements plausibles.

Note : des expériences de personnes aveugles ont été rapportées, mais il serait utile d'avoir des témoignages de la part de personnes sourdes.

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6 Conclusion

 

L'aspect extraordinaire des récits d'EMI a conduit à proposer des théories paranormales pour les expliquer, notamment que les EMI sont bien ce que les patients décrivent, c'est-à-dire la libération de la conscience hors du corps.

Pourtant, on ne devrait envisager de telles explications que dans la mesure où l'on serait certain que les théories scientifiques normales font défaut.

Or la théorie de Susan Blackmore qui invoque l'état du cerveau à l'approche de la mort, les sens résiduels et les informations acquises par le patient nous livre une clé de compréhension des EMI.

On doit donc retenir cette théorie tant que de nouveaux récits validés et les progrès sur la connaissance du cerveau ne viennent pas la mettre en doute.

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7 Références

Livres:

 

Articles:

 

Sites web:

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8 Annexe

 

Re: question about the NDEs

I am sorry but I have not done any research on NDEs for a long time.
I believe Ken Ring has worked on NDEs in the blind so perhaps you can
ask him.
Sorry I cannot be of any help.
Yours sincerely,


On Mon, 27 Mar 2000 18:44:10 +0200 (MET DST) ga=?iso-8859-1?Q?=EBl
durrieu <durrieugael@voila.fr>, ?=@minitel.net wrote:

> Dr. Susan Blackmore,
>
> I am a student in 1st year at the university of Nice, France.
> I am currently writing a report on NDE, specially about the fact that
> subjects describe what was happening around them during the NDE and
> saw their own body.
> In your account " NDE:In or out of the body ",from 1991,at the end of
> the paragraph about OBE you say:" we can only await further research
> to find out ". So I would like to know if research has reached any
> conclusions about what happens in the brain during a NDE.
> I also would like to know if you have found accounts of NDEs by the
> deaf and the blind since you wrote your book " Dying to live ".
>
> Thank you for your help.
>
> Gaël Durrieu.

----------------------------------------
Sue Blackmore
Department of Psychology
University of the West of England
St Matthias College
Bristol BS16 2JP

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